Dixième mois espagnol : c’est parti !

Bonjour à tous

Je déclare ouvert, avec Topaze sur les genoux qui fait la sieste, Ruby à côté de l’écran qui se fait belle, Sultan pas très loin en train de dormir lui aussi, et Roselyne qui s’installe pour faire la sieste le dixième mois espagnol et sud-américain.

Semaine du 1er au 7 mai :

Six – 01 – Le massacre de Tanque Verde : Philippe Pelaez et Javier Sánchez Casado par Belette
Deadpool – 01 – Longue vie au roi : Kelly Thompson, Chris Bachalo, Gerardo Sandoval et Kevin Libranda par Belette
World War Wolves – Tomes 01 – 02 : Jean-Luc Istin et Kyko Duarte par Belette
Le Diable sur mon épaule : Gabino Iglesias  par Belette
Bouncer – Tome 12 – Hécatombe : Alejandro Jodorowsky et François Boucq  par Belette
Guerres d’Arran – 03 – La bataille de Torunn : Nicolas Jarry, Alina Yerofieieva et Kyko Duarte  par Belette
Serviteur des Enfer – Chroniques Aztèques 01 : Aliette de Bodard par Belette

Collectif polar : son billet de présentation

Jostein : son programme de mai

Light and smell : son billet de présentation

PatiVore : son billet de présentation

Intempérie  de Javi Rey, d’après le roman de Jesús Carrasco par Sharon
La mauvaise habitude d’Alana S. Portero par Sharon

Michel Tabras : son billet de présentation

Semaine du 8 au 14 mai : 

Mon année cinéma : The fall guy de David Leitch

Bonjour à tous

Pour ce rare billet cinéma, je ferai court : ce film est une grosse dinguerie cinématographique. Je me suis beaucoup amusée en le voyant, j’ai beaucoup aimé ce qui avait été fait du personnage de Colt Seavers, ce cascadeur qui reprend du service après une longue pause due à une grave blessure. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’étais fan de la série L’homme qui tombe à pic et je ne pouvais rater son adaptation cinématographique. Bonne nouvelle : l’adaptation n’est pas ratée.

J’ai aimé aussi les clins d’oeil fait à d’autres productions cinématographiques (voir Miami Vice, une des rares adaptations de séries télévisées qui ne soient pas catastrophiques) ou encore la place donnée (n’était-ce pas le but du film ?) à tous ceux que l’on ne voit pas et qui sont pourtant indispensables pour que le film se fasse (et indispensable pour promener les chiens de la vedette). Ne sont pas oubliés non plus la productrice toujours sur les nerfs et la star du film, déjà mentionnée, hautement imbuvable.

J’ajoute que la B.O. du film est très réussie également !

Ne ratez pas non plus J.C., très demandé tout au long du film, ou encore la courte apparition de deux des acteurs de la série originale lors du générique de fin.

Je manque de temps actuellement pour aller au cinéma, mais je ne regrette pas du tout ces deux heures de film !!!!

 

Une sale affaire de Virgine Linhart

Présentation de l’éditeur :

« Ce livre est le récit d’un procès littéraire et des interrogations qu’il a fait naître en moi. Intentée par ma mère et mon ex-compagnon, la procédure visait à empêcher la parution de mon précédent ouvrage, L’Effet maternel. Depuis le jugement et la publication de L’Effet maternel, quatre ans se sont écoulés. Et je n’ai cessé de m’interroger sur l’écriture autobiographique. A qui appartient l’histoire ? C’est à cette question que tente de répondre Une sale affaire. »

Mon avis : 

J’ai entendu parler pour la première fois de ce livre en écoutant France info, l’autrice revenait en effet sur la parution de son livre L’effet maternel, et le procès attenté par sa mère et son ex-compagnon. J’avais été curieuse, oui, mais je ne me voyais pas lire ce livre. Comme souvent avec ces sujets « forts » (je pense au Consentement de Vanessa Springora ou à la familia Grande de Camille Kouchner, que l’autrice cite dans son récit), c’est un ami qui m’a prêté cet ouvrage. Je l’ai lu d’une traite cet après-midi, alors que je n’étais pas très en forme, entourée par les tous petits chatons très occupés, Annunziata préférant faire la sieste ailleurs. Voilà pour le contexte.

