Archive | septembre 2022

Une soirée à l’opéra – ou presque : Les capulets et les montaigus de Bellini

Je dis « ou presque » parce que je n’étais pas à l’opéra Bastille, mais au cinéma des Andelys, pour assister, de 19 h 15 à 22 h 17 (je suis précise) à la retransmission en direct de l’opéra de Bellini.

Note : je n’aime pas la musique de Bellini, et cet opéra m’a fait rappeler pourquoi.

Il est d’ailleurs très ennuyeux que tout le monde ait envie de rire dans ce qui devrait être, dans l’opéra, une grande scène tragique (la fin de l’opéra, pour simplifier).

J’ai aimé l’interview de la chef d’orchestre Speranza Scappucci (sa soeur aînée s’appelle Gioia) qui montre l’importance du mode majeur dans l’opéra, et effectivement, je n’entendais presque toujours que du majeur, que l’on associe plutôt à des thèmes joyeux, que du mode mineur. Je ne suis pas « fan » de l’orchestration des opéras de Bellini, qui me semblent toujours « légères », par rapport à ceux des opéras de Mozart, par exemple.

J’aimerai vous dire que l’intrigue est connue, si ce n’est que le livret ne s’inspire que de manière lointaine de la pièce de Shakespeare. Ce qui a importé, c’est la rivalité entre les Montaigu et les Capulet. Juliette et Roméo se connaissent déjà, et Roméo a tué le frère de Juliette, à la guerre, certes, c’est le destin, dira-t-il, mais tuer son adversaire en temps de guerre est courant – simple, clair, net, et précis. Je regrette cependant l’histoire originelle – Roméo est ici un grand chef de guerre.

Cependant, le choix de le faire chanter par une femme. Oups. Pas très crédible pour moi surtout quand la cantatrice Anna Goryachova joue comme l’on jouait l’opéra il y a trente, quarante ans, comme si aucun metteur en scène n’avait jamais fait de travail de mise en scène. Pour la mise en scène, je n’ai pas grand chose à dire non plus, cet opéra n’offrant pas de vastes possibilités pour créer une mise en scène véritablement surprenante. Reste un très bon Capulet, Jean Teigen, très juste, très sobre dans son jeu, dominant véritablement les scènes dans lesquels il apparaît.

Je ne sais pas si je trouverai le temps de retourner à l’opéra/cinéma cette année, mais je suis contente d’avoir pu aller à la première retransmission de la saison.

L’empathe prend de la hauteur de Claude Picq

Présentation du roman :

Il aura suffi qu’un adepte de la poêle à frire balade son instrument sur les rives d’un modeste lac de montagne pour qu’un nouveau mystère me tombe sur le bec. Pas clair, le macchabée ! Pas de papiers, exsangue et bouffé par la vermine. Personne pour s’inquiéter. Le mort aurait-il des secrets à cacher ? Des choses inavouables à confesser ?
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Forcément au bout de 10 jours d’errance, la police nationale pense à moi. Je suis le dernier recours. Une occasion de visiter Grenoble et de randonner dans la Belledonne, ça ne se refuse pas. Alors, enfilez vos godasses à crampons et suivez-moi !

Mon avis : 

Sauf erreur de ma part, ce titre est le troisième tome des aventures de l’empathe, alias Georges Marchais. Après avoir arpenté les falaises de Dieppe et du Tréport, après s’être promené sur les quais du bassin de l’Arsenal, le voici en montagne, pour enquêter sur une mort énigmatique. En effet, si le rapport d’autopsie précise bien de quoi ce qui a causé la mort de cet homme, en revanche, on ignore jusqu’à son identité, ce qui est plus que gênant pour trouver ce qu’il faisait là et pourquoi il a été tué. L’arme du crime ? L’un des couteaux les plus vendus dans les boutiques de souvenirs, autant dire qu’il ne faut pas trop chercher de ce côté-là. A l’empathe, donc, de chercher, et de trouver.

Il commence à avoir l’habitude, de se lancer à la recherches des émotions perdues, oui, mais aussi de la manière dont les policiers l’accueillent – la plupart sont plutôt septique sur la nature de son don, et leur intérêt pour Georges varie en fonction des résultats qu’il obtient, et de la confirmation par les bonnes vieilles méthodes traditionnelles (les indices relevés sur la scène de crime, si vous préférez).

