Archive | mars 2014

Le roman du café de Pascal Marmet

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Merci à Babelio et aux éditions du Rocher pour ce partenariat.


Présentation de l’éditeur :

Suite à l’évènement Nespresso et au célèbre What Else de monsieur George Clooney, la planète redécouvre le café avec envie, presque que comme un caprice. Pour donner le change à cet engouement, les grandes marques comme Illy ou Malongo se sont jetées dans la bataille, et chaque mois, des cafés de quartier spécialisés redonnent les codes de ce breuvage pas comme les autres. Aujourd’hui, deux tiers de la population mondiale se régalent au moins d’un café dans la journée. Certains sont devenus café addict et notre siècle n’envisage plus un monde sans le petit noir.
Mais qui le connait, vraiment ? Comment a-t-il débarqué dans notre quotidien, comment a-t-il traversé notre histoire, comment évolue-t-il au 21e siècle ? Comment le buvez-vous ?

Mon avis :

Je commencerai mon article en disant à quel point je suis un être étrange. En effet, contrairement à bien d’autres personnes, le café ne me réveille pas – il me calme, voire m’endort. Essayez d’expliquer cela à mes élèves, qui me trouvent somnolente, et me disent que j’aurai besoin… d’un bon café ! Non, si j’en prends une autre tasse, je suis « foutue », je m’endors illico.  Et si je n’en prends pas le soir, mes insomnies augmentent.

Après ce prélude personnel, passons maintenant au vif du sujet : comment écrire un roman sur le café en ne se montrant ni didactique ni ennuyeux ? En écrivant un roman, justement ! Et en choisissant un personnage principal attachant : Julien, vingt ans, tout juste chassé par son grand-père, torréfacteur, de sa boutique. Il a eu le tort de lui vanter les mérites de Nespresso, dont il n’a pourtant jamais bu une tasse – et son grand-père non plus. Ce fut la dispute de trop : François, le grand-père, n’a jamais été tendre avec son petit-fils, à qui il n’a de cesse de reprocher l’assassinat de sa mère, Florence (morte en le mettant au monde). J’oubliai : Julien est aveugle depuis l’enfance, et son unique passion est le café. Aucun diplôme, si ce n’est le brevet, mais bac + 18 en torréfaction.

Le lecteur s’attache alors aux pas du jeune homme, qui trouve refuge chez Jo, sa meilleure amie. A la recherche de nouvelles découvertes caféinées,  Julien, aidée de Jo, découvre les cafés de la capitale, et surtout les breuvages qu’ils servent.  Il découvre aussi ceux qui sont l’âme de ces cafés, et veillent jalousement à la qualité de leur boisson, et des grains qui la composent. Cette exploration de la capitale, sous un angle caféiné, est l’occasion pour Jo de parler avec Julien de l’origine du café, des légendes qui entourent la découverte de cette baie, et sa transformation en la boisson que l’on connaît aujourd’hui. Testant la culture de son ami, elle le fait aussi parler de l’arrivée des caféier en France, des controverses sur cette boisson, et aussi de l’essor des cafés, lieux de dégustation privilégiés du noir breuvage.

Bien sûr, il était impossible de parler du café sans se rendre au Brésil – et c’est une véritable expédition pour Julien, qui n’avait quasiment jamais quitté son « antre », la boutique de son grand-père. Ce voyage, sur la piste des petits exploitants, est aussi l’occasion de découvrir quelques magouilles, pas très glorieuses, de traders qui spéculent sur le café comme d’autres sur les actions boursières. C’est aussi une visite au Costa-Rica, petit pays paisible, oublié, et qui mérite mieux.

Je ne vous dévoilerai pas comment se termine ce voyage initiatique pour Julien, pour Jo et pour son grand-père. Je dirai simplement que, pour ceux qui veulent aller encore plus loin que le récit, les pages annexes sont particulièrement bienvenues, comme les différentes manières de consommer le café à travers le monde.

