Archive | mai 2020

Randonnée funeste au centre équestre: Enquêtes aux Bois Feuillus de Danielle-Marie Poret

Présentation de l’éditeur :

Gérante d’un centre équestre, Lucie passe sa journée auprès de ses cavaliers et des chevaux dont elle prend soin. Un matin de juillet, sa tranquille routine est bouleversée par la disparition de Candice, une jeune cavalière, qui n’est jamais revenue de son excursion.
Le lendemain, le drame se confirme alors que son corps est retrouvé sans vie dans la forêt. Un meurtre dont le mobile est totalement inexpliqué ; qui pouvait en vouloir à cette jeune femme au point de commettre l’irréparable ?
S’associant à la gendarmerie, Lucie met tout en œuvre pour lever le voile sur une affaire qui pourrait bien nuire à la réputation de son centre… Mais très vite, le doute l’assaille : connaissait-elle vraiment la victime ? Et si Candice avait des secrets ?

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier l’autrice pour l’envoi de son livre. L’action se passe en Normandie, c’est un polar, il avait donc tout pour me plaire, et il m’a beaucoup plu. Je préfère le dire d’entrée de jeu, cela évite de faire durer le suspens – surtout vu le temps passé entre ma lecture et la rédaction de cet avis. .
Soyez le bienvenu dans le bocage normand, vert et serein. Découvrez les villages qui le composent, ils ne sont jamais très loin, en voiture ou, si vous avez de la chance, en train, d’une ville de dimension respectable. Ainsi, l’on peut être étudiant, travailler, et, le soir, ou le week-end, retourner dans un village calme. L’on peut aussi y vivre et y travailler, comme Lucie. Elle gère un centre équestre, qu’elle a hérité de ses parents. Attention ! ai-je envie de dire tout de suite. Nous ne sommes pas dans les clichés que j’ai parfois pu trouver ici ou là : oui, les centres équestres accueillent des cavaliers de tous âges, de tous niveaux aussi. J’ai bien dit « des cavaliers » – il n’y a pas que les filles qui aiment les chevaux ! Et pratique l’équitation, cela n’a pas grand chose à voir avec le rose, les paillettes, et l’esbroufe.

Ah, si, il existe une exception : Candice Morinaud. Très sûre d’elle-même, elle est toujours à la pointe de la mode, et entend bien le montrer. Son objectif ? La compétition. Ce n’est pas l’essentiel pour Lucie, très investie dans son métier, toujours prête à prendre soin des animaux, de tous les animaux, même ceux qui sont « inutiles » aux yeux de certains (de Candice !), même si elle doit s’attirer quelques ennuis avec un concurrent – la maltraitance animale existe aussi parce que certains ferment les yeux, et que d’autres ne pensent que profit. Oui, pour Candice, comme pour ses parents, un animal doit rapporter, gagner, sinon, on le revend (formule moins polie : on s’en débarrasse). J’ai aimé à croire que Candice n’a pas toujours été ainsi. Oui, elle a été élevée ainsi, et pourtant, elle est largement en âge de se rebeller contre ce que lui ont inculqué ses parents, et elle leur a assez prouvé par le passé. Mais là, ce sont les vacances, c’est l’occasion, après une année de prépa à Rouen de profiter du bocage normand, de randonnée – oui, l’équitation devrait avant tout être plaisir, et non compétition. Nous pourrions presque nous croire dans les chroniques ordinaires de la Normandie que l’on ne voit jamais, sauf dans des documentaires, quand survient l’impensable : sa jument Ondine rentre seule, affolée. Le lendemain, le corps de Candice est retrouvée : ce n’est pas une chute de cheval qui a conduit à sa mort.

Onde de choc ? Oui. Et l’enquête commence. Elle prend son temps, parce qu’il est nécessaire de le prendre, ce meurtre ne sera pas résolu en un claquement de doigt (ou en cinquante-deux minutes si l’on suit le format télévisuel). Sa résolution est le fruit du travail d’une brigade tout entière, dont chaque membre a sa personnalité, ses points forts, se complétant les uns les autres, il n’est pas question de montrer un poor lonesome enquêteur n’en faisant qu’à sa tête, mais une personnalité qui réunit ses hommes dans tous les sens du terme. Ah si, il est tout de même quelqu’un qui enquête en solitaire : Lucie. Oui, elle n’est pas enquêtrice, mais elle veut comprendre. Déjà, elle connaît bien les bois qui entourent le centre équestre, et cherche à reconstituer le parcours de Candice. Puis, elle pense, pensait, du moins, bien connaître Candice, presque sans histoire, brillante étudiante de prépa, capable de fédérer ses camarades. En enquêtant, Lucie, qui était toujours plongée dans son travail, dans la nécessité de maintenir le centre à flot, voire de l’améliorer tant la compétition est rude, aussi, entre les centres, en découvre aussi, un peu, sur elle-même, et j’envie presque l’optimisme dont elle faisait preuve sur l’entente qui régnait entre les membres de son centre : Lucie est un personnage qui, œuvrant toujours pour le bien-être des autres, empathique, ne peut s’imaginer la noirceur des actes dont certains sont capables. Que le terme « noirceur » ne vous effraie cependant pas : il ne s’agit pas de découpages en règle par un tueur en série sadique, il est question de relations humaines, d’influences que l’on peut avoir sur les autres, d’emprise aussi. Il est, heureusement, des personnes capables de réagir et de prendre des décisions en conséquence. Il faut, pour cela, parler, ne pas hésiter, on ne le répétera jamais assez. Le bocage, les bois, les grandes villes normandes peuvent cacher bien des secrets, entre tradition, modernité, et, parfois terrible sentiment de solitude.

