Je profite des vacances pour aller au cinéma… très souvent. Après les Andelys hier, Rouen aujourd’hui – et je préfère nettement les Andelys, pour maintes raisons.
J’ai voulu aller voir Marlowe de Neil Jordan, parce que la bande annonce m’avait bien plu. J’aurai dû me contenter de la bande annonce.
Le point positif : Adewale Akinnuoye-Agbaje, l’acteur qui joue le rôle de Cédric, chauffeur/garde du corps d’un des truands du film. Il est la décontraction et le flegme incarnés, bien qu’il en verra des vertes et des pas mûres dans le film.
Le point négatif : presque tout le reste. Alors, je pourrai vous dire que j’ai apprécié la reconstitution de l’Hollywood des années 30, mais cela semblerait vraiment à la fois court et banal. Nous sommes dans un film noir, les codes en sont respectés, avec deux femmes fatales, la mère et la fille, pour le prix d’une. La mésentente, pour ne pas dire la rivalité entre la mère et la fille est d’ailleurs l’une des clefs de ce film, la mère ayant choisi, sur les conseils de l’homme qui la conseille toujours, de faire passer sa fille pour sa nièce pendant de longues années, pour ne pas nuire à sa carrière d’ingénue. J’ai trouvé que le personnage joué par Diane Kruger n’était pas assez exploité (j’étais à deux doigts de chronométrer le temps entre deux de ses apparitions). Jessica Lange, par contre, a un rôle à sa mesure – et si un homme de 70 ans peut être l’acteur principal d’un film, je ne vois pas pourquoi une femme de 73 ans ne pourrait pas elle aussi montrer toute l’étendue de son talent.
Il est question de trafic de drogue et de prostitution. Il est question de voyage au Mexique et de manière de dissimuler le sus-dit trafic. Il y aura aussi des scènes violentes, des scènes sanglantes, le tout n’étant pas forcément très ragoutant. Liam Neeson n’est pas forcément un acteur dont je suis fan – mais sa présence ne me fait pas forcément fuir. Simplement, je pensais, en le voyant, soit à des romans que j’avais lu et que j’aurai aimé relire plutôt que de voir ce film, soit à son illustre prédécesseur dans le rôle de Marlowe, à savoir Humphrey Bogart.
Aujourd’hui, après avoir fait mes courses, je suis allée me promener dans la ville où je suis allée à l’école, à savoir les Andelys. Je suis passée devant le cinéma, et je n’ai pas pu rater les affiches annonçant l’avant-première de Mon crime ce soir, c’est à dire le 21 février, avant-première qui avait lieu en présence du réalisateur François Ozon et de l’actrice principale : Nadia Tereszkiewicz. Je suis rentrée dans le cinéma (je ne suis pas allée au cinéma aux Andelys depuis que j’y ai vu Salomé de Richard Strauss, ou plutôt depuis que je suis partie à la moitié du spectacle) et j’ai demandé s’il restait des places. Il en restait.
Munie de mon billet, je suis arrivée avec vingt minutes d’avance, la salle était déjà au trois quart pleine ! (j’ajoute que j’avais soigneusement nourri mes chats avant). J’ai vu une place seule, ai demandé si elle était prise, et… j’ai constaté que j’étais assise à côté d’une de mes élèves et de ses parents – ce sont des choses qui arrivent.
Voici le résumé (personnel) du film : Nous sommes en 1935. Madeleine Verdier essaie de percer en temps qu’actrice, en vain. Elle loge avec son amie Pauline dans un « appartement » au sixième étage, dont elles peinent toutes deux à payer le loyer. Mais le riche producteur qui lui avait proposé un rôle et une place dans sa garçonnière est retrouvé assassiné. Madeleine se retrouve soupçonnée de meurtre.
