Archive | août 2021

Tu mens ? Tu meurs ! de James Patterson et Candice Fox

édition L’Archipel – 332 pages

Présentation de l’éditeur :

Harriet Blue veut innocenter son frère Sam, accusé du meurtre de trois étudiantes… Pour cela, elle se lance à la poursuite d’un psychopathe dans le Sud australien. Il a menti ? Il doit mourir… Et c’est elle qui le tuera. Troisième épisode de la série australienne du maître du suspense aux 370 millions de livres vendus dans le monde ! La vengeance a un nom : Harriet Blue. Harriet Blue, inspectrice de police à Sydney, est sûre de deux choses : Reagan Banks, le serial killer qui a détruit la vie de son frère, doit cesser de nuire ; et c’est elle qui appuiera sur la détente.
Mais, ce dernier a pris la fuite. Jusqu’à ce que, un jour, le téléphone d’Harriet sonne. À l’autre bout du fil, Banks en personne, qui lui lance ce défi :  » Attrape-moi si tu peux…  »
Harriet n’hésite pas un instant. Elle va trouver ce psychopathe, qu’importe le prix à payer… dût-elle pour cela y laisser la vie ou perdre son job. Elle part à sa poursuite sur la côte sud de l’Australie, avec l’idée d’accomplir sa vengeance.
Banks a menti ? Il doit mourir…

Merci aux éditions de l’Archipel et à Negalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Avec les romans de James Patterson, soit cela passe, soit cela casse. Ici, cela casse. Premièrement, je crois que ce n’était pas tout à fait le bon moment pour moi pour lire ce livre, j’ai eu du mal avec le rythme totalement trépidant de ce roman : pas de pause, pas de moyen de souffler, toujours un tueur en série lui-même poursuivi par une policière, elle-même poursuivie par les siens, parce qu’elle est bien décidée à faire justice elle-même (toute ressemblance avec de célèbres personnages policiers américains n’est sans doute pas fortuite).

L’histoire est classique, très classique, presque trop classique malgré les effusions de sang. Nous avons un tueur en série qui cherche à faire le plus de mal possible à ses victimes, dans un minimum de temps, et des policiers qui tentent de l’arrêter, même si l’on peut douter que certains mettent réellement tout en oeuvre pour l’arrêter. Oui, je me suis questionné : penser à sa carrière, c’est une chose, ne pas comprendre que ce qu’on met en place nous valorise, mais peut ne pas empêcher certains crimes d’être commis, est-ce possible ? Oui, si le grand policier en question croit vraiment avoir la science infuse, et se préoccupe peu des victimes – après tout, dans les histoires de tueurs en série (romans, films), il est rare que l’on s’en préoccupe beaucoup.

De même, j’ai trouvé certains faits peu crédibles. Certes, c’est facile à dire quand on lit un récit, mais certains personnages m’ont semblé vraiment trop crédules, tandis que d’autres sombrent dans les stéréotypes. L’un des derniers points qui m’a dérangé est la manière dont les chapitres sont découpés, sans véritable unité narrative, comme si faire des chapitres courts devait donner envie de lire plus.

Le roman se terminer sur un clifhanger, je pense donc qu’il y aura un quatrième tome des aventures d’Harriet Blue.

Beautiful boy de Tom Barbash

Présentation de l’éditeur :

New York, 1980. A l’angle de la 72e Rue et de Central Park West, le Dakota Building impose sa silhouette étrange et légendaire. De retour d’une mission humanitaire en Afrique, le jeune Anton Winter y retrouve ses parents et l’appartement familial. Son père, Buddy, animateur vedette de la télévision qui a fui les projecteurs après une dépression nerveuse, lui demande alors de l’aider à relancer sa carrière. Or, dans cet immeuble où l’on croise Mick Jagger, Gore Vidal Lauren Bacall ou Ted Kennedy, vit aussi un certain John Lennon, qui pourrait être utile à Buddy pour reconquérir le coeur du public. Mais à mesure qu’Anton s’investit dans sa mission et se lie d’amitié avec le chanteur, il ne peut que remettre en question l’influence de son père sur ses propres ambitions, tandis qu’un certain Mark David Chapman s’apprête à faire couler le sang…

