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Napoléon et Paris – musée Carnavalet

J’ai découvert par hasard cette exposition qui se tient jusqu’au 30 août au musée Carnavalet. L’axe choisi pour cette exposition est de montrer ce que Napoléon a apporté à la ville de Paris. Elle est à réserver aux fans de l’empereur : il faut connaître un minimum sa biographie, sa famille, pour être à l’aise dans ce qui est montré. Il est peu questions des guerres qu’a mené Napoléon (et de tous les morts), si ce n’est pour évoquer le siège de Paris en 1814 et les nombreux morts ou cette citation de Chateaubriand, montrant que Paris n’était plus une ville inaccessible.

Les premières salles sont tournés vers les éléments biographiques parisiens – Napoléon a étudié à Paris, il a participé à certains épisodes de la Révolution française. Il y échappa à un attentat à la bombe. Il y fut sacré empereur aussi. Il y épousa Marie-Louise d’Autriche. Ici naquit le roi de Rome. Ici aussi eut lieu, en 1812, la conspiration du général Malet, qui faillit réussir et déchaîna la colère de Napoléon : personne, croyant l’empereur mort, n’avait pensé à nommer l’impératrice régente du roi de Rome ! Personne n’avait pensé que le roi de Rome était le successeur de son père. Napoléon avait trouvé une faille de taille à son empire.

La deuxième partie montre le legs administratif de Napoléon : les lycées, la préfecture de Paris, la numérotation des rues (voir, juste avant l’exposition, la très belle collection d’enseignes du musée) mais aussi une police, omniprésente, chargée de surveiller les cafés, et autres lieus où l’ordre pourrait être remis en cause.

La troisième partie est consacrée à la cour de Napoléon aux Tuileries. (note : le jardin des Tuileries est mon second jardin préféré de Paris, après le Luxembourg. Il faut y avoir pique-niquer en plein mois de janvier avec 67 élèves pour l’apprécier encore plus seule, par beau temps). Vous y verrez, entre autre, des portraits de ces frères et soeur, un portrait du roi de Rome, mais aussi des vêtements, des peignes-diadèmes, du mobilier et le fauteuil du trône de Napoléon.

La quatrième partie nous permet de découvrir la ville rêvée de Napoléon, ces projets pour la ville, ceux qu’il a pu mener à bien, comme ceux qui sont restés à l’état de projet. Je retiens le palais Brognard, l’église de la Madeleine, et le percement de la rue de Rivoli. Il en est bien d’autres, je tiens à faire « de mémoire ». Napoléon III allait mener le rêver jusqu’à son terme, au cours du second empire.

La dernière partie de l’exposition nous montre « la légende napoléonienne à Paris ». Napoléon souhaitait, dans son testament, reposer sur les bords de la Seine. Ses cendres reviendront en France en 1840 (escortées par le prince de Joinville, fils de Louis-Phillipe Ier).

Comme il n’était pas possible de prendre des photos de l’exposition, je mets ci-dessous des photos prises dans la cour du musée Carnavalet :

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IMG_20150813_114921Voici d’autres photos, prises dans le square Georges Cain :

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Thé, café et chocolat – musée Cognacq-Jay

Jeudi 13 août, je suis allée à Paris. Je me suis rendue au Musée Cognac-Jay, situé dans une rue qui m’a fait penser aux romans de Claude Izner.

IMG_20150813_114116Je voulais absolument voir l’exposition Thé, café ou chocolat qui s’y tient jusqu’au 27 septembre, et je n’ai pas été déçue.  Je vous fais partager les photos que j’ai pu prendre (elles sont autorisées, sans flash).

Le thé, le café, le chocolat sont des produits de luxe, importés. Ils firent fureur mais aussi entraînèrent des conflits. Etait-ce si bon pour la santé d’en boire ? Quelles étaient les vertus de ces boissons ? La Palatine, dans sa correspondance, affirmait ne déjeuner que d’une tartine beurrée, et ne pas vouloir boire de café. De façon plus prosaïque, les corporations se demandaient laquelle d’entre elle allaient régir la vente de ses produits – les limonadiers avaient le monopole pour les boissons, les premiers restaurateurs venaient à peine d’ouvrir leurs établissements.

Le café s’est imposé, et des « cafés » ont ouvert, où l’on pouvait parler politique et/ou littérateur. Au quotidien, c’était le café laité qui était préféré (et qui est encore bu de nos jours par beaucoup de français au petit déjeuner). Le thé, le chocolat, permettent de faire une pause dans l’après-midi. Ci-dessous, le nécessaire offert par Louis XV à la reine après la naissance du dauphin :

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Les peintures montrent les nobles en train de boire du chocolat : certains, d’ailleurs, renoncent à la présence de serviteur pour bien montrer que c’est un moment intime. Parfois, ce sont des bourgeois qui se font représenter en train de boire leur chocolat, pour montrer ainsi leur aisance.

