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L’Odyssée de Milo par Maxime Gillio

édition Scrineo – 208 pages

Présentation de l’éditeur : 

Depuis la mort de son oncle, Milo se renferme sur lui, au grand désespoir d’Asha, sa meilleure amie. Mais tout change lors d’une visite au musée, quand une bague gravée de quatre étranges symboles attire son attention. Après l’avoir enfilée, impossible de l’enlever ! Plus intrigant encore, dès que Milo fait pivoter l’anneau, il devient… Achille, le célèbre héros grec ! Il apprend alors qu’il est désormais un Gardien : son rôle est de protéger le monde des humains et de renvoyer les monstres de la mythologie dans celui des dieux. Et justement, il semblerait que l’un d’eux rôde dans la ville… Accompagné d’Asha, Milo se lance dans sa première mission !

Mon avis : 

Merci à Netgalley et aux éditions Scrineo pour leur confiance.

J’aime commencer par une version courte quand j’ai aimé le livre. J’ai en effet beaucoup aimé cette lecture, j’ai été entraînée par ce récit, et je n’ai qu’une hâte, lire un tome 2, qui aura la même énergie !

Pourtant, Milo est au plus bas quand commence ce récit : son oncle est mort et il ne se remet pas de sa disparition, ce que je comprends parfaitement. Sa meilleure amie Asha entend lui changer les idées, et c’est au cours d’une visite dans un musée que Milo se retrouve avec une bague au doigt qu’il ne peut plus retirer. Plus que des pouvoirs, le port de cette bague l’entraînera dans une mission à laquelle ni lui ni le lecteur ne pouvait s’attendre.

Je pourrai dire qu’il s’agit d’une Odyssée moderne, mais ce serait un peu trop simpliste. Ce récit revisite, investit pleinement les mythes qui se retrouvent intégrés et préservés dans un récit tout ce qu’il y a de plus contemporain. Milo et son amie Asha sont des adolescents d’aujourd’hui, des adolescents curieux, courageux, prêts à se soutenir mutuellement (l’un n’est pas le sauveur de l’autre, et vice-versa), que ce soit dans la vie quotidienne ou dans les épreuves qu’ils traverseront. J’ajoute qu’Asha et Milo ne se départiront pas de leur humour, ce qui permet de dédramatiser une situation pour le moins inédite : « Je suis peut-être un Gardien avec des pouvoirs surhumains, mais je suis avant tout un adolescent qui risque de se faire botter les fesses s’il n’obéit pas à ses parents et ne file pas mettre la table. »

Un livre à découvrir !

 

Emma d’Aléas – Complot sous la Régence par Isabelle Schyns

édition Fleurus – 208 pages.

Présentation de l’éditeur :

Juin 1716. A quinze ans, Emma d’Aléas est emprisonnée à la Bastille depuis neuf mois sans savoir pourquoi. Une nuit, un personnage masqué, l’Ombre, l’aide à s’évader et la conduit au château de Sceaux. Le maître du château, le duc du Maine lui explique que l’ordre de son embastillement émane de Philippe d’Orléans, régent du royaume depuis la mort de Louis XIV, qui espère ainsi la forcer à épouser son fils et faire main basse sur sa fortune. Maine fait passer Emma pour sa lointaine cousine et obtient pour elle une place de demoiselle d’honneur auprès de Charlotte, la fille du régent. Une fois au Palais Royal, Emma devra trouver un coffret contenant ses titres dans le bureau du régent. Pour lui faciliter la tâche, Maine lui donne une fiole de somnifère afin d’endormir les Orléans…

Mon avis ; 

Merci à Netgalley et aux éditions Fleurus pour ce partenariat.