L’autre contexte, c’est que l’autrice parle des répercussions de mai 68 sur sa famille et leurs proches, l’ultra-sexualisation qu’il en a découlé – dans son milieu. Dans celui de mes parents, cela fut différent. L’engagement politique, oui. Mais s’il est un événement qui a changé les années 70 du tout au tout pour eux, pour toute la famille en fait, c’est la mort de la soeur presque jumelle de ma mère, à l’âge de 23 ans, d’une crise cardiaque. Quelques mois plus tôt, c’était le mari de la soeur aînée de ma mère qui mourrait d’une crise cardiaque, à l’âge de 42 ans – 36 ans, veuve avec six enfants, il est des sujets qui vous passent très haut au-dessus de la tête. Oui, je révèle des événements de leur vie privée, mais je n’ai cité ni leurs prénoms, ni leurs noms de famille, ni leur profession. Et c’est important, comme le découvrira Virginie Linhart.

Ce que je retiens de ce livre ? La dignité. De cette femme, de sa fille aînée, Lune, de ces avocats aussi, brillants et justes, des éditions Flammarion également, qui l’ont soutenu sans condition. Ce procès pose en effet une question simple, celle de la création artistique. Il est impossible de rédiger une autobiographie sans parler des membres de sa famille, même si l’on parle avant tout de soi : petite fille qui a grandi dans les années 70, jeune femme abandonnée, jeune mère qui élève seule sa fille. Ce qui me touche, dans la littérature, c’est quand se parler de soi nous parle d’une époque, trouve des échos dans d’autres vies que la sienne. Combien de jeunes femmes se retrouvent abandonnées en cours de grossesse ? Trop. Combien de belle-mère reste amie vingt ans durant avec l’ex de leur fille, qui n’a jamais souhaité rencontré sa propre fille, au point d’attenter un procès conjointement avec lui pour non respect de la vie privée ? A mon avis, seulement la mère de Virginie Linhart.

L’autrice raconte son besoin viscérale de dire, d’écrire, cette nécessité aussi d’écrire sans parler de ses projets à ses proches, de constater qu’elle n’est pas la seule écrivaine à ne pas parler de ses projets. Si l’on en parle, écrit-on toujours ? Je n’ai pas la réponse. Ce que je pense, en revanche, est que l’accident dont a été victime la jeune femme juste après le procès est lié à toutes les tensions, toutes les douleurs accumulées au cours de ces mois.

Un livre qui nous interroge sur la création littéraire, sur la place que la justice prend parfois dans la création littéraire, sur le fait aussi qu’il est extrêmement rare, de nos jours, qu’un livre soit interdit ou expurgé sur demande d’un tiers.

Les mystères de soeur Juana, tome 1 : Mort au couvent d’Oscar de Muriel

Présentation de l’éditeur : 

Notre Père qui êtes aux cieux, délivrez-nous du mal…
Mexico, Nouvelle-Espagne, XVIIe siècle. Quelqu’un – ou quelque chose – a pris possession du couvent de San Jerónimo. Religieuses et servantes sont retrouvées sacrifiées sur l’autel selon des rituels précolombiens sanguinaires, et la suspicion règne. Nulle n’y échappe. Car dans cette enceinte retirée du monde, entre fornication, autoflagellation et cauchemars blasphématoires, le péché est partout…
Alina, jeune novice insolente et rebelle, vient de prendre le voile. Au côté de Matea, sa fidèle domestique indigène, la voilà qui s’allie à sœur Juana, excentrique femme de lettres, pour trouver le coupable. Entre prières, lectures, leçons de cuisine et chocolats chauds, le trio mène l’enquête. Mais dehors, l’Inquisition est déjà en chemin et compte bien couper le mal à la racine…

Préambule :

Nous sommes aujourd’hui le 11 mai. Mon grand-père maternel est né le 11 mai. Il était profondément anticlérical. Moi aussi.

Mon avis :

Nous sommes au Mexique, au XVIIe siècle, et croyez-moi, cela a son importance. Nous avons beau être au Mexique, ceux qui détiennent le pouvoir, ce sont les espagnols. J’admets avoir fait un saut du coq à l’âne et avoir pensé à la Californie de Zorro, à ses nobles qui envoient leurs rejetons étudier en Espagne, au poids (plus discret) de ce pays. Ici, il n’en est rien : l’Espagne décide, l’Espagne envoie l’inquisition (et pour tous ceux qui emploient ce terme à tort et à travers, renseignez-vous sur ce qu’était vraiment l’Inquisition).

J’anticipe ? Un peu. Pas tant que cela. Nous sommes plongés dans une situation déjà bien compliquée au début du roman, des morts suspectes ont eu lieu, le couvent est tout sauf le havre de paix qu’il devrait être. Aussi, quand Alina prend le voile contre son gré (combien de jeunes filles y ont été contraintes ?), elle découvre non seulement les règles du couvent qu’elle doit intégrer très vite sous peine de pénitence, mais aussi des silences qui en disent plus longs que les paroles. Parce que les soeurs ne peuvent parler, ne peuvent dire l’horreur qu’elles ont vécu, ne peuvent dire non plus les cauchemars que certains font, très régulièrement. Que se passe-t-il dans le couvent  de San Jerónimo ? Que se passe-t-il réellement ?