 

Hommage – Franck Prévot (1968-2020)

J’ai appris la nouvelle aujourd’hui, par le biais des éditions Hongfei, qui ont rendu hommage à cet auteur généreux.

Si je dis « généreux », c’est parce qu’il y a dix ans déjà, Frank Prévot était venu à la rencontre de mes élèves – ne comptant pas son temps, répondant à toutes leurs questions, partageant ses passions, et son expérience : la rencontre devait durer une heure, elle en dura deux.

Il était venu pour Les indiens, et nous avait dit ce qui avait été l’élément déclencheur de l’écriture de ce livre.

Je vous remets sa critique : Le récit mélange texte et image, sauf que, contrairement à un roman de littérature jeunesse ordinaire, les images n’illustrent pas le récit, elles prennent le relais et montrent ce qui ne pouvaient pas être dit. Un exemple, le plus frappant : le narrateur rentre chez lui avec son père quand des coups de feu éclatent. Le père se jette alors sur lui pour le protéger. La scène, qui n’aura duré que dix minutes, s’étend sur quatre pages, soit quatre planches de dessin. La perception du temps est dilaté par la peur, le froid, l’attente, les sensations se font plus aiguës. Ce n’est qu’au matin qu’il apprendra la tragique réalité : Hakim a été tué, lors d’un règlement de compte qui ne le concernait pas, qui ne concernait d’ailleurs qu’une poignet d’individus de la cité. La vie, ordinaire, que Franck Prévost avait si bien su rendre, et Régis Lejonc illustrer, est bouleversée par la douleur et la colère des enfants. Certes, les enfants pourront parler de ce qu’ils ont vécu, de ce qu’ils ont ressenti et la parole s’avère libératrice. Jusqu’à quel point ? Jusqu’à quand ? Ce sont ses deux questions que posent le dénouement.

Il avait lu aussi à mes élèves des extraits de Les tortues de Bolilanga.

Indomptable de Vladimir Hernandez

éditions Asphalte – 246 pages

Présentation de l’éditeur :

La Havane, de nos jours. Un jeune ingénieur en électronique, Mario Durán, se retrouve en prison après avoir trafiqué des accès Internet avec son meilleur ami et complice de toujours, Rubén. À leur grande surprise, il est libéré prématurément, à condition de prêter main forte au vol d’un coffre-fort, pour lequel ses compétences techniques et celles de Rubén sont indispensables. Un boulot apparemment facile… ce qui éveille la méfiance de Durán.
À raison. Quelques heures après le casse, il se retrouve enterré vivant dans un parc de La Havane, le cadavre de Rubén à ses côtés. Il n’aura dès lors plus qu’une seule idée : se venger de « l’Homme Invisible », leur commanditaire… Encore faut-il savoir de qui il s’agit réellement.

Préambule :

Je fais une cure de littérature cubaine… Ou presque. Après un début du mois espagnol et sud-américain compliqué, j’ai tenté de lire plus pour chroniquer plus.

Mon avis :

Je crois que ce livre sera ma meilleure lecture cubaine du mois (à l’heure où j’écris ces lignes, il me reste deux livres cubains dans ma PAL). Pourtant, ce n’est pas le meilleur livre que j’ai lu, j’ai vu des défauts : les qualités que j’ai trouvées à ce livre l’ont cependant largement emportées.

Le roman est construit avec des retours en arrière, qui se repèrent très facilement. Ils concernent la jeunesse de Durán, ou ce qui l’a conduit en prison – un malheureux concours de circonstances.

En revanche, ce n’est pas un concours de circonstances qui le fait sortir de prison, mais son ami et alter ego Ruben. Après dix-huit mois de taules, dix-huit mois qui se sont passés plus ou moins douloureusement – là encore, il peut remercier Ruben, qui lui a fait parvenir des cigarettes devenues monnaie d’échanges pour se procurer des éléments indispensables pour vivre – il sort en conditionnel, parce que ses talents sont nécessaires pour un coup facile.

