Archive | juillet 2020

Silver Batal et la pierre de coeur de K.D. Halbrook

édition Lumen – 384 pages

Présentation de l’éditeur :

Après avoir échappé de peu aux griffes de la reine Imea, Silver Batal et son dragon d’eau, Hiyyan, sont forcés de fuir la cité royale de Calidia. Traqués par des mercenaires, les deux amis décident de quitter le désert et de trouver refuge au nord du continent. Or ces vastes étendues enneigées sont pleines de danger : elles abritent non seulement de nombreuses créatures des montagnes, mais aussi de féroces dragons des glaces à la morsure empoisonnée.
Parti avec sa dresseuse explorer un glacier truffé de cachettes, Hiyyan se fait attaquer par un dragon belliqueux et tombe gravement malade. Pour lui sauver la vie, Silver est contrainte de se lancer à la recherche d’une des légendaires pierres de cœur de dragon d’eau. Sa quête l’emmène aux confins du pays, depuis les sommets d’une vertigineuse chaîne de montages où vivent les énigmatiques Guetteurs, jusqu’aux petites îles côtières où l’attendent des rencontres surprenantes.

Merci aux éditions Lumen et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

J’ai aimé ce second tome, qui est le prolongement parfait du premier tome. Nous sommes ici loin de Jasparton, dans la neige, le gel et le froid. L’union entre Silver et son dragon d’eau est forte, ils sont accompagnés par Mele et Luap, autre duo dresseur/dragon, même si le relief, le climat, rend les déplacements plus difficiles pour eux. Nebekker aussi est de la partie, avec la mère d’Hiyyan, toujours fidèle au poste. Mele et Nebekker sont davantage des amies que des adjuvantes : oui, elles aident Silver, mais elles ont toutes les deux leur propre quête à mener, qui sont toutes aussi importantes que celle de Silver – différentes, mais pas dévalorisées. L’estime dans laquelle on tient ses amis fait aussi des personnages bien plus riches que celui qui accepte l’aide, et ne donne rien en retour.
Les épreuves sont toujours là, multiples, variées, inattendues. Le danger peut venir de n’importe où, des créatures cachées dans la montagne – rares sont celles qui sont amicales – des êtres humains (qui a bien pu embaucher ces mercenaires ?) et des ennemies déjà indentifiées dans le premier tome, j’ai nommé la reine Imea et Sagittaria Prodigo, qui n’est plus vraiment l’idole de Silver. La championne de course, dans ce second tome, a une position assez étonnante, mystérieuse sur les relations entre les dragons et les humains, et nous pouvons, tout comme Silver, nous interroger sur ce qu’elle entend faire à l’avenir pour ce « lien ». Sagittaria, bien qu’elle soit une grande championne, a encore des rêves, des désirs.
Dans ce second tome, l’aventure est à la fois physique et spirituelle pour Silver. C’est l’occasion pour elle de s’interroge sur ce fameux lien qui l’unit à Hiyyan, et sur ce qu’elle veut véritablement créer avec lui. Plus largement, elle est amenée à s’interroger sur la place des dragons dans la société dans laquelle elle vit, ou plutôt, sur celle que les hommes veulent bien leur accorder. Les Guetteurs, qu’elle a rencontré, détiennent une très large bibliothèque, et lui permet d’en savoir un peu (beaucoup) plus sur les dragons, sur leur histoire, sur Gulad Nakim, qui protégea de son mieux les Aquinders.
Silver Batal et la pierre de coeur est un roman riche et intéressant, à l’univers original. J’espère qu’un tome 3 verra le jour.

Silver Batal et le dragon d’eau de K.D. Halbrook

édition Lumen – 470 pages

Présentation de l’éditeur :

Silver Batal habite une ville fascinante au milieu du désert : perchés à flanc de falaise, des dizaines d’ateliers accueillent les artisans les plus divers – potiers et joailliers, ébénistes et souffleurs de verre. À treize ans, elle est censée travailler dur pour succéder à son père, l’un des bijoutiers les plus renommés de la région. Seul problème ? Son cœur n’appartient pas au désert, mais aux flots de l’océan : elle rêve de participer aux courses de dragons d’eau qui, chaque année, font vibrer le pays tout entier.