James Bond contre le docteur No d’Ian Fleming

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Mon résumé :

James Bond rentre tout juste de convalescence. Il a besoin de vacances, disent ses supérieurs. Aussi, l’envoient-ils aux Caraïbes, pour une gentille petite mission de rien du tout : les deux agents ont sans doute fait une fugue amoureuse ! Une telle mission ne réjouit pas l’agent 007, si ce n’est qu’il découvre très vite que la vérité n’est pas si simple.

Mon avis :

Ce n’est pas une nouveauté, je suis fan de James Bond, je les ai tous vus. Par contre, je suis loin d’avoir lu les hommages que certains auteurs rendent aux personnages – je préfère la version originale.

Une catastrophe n’arrive jamais seule pour James. En plus d’être « en vacances » (et pourquoi pas inapte aux services, tandis qu’on y est ?), il ne peut garder son arme fétiche. Et pourquoi pas rester à Londres pour boire du thé, tandis qu’on y est ?

Heureusement pour lui – malheureusement pour les autres – James est particulièrement en forme. Et chanceux. Son partenaire, Quarell, l’est nettement moins. Quant à Honey, elle est bien différente d’Ursula Andress – et je ne connais guère d’actrice qui aurait accepté, même avec force maquillage, de jouer une créature sculpturale défigurée.

Les services secrets anglais s’en sont-ils mordus les doigts ? Un peu. Qui sort vainqueur ? James Bond, bien sûr. Manquerait plus que cela !

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L’invention de nos vies de Karine Tuil

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Présentation de l’éditeur :

Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage »…

Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension.

Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c était à refaire ?
À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c est la déflagration…

Mon avis :

L’invention de nos vies est un livre fort, dynamique, un livre où les mots se bousculent, tant les personnages ont à dire. N’allez pas croire cependant que le texte soit brouillon, ou bâclé. Non, il déborde littéralement, et il difficile de le lâcher.

Trois personnages dominent ce livre : Samir, Samuel et Nina. Samir/Samuel : le prénom est presque le même. Est-ce cette ressemblance qui a poussé Samir à endosser en partie l’identité de Samuel, en pillant son histoire ? Ou la volonté de prendre sa revanche sur l’homme qui lui a pris la femme qu’il aimait ?
Réduire ces trois personnages à un trio amoureux serait trop simple. Les médias nous parlent de « parité » : jamais hommes et femmes ne se retrouvent aussi opposés que dans ce roman. Ayant cédé au chantage vingt ans plus tôt, Nina est avec Samuel sans pour autant être en couple avec lui. Elle n’a pas construit sa vie avec lui, n’a pas encore d’enfants alors qu’elle approche de la quarantaine. Elle a abandonné ses études, exerçant un métier (mannequin pour les catalogues de ventes par correspondance) qui n’a pas assouvi ses ambitions. Elle ne vit que dans le regard des hommes, dans le désir des hommes. Et ceux-ci, que ce soit Samuel ou Samir, ne répondent jamais aux siens. Je ne pense pas aller trop loin en disant qu’elle est littéralement réifiée par eux, objet de désir, instrument de vengeance.
Nawel, la mère de Samir, n’est pas mieux loti. Elle fut mariée de force. Devenue veuve, elle est abandonnée par le père de son second fils, et ses deux fils, si différents l’un de l’autre à sa grande souffrance, l’abandonne chacun à leur manière.
A contrario, les hommes ne se préoccupent que d’eux-mêmes, sont prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent, quitte à se donner bonne conscience, de temps en temps, et sans jamais réellement chercher à comprendre l’autre. La réussite est là – l’échec, la chute aussi.
La fin peut dérouter. Ouverte ? Oui, dans la limite des révélations et des réussites. Leurs vies restent désormais à réinventer.

J’ai lu ce livre dans le cadre du prix Océans France O.

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Les plumes d’Asphodèle – ville

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Le thème de cette semaine est la ville.