Et si …. la victime ne l’était pas tant que cela ? Si la vraie victime était à chercher ailleurs. Oui, je sais, j’ai coutume de dire que la victime, c’est celle qui est morte, et c’est logique. Cependant, il ne faut pas oublier ce qui se nomme la légitime défense, il ne faut pas oublier la fuite, comme un instinct de survie quand on a enfin pu se libérer de son agresseur. Peut-être que je spoile un peu. Cependant, il est des enquêtes dans lesquels le (présumé) coupable n’est pas forcément arrêté, non parce que ce n’est pas nécessaire, mais parce qu’il est difficile de le retrouver : les randonneurs vont et viennent dans les montagnes, ils ne prennent pas forcément de chambre d’hôtel, ils ne mangent pas nécessairement au restaurant, ne font pas des achats dans les boutiques. Et quand bien même ils en feraient, une fois qu’ils sont tous retournés dans leur ville, région, voire pays d’origine, comment les retrouver ? Difficile. Pour ne pas dire impossible, surtout si l’on tient compte du temps qui s’est écoulé entre le meurtre et la découverte du corps, entre cette découverte et celle d’une piste tangible. Et une pensée pour les victimes collatérales.

Philip Jackson, David Suchet

La voie du tablier, tomes 1à 4 de Kousuke Oono

Mon résumé :

Tatsu est un ancien yakusa, il était le meilleure dans sa branche, il était craint et redouté, il était Tatsu l’immortel. Mais il a pris sa retraite, pour devenir un homme au foyer. Il prend soin de sa maison, la nettoie parfaitement, prépare des bentos pour sa femme, et n’hésite pas aussi à soutenir d’anciens collègues qui ont quelques soucis.

Mon avis :

C’est grâce à Pativore que j’ai découvert cette série de manga. J’ai pu réserver puis emprunter les quatre premiers tomes à la bibliothèque de Rouen. Tatsu et sa femme semblent avoir inversé les rôles, du moins de mon point de vue d’occidentale. Elle travaille énormément, s’investit pour son travail, tout en n’étant pas une très bonne ménagère (voir dans quel état se trouve leur logement quand elle veut organiser une fête d’anniversaire surprise pour son mari). Lui, par contre, cherche tous les moyens de se perfectionner dans son domaine, et je dois dire que c’est carrément flippant : voir sa parfaite connaissance de la manière de faire partie des tâches, toutes les taches, sur des vêtements. Yakusa doit être un métier très salissant ! Il n’hésite pas non plus à prendre des leçons de cuisine, à découvrir tout ce que l’on peut découvrir sur le tapioca (vaste sujet), à chercher les meilleures méthodes pour que sa conjointe puisse se relaxer (ne surtout pas oublier d’avoir un chat sur les genoux, c’est essentiel). Il est plutôt bien intégré dans son quartier, cependant, les policiers l’ont à l’oeil, et le soupçonnent un peu de tout et de n’importe quoi – surtout de n’importe quoi. Je serai presque tentée, en voyant Tatsu et ses anciens collègues, de dire que le yakusa est un homme comme un autre. Seulement, il ne peut se défaire de son passé aussi facilement, il effraie un peu, même quand il tente de sourire ou qu’il prend des cours de yoga. Ne parlons même pas de l’achat d’une nouvelle voiture : nous nous retrouvons plongés, avec Tatsu et sa conjointe, dans le passé du yakusa, revivant les différentes manières dont on peut supprimer un homme. Il peut aussi poursuivre un chat qui a volé un poisson avant d’abandonner – quand il découvre pourquoi ce chat a volé le poisson. La voie du tablier est un manga agréable à lire, et je vais réserver les tomes 5 à 7 à la bibliothèque dès que possible.

Blizzard de Marie Vingtras

édition de l’Olivier – 192 pages.

Présentation de l’éditeur :

Le blizzard fait rage en Alaska. Au coeur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.
Avec ce huis clos en pleine nature, Marie Vingtras, d’une écriture incisive, s’attache à l’intimité de ses personnages et, tout en finesse, révèle les tourments de leur âme.