Quand le lecteur arrive à ce moment du retour en arrière, il sait déjà comment s’est terminé ce « coup facile » – trop facile aux yeux de Durán qui en a trop vu en prison pour ne pas avoir développé une certaine méfiance, lui qui a passé dix-huit mois à se méfier de tous, à faire attention à tout. La scène d’ouverture du roman est une scène choc, et le lecteur se doute bien que le récit n’ira pas en s’affadissant – Durán ne pratique pas le pardon, n’envisage pas non plus de se mettre au vert, ou de disparaître. Non, il veut savoir qui a ordonné ce qui s’est passé. Se venger et venger Ruben sont des évidences pour lui.

Alors qu’il met tout en oeuvre pour parvenir à ses fins, nous découvrons son passé, et avec lui, la vie à Cuba – la vie de son père aussi, ancien soldat brillant à qui il ne faut surtout pas chercher des noises, père qui a appris à son fils à bien tirer – une compétence toujours utile. Sa mère ? Elle entre dans l’histoire cubaine, faisant partie de ces centaines de cubains qui prirent la mer pour quitter le pays. Son fils ? Un regret éternel de l’avoir mis au monde. Son père a donc fait sans elle – ni l’un ni l’autre n’avait le choix. Durán fit de brillantes études – qui ne lui permirent pas, non plus qu’à Ruben de bien gagner sa vie. L’autre exemple de l’immense déficience du système cubain est la situation de son ami chirurgien, un des meilleurs du pays d’après Durán – et quand bien même il serait juste « moyen », il serait tout de même chirurgien – qui ne gagne pas suffisamment pour changer la batterie de sa voiture. Il aidera Durán de son mieux, sincèrement, contre de l’argent certes, mais sans chercher à le trahir, ni à profiter de lui.

Le retour dans le passé c’est aussi retrouver son père, découvrir dans quel état il est, et qui s’occupe de lui : avec Dunia, c’est une autre facette de Cuba que l’on découvre – tout le monde n’a pas le droit d’habiter La Havane, et les bidonvilles sont une réalité. Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter Durán et sa vengeance – il faut dire que ceux à qui il a à faire ne font pas grand cas de la vie humaine, et n’ont aucune difficulté à continuer leur vie. Durán non plus, en justicier solitaire qui n’est pas sans me rappeler le héros de Santa Muerte de Gabino Iglesias, si ce n’est qu’il est encore plus seul, si c’est possible : tous les deux cherchaient surtout à bien vivre, à mieux vivre, dans des pays qui ne le permettent pas vraiment.

Indomptable – un roman plus facile à lire que je ne l’aurai cru, sans doute à cause de la construction soignée du roman et de son style, qui raconte en douceur une histoire cruelle.

Les brumes du passé de Leonard Padura

éditions Points – 448 pages.

Présentation de l’éditeur :

Mario Conde a quitté la police. Il gagne sa vie en achetant et en vendant des livres anciens, puisque beaucoup de Cubains sont contraints de vendre leurs bibliothèques pour pouvoir manger. Le Conde a toujours suivi ses intuitions et, ce jour d’été 2003, en entrant dans cette extraordinaire bibliothèque oubliée depuis quarante ans, ce ne sont pas des trésors de bibliophilie ou des perspectives financières alléchantes pour lui et ses amis de toujours qu’il va découvrir mais une mystérieuse voix de femme qui l’envoûtera par-delà les années et l’amènera à découvrir les bas-fonds actuels de La Havane ainsi que le passé cruel que cachent les livres. Leonardo Padura nous parle ici de ce qu’est devenue Cuba, des désillusions des gens de sa génération, « des Martiens » pour les plus jeunes mieux adaptés à l’envahissement du marché en dollars, aux combines et à la débrouille.

Préambule : ce mois-ci, Padura et moi nous ne nous quittons plus. C’est ma quatrième lecture de ce romancier, et le sixième tome des aventures de Mario Condé (j’ai lu les tomes un à trois, et cinq, et abandonné la lecture du tome 4 – voilà pour l’historique littéraire).

Mon avis :

Nous sommes ici dans le sixième tome des aventures de Mario Condé, et si je ne me souviens pas trop du tome 5, qui mettait en scène rien moins que le souvenir d’Hemingway, force est de constater que Mario a changé depuis le premier tome de ses aventures. Il n’est plus policier, mais travaille dans le commerce du livre, avec un associé haut en couleurs. Tamara, son rêve de jeunesse ? Elle est désormais sa compagne – pas sa femme, si cela devait arriver, elle se questionnerait sur Mario. Treize ans après son départ de la police, Mario se questionne encore sur ce qui l’a fait rentrer, j’allais dire dans les ordres, je corrige en « dans les forces de l’ordre » : il trouvera la réponse dans ce tome.

