Archive | mars 2017

Les cygnes de la cinquième avenue de Melanie Benjamin

Présentation de l’éditeur :

New York, fin des années 50. Truman Capote, personnage hors norme, émerge sur la scène littéraire et devient vite célèbre. De toutes les femmes les plus en vue de la haute société new-yorkaise, Barbara – « Babe » – Paley est celle qui a tout pour être heureuse : l’argent, la beauté, des amies, un mari influent, William Paley, le fondateur de CBS. Mais derrière cette image se cache une femme fragile en manque d’un amour vrai. C’est alors que Truman Capote surgit dans sa vie ; de cette rencontre naîtra une amitié exceptionnelle et Babe lui ouvrira les portes lui permettant de faire son entrée dans les vies de celles et ceux qui sont l’élite sociale. Mais quand Truman Capote, après l’immense succès de De sang froid, est en mal d’inspiration, il voudra capturer ce monde qui le fascine. Or, en en révélant les secrets les plus inavouables, il écrira une histoire cruelle et désenchantée qui fera scandale et le conduira à son « suicide social. »

Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour ce partenariat.

Mon avis :

Bien que le titre de ce roman soit pluriel, bien que Truman Capote soit présenté en premier dans le quatrième de couverture, c’est bien Babe qui, pour moi, est l’héroïne de ce livre. Elle est là, omniprésente, des années 50 aux années 70 qui ouvrent le livre, avec la parution d’un nouveau texte de Truman Capote et ses conséquences.
Qui découvrons-nous en 1975 ? Des cygnes déchues, non parce qu’elles ont vieilli mais parce qu’elles ont lâché prise, dans un monde qui n’est plus le leur, un monde que l’une des leurs s’apprêtent à quitter, un monde qu’une autre femme vient de quitter volontairement à cause d’un homme, Truman Capote. Il apparaît en filigrane, dans ses chapitres où l’alcool se le dispute au fiel. Lui qui fut leur ami, leur confident, leur amuseur, non pas le fou du roi mais le fou de sa reine les a trahis en écrivant ce qu’elles lui ont confié dans l’intimité de leur salon, de leur boudoir.
Ces femmes fascinaient le jeune écrivain, devenu écrivain confirmé, abîmé physiquement par l’acte d’écrire lui-même. Pourquoi ? Elles étaient belles, elles symbolisaient l’élégance, les photographes les attendaient à la moindre de leur sortie. Elles apparaissaient toujours impeccables, elles sont mariées à des hommes riches et puissants et j’avais une forte envie de les secouer. Élégantes, oui, mais femme objet, femme potiche, dont tous les actes tendent à être un beau trophée au bras de leur mari, auquel elles sont entièrement dévouée jusqu’à la servilité, éloignant tranquillement leurs enfants pour le bien être et la tranquillité de leur cher et tendre. Ainsi ont-elles été élevées, ainsi parfois, se rappellent-elles qu’elles doivent aussi élever leurs enfants. Bien sûr, parfois, l’une d’elles se rebellent, pas pour longtemps : vivre sans être riche, vivre sans être vu, regardé, admiré leur semble impossible.
Alors oui, ce livre est intéressant, pour nous montrer une société qui n’existe plus mais qui a donné naissance à la société du spectacle que nous connaissons actuellement, après bien des détours. Et Truman ? Son enfance, sa solitude, son besoin d’aimer, de désirer, d’être aimé sont bien présents. Sa solitude, leur solitude : voici ce qui restera au final de ce livre.

50 billets, 50 états – le bilan final

50

Voici sept ans, j’ouvrai mon blog. Et voici un peu plus de cinq ans, débutait le challenge 50 états, 50 billets. Celui-ci auquel je me suis inscrite en 2012, est terminé, et a permis de faire de belles rencontres romanesques.Merci beaucoup à Sofynet, l’organisatrice, qui a effectué un travail absolument titanesque au cours de ses années, et qui a fait preuve de beaucoup de largesse d’esprit – j’ai envoyé parfois plusieurs billets par état. Quand j’ai commencé ce challenge, je ne pensais pas le terminer. Et pourtant, il l’est. Voici mon bilan.