Mon avis : 

Ce livre m’a été offert par un ami, sinon, je ne sais pas si je serai allée spontanément vers lui, parce que je n’avais jamais entendu parler de lui. J’étais apparemment devant une histoire simple : un enfant lâche la main d’une femme alors que tous les deux sont partis se promener dans le blizzard. Les quatre hommes qui vivent dans ce trou perdu et glacé de l’Alaska vont tenter de les retrouver ou de le retrouver. Je fais très vite cette distinction, parce qu’il paraît évident que, pour certains hommes, la priorité est de retrouver le petit garçon, non la jeune femme. Pourquoi ? Parce qu’elle est une femme. Parce que, pour eux, cette femme n’aurait jamais dû venir ici, elle est une femme « de la ville » c’est à dire une femme qui ne sait pas rester à sa place de femme – dans la maison, pas dehors, discrète, silencieuse, bref invisible et inaudible.

Le seul qui veut vraiment les retrouver tous les deux, c’est Benedict. C’est lui qui a amené Bess ici, pour des raisons que nous découvrirons au fur et à mesure de la lecture, tout comme nous découvrirons, au fur et à mesure de la lecture, quels sont les liens entre eux. Peu de personnages sont présents dans ce coin de l’Alaska, et les absents, les morts sont tout aussi importants que ceux qui sont vivants, pour ne pas dire qu’ils le sont plus. Benedict, Bess, Freeman (un ancien militaire, le seul afro-américain du coin), tous les trois ont au moins une personne morte dont le souvenir ne les quittent pas – le souvenir, les remords, les regrets, la culpabilité.

L’autre thème fort est les relations parents/enfants, que nous découvrons à travers les pensées de Benedict, Bess et Freeman (encore une fois, un trio important, même si eux ignorent les liens qui les unissent tous les trois). Certains parents n’arrivent plus à l’être, d’autres ont rompu tout lien avec leurs parents, pour des raisons qui leur appartiennent et n’en sont pas moins légitimes. Il en est qui essaie de devenir parents, et ce n’est pas forcément facile, surtout quand l’enfant est déjà là et qu’il a besoin de vous. Il en est qui n’ont plus d’enfants, il n’en reste pas moins des parents, qui vivent avec cette douleur, qui se demandent aussi quand ils ont fait des erreurs, parce qu’ils vivent avec la douleur de survivre à son enfant.

Un livre dur ? Oui. Parce que les hommes sont durs, parce que la société est dure, parce que les personnes ayant des principes, des règles de vie, des valeurs, ne pensent pas nécessairement que les personnes qu’ils côtoient tous les jours ne partagent pas ses valeurs – ou font semblant, c’est tellement plus simple.

Pour terminer, une pensée émue pour Cordélia, charmante représentante de la race canine, à qui personne ou presque n’a pensé, et qui, pourtant, remplit parfaitement la mission qui est la sienne.

 

Hors-la-loi d’Anna North

Présentation de l’éditeur :

À dix-sept ans, la vie semble sourire à Ada : elle vient d’épouser le garçon qu’elle aime et son travail de sage-femme aux côtés de sa mère la passionne. Mais les mois passent et le ventre de la jeune femme ne s’arrondit toujours pas. Dans cette petite ville du Texas où la maternité est portée plus haut que tout, et la stérilité perçue comme un signe de sorcellerie, les accusations à l’encontre d’Ada ne tardent pas à se multiplier. Bientôt sa vie même est menacée et elle n’a d’autre choix doit que de partir, renonçant à tout ce qu’elle avait construit.
Elle trouve refuge au sein du tristement célèbre gang du Hole-in-the-Wall, une bande de hors-la-loi dirigée par un leader charismatique : le Kid. Le Kid rêve de créer un havre de paix pour les femmes marginalisées et rejetées par la société en raison de leurs différences.
À ses côtés, Ada apprend à monter à cheval, à tirer et à maîtriser l’art de se déguiser en homme pour piller des diligences ou voler du bétail. Mais le Kid veut aller plus loin et échafaude un plan qui pourrait bien leur être fatal. Ada est-elle prête à risquer sa vie pour un monde meilleur ?