Après Les Lumières de Central Park, Tom Barbash signe un magnifique roman, entre récit d’apprentissage et fresque sociale, qui interroge la célébrité et les relations père-fils, tout en faisant revivre le New York de sa jeunesse et l’auteur de « Beautiful Boy », chanson que Lennon dédia à son fils Sean sur son dernier album.

Merci aux éditions Albin Michel pour leur confiance (livre que je chronique très en retard).

Mon avis ;

Anton Winter est un survivant, il revient d’une mission humanitaire en Afrique et il a bien failli y laisser sa peau (la maladie n’épargne personne). Aux Etats-Unis, il retrouve son père, Buddy, qui a été un immense animateur télévisée pendant dix ans, une star incontestée, jusqu’au jour où la dépression a été la plus forte et où il a quitté l’écran – en claquant la porte derrière lui. Buddy Winter, tel un boxeur qui a mis du temps à se relever d’un K-O, veut remonter sur le ring, et présenter à nouveau une émission. Pour cela, il a besoin de l’aide de son fils, qui pourrait peut-être l’aider à entrer en relation avec un des locataires du Dakota Building, John Lennon. Anton parviendra-t-il à aider son père ? Et surtout, est-ce toujours à un fils d’aider son père au lieu de vivre sa propre vie ?

Cela fait longtemps que je ne crains plus de choquer ou de mettre certains à dos. En lisant ce livre, j’ai immédiatement pensé aux films des années 70 de Woody Allen. J’ai retrouvé la même ambiance, la même couleur, la même tonalité, tout en demi-teinte de ce début des années 80 qui ne sait pas encore qu’il signe la fin d’une époque. J’ai eu l’impression de voir des personnages lutter pour garder la tête hors de l’eau, des personnages qui pensent encore avoir une chance de forcer le destin, comme Ted Kennedy visant l’investiture. Anton porte et supporte son père qui repense à ses débuts, aux meilleurs moments de ses dix années d’antenne, à cette lutte d’abord pour être à nouveau à l’antenne, puis pour garder l’antenne – de nos jours, l’on dirait « ne zappez pas après Dallas », série dont la diffusion battait son plein à cette époque.

Etre à l’antenne, interviewer des artistes, animer des débats (pour ces deux derniers faits, j’ai l’impression que l’on ne sait plus vraiment ce que cela veut dire de nos jours), est-ce que cela rend heureux ? Buddy me semble vivre dans une perpétuelle anxiété, et avoir besoin du soutien de ses proches – sa femme, son fils Anton, ses deux autres enfants ayant pris leur distance, parce qu’ils ont besoin de vivre leur propre vie. Anton en vient lui-même à s’interroger sur ce qu’il veut vraiment faire de sa vie, et être dans sa vie.

S’il est un personnage lumineux dans ce roman, c’est John Lennon, qui n’apparaît pas assez à mon goût (mais tous les goûts sont dans la nature) et qui a tout connu de la célébrité. Depuis cinq ans, il est, tout simplement, un homme au foyer, un homme qui vit sa vie, qui profite de la vie, qui est vivant, en un mot, comme dans l’une des scènes les plus inoubliables du livre.

Après cela, que dire ? Si ce n’est que j’ai commencé Les Lumières de Central Park.

Correspondance indienne

Bonjour

Aujourd’hui, je partage sur mon blog cette correspondance indienne, organisé par Hilde et Blandine. C’est avec Nahe que j’ai échangé (et j’espère que mon enveloppe lui aura fait plaisir). Voici ce que contenait la sienne :

 

M

Merci à Nahe pour cet échange !