Mon avis :

Ce livre est venu enrichir ma PAL pendant le confinement. Je dis bien « enrichir » parce que l’éditeur l’a proposé gratuitement – un beau geste.
La couverture est très belle – oui, je fais partie de celles et ceux qui aiment les belles couvertures – montrant Silver Batal et son dragon. Silver a en effet un rêve : faire comme son idole, Sagittaria Prodigo, à qui elle écrit régulièrement sans susciter la moindre réaction. La jeune fille a une passion pour les courses de dragon, et rêve de devenir dresseuse à son tour. Il faut dire que sa voie est loin d’être toute tracée – pour effectuer ce métier. Sa famille a un passé compliqué et son père a relevé le niveau de son atelier de joaillerie. Il s’attend donc à ce que sa fille reprenne sa succession, comme tous les enfants de Jaspaton avant elle. Oui, tous semblent avoir un destin tout tracé, et ce n’est pas Brajon, son cousin, qui dira le contraire : lui est descendu docilement à la mine quand l’âge est venu de le faire, comme son père avant lui. Costaud, gardant difficilement un secret, il est cependant tout dévoué à sa cousine préférée, c’est à dire Silver.
Deux faits viennent bouleverser l’existence de Silver – ou comment perdre ses illusions sur une personne que l’on admirait, et découvrir que si sa seule amie, Nebekker, ne l’a pas aidée, c’est qu’elle avait effectivement d’autres personnes qui avaient bien plus besoin d’elles que Silver. Quelles personnes ? Deux dragons d’eau, une race « interdite », dont les spécimens sont tous éradiqués – croit-on. Silver est tout de suite ravie :

– Un autre Aquinder, s’émerveilla Silver. Un petit !
Nebekker, elle, n’avait pas l’air particulièrement ravi.
– Oui, si ta définition de « petit » est « à peu près grand comme mon salon »…soupira-t-elle, les mains sur les hanches.

Bien sûr, si l’intrigue s’arrêtait ici, ce serait presque reposant, sauf qu’un accident survient, et que Silver part, avec son cousin Brajon, pour un voyage initiatique qui l’amène à quitter son désert pour la cité royale. Avant d’y parvenir, elle subira plusieurs périls, et pourra compter sur des adjuvants inattendus, prouvant qu’avoir aidé quelqu’un est toujours utile, quoi qu’en pensent certains. Si la jeune fille n’est pas à l’aise dans la cité, elle découvre le milieu des courses, celui où toutes les tricheries ou presque, tous les coups bas sont possibles. Elle fera de belles rencontres, et affrontera de nombreuses péripéties : tous les dangers sont possibles, pour les dragons, mais aussi pour leurs dresseurs. Silver n’est d’ailleurs pas sans s’interroger sur le sort qui est réservé aux dragons, et qui n’est pas toujours des plus appréciables.
Ce premier tome nous permet non seulement de découvrir les protagonistes de l’action, il nous plonge aussi au coeur de l’intrigue.
J’ai enchaîné avec le tome 2.

Police de Jo Nesbo

édition Folio – 671 pages

Présentation de l’éditeur :

Quand un policier d’Oslo est assassiné à la date anniversaire et sur les lieux d’un crime non élucidé, cela n’est certainement pas un hasard. Et lorsque deux autres policiers qui ont participé à des enquêtes infructueuses sont tués à leur tour, c’est une évidence : un meurtrier brutal aux méthodes bestiales rôde dans les rues de la capitale norvégienne.
La police ne dispose d’aucun indice et, pire encore, elle déplore l’absence de son meilleur limier. Mais aujourd’hui, l’inspecteur Harry Hole n’est plus en mesure d’aider ni de protéger quiconque.
Pendant ce temps, à l’hôpital d’Oslo, un homme gravement blessé est dans le coma. Personne ne connaît son nom. Même les policiers chargés de le protéger n’ont pas le droit d’approcher le patient. S’il reprenait conscience, cet inconnu aurait pourtant bien des secrets à révéler…

Mon avis :

Lire les romans dans le désordre, c’est aussi intéressant et utile.

Harry ? Nous ne le retrouverons que tardivement. Non, il n’est pas blessé ou en disgrâce. Vu la manière dont ses anciens co-équipiers parlent de lui, on pourrait presque croire qu’il est mort. Mais non ! Il enseigne parce qu’il fut un excellent policier. Il affirme cependant qu’enquêter est derrière lui. Il ne faut jamais dire jamais.