Mon avis :

Je revendique avoir eu du mal à lire ce livre, bien que la narration ait été assez fluide. Oui, curieux début. Il faut cependant se plonger d’abord dans la thématique pour comprendre mes réticences. L’action se passe au XIXe siècle, aux Etats-Unis, après qu’une épidémie a décimé une grande partie de la population et que les survivants s’en sont remis à la religion pour surmonter ce qui s’était passé. Les femmes stériles sont mises au ban de la société, quand elles ne sont pas purement et simplement supprimées. Les femmes qui ont eu quatre enfants sont en revanche libres de faire ce qu’elles veulent – pour peu, bien sûr, que les quatre enfants qu’elles ont mis au monde soient vivants et en bonne santé.

Cela vous parait invraisemblable ? Pas tant que cela. Il suffit de repenser à ce qui passait en Roumanie jusqu’à la fin des années 80. Il suffit de voir comment la société américaine évolue actuellement, ou comment d’autres sociétés se comportent envers les femmes. Il est facile d’accuser, de faire condamner quand la justice est rendue par les hommes, pour les hommes, quand personne, surtout, ne cherche à trouver les véritables causes, à remplacer les idées fausses par des vraies. Trop difficile, trop fatiguant de se remettre en question, et de s’apercevoir que l’on s’est trompé pendant tout ce temps.

Ada est l’ainée d’une famille de quatre filles, sa mère est sage-femme et lui a transmis son savoir – une femme qui sait est dangereuse. Chassée par son mari, elle trouve un temps refuge dans un couvent, là où toutes les femmes stériles sont envoyées, quand elles n’ont pas été exécutées. Elle quitte cependant le couvent, parce qu’elle sait qu’elle est toujours recherchée, parce que cette vie ne lui convient pas, et rejoint la bande du Kid, un hors-la-loi.

Le sujet est tellement lourd que j’ai l’impression qu’il masque complètement l’intrigue et le style. Ada et les autres femmes de la bande du Kid n’ont pas vraiment eu le choix – la bande ou l’enfermement, la mort. L’autrice revisite le mythe du western, avec ses classiques (vol de chevaux et de bétails, femme fatale qui sert d’appât, braquage de banque) mais cette fois-ci, les hors-la-loi sont des femmes, qui se battent comme des hommes. Il a pourtant fallu apprendre, à vivre différemment sous le regard des hommes, apprendre à s’organiser, à tirer partie des talents que l’on possède (Ada sait soigner) et à développer ceux que l’on ne savait pas que l’on possédait, la survie du groupe est à ce prix.

Je me rends compte que j’ai du mal à toucher du doigt ce qui fait que cette lecture n’a pas été aussi épanouissante (plaisante ne me semblait pas convenir) qu’elle aurait pu l’être. Sans doute est-ce dû aux nombreuses scènes violentes qui rythment le roman. Sans doute est-ce dû aussi à tous ses commentaires médicaux fréquents : Ada partage son savoir avec nous, même si en tant que femme du XXIe siècle, nous en savons forcément plus sur les causes de la stérilité, qui sont largement inconnues ici, quand elles ne sont pas totalement fantaisistes. Note : elles le sont encore d’un certain point de vue. Pensez à toutes ses personnes qui disent : « non, mais, la stérilité, c’est dans ta tête, cesse d’y penser et cela ira » – il est même des professionnels de santé pour le dire. Bref, il reste encore du chemin à parcourir.

Le frisson de Ross MacDonald

Présentation de l’éditeur :

Lew Archer, détective privé spécialisé dans les affaires familiales délicates, n’est pas emballé par la mission que veut lui confier un certain Alex Kincaid : retrouver son épouse Dolly, une très belle jeune femme qui s’est volatilisée juste après leur mariage. Affolé, Kincaid n’a rien pu obtenir de la police : il ne croit pas à la simple fugue et redoute le pire, d’autant qu’un mystérieux barbu semble avoir joué un rôle dans cette disparition. C’est alors qu’Archer découvre certains indices qui semblent relier Dolly à d’anciens meurtres. Le détective s’enfonce peu à peu dans un labyrinthe d’intrigues qui soudent un clan redoutable.