Piège mortel au Vatican de Gilles Milo-Vaceri

les éditions du 38 – 415 pages

Présentation de l’éditeur :

2 décembre 2018
Le commandant Gerfaut et ses adjoints sont invités en Italie pour donner une conférence. Ce qui ressemblait à des vacances tourne vite au cauchemar. Dès leur arrivée à Fiumicino, ils sont la cible d’un attentat qui fait de nombreuses victimes. Adriana est grièvement blessée et lutte contre la mort. Bien qu’abattu et démoralisé, Gerfaut se joint au capitaine Paola Tempesti, de la Sécurité Intérieure italienne. Poursuivant un témoin disparu, ses investigations le mènent au Parrain de Cosa Nostra. L’enquête piétine, mais quand on cherche la vérité à Rome, les mystères du Vatican et le silence de l’Opus Dei ne tardent pas à brouiller les pistes. Il va traquer les coupables, quitte à mettre la Ville Éternelle à feu et à sang. Résoudra-t-il cette énigme ? Quel effroyable secret se cache derrière tous ces crimes ? Le commandant n’a plus rien à perdre et il ira au bout de lui-même.
Piège mortel au Vatican est la 7e enquête du commandant Gabriel Gerfaut.

Mon avis :

C’est la septième enquête du commandant Gerfaut que je lis, et ce n’est pas la dernière. Oui, la lecture de cette série est addictive, vous serez prévenue, et même si je mets du temps entre la lecture et la rédaction de mes avis, c’est simplement que cette année reste compliquée, vacances scolaires comprises.

Tout avait pourtant bien commencé. Il ne s’agissait pas pour Gabriel et Adriana d’enquêter, mais de donner une série de conférences en Italie. C’était presque des vacances, pour tout dire. Ce qui n’était pas prévu, c’est qu’une fusillade éclate à l’aéroport et qu’Adriana soit très grièvement blessée. Je ne spoile pas, cette information est écrite sur la quatrième de couverture, je spoilerai si je disais comment la blessure est arrivée, et comment évolue l’état de santé d’Adriana. Pour Gerfaut, c’est un choc, énorme. Gerfaut prend la mesure de ce qu’il ressent pour Adriana, et craint qu’il ne puisse jamais le lui dire. Ce n’est pas qu’il a envie d’enquêter, non, c’est qu’il a envie de tout retourner pour trouver qui a pu commettre ce qu’il faut bien appeler un attentat. Disons qu’il est complètement à cran, ce qui ne l’empêche ni d’être sensible au sens de l’honneur (le vrai, pas celui qui se paie uniquement en mots), ni d’être attentif à ce/ceux qui l’entoure(nt). Plaire ? Mais à qui ? Déplaire ? C’est fort possible, puisque la seule chose qui l’intéresse, c’est la traque de la vérité. Et elle va l’emmener très loin.

Pour faire court, Piège mortel au Vatican est un roman que les fans aimeront. Par contre, si vous souhaitez découvrir la série, je vous conseille plutôt un autre tome, pour mieux comprendre les liens entre Gabriel, Adriana et Paul.

 

À la recherche de Mrs Wynter d’Eric Senabre

Présentation de l’éditeur :

Mehdi doit se rendre à l’évidence : il est tombé fou amoureux de l’actrice Beryl Doncaster, alias Mrs Wynter, la sublime héroïne de la série des années 60 Talons hauts et veste de tweed. Sauf qu’elle a plus de trois fois son âge… et qu’elle habite en Angleterre. Qu’à cela ne tienne, Mehdi convainc sa meilleure amie, Julia, de traverser la Manche pour rencontrer son idole. Une idée aussi hasardeuse que folle, qui les entraîne dans un voyage plein de rebondissements… amoureux !

Une comédie romantique et farfelue, à savourer avec un thé anglais, of course !