Alabama : L’histoire d’Helen Keller, de L. Hicock

Alaska  : Désolations, de D. Vann
Alaska : Alaska, de Mélinda Moustakis
Alaska : Tout le monde te haïra, de A. Aubenque

Arizona : La morsure du lezard, de K. Mitchell
Arizona : Danse de deuil, de K. Mitchell
Arizona : Le gang de la clef à molette d’Edward Abbey

Arkansas : Meurtre à Shakespeare, de C. Harris
Arkansas: Papillon de nuit, de James Sallis
Arkansas : L’enfer de ChurchStreet, de Jack Hinkson
Arkansas :  L’homme posthume, de Jake Hinkson

Californie : S comme silence, de S. Grafton
Californie : Cible mouvante, de R. MacDonald
Californie : Cible mouvante, de R. MacDonald
Californie : Mariachi Plazza, de M. Connelly
Californie : Marilyn 1962, de S. Cauchon
Californie : A chacun sa mort, de R. MacDonald

Caroline du Nord :  La reine des délices, de S. Addison-Allen 
Caroline du Nord  : Circuit Mortel, de K. Reichs
Caroline du Nord : Nina Simone, de Gilles Leroy

Caroline du Sud : 16 lunes, de K.Garcia et M.Stohl

Colorado : Crisis, de J. Fergus
Colorado : Canyon Creek, d’A. Aubenque
Colorado : Kitty et les ondes de minuit, de C. Vaughn

Connecticut : Les sacrifiés, de J. Morillot
Connecticut: Douze de trop, de C. McCullough

Dakota du nord : Dans le silence du vent, de L. Erdrich

Dakota du Sud : 61 heures, de Lee Child

Delaware : Et ne jamais la laisser partir, de A. Rule

Floride : Dexter dans de beaux draps, de Jeff Lindsay

Georgie : Home, de T. Morrisson
Georgie : Hex Hall T.1 de R. Hawkins

Idaho : Cinq ciels, de R. Carlson
Idaho : Un légume, de F.S. Fitzgerald

Illinois : L’agence Pinkerton tome 3, de M. Honaker

Indiana : Folie furieuse, de L .Child

Iowa : Code 10, de D. Harstadt
Iowa : Onze jours, de D. Harstad
Iowa : Quatre jours avant Noël, de D. Harstad 
Iowa : 5 octobre, 23h23, de D. Harstad
Iowa : -30, de D. Harstad
Iowa : Six heures plus tard, de D. Harstad

Kansas : Le magicien d’Oz, de Lyman Frank Baum
Kansas : De sang froid, de T. Capote

Kentucky : Sue Grafton (auteur)
Kentucky : The anomalies, de J. Goebel

Louisiane : Black Cherry Blues, de J. Lee Burke
Louisiane : Le frelon noir , de James Sallis 
Louisiane : Jass, de D. Fulmer

Maine : Dark tiger, de W. G. Tapply
Maine : Ne pardonne jamais, de L. Child.

Massachusetts : L’affaire James Joyce, d’A Cross

Michigan : Esprit d’hiver, de L. Kasischke
Michigan : Légendes de la garde : la hache noire, de D. Pertersen 
Michigan : Il était une ville, de Thomas B. Reverdy

Minnesota :  Terre de rêves, de V. Sundstol
Minnesota : Seuls les morts ne rêvent pas, de V. Sundstol

Mississippi : Mississipi, de H. Jordan

Missouri : Lunatic cafe, de L.K. Hamilton *

Montana :  Indiana Teller t.1, de S. Audouin-Mamikonian
Montana : Alpha et omega, tome 1, de P. Briggs
Montana : A vol d’oiseau de Craig Johnson

Nebraska : Grand maître, de J. Harrisson
Nebraska : C’est la vie, de R. Hansen
Nebraska :
La cause était belle, de L. Child 

Nevada : Tuer le père, d’A. Nothomb

New Jersey : Montmorency  : au coeur du complot, de E. Updale
New Jersey : Affaires de star, de C. Higgins Clark

New York : une (irrésistible) envie de sucré, de M. Cabot 
New York : Femme qui tombe du ciel, de K. Mitchell 
New York : La balade entre les tombes, de Lawrence Block
New York : Ready to rock, de M. Cabot 

Nouveau-Mexique : Montée aux enfers, de P. Everett
Nouveau-Mexique : Une belle saloperie, de R. Litell

