Archive | mars 2018

Un Noël en Sicile d’Anne Perry

Mon avis : 

Oui, je sais, je lis ce récit alors que nous sommes à la veille de Pâques. Le hasard des lectures.
Je connais peu le personnage principal de ce récit, qui se trouve être le frère d’Hester, la compagne de Monk. James a l’impression d’avoir tout raté dans sa vie, et, après son veuvage, il part trois semaines en Sicile, pour se ressourcer, dirait-on de nos jours. J’ai eu peu l’impression que nous nous trouvions en période de Noël, d’ailleurs, si ce n’est dans les dernières lignes du texte. Nous assistons plutôt à des vacances sur une île pas vraiment paradisiaque, mais en tout cas reposante.
Enfin, cela dépend des personnes que l’on croise. Comment réunir dans un endroit aussi isolé, aussi loin de la Grande-Bretagne, des êtres qui ne peuvent pas s’entendre ? Nous avons un colonel, sans que l’on sache s’il a gagné ses galons sur un champ de bataille ou s’il les achetés. Nous avons un couple qui ne s’entend pas, même si Isla se garde bien de se comporter autrement que ce que l’on attend d’une lady, un auteur, qui semble bien loin de l’univers qu’il a crée, Candace, enfin, seule au monde, si ce n’est son grand-oncle, son tuteur, qui n’a rien d’un barbon et prend le plus grand soin de la jeune fille de quatorze ans.
Ce n’est pas qu’un crime survient, non – enfin, pas tout de suite. C’est plutôt que le volcan entre en éruption, permettant à quelqu’un(e) de supprimer un gêneur. Qui gênait-il ? Peut-on enquêter alors que d’autres vies sont en danger ? Il vaut mieux, si l’on ne veut pas être la prochaine victime.
J’ai trouvé que le mobile arrivait un peu comme un cheveu sur la soupe – pour moi, ce n’est pas vraiment la victime qui aurait dû avoir cette preuve entre les mains, j’ai eu l’impression de rater quelque chose.
Un Noël en Sicile est un livre agréable à lire, sans plus.

Le voyage de l’âne d’Isabelle Grelet

Présentation de l’éditeur :

L’âne se morfond dans la ferme… Il lui manque quelque chose. Mais quoi ? Après avoir réparé la vieille camionnette, il partira en voyage espérant trouver ce qu’il cherche.

Mon avis :

Un âne s’ennuie, dans une ferme modèle et pimpante. Tous les jours sont les mêmes. Il rénove donc une camionnette, abandonnée, mais il n’est pas seul. C’était son projet, si ce n’est que d’autres animaux sont venus lui proposer leur aide et qu’il a accepté, tout comme il a accepté qu’ils partent avec lui.
Si cet album comporte un message, c’est qu’il faut oser quitter sa routine, vivre ses passions, quelle qu’elle soit. Il faut aussi se dire que les choses que l’on fait sont toujours plus belles si elles sont partagées. Bref, le message de cet album est relativement positif.
Un dernier mot sur les couleurs chatoyantes, qui s’imbriquent les unes les autres, un peu floues, comme quand on regarde la mer à l’horizon : elle participe au message chaleureux transmis par ce livre.

Coiffeur pour Dames de M.C. Beaton

Mon avis :

J’ai bien aimé le tome 7, et je bloque au tome 8 (heureusement, c’est le 7 que l’on m’a offert pour mon anniversaire).
J’ai eu l’impression de tourner en rond dans ce roman. Après Agatha se lance en cuisine, Agatha se rend chez le vétérinaire, Agatha fait de la randonnée, Agatha fait du jardinage, Agatha part en vacances, nous avons Agatha va chez le coiffeur, ce qu’elle semble n’avoir jamais fait jusqu’à présent – ou, du moins, pas à une telle fréquence. Je n’ai pas l’impression qu’une bonne coupe de cheveux nécessite un tel entretien, à croire qu’Agatha est incapable de se coiffer elle-même. Note : le salon star ne semble pas si star que cela, puisqu’elle parvient toujours à avoir un rendez-vous et à se faire coiffer par le coiffeur vedette, chouchou de ses dames.
Il faut dire qu’Agatha s’ennuie ferme. Elle est seule, elle est une jeune retraitée, elle se sent délaissée, par James, par Charles, par ses amis, par ses amies, donc elle va chez le coiffeur et cherche à enquêter sur des suspicions de chantage. Il se faut bien occuper.
J’ai trouvé l’intrigue répétitive, très répétitive, un peu comme si Agatha n’avait jamais vécu toutes les aventures précédentes.
Je vais attendre un peu avant de lire la suite.