Mon avis :

Prendre des vacances, ou du moins un peu de repos quand on est un détective privé, c’est compliqué. Pourtant, Lew Archer était content : l’affaire sur laquelle il avait enquêté était terminée, jugée même, le verdict avait été rendu, sa tâche était donc terminé. Seulement, à la sortir du tribunal, un jeune homme souhaite l’embaucher : sa toute jeune épouse a disparu au lendemain de leurs noces. Lew est d’abord plus que réticent, puis il se laisse convaincre, et se retrouve dans une mélasse pas possible, qui va le ramener dix ans, puis vingt ans en arrière, sur les traces de crimes qui ont été résolus mais dont la résolution n’a pas satisfait tout le monde.

Comme toujours, dans les romans de Ross MacDonald, la famille est au cœur de l’intrigue. Comme toujours, elle est déficiente – sinon, ses membres n’auraient pas besoin de l’aide de Lew Archer pour tenter de mettre de l’ordre dans tout ce gâchis. Il est des fils, comme Alex Kincaid, qui ose défier l’autorité paternel, qui ose devenir ce qu’ils sont : des adultes, même si ce n’est pas facile face à des parents qui disent savoir ce qui est bon pour leur enfant et usent de chantage affectif. Il est des filles qui ont été brisées par la violence qui régnait dans le foyer. Il est aussi beaucoup de familles qui mettent en tout premier lieu leur réputation, leur attachement aux avantages hérités de leur naissance (oui, il est une bourgeoisie américaine bien pensante et sûre de son bon droit), qui en usent et en abusent pour obtenir ce qu’elles veulent et étouffer quelques faits jugés scandaleux. Violence partout, justice nulle part ou presque.

Ce roman nous emmène de rebondissements en rebondissements, et à chaque fois que l’on croit que toute la lumière a été faite, et bien, l’on se trompe.

Les enquêtes d’Hannah Swensen, tome 5 : Meurtres et cupcakes au caramel

Présentation de l’éditeur :

Le caramel qui ne vous tue pas vous rend plus fort.
Ces derniers temps, l’existence d’Hannah a une saveur douce-amère. Certes, sa sœur Andrea est enceinte – et c’est une source inépuisable d’irritation et d’amusement – et, oui, elle prend toujours beaucoup de plaisir à donner des cours de cuisine au lycée de Lake Eden. Mais sa vie sentimentale, elle, reste compliquée. Entre Norman le dentiste et Mike le gentil flic, son cœur balance.
Quand soudain, la petite ville est frappée par un nouveau meurtre ! On retrouve derrière le lycée le corps du vieux shérif Grant. Avec, sur son uniforme, les traces d’un cupcake au caramel confectionné par Hannah.
Quitte à se mêler, comme elle sait si bien le faire, de ce qui ne la regarde pas, notre héroïne se met en tête de chercher le coupable. Sa mère et son chat ne seront pas en reste pour rendre cette histoire aussi sucrée que piquante !

Mon avis :

Je ne lis pas forcément les livres dans l’ordre, ce n’est pas nouveau. Ainsi, j’ai lu le tome 5 après le 2, parce que je l’ai reçu en cadeau d’anniversaire – et que j’ai mis du temps à le lire.

Mon premier constat est que c’est une lecture agréable, sans difficulté particulière, bref, une lecture qui semble parfaite pour se distraire, à condition de ne pas creuser un peu trop. En effet, Hannah donne un cours de cuisine au lycée – jusque là, tout va bien – et découvre le cadavre du shériff dans la poubelle. Oui, il y a de quoi avoir un choc. Non, elle n’est pas censée mener l’enquête, elle est une femme, elle n’est pas policière. Ce n’est pas elle qui le dit, c’est Mike, encore et toujours lui. Seulement, Bill, le beau-frère d’Hannah est accusé de meurtres, et il est hors de question de rester sans rien faire, alors qu’Andréa, sa soeur, est proche de mettre au monde leur second enfant. Note : le roman a quelques années, ce qui explique sans doute que personne n’est capable de donner la date du terme d’Andrea. Quand je dis « personne », même le médecin doute, alors qu’en France, même il y a vingt ans, trente ans, c’était possible. Bizarre.