Une des soeurs, pourtant, retient l’attention d’Alina, devenue soeur Elena : soeur Juana. Elle a réellement existé. Elle était réellement autrice, une des rares voix de femmes qui est parvenue à s’exprimer à cette époque. Elle est excentrique, c’est à dire qu’elle aime lire, qu’elle aime se cultiver, qu’elle aime expérimenter – autant dire qu’elle suscite l’horreur chez les plus conservatrices des soeurs. Pourtant, la vie au couvent pourrait presque être agréable : l’on y mange très bien ! Ce n’est pas grâce à la soeur chargée de la cuisine, non. Ce sont toutes les domestiques qui veillent en cuisine, toutes celles qui n’appartiennent pas à la même classe sociale, c’est à dire les indigènes, les métisses, les noires, toutes celles qui n’auront jamais le droit de devenir religieuse, à cause de leur naissance. Oui, les espagnols ont fait main basse sur leurs terres et les ont réduits au silence. Ils leur ont aussi interdit de pratiquer leur religion. Pourtant, ce qui se passe dans le couvent de San Jerónimo ressemble fortement aux rites qui étaient pratiqués auparavant. Que se passe-t-il donc ?

Juana, Alina et Matea, sa domestique indigène, elle qui pour la première fois de sa vie dort dans un lit et mange à sa faim, mènent donc l’enquête. Ce n’est pas facile parce que, clairement, leurs vies sont en jeu – leurs vies, et plus encore. En survolant certains critiques, j’ai découvert que des lecteurs étaient étonnés par les châtiments corporels que s’affligeaient certaines religieuses. Pour ma part, je l’ai su très tôt (avantage d’avoir grandi dans une famille qui n’était pas anticléricale par accident), et si je ne l’avais pas su, notre professeur de français nous en avait parlé en 4e – ne pas se contenter d’enseigner l’orthographe, la grammaire et la conjugaison était important pour lui. De même, le caractère inquisiteur des prêtres confesseurs ne m’a pas surpris plus que cela – je me demande ce qu’est devenu cet étudiant qui collectionnait les livres religieux du XIXe siècle, dont les manuels de confession, je me demande aussi si, depuis les années soixante, les pratiques ont évolué (à Rouen, en tout cas, il est toujours possible de se confesser).

Ai-je besoin de dire que ce que les trois femmes découvriront n’est pas joli-joli ? Je ne crois pas. Mais pouvait-on en douter ? L’épilogue nous montre les « changements » qui ont eu lieu dans la communauté après la résolution de l’enquête. J’aimerai bien que la bibliothèque municipale acquière le tome 2, voire le 3 de cette série.

Au plus profond de la forêt par Holly Black

édition Rageot –  432 pages

Présentation de l’éditeur : 

A Solclair, les humains et les Fæs coexistent. Là, au plus profond de la forêt, celui qui cherche bien peut trouver un cercueil de verre. A l’intérieur, un garçon doté de cornes et d’oreilles aussi pointues que des couteaux, est assoupi depuis des générations. Hazel et Ben, frère et sœur, étaient tous les deux amoureux de lui quand ils étaient enfants. Mais le jour où le garçon fæ se réveille enfin pour sortir de sa prison de verre, le monde bascule. Petite fille, Hazel aimait prétendre être une chevaleresse, brandissant son épée et réparant les torts. Mais ces jeux d’enfant seront-ils suffisants pour échapper aux trahisons et sauver Solclair du danger qui menace ?

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Rageot et Netgalley pour ce partenariat.

Ceci est un conte de fées, un vrai, c’est à dire qu’il comporte son lot d’horreur, d’épreuves et de désillusion. Ce n’est pas une version douce et édulcorée telle que l’on peut en lire actuellement, pour ne pas choquer les âmes sensibles.

Nous sommes à Solclair, petite ville américaine touristique, sise près d’une épaisse forêt : l’on a tendance à oublier que la forêt est un lieu dangereux, un lieu propice à l’aventure et aux rencontres avec des créatures fantastiques (au sens littéraire du thème). Dans cette forêt, se trouve un cercueil de verre, qu’il est impossible de briser, dans lequel dort un fae. Habitants de la ville comme touristes viennent le voir, tentent de le réveiller, lui confient leurs secrets aussi, pour ne pas dire également les sentiments amoureux qu’ils éprouvent pour cette créature hors du commun. A Solclair, la vie s’écoule presque paisiblement. Il est bien des événements hors du commun qui s’y passent, mais comme la plupart d’entre eux concernent des touristes, l’on n’y fait guère attention. Les touristes aiment inventer des histoires ! Les touristes peuvent se montrer très imprudents ! Enfin… il s’est tout de même passé un événement d’importance près de vingt ans plus tôt, sinon Jack, le « frère » de Carter ne serait pas là. Il s’est passé de curieuses rencontres, sinon Ben n’aurait pas un don si particulier pour la musique, don qu’il ne supporte plus, sinon Hazel pourrait expliquer certains phénomènes qu’elle ne comprend pas.