La famille du duc de Penthièvre est représentée en train de boire son chocolat, et chaque membre de la famille adopte une posture différente. Madame du Barry  est représentée en train de boire du chocolat, entourée d’objets offert par le roi, servi par un esclave indien offert par le roi.

L’esclavage, point aussi évoqué lors de cette exposition : sur l’île Bourbon, où fut planté du café provenant de Moka, au Yemen, vivaient 37000 esclaves  – pour 47 000 habitants.

Voici un autre service :

IMG_20150813_110605Je n’ai garde d’oublier d’autres théières :

IMG_20150813_111544Si vous allez à Paris, n’hésitez pas à vous rendre à cette exposition et à visiter ce musée peu connu.

Sienne, aux origines de la Renaissance

Je suis allée aujourd’hui à l’exposition Sienne, aux origines de la Renaissance, qui se tient aux Musée des beaux-arts de Rouen jusqu’au sept septembre.

Tout commence par une guerre contre Florence, que gagne Sienne en 1260. Sienne se met alors sous la protection de la Vierge et ses représentations se multiplient. Elle est « hodegetria », c’est à dire que Marie désigne l’enfant Jésus comme chemin vers le salut. Les peintres utilisent souvent la chrysographie, c’est à dire que le manteau de Marie est orné de motifs en or. Elle peut aussi être peinte en « Maesta », c’est à dire en majesté.

Dans le même temps, l’influence de la spiritualité franciscaine humanise les représentations des saints. Les peintures sont destinés à renforcer la dévotion des fidèles, aussi fallait-il rendre les saints représentés proches des gens, quitte à les vêtir comme de riches siennois du XIVe siècle.

Pour illustrer cette volonté d’humaniser les saints, de faire que les croyants se sentent proches des hommes et des femmes qu’ils ont été, j’ai choisi de vous présenter quatre tableaux, et de parler (juste un peu… je ne suis pas une grande biographe).

Je commence par l’un des artistes majeurs de Sienne : Duccio. Il est très attentif au monde réel, avec des jeux d’ombres et de lumières sur les visages et des drapées qui tombent de façon verticale. Sa peinture se démarque des icônes, et se fait narrative. Il raconte ainsi la vie de saint François d’Assise ou du bienheureux Giocchino « Piccolomini » qui appartenait à l’ordre mendiant des servites de Marie (fondé en 1233 en Toscane).

Voici une oeuvre signée Ambroggio Lorenzetti, qui m’a frappée. Marie regarde son fils (et non le spectateur), son regard est doux, et non grave comme dans d’autres représentations. Elle est vêtue avec des draperies orientales aux motifs coufiques (=calligraphie) qui étaient à la mode à Sienne et montraient les échanges avec l’Orient. Jésus tient un chardonneret dans la main, la couleur de l’oiseau symbolise la Passion à venir.

Voici une autre partie de retable que l’on doit non seulement au talent de Limmo Memmi, beau-frère de Simone Martini (deux grands artistes qui ont marqué Sienne) mais aussi au talent du restaurateur :

1518458286_39772a5219_bCette icône représente Marie-Madeleine mais, au XIXe siècle, on tenta de faire passer cette oeuvre pour une représentation de la Vierge Marie. Le manteau fut donc peint en bleu, couleur qui permettait de reconnaître à coup sûre la Vierge sur un tableau. Si les couleurs d’origine furent retrouvées, ce ne fut pas le cas du pot à onguent, signe distinctif de Marie-Madeleine.

L’art du retable se développe en effet à Sienne entre le XIIIe et le XIVe siècle. Retable vient des mots latins « retro tabulam », « derrière la table ». AU XIIIe siècle, il a une forme rectangulaire, les différentes scènes sont séparées par des bandes décoratives. Au XIVe siècle, le polyptyque à compartiment s’enrichit d’une prédelle. Les éléments décoratifs inspirés par l’architecture gothique se développe. Ces oeuvres valaient parfois extrêmement chères. Le polyptyque de Borgo San Sepolcro, peint par Sasseta pour le maître autel de l’église du couvent de Sienne, valait le prix de cinq à six maisons à Sienne.

Stefano di Giovanni dit Sassetta a sans dote été l’élève de Paolo du Giovanni, un des grands artistes siennois. Sa première oeuvre connue est un polyptyque réalisé pour la corporation des lainiers. Il a également représenté saint Jérôme dans le désert – et le désert est inspiré directement par le désert siennois d’Accona, ce qui permettait aux siennois de se « reconnaître » dans un tableau. Il a aussi peint l’ascète Bernardin de Sienne, après sa béatification. Il a retouché le tableau après sa canonisation.

Pour terminer cet article, voici la première oeuvre connue de Simone Martini, disciple de Duccio, avec cette Vierge à l’enfant que je trouve très humaine (Jésus serre le doigt de sa maman).