Tout est dans le titre, ai-je envie de dire : la police enquête sur un tueur en série de policiers. Tous ont un point commun : ils ont enquêté sur des affaires sanglantes, atroces, non résolues, parfois à cause de négligence ou de parti-pris de la police, et ils ont été tués sur le lieu même de leur échec, de la même manière que les précédentes victimes. Si l’objectif du tueur est de mettre la police face à ses responsabilités, à créer des suspicions en ses rangs, c’est finalement assez réussi. Le lecteur découvre un envers du décor pas très reluisant, qui n’épargne personne, surtout pas l’actuel chef de la police, très occupé à masquer ses magouilles, à se servir des petits secrets qu’il a découvert, à mener de front ses affaires d’amour et d’amitié. Oui, ce sont avant tout des « affaires » plus que des « histoires » : les unes profitent aux autres.

Est-ce si facile de quitter la police ? Pas vraiment. Prenons Stale Aune qui se concentre désormais sur ses patients, pour faire plaisir à sa fille, à sa femme qui souhaite mener une vie de famille normale, avec un mari qui rentre à l’heure prévue et ne passe pas son temps à dresser le profil des tueurs auquel il a affaire. Stale n’aime pas cette vie, il est tellement concentré sur lui-même, sur ses contrariétés, sur les dissonances entre sa vie rêvée et sa vie réelle qu’il ne fait pas réellement attention au patient qui est en face de lui. Aune et Harry ont le même problème, la même addiction : les enquêtes tortueuses.

Il y aura, au cours de ce récit, des moments véritablement éprouvants, parce que cette vengeance est aveugle, sanglante, parce qu’elle nous parle aussi de personnes qui sont devenues des victimes et auraient voulu rester des êtres humains comme les autres. Ce récit nous parle aussi de compromissions, pour protéger les siens, de la panique qui peut naître parce que les policiers savent que le pire peut arriver, de harcèlement aussi, ainsi que d’homophobie. Oui, la police norvégienne, sous la plume de Jo Nesbo, est loin d’être irréprochable  Harry Hole ne fait pas exception. Faut-il vraiment s’en étonner ?

Mila, tome 1 : les vérités cachées de Mathilde Aloha

Présentation de l’éditeur :

Chez les Lim-Sherman, l’apparence est essentielle. On ne survit pas dans l’Upper East Side sans donner l’image d’une famille parfaite. Chacun se prête au jeu… Sauf Mila, 19 ans, qui hait les mondanités et n’hésite pas à enfreindre les règles. Finies les études dictées par la pression familiale, la voilà décidée à prendre son envol ! Mais quand elle recroise le regard de Travis, son premier coup de cœur, qui l’a laissée sans nouvelles pendant un an, Mila sent que ce nouveau départ sera plus difficile que prévu… D’autant plus que les paroles d’un inconnu, qui l’a abordée lors d’un gala, la hantent : « Faites attention à vous, ils sont à votre recherche. »
Qui sont-ils et que lui veulent-ils ? Est-elle en danger ?
Mila l’ignore encore, mais une chose est sûre : son monde de faux-semblants est sur le point de s’écrouler.