Apprendre à devenir adulte de Lisa Henry

Présentation de l’éditeur : 

Nick Stahlnecker a dix-huit ans et n’est pas prêt à grandir pour le moment. Il a un emploi d’été, un cas de panique existentielle et un crush sans espoir sur l’inaccessible Jai Hazenbrook.

Merci à Netgalley et aux éditions MxMBookmark pour ce partenariat.

Mon avis :

Laissez-moi vous présenter monsieur Catastrophe alias Nick. Non, je n’exagère pas. Nick a beau avoir dix-huit ans, il est très peu mature. Il est à la fois geek et gay. Oui, voici une des originalités de ce roman : Nick est gay, il en est sûr. Il fantasme même largement sur un de ses collègues. Oui, quand son père lui avait dit de devenir adulte, il ne pensait pas que cela signifierait pour son fils se faire prendre en flagrant délit avec un autre homme sur son lieu de travail – entraînant ainsi deux licenciements par la même occasion.
Nick ne vit pas les choses si mal que cela, ce licenciement n’a pas autant d’impact pour lui que pour Jai – deux adultes majeurs et responsables. Nick a bien l’intention de poursuivre son parcours vers l’âge adulte, parcours amoureux et sexuel plutôt que professionnel.
Le langage est souvent familier, certaines scènes sont décrites sans détour. Non, le livre n’est pas à réserver à un public averti, il est une romance gay décomplexée. Il devrait plaire à ceux qui sont de l’âge de Nick et Jay, un peu moins à ceux qui, comme moi, ont le double.

 

Emily, tome 2 : le miroir magique d’Holly Webb

Présentation de l’éditeur : 

Emily est heureuse de connaître la vérité sur sa naissance, mais elle souffre de ne pouvoir accéder au monde magique. De plus, une petite fée semble l’appeler désespérément à l’aide. Alors que le monde des fées est devenu trop dangereux, pourra-t-elle partir à son secours ?

Mon avis : 

Ce tome 2 me laisse un peu sur ma faim. En effet, j’ai eu l’impression de lire un vaste chapitre d’un très grand livre plutôt que de lire un tome à part entière. J’aime les séries qui ont de l’ampleur, moins celle qui resserre leur univers sur cent cinquante pages.
Cependant, cette série a des qualités. Le lecteur peut se sentir proche d’Emily, qui a découvert une partie de ses origines et a très envie de retrouver le monde magique. Elle a du mal à trouver sa place dans cette famille aimante et magique, elle doit lutter contre un environnement pas vraiment serein au sein de son école – je trouve d’ailleurs les élèves de son établissement un peu manichéens, comme s’il était impossible de créer des personnages de littérature jeunesse plus nuancés.
Deux tiers, un tiers : il faut véritablement attendre ce dernier pour entrer à nouveau dans le monde magique, monde dont la magie n’a d’égal, parfois, que la cruauté. Il semble que seuls les parents d’Emily soient les seuls êtres puissants réellement sympathiques de ce monde dans lequel, finalement, ils ne vivent plus. Au final, c’est plutôt le monde magique qui entre dans le monde réel. Pour quelles conséquences ?

Daisybelle de Max Obione

Présentation de l’éditeur :

Villers, Normandie, années 1950.
En vacances, le jeune Louis s’évade sur sa bicyclette, bien content d’échapper aux tâches ménagères. Il rencontre un vieil homme bourru, le père Carillon, passionné par le Tour de France et par son superbe side-car Daisybelle.