Mon avis :

« Il faut être fou, comme beaucoup d’autres ». C’est Molière qui le disait. Et Mehdi est un peu fou. Il est fou amoureux de Mrs Wynter, ou plutôt de l’actrice qui l’interprète Beryl Doncaster. Mais voilà : depuis la fin de la série, elle s’est éclipsée, astre lunaire préférant l’ombre à la lumière. Personne ne sait où elle vit, ce qu’elle fait. Mehdi, passionné, après maintes recherches, tient une piste et tient à aller jusqu’au bout, et pour cela, il a besoin de l’aide de sa meilleure amie.
L’action se passerait de nos jours, Mehdi utiliserait toutes les ressources d’internet. L’action se passe dans les années 90, et il doit se servir des moyens de cette époque pas si lointaine où il fallait user de ses godillots, de son sens de l’observation et de quelques techniques d’interrogatoire digne …. Eh bien d’un adolescent. Persévérance est son maître-mot.
Cela pourrait être flippant, cela ne l’est pas, parce que Mehdi est à la fois prête à aller au bout de la moindre piste et lucide, aussi lucide qu’un amoureux transi peut l’être, sur sa situation. Dois-je dire que ce qu’il vivra en Angleterre ne sera pas du tout ce à quoi il s’attendait ? Je pense que je peux le dire sans trop spoiler, dans ce roman-hommage à la grande Diana Riggs.
Et n’oubliez pas : « Vous ne pouvez pas imaginer la férocité qui sommeille dans le coeur d’un lapin qui a travaillé à la City ».

Les indécis d’Alex Daunel

Présentation de l’éditeur :

« Je ne vous ai pas demandé qui vous étiez. Mais quoi. Quel genre littéraire ? »

Voilà comment Max, 33 ans, est accueilli dans un bâtiment froid et austère avant de comprendre qu’il vient de mourir dans un accident de voiture. Il n’est ni au Paradis, ni au Purgatoire, mais à l’Inspiratoire où les morts doivent choisir un genre littéraire afin d’inspirer un auteur sur terre. Ils sont ainsi réincarnés en personnages de roman. Sous le choc de sa mort brutale, Max a plus de questions que de réponses. Il est, ce que l’on appelle, un « Indécis ». Pour le guider, il peut compter sur Mme Schmidt, sa défunte professeure de français. Mais Max doit faire vite : il n’a que vingt-quatre heures pour prendre la plus importante décision… de sa seconde vie !

Merci aux éditions de l’Archipel et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Si vous deviez être un genre littéraire, lequel seriez-vous ? Pour moi, c’est évident, je serai le polar. Pour Max, le choix est plus compliqué.

Il est arrivé à l’Inspiratoire. D’abord, il doit prendre conscience qu’il est mort, et cette première étape n’est pas forcément la plus facile. Ensuite, il découvre qu’après la mort, tout ne se passe pas vraiment comme il l’avait prévu. A vrai dire, il n’avait rien prévu, ni de mourir de manière brutale, ni de devoir choisir un genre littéraire, lui qui ne sait pas vraiment vers lequel se tourner. Il est un « indécis ».

Ce roman est un hommage aux livres, à tous les livres quels qu’ils soient. Il n’est pas question de juger, ni les livres, ni les lecteurs, mais de prendre plaisir à lire, à découvrir, que l’on aime un genre littéraire en particulier ou que l’on préfère papillonner d’un style à l’autre. Il est aussi un questionnement sur la vie et sur ce qu’on en fait. J’ai été sensible à ce personnage qui ne s’investit que dans son travail, qui se dit qu’il aura le temps plus tard pour… Pour quoi, au juste ? Pour tout ce qu’il se refuse à l’instant présent ? Pour tout ce qu’il n’a pas osé faire ou dire ? Pour revenir en arrière et oublier les compromissions qu’il a faites ? Max a toujours eu le temps, il n’a jamais pris le temps.