Mon avis : il est simple. C’était drôle, très drôle (c’est ce que j’ai dit en sortant du cinéma). Isabelle Huppert et Fabrice Luchini sont formidables – oui, je sais, ce n’est pas comme si ce n’était pas très très fréquent qu’ils le soient. Le Paris des années 30 est très bien reconstitué. Tous les rôles secondaires voire tertiaires sont très bien joués. Mention spécial pour le générique de fin, qui conclut très bien le film.
Je ne pensais pas rédiger de billet sur ce film, mais je sens que, si je ne le fais pas, je ne pourrai pas passer à autre chose, c’est à dire à un autre film.
D’habitude, quand je sors d’une séance de cinéma, je constate sur les autres spectateurs ont autant apprécié le film que moi (je pense à Ernest et Célestine, ou encore à Dounia). Là, en sortant de la séance, j’ai constaté que les spectateurs étaient aussi déçus que moi – j’ai rarement entendu des commentaires aussi négatifs après avoir vu un film. J’en viens à trouver des éléments à sauver dans Thor 4 – Love and Thunder , c’est dire !
D’habitude (bis), je fais des efforts, j’essaie d’être bienveillante, de trouver ce qui peut être bien dans un film, et franchement, je n’ai pas du tout envie de faire d’efforts. Après, je ne déconseille pas de voir le film, je dis simplement, honnêtement, ce que j’en ai pensé :
D’où vient cette manie, constatée depuis quelques temps, de faire de l’héroïne (d’un livre, d’un film) une personne hautement désagréable ? Frédérique, dite Freddie, l’héroïne, est désagréable, voire détestable avec tout le monde. Je dirai même qu’elle se moque tellement des autres, des réactions des autres, de la sensibilité des personnes qu’elle côtoie qu’elle m’a semblé toxique, littéralement, pour ceux qu’elle côtoie – et je ne parle même pas des jeunes hommes qui ont eu le malheur de s’éprendre d’elle. Alors oui, elle cherche les origines, elle se cherche, est-ce une raison pour être, des années durant, aussi infecte avec autrui ? Sa présence (un comble) réussit à gâcher les moments où elle rencontre son père, la famille de son père (sa grand-mère, sa tante, qui fait ce qu’elle peut, traductrice/passeuse d’histoire, ses demi-soeurs, l’épouse de son père). Il est pourtant des moments forts, comme lorsque son père lui dit pourquoi il l’a abandonné ou quand sa belle-mère lui « dit » (elle utilise un logiciel de traduction) la douleur de son mari.
La manière dont le récit est filmé. Dès les premières images, j’ai senti que ce serait douloureux. Les gros plans continuels sur les visages des actrices, c’est une manière de filmer. Cela ne m’a pas convaincu. Et, quand un film ne gagne pas à être vu sur grand écran, je me demande pourquoi j’ai fait le déplacement jusqu’à une salle de cinéma. Les quarante premières minutes du film sont bien. Après, je me suis demandé (et je n’étais pas la seule à m’être questionnée) comment le réalisateur allait pouvoir remplir le film, les une heure dix restantes.
Il le remplit avec des ellipses, sans que l’on sache véritablement comment l’on passe d’une étape à l’autre de la vie de Freddie. Deux ans passent, un an passe, cinq ans passent, des scènes de fêtes et d’excès se succèdent. Oui, l’on a bien compris que l’héroïne aime dépasser les limites, on a compris son mal être dû à la quête de ses origines, qui ne se passent pas comme elle l’avait prévue, ni comme sa mère adoptive l’avait prévue. Elle, nous ne la verrons que par écran interposé, ou sur les photos d’enfance de Frédérique, de son arrivée en France à son adolescence. Son père adoptif reste « hors-champs », Freddie m’ayant semblé prendre ses distances avec eux, passant de grands moments de sa vie professionnelle en Corée du Sud, sans que son évolution professionnelle soit toujours très compréhensible.
J’ai tout de même fini par trouver cinq minutes réellement émouvantes dans le film. Cinq. Sauf qu’elles n’ont abouti à rien, après, dans la construction de l’intrigue, celle-ci m’ayant donné l’impression de se terminer en queue de poisson.