Tout était déjà un peu compliqué, mais tout bascule quand, un matin, l’on constate que le cercueil est vide. Qu’est devenu son hôte ? Comment a-t-il pu sortir de là après tant de temps ? Que veut-il ? Autant de questions auxquels le récit répondra peu à peu. Si vous avez aimé les précédents livres d’Holly Black, notamment Le peuple de l’air dont la suite est parue récemment, vous trouverez peut-être celui-ci un peu plus doux, un peu moins âpre. Hazel semble presque une adolescente ordinaire, elle qui aime tant flirter avec les garçons et en subit les conséquences (il est des garçons qui regrettent d’avoir embrassé une fille, il est des filles qui ne pardonnent pas que l’on ait embrassé le garçon qu’elles convoitaient), elle qui voit son frère vivre plus ou moins bien son attirance pour les garçons – parce que tous n’acceptent pas l’homosexualité, Amérique puritaine nous voilà. Pourtant, quand les créatures qui peuplent les bois se mêlent aux humains, le lecteur ne peut qu’éprouver un sentiment de malaise teinté d’horreur face à ce qu’il voit, face à ce qu’il lit. Les descriptions ont beau être sobres, l’horreur ne nous en frappe pas moins. Les règles pour se protéger existent, encore faut-il parvenir à les appliquer, encore faut-il que les créatures en face de vous les respectent, et ce n’est pas forcément gagné.

J’ai aimé aussi que le récit nous renvoie dans le passé de Ben et Hazel, nous fasse découvrir leur enfance, leur adolescence, nous confronte aux événements qui ont été vécus, aux conséquences que ceux-ci ont eues, et dont les principaux protagonistes n’avaient pas forcément idée. A plusieurs reprises, Hazel nous rappelle qu’elle aurait aimé avoir des parents ordinaires, qu’elle aurait aimé avoir une vie ordinaire, avant de se rendre compte que cela n’est pas vraiment possible, ni forcément souhaitable. Reste tout de même la force du lien qui l’unit à son frère, l’exploration des liens fraternels étant une des thématiques fortes de cette oeuvre.

Une oeuvre qui m’a donnée envie d’enfin terminé la trilogie du Peuple de l’air.

Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

 

Princesse en danger de Pierre Bottero

édition Rageot – 184 pages

Présentation de l’éditeur :

Tout avait bien commencé. Ma famille d’accueil me plaisait et j’avais maté le gros dur de la classe. Et puis, au cours d’une balade en VTT, Shi-Meï, princesse de Pataman, a surgi devant moi. Le miracle a continué. Elle m’a souri. Mais j’ai le cœur en morceaux car elle vient d’être en levée. Il ne me reste qu’une solution : la délivrer. A tout prix…

Mon avis : 

Pierre Bottero est décédé voici quatorze ans, mais il me reste encore certains de ses titres à découvrir – et la possibilité de relire ceux que j’ai déjà lus. Ne vous fiez pas à ce titre qui peut sembler niais. Oui, une princesse est réellement en danger dans ce roman de littérature jeunesse, cependant elle n’est pas le personnage principal du livre. Il s’agit de Benjamin, qui est aussi le narrateur de l’histoire. Il va de famille d’accueil en famille d’accueil, parce qu’il est bagarreur, parce que certains ne savent pas/plus quoi faire de lui. Son père ? Il est parti quand il a appris qu’il allait être père, justement (j’écris le 8 mai 2024, jour où j’ai découvert que le président de la république française souhaitait créer un « devoir de visite » pour les pères divorcés. Par expérience professionnelle, un père qui ne veut pas voir son enfant ne peut rien lui apporter de bon si on le force à le voir). Sa mère ? Elle l’appelé pour la dernière fois quand Benjamin avait huit ans et ne semble pas vraiment se préoccuper de son fils. Benjamin est donc placé dans une nouvelle famille d’accueil mais là, les choses se passent différemment, tout comme dans sa nouvelle école. Non, ce n’est pas Benjamin qui a changé subitement, ce sont ceux qui l’entourent, Marc et Luce, qui se préoccupent véritablement de lui, qui sont à son écoute, ne lui demandant pas d’être celui qu’il n’est pas, tenant compte de ce qu’il a vécu jusqu’à présent.

