
Présentation de l’éditeur :
Ce roman épistolaire fictif brosse le portrait de Sarah Bernhardt à travers les échanges de courriers entre l’acteur Jean-Mounet Sully, qui entretient avec l’actrice une liaison tumultueuse et s’inquiète de sa fréquentation avec un jeune premier, Victor, et Louise Abbéma, une amie très proche de Sarah. Empreint de jalousie, Mounet-Sully tente de convaincre Louise d’espionner la tragédienne à son compte.
Tous deux font entrevoir, à travers des dialogues drôles et captivants, des facettes méconnues d’une femme à la fois enthousiaste, romantique et provocatrice, fervente militante politique remplie de valeurs fraternelles et de modernité.
Merci aux éditions Publishroom et au forum Partage-Lecture pour ce partenariat.
Mon avis :
Il est des romans épistolaires réussis, il en est d’autres qui le sont moins : heureusement, ce livre appartient à la première catégorie. Il parvient également à relever un autre défi, être un roman historique parlant d’un monstre sacré français jamais barbant.
Sarah Bernhardt est au coeur de ce roman, bien qu’elle ne prenne jamais la parole. Il n’est pourtant question que d’elle dans les échanges des quatre épistoliers. Deux hommes, deux femmes. Deux couples ? Pas vraiment. Le premier couple est à mes yeux le plus intéressant, et pas seulement parce qu’ils sont de véritables contemporains de Sarah Bernhardt. Mounet-Sully est un tragédien, un homme passionné et passionnant. Louise Abbema, peintre reconnue à la vie aussi hors-norme que son amie Sarah, est une femme qui assume sa différence, son talent, et l’auteur en fait un personnage caustique, rempli d’humour. Surtout, leur relation épistolaire évolue de manière significative, des escarmouches du début au respect mutuel, presque amical de la fin. Après tout n’aiment-ils pas tous les deux Sarah, ne sont-ils pas soucieux de son bien être ?
Tout autre est le second couple, un peu plus banal. Victor est un jeune acteur talentueux, Gabrielle est une jeune actrice talentueuse (joli binôme donc) qui souffre de voir l’homme qu’elle aime la dédaigner. Leurs échanges, sous forme d’escarmouche, sont plus conventionnels, mais permettent de voir Sarah, ses aventures extravagantes dans son fort breton sous un autre éclairage. La ménagerie qui donne son nom au titre est autant animale (il est toujours bon d’avoir un petit fauve chez soi) qu’humaine (les hommes d’esprit exposent leurs plus beaux atours). Nous sommes éloignés dans le temps, et pourtant, les revendications de Sarah, de Louise, de Gabrielle aussi, sont toujours d’actualité.
La ménagerie de Sarah Bernhardt est un roman agréable à lire, rempli d’humour, qui vous fera passer un bon moment de lecture.