Lui et son associé ont en revanche trouvé une magnifique bibliothèque, dont l’évocation, l’énumération des œuvres contenues servira autant l’intrigue que le bilan des grandes heures de la culture cubaine – qui part légèrement à vau l’eau puisqu’aujourd’hui, pour vivre, les cubains doivent vendre leur bibliothèque. Non seulement Condé , qui traîne toujours derrière lui les souvenirs de sa première enquête, éprouve une admiration profonde pour les oeuvres réunies par trois générations de collectionneurs, oeuvres qui, depuis quarante ans, dorment dans cette bibliothèque soigneusement entretenus. Ce que Mario n’avait pas prévu, c’est de partir sur la trace d’une chanteuse des années cinquante, Violeta del Rio, dont le seul et unique enregistrement réveillera les instincts de policier – jamais perdu, quoi que l’on dise.

Face A, face b : j’ai aimé le découpage de l’oeuvre. Entre les deux, la faille qui emporte tout : un meurtre, suivi d’un second. Bon sang, que cache cette bibliothèque, et que cache la disparition de Violeta ? Plus que jamais, Mario veut savoir, lui qui paiera largement de sa personne pour cela. Passé, présent, les temporalités se mêlent à la recherche d’une vérité, et parmi ses vérités, nous découvrons, rythmant le récit, les lettres jamais postées d’une femme (on découvre assez facilement laquelle) à son amant qui l’a abandonné. Les cubains fuient, ont fui, fuiront, comme l’illustrent les enfants de Dyonisio, ou, avant eux, les légitimes propriétaires de la bibliothèque. Ils fuiront pour éviter de gros ennuis, ils fuiront pour avoir une vie meilleure, ils fuiront aussi, parfois, en renonçant à des rêves.

Ce roman m’a questionné, parce qu’il aborde, justement, le thème de ce que l’on veut vraiment faire de sa vie. Il est des femmes qui se sacrifient par amour – et même si elles ont vu leur existence ainsi, la réalité est bien plus compliquée que cela. Ce n’est pas seulement une figure littéraire, que celle de la femme de l’ombre (ou la maîtresse, pour faire simple) qui vit à côté du grand homme, de sa légitime épouse, de leurs enfants qui, eux, auront un avenir tout tracé, c’est aussi une réalité que l’on voit moins, je l’espère, dans le monde contemporain. Il est aussi des femmes qui renoncent à une carrière artistique par amour pour un homme, et j’arrive à un autre questionnement : un homme vous aime-t-il vraiment quand il vous demande de renoncer à votre art ? Et, tel Violeta, aimait-elle réellement chanter ses chansons d’amour triste puisqu’elle a tout envoyé promener pour être avec l’homme qu’elle aimait – veuf, âgé et très riche ? Au cours de son enquête, Mario retrouvera les témoins de cet époque, qui ont maintenant entre quatre-vingt et quatre-vingt-dix ans, verra ce que l’âge, les épreuves ont fait sur ses corps. Il verra ses chanteuses, ce qu’elles sont devenues, celles qui avaient vu en Violeta une rivale, ou une amie. Je mentionnerai simplement Fleur de Lotus, devenue Carmen, qui vit, avec sa nièce, du mieux qu’elle peut dans un pays de plus en plus pauvre, et tient un discours sur sa jeunesse, ce qu’elle a fait pour vivre, assez détonnant.

Le passé, et aussi le présent : je dois dire que j’ai pris plaisir à savoir ce qu’étaient devenus les compagnons de route, du Condé : son ancien adjoint, qui ne peut que constater que son ancien supérieur a gardé toutes ses qualités d’enquêteur, même si elles sont parfois dérangeantes, son ancien supérieur, qui quitta la police et vit désormais grâce à l’argent que ses filles lui envoient tous les mois, sa retraite ne lui permettant rien du tout, et surtout, son ami El Flaco, qui n’en finit pas de supporter un corps qui n’est que souffrance – mais que serait la vie de Condé sans lui et sa mère José ?

A ce jour, Les brumes du passé est mon enquête préférée de Mario Condé.

Rio negro de Mariano Quiros

Présentation de l’éditeur :

Le río Negro, dont les flots autrefois sauvages inspiraient toutes sortes de légendes, n’est plus à présent que l’ombre de lui-même : ses eaux polluées se contentent de charrier péniblement déchets et cadavres. Un couple d’intellectuels reconnus est pourtant parvenu, durant une vingtaine d’années, à vivre paisiblement aux abords de cette rivière encombrée de secrets. Mais un jour, à vouloir « faire l’éducation » de leur fils, un adolescent aussi apathique qu’introverti, le père de cette petite famille sans histoire découvre que la mort peut surgir de sources étonnamment proches… Les deux hommes se trouvent alors pris dans un engrenage sanglant digne d’un film noir des frères Coen. Macabre et burlesque.