Tout allait donc mieux dans la vie de Benjamin (il avait même tenu en respect le caïd de l’établissement quand apparaît Shi-Meï. Elle est une authentique princesse. Elle vit en France avec sa mère, sous haute protection, parce que la situation politique dans son pays est tout sauf simple et qu’aller jusqu’en France pour l’enlever n’est pas un problème pour certains. Et c’est là que Benjamin intervient, ce que Marc et Luce lui ont apporté lui ayant permis de faire ressortir ses qualités, de prendre confiance en lui et de se lancer dans cette périlleuse mission, sans que jamais son humour ne l’abandonne.

Princesse en danger est une oeuvre courte mais très réussie.

Le code de Jill Jeanne Bocquenet-Carle

Présentation de l’éditeur : 

Victime d’une purpura rhumatoïde qui paralyse ses jambes, Jill passe son enfance recluse dans son appartement, en compagnie de sa famille extravagante et de sa propre imagination. À la mort de ses parents, elle recouvre l’usage de ses membres et devient l’apprentie de M. Molineux, anthropologue qui recompose pour la police scientifique ou des archéologues des visages et des corps à partir d’ossements. La jeune fille montre un véritable don pour ce métier qui la fascine. Guidée par une étrange intuition, elle excelle à façonner les visages des morts. Lorsque son mentor meurt, elle entre chez Anthropolab, un prestigieux laboratoire privé dirigé par Herman Keiser. Jill prend alors part à un ambitieux projet archéologique  : dater et recomposer entièrement un corps féminin à partir d’ossements trouvés dans le puits d’une place-forte cathare. Au fil de son enquête, elle va de surprise en surprise. Le murmure des os sous ses doigts lui révèle une histoire aux contours troubles…
Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.
Mon avis :
Lecture douloureuse, asphyxiante, lecture qui m’a franchement donné un sentiment de malaise alors que j’ai véritablement lu beaucoup de livres sur des sujets sensibles dernièrement. Lecture dont je suis heureuse de rédiger l’avis, pour que ce soit « derrière moi ».
Certes, je ne m’attendais pas à l’histoire que j’ai lue. Je ne m’attendais pas non plus à ne pas m’attacher à l’héroïne, Jill, qui a grandi coupée du monde, à cause de sa maladie. Elle est ainsi particulièrement mature pour ses 16 ans, tout en m’ayant semblé détachée de tout, sauf des ossements qu’elle examine pour recomposer des visages et des corps. Ce n’est pas la peine de dire que ce n’est pas une occupation pour une jeune fille de 16 ans, d’autres, dans ce récit, le pensent déjà. Mais, héritière spirituelle de monsieur Molineux, un anthropologue qui lui a tout appris, elle excelle dans son domaine : c’est lui qui l’a recueillie après le décès accidentel de ses parents.
A contratio, je me suis attachée à Marie, si vivante, si proche d’autrui, si avide de découvrir le monde qui l’entoure – alors que l’on se doute bien que son destin a été tragique. Oui, bizarrement, en dépit du danger qui rôdait, j’étais mieux en compagnie de Marie qu’en celle de Jill, auprès de qui j’étouffais littéralement. Curieux ? Oui. Marie sera vivante jusqu’au bout, elle vivra son destin jusqu’au bout, pensant toujours aux autres plutôt qu’à elle.
Je dirai aussi que j’ai eu du mal avec le dénouement, mais, encore une fois, cela ne regarde que moi. A vous de voir si vous avez envie de découvrir Jill et Marie. 07

La Cité oubliée par Hermine Lefebvre

édition Scrineo – 448 pages

Présentation de l’éditeur : 

« Imagine, disait son père, une cité à côté de laquelle celle-ci n’est que peu de chose. Imagine la magie qui la baignait tout entière et donnait tout pouvoir à ses habitants sur les forces de la nature. Imagine l’harmonie entre les Venezians et les Êtres sous la lagune… »

Marchant dans les pas de son père disparu, Lauro recherche la légendaire Antique Cité que tous les Venezians croient engloutie à jamais. Mais le soir où il est sur le point de s’emparer d’un anneau réputé y mener, il est devancé par Clemente, un jeune homme aux talents particuliers qui semble avoir de nombreux secrets. Tandis que des pluies inhabituelles s’abattent sur la ville, ils devront s’allier pour faire face à ceux qui tentent à tout prix de les empêcher d’atteindre la Cité oubliée.