Hannah enquête et cuisine, Hannah cuisine et enquête, mais surtout, surtout, même si elle trouve toutes les preuves, le mobile, il ne faut pas qu’elle révèle tout, il ne faut pas qu’elle montre qu’elle a été plus perspicace que le shériff, il faut lui en laisser un peu, pour ne pas qu’il se vexe, puisqu’il est un enquêteur, un vrai. Faut-il que les hommes soient fragiles pour qu’ils renoncent à fréquenter une femme si celle-ci excelle dans le même domaine qu’eux ? J’ai eu l’impression qu’Hannah mettait en pratique les conseils que l’on trouve dans les magasines féminins pour plaire à un homme, pour l’amener à penser ce qu’elle pense, d’ailleurs, j’ai l’impression qu’Hannah en a lu quelques uns puisqu’elle se rassure en se disant que deux personnes qui ont le même humour sont faites l’une pour l’autre – à quoi peut tenir l’amour. Au moment où je rédige cet avis, je me dis que le quatrième de couverture est plus drôle, plus fort que le livre, et que ce qu’il nous promet n’arrive pas réellement.

Oui, c’est une lecture sympathique, mais ce n’est pas une lecture inoubliable. C’est le cinquième tome, et le coeur d’Hannah balance encore. Il reste quinze tomes : j’espère pour elle et pour les lecteurs fidèles qu’elle trouvera un conjoint avant – il est peu probable qu’elle envoie promener tout le monde.

 

 

 

Le meilleur que nous ayons couronné par Cédric Meletta

Présentation de l’éditeur  :

Qui était John-Antoine Nau, lauréat en 1903 du premier prix Goncourt ? Un aventurier comme il n’en existe plus, autant chez lui à San Francisco qu’en Martinique. Un poète féru de liberté et ivre d’indépendance. Un romancier-horticulteur qui ne daigne pas aller chercher sa récompense pour Force ennemie, le manuscrit primé publié à compte d’auteur. Anti-Goncourt par excellence, il abhorre les cénacles de littérateurs qui, sans cesse, complotent dans les antichambres. Alors qu’on le sacre, il préfère rester avec ses amis à Saint-Tropez dans le cabanon du peintre Paul Signac, au coeur de la baie des Canoubiers. Personnage absolument romanesque, John-Antoine Nau méritait bien un roman. En écho à l’aveu de Huysmans, président de l’académie : « C’est encore le meilleur que nous ayons couronné ! »

Merci aux éditions du Rocher et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

J’ai sollicité ce livre par curiosité. Je ne m’intéresse pas vraiment au prix Goncourt, je m’intéresse encore moins aux frères Goncourt, pourtant, je me suis dit que ce serait intéressant de découvrir qui était le premier lauréat de ce prix.

J’ai lu le livre, oui, je l’ai lu de bout en bout, mais je n’ai pas été séduite, ni par la partie contemporaine, ni par la partie historique. En effet, le roman s’ouvre et se clôt avec la célébration du centenaire du prix Goncourt, et cette partie m’a ennuyée, par le style employé mais aussi par le ton, qui frôlait trop souvent le mépris face aux provinciaux, leur manière d’organiser les événements littéraires, leur façon de capitaliser sur la célébrité locale – si tant est que l’on connaisse encore les frères Goncourt de nos jours autrement que par le prix qu’ils ont fondé.

Pour ce qui concerne la partie « historique », je l’ai trouvé très brouillonne. Certes, il y avait sans doute une volonté de montrer que la vie de John-Antoine Nau était en dehors des conventions de son époque, en dehors des conventions littéraires, puisque le texte part dans toutes les directions, comme l’auteur lui-même, avant de finir sous une avalanche d’adjectifs et de phrases nominales. Pour ma part, j’ai eu l’impression de ne rien apprendre sur lui, de ne pas comprendre pourquoi, à certains moments du récit, l’on se focalisait sur un autre personnage et non pas sur lui. J’ai retenu cependant que ce premier lauréat ne voulait pas de ce prix, ne voulait ni des honneurs, ni de l’argent, il voulait juste vivre, et c’est déjà beaucoup.