Mon avis :

Tout d’abord, ne confondons pas l’argentin Marianos Quiros et le costaricain Daniel Quiros – je recommande très fortement les ouvrages de ce dernier. Pour Rio Negro, vous pouvez sans problème passer votre chemin.

Je n’ai vraiment pas grand chose à dire sur ce roman, si ce n’est que les promesses de la quatrième de couverture ne sont pas tenues. Et ne venez pas me dire qu’il ne faut pas lire la quatrième de couverture, il faut tout de même savoir de quoi parle le roman.

Le narrateur est un intellectuel totalement imbu de lui-même, qui a des idées très arrêtées sur l’éducation qu’il doit donner à son fils. Problème : le fiston a 18 ans, et à mes yeux, ressemble plus à un mélange d’ado de 14 ans en pleine croissance et de bébé à sa maman, dont la nourriture est le centre de la vie. Le papa a des idées très arrêtés sur ce qu’un garçon de 18 ans devrait avoir, et ce, il le juge à l’aune de sa propre expérience et d’études sociologiques dont je lui laisse l’entière responsabilité. Bilan : il fera n’importe quoi, et son fils Miguel ne pourra pas faire grand chose pour empêcher quelques incidents (allez, ne dévoilons pas tout) : papa a le tact d’un tank lancé à pleine vitesse, et l’hygiène de vie d’un hippie aimant à faire des découvertes. I

Ce qui leur arrive est finalement très classique – du déjà vu, du déjà lu, et bien mieux. Macabre ? Oui. Burlesque ? Pas vraiment. Personne n’est à la hauteur de ce qui se passe, sauf Ida, leur femme de ménage. Je me verrai bien récrire le livre de son point de vue, ou bien imaginer une suite dont elle serait l’héroïne, elle qui a eu tant à faire avec monsieur, son fils, la copine du fils, et le policier venu enquêter. Enfin, policier, il faut le dire vite, il ressemble plus à un policier corrompu qu’autre chose, lui dont la soeur et la fiancée ont de drôles d’activités nocturnes.

Ema, la mère, est elle aussi intéressante, par tout ce qu’elle ne fait pas, ne dit pas. Oui, elle est absente, et c’est d’ailleurs en son absence que le père  se permet de faire ce qu’il a fait – d’un côté, il n’y a pas de mal à organiser une petite fête, non ? De l’autre, le but est aussi de la rassurer quand elle appelle – toujours prendre soin de son fils, toujours. Puis, elle est un paradoxe à elle seule, elle qui a vécu le plus grand drame de sa vie au bord du Rio negro, et vit depuis vingt ans sur ses rives.

Parlerai-je aussi, un peu, de la jeunesse ? Cela me permettra d’étoffer cet article ! Entre le fiston, qui a subitement une vocation d’écrivain, que maman encourage, ou d’architecte, ou de je ne sais plus trop quoi encore, tout en passant son temps vautré devant la télévision ou devant son ordinateur, et Mariel, sa « copine » qui fait architecture parce qu’elle a aimé Woody Harrelson dans le rôle d’un professeur d’architecture (je suis bien d’accord avec les personnages, cet acteur n’a pas la carrière qu’il mérite), on ne peut pas dire qu’elle soit dynamique. J’ajoute qu’après ce qui s’est passé dans ce volume, Miguel devrait subir des années de thérapie pour se remettre – voir plus si affinités.

Et je me dis, à nouveau, que ce livre aurait pu être drôle. Et je cherche encore la lecture coup de coeur de ce mois espagnol sud-américain 2020.

Vents de carême de Leonardo Padura

Présentation de l’éditeur :

« Voila l’histoire : une prof de lycée, 24 ans, militante de la Jeunesse communiste, célibataire. On l’a tuée, asphyxiée avec une serviette. » Mario Conde écoute le commissaire d’un air las. Sale affaire. Pour la résoudre, il lui faut garder la tête froide. Ce qui est loin d’être facile quand son coeur s’enflamme pour une saxophoniste rousse qui va compliquer bien des choses …

Mon avis :

J’avais pourtant dit que je ne relirai pas de romans de Léonardo Padura avant un certain temps… et j’ai enchaîné le tome 2 des enquêtes de Mario Conde après le tome 1. J’avais déjà lu le 3, et je l’avais si peu apprécié que j’avais renoncé à le chroniquer. Quant au tome 4, je l’ai purement et simplement abandonné en cours de route, alors que j’étais dans un bus me menant à Rouen.