Emma d’Aléas, c’est tout d’abord pour moi un roman qui fut très agréable à lire, avec un style fluide (ce qui ne veut en aucun cas dire simpliste). Les jeunes lecteurs pourront facilement s’identifier à l’héroïne, seule, emprisonnée à la Bastille après une simple lettre de cachet, dépossédée de ses biens. Mais un jour, quelqu’un l’aide à s’évader et la présente à son sauveur, le duc de Maine. Celui-ci lui confie une mission, qui devrait permettre à Emma de retrouver sa pleine et entière liberté, ainsi que les biens qui lui ont été confisqués : entrer au service du régent, et lui dérober un coffret. Emma, jeune provinciale orpheline qui a été élevée loin de la cour, de ses ragots et de ses complots, ne paraît pas forcément à première vue la personne la mieux placée pour se faire. Elle devra affronter en premier la redoutable épouse du régent (et c’est là que j’ai envie de mettre une petite note, parce que la femme du régent n’est autre que la soeur du duc de Maine et ce n’est dit nulle part ou alors, j’ai vraiment mal lu) avant de pouvoir réellement prendre sa place de demoiselle d’honneur de Charlotte.

Je l’admets, ma passion pour l’histoire de France fait que j’ai identifié facilement les liens entre les personnages, liens que les jeunes lecteurs ne feront pas forcément, ce qui leur permettra d’avoir la même naïveté qu’Emma, la même fraîcheur aussi face à ses complots qui, il ne faut pas avoir peur de le dire, dépassent largement les jeunes gens qui se sentent bien plus heureux loin de la cour de Versailles, qui pensent avant tout à profiter, presque en toute innocence, de la vie. Le régent apparaît même comme un homme charismatique, bien loin de l’image qu’Emma peut avoir de lui – et bien loin de celle que le lecteur a pu se forger, comme le fil de l’intrigue nous le dévoilera.

L’intrigue est le second point fort de ce roman, parce qu’elle est vraiment bien conçue, elle nous entraîne sur des chemins que l’on ne s’attendait pas à parcourir, nous montrant toute la rouerie des courtisans, mais aussi toute leur ingéniosité, leur capacité à faire face, toujours, quoi qu’il arrive. En cette période troublée, personne n’est à l’abri, et surtout pas ceux qui sont chargés de veiller à l’éducation du tout jeune Louis XV.

J’ajoute que l’épilogue est particulièrement bien trouvé. J’aurai presque envie de retrouver Emma pour une autre aventure – plus tard. Après tout, la Régence vient juste de commencer.

 

 

Sasha et le cheval ailé par Isabelle Pandazopoulos

Présentation de l’éditeur :

Sasha a un secret qu’il ne peut partager avec personne. Lorsque Pégase, le cheval ailé de la mythologie, surgit devant lui et lui propose une quête qui pourrait l’aider à résoudre ses problèmes, il accepte. Mais les dieux ne voient pas d’un très bon œil leur amitié et Sasha va devoir prouver qu’il a l’étoffe d’un héros !

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.

Mon avis : 

Ce roman de littérature jeunesse aborde une problématique difficile et courageuse. Comment s’occuper des enfants que l’on dit « différents », ces enfants qui n’ont pas les réactions auxquelles les adultes, même les mieux intentionnés, s’attendent ? En effet, les bonnes intentions ne suffisent pas. Sacha a vécu des événements que l’on ne peut pas imaginer. Alors, l’on dit qu’il faut « parler » – mais parfois, les mots font défaut, pour une raison ou pour une autre, et c’est le corps qui parle.

Alors oui, l’on bascule dans le fantastique, avec la figure de Pégase, figure mythologique dont on parle peu, le cheval ailé n’ayant pas vraiment de succès face à la licorne. Que sait-on de Pégase, au juste, combien de livres lui sont consacrés ? Très peu. Il accompagnera Sasha dans sa quête, au cours des épreuves qui l’attendent et qui visent à lui remémorer celles qu’il a déjà vécues, celles qu’il ne parvient toujours pas à surmonter.

Il est important de rappeler à un enfant, quoi qu’il ait vécu, qu’il est avant tout un enfant.