Merci aux éditions Hachette et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Je ne pensais pas parvenir à lire aussi rapidement ce roman. En effet, même s’il est certaines petites choses avec lesquelles je n’ai pas accroché, j’ai vraiment trouvé le style agréable à lire, très construit, travaillé sans que cela ne soit trop ostentatoire. Bref, les pages se sont vraiment tournées toutes seules.
L’héroïne qui donne son nom au roman, c’est Mila – prénom qui n’était pas celui choisi par sa mère, prénom imposé par les grands-parents paternels, prénom au sens pas très positif en coréen, bref, prénom qu’elle n’aurait jamais dû porter. Mila aurait pu être une pauvre petite fille riche comme il en existe tant à New York, elle est surtout une jeune fille qui souffre de crises d’anxiété à répétition. Ses crises, bien qu’elle soit suivie par un psy, ont donné une autre orientation à sa vie. Surtout… elle entend ce que ses parents pensent d’elle, et elle a interrompu ses études, ne se sentant pas, plus à la hauteur. Et elle l’assume, cherchant et trouvant même un travail, totalement différent de ce que ses parents, ou pire, son milieu, pouvaient attendre d’elle :
 » Puisque je suis une ratée, autant faire honneur à ce statut que peu de personnes ici peuvent se vanter d’avoir.  »
Sa vie sort déjà assez du lot, si l’on ajoute à cela :
– une meilleure amie rencontrée dans des circonstances assez détonantes (j’ai eu du mal avec les retours en arrière) ;
– des menaces qu’elle oublie facilement, ou presque ;
– un amour de jeunesse à qui elle n’a pas osé se déclarer, et qui réapparait dans sa vie.
Travis. Un autre personnage intéressant, qui montre l’envers du métier de mannequin. Je ne parle pas seulement de la nécessité d’entretenir son apparence physique, mais aussi le fait d’être constamment vigilant – le harcèlement, les mains baladeuses, les prédateurs sexuels ne s’attaquent pas seulement aux femmes. Travis est un personnage qui se livre encore moins que Mila, parce que ce qu’il a vécu n’est tout simplement pas dicible. J’ai préféré les chapitres (les plus nombreux) dans lesquels Mila est la narratrice, même si ceux narrés par Travis nous montrent Mila sous un éclairage différent, et donnent envie de dire à Travis à quel point il se trompe sur elle.
Il est bien des mystères dans le récit, le fait, par exemple, que Mila, pourtant attachée à ses origines coréennes, n’en sache finalement pas tant que cela sur ses origines – de manière volontaire, semble-t-il, de la part de sa mère. Celle-ci est une artiste, dont l’oeuvre ne convint pas vraiment sa fille. Beaucoup de choses dans ce livre, beaucoup d’éléments, mais je regrette que ce qui nous était annoncé dans le quatrième de couverture, à savoir les avertissements reçus par Mila ne soient pas davantage au cœur de l’intrigue, au contraire de la relation Mila/Travis. On aura beau me dire qu’il ne faut pas lire les quatrièmes de couverture, ils sont tout de même là pour donner envie de lire un livre, et il n’y pas beaucoup d’autres moyens pour s’informer sur le contenu d’un récit.

Sous le soleil de Key West de Priscilla Oliveras

édition de l’Archipel – 320 pages

Présentation de l’éditeur :

Sara, influençeuse mode et beauté sur les réseaux sociaux, a un problème. Et de taille ! Elle doit rejoindre sa famille à Key West pour les vacances. Mais son petit ami lui fait faux bond au dernier moment. Comment dès lors affronter les questions de ses frères – et de leurs épouses si parfaites – et de ses parents ? Qui tous s’attendaient à rencontrer le futur époux de la petite rebelle de la famille… Et si Luis, ce beau sapeur-pompier en congés forcés rencontré sur le tarmac de l’aéroport, se transformait en gendre idéal ? Voilà la bonne idée de Sara – ou pas… Après tout, pourquoi les rêves ne se réaliseraient-ils pas sous le soleil de Key West ?

Merci aux éditions de l’Archipel et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Sous le soleil de Key West
est une romance à la fois classique et différente. Classique, parce que j’ai pressenti le dénouement dès la lecture du résumé. Ne venez pas me dire que je spoile : quand on lit une romance, on a des attentes, et l’on sait très bien ce qui est le plus probable de survenir (je voyais mal Sara avoir une relation avec la soeur de Luis. Note : cela changerait). Le tout est de savoir comment les choses allaient se dérouler. Différente parce que ce roman aborde des thèmes que peu de romances abordent. La famille, d’abord, rarement mise en avant. Que ce soit celle de Sara ou celle de Luis, elles ont un point commun : tous les enfants ou presque ont fini par suivre la même voie professionnelle que leurs parents, comme si un autre choix était impossible. Sara, influenceuse mode, est l’exception, pour ne pas dire le vilain petit canard de sa famille de médecin. Elle a développé des troubles alimentaires, qui, en dépit des soins, lui empoisonnent un peu la vie, et les rapports qu’elle peut avoir avec sa famille – sujet rarement traité sur ses conséquences à long terme, comme dans ce livre.

Alors oui, il est des passages attendus que l’on trouve dans toute romance. Il est aussi des moments plus singuliers où Sara tente de se rapprocher de sa soeur, lui disant enfin ce qu’elle a sur le coeur, sans craindre les réactions de Robyn. Je me dis que cette dernière, brillante chirurgienne, a elle-aussi des choses à régler : sa mère a sacrifié une partie de sa carrière pour l’élever, aussi a-t-elle toujours voulu être au top de sa profession, et n’a-t-elle pas d’enfants (pour ne pas reproduire ce qu’a fait sa mère ? Elle ne creuse pas (encore) le sujet).