Ohio : Au bord de la tombe (chasseuse de la nuit T 1), de J. Frost

Oklahoma : La danse des chiens-tonnerre, de K. Mitchell
Oklahoma : Coyote crossing, de V. Gischler

Oregon : La vampire, de C. Pike
Oregon : La malédiction des ancêtres, de K. Mitchell

Pennsylvanie : L’indien blanc, de C. Johnson

Rhodes Island : La troisième porte, de L. Child

Tennessee : Chasseuse de la nuit, T. 3, de J. Frost
Tennessee : Bois Mort, de James Sallis
Tennessee : Salt River, de James Sallis 


Texas : L’arbre à bouteilles, de J. Lansdale
Texas : Vanilla Ride, de J. Lansdale
Texas : Bad Chili, de J. Lansdale

Utah :  L’agence Pinkerton, de M. Honaker
Utah : Le retour du gang de la clef à molette d’Edward Abbey.

Vermont : Traquée (Rebecca Kean T1), de C. O’Donnell

Virginie : Un pied dans la tombe (Chasseuse de la nuit T. 2) J. Frost

Virginie occidentale : Jaz Parks s’en mord les doigts, de J. Rardin 
Virginie occidentale : Un homme loyal, de G. Taylor 
Virginie occidentale: Lux, tome 1, de J.L. Armentrout

Washington : Si je te retrouvais, de N. Roberts

Washington DC : Heartburn, de N. Ephron

Wisconsin : Instinct de survie, de J. Deaver

Wyoming : Enfants de poussière, de C. Johnson  *
Wyoming : Molosses, de C. Johnson
Wyoming : Le camp des morts, de C. Johnson
Wyoming : Dark Horse, de C. Jonhson

Bonus : Shroder, de Amity Gaige  – L’amérique en auto de Georges Simenon.

Films

Caroline du Sud : Sublimes créatures
Connecticut : La vie devant ses yeux 
Hawaï : Battleship   *
Maine : Dark shadows
Texas : Killing Fields    

Séries :

Californie  : Monk 
Indiana : Close to home

Musique : (j’ai fait le choix du classique).
Californie : Lorraine Hunt Lieberson
Indiana : Thomas Hampson

Culture : 

Maryland : USS Constellation

Les oubliées de Tess Gerritsen

Présentation de l’éditeur :

La main d’une femme est découverte dans une ruelle obscure du quartier asiatique de Boston. Sur le toit d’un immeuble des environs, on retrouve le cadavre de la victime à laquelle elle appartient : rousse, vêtue de noir, la gorge tranchée, comme si le meurtrier avait tenté de la décapiter. Deux mèches, qui ne s’apparentent pas à des cheveux humains, sont retrouvées sur son corps.
Assistée dans son enquête par le détective d’origine chinoise Johnny Tam, Jane Rizzoli découvre que ce meurtre brutal a connu un précédent. Dix-neuf ans auparavant, une tuerie au Phénix Rouge, un restaurant asiatique des environs, avait fait cinq victimes. Existe-t-il un lien entre ces deux drames ? Et si la clé du mystère se trouvait dans le passé ?

Mon avis :

J’aime toujours autant les romans de Tess Gerritsen. Pour une fois, je ne les ai pas lu dans l’ordre, les oubliées étant l’avant-avant-dernier roman, celui qui est paru voici deux ans.
Maura vient tout juste de se remettre de ce qui lui est arrivé dans La disparition de Maura. Elle témoigne contre un policier qui a commis une bavure, et se retrouve ainsi ostracisée par les autres policiers – même Jane se montre parfois un peu distante. Heureusement, Johnny Tam, une toute nouvelle recrue, est là, et il est bien le seul à se comporter normalement face  à Maura.
Pourtant, l’enquête ne se fera pas sans autopsie, elle ne se fera pas non plus sans que Jane ne trouve certaines coïncidences bizarres. Il est des familles qui semblent plus touchées que d’autres par le malheur. D’aucuns traduisent cela par le fait que le pessimisme attire les malheurs – Jane apprécie ce genre de commentaires à sa juste valeur.
Ce qu’elle découvre, avec son nouvel enquêteur Johnny Tam (parfois un peu téméraire) c’est la communauté chinoise de Boston. Celle-ci vit discrètement, semble parfois laissée de côté, tant elle tend à se faire oublier. Si la disparition d’une jeune fille blanche entraîne un déploiement énorme de moyen, il n’en est pas de même pour une jeune fille d’origine chinoise.
Ce livre nous questionne aussi sur la notion de justice et de liberté. Qu’est-ce qui compte le plus, être juste, ou sauver les apparences ? Et quand la loi, la justice ont été impuissantes à faire éclater la vérité, à trouver et châtier les coupables, que faut-il faire ? La réponse apportée dans ce livre ne plaira pas à tout le monde, il est vrai. Elle montre pourtant la persévérances et le courage des survivants.
Les oubliées – encore un très bon livre signé Tess Gerritsen.