Je n’ai pas envie de trop en dévoiler sur ce livre. J’ai plutôt envie de vous dire que si vous aimez lire, si vous aimez les livres, si vous n’avez rien contre la découverte d’un univers fantastique qui va de paire avec tout ce que la vie peut comporter de cruel, alors laissez-vous tenter par ce livre.

Je ne suis pas un monstre de Tristan Koëgel

Présentation de l’éditeur :

La jeune Asha vient d’échouer seule sur une plage. Où est son frère ? La forêt qui s’ouvre à elle est des plus hostiles. Peuplée de créatures mythologiques (tels Hercule, Arachné, Narcisse, la déesse Echo ou les Harpies) c’est là l’empire de Circé, la magicienne qui transforme tout ce qui vit en monstre. Echappera-t-elle à son terrible destin ? La jeune fille, devra se battre corps et âme pour retrouver son apparence et comprendre où se trouve son frère.

Au milieu de ces épreuves, elle entend une voix qui lui parle : c’est celle d’un jeune pêcheur qui l’a sauvée, lui tient la main et l’encourage…

Mon avis :

La lecture de ce titre a résonné pour moi avec l’actualité. Le bateau sur lequel était Asha a fait naufrage. Elle s’est échouée sur le rivage, seule, sans savoir ce que sont devenus les autres, sans savoir ce qu’est devenu son frère. Alors, elle part à sa recherche, et va de rencontre en rencontre sur cette île. Et qui rencontre-t-elle, espérant que ces personnes pourront l’aider dans sa quête ? Des monstres mythologiques, des êtres qui, dans leur majorité, ne pensent qu’à eux, promettent, et ne font rien pour l’aider. Elle aussi commence à se métamorphoser, et il lui est nécessaire de se rappeler, de scander qu’elle n’est pas un monstre. Non, elle n’en est pas un, et peu importe ce que l’on peut lui dire. La transformation physique ne lui ôte pas sa capacité à s’ouvrir aux autres, à aider les autres, à leur montrer qu’eux non plus ne sont pas des monstres.

La force de ce roman est d’utiliser les créatures mythologiques non pour en dresser un catalogue à usage pédagogique, mais pour nous parler de notre époque, de ceux qui prennent le risque d’accueillir les autres, et qui en paient parfois très cher les conséquences, comme Arachné, dans ce récit. D’autres trouveront la force de s’émanciper, au péril de leur vie – ce qui, malheureusement, est toujours possible de nos jours, pas si loin de chez nous.

Pour la guider, nuit après nuit, un jeune pêcheur est là, prêt à veiller sur elle, quoi qu’il arrive, quoi que les autres fassent ou soient prêts à faire. Faire confiance n’est pas toujours facile.

Tendrez-vous la main à Asha et aux siens ?

Le second souffle par Gilles Marchand et Jennifer Murzeau

Présentation de l’éditeur :

Ulysse, 16 ans, vit avec d’autres sous la coupole protectrice du Centre, dont il n’est jamais sorti. Dehors règne la Bête. L’extérieur est hostile, empoisonné. Les enfants gravement asthmatiques, à la santé précaire, sont encadrés par des médecins. Ava, elle, habite Paris. Elle milite pour la planète avec sa meilleure amie Nour. Un jour, elle découvre un terrible secret. Le moment de l’impact est venu.  Ava et Ulysse incarnent une histoire commune, celle du changement.

Mon avis :

Ce n’est pas un roman, c’est une grosse claque. Une claque à la fois littéraire et sociale; Le second souffle est un roman young adult, et il serait bon justement que les jeunes, les moins jeunes adultes aussi le lisent et se questionnent.