Mon avis : 

Je dois reconnaître que j’ai mis du temps avant de rentrer dans ce roman, mais, une fois que je suis parvenue à rentrer dans cet univers, j’ai pu profiter de ce récit. Cependant, j’ai l’impression qu’il m’a manqué certaines choses pour que je puisse dire que je l’ai pleinement aimé. Nous avons d’un côté Lauro et son adelphe Fiore – ils sont très proches mais ils s’aiment comme deux frères, il ne faut pas se tromper. Lauro veut retrouver l’antique Cité, celle dont son père était persuadé de pouvoir découvrir l’existence. Pour marcher sur les traces de son père disparu, il est près à prendre beaucoup de risques. De l’autre, nous avons Clemente. Il devrait être l’héritier d’une grande famille mais c’est sa soeur qui a été préférée, parce qu’elle est l’aînée, et parce qu’elle n’est pas en possession d’un pouvoir dévastateur, pouvoir dont son grand-père sait très bien se servir. Note : il est fréquent, dans les romans, de voir ainsi des familles tordues (oui, à ce point, elles ne sont plus dysfonctionnelles) dans lesquelles on enfonce celui qui n’est pas dans la norme plutôt que de l’aider, l’accompagner, le soutenir. Bien que Clemente soit attachant, je dois dire que j’ai préféré Lauro, et j’aurai vraiment aimé passer tout le récit en sa compagnie.

C’est à un concours de circonstances qu’ils ont dû de se rencontrer, et de se sauver mutuellement la vie. C’est à la suite de cette (mes)aventure qu’ils s’uniront, parce qu’ils ont tous les deux (presque) le même but, sans le savoir. J’ai aimé aussi tous les personnages qui entourent Lauro, parce qu’ils se soutiennent, s’épaulent, prennent soin les uns des autres alors que Clemente lui, semble toujours irrémédiablement seul – enfin, jusqu’à ce qu’il rencontre Lauro. Alors, bien sûr, cette histoire ne comporte qu’un seul tome, mais j’ai l’impression que l’univers de l’Antique cité est si riche qu’une deuxième aventure aurait été possible.

Merci aux éditions Scrineo et à Netgalley pour ce partenariat.

L’Affaire Midori de Karyn Nishimura-Poupée

édition Philippe Picquier – 176 pages

Présentation de l’éditeur : 

Presque tout est vrai dans ce roman percutant, bouleversant. Midori est une jeune femme dévastée par le tsunami de 2011 et la catastrophe de Fukushima. Midori a tué ses enfants. Comment la société japonaise va-t-elle appréhender les raisons et décider la sanction d’une mère infanticide, dans un pays où la peine capitale existe et où elle est toujours appliquée ?
Une journaliste française en poste au Japon va se poser ces questions. Elle va suivre pas à pas l`enquête et le procès, se passionner pour l`histoire de Midori, reconstituer minutieusement son parcours erratique. Et ce cheminement vers la compréhension va l`amener à remettre en cause les fondements mêmes de son métier.

Mon avis : 

J’ai failli ne pas finir ce livre, tant il était douloureux à lire. Oui, ce n’est pas une histoire « réelle » mais elle est inspirée de faits réels, et remet en cause l’image que l’on a de la société japonaise, tout en nous questionnant sur la manière dont nous consommons l’information.

J’ai bien dit « livre » parce que l’autrice a beau dire que c’est un roman, j’y vois plus un livre d’enquête. La société japonaise est l’une des plus policée au monde ? Rien n’est prévu pour les jeunes parents en difficultés, ou plutôt je devrais dire « les jeunes mamans » même si être mère célibataire est extrêmement rare au Japon, extrêmement mal vu, c’est pour cette raison que Midori n’a pas parlé de sa grossesse à ses parents, eux qui avaient de hautes ambitions pour elle, n’écoutant pas ses aspirations. Ils ont aussi plus ou moins coupé les ponts avec leur fils aîné, le père, parce qu’il n’approuvait pas les choix de vie de son fils, la mère, parce qu’elle n’avait pas la force de s’opposer à son mari dans la société patriarcale japonaise. Face à ses événements d’ordre privé, il est aussi les catastrophes naturelles qui ont jalonné leur vie. Le tsunami de 2011 et la catastrophe de Fukushima ont privé les parents de Midori de leurs maisons, de leurs affaires personnelles, de leur outil de travail aussi. Mais « les japonais ne se plaignent pas », mais « les japonais sont résilients ». Non, ils sont plutôt résignés, alors que ceux qui ont été forcés de quitter leur logement en 2011 et furent relogés dans des habitations de fortune vivaient toujours, huit ans plus tard, dans ces logements de fortune. A-t-on des statistiques sur le nombre de japonais qui ont pris la même décision que le père de Midori, c’est à dire le suicide ? Je ne pense pas.