Vent froid de C.J. Box

Mon avis :

Vous détestez votre belle-mère, dans la plus grande tradition de la comédie française un peu lourdaude ? Ce livre est fait pour vous ! Vous constaterez que la belle-mère de Joe, garde chasse consciencieux de son état, est un personnage plus que complexe.
Une belle-mère et au moins six beaux-pères successifs : Joe lui-même est étonné quand tous les noms de famille de la mère de sa femme sont égrenés dans le tribunal. Oui, le tribunal : elle est accusée du meurtre de son dernier mari en date, un richissime propriétaire et entrepreneur (elle avait déjà dépouillé son prédécesseur, qui lui garde une rancune tenace). Non seulement elle l’aurait assassiné, mais elle aurait orchestré ce meurtre de façon spectaculaire puisque que le corps de Earl, son cher et tendre, a été retrouvé suspendu à une éolienne, ces mêmes éoliennes qu’il a promues, construites, en achetant au passage quelques terres à bas prix à des ranchers. Pas besoin d’être avocat pour préparer une plaidoirie toute en trémolo en précisant qu’une frêle vieille dame, deux fois et demi grand-mère (elle a du mal à considérer sa petite-fille adoptée comme une petite-fille à part entière), ne peut avoir commis ce sinistre forfait.
Joe enquête, donc. Il n’enquête pas par amour pour sa belle-mère, mais par amour de la vérité, quitte à ne pas forcément plaire à ce qui instruise l’enquête, et qui se sont arrêtés dès qu’ils ont eu une suspecte crédible.
Parallèlement, nous découvrons un autre personnage, Nate que les fans de la série doivent déjà connaître. Ancien « proche » de Joe, il vit très discrètement, lui et sa compagne. Jusqu’au jour où son passé le rattrape.
Dans ces plaines âpres, balayées par le vent, la solidarité existe encore – parfois. Et l’appât du gain règne, comme ailleurs. Il faut beaucoup d’intelligence pour survivre, il n’en faut pas beaucoup pour tuer.

Nuit de Bernard Minier

Présentation de l’éditeur :

Nuit de tempête en mer du Nord. Secoué par des vents violents, l’hélicoptère dépose Kirsten Nigaard sur la plate-forme pétrolière. L’inspectrice norvégienne enquête sur le meurtre d’une technicienne de la base off-shore.
Un homme manque à l’appel. En fouillant sa cabine, Kirsten découvre une série de photos. Quelques jours plus tard, elle est dans le bureau de Martin Servaz.
L’absent s’appelle Julian Hirtmann, le tueur retors et insaisissable que le policier poursuit depuis des années. Étrangement, sur plusieurs clichés, Martin Servaz apparaît. Suivi, épié.
Kirsten lui tend alors une autre photo. Celle d’un enfant.
Au dos, juste un prénom : GUSTAV
Pour Kirsten et Martin, c’est le début d’un voyage terrifiant. Avec, au bout de la nuit, le plus redoutable des ennemis.