Si vous passez à Rouen en août, ne ratez pas cette exposition.

Uss Constellation

Depuis plus de deux ans déjà, je participe au challenge 50 états, 50 billets organisé par Sofynet. J’ai rédigé des billets sur des livres, sur des films, sur une série télévisée, mais je n’ai rien rédigé pour la catégorie « culture » ou pour la catégorie « musique ». Je comble donc cette lacune aujourd’hui en vous parlant de l’USS Constellation.

800px-Constellation_bowCe trois-mâts a été construit en 1854. Il est le dernier navire américain de la guerre de Sécession encore conservé à ce jour, et l’un des derniers grands voiliers de l’armée américaine. Cette corvette (ou sloop en VO) de 61 mètres de long participa à des missions en Méditerranée. Il a notamment « combattu » contre deux navires négriers, le brick Delicia et la « barque » Cora, permettant de libérer les esclaves qui étaient embarqués sur ces bateaux (705 sur le Cora).

Après la guerre de Sécession, ce sloop fut affecté à l’Académie Navale, avant de rester amarré en permanence pour « l’entraînement » à partir de 1894.

En 1955, le bateau fut déplacé à Baltimore, dans le Maryland, pour être restauré, il fallut une bonne dizaine d’années pour cela. Fermé une première fois au public en 1994, il fut restauré de nouveau. Depuis 1999, il est retourné à son poste d’amarrage permanent dans l’Inner Harbour de Maryland. Le navire se visite encore aujourd’hui, des objets, des effets personnels des membres d’équipages sont encore visibles de nos jours.

Source : Le Maryland en Bref (livre numérique Ulysse).

historicships, le site du port de Baltimore et des bateaux qui peuvent s’y visiter.

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Désir et volupté à l’époque Victorienne

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Désir et volupté dans l’Angleterre victorienne :

Je suis allée voir cette exposition voici deux mois déjà, et ce n’est que maintenant que je mets au propre mes notes pour rédiger ce billet.

L’Angleterre, sous le règne de la reine Victoria, vit de profonds bouleversements économiques et sociaux. Quant à la femme… le moins que je puisse dire est que sa situation n’est pas bouleversée. Le corps féminin est caché, par les jupons, les robes, amples, il est bridé par les corsets. Il est alors difficile de se déplacer – un gentleman ne court pas, une lady encore moins. Les femmes rêvent pour s’évader et les artistes de cette époque sont dans une recherche permanente de la beauté formelle.

Pour ces artistes, la femme est une muse, par sa beauté, son intelligence. Ils font poser leurs femmes, leurs maîtresses. L’une des plus connues est Bessie Keene, dont la peau blanche et la chevelure léonine illumina les œuvres de Burne-Jones et Emma Sandys.

Comment les femmes étaient-elles représentées ? Elles étaient des nymphes, des héroïnes antiques (Antigone de Leighton) médiévales ((Elaine d’Escalot, Guenièvre, dans Le temps jadis de Standwick, 1907) ou shakespeariennes. Les sorcières ne sont jamais laides, les enchantements ne sont que suggérés. Un ailleurs lointain (Grèce, moyen âge) fait rêver, loin de l’industrialisation du XIXe siècle. Dans ce cadre de vie fantasmé, le corps féminin est libre, il s’offre aux regards, ou est suggéré sous des voiles. Les artistes éprouvent la nostalgie d’un âge d’or.

Je vous présenterai maintenant, de façon très subjective, quelques peintres . Je commencerai par Dante Gabriel Rossetti (1828-1882) : il épousa sa maîtresse et muse, leur unique enfant mourut à la naissance en 1860. Sa femme mourut deux ans plus tard, d’un excès de laudanum. Il passa le reste de sa vie reclus, et se consacra exclusivement à son art. Il devint un modèle pour les jeunes artistes.

ghirlandataLa Ghirlandata par Dante Gabriel Rosseti.

Frédéric Leighton (1830 – 1896) eut des débuts difficiles. Il peignit d’abord des scènes domestiques, ce qui étaient un passage obligé à l’époque, des sujets classiques mais aussi des nus. Il s’intéressait à la musique et s’inspirait des poses de statues. Il obtint ensuite beaucoup de succès et la maison où il mourut abrite aujourd’hui un musée qui lui est consacré.

483px-AntigoneleighAntigone, par Frédérick Leighton

Alma-Tadema a ajouté « Alma » à son nom, car il était ainsi en tête des catalogues d’exposition, par la grâce de l’ordre alphabétique. Il a profité de sa formation en Belgique et de sa découverte de Pompéi. Il peint des scènes intimistes. Sa maison devint le centre de la vie mondaine.

Je terminerai par Sir John Millais, car il était un grand amoureux de l’Ecosse. Il peignait notamment les paysages d’hiver écossais. Il fut très populaire.

millais_blowblowBlow, blow, thou winter wind, 1892