Nous suivons le point de vue de deux personnages, deux personnages qui, a priori, n’ont en commun que leur âge et leur localisation – sur Terre. Mais est-ce bien la même Terre ? Ava et son amie Nour vivent à Paris, de nos jours semble-t-il : la crise due au Civod-19 est même évoquée. Elle milite pour que les gens prennent enfin conscience que l’on n’a qu’une Terre. Ce n’est pas facile, entre un père presque toujours absent et des grands-parents qui semblent mettre un point d’honneur comme s’ils vivaient encore dans les Trente glorieuses. Ava se sent parfois seule face à l’énormité de la tâche, bien qu’elle fasse tout ce qui est possible pour lutter : nous vivons dans une société de consommation qui n’est pas vraiment prête pour la décroissance.

A moins de traverser une grave crise. Ulysse vit dans un univers dévasté. Lui et d’autres enfants, d’autres adolescents vivent dans un Centre très fermé : ils font partie des rares survivants. Sortir du Centre ? Hors de question. Ce serait la mort assurée, l’air n’est plus respirable depuis longtemps, et les survivants souffrent tous de pathologies diverses, l’asthme en majorité. De plus, une Bête rôde autour du Centre. Dit ainsi, cela donne presque l’impression de se retrouver dans un conte très noir, avec des interdits à respecter, sous peine de mort. En lisant, j’ai pensé à d’autres univers dystopique, Meto d’Yves Grenier ou encore la très connue Servante écarlate de Margaret Atwood. Les adultes de ce monde ? C’est sans doute ce qui est le plus choquant. Les enfants sont soignés, certes, mais ils sont le plus souvent maltraités physiquement, moralement, mentalement. L’espoir ? Ils ne l’ont pas, même si les adultes leur demandent sans arrêt de se tourner vers l’avenir. Ulysse, lui, veut cependant plus, mieux, autre chose enfin, et tant pis si ses deux seuls amis – les rares enfants à être devenus des adolescents – ne sont pas aussi optimistes que lui.

Cette lecture a pour but d’émouvoir, de secouer, de faire réagir. Ce récit ne sombre jamais dans le pathos, dans le mélo, et c’est pour cela qu’il est si fort, parce que je me suis dit : « oui, c’est possible, oui, la folie des hommes peut nous entraîner jusque là, oui, les conséquences pourront être aussi tragiques. Parce que l’homme croit qu’il peut toujours tout contrôler, tout modifier, que le pire n’est pas à craindre alors que le pire est à nos portes ».

Le second souffle est un coup de coeur de cette rentrée littéraire 2021.

 

Crime au « bar du peuple » de René Byzance

édition Oxymoron – 55 pages

Présentation de l’éditeur :

L’inspecteur Gonzague GAVEAU, dit « Le Professeur », après avoir résolu l’affaire du « Meurtre à Baumugnes », s’installe dans une modeste chambre au « Bar du Peuple », établissement tenu par la plantureuse et exubérante Martine qui héberge une faune hétéroclite et haute en couleur. Un matin, la patronne est retrouvée dans la salle commune, baignant dans son sang, la gorge tranchée. « Le Professeur » va alors se charger de l’enquête…

Mon avis :

L’inspecteur Gonzague en a eu assez. Non, il n’en a pas eu assez de son métier, il en a eu assez de Paris, de ces crimes sordides, il a donc demandé sa mutation en province et le voici, très heureux, à Grenoble. Le salaire d’un inspecteur étant ce qu’il est, il loge au « Bar du peuple », et cela ne le dérange pas plus que cela. Au contraire, il aime l’ambiance qui y règne, les gens qu’il y rencontre. Tout irait pour le mieux si la propriétaire du bar n’était assassinée.

Le récit est court, l’intrigue est donc rapidement résolu, cependant j’ai aimé les personnages, rapidement caractérisés, certes, mais nettement caractérisés. Martine, la patronne du bar, aura vécu plusieurs vies, du Cameroun à ce bar où elle sert… eh bien, des personnes qu’elle a connues au Cameroun. Elle a un amant plus jeune, déjà usé par la vie. Elle a un fils qui lui souhaite s’établir avec sa maîtresse plus âgée, ce que maman n’accepte pas. Des personnages hauts en couleur, donc, jusqu’au maire de la commune que j’ai eu un peu de mal à supporter, et je ne suis pas la seule.