A découvrir.

Chasseurs d’éclairs, tome 1 : Le capitaine disparu d’Abigaëlle Michel

édition Hachette – 432 pages.

Présentation de l’éditeur : 

Dans un monde où les océans ont mystérieusement disparu au profit d’une mer de nuages, les hommes ont appris à naviguer dans les cieux et ont développé un nouveau commerce : celui des éclairs. Mais le métier de Chasseur d’éclairs est périlleux et un jour, un Capitaine ne revient pas au port.
Persuadé qu’il lui est arrivé malheur, son fils Alrick, quatorze ans, introverti et passionné de machines, parvient à se faire une place dans l’expédition pour le retrouver. Il part à bord d’un vaisseau volant en compagnie de Dracks, son inséparable compagnon à plumes, un rapace doté de quatre pattes…

Mon avis : 

C’est un bel objet livre que nous avons dans les mains. La couverture est très belle, attire immédiatement le regard. Les illustrations contenus dans l’ouvrage, le soin apporté à la mise en page sont également des points très positifs. Seul souci, et non des moindres pour moi : je n’ai pas accroché à ce récit.

Je n’ai pas éprouvé d’empathie ou de sympathie pour les personnages. Prenons par exemple Alrick, qui est le personnage principal de ce récit. Il est un brillant mécanicien, et il part à la recherche de son père, porté disparu. C’est très bien. En fait, non. Et sa mère ? Et sa meilleure amie ? Pour la première, j’ai irrésistiblement pensé aux romans de Jules Verne, dans lesquels le seul rôle de la femme est de rester bien sagement à la maison, et d’assurer l’intendance. Pourtant, au cours de cette aventure, Alrick croisera des femmes qui se montrent particulièrement investies dans leurs missions, des femmes qui ne déméritent pas – et qui, pour la majorité d’entre elles, ne m’ont pas semblé très âgées, à croire que la femme, dans les romans d’aventures, a une date de péremption.

Alors oui, c’est un premier tome, donc l’intrigue prend son temps pour être mise en place, ce qui permet aussi de présenter, de manière naturelle, les fonctions de chacun.e à bord des vaisseaux volants. Les indices qui nous amènent à certaines révélations sont habilement semés, rien à redire. J’ai retrouvé aussi les classiques rivalités entre personnages, certains « anciens » (tout est relatif dans cette dénomination) ayant du mal à supporter les nouveaux venus – ou pour être précise, Alrick, qui a eu le tort d’attirer l’attention de la Capitaine et d’une des oisillons.

Ce qui m’a ennuyé aussi, et l’on dira peut-être que c’est un détail, et l’absence de « ne » dans les phrases négatives lors des dialogues entre adolescents – les adultes construisent leur phrase correctement. Détail, peut-être, volonté de marquer l’oralité plus fortement, volonté de démarquer les personnages adolescents, je n’en sais rien, et je ne remets pas en cause ce choix, je note cependant que cela a gêné la fluidité de ma lecture.

Je voudrai conclure sur une note positive : j’ai aimé le personnage de Dracks. Qui pourrait en douter ?

Merci à Babelio et aux éditions Hachette pour ce partenariat (qui sera sans doute le dernier).

Sauveur et fils saison 7 de Marie-Aude Murrail et Constance Robert-Murail

Cher Sauveur,

vous m’accompagnez depuis sept ans déjà. Je suis heureuse de vous retrouver pour cette septième saison – et à chaque fois, l’on croit, l’on craint, que ce sera la dernière. Depuis la saison 6, la pandémie est passée par là, la pandémie et ses conséquences pour toute la population, qui a plus ou moins bien vécu ce qui s’est passé – d’aucuns découvrant un bonheur certain à ne plus avoir à sortir de chez eux, à ne plus subir de pressions sociales. Des cas à part, mais ils existent.