Par conséquent, je suis passée à côté de la Corée dans ce film, avec cette héroïne tiraillée entre le fait qu’elle est française, mais qu’elle soit identifiée comme coréenne par tous ceux qui la voient, y compris dans son milieu professionnel. Et, sur le sujet de l’adoption, je ne peux que conseiller, à la place, Couleur de peau : miel.
J’ai décidé, en cette période de vacances, de m’offrir une cure cinématographique, c’est à dire que je vais faire diminuer drastiquement ma carte « dix entrées » . J’ai commencé aujourd’hui par voir deux dessins animés. Du second, Titina de Kajsa Næss je parlerai peu, parce que je n’ai pas autant aimé le film que je l’aurai voulu. Je n’ai pas été charmé par l’univers de la réalisatrice norvégienne. L’on oublie à quel point les couleurs peuvent être importantes dans un film et là, je les ai trouvés trop vives, les formes, surtout au pôle, trop géométriques, notamment pour montrer la neige, la glace. J’ai eu du mal avec les séquences plus absurdes (je ne parle pas ici des séquences oniriques, qui elles, m’ont vraiment parlé). Même si l’histoire est fidèle à la réalité historique, comme en témoigne les images d’archives qui se mêlent au dessin animé, même si cette même histoire nous est racontée à travers les yeux de Titina, la petite chienne d’Umberto Nobile, j’ai trouvé soit que le film était trop long (sentiment qui était partagé dans la salle où j’étais), soit que le film n’explorait pas assez la rivalité entre Amundsen, le norvégien, et Nobile, l’italien, témoignant ainsi de la montée du nationalisme. L’on fait de Mussolini un fantoche dans cette histoire, toujours accompagné de ses musiciens, auquel on oppose (enfin, c’est une hypothèse de ma part) le jazz, qui rythme le récit et donne une idée de la liberté. Cependant, ce n’est pas parce que je n’ai pas été charmé qu’il n’est pas intéressant, pour les enfants (et leurs parents) de découvrir cet aspect méconnu de la conquête aérienne des pôles et je ne regrette pas de l’avoir vu.
Je vais maintenant vous parler du premier film que j’ai vu et que j’ai vraiment beaucoup apprécié, Dounia et la princesse d’Alep deMarya Zarif, André Kadi. Déjà, j’ai été sensible à l’univers artistique, c’est à dire au graphisme et aux choix des couleurs utilisés. J’ai aimé que ce film, qui aborde des thèmes d’actualité dur (la Syrie, le sort des réfugiés), nous parle aussi de contes et de légendes.
Dounia est un film sur la guerre, ceux qui restent, ceux qui partent (près de six millions depuis 2011) et qui doivent cependant traverser des épreuves à chaque étape de leur voyage, à la merci qu’ils sont des passeurs. Dounia a six ans, et nous la connaissons depuis sa naissance, elle grandit, sa maman meurt, son père est emprisonné parce qu’il a dit trop haut ce qu’il pensait du régime en place. Ses grands-parents veillent sur elle, ils ne peuvent empêcher la guerre de venir jusqu’à Alep.
Je me suis crue parfois hors du temps, notamment quand Dounia se rend au marché pour acheter des épices ou lorsqu’elle confectionne avec sa grand-mère Téta Mouné de la confiture de rose, des fromages ou encore quand sa grand-mère se fait lire l’avenir dans le marc de café par son amie Georgette Dabouss. La modernité est là, pourtant, à travers le personnage de Lina, la nièce de Georgette : elle ne cesse de prendre des photos, des selfies, ne peut se passer de son portable.
J’ai vraiment aimé m’immerger dans cet univers, qui n’est pas exempt de dureté. La guerre tue, la guerre blesse, y compris les animaux domestiques qui ne sont pas oubliés dans ce film.