Mes chers concitoyens,

Je tiens, par cet humble discours, à vous remercier chaleureusement pour ma réélection à la tête de notre belle commune. 98, 2 % des voix est un score exemplaire. Certes, quelques jaloux, qui tiendront à garder l’anonymat, répliqueront qu’il n’y avait pas d’embouteillages au moment de déposer les listes ! Je ne les ai pas empêchés de déposer la leur.
En revanche, c’était une vraie cohue qui a envahi les bureaux de vote en ce beau jour d’élection Avec 77 % de participation, nous faisons bien mieux que la moyenne nationale.
Constant dans mes affections, urbain juste ce qu’il faut, je remercie chaleureusement tous ceux qui sont venus me témoigner leur amitié à l’hôpital en me rendant visite. Je tiens à les rassurer : je devrai sortir d’ici prochainement.
Je remercie cordialement Louis Rameau, mon premier adjoint, qui célébrera les mariages prévus ce samedi.

Ensemble pour Vaudreuilly
Albert Mélamare.

Il retomba sur son oreiller, épuisé par l’écriture de cette petite bafouille.
– Je déteste avoir démontré par l’absurde que la mairie n’était pas solide.
Le dernier conseil municipal extraordinaire avait été houleux. Les transports scolaires, faits (pourquoi Philippe a-t-il envoyé le bus dans la mare ?). Les représentations exceptionnelles dans le théâtre de verdure, fait. Les animations pour le festival : Le bitume flâne aussi dans les parcs, fait (qui a trouvé ce nom débile, qui ? Ah, oui, Vlad, le metteur en scène zinzin). Travaux dans la rue des Abeilles, fait. Le point suivant était les travaux de la mairie.
– Totalement inutiles, furent les mots du second adjoint.
Plus casse-pied, impossible. Il avait par exemple la saine manie de garer sa voiture sur la place de parking dévolue à celle du maire. Jusqu’au jour où un pavé (authentique vestige de mai 68) vint pulvériser son pare-brise.
– Pas ma faute, dit le suspect. Je croyais que c’était celle du maire !
Pour revenir à notre sujet, il s’agissait, après avoir colmaté les fuites de la tuyauterie antédiluvienne, de changer toutes les fenêtres et surtout, surtout, de rénover le plancher qui menaçait de s’effondrer. L’immeuble était vétuste !
– Parfaitement inutiles, reprit le second adjoint.
Albert Mélamare sentait la moutarde lui monter au nez. Ne pourrait-il pas avancer des arguments, ou, au moins faire des phrases ?
– Foutaises, et ce fut son dernier mot.
– Écoutez, mon cher, et gare à vous, je ne me répèterai pas ! prévint le maire en se levant. Si je saute à pieds joints sur le plancher…
Il n’eut pas le temps d’en dire plus :  les lattes s’effondrèrent sous ses pieds. Il chuta brillamment au rez-de-chaussée, avec dignité, certes, mais aussi quelques os brisés.
Qui a dit qu’être maire d’une petite commune était de tout repos ?

Mon père n’est pas un héros de Christophe Léon.

Mon avis :

Le Japon est un pays avec lequel j’ai fait connaissance voici deux ans – d’un point de vue littéraire, entendons-nous bien. La casanière que je suis ne voyage que par les mots ou les images. Depuis 1945, les tragédies ont eu lieu sur le sol japonais, et toujours, les survivants, les témoins montrent retenue et dignité. Ils attirent aussi les auteurs, non comme des scribouillards avides de sensationnels, mais comme des hommes respectueux, décidés à ne pas oublier, et à réfléchir sur ces tragédies. Ce fut le cas de Kenzaburo Oé dans Notes de Hiroshima ou d’Underground d’Haruki Murakami.