Vous vous retrouvez à la tête d’une famille recomposée, Léo étant venue agrandir votre famille, et comme pour toute recomposition, chacun doit trouver sa place, tout en continuant à grandir, à murir, à entrer dans l’âge adulte pour les aînés. Jovo est toujours là, figure tutélaire veillant sur votre famille, gardant Léo, parfois, entreprenant de lui apprendre à dire plus de deux mots, elle la petite princesse qui a tout le monde à ses pieds.

Vous avez de nouveaux patients. Des parents, des enfants, qui se retrouvent dépassés par des secrets de famille, qui deviennent à leur tour, parfois, les parents de leurs parents, même si ceux-ci ne sont pas si âgés que cela. La pandémie, que l’on a tendance à oublier de nos jours, a parfois retardé la prise en charge de certaines pathologies, quand elle n’a pas poussé certains jeunes, scotchés à leurs écrans, à se trouver des pathologies, voire à s’inventer de nouvelles vies.

Vous de nouvelles missions aussi, quand vous vous retrouvez à co-animer un groupe sur les violences faites aux femmes en prison. Le constat est assez déprimant, parce que le nombre de récidives est alarmant, parce que certains hommes que vous rencontrez se posent en victime, quand d’autres ne continuent pas, sourdement, à distiller leur haine de ceux qui ne sont pas, ne pensent pas comme eux. L’altérité dérange.

Vous retrouvez cependant aussi vos anciens patients, ceux qui ont beaucoup compté pour vous et pour nous. Je pense à Blandine et Margaux. Je pense à Eliott, qui n’est plus votre patient, mais qui a toujours une place pour vous, lui qui a maintenant accompli son rêve le plus cher et ne sait plus où il en est. Avec lui, il sera question de l’importance des réseaux sociaux, de la difficulté, à nouveau, d’exprimer simplement une opinion qui ne soit pas la même que celle des autres. L’on est tous différents, on l’oublie. J’ai l’impression qu’il y a désormais de « bons » transgenres, comme il y avait de « bons » homosexuels – ceux que l’on ne voit pas trop, ceux qui vivent une histoire proche des normes hétérosexuelles. Et tant pis si ces quelques mots déchaînent des foudres, je ne suis pas extrêmement suivie sur les réseaux !

Sauveur, je vous dis à bientôt. J’écris avec Canaillou sur mes genoux, lui qui est né à cause de la pandémie (sinon, Pompadour aurait été stérilisée) et Sultan qui pique du nez sur la box internet, Annunziata est en train de se faire belle avec son déjeuner, non loin de Lucianna, Onyx et Azuro.

Sharon.

 

Le réseau des Flandres Juliette et la Grande guerre – Tome 2 par Anne Riolet

Merci aux éditions Elidia/plein vent et à netgalley pour ce partenariat.

Présentation de l’éditeur :

Juillet 1915 : plus question pour Juliette de sillonner le front en uniforme d’infirmière au volant de son automobile ! Ses parents ont décidé qu’elle passerait l’été de ses seize ans en famille à Bellignies, à la frontière franco-belge.

La mort dans l’âme, Juliette se prépare à vivre deux mois d’ennui dans le château de sa tante. C’est sans compter sur la curiosité naturelle de la jeune fille…

Aussi Juliette se trouve-t-elle de nouveau dans l’oeil du cyclone de la guerre en s’aventurant dans un combat dangereux, celui de l’espionnage et de la clandestinité. Passage de frontière, messages secrets, hébergement de soldats anglais…

Avec sa fougue et son audace habituelles, elle se lance dans l’aventure, vite rejointe par Émile et Charles, ses plus fidèles amis.

Pourtant, la guerre n’est pas un jeu et les jeunes gens vivent sans cesse sous la menace d’une arrestation qui peut leur être fatale…

Mon avis :

Nous retrouvons Juliette dans ce second et dernier tome de ses aventures. Oui, ce second tome mènera le lecteur jusqu’à la fin de la guerre, et j’ai trouvé intéressant de ne pas chercher à étirer en un nombre conséquent de tomes son histoire singulière.