J’ai l’impression, depuis des mois, que l’on ne parle que des deux superproductions qui sortiront l’an prochain : le nouvel Astérix, réalisé par Guillaume Canet, et Les trois mousquetaires. Pour le premier, c’est sûr, je n’irai pas le voir, les Astérix filmés m’ont trop souvent déçue (mention spéciale pour Astérix aux jeux olympiques). Pour le second, qui a coûté la modique somme de soixante millions d’euros, je me tate encore : la bande annonce ne m’a convaincu (l’éclairage, la manière dont les combats étaient filmés, les dialogues qui sonnent comme des répliques de tragédie) mais le film a été tourné en partie à Saint-Malo, ville que j’adore – oui, c’est très mince comme argument.
J’ai également entendu à la radio Cédric Klapisch, se plaindre que les films français n’étaient pas assez vus, que les gens se contentent d’aller voir le dernier Fast and Furious ou le dernier Marvel, et qu’il fallait éduquer à l’image.
– Il est des films français que je n’ai pas envie de voir, parce que les histoires cent fois vues, revues, que je peux très bien découvrir dans mon canapé quand elles passeront à la télévision ne valent pas vraiment le coup que je me déplace ;
– il est des Marvel qui sont très bien. « On m’a dit ce que l’on avait gagné. On ne m’a pas dit ce que l’on avait perdu. » Capitaine América. Je cite de mémoire et je vous laisse méditer là-dessus. Ou encore, celles que mes élèves, fans comme moi, connaissent par coeur : – Vous faites le beau avec votre armure, mais sans elle vous êtes quoi ?
– Un génie, milliardaire, play-boy, philanthrope.
– éduquer à l’image, je le fais depuis quinze ans, et les films qui plaisent le plus à mes élèves sont ceux capables de provoquer des émotions, non de se regarder le nombril comme le font trop de films français. D’ailleurs, dans la sélection Collège au cinéma, il y a très peu de films français.
Bref, si vous avez supporté mon très long préambule, voici maintenant mon avis sur Le parfum vert de Nicolas Pariser.
J’ai trouvé que c’était un film parfaitement réalisé, notamment du point de vue du cadrage, de la lumière et de la narration. Il est en effet des séquences que d’aucuns jugeront inutiles et qui pourtant, permettent de mieux comprendre le personnage de Rémi Martin (joué par Vincent Lacoste), angoissé dès qu’il est dans le train de nuit, et marche, marche, en sachant que son angoisse ne peut être apaisée. « Marcher pieds nus dans une forêt allemande ne changerait rien ». (je cite de mémoire). Et moi de me dire (Rémy angoisse parce que le voyage en train vers l’Allemagne, la Pologne est fortement symbolique quand on est juif) : « Jacob, Héléna, mes grands-parents, quand ils ont été emprisonnés en Allemagne, à 23 et 17 ans, savaient-ils qu’ils ne reverraient jamais la Pologne ? » (C’est un choix de partir pour la France, je le sais, mais quand ce choix a-t-il été fait ?). Je pense aussi à cette scène « de nuit » pendant laquelle Rémi cuisine des pâtes alors que Claire (Sandrine Kiberlain – ai-je besoin de préciser qu’elle est très bien), qui a trouvé de la nourriture qui ne lui convient pas vraiment (mais à quoi pensent les services secrets, je vous le demande un peu ?). Elle lui raconte alors les vingt ans qu’elle a passé en Israël, et son rapport avec l’Europe, la France, d’où une discussion en action, à la fois drôle et émouvante (« Ce n’est pas en regardant l’eau en colère qu’elle bouillera plus vite »).
Des critiques ont cité Hitchcock – pour l’affiche, pour la course poursuite. J’ai pensé à James Bond aussi, et pas seulement parce que ce film est un film d’espionnage. J’y ai pensé dans la manière dont la tueuse, qui ne prononce jamais un mot, est filmé, énigmatique, toujours en fuite, et toujours agissante. J’ai pensé, bien sûr, à la bande dessinée, et pas seulement parce que Claire est autrice de bande dessinée, mais parce que chaque image est soignée comme une vignette de bande dessinée, couleurs comprises.