Et Luis ? A force de se protéger contre toute forme d’attachement, il en est venu à s’isoler complètement, sauf quand il s’agit d’aider les autres. Cela fait beaucoup, sauf qu’il a fallu, finalement, sa rencontre avec Sara pour qu’il pense enfin à cesser de s’isoler.

Sous le soleil de Key West est décidément un roman agréable à lire – et pas seulement l’été.

L’été des fleurs sauvages de Kathryn Taylor

édition l’Archipel – 336 pages

Présentation de l’éditeur :
Zoé fait face à une décision difficile : une opération chirurgicale à haut risque peut lui sauver la vie.
Sur un coup de tête, elle décide de retourner à Penderak, station balnéaire des Cornouailles où elle a passé, adolescente, les plus beaux étés de son existence – et connu un drame.
Quatorze ans ont passé. Pour la trentenaire encore célibataire, il est temps de lever le voile sur le cauchemar qu’elle a vécu. Et de revoir Jack, qu’elle n’a cessé d’aimer. De s’imaginer vivre à ses côtés.
Mais les ombres du passé peuvent resurgir à tout moment…

Merci aux éditions de l’Archipel et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

J’ai lu plusieurs romans « feel good », « romance » récemment, et celui-ci est mon préféré. Pourquoi ? Zoé, l’héroïne, est à un tournant de sa vie, un tournant qui n’est pas de son fait : elle doit subir une intervention chirurgicale lourde, et même si elle la subit le plus rapidement possible, des séquelles sont toujours possibles. Par expérience familiale, je note le soin et le réalisme avec lesquels la pathologie dont est atteinte Zoé est décrite, ainsi que ses conséquences possibles. Le ton est donné : la romance restera de bout en bout crédible.

Pour Zoé, le temps est compté, et pour elle, il est temps de savoir enfin ce qu’il est arrivé à son frère aîné, Chris, la nuit où il est mort. Accident ? Suicide ? Quatorze années ont beau avoir passé, la douleur est toujours là, moins fréquente, mais présente, et Zoé sait que c’est sans doute sa dernière chance pour savoir. Pour cela, elle retourne sur les lieux où elle a été heureuse, avant, sur les lieux aussi de son premier grand amour, qui s’est interrompu aussi avec la mort de Chris. La réussite professionnelle (après ses études, Zoé a pris la place qu’aurait dû occuper son frère dans la société familiale) et personnelle (elle est sur le point de se marier) n’ont pas comblé le vide laissé par Chris, doublé par l’incertitude. Oui, Zoé est allée de l’avant – pour ne pas dire qu’elle a fui en avant.

Vivre avec cette douleur, c’est ce qu’elle a fait, quatorze ans durant, presque comme si c’était un secret. Aussi va-t-elle continuer, un peu, en trouvant un moyen de retourner sur les lieux de son enfance. Le temps ne s’est pas arrêté non plus pour les personnes qu’elle a connues à cette époque. Rose, la soeur de Jack ? Elle est divorcée, elle élève sans le soutien de son ex-mari ses trois enfants, mais elle est très entourée par sa famille et elle a conservé des ambitions créatrices, qu’elle développe de son mieux, dans cette station balnéaire des Cournouailles où elle a toujours vécu. Et Jack ? Oui, il est le personnage attendu de toute romance, le grand amour qui revient. Comme pour sa soeur, comme pour Zoé, sa vie ne s’est pas arrêtée quatorze ans plus tôt : il a vécu au Canada, il n’a pas complètement accompli ses ambitions professionnelles, il s’est marié, a eu un enfant, a divorcé, et après la mort de son ex-femme, est revenu au pays avec son fils. Lui aussi a des choses à régler avec son passé. Oui, le retour de Zoé tombe à point.

J’ai aimé les personnages sympathiques, parce que pas manichéens qui composent ce roman. Ils ne sont pas lisses, leur trajectoire n’est pas fluide, ils vivent avec leurs erreurs, avec la nécessité d’assumer le quotidien, de prendre soin de ceux qui dépendent d’eux aussi – au sens large du terme. Il est des péripéties qui aboutissent à des changements, il en est d’autres qui se referment sur des impasses. Il est des parents qui pensent faire pour le mieux pour leurs enfants, pour préserver leur avenir – et qui se trompent aussi. Il est question des normes sociales, et de son contraire : la difficulté à assumer les différences, quelles qu’elles soient.