Mon avis  :

Oui,je vais dévoiler un peu de l’intrigue, parce que ce n’est plus vraiment un secret : dans ce volume, Martin Servaz retrouve son ennemi de toujours, Julian Hirtmann, et l’affronte. Cet affrontement est un peu décevant, et je suis presque sûre que beaucoup de lecteurs auraient voulu que les choses se passent autrement. Maintenant… l’auteur a conçu son roman ainsi, et c’est à nous de faire avec, voire de nous demander pourquoi l’intrigue est conçue ainsi (cinq années d’étude de lettres, je ne me refais pas).
Je classe ce roman dans la catégorie « roman français », très français, et le détour par la Norvège n’y fera rien. D’ailleurs, j’ai failli refermer le livre dès le premier chapitre, parce que l’enquêtrice ne m’attirait pas plus que cela, il est des policières scandinaves bien plus charismatiques – et bien plus professionnelles. Quant à la suite, j’ai eu du mal avec les péripéties, parfois trop beaux pour être vrais, ou alors trop prévisibles, déjà lus ou vus dans de nombreux romans, pour ne même pas parler de séries policières françaises. De même « l’administratif » prend de la place : pour le coup, cela ne m’a pas dérangée, sans doute parce que les précisions étaient nécessaires à cause de la présence de l’enquêtrice norvégienne et des péripéties dont j’ai déjà parlé. Oui, les mêmes qui ne m’ont guère emballée. J’ai d’ailleurs posé le livre à plusieurs reprises, je n’ai sentis, contrairement à la lecture de Dompteur d’anges de Claire Favan ou de Froid comme la mort d’Antonio Manzini aucune envie irrépressible de rester en compagnie des personnages.
Nuit est à lire si vous êtes fans de Bernard Minier et de ses personnages – et, comme souvent, les fans l’auront déjà lu bien avant que je publie ce billet.

Le principe du désir de Saïdeh Pakravan

Présentation de l’éditeur :

Le plus grand paradoxe de l’amour ? Le couple. Sarah Bly, artiste new-yorkaise en pleine ascension dans le marché de l’art contemporain, rencontre un homme exceptionnel et immensément charismatique, Thaddeus Clark. Non seulement est-il un collectionneur de renommée internationale, un mécène et un géant des marchés financiers mais c’est aussi un être profondément équilibré et adorant la vie. Un homme heureux dont Sarah s’éprend de toute son âme mais avec qui elle ne veut pas vivre une banale histoire d’amour. Pour parer à ce risque, elle fait sien le Principe du désir : puisque nous voulons tous ce que nous n’avons pas, jamais Clark ne verra d’elle autre chose qu’une tiédeur amicale et plutôt indifférente, sauf dans leur vie sexuelle, d’une rare intensité. Devant la poursuivre sans cesse, il continuera à l’aimer. Dans l’état second qui devient le sien, saura-t-elle dépasser sa folie passagère pour arriver à vivre avec Thaddeus?

Mon avis :

Sarah est une jeune artiste à la vie sentimentale pas vraiment satisfaisante. Elle est une femme « moderne » et une relation intermittente avec un homme égoïste et capricieux, pour ne pas dire immature. Il aurait bien besoin d’une maman, le cher petit : qui, à part une mère, subirait son comportement ?
Sa famille semble plus stable. Ses parents, un couple uni et serein, n’ont jamais mis un frein à ses désirs de création, ils l’ont baigné toute jeune dans un milieu artistique serein – oui, on peut créer sans être torturé. Quoique…
Si Sarah admet les étapes du processus créatif avec sérénité, si elle possède un univers créatif certain, elle manque cruellement de confiance en elle dans le domaine sentimental et quand elle rencontre Thaddeus, le beau, le riche, le très parfait Thaddeus, elle met au point une stratégie pour le garder par devers elle qui m’a paru tout droit sortie de ce que l’on peut lire de pire dans les magazines féminins.
Combien de temps Sarah persistera-t-elle dans ce Principe du désir ? Quand se rendra-t-elle compte de l’erreur qu’elle commet ? Aimer, c’est prendre des risques, et, en dissimulant ce qu’elle ressent réellement, elle court le risque de tout perdre. Oui, Thaddeus est un homme parfait, avec, tout de même, quelques fêlures. Combien de temps supportera-t-il la tiédeur de Sarah ? Et si celle-ci lui avoue tout, comment réagira-t-il ? Sera-t-il trop tard ?
Oui, beaucoup d’interrogation pour un livre prenant, qui montre jusqu’où on peut aller par peur de perdre l’être aimé. Un livre comme une photographie d’un état de notre société qui choisit la complexité plutôt que la simplicité et l’abandon au sentiment amoureux.