Un auteur japonais aurait-il pu écrire Mon père n’est pas un héros ? Je n’en suis pas sûr. Pourtant, le texte de Christophe Léon est d’autant plus fort qu’il est concis. Ce n’est pas une lettre ouverte dans un journal, ce n’est pas un témoignage mis sur un réseau social, non, c’est une lettre privée au patron de l’entreprise qui employait le père du narrateur, un an après le drame de Fukushima. Noriaki a 14 ans, et suffisamment de recul, de maturité, pour analyser ce qu’il a vécu, pour exprimer son ressenti, et sa colère.

Noriaki, sa petite soeur Emiko et ses parents formaient une famille unie, avant la catastrophe. Une famille ordinaire : le papa est ingénieur, la petite soeur va au jardin d’enfants. Les parents sont soucieux de leurs enfants, de leur réussite, sans excès. Ils participent aux fêtes japonaises traditionnelles.

Puis vint Fukushima. Noriaki retranscrit alors les différentes étapes de ce qui a eu lieu, et surtout le geste fort de son père, et d’autres avec lui, qui se sont portés volontaires. Qui sont restés à leur poste. Qui ont aidé les secouristes. Non pour la gloire ou l’argent. Par devoir. C’est vraiment le mot qui ponctue le texte  : devoir. Il raconte aussi l’envers du décor, les familles, qui ne savent rien ou presque, les médias, quasiment muets, l’obligation de chercher de véritables informations sur internet. Et enfin, le dénouement. Le soulagement ? Pas vraiment.

Mon père n’est pas un héros est un texte coup de poing.

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Ballade d’un amour inachevé de Louis-Philipe Dalembert

Mon avis :

Azaka et Mariagrazia forment ce que l’on nomme un couple mixte. Azaka est un « extracom », il vit depuis plus de douze ans en Italie, où il a repris la gérance d’une boutique de photocopies et reliures. Mariagrazia est assistante sociale. Mariés, heureux, ils attendent leur premier enfant. Ils ont tout pour être heureux, jusqu’au jour où la terre tremble.

Mon premier constat est que le titre de ce roman est particulièrement bien choisi et s’accorde avec la musicalité de ce texte.Pas de suspense, pourrai-je dire : le lecteur sait dès le début que la femme d’Azaka n’est plus. Il sait que le tremblement de terre a causé sa mort. A lui de revivre, à rebours, les moments heureux de la vie de ce couple. Je ne vous cacherai pas que certaines pages m’ont semblée trop sentimentales, un peu égarées dans ce texte sobre, où le pathos n’a pas sa place.

En effet, ce roman s’apparente à une tragédie, tant la fatalité poursuit Azaka jusqu’à l’ultime page du roman – pour ce dernier fait, je me suis même dit que c’était un peu trop. Ce tremblement de terre rappelle celui qui a frappé son pays natal (jamais nommé) et l’a fait naître à l’âge adulte. Ce roman dit aussi les difficultés qui touchent ceux qui ont vécu des drames trop inimaginables, trop impensables pour pouvoir être raconté à d’autres.

La richesse de ce livre vient aussi de la multiplicité des thèmes qu’il traite. Il dresse un état des lieux de l’Italie, qui ploie sous le poids des traditions. Même Mariagrazia, qui se veut moderne, cède aux pressions de sa famille. Et que dire de la scission Nord/Sud, mal vue dans cette région italienne sise au milieu du pays ? Que dire aussi du discours raciste, presque intemporel : les propos tenus contre les émigrés, ces « extracoms », pourraient avoir été prononcés bien des années auparavant. Ils se retrouvent aussi dans d’autres pays. Il est toujours plus facile d’accuser les autres de ses difficultés, de ses échecs.

J’ai lu ce livre dans le cadre du prix Océans France O.

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Madame Gargouille d’Orianne Charpentier

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Mon avis :

Les enfants, aujourd’hui, n’ont plus peur des ogres, c’est bien connu. Par contre, ils peuvent détester leur concierge et la surnommer Madame Gargouille. C’est le cas d’Ezechiel, tout jeune adolescent.