Je n’oublie pas l’univers du théâtre. Après tout, un crime est commis à la Comédie-Française ! Ironie du sort ? C’est l’actrice Léonie Simaga qui joue l’une des policières chargées de l’enquête, elle qui fut sociétaire de la Comédie-Française. Nous verrons des extraits d’Ivanov, de Tchekhov et de l’Illusion comique, de Corneille – et si tout n’avait été qu’illusion, après tout, si tous avaient été bernés ?
Un beau moment de cinéma.
Je ne vais pas au cinéma aussi souvent que je le voudrais, aussi je vous parle aujourd’hui des deux dernière séances vues dernièrement.
Retour à Reims (Fragments) est un film réalisé par Jean-Gabriel Périot. Je l’ai vu dans la salle 8 de l’Omnia de Rouen – une salle de 15 places, ce qui est assez étonnant. La salle était pleine, pour le coup. Le documentaire reprend des extraits de l’essai éponyme de Didier Eribon. La narratrice est Adèle Haenel.
Qui va voir ce documentaire ? Je ne pense pas que ce soit ceux qui ont toujours ignoré ceux qui existaient à leurs côtés, ceux qui étaient exploités et humiliés – Didier Erbon rappelle que le harcèlement sexuel était quasiment la règle pour les jeunes filles, placées justement très jeunes (14 ans) comme petite bonne ou comme bonne d’enfants. Je rappelle qu’aujourd’hui encore, certains intellectuels se gaussent qu’une femme issue d’un milieu populaire puisse recevoir le prix Nobel. Oui, l’on peut avoir un prix mondialement reconnu et ne pas être issue d’un milieu bourgeois. Albert Camus, ce nom parle-t-il encore à ceux qui pourfendent la récompense d’Annie Ernaux ?
Ce documentaire retrace le parcours des ouvrier de la seconde guerre mondiale à nos jours. Il fustige le milieu scolaire français, qui, à l’époque, comportait deux parcours scolaires bien distincts, le certificat d’études pour les uns, le lycée pour les autres. J’aimerai croire que le collège unique a fait bouger les choses. J’aimerai. Aujourd’hui encore, des jeunes arrêtent leur scolarité tôt. A l’époque, l’on arrêtait l’école parce qu’on n’avait pas le choix (les parents avaient « besoin » du salaire de leurs enfants), parce que l’on pensait que l’on n’avait pas d’autres choix, parce que l’école ennuyait et que le travail était vu comme joyeux (si, si) avec moins de contrainte.
Ce documentaire nous parle des enfants, des femmes, de leur place, des contraintes qui pesaient sur elles, des hommes aussi, qui se retrouvent entre eux, le soir, plutôt que de « regarder les femmes faire les tâches ménagères ». Il nous parle aussi de tous ces corps en souffrances, corps que l’on ne voyait pas, auquel on ne s’intéressait pas.
Film politique ? Oui. Il parle de la faillite de la Gauche, analyse les raisons de la montée de l’extrême droite. Déprimant ? Oui, mais nécessaire.
Le second film, Ernest et Célestine, voyage en Charabie, de Julien Chheng, Jean-Christophe Roger (II) semble n’avoir aucun rapport avec le documentaire ci-dessus. Et pourtant, il est un dessin animé engagé, montrant aux enfants ce qu’est une dictature, sans jamais utiliser le mot. « Absurde », oui, que certaines décisions qui sont prises dans ce pays, qui ne veut pas changer. Impossible d’argumenter, comme le prouve la devise du pays « c’est comme ça, et pas autrement ». Et quelle est la plus absurde des décisions qui ont été prises ? Interdire la musique, sauf une note ! Heureusement, la résistance musicale s’organise.