Mathieu Hidalf et la bataille de l’aube de Christophe Mauri

Présentation de l’éditeur : 

Cette fois, Mathieu Hidalf en a trop fait et se retrouve banni de l’école de l’Elite. Reclus au manoir familial, il semble se résigner à sa défaite. Mais c’est mal le connaître : affronter la noblesse du royaume et les terribles Cœurs noirs pour reprendre sa place, voilà un nouveau défi à la hauteur de son génie ! Pour Mathieu Hidalf et ses amis, une nouvelle bataille commence…

Mon avis : 

Attention ! Ce tome est le meilleur de la série, du moins, le meilleur des quatre premiers – le cinquième est en cours de lecture. Mathieu devrait être dans ce tome au bout du rouleau, fini, condamné à suivre les péripéties de l’extérieur de l’école – véritablement. Il devrait suivre la voie tracée par son père, qui est presque soulagé, se résoudre, se résigner. Et bien, non : il choisit une voie radicalement différente, étonnante, qui contraint la famille Hidalf à faire front, véritablement. Mention spéciale pour la maman de Mathieu, profondément dévouée, porteuse d’espoir alors que d’autres se seraient résignés. Le lecteur sait alors de qui Mathieu tient sa ténacité.
Oui, sa décision chamboule tout, et là encore, elle nous entraîne dans une voie étonnante, surtout si l’on a bien intégré tous les codes de la fameuse école de l’élite. Si Juliette d’Argent a veillé sur son frère (si, si, c’est possible), Juliette d’Airain a fait faire de gros progrès à la société. Quant à Juliette d’Or, elle effectue vraiment des choix étonnants elle aussi. Comme quoi, trois personnages peuvent porter le même prénom et être parfaitement individualisés.
Vite, la suite !

Sauveur et fils, saison 3 de Marie-Aude Murail

Présentation de l’éditeur :

Au numéro 12 de la rue des Murlins, à Orléans, vit Sauveur Saint-Yves, un psychologue antillais de 40 ans, 1,90 mètre pour 80 kg. Dans son cabinet de thérapeute, Sauveur reçoit des cas étranges comme ce monsieur Kermartin qui pense que ses voisins du dessus ont installé une caméra de vidéosurveillance dans le plafond de sa chambre à coucher ou comme Gervaise Germain qui s’interdit de prononcer le son « mal » par crainte qu il ne lui arrive un MALheur. Mais Sauveur reçoit surtout la souffrance ordinaire des enfants et des adolescents : Maïlys, 4 ans, qui se tape la tête contre les murs pour attirer l’attention de ses parents, Ella, 13 ans, cyberharcelée par ses camarades de classe, Gabin, 17 ans, qui ne va plus au lycée depuis qu’il passe ses nuits dans World of Warcraft, Margaux, 15 ans, qui en est à sa deuxième tentative de suicide ou sa sœur, Blandine, 12 ans, que son père aimerait mettre sous Ritaline pour la « calmer »…Sauveur peut-il les sauver ? Il n’a que le pouvoir de la parole. Il ne croit pas au Père Noël, mais il croit en l’être humain.

Précision : le livre a été lu, la chronique débuté avant les événements de Londres. Il ne faut jamais baisser les bras.

Mon avis :

Que dire, si ce n’est que ce troisième roman est très réussi et conclut en beauté ce cycle romanesque ? Et bien voilà, c’est dit !
Nous avions laissé certains personnages dans une situation plus que difficile, nous les retrouvons quasiment dans la même situation. Et oui, l’auteur ne choisit pas la facilité en résolvant leurs problèmes d’un coup de baguette magique, ou en profitant de l’ellipse narrative qui prend place entre les deux tomes. Là, pour le coup, cela aurait été vraiment décevant.
Encore une fois, Marie Aude Murail ose parler de tous les sujets, et elle en parle très bien. Elle n’est pas tendre avec les médecins qui prescrivent des médicaments à leurs patients, quel que soit leur âge, plutôt que de prendre le temps de les écouter. Elle me rappelle ainsi le regretté Pierre Bottero, qui montrait que certains « spécialistes » avaient déjà un diagnostic tout prêt, et la souffrance de leur patient se devaient de coller à celui-ci (voir Le garçon qui voulait courir vite). L’un comme l’autre rappellent qu’il est des médecins qui prennent le temps de regarder, d’écouter leurs patients, qu’ils soient généralistes ou spécialistes.
Moins de hamsters dans ce troisième tome, même si l’on assiste encore à quelques lâchés de Bidule lors des petits déjeuners dominicaux. Tout autant de situations parfois très cocasses à force de tragique – ou comment résister, pour Sauveur, à la tentation de passer par la fenêtre un patient qui n’a que trop tendance à passer à travers elle. Pas de situations convenues : tout ne se termine pas comme on aurait pu s’y attendre. Jusqu’au dénouement, la facilité est absente. A la fin du livre, Marie-Aude Murail nous livre d’ailleurs ses sources d’inspiration – force est de constater que j’en connaissais déjà beaucoup.
Sauveur et fils : une trilogie très réussie.