Seulement, sa vie connaît des bouleversements. Son père « prend du recul » comme l’on dit aujourd’hui, et sa mère les confie de plus en plus souvent à la concierge. Et là, Ezéchiel a une révélation : il découvre qu’il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Il découvre aussi que les personnes âgées, dont son père se moque parfois, ont une histoire elles aussi, parfois heureuses, parfois douloureuses. Ce sera un premier pas vers l’âge adulte pour lui, d’autant plus réussi que l’écriture est rétrospective.

Un joli premier roman.

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Les cousins Karlsson, tome 1 de Katarina Mazetti

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Présentation de l’éditeur :

Julia, Bourdon, George et Alex passent l’été sur une petite île suédoise. Avec leur tante Frida, ils seront les seuls habitants de l’île. Pourtant, dans la nuit des bruits bizarres les réveillent. De la fumée plane au-dessus du bois à l’autre bout de l’île. Ne seraient-ils pas seuls sur l’île ?
Et qui sont les intrus ? Fantômes, espions ?
Les quatre cousins mènent l’enquête à leur façon.

Mon avis :

Je termine la lecture de la série Les cousins Karlsson par le premier tome, tenant à conserver ma logique personnelle en toute chose.
Dans ce premier tome, les cousins font connaissance – ils n’ont pas souvent eu l’occasion de se rencontrer souvent. Les parents de Julia et Bourdon sont partis en Inde, et les confient à leur tante Frida, la petite dernière, la plus fantasque de la fratrie. Curieusement, les parents d’Alex et la mère de George ont eu la même idée : ils sont trop pris par leur carrière respective pour s’occuper de leurs enfants pendant les vacances. Et dire que c’est Frida, ex-funambule, ex-bûcheronne, ex-joueuse de cithare et présentement sculptrice qui passe pour excentrique !
Ils tomberont de haut en arrivant sur l’île, qui vit dans une ère pré-électrique. Je ne vous parle pas non plus d’ordinateur, objet totalement inconnu de tante Frida.
Je vous parlerai par contre de Chapardeur, charmant chat légèrement obèse. Je vous parlerai d’un charmant cheval, qui vite en liberté sur l’île – et dont Frida prend grand soin. Je vous parlerai aussi de fantômes et d’espions qui hantent l’île.
Toute ressemblance avec le club des cinq n’est pas à prendre à la légère. Je pense irrésistiblement au premier tome de leurs aventures, qui les fit chercher un trésor sur une île, et se retrouver aux prises avec de dangereux malfaiteurs.
Ici, rien de tout cela mais la découverte, par ses enfants, d’une réalité qu’ils ignoraient jusque là. Si tout est bien qui finit bien, tout n’avait pas bien commencé pour tout le monde.
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Entre nous, les levantins de Benny Ziffler

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Merci à Libfly et à Actes Sud pour ce partenariat.

Présentation de l’éditeur :

Invitation au voyage, chronique subjective et piquante, déclaration d’amour insolente et bravache, exercice d’autodérision joyeuse, les carnets de Benny Ziffer sont tout cela à la fois. Écrits d’une plume de poète voyou nourri de ce français chantant jadis indissociable du Levant, ils nous entraînent du Caire à Paris, en passant par Istanbul, Athènes et Amman, avec l’art des détours et des rencontres, dans la fréquentation des marges et la contemplation des multiples miroitements identitaires.

Mon avis :

J’ai de plus en plus de mal à rédiger des avis qui me satisfassent – mais je crois qu’en rédigeant celui-ci, je ressens une véritable impuissance, un peu comme si j’étais une alpiniste sans aucun équipement face à l’ascension qui m’attend.