Le dessin est tendre, les couleurs sont douces et bien choisies, la musique, celle justement qui est interdite, et particulièrement bien choisie – les spectateurs l’avaient encore en tête en sortant, et cela ne leur était pas désagréable. On a beaucoup ri à cette séance (15 spectateurs pour une salle de 220 places) et je pense que tous les avis ont été positifs.
J’ai réussi à aller au cinéma une deuxième fois cette année (je compte à part les retransmissions d’opéra), alors que, sur les réseaux sociaux, dans les magazines spécialisés, je vois passer LA grande question : pourquoi la fréquentation du cinéma diminue-t-elle ?
Pour moi, je peux répondre : je manque de temps cette année (cette année scolaire est particulièrement mouvementée et je ne parle même pas de mon année féline, j’écris d’ailleurs avec Dora sur les genoux, alors qu’Oda est couchée sur la toute nouvelle box internet, déjà fortement malmenée ce matin parce qu’Annunziata a passé des heures couchée dessus) et je suis fatiguée, je mesure donc la différence fatigue/plaisir à voir le film. J’ai renoncé à aller voir des films qui me tentaient, parce qu’aller au cinéma le soir signifie ne pas forcément être en forme le lendemain pour me rendre au collège. Si un film me fait envie… je regarde s’il passe dans ma salle préférée, sinon, je ne cherche pas frénétiquement une salle qui le diffuse. C’est ainsi que je suis allée à l’unique séance des Vieux fourneaux proposés dans mon cinéma. Je n’oublie pas le prix – mais la salle que je fréquente propose des tarifs vraiment abordables (6 € la séance en moyenne) pour un confort total. Reste l’argument : « mais tu vas seule au cinéma, c’est triste. » Non. C’est une opinion, ou plutôt un ressenti, mais j’ai longtemps attendu que des personnes m’accompagnent, j’ai eu souvent des refus, voire des « lapins », donc et depuis longtemps, je fais beaucoup de choses seule.
Pour revenir au cinéma, là, je l’admets, quand j’ai vu qu’un documentaire sur Leonard Cohen passait à Rouen, eh bien, j’ai relevé les séances et j’y suis allée. Je n’étais pas retournée au cinéma Omnia depuis longtemps – quinze ans ? Peut-être. Cela fait bien huit ans que je n’étais pas allée au cinéma à Rouen, depuis la fermeture de la salle UGC, alors à l’omnia….je me souviens y avoir vu Le placard en 2001, j’ai sans doute vu d’autres films depuis, mais… j’ai oublié ! J’allais beaucoup au cinéma de Gisors à l’époque, ou à Saint-Sever.
Mais je reviens sur Hallelujah, les mots de Leonard Cohen, un documentaire d’une heure 55 : je n’ai pas vu le temps passer.
Le documentaire pourrait répondre à une problématique : comment passer d’un album refusé à un succès mondial ? Oui, une fois l’album enregistré, Various positions, avec les arrangements de John Lissauer, il n’eut pas l’heur de plaire au nouveau directeur de Columbia, qui refusa que l’album sorte aux Etats-Unis. Il sortit en Europe, cependant, il eut un succès relatif au Royaume-Uni, et Leonard Cohen dut trouver une obscure maison de disque du New Jersey pour que l’album paraisse enfin aux Etats-Unis.
Pour qu’Hallelujah soit connu (enfin), il faut passer par l’art de la reprise. John Cale, d’abord, en piano/voix en concert. Puis Jeff Buckley, la version qui a rendu le titre mondialement connu – parce que, certains n’hésitent pas à le dire dans le documentaire, la voix « d’ange » de Jeff Buckley plaisait davantage que les voix graves de Leonard Cohen et John Cale. Jeff Buckley avait signé chez Columbia, le même label qui avait refusé de sortir l’album de Cohen dont Hallelujah était le titre phare : Cohen avait mis sept ans à écrire cette chanson, sept ans avant d’être satisfait des paroles. Il n’avait pas osé le dire à Bob Dylan, réputé pour écrire vite : il avait repris la chanson lui aussi alors qu’elle n’était pas connue du tout.