Ai-je aimé ? Non, pas vraiment. Ce roman comporte une certaine langueur, comme si Conde ne s’était toujours pas remis de sa précédente affaire, qui l’a vu enterrer certains rêves de jeunesse. L’affaire sur laquelle il est présentement sent très mauvais, et le vent du Carême tourne certaines têtes. Cela nous sera rappeler assez souvent que « l’affaire sent mauvais » et de mon côté, j’avais envie de dire « pas plus que cela », eu égard à un dénouement assez décevant, ne remuant pas autant de choses qu’il était prévu, ou du moins, que l’on pouvait s’y attendre au vue de la position de la jeune victime. Pensez donc ! Une réputation sans aucune tâche, un poste dans un établissement urbain, là même où Conde a étudié – relançant ainsi la nostalgie qui ne le quitte pas. Alors oui, la jeune femme n’est pas du tout celle qu’elle paraissait être, et elle montre assez les failles cubaines. Lissette était une professeure populaire ? Elle se conduisait en copine avec ses élèves, avec plus si affinités, n’hésitait pas à donner les sujets du contrôle à l’avance à ceux avec qui elle était le plus « proche », et n’hésitait pas non plus à être extrêmement proche de tout homme qui pourrait lui procurer des avantages. Une qualité ? Même pas. Ses parents étaient trop occupés pour s’occuper d’elle, sa mère n’éprouve pas de réel chagrin à sa mort, et continue à écrire des articles que je qualifie de « réactionnaires » – et à l’opposé du mode de vie de sa propre fille, qu’elle ne connaissait même pas, d’ailleurs. Son voisin, à qui l’âge n’a pas ôté son humour, dresse d’elle un portrait sans concession, et ne cache pas son absence totale d’émotion face à la mort de cette jeune femme qui se sentait très supérieure aux autres.

Les meilleurs moments sont, finalement, ceux qui ne sont pas liés à l’enquête : la vie et la mort des policiers en dehors du commissariat, les moments que Conde partage avec El Flaco et Josefina, sa mère, qui prend soin de lui comme s’il était son fils, la volonté de Conde d’être enfin heureux. Je n’oublie pas, aussi, les moments où il se retrouve au lycée, à la recherche, finalement, de sa jeunesse, du moment où lui et surtout El Flaco avaient encore des rêves, un avenir.

Un roman policier à lire pour tout ce qui n’est pas policier.

 

Par delà la pluie de Victor del Arbol

Présentation de l’éditeur :

Les murailles de Tarifa abritent la dernière résidence de deux septuagénaires que rien ne destinait à se rencontrer. Ancien directeur d’une succursale de banque, Miguel est aussi mesuré et prévisible qu’Helena est impulsive et extravagante. La dis­parition tragique d’un pensionnaire les décide à solder leurs comptes avec la vie : ils se lancent sur les routes au volant d’une flamboyante Datsun de 1967 ; cap sur Barcelone, Madrid et Malmö.
Miguel veut sauver sa fille des griffes d’un pervers narcis­sique et retrouver un troublant amour de jeunesse.
Helena aimerait revoir son fils, installé à Malmö. Elle a connu, elle aussi, une passion dévorante mais son existence est un champ de ruines depuis la disparition de son père à Tanger lorsqu’elle était enfant : le suicide de sa mère, un mariage sans amour, la mort de tous ceux qui lui sont chers.
Chacun sera le miroir de l’autre dans sa quête de vérité pour pouvoir refermer les blessures traumatisantes de l’en­fance et trouver enfin la paix de l’âme.
Avec le talent qu’on lui connaît, Víctor del Árbol fait con­verger ces histoires vers un dénouement criant de vérité et d’émotion. Et si, au cours de ce saisissant road movie, on traverse les contrées arides de la maladie, de la prostitution ou du grand âge, on en sort convaincu que vivre est le plus beau des voyages.

Mon avis :

J’ai commencé ce livre à l’occasion d’un mois espagnol… mais pas celui de cette année. Cet après-midi, j’ai décidé d’en reprendre sa lecture et de le terminer. Par la même occasion, j’ai aussi décidé de ne plus lire de romans de Victor del Arbol avant longtemps – très longtemps, et cette fois-ci, je m’y tiendrai, puisque je n’ai plus de romans de cet auteur dans ma PAL.

Le premier point positif est que le roman est bien écrit, et qu’il contient de très belles pages.