Mon avis :

Ce roman de littérature jeunesse peut déstabiliser un peu, parce qu’il nous parle d’un temps que les moins de soixante-dix ans ne peuvent pas connaître, même s’il existe encore de jeunes fans du Tour de France.
Louis est en vacances, sous la haute surveillance de sa grande soeur qui est féministe bien avant l’éclosion du féminisme – les femmes fortes ont toujours existé. Il s’ennuie un peu/beaucoup, et sympathise avec son voisin, un peu loufoque. Ils partagent tous les deux une passion pour le vélo, et le père Carillon lui propose de l’emmener suivre une étape du tour.
Ce serait tout simple, si des incidents ne survenaient sur cette étape, incidents qui prennent un tour tragique. Louis et son ami se retrouvent bien malgré eux mêlés à ceux-ci.
Peu vraisemblable ? C’est aussi ce que disent les petits enfants de Louis, parce que, dans une partie du récit, nous retrouvons Louis, cinquante ans après cet été inoubliable, en train de le conter à ses petits enfants. Cette double narration, entre adolescent qui s’ennuie et grand-père qui s’amuse, est une des originalités de ce roman. Le second trait remarquable est de nous rappeler que notre époque n’a pas inventé grand chose :le dopage existait déjà à cette époque.
N’oublions pas Daisybelle, personnage entièrement à part de ce roman, moyen aussi de regarder le présent alors que le passé n’a pas été des plus joyeux.

 

 

Album sur les souris

En cette journée spéciale du huitième anniversaire d’Annunziata, voici une journée consacrée aux albums sur les souris.

La famille Souris est composée de dix souriceaux, leurs parents et leurs grands-parents, soit quatorze personnes. Cette journée d’été est consacrée à un loisir : tous les souriceaux se rendent à la mare des libellules. Ils vont s’amuser, certes, mais ils vont aussi observer toutes les insectes, notamment les libellules qui les ont accompagnées jusqu’à la mare. Il ne s’agit pas de montrer une « sortie éducative », simplement d’inviter à contempler les beautés de la nature, que l’on ignore trop souvent.
La tonalité dominante de cet album est le bleu-vert, lumineux et tendre. Les souriceaux sont tous unis, et les plus âgés prennent soin des plus jeunes – poupées comprises.
L’album se termine par le repas du soir, qui permettent aux trois générations d’échanger réellement sur ce qui a été vécu.


Le premier contact avec les personnages, ce sont leurs silhouettes sur un fond sablé/marbré. Elles sont aveugles. Elles sont montrées en couleur sur fond noir. Chacune a une couleur différente. Les sept souris se retrouvent toutes les sept face à un nouvel être, qu’elles ne parviennent pas à identifier. Chaque jour de la semaine, chaque souris tente de découvrir ce que peut être cette « masse » qui s’est installée devant elles. Et la toute dernière souris escalade et « montre » aux autres ce qu’elles percevaient uniquement de manière parcellaire. Elles avaient toutes raison, chacune à leur manière. Il n’est pas si fréquent de lire un album qui traite du handicap.

Je terminerai par 

 

Le château des souris est situé dans le château même, puisqu’il s’agit d’une maison de poupée. Les parents sont charmants, les souriceaux parfois maladroits, attachants toujours. Aussi, quand la maison de poupée, bien abîmée, est retirée du château, la famille doit trouver un nouveau lieu pour se loger. Pas facile, cependant, quand on veut, on peut (beaucoup) et de jolies surprises peuvent finalement survenir.
Les dessins sont soignées, les couleurs fraîches et variées, cet album est hautement recommandable.