Autant le dire tout de suite, j’ai préféré ce second tome au premier, peut-être parce que nous sommes déjà au cœur de la guerre et des combats quand débute ce roman. Juliette et Irène Curie ont continué à se dévouer pour prodiguer leurs soins aux soldats. Avant de prendre quelques jours de repos (même les meilleurs combattants ont droit à des permissions), les deux jeunes filles doivent accomplir une dernière mission, qui leur impose de traverser les lignes ennemies, les territoires occupés par les allemands. J’ai l’impression que l’on a presque totalement occulté cette composante de la première guerre mondiale, comme l’on occulte que des réseaux, que l’on ne qualifiait pas encore de « résistants » ont vu le jour. Ce récit nous permet de redécouvrir des figures féminines fortes, comme Edith Cavell. Note : la première fois que j’ai lu la biographie de cette infirmière, dans les années 80, elle était simplement qualifiée « d’espionne », comme si ce qu’elle avait fait pendant la guerre était mal, comme si son sacrifice n’était pas reconnu à sa juste mesure. De même, je ne connaissais pas Marie de Croÿ, qui a montré tout au long de sa vie que le verbe « résister » se conjugue toujours au présent.

Ce récit met en valeur le sort de ces personnes qui ont agi dans l’ombre pour aider les prisonniers, ou ceux qui menaçaient d’être emprisonnés, à regagner leur pays. Là aussi, on s’interroge peu sur leur sort, cela se résume souvent à une phrase : « il a été prisonnier, il est devenu », sans que l’on se questionne sur les conditions de détention de ces soldats. Il est question aussi de la foi de ses femmes, foi qui les soutient : « Seigneur, tu connais la justesse de notre cause, donne-nous la victoire ! », cette même foi qui a soutenu quotidiennement mon arrière-arrière-grand mère Aimée et ses trois fils tout au long de ses quatre années de guerre.

Une série à découvrir.

Le Journal d’Héloïse par Delphine Pessin

Présentation de l’éditeur :

Le monde d’Héloïse vole en éclats quand ses parents décident de faire une pause. Résultat : obligée de partager sa chambre avec son frère chez leur grand-mère ! Quel enfer… Mais ce n’est pas tout. Au collège, Héloïse est tiraillée entre deux amitiés. Et ce stupide journal intime offert par sa mère pour qu’elle puisse se confier… Finalement, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée ?

Mon avis :

C’est un roman de Delphine Pessin. Lisez-le. Il est formidable, comme tous les romans de Delphine Pessin que j’ai lus. Lisez-le, c’est un roman de Delphine Pessin. Vous ne serez pas déçus.
Je peux tenir longtemps ainsi, en répétant ad libitam ces phrases. Cela ne suffirait pas, et c’est dommage, pour un avis que j’écris sans avoir fait de brouillon auparavant, avec Lucianna sur les genoux, Fidélio à mes côtés, et Placebo (celui de Without you, i’m nothing) dans les oreilles.
Heloïse est une jeune fille ordinaire, et cela fait du bien aussi de se pencher sur le sort de ses jeunes filles comme il y en a tant. Elle a deux parents, un grand frère qui est casse-pied, un peu. Pourquoi ? Parce que depuis que sa mère a décidé de faire une pause, ils vivent chez leur grand-mère, et les deux adolescents sont obligés de partager une chambre. Ce n’est déjà pas facile quand on l’a fait toute son enfance, cela l’est encore moins quand on n’en a pas l’habitude. Et vous l’aurez compris, cette « pause » débouche sur une séparation, et ce n’est pas facile à vivre.
La grande force de ce journal d’Héloïse est la capacité d’aborder des thèmes nombreux, variés, sans grossir le trait, sans être inutilement démonstrative. Il est question des bouleversements dus à la séparation des parents, aux clichés que certains peuvent véhiculer à ce sujet : ce n’est pas parce que cela semble courant, voire entrés dans les mœurs qu’il ne faut pas penser à l’impact que cela a sur les enfants et sur leur vie quotidienne. Voir, notamment, tous les tracas qui sont liés à la garde alternée, même quand elle se passe bien, comme c’est le cas dans ce livre.
S’il est question d’amour, il est aussi question d’amitié, et l’adolescence est une période où certains affirment leur singularité, alors que d’autres n’osent pas encore, de crainte d’être ostracisés. Il ne s’agit pas tant de faire des choix, que de se demander ce qui est vraiment juste, et suivre l’évolution d’Héloïse à ce sujet est particulièrement intéressant. Elle ne se départira jamais de la pointe d’humour qui ne la quitte pas, notamment quand elle cite son horoscope quotidien, un fait qui m’avait surprise au début, avant de me séduire.
Alors, êtes-vous tentés de découvrir ce livre ?
Merci à Netgalley et aux éditions Didier Jeunesse pour leur confiance.