Le second point négatif est qu’il traite de thèmes sensibles. Le premier, c’est la mémoire – et sa perte. Que devient-on quand plus personne ne se souvient de nous, de qui l’on a été ? Que faire quand les souvenirs s’en vont, et que l’on sait que chaque jour qui passe vous en arrachera un ? Miguel est le personnage qui est au centre de cette thématique. Il se souvient – presque constamment – de son père, mort pendant la guerre d’Espagne, il se souvient de sa femme, qu’il n’a pas rendu heureuse, de Carmen, qu’il a aimé, mais pour qui il n’a pas quitté sa femme, parce que sa vie était, selon lui, auprès d’elle et de leur fille. Sa fille. Il voudrait l’aider, lui qui a pensé faire de son mieux pour elle – et il a réellement fait ce qu’il pensait être bien pour elle, sauf qu’il s’est rendu compte, trop tard, qu’assurer tout ce qui concerne la sécurité matérielle est loin d’être suffisant. Oui, sa fille a un bon métier, elle n’est pas de taille face à Gustavo, qu’elle aime éperdument et qui s’emploie à la détruire. Son père essaie de la tirer de là : que peut-on, quand la principale intéressée ne s’aime pas assez elle-même pour s’en sortir, et surtout, quand personne autour d’elle, mis à part son père, ne semble s’apercevoir de ce qui se passe, ou détourne le regard. L’Espagne est pourtant un pays que l’on dit à la pointe de la lutte contre les violences faites aux femmes : cela ne se voit guère dans ce roman. Et là, nous sommes passés au second thème sensible : la filiation et la transmission. Il est des parents qui font de leur mieux, comme lui, comme Héléna, et les autres. Ils sont hélas les plus nombreux, quand ils ne choisissent pas de vivre leur vie, leur mort, tout en piétinant l’existence de leurs enfants, pour ne pas dire pire encore. Il est des pages qui sont véritablement dures à lire, parce que « piétiner » est un terme trop doux encore pour exprimer ce que subissent certains enfants, de la naissance à l’âge adulte. Dernier thème, qui rejoint les oeuvres de Camilla Lackberg et Lisa Marklund : la montée croissante du racisme et l’utilisation que les policiers, les hommes politiques (parfois, les deux catégories se recoupent) en font pour leur carrière. oui, ce n’est pas joli, parce que ce n’est jamais joli.

Les points négatifs, ce sont tout le reste.

Je ne vais, à nouveau, pas me faire que des amis.

Je ne supporte plus ces romans choraux, qui enlacent, entrelacent les destins de personnages, pour, finalement, trouver un moyen de relier tout le monde de manière parfois très artificielle. J’ai beaucoup de mal avec ses personnes, qui, sous un prétexte ou sous un autre, n’ont pas été capables de vivre leurs histoires d’amour pleinement. On ne refait pas le passé, certes, mais les conséquences ont été lourdes sur tous les descendants. Je n’ai garde d’oublier ceux qui se contentent de profiter des autres, indifférents au mal qu’ils provoquent. Et même si à la fin, des femmes osent, se rebellent, combien de vies gâchées avant d’y parvenir ? Beaucoup trop. Comme dans La veille de presque tout, c’est l’impression donnée par tous ces destins gâchés qui dominent. Là non plus, ce n’est pas une impression agréable. Même si la fin du roman est un tout petit peu optimiste – après tout ce que l’on a lu pendant quatre cents pages, c’est peu.

Alana et l’enfant vampire de Cordélia

édition Scrinéo – 224 pages

Présentation de l’éditeur :

Alana en a marre.
Ses parents et sa sœur sont encore partis gérer des conflits vampiriques sans elle !
Heureusement, sa meilleure copine Oli est là pour lui changer les idées : elle est persuadée que Joâo, le nouvel élève de leur classe, est un vampire !
Se pourrait-il qu’elle ait raison ? Et s’il leur révélait quelque chose d’encore plus terrible ?
Pour Alana, c’est l’occasion de prouver à sa famille qu’elle est capable de mener à bien une mission, malgré ses douleurs musculaires…

Merci à Scrinéo et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Je pense ne pas être la seule lectrice de ce roman à avoir découvert, jeune adulte, Buffy contre les vampires (garanti avec de vrais vampires) avant des séries comme Moonlight ou Trueblood, sans oublier Twilight et ses vampires végétariens : chacun, après tout, découvre les vampires dans la culture à sa manière et fait que nous avons (presque) tous une représentation de vampire en tête.

Ici, les vampires sont reconnus. Ils ne sont pas intégrés à la société, non, disons plutôt qu’ils vivent assez bien dans la société, ce qui n’empêche pas certains problèmes. La preuve : il existe des Médiateurs pour résoudre les conflits entre les vampires et les parents d’Alana exercent ce beau métier. Leur fille aînée Alexia et sa petite amie Héloïse sont en formation pour exercer la même profession : je précise que les parents ne les ont forcés ni l’une ni l’autre, disons plutôt qu’ils ont dû accélérer les révélations. Oui, être Médiateur et connaître les Clans de vampires ne sont pas les premières informations que l’on dit à une personne en la rencontrant. Et pour que ce soit dit une fois pour toute, je trouve très bien qu’Alexia aime une jeune fille et que cela ne pose problème à personne. Rappel : cela ne devrait poser problème à personne, et malheureusement, c’est encore trop souvent le cas.