Crime au « bar du peuple » n’est pas une lecture inoubliable. Ce récit offre cependant une lecture plaisante, et c’est déjà très bien.

 

Diamants sur macchabées de Michael Fenris

Présentation de l’éditeur :

Ancien policier devenu détective privé, Jefferson Fergusson tente de survivre en acceptant la plupart des enquêtes qui lui sont confiées. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Véra Llerellyn, dont le frère David a disparu. Alors qu’il est persuadé que le jeune homme est mort et enterré quelque part en ville, Fergusson réalise assez vite qu’il n’est pas seul à s’intéresser à cette disparition soudaine. Il s’agit en particulier de son ancien collègue, Bridges, brutal et retors, devenu chef de ta police, mais également Tony Di Marzo, un gros patron de la pègre locale. Et si l’affaire était liée à un important vol de bijou survenu quelques années plus tôt ? Au fur et à mesure qu’il progresse, avec la désagréable impression qu’on cherche à le doubler, Jeff Fergusson soulève certains secrets qui n’ont pas envie d’être révélés, et réveille de vieilles rancoeurs. Rien n’est jamais bon lorsqu’on hante les rues de « La Ville ». Surtout lorsqu’on est un ancien flic…

Mon avis :

Premier tome des aventures du privé Jeff Fergusson, tome que je lis en deuxième après avoir apprécié la lecture du second tome Vengeance sur pellicule de Michael Fenris. J’ai été logique avec moi-même. Ma manière de lire prouve seulement que l’on peut lire la série dans le désordre, cela ne pose aucun souci, même si le tome 2 comporte quelques allusions au tome 1/

Jeff Fergusson est donc un détective privé. Il a quitté la police parce qu’il était dégoûté de la corruption qui y régnait. Son ancien co-équipier, Taylor Bridges, a d’ailleurs atteint le sommet de la hiérarchie. D’autres policiers ont plutôt fini avec une balle dans le buffet – ce sont des choses qui arrivent. Ce n’est plus le problème de Fergusson. Son problème serait plutôt de boucler ses fins de mois, et de ne pas dépasser une certaine dose d’alcool – il sait ce que trop boire peut coûter à sa santé, en le privant de réflexes vitaux. Il apprécie le jazz, notamment Miles Davis.

Un jour, une riche jeune femme lui demande de rechercher son frère, David. Ils devaient partir ensemble, pour vendre la maison d’une vieille tante, et il s’est évaporé. Que lui est-il arrivé ? Jeff n’est pas vraiment optimiste, il sait trop ce qui se passe dans cette ville. Et pourtant, il va mener l’enquête – il est payé pour cela, et son métier, il le fait bien, et son enquête va faire remonter à la surface une affaire vieille de dix ans.

Roman noir ? Oui. Diamants sur macchabées est un roman contemporain, pourtant, il emprunte tous les codes des romans des années cinquante auquel il rend homme sans les plagier. Le roman ne manquera pas de femmes fatales, qu’elles se nomment Véra ou April. Il ne manquera pas non plus de patrons de la pègre (tous se valent) ou d’hommes de main cognant, tabassant, achevant, ou étant achevé (cela dépend). Jeff a beaucoup de mal non à se sortir indemne de la masse d’embûches et de gros bras qui seront sur son chemin, il a beaucoup de mal à s’en sortir tout court. Il est un détective privé avec trente ans de police derrière lui, non un super héros, et si son corps souffre, se blesse, cicatrise, il reste le plus souvent lucide sur celles et ceux qui l’entourent. Que l’on veuille s’en sortir dans la vie, oui, mais pas par tous les moyens.

Merci aux éditions Eaux troubles et à Netgalley pour ce partenariat.