Les anges ont la dent dure de Sophie Jomain

Présentation de l’éditeur :

Je crois que cette fois, c’est sûr, je suis née sous une mauvaise étoile. J’ai d’abord découvert les vampires, puis les anges, ensuite les entre-deux, les démons, et maintenant, voilà qu’on me jette des sorts et qu’on accroche des poulets égorgés à ma porte. Il ne manquait plus que ça ! Daphnée, ma colocataire, affirme que c’est parce que j’ai un mauvais karma, tu parles !

Mon avis :

J’ai trouvé à qui ressemblait Felicity : à Sookie Stockhouse ! Oui, je risque de me fâcher avec les fans de l’une ou de l’autre héroïne, et bien tant pis. A sa décharge, Felicity est tout de même moins « courgette » que Sookie, et elle n’a pas vraiment envie de fricoter avec des vampires, les anges lui suffisent largement !
Elle va de surprise en surprise puisqu’elle fait connaissance avec d’autres catégories de créatures surnaturelles complètement timbrées dans ce volume – ne me demandez jamais de respecter quelqu’un qui sacrifie des bêtes pour accomplir un rituel et terroriser quelqu’un. Il faut dire aussi que la jeune femme a le chic pour avoir des proches qui se fourrent dans des situations plus qu’improbables. Ce n’est pas Greg qui dira le contraire.
Les péripéties sont nombreuses, suffisamment pour que l’on ne s’ennuie pas du tout. Felicity ne manque pas d’humour. Elle n’a pas su débusquer certains adversaires ? Ses anges gardiens non plus et pourtant, ils devraient être surentraînés ! Ce serait un coup à leur voler dans les plumes.
Ce tome 2 se termine sur une révélation (merci à la solidarité féminine) : ce sont les anges qui ne vont pas être contents.

L’enquête interrompue de Renato Olivieri

Mon avis :

Ce roman date des années 80. Cela se sent, parce que l’enquêteur fume. Et oui, c’est quasiment impossible, de nos jours, de présenter un policier en possession d’un paquet de cigarette, sauf si celui-ci est une pièce à conviction. Et pourtant… se pencher pour attraper son paquet de clopes sauve la vie du vice-commissaire. Mais qui a bien pu avoir l’idée d’abattre Ambrosio ?
L’enquête est pourtant des plus ordinaires, de prime abord. Un journaliste a été retrouvé assassiné dans un parc. Un vol qui a mal tourné ? Ce serait trop facile, surtout que la vie privée de Walter Merisi, tout comme sa vie professionnel, était très compliquée, pour ne pas dire parsemée d’ombres (légères) et de contradiction. Ambrosio s’acharne, il veut comprendre les liens qui unissent les différents protagonistes, voire le dessous de cette affaire. Il croise de bien curieux personnages, du travesti incompris (le début des années 80 vous dis-je, et encore, je ne suis pas sûre que les choses aient tant changé que cela) au colonel des services secrets à la retraite en passant par son chauffeur sanguin. Qui a-t-il pu déranger pour qu’on cherche à l’écarter de manière définitive ?
Fait rare : l’enquête est bien interrompue, par le changement de grade d’Ambrosio. Le hasard fait bien les choses, non ? Il laisse pourtant un goût amer au quinquagénaire milanais. Le lecteur saura pourtant qui et pourquoi ont commis ce meurtre – être réaliste, crédible, c’est aussi montrer les limites d’un système judiciaire, quel qu’il soit.
L’enquête interrompue est un roman policier italien solide et bien construit. N’hésitez pas à découvrir l’oeuvre de Renato Olivieri et son héros Ambrosio s’ils croisent votre route.