Ce roman est crédible parce que ce qui est arrivé aurait pu arriver à n’importe qui, sans exagération ni invraisemblances. Les thèmes qui parcourent ce roman sont des thèmes forts, certains très actuels, d’autres plus intemporels. S’il n’est pas trop tard pour infléchir le cours de sa vie, cette oeuvre nous rappelle que la vie est courte, et que c’est à nous d’en faire ce que nous voulons vraiment.

Serpent et séduction, Agatha Raisin tome 23 de MC Beaton

édition Albin Michel – 306 pages.

Présentation de l’éditeur :

Agatha Raisin tombe une nouvelle fois amoureuse ! Cette fois, elle a jeté son dévolu sur George Marston, un jardinier récemment arrivé à Carsely. Hélas, elle n’est pas la seule à lui faire les yeux doux. Alors, pour être sûre de ne pas rater sa cible, Agatha a une idée : organiser un bal de charité rien que pour pouvoir danser avec George et qui sait, le séduire… Mais son beau projet tourne au fiasco lorsque, ne voyant pas venir l’objet de ses fantasmes, elle le retrouve raide comme un bout de bois, la tête dans un sac rempli de serpents, baignant dans le compost. Aussitôt, les rumeurs se répandent et les langues de vipères aussi : George avait fait plus d’une conquête et… de nombreuses jalousies. À Agatha de jouer… et de se trouver un nouveau fiancé !

Mon avis :

En chroniquant ce titre (j’ai interverti le 22 et le 23, tant pis), je me dis qu’Agatha constitue une exception dans mon parcours littéraire. J’ai découvert Agatha à la bibliothèque, en anglais, avec le tome 18, j’ai reçu les deux premiers tomes en service de presse, et depuis, j’ai lu la série en entier et dans l’ordre ! Cela fonctionne aussi parce que les tomes sont disponibles, et j’espère qu’il en sera de même pour les huit (approximativement) derniers titres.

Quoi de neuf dans les Costwolds ? Et bien, presque rien ! Agatha est amoureuse, et pour une fois, elle semble prête à oublier James. « Semble » bien sûr. Surtout, ça y est, elle n’en peut plus, elle a assez travaillé, elle a bien l’intention d’arrêter son agence de détective et de se consacrer uniquement au beau George, son nouvel amoureux, un jardinier nouvellement arrivé à Carsely. Jamais Agatha – et nous savons très bien depuis le début de la saga qu’elle n’a pas la main verte – n’a eu un jardin si bien entretenu ! Que demander de plus ? Las ! Elle ignore des faits que sa meilleure amie Mrs Bloxby, toujours aussi charmante, capable de renvoyer doucement dans les cordes Mr Bloxby quand il se plaint que son petit déjeuner n’est pas prêt, connait pertinemment : George butine à peu près dans tous les jardins. Ce que l’une et l’autre ne peuvent deviner, cependant, c’est que George se ferait assassiner ! Ni une, ni deux, Agatha, qui pensait le séduire lors d’un bal de charité qu’elle avait organisé (Agatha reste une organisatrice hors pair), reprend le cours de sa vie professionnelle et se lance dans l’enquête pour démasquer l’assassin de George, le jardinier.

Oui, toutes les femmes étaient folles de George, toutes ou presque. Reste à savoir laquelle pourrait avoir voulu le tuer – non, pas toutes, cela ferait toujours beaucoup. Cependant, j’ai l’impression que les enquêtes d’Agatha suivent des schémas établis, que l’on retrouve des passages obligés, ou presque. Les errances sentimentales d’Agatha vous lassent ? N’hésitez pas à suivre les deux jeunes membres de l’équipe, Toni, qui s’efforce d’avoir le plus possible les pieds sur terre, et Simon, qui est tombé amoureux d’une actrice séduisante et envoûtante. Toni et Simon ont beau avoir le même âge, Toni est nettement plus mature, plus lucide que lui, et passe son temps à tenter de lui ouvrir les yeux (à croire que tout ce qu’a vécu Simon ne lui a pas servi de leçon) et à le sauver également. Nous retrouvons aussi sir Charles, qui n’en finit plus de se trouver une fiancée, Roy, toujours plus ou moins proche d’Agatha, Billy Wong. Comme souvent, Agatha frôlera la mort – et trouvera que la police, ou les témoins, tardent franchement à lui venir en aide, à elle, et à ceux qui sont menacés parce qu’ils ont enquêté avec elle. Être détective dans les Costwolds n’est pas de tout repos.