Cependant, la lecture de ce livre m’a donné envie de découvrir son oeuvre, ce qui est un point positif.

De rouages et de sang T2 – Le trésor du Pink Lady par A.D. Martel

Présentation de l’éditeur :

Alors que Rowena, OEil-de-Pirate, Eugène et Monsieur Gratouille fuient Arkantras, leur bateau est attaqué par des pirates. Mais pas n’importe quels pirates… Dirigé par Butcher, une capitaine qui n’a pas la langue dans sa poche, l’équipage voyage à bord du Pink Lady, un navire volant ! Pour échapper à la police lancée à leurs trousses, Rowena les convainc, grâce à ses talents de mécano, de les garder avec eux. C’est le début d’une grande aventure, en direction de Vérolia, la grande cité de métal…

Tandis que les liens entre Rowena, OEil-de-Pirate et Eugène se renforcent, la question se pose : comment révéler la vérité au peuple d’Arkantras sur le gouvernement en place ? Et si les pirates pouvaient les aider ? Mais ces derniers semblent cacher un lourd secret.

Merci aux éditions Scrinéo et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

Suite et fin d’une saga en deux tomes, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Nous avons quitté Rowena, OEil-de-Pirate, Eugène et Monsieur Gratouille en mauvaise posture, ils ne sont pas vraiment en bonne posture à l’ouverture de ce second tome qui se situe sur le Pink Lady, navire volant de son état. Cependant, l’on ne change pas une équipe qui se serre les coudes, qui se monte inventive, et chacun d’entre eux va œuvrer pour le salut de tous. Ils vont aller de surprise en surprise, surtout Rowena, qui découvre des univers, oui, j’ai bien dit « des », bien éloignés de ceux où elle a vécu jusqu’à présent. Eugène a franchi un point de non retour, mais il n’a plus rien à perdre, si ce n’est la vie – et si l’on estime avoir déjà tout perdu, l’on peut donc tout tenter.

En effet, il est intéressant de se demander quels sont les objectifs des personnages, et de ce roman. Vivre, survivre, exceller dans le bricolage – ou faire en sorte que les choses changent ?Une autre vie est possible, il faut non pas trouver l’impulsion pour que les choses changent, il faut poursuivre dans cette voie, faire en sorte que ce coup d’essai n’en reste pas un, mobiliser le plus de personnes possibles, et combattre les préjugés. La société d’Arkantras est cruellement clivée, et ceux d’en haut  craignent ceux d’en-bas, à grand coups de discours anxiogènes de leurs dirigeants et de leur police, à qui ils font une confiance aveugle. Tout ressemblance avec ce qui se passe dans nos sociétés n’est sans doute pas fortuite. Pardon ? Nous ne sommes pas comme ça ? Pourtant, certains entretiennent la peur de ceux qui viennent d’ailleurs, et y réussissent très bien.

Il ne faut pas oublier non plus qu’Arkantras est un monde hautement pollué, détruit, où rien de végétal ne subsiste, et où l’on peut même se demander comment la vie est encore possible. Les réflexions écologiques contenues dans le roman nous invitent nous même à réfléchir à notre monde actuel et à ce que nous sommes prêts à faire (ou pas) pour empêcher les choses de se détériorer.

A parler ainsi, j’ai l’impression de ne m’intéresser qu’à la tonalité sombre, tragique du roman. Et pourtant, l’espoir est là. L’amour aussi, mais pas du tout de manière conventionnelle. L’amour peut prendre plusieurs formes, plusieurs expressions, l’amour se prouve de bien des manières, et pas toujours de celles à laquelle l’on pense communément.

 

Le radeau des étoiles d’Andrew J. Graff

Présentation de l’éditeur :

“Merci de dire au shérif que Fish voulait pas tuer mon père. Mon père est chez nous dans la cuisine, par terre près de la table. Il est mort.” Inséparables, Bread et Fish ont dix ans et passent leur été dans la poussière des champs du Wisconsin. Ils vivraient dans une parfaite insouciance, sans la figure violente du père de Bread qui terrorise le garçon. Un jour, au comble du désespoir, Fish décide de protéger son ami : un coup de revolver, et les gamins s’enfuient se croyant meurtriers. Ils se hâtent de rassembler du matériel, des provisions, et s’enfoncent dans l’immense forêt voisine. Construire un radeau, promesse de liberté, les expose immédiatement aux dangers réels de la traversée. Pendant ce temps, le grand-père de Fish et le shérif se lancent à leur recherche. Chacun devra faire son propre voyage en pleine nature pour affronter ses doutes et secourir les plus vulnérables.
Magnifiquement porté par un paysage féroce, Le Radeau des étoiles est une ode à l’amitié et à la liberté.