Voici un album très mignon et pas forcément très connu. Ce n’est pas la célèbre famille souris d’Iwamura qui est mise en scène, mais une autre famille de dimension plus modeste, à savoir les parents et les sept souriceaux. le sujet de l’album est de se rendre au bord de la mer et de nager pour la première fois. En père responsable, monsieur souris conçoit des bouées pour chacun de ses souriceaux. Tout ne se passera pas vraiment comme prévu, ce qui ne veut pas dire que les sept souriceaux seront imprudents.
Les dessins, où le bleu domine, sont très soignés. A la plage, ou dans les transports en commun, ce sont toute sorte d’animaux que nous croisons.
Un album aux couleurs douces à faire découvrir.

My absolute darling de Gabriel Tallent

Présentation de l’éditeur :

A quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.

Merci à Léa et aux éditions Gallmeister pour ce partenariat.

Mon avis : 

Ce livre est dense, touffu, étouffant. Un livre qui, tant que l’on ne se plonge pas dedans, pourrait sembler banal.

C’est l’histoire d’une gamine, élevée seule par son père. Une gamine sous l’emprise d’un manipulateur mental, parce qu’elle n’a connu que cette situation. Ce n’est pas qu’ils sont seuls au monde, c’est qu’il l’a maintenue seule au moindre. Ce n’est pas qu’elle ne voit pas comment s’en sortir, c’est qu’elle n’a pas conscience qu’elle puisse vivre une autre vie que celle-là. Turtle est littéralement enfermée sur elle-même, avec des principes, des valeurs qui lui sont inculqués par la violence, physique, morale, souvent insoutenable. J’en ai pourtant lu, des livres, j’ai rarement vu des personnes sous l’emprise d’une autre aussi bien décrite. Sans démonstration, sans effet de manche, nous voyons comment Martin parvient à esquiver toutes les personnes qui, à un moment ou à un autre, aurait pu se préoccuper du sort de Turtle. Elles ne sont pas si nombreuses, à vrai, parce qu’il donne juste ce qu’il faut, dans sa posture de père préoccupé de sa fille unique en échec scolaire.

L’amour, l’intérêt, un abandon apporte une modification dans la vie de Turtle, un point de bascule qui lui signifie que son existence peut être autre puisqu’elle prend conscience de l’anormalité de celle-ci, même s’il lui faudra un vrai regard rétroactif pour parvenir à se rendre compte de l’emprise qu’elle a subi. Jacob, ce jeune lycéen qu’elle a croisé au cours de ses pérégrinations dans les forêts de la Californie du Nord. Au passage, oubliez tout ce que vous connaissez des clichés sur la Californie. La nature est belle, la nature est riche, la nature est cruelle : la somptuosité des descriptions cache mal à quel point elle peut l’être. Jacob et Turtle pourront le dire, entre autre chose.

Premier roman, littérature américaine, ce roman se joue des étiquettes pour être, à mon avis, un des événements littéraires de cette année 2018.

Vampire, ça craint (grave) de N.M. Zimmermann

Présentation de l’éditeur :

Super-héros, il avait déjà donné. Et voilà que Timothée Lafarge, onze ans, se retrouve transformé en… vampire !
Ses nouveaux pouvoirs, il s’en serait bien passé : baver comme un saint-bernard à cause de ses dents qui poussent, prendre feu dès qu’il voit la lumière du jour, être harcelé par les filles du collège pour son charme vampirique, dormir dans un cercueil plein d’échardes, manger à la banque du sang… Il n’y a pas à dire : vampire, ça craint (grave).

Mon avis :