Mais Hallelujah allait connaître une nouvelle vie, grâce au dessin animé Shrek, film qui avait déjà renouvelé le cinéma d’animation. Oui, cette chanson apparaît dans le film, recoupée, expurgée des deux couplets qui peuvent choquer (et qui semblent avoir choqué Vicky Jenson la réalisatrice). Oui, il existe aussi plusieurs versions de la chanson, celle de l’album, et celle que Cohen chantait sur scène, nettement plus osée – autant dire que ce n’est pas cette version qui a été retenue. Depuis, la chanson fait le bonheur de tous les télé-crochets américains.
Et Cohen ? Il n’est pas l’homme d’une seule chanson, il est aussi, à la fin de sa vie, l’homme de la démesure. Après avoir passé cinq ans dans un monastère bouddhiste, il a enregistré trois albums, que suivirent cinq années de tournée mondiale. Il mourut en novembre 2016, un mois après avoir terminé son dernier album.
Pour terminer, une chanson de Leonard Cohen que j’ai découverte grâce à ce documentaire :*
Hier, je suis allée (enfin) voir Les vieux fourneaux 2, c’est parce que ce film passait enfin dans le cinéma que je fréquente. Malheureusement, pour l’unique séance de ce film, nous n’étions que trois personnes présentes. Et pourtant, quel film ! Une vraie réussite qui vous fera passer du rire le plus franc aux larmes avec des séquences particulièrement poignantes : il est toujours bon de rappeler qu’un film, ce sont de bons dialogues, mais aussi des plans, des images, qui frappent. Ce film nous parle de notre époque, nous parle des seniors, que l’on ne voit pas, que l’on pense pouvoir mettre à l’asile parce qu’ils n’ont plus toute leur tête, dit la génération suivante. Il nous parle aussi de ces villages qui sont désertifiés et pour lesquels il est quasiment impossible de faire revenir des habitants si l’on n’y met pas les (grands) moyens – parce qu’il n’y a pas de travail, tout simplement et pas de connexion internet fiable aussi (dit la personne qui ne peut pas tenir sans son ordinateur et sans internet). Il nous parle aussi des migrants, de ceux qui sont obligés de quitter leur pays, et qui rêvent simplement d’un avenir possible.
Pierre Richard se taille la part du lion dans ce film, il est formidable de bout en bout. Quant à Eddie Mitchell, il illustre à lui tout seul la notion de « délai de prescription ». J’ajoute que Claire Nadeau est tout simplement impériale dans son rôle, bref, mais indispensable.
J’ai vu le film hier, alors que je voulais le voir depuis le 8 juillet (date de l’avant-première).
J’ai beaucoup aimé le générique de fin, et je ne regrette pas de ne pas avoir quitté la salle alors que je m’ennuyais énormément. J’ai donc cherché le générique une fois rentrée chez moi, et je l’écoute régulièrement depuis.
J’ai suspecté les scénaristes d’être partis en vacances et d’avoir oublié de corriger leur premier jet. Même pas. Je vous épargne les dialogues, qui ne sont pas réussis du tout. Ils sont sans doute voulu faire un film comique, sauf que certaines situations ne l’étaient pas du tout ! J’ai même trouvé certaines scènes plutôt gênantes, quand on ne sombre pas dans la facilité.
Ce n’est pas que ce film est à oublier, c’est que je l’ai déjà oublié (c’est pire) sauf les scènes avec les gardiens de la galaxie (à croire qu’il y avait encore un scénariste au commande à ce moment-là).
J’ai eu envie de dresser ce bilan, parce que, pour la première fois depuis 2015 (fermeture du cinéma UGC de Rouen) je suis retournée régulièrement au cinéma au cours de l’année 2021-2022.