Mon avis :

Parlons d’un temps que nous avons oublié : l’année de l’élection de Bill Clinton, repère temporel donné au début du roman. Sous sa présidence, tout devait aller mieux. Oui, l’espoir existait encore, alors que j’ai l’impression que bien trop d’événements ont passé depuis pour que l’on puisse croire que tout pourra s’arranger providentiellement.

L’action se passe dans le Wisconsin, état tranquille. Nous suivons plusieurs personnages, qui sont tous liés les uns aux autres, plus ou moins profondément. Les deux premiers personnages auxquels nous pouvons nous attacher – je parle bien ici d’attachement, et pas de rencontres – sont Bread et Fish. Ils ont dix ans, ce sont encore des enfants si l’on se fit à leur âge. Leur vécu, leur quotidien, font qu’ils sont loin d’être insouciants. Fish est en vacances chez son grand-père, avec lequel il s’entend très bien : ils s’apportent l’un à l’autre beaucoup de choses, sans véritablement penser consciemment à tout ce que le grand-père transmet à son petit-fils, à tout l’apaisement que Fish peut apporter à son grand-père. Les liens entre eux deux sont très forts.

Bread n’a pas autant de chance. La violence de son père est connue, mais pas suffisamment visible pour que quelqu’un agisse. Et agir comment ? C’est la question que le grand-père de Fish se pose – parce qu’il sait bien qu’un enfant n’aime pas que l’on se mêle de ce qu’il vit dans sa famille.

Tout aurait pu continuer ainsi, si Fish n’avait tiré sur le père de Bread. Les deux enfants ont pris la fuite tous les deux à travers bois, au milieu duquel coule une rivière. Les recherches commencent, pour les retrouver au plus vite. Qui a envie de savoir que son enfant passe la nuit dans une forêt, même volontairement ?

Le sherif Cal, Tiffany, Miranda, Jacks, quatre personnages que nous avons déjà croisés au début du récit, quatre personnages qui participent à cette quête. Je pourrai faire des rapprochements binaires, Tiffany et Miranda sont deux femmes, si ce n’est que Miranda est la mère de Fish, que sa foi, inébranlable et détonnante, la guide. Vu de France l’on peut oublier à quel point la religion est omniprésente aux Etats-Unis. Tiffany a essayé de pratiquer la religion, elle a très vite renoncé. Elle se rapproche de Miranda parce qu’elle aussi veut retrouver Fish, et prouver aussi au shérif Cal qu’elle peut faire quelque chose de bien. Tiffany, c’est une jeune adulte, et une ancienne enfant à qui personne n’a fait attention, que personne n’a regardé, pas même ses propres parents. Et vu ce qu’elle a vécu, l’on peut se dire qu’elle ne s’en est pas mal sorti, elle travaille, elle aime la poésie, elle écrit aussi, et l’on peut rêver à ce qu’aurait été sa vie si elle avait pu grandir avec un regard bienveillant posé sur elle.

Le shérif Cal, lui, voulait lire de la fierté, ou du moins de l’approbation dans le regard de son père. Lui n’est pas du Wisconsin, mais du Texas, et son accent peut faire rêver – ou pas. Il a dû se mettre au vert parce qu’à Houston, il avait pris un peu trop  à coeur son métier de flic. Il le prend toujours à coeur mais il est un homme de la ville, des procédures – parce qu’il a un peu oublié les procédures, un jour – et ne se montre pas franchement adroit au cour de ses recherches. Reste Jacks. Le chien du shérif. Lui sait parfaitement ce qu’il veut et ne veut pas, il sait ce qu’il doit faire – suivre son instinct.