De même, s’intéresse-t-on au système judiciaire japonais, et aux exécutions qui ont encore cours dans ce pays ? Non plus. D’ailleurs, on ne critique pas une décision de justice. Les rares personnes sont la narratrice a lu les témoignages sont pour la peine de mort, surtout pour les personnes qui tuent leur propre enfant. Le paradoxe est qu’ils réclament moins la peine de mort pour ceux qui tuent les enfants des autres. L’idée est qu’exécuter ceux qui maltraitent leurs enfants dissuaderaient d’autres parents de le faire. Jamais ces journalistes, ces blogeurs, ne cherchent à comprendre comment ces parents en sont venus à maltraiter leurs enfants, parce qu’on ne nait pas parents maltraitants. Il ne s’agit pas d’excuser – Midori sait très bien qu’elle n’a pas d’excuses – mais de relever ce qui, dans la société, dans leurs conditions de vie, les a menés à être violents envers leur propre enfant. Je dévie un peu dans mon analyse, mais la narratrice parle aussi des apparences, de ses enfants qui ont à peine à manger chez eux, mais dont les parents ont acheté le portable dernier cri, pour que leurs camarades ne voient pas qu’ils sont en difficultés financières. Ne pas parler, jamais, ne pas se parler aussi : la société japonaise est une société dans laquelle on communique peu : on colle une étiquette sur son portable pour prouver que les pleurs de l’enfant ne gênent pas, mais on ne lèvera pas le nez de son portable pour découvrir que l’on a en face de soi une jeune femme enceinte qui n’ose pas demander une place assise. Les jeunes femmes militent pour ne plus porter de talons aiguilles au travail, c’est le combat social de ces années-là, relayés jusqu’en France par les magazines féminins.

Alors oui, la narratrice nous parle autant d’elle que de Midori, parce qu’elle s’interroge sur la course à l’information, sur les dépêches toutes faites que l’on bombarde d’une rédaction à l’autre, sans chercher à approfondir les sujets, sans se questionner jamais ce qui est important ou pas : non, l’important est d’être le premier au courant, et tant pis pour ce qui se cache véritablement derrière les faits.

Ces 176 sont extrêmement riches de réflexions sur la société japonaise. Les rares personnes qui tentent de faire bouger les choses, comme ce gynécologue qui a installé une tour d’abandon dans l’hôpital où il travaille, pour que les mères puissent abandonner leur enfant (et non les tuer) rencontrent le plus souvent l’opposition de tous. Par comparaison, en France, 700 femmes environ accouchent sous x, ce qui n’est pas possible au Japon – ce même médecin se dit prêt à pratiquer ce type d’accouchement, en dépit des pressions qu’il subit, si cela peut sauver la vie d’un enfant. Midori le dit : si elle avait eu la possibilité d’abandonner ses enfants, elle ne les aurait pas tués. Constat atroce.

Léo & Lili : Les experts de l’invisible Opération Petite souris par Christine Saba

 

éditions Scrineo – 200 pages.

Présentation de l’éditeur :

Ordre de mission « Opération Petite souris ! » :
– Experts : Léo et Lili, Les Infaillibles
– Clients : le Gang des Peromyscus Tenaces, ou GPT (oops…), composé de Marguerite, la Petite souris, Momo, le Vice-Président du club, et Jenny, la taupe anglais
– Mission : sauver le Royaume insoupçonné des souris des dents
– Ennemis : l’horrible rat Razore qui aime se trémousser sur un air diabolique
– Lieu de la mission : le monde du Grand-Dessous
– Savoir-faire non négociable : rapetisser et courir aussi vite qu’une souris
– Dernier délai : avant que la dernière dent ne soit volée.

Mon avis :

Merci aux éditions Srineo et à Netgalley pour ce partenariat.

Nous retrouvons Léo et Lili pour une toute nouvelle mission. Je tiens tout d’abord à rassurer les parents ou les adultes qui se retrouveraient face à ce livre : s’il est une variation sur l’histoire de la petite souris, eh bien, nous la rencontrerons bel et bien dans ce récit, elle et ses auxiliaires. Oui, elle ne peut pas faire tout le travail toute seule, même si elle est très vive, bien plus que Léo qui, selon Lili, est « né sous le signe de la tortue fatiguée ». Si Marguerite (le prénom de la petite souris) leur demande leur aide, c’est parce qu’elle est menacée par un rat fan de musique. Non, je ne plaisante pas, même si cela a l’air drôle, et ça l’est, dans l’absolu.