Tout irait donc pour le mieux si ses parents ne laissaient systématiquement Alana à la maison, sous la garde de sa grand-mère, à chaque fois qu’ils partent (avec leur fille aînée) gérer un conflit. Oui, Alana a eu un « accident » lors de sa première mission, mais l’erreur est humaine – et ses parents sont humains aussi, ils ont eu bien trop peur. Alana est donc condamnée à rester au collège. Heureusement, sa meilleure amie Oli est là, et elle pense que le « nouveau » est un vampire. Petit souci : les vampires existent bien, mais les enfants vampires, non, ils sont strictement interdits pour maintes raisons, notamment le fait qu’il serait beaucoup trop cruel de les laisser rester éternellement dans un corps d’enfants ou d’adolescents (je vous renvoie à Entretien avec un vampire pour mieux visualiser les conséquences). Alana, de prime abord, pense donc que c’est impossible mais il est des faits qui sont étonnants. Et Oli ne doit surtout pas découvrir que les vampires existent réellement et qu’Alana le sait. Ou comment enquêter sans avoir l’air d’en savoir trop.

Alors, non, je ne vous dirai pas ce qu’iels vont découvrir, comment iels vont le découvrir – dévoiler les péripéties d’un roman bien construit n’est pas rendre service. En revanche, j’ai aimé que l’autrice aborde des thèmes que peu abordent dans la littérature jeunesse, voire dans la littérature tout court. Les ressources données à la fin du livre sont à ce titre très intéressantes.

J’ai l’impression de terminer cet avis sur un ton « moralisateur », alors qu’il n’est rien de tout cela. Alors si vous aimez les vampires, si vous n’avez pas peur de lire des romans qui sortent des sentiers battus, n’hésitez pas à découvrir Alana et l’enfant vampire.

 

Les rues de Santiago de Boris Quercia

édition Le livre de poche – 164 pages

Présentation de l’éditeur :

Il fait froid, il est six heures du matin et Santiago n’a pas envie de tuer qui que ce soit. Le problème, c’est qu’il est flic. Qu’il est sur le point d’arrêter une bande de délinquants, dangereux mais peu expérimentés, et que les délinquants inexpérimentés font toujours n’importe quoi…
Après avoir abattu un jeune homme de quinze ans lors d’une arrestation musclée, Santiago Quiñones, flic à Santiago du Chili, erre dans les rues de sa ville en traînant son dégoût. C’est ainsi qu’il croise le chemin de la belle Ema Marin, une courtière en assurances qui semble savoir beaucoup de choses sur son passé..

Mon avis :

Comme souvent, je ne fais pas les choses dans l’ordre : j’ai lu le tome 2 (le seul disponible à la bibliothèque) et j’ai rencontré l’auteur l’an dernier au salon de Saint Maur des fossés. Celui-ci m’a plutôt conseillé son tome 1 que son tome 3, parce que le tome 3 est (je le cite de mémoire) « sans espoir ». Donc acte pour le jour où je me procurerai et lirai le trois.

Santiago Quinones n’est pas un policier comme les autres. Oui, être devenu policier est un choix, pas de doute là dessus, dû en partie au fait qu’il est doté d’une très bonne mémoire. Mais il est un policier plutôt bordeline. Il n’avait pas prévu de tuer le jeune membre d’un gang au cours d’une arrestation musclée. Il n’avait pas prévu de ne pas se sentir bien du tout après, de se remettre à fumer abondamment, de mettre plus ou moins des distances avec Marina, l’infirmière qui partage, un peu, sa vie, et beaucoup son lit. Il déraille, Santiago, et il parcourt les rues de Santiago du Chili. Il suit même une femme qu’il trouve belle, parce qu’elle a les dents de travers, à une époque où toutes les femmes sont passées par la case orthodontiste. Chacun ses goûts, chacun ses obsessions, et celle de Santiago pour le naturel, pour l’acceptation de sa différence tranche avec les goûts plus stéréotypés d’autres policiers.

Santiago, il a un passé. Il a des parents qui se sont séparés quand il était enfant, une mère qui a travaillé pour se payer son premier salon de coiffure et qui, maintenant, avec son second mari, en possède six – elle a hérité du sens de l’économie de son propre père. Santiago ne garde que de bons souvenirs de son père, qu’il voyait une fois par mois après la séparation de ses parents, un père qui s’est toujours préoccupé de son fils. Santiago a aussi acquis son appartement d’une drôle de manière, en se persuadant que ce qu’il faisait n’était pas « mal »  : ce qui est fait est fait, on ne refait pas le passé, on ne peut même pas l’amender ou s’amender.

La police chilienne est-elle corrompue ? Un peu. Cependant, Quiñones découvrira avec étonnement qu’elle comporte aussi des éléments parfaitement compétents, comme Lopez, et capable aussi de lui venir en aide tout en enquêtant comme Garcia. Quiñones a beau avoir été mis à pied, il continue quand même à enquêter, à tâter un peu, parfois, d’une ligne de coke, à baiser, aussi, sans retenue, à prendre des risques, également, sans s’en rendre compte, sans s’apercevoir dans quel guêpier il s’est fourré.

A la fin de ce premier tome, l’espoir est cependant là, encore un peu, même si cela signifie une sorte d’exfiltration pour Santiago.