Zag, le dragon qui préférait la sieste par Paul Beaupère, Chiara Pastorini

Présentation de l’éditeur : 

Zag est un dragon, un terrible dragon ! Il vit tout en haut d’une montagne, au-dessus des hommes qu’il domine. Zag fait peur à tout le monde, on le craint, on le fuit, on le respecte. Chaque jour il enflamme, attaque, guerroie, incendie. Chaque soir il se couche dans sa grotte lessivé et fourbu. Et chaque nouveau jour le cruel et fourbe roi Othon le convoque pour de nouveaux exploits. Mais Zag en a marre, mais marre, et il aimerait bien enfin pouvoir se reposer…

Merci aux éditions Fleurus et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

Nous avons là un roman à la fois drôle et touchant, que j’ai très envie de faire découvrir à mes élèves.

Zag est un dragon, un dragon qui se rêve héroïque, capable de faire fuir tous ceux qui voudraient lui chercher des noises. Seulement voilà, Zag n’est pas le dragon qu’il rêve d’être. En fait, il n’a même pas envie d’être un dragon. Non, lui, ce qu’il veut, c’est qu’on le laisse tranquille, qu’on ne le fasse pas courir d’un bout à l’autre du royaume pour satisfaire les caprices du roi, de la reine et des royaux enfants. Ce qu’il veut vraiment, c’est dormir, et ce n’est pas gagné. Quelle solution trouver ? Fuir ? Cela n’a qu’un temps. Et si Zag cessait d’être un dragon ?

Ce roman nous parle de thèmes graves sans en avoir l’air. Il nous parle de l’amitié, de l’importance d’accepter ses amis tels qu’ils sont, avec leurs qualités, leurs défauts, et surtout leurs singularités. Oui, nous voyons Zag se faire de nouveaux amis en la personne de Simone, une sympathique poule, et Hector, un cochon audacieux, mais avant eux, c’était Zig, la chèvre, qui incitait son ami à prendre confiance en lui, à s’affirmer, bref,  à être vraiment celui qu’il était. Oser être soi, ce n’est pas si simple, il est tellement plus facile d’être celui que les autres veulent que l’on soit ! Tous les trois seront toujours prêts à soutenir leur dragon bien-aimé, tout comme lui saura aussi les aider à leur tour.

Une belle histoire.

Les Cousins Holmes – tome 3 : L’Affaire du médaillon par Nathalie Somers

Présentation de l’éditeur :

Drôle de surprise pour les cousins Holmes : un mystérieux message caché dans un tourte aux rognons les lance dans une nouvelle enquête ! Une aventure directement inspirée d’une nouvelle de Conan Doyle ! Un roman court, facile à lire pour les 10-12 ans.

Merci à Netgalley et aux éditions Didier Jeunesse de m’avoir permis de découvrir ce roman en avant-première.

