Présentation de l’éditeur :
1981. Les murs de Paris se couvrent des affiches du candidat Mitterrand, avec le slogan socialiste « changer la vie ». André et son ami François ont une vingtaine d’années. Par tempérament, fidélité ou rébellion, ils participent à la grande fête du 10 mai.
L’occasion leur étant donnée de passer l’été à New York, les deux amis s’y précipitent, persuadés de croiser Bob Dylan dans le Village ou de rencontrer Lou Reed au Max’s Kansas City. Tandis que François s’éclipse dans les recoins de la scène gay new-yorkaise, André, guidé par la jolie Giulia et par son employeur, Logan, gauchiste devenu patron d’une maison d’édition marginale, découvre le rythme frénétique de la « ville qui ne dort jamais »…
Roman d’apprentissage, roman des illusions, des déceptions, Changer la vie est porté par une allégresse d’écriture nourrie par sa bande-son : un medley de titres rock impeccablement enchaînés, qui communique au lecteur son énergie et son goût de vivre.
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour ce partenariat.
Mon avis :
« Changer la vie » était le slogan de Mittérand, alors candidat à l’élection présidentielle de 1981. Son nom est généreusement écorché par le père de François, meilleur ami du narrateur. La vie des personnages change-t-elle après cette élection ?
Déjà, André, le narrateur, et François, son meilleur ami, ne sont pas franchement des militants très investis et si leur vie change, c’est parce qu’ils quittent Paris pour New York, juste après les élections. Mais avant…. et bien la première partie du roman est assez brouillonne. Il est question de la jeunesse d’André, de ses amours, balbutiantes, de ses expériences sportives et sexuelles pas vraiment concluantes et pas toujours intéressantes. Particularité : les jeunes filles que rencontrent André ont souvent des prénoms dont l’orthographe ne répond pas aux normes établies. Une fois, deux fois, trois fois… c’était presque un running gag. Le prénom, dernier moyen de se singulariser quand on est en rien quelqu’un d’extraordinaire.
En fait, j’ai eu beaucoup de mal à accrocher à cette première partie, vous l’aurez sans doute compris. Je me suis crispée, avec les notes du traducteur. Jeu avec le lecteur, bien sûr. Même si ces remarques sur les procédés stylistiques, sur les tics de langage ne sont pas si nombreuses, elles m’ont agacée. Il est des jours où je n’ai pas envie que l’on me fasse remarquer que je lis une fiction, surtout quand celle-ci n’est pas assez ancrée dans la réalité. De ces années-là, nous ne saurons presque rien, si ce n’est les éléments négatifs, et encore, brièvement résumés.
La vraie intrigue est ailleurs, à New York, parce que le narrateur s’éparpille moins, tout en dénouant les fils de l’amitié qui le liait à François. En revanche, il se lie avec Jenny, une vieille dame dont il doit écrire les souvenirs dans ce qui sera peut-être le best-seller de l’année. Le « devoir de mémoire » commençait à se faire jour, et quoi de mieux que les mémoires d’une espionne, le récit de ce qu’elle a subi, des personnalités qu’elle a connue ? Mais je ne me suis pas sentie aussi en empathie avec elle que je l’aurai voulu, à cause de cette citation, sur les soldats, mais qu’elle applique aux résistants : » Vous savez, dit-elle avec un bon sourire, ce que Romain Gary pensait de ceux qui racontent leur guerre ; qu’ils insultent leurs camarades morts; alors raconter sa résistance, c’est encore pire. » Certes. Mais pour moi, parler veut dire transmettre, veut dire aussi faire vivre le souvenir de ceux dont on a voulu tout éliminer. Et le narrateur avait suffisamment joué avec moi pour que je mette de la distance entre Jenny et moi.
Long retour en arrière, Changer la vie est l’histoire de deux amis que la vie a séparé, de personnes qui ont rêvé leur vie au lieu de la vivre, telle Pam qui passe à côté de sa fille. Un roman léger sans l’être – et j’aurai aimé que la fin soit dite en face à François, et non écrite.