Faites découvrir ce livre à tous les fans de vampires, vous m’en direz des nouvelles ! En effet, Timothée a le privilège d’expérimenter ce que vivre dans la peau d’un vampire veut dire et ce n’est pas drôle du tout. Du haut de ses onze ans, il peut même vous prouver, films à l’appui, que la vie des vampires est nettement moins drôle que celle des chasseurs de vampire.
Logement, vie quotidienne, nourriture, vêtements : tout est passé au crible par cet ado dont les parents veulent à tout prix qu’il mène une vie normale. Ce n’est pas dans le but de rendre leur enfant autonome, non, c’est aussi un peu d’indifférence : les parents de Timothée pensent au coût financier, et à leur tranquillité. Alors si leur fils, qui a tout de même une forte tendance à refuser toute forme d’efforts, voulait bien vivre de son mieux cette situation hors-norme, ce serait sympa.
Ce qui est amusant dans ce livre est qu’être transformé en vampire et continuer à être scolarisé semblent normal. On veille discrètement à ce qu’il ne morde pas ses petits camarades, il a droit à ses casse-croûtes sous forme de poche de sang et peut même, à son corps défendant, participer à des activités sportives. L’éducation nationale est bien faite, non ?
Timothée peut être parfois agaçant, tout comme ses parents. Je me suis même dit que cet ado si amorphe était plutôt dynamique dans ses revendications, dans une famille pas véritablement unie. Le temps de se parler, plutôt que de s’écouter parler et de s’abîmer devant la télévision, voici ce qui manque réellement à Timothée.

Qui je suis de Mindy Mejia

Présentation de l’éditeur :

Hattie Hoffman a passé sa vie à jouer de nombreux rôles : la bonne élève, la bonne fille, la bonne petite amie. Mais Hattie rêve d’autre chose, quelque chose de plus intense… et qui se révèle extrêmement périlleux. Lorsqu’on découvre son corps sauvagement poignardé, une redoutable onde de choc traverse la ville de Pine Valley.
Très vite, il apparaît que Hattie entretenait une relation secrète, hautement compromettante et potentiellement explosive. Quelqu’un d’autre était-il au courant ? Et dans ce cas, jusqu’où cette personne était-elle prête à aller pour mettre fin à cette relation ?

Merci à Netgalley et aux éditions Mazarine pour ce partenariat.

Mon avis :

J’ai eu la chance de lire ce livre en avant-première, et je dois dire que ce n’est pas plus mal, parce que cela m’a laissé le temps de décanter les impressions de lecture.
Bien sûr, nous savons dès le début qu’Hattie – diminutif d’Henrietta – a été assassinée, le doute a persisté peu longtemps. Cependant, nous savions aussi qu’elle avait l’intention de marquer les esprits avant de quitter définitivement Pine Valley. Comment est-on passé de cette jeune fille déterminée à ce cadavre ? Là est toute la question auquel le lecteur n’aura pas trop de tout le livre pour répondre.
D’ors et déjà, j’ai trouvé Del, le shérif, sympathique. Hattie, il la connaît bien. En fait, il connaît bien tout le monde et n’a pas l’intention de laisser un crime impuni. Il sait obtenir ce qu’il veut, pousser un témoin (pour ne pas dire un suspect) dans ses retranchements sans pour autant se transformer en inspecteur Harry de campagne : une volonté de fer sous des dehors bourrus. J’ai préféré les chapitres racontés de son point de vue, et j’ai vraiment eu du mal quand on est passé à un autre narrateur.
En effet, ce roman est un récit choral, dans lequel alterne les voix de l’enquêteur, d’Hattie et de Peter, le personnage que j’ai le moins apprécié. Certes, j’ai compris certaines de ses réactions. De l’autre côté, le fossé qui s’est creusé entre lui et sa femme est si grand que je me dis que les causes de leur incompréhension mutuelle ont dû commencer bien avant. Et même si je ne suis pas proche de Mary Beth, l’épouse de Peter, je comprends le choix qu’elle fait de rester auprès de sa mère gravement malade, à l’endroit où elle a grandi et où elle a été heureuse. Parce que oui, on peut être heureux à Pine Valley.
Mais pas Hattie, qui a toujours été celle que les autres voulaient qu’elle soit, et qui, finalement, quand elle a voulu être véritablement elle n’en a pas eu le temps. Oui, ce roman est triste, désespérant presque, parce qu’il montre à quel point il est facile de gâcher sa vie, ses talents. La violence peut se déployer partout, rapidement, même dans un endroit aussi paisible que Pine Valley – en apparence, du moins. Mention spécial pour le personnage de Winifred, cette vieille femme qui a tant vécu qu’elle apparaît comme l’être le plus hors-norme de la région, et le plus à même d’apporter du réconfort aux autres.