Entre nous, les levantins est un récit de voyage au coeur des pays qui entourent la Méditerranée. Le voyage débute au Caire, se poursuit à Amman, Alexandrie, pour atteindre Jérusalem  avant de gagner Istanbul, Athènes puis Paris. Plus que des monuments – et ce sera le cas à chaque étape du voyage -, Benny Ziffer nous invite à découvrir des lieux intimistes et à partager ses rencontres. Elles sont importantes, qu’il s’agisse d’amis (Niemand) ou d’auteurs comme Naguib Mahfouz. La littérature est essentielle dans ce récit. Il rend hommage à Flaubert et à son style. Il marche sur les pas de Mark Twain. Il m’a donné envie de découvrir les romans d’Alaa El Aswany. Il règle aussi son compte à la littérature de voyage, option tourisme en disant son admiration pour Théodore Monod : « L’égo de l’auteur est si absent de son écriture que nous lisons, en fait, un texte mystique qui ne s’autorise pas à se nommer ainsi.  »

Benny Ziffler part aussi à la recherche de l’histoire, la grande, la petite, qu’elle soit vécue par ceux qu’il croise au cours de son périple, qu’elle est laissée des traces sur les villes, au cœur des quartiers, ou qu’elle se soit inscrite dans la mémoire collective de ces Levantins. La musique, les arts, et même le cinéma ont des résonances inattendues – voir la projection du film Caramel de Nadine Labaki.

Plus qu’une lecture d’une traite, j’ai vraiment effectué des allers-retours entre les différents chapitres de ce récit de voyage, qui m’a fait découvrir bien des faits, des lieux, que j’ignorai complètement.

 

 

Danse avec l’ange d’Ake Edwardson

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Un jeune homme est retrouvé assassiné dans des conditions atroces en Suède. Au même moment, un jeune suédois a été tué dans les mêmes circonstances en Angleterre. Winter en Suède et MacDonald en Angleterre unissent leur force pour trouver le coupable.

Mon avis :

Autant vous avertir tout de suite :
– ma première expérience avec Ake Edwardson a été une catastrophe dont je me souviens encore, quatre ans après.
– les avis que j’ai lu sur ce livre sont tous très négatifs.
Aussi, je vous surprendrai sûrement en disant que j’ai adoré ce livre, littéralement, justement pour les raisons qui font que d’autres le détestent.
Ce livre parle d’un tueur en série particulièrement sanguinaire, qui filme en plus ses exploits. Si vous êtes coutumier des thrillers, vous devez bien connaître ses looooooooongues scènes, pendant lesquels aucun détail ne nous est épargné. Je connais même des auteurs qui n’hésitent pas à répéter trois/quatre fois la scène, au cas où toute l’horreur n’aurait suffisamment frappé le lecteur – à moins que l’auteur ne prenne son lecteur pour un crétin, c’est possible aussi.
Rien de cela ici. Nous avons bien des faits bruts, qui nous sont livrés, clair, net, précis. L’horreur est à lire aussi dans le regard des enquêteurs, dans leur réaction. Il tient aussi dans la réaction des familles, dans leur souffrance, leur incrédulité, leur colère aussi. Toutes les familles n’ont pas envie de gentiment collaborer avec les gentils policiers qui leur ont appris la mort de leur fils dans des circonstances atroces.
L’enquête mène Winter de la Suède à l’Angleterre, entre deux coups de fil de ses parents, qui vivent une retraite paisible en Espagne. Lui ne l’est pas : comme les autres policiers, il n’a qu’une crainte, que le tueur recommence. Ils se sentent d’autant plus impuissants que les pistes sont très minces.
A aucun moment, nous ne sommes dans la tête du tueur, et ce n’est pas plus mal. Nous saurons en partie son mobile à la fin. NOui, ne pas avoir toutes les explications a gêné certains lecteurs. Pas moi. L’auteur en dit suffisamment, même de manière implicite, pour que l’on puisse reconstituer les motivations du tueur, et retracer son parcours criminel – ou comment jouer à cache-cache avec la police est plus facile qu’on ne le croit. De même, l’une des révélations du dénouement ne surprendra absolument pas ceux qui regardent des séries comme Esprits criminels.
Danse avec l’ange est un polar qui parle tout en finesse de thèmes sombres et sanglants.

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