Il faut se remettre dans le contexte : voici un an, j’obtenais mon premier pass sanitaire (pas vraiment le genre de chose que j’aurai pensé devoir obtenir un jour), et à la charmante jeune femme qui imprimait celui-ci, j’expliquais que je m’étais vaccinée parce que j’avais peur de tomber malade, pas pour le restaurant ou le cinéma. Elle m’a répondu « aller au moins au cinéma, c’est important, le cinéma ». J’ai tenu ma promesse.
Ma salle de cinéma préférée est aux Andelys, peu importe la séance à laquelle vous allez, peu importe le film que l’on va voir, l’on est toujours très bien reçu. Trois salles, oui, mais trois salles dignes d’un multiplexe. Je vous mets le lien vers cette salle ici.
Pas de regret pour les films que j’ai vus, preuve que je les ai plus bien choisis, plutôt pour ceux que je n’ai pas pu voir, pour raison professionnelle ou médicale (je ne désespère pas de réussir à voir Thor mais j’ai raté l’avant-première parce que j’avais rdv chez le vétérinaire, les séances suivantes et la longueur du film n’étaient pas compatibles avec les soins (oui, certains soins devaient absolument être faits à heure fixes). Donc pas de films que j’ai moins aimé, disons que j’en ai évité soigneusement certains, dont je ne vous livrerai pas les titres. A quoi bon voir un film dont on n’apprécie pas les acteurs ? J’évite déjà leurs films quand ils sont diffusés sur le petit écran, je ne vais pas les regarder sur le grand. .
Ma première séance fut pour Matrix 4 avec une salle pleine de fan – mais c’est un film pour les fans. C’est un très bon souvenir, parce qu’il y avait une très bonne ambiance dans la salle.
Le film que j’ai préféré cette année ? Top gun Maverick.
Mon tout dernier à ce jour ? One Piece red en VO, comme à la grande époque – c’est à dire que je me suis sentie un peu seule dans la salle, j’étais la seule femme ! (Je dis « grande époque », parce que quand j’allais voir X-Men à Rouen, il m’est arrivé que des hommes me demandent, en toute bonne foi, ce que je faisais là. Une femme ne peut pas s’intéresser aux X-Men, encore moins les connaitre !).
J’ai également vu deux autres films d’animation japonais en VO. J’ai adoré La chance sourit à madame Nikuko que je recommande fortement..
J’ajoute un dernier point positif : le cinéma diffuse également opéra et ballet une fois par mois en direct de l’opéra de Paris. J’entends déjà les râleurs dire « ah, mais ce n’est pas comme un vrai spectacle, mais la culture, cela se mérite, mais ce n’est pas du tout la même démarche que d’aller à Paris, s’acheter un billet, et assister à la représentation ». J’ai dît « râleurs », mais je ne sais pas vous, mais pour ma part, je connais des personnes qui font un lien entre « culture » et « souffrance », en mode « la culture, ça se mérite ». Je pense au contraire que la culture doit être la plus facile d’accès possible. Pour moi, ce dispositif n’a que des avantages : le cinéma est très près de chez moi, je n’ai pas à chercher un train pour le retour (ou à annuler faute de train !). Les tarifs sont performants ( 17 € la place, je vous épargne les tarifs des places d’opéra). Je pense également à toutes ses familles qui ont emmené leurs enfants voir un ballet classique cette année (Le lac des cygnes). Je crois qu’il a été nettement plus facile d’aller près de chez eux, puis de rentrer, chez eux, en voiture ou à pieds, que d’aller jusqu’à Paris avec de jeunes enfants, qui auraient eu à subir la fatigue des transports. Comme ils sont tous toujours restés jusqu’à la fin, je crois qu’ils sont tous appréciés ! Pour ma part, j’ai pu voir Les noces de Figaro, le parc et Le lac des cygnes, justement.
Au total, quinze films et trois spectacles vus. J’espère faire mieux l’an prochain.
PS : je vais enfin réussi à aller voir Thor 4 aujourd’hui.