La magie sera de nouveau à l’oeuvre et le danger sera bien présent pour nos héros, qui ont désormais des tenues parfaitement appropriées à leur statut (voir la couverture pour se faire une idée de leurs costumes). J’ai envie de donner une mention spéciale à Jenny, la taupe anglaise qui se révèlera indispensable pour mener à bien leur mission, et d’autres auxiliaires inattendus. J’accorde une autre mention spéciale aux commentaires de la petite souris en tête de chapitre : elle ne manque ni d’humour, ni de sens de l’observation.

Léo Lili, experts de l’invisible est une très jolie série de littérature jeunesse. 04

Les enquêtes d’Hadrien Allonfleur d’Irène Chauvy

Présentation de l’éditeur : 

Paris – Juin 1865.
Hadrien Allonfleur, capitaine à l’escadron des cent-gardes, est convoqué par l’impératrice Eugénie. Le corps de Marcus Goubert, un homme à qui elle
vouait une amitié sincère, vient d’être retrouvé au pied du glacier des Bossons. Il avait disparu dix ans plus tôt au cours d’une ascension du Mont Blanc.
Il s’agit d’un meurtre et Allonfleur est chargé d’en rechercher les circonstances et l’auteur.
À Chamonix où la saison estivale débute, l’enquête pour traquer un assassin déterminé qui ne s’arrêtera pas à un seul homicide se révélera déroutante
pour le capitaine qui devra compter avec Amboise Martefon, un ex-inspecteur de la Sûreté, dépendant au laudanum et curieusement peu intéressé par
une affaire dont il avait voulu à toute force se mêler.
Viendront les rejoindre, un inspecteur de la sûreté en principe plus rompu aux crimes parisiens qu’à la rigueur du climat chamoniard, et une romancière
aux héroïnes malmenées dans leurs vies bourgeoises, mais sachant mentir avec aplomb.

Mon avis : 

J’ai voulu, pour me distraire, lire un nouveau volume des enquêtes d’Hadrien Allonfleur, parce que je n’ai pas vraiment eu la main heureuse en ce qui concerne la littérature dite « blanche ». En effet, les livres que j’ai choisi racontaient des faits extrêmement durs et surtout extrêmement vrais. Rien de tels que de retourner à mon genre littéraire de prédilection pour oublier une littérature « blanche » qui est extrêmement tragique.

J’ai lu à ce jour les tomes 6 et 7 , j’ai donc pris à l’envers la série, et j’ai voulu savoir comment Hadrien était « avant », avant de devoir partir pour la Réunion, d’y vivre un drame, et de revenir en France chargé de soucis.

J’ai presque envie de dire « il n’était pas tellement mieux d’un point de vue moral ». En effet, Hadrien traine un spleen certain, semble découragé par tout ou presque, en partie à causes des événements qui ont jalonné sa carrière militaire. Il repense sans cesse à la mort de ses camarades, il revoit leur douleur, leur agonie. L’on ne parlait pas encore de stress post-traumatique à l’époque, on mettra fort longtemps à admettre que cela soit possible, pourtant, Hadrien en a tous les symptômes. Pour ne rien arranger, les cadavres s’accumulent autour de lui, sans qu’il parvienne à faire quoi que ce soit pour empêcher ces morts successives : il n’est pas le seul enquêteur sur l’affaire, ou les affaires, comme l’on veut, et l’on ne peut pas dire qu’ils se montrent efficaces face au(x) tueur(s).

Si, dans le tome 7,  Ambroise Martefon se montre combattif, ce n’est pas le cas ici. Le lecteur comprendra au fur et à mesure de l’intrigue pour quelles raisons il est ainsi, et je me suis dit que Hadrien Allonfleur manquait cruellement du sens de l’observation ! Plutôt que « le secret », je dirai même qu’il s’agit avant tout des secrets de Martefon, et Hadrien ira de surprise en surprise en les découvrant.

Quant à Chamonix, cette ville est un décor âpre pour les actes violents qui s’y déroulent. Si l’on est encore loin du tourisme de masse, le lieu commence à attirer les sportifs de tout poil, qui souhaitent se mesurer au Mont Blanc, aventuriers qui paient un lourd tribu à la montagne. La solidarité humaine est alors très forte en cas d’accident – Hadrien le découvrira très vite.

Comme souvent, et comme à l’opéra, le roman montre la défaite des femmes, quel que soit le milieu auquel elles appartiennent, quelles que soient leurs qualités, quel que soit leur âge aussi. Déprimant ? Oui. Même si la société a évolué, et l’on ne peut que s’en féliciter depuis cette époque, force est de constater qu’une femme peut toujours se retrouver à la merci d’un homme violent.