Mon avis : 

Je vous préviens tout de suite : dans ce troisième opus de leurs enquêtes, Honorius Holmes souffrira particulièrement, et ce, dès les premières pages du récit. Pourquoi ? Parce que c’est l’anniversaire de son cousin Sherlock ! Lui et Mary, sa soeur, sont invités à déguster une tourte aux rognons chez leur tante pour fête dignement les six ans de Sherlock. Ce qu’ils ne pouvaient pas prévoir, c’est qu’un médaillon serait caché dans cette tourte, et que le bijou contiendrait un appel aux secours. Mais qui a bien pu placer cet objet dans ce plat ?

Honorius et Mary (parfois accompagné de Sherlock, plus déterminé que jamais à devenir lui aussi détective) remonteront pas à pas la piste de cette mystérieuse tourte, en un jeu de piste presque à ciel ouvert à travers Londres – et au-delà. Honorius n’hésitera pas à payer de sa personne pour retrouver cette personne en détresse, initiant presque malgré lui – il est tenace, le petit – son cousin Sherlock à l’art du déguisement. Mary ne sera pas en reste, c’est plutôt qu’elle a un seuil de tolérance bien plus élevé que son frère face à la vivacité de Sherlock.

J’aime beaucoup ces enquêtes, bien construites, bien écrites, avec une touche d’humour : elles sont tout à fait accessibles pour de jeunes lecteurs à partir du CM1 (soit à partir de neuf ans). Après ce troisième tome, j’espère bien que d’autres enquêtes suivront.

La Griffe et la Flèche T4 La Tribu Secrète par Christophe Lambert

édition Didier Jeunesse – 160 pages

Présentation de l’éditeur :

La conclusion tant attendue de la quête des origines de Tom !

Tom l’enfant-loup est toujours à la recherche des derniers membres de sa tribu, les légendaires druides de Gairloch. L’ignoble Kardinal, tyran du royaume, veut lui arracher ses pouvoirs magiques, et poursuit le jeune garçon sans relâche… Arrivé dans une forêt aux mille dangers avec ses fidèles compagnons Djamal et Zohra, Tom va devoir se battre pour atteindre enfin son but !

Mon avis : 

Voici le dernier tome des aventures de Djamal, Zohra et Tom. Et quelle fin ! Elle est à la hauteur de tout ce que nous avons lu jusqu’à présent, et confrontera nos héros avec leur ennemi de toujours.

Le tome précédent nous a montré que chacun pouvait changer, tendre vers le bien. Il est possible aussi de faire des erreurs, de grosses erreurs, ou bien de se contenter de ce que l’on a, en se disant que, finalement, ce n’est déjà pas mal. De telles phrases peuvent s’appliquer à toutes les époques, toutes les situations troublées, celles où les libertés sont restreintes – parce que c’est exactement ce que vivent ou ont vécu tous ceux que nos trois héros ont croisé pendant leur périple. Je pourrai presque dire « quatre », parce que le tapis volant de Djamal ne va pas se croiser les pompons dans cette aventure. Si l’humour est un peu moins présent dans ce quatrième tome, il sera cependant là, par petites touches, nous amenant aussi à nous interroger.

Avoir le pouvoir, vouloir plus de pouvoirs, mais pour en faire quoi ? Le Kardinal s’en est servi pour asservir, encore et toujours les autres et certainement pas pour répandre le bien autour de lui. A l’opposé, Djamal, à son échelle, tente d’insuffler aux autres une envie de lutter, d’améliorer sa vie, de retrouver sa liberté. C’est dur, aussi, d’être libre, d’assumer ses choix – surtout quand on a oublié que la liberté existait.

La griffe et la flèche est une très belle saga jeunesse, que j’ai eu la chance de lire grâce aux éditions Didier Jeunesse et à Netgalley. Qu’ils en soient ici remercier.