Depuis quelques volumes, l’enquête prend son temps, et se déroule sur plusieurs mois – nous voyons le passage des saisons, nous voyons aussi un procès se dérouler, fait rare dans les enquêtes d’Agatha. Nous voyons aussi une longue épilogue, qui montre une Agatha plus déterminée qu’elle ne l’était au début du roman à poursuivre sa carrière de détective.

La passe-miroir, tome 3 : la mémoire de Babel de Christelle Dabos

édition Folio – 567 pages

Présentation de l’éditeur :

Thorn a disparu depuis deux ans et demi et Ophélie désespère. Les indices trouvés dans le livre de Farouk et les informations livrées par Dieu mènent toutes à l’arche de Babel, dépositaire des archives mémorielles du monde. Ophélie décide de s’y rendre sous une fausse identité.

Mon avis :

J’ai mis moins de temps entre la lecture du tome 2 et 3 qu’entre celle du tome 1 et 2. Heureusement, parce que, sinon, je me serai perdue à nouveau.
Trois années sont passées, trois années pendant lesquelles Ophélie a été surveillée par les doyennes, dans l’impossibilité de faire ce qu’elle aimerait tant faire : partir à la recherche de Thorn. Elle ne peut pas non plus voir Victoire, sa filleule, qui se porte bien et a (forcément) déjà trois ans. Aussi, quand l’occasion lui est enfin donnée de partir et de se rendre sur l’arche de Babel pour tenter de le retrouver, elle n’hésite pas. Simplement, elle s’engage seule, pour ne mettre personne en danger.
C’est à nouveau un univers complexe, et différent de ce que le lecteur a pu découvrir dans les tomes précédents que nous voyons ici. Il est question de mémoire, surtout celle qui a été perdue, par les hommes, mais aussi par les esprits de famille. Il est question de ce que l’on souhaite conserver, mais aussi détruire, pour que la mémoire de certains faits se perde définitivement. Vertigineux ? Oui, parce que même si nous sommes dans un univers de fantasy, il est cependant évident, et possible qu’une telle société puisse exister – on a déjà brûlé des livres parce qu’ils ne convenaient pas.
Ophélie est partie sur Babel, et vivra de nouvelles, de nombreuses épreuves. Si j’ai des regrets, c’est le fait de ne plus vraiment voir des personnages auxquels je m’étais attachée dans le second tome. C’est aussi le fait que d’autres ressortent totalement fracassés de cette aventure, non du fait d’Ophélie, mais des événements qui se déroulent et qu’elle tente d’empêcher. Et si je dois retenir autre chose de la lecture de ce roman, c’est aussi qu’à force de dire que tout va bien dans la meilleure société possible, l’on finit par le croire.

La cave aux poupées de Magali Collet

édition Taurnada – 224 pages

Présentation de l’éditeur :

Manon n’est pas une fille comme les autres, ça, elle le sait depuis son plus jeune âge.
En effet, une fille normale ne passe pas ses journées à regarder la vraie vie à la télé.
Une fille normale ne compte pas les jours qui la séparent de la prochaine raclée monumentale…
Mais, par-dessus tout, une fille normale n’aide pas son père à garder une adolescente prisonnière dans la cave de la maison.

Préambule :

Tout d’abord, je tiens à remercier Joël, des éditions Taurnada pour ce partenariat, et aussi à présenter mes excuses pour le retard. En effet, j’ai reçu ce livre juste avant le confinement et… comment dire ? Il fut tout sauf facile à lire, encore moins à chroniquer.

Mon avis :

Manon. Est la narratrice de ce roman. Manon. En fait, nous n’apprendrons son prénom que tardivement, parce que personne ne se donne la peine de l’appeler par son prénom. Manon vit seule avec son père, qu’elle nomme « Le Père ». Elle n’a pas de contact avec le monde extérieur, sauf si l’on prend comme un contact le soir, quand son père rentre de son travail. Elle regarde la télévision, c’est un « contact », si l’on veut. Ses journées ? Tenir la maison. Se remettre de la dernière raclée affligée par son père. Prendre soin de la fille qui est retenue prisonnière dans la cave, avant que celle-ci ne rejoigne celle qui l’a précédée – sous le tilleul.
Ce n’est pas le style qui rend le livre difficile à lire, non, le livre est très bien écrit, nous sommes vraiment avec la jeune fille, avec son Père, aussi, qui n’a de Père que ce titre que lui donne Manon. Je ne veux même pas écrire qu’elle est sa fille, non, elle est sa victime, presque comme les autres. Ce qui le rend difficile à lire est véritablement les faits qui nous sont racontés, tant j’ai eu l’impression de me retrouver enfermée avec Manon, avec la prisonnière aussi : un huis-clos, littéralement. Elle n’a jamais rien connu d’autres que cette existence, à la fois bourreau et victime. Il est impossible de ne pas ressentir de la compassion pour elle, elle qui est, finalement, sa première victime.
Pas de pathos, pas de fioriture dans le style ou dans la narration. Pas de complaisance non plus ou de voyeurisme: le récit n’est pas plaisant, il n’y a pas d’admiration ou d’excuses, à aucun moment pour le tortionnaire – oui, je renonce à dire « le Père ».
Ce récit m’a amené aussi à m’interroger, aussi : comment une telle vie est-elle possible ? Comment se fait-il que rien n’ait transparu ? Bien sûr que je me doute que c’est possible mais cela n’empêche que ce récit est effrayant et effroyable.
Je terminerai ma chronique en disant : gardons les yeux ouverts, ne détournons pas le regard. Plus facile à écrire qu’à mettre en oeuvre.

Le Mage noir de Magicville de Stéphanie Lagalle

Présentation de l’éditeur :

Dans le nouveau tome, les jumeaux Camille et Thibault poursuivent, très heureux, leurs vacances chez leurs grands-parents dans cette petite ville bien particulière qu’est Magicville. Durant le mois de juillet, ils ont aidé les habitants du village à venir à bout des maléfices de la sorcière Démonia. Le mois d’août s’annonce tout aussi passionnant. Les enfants sont désormais accoutumés aux surprises quotidiennes de Magicville. Ils fêtent aujourd’hui leur anniversaire. À cette occasion, toute la famille est réunie. Après les festivités, une chose curieuse se produit… les habitants découvrent que les maisons disparaissent les unes après les autres. Les protecteurs de la ville ainsi que les enfants décident de retrouver leur trace…tout en magie.

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier l’auteure pour sa confiance.
Vivre à Magicville, ce n’est pas de tout repos, mais alors vraiment pas. Pourtant, avec ce qu’ils ont affronté dans le premier tome, les jumeaux Camille et Thibault avaient bien mérité un peu de repos, des vacances, ou, tout du moins, pouvoir tranquillement découvrir la vie à Magicville et leurs pouvoirs. Et bien non, sauf au tout début du roman. Ils ont le temps de célébrer leur anniversaire, de profiter de leur famille, et voilà qu’un nouvel ennemi arrive en ville, ou plutôt, qu’un nouvel ennemi fait disparaître une partie de la ville, plus précisément les commerces.
J’ai aimé lire ce roman de littérature jeunesse empli de magie. J’ai aimé que Camille et Thibault se fassent un nouvel ami, Lémy. Celui-ci les aidera dans leurs nouvelles aventures, mais surtout, ils créeront véritablement des liens avec lui : un ami, c’est bien plus qu’un adjuvant.
Pourquoi les méchants sont-ils aussi méchants ? Après la sorcière Démonia, c’est au tout du mage Astragon d’en vouloir à la ville. Oui, le lecteur saura pourquoi, il comprendra aussi à quel point son désir de vengeance est démesuré ! Quant à Caramol, le chat du mage, il suit la volonté de son maître, tout en étant reconnaissant, aussi, de ne pas avoir à trouver de nouveaux plans, mais à simplement les appliquer. J’ai aimé aussi le fait que l’objectif de Camille, de Thibault et des leurs soient avant tout de corriger, de remettre sur le chemin du bien plutôt que de punir : la magie peut aussi servir à cela.
Le Mage noir de Magicville : un roman de littérature jeunesse attachant.