Archive | novembre 2021

Les Héritiers d’Higashi, tome 1 : Okami-Hime de Clémence Godefroy

Présentation de l’éditeur :

Il y a bien longtemps à Higashi, les différentes lignées de bakemono, ces humains porteurs d’esprits animaux et dotés de pouvoirs incroyables, vivaient en harmonie. Mais la guerre les a décimés, et depuis un siècle le clan Odai et les descendants des renards règnent sans partage sur l’archipel, reléguant les autres bakemono aux brumes du passé. Ayané, jeune disciple de l’Ordre de la Main Pure, se soucie bien peu de ces légendes. Pleine d’énergie mais peu disciplinée, elle aimerait surtout faire ses preuves au combat. Jusqu’au jour où ses supérieures lui assignent une mission très spéciale : partir au service d’un clan prestigieux dans le nord du pays et veiller sur leur hôte, Numié Dayut, une princesse exilée qui cache un lourd secret.

Mon avis :

Bienvenue, bienvenue dans un Japon de fantasy dans lequel la magie a eu droit de cité, jusqu’à ce que des guerres surviennent et réduisent au silence, définitivement. Les survivants ? Ils se cachent, ou mieux, on les cache, les laissant ignorer leurs pouvoirs.

La princesse Numié Dayut est capturée, en partie pour affaiblir son clan. Elle doit être mariée à un membre d’un autre clan, prestigieux. Elle n’a jamais vu cet homme, elle ne le connait pas, et elle ne veut pas le connaître. Non, son avis ne lui a pas été demandé, forcément, puisqu’elle est prisonnière, puisqu’elle est là aussi et surtout pour affaiblir son grand-père. Elle peut cependant lutter contre ceux qui la retiennent prisonnière de la seule manière qui soit – en refusant les contacts avec eux, en se laissant dépérir. Aussi, une jeune femme, Ayané, est-elle engagée pour veiller sur elle – pour l’empêcher de se faire du mal, plus de mal qu’elle ne s’en est déjà fait, pour la nourrir, également, pourquoi pas, avant que le médecin ne la nourrisse de force. Ayané est une jeune disciple de l’Ordre de la Main Pure. Orpheline, elle s’est vouée à cet ordre auquel elle a été confié. Il n’est pas question pour elle d’utiliser la coercition face à Numié. Il s’agit, oui, j’ose le mot, de l’apprivoiser, comme la jeune femme farouche et rebelle qu’elle est, celle qui sait ce que sa perte cause aux siens, celle qui ne veut pas, surtout pas les trahir. J’ai vraiment trouvé que la manière d’agir d’Ayané ne manquait ni de douceur ni d’humanité, face à des femmes qui ne prennent pas la peine de mesurer la douleur de Numié, qui se nourrissent de cancan et de beaux autours.

Nous retrouvons aussi Yoriko, une jeune femme mystérieuse au passé complexe, hors du temps, mais proche des conflits qui ont animé le Japon. Prendre la fuite est parfois, pour elle, une solution. Elle attend… quelqu’un, quelque chose, et elle a beaucoup de patience pour cela.

Ce premier tome ne se contente pas de poser les bases d’un univers, le lecteur vit réellement une aventure au côté de ses trois jeunes femmes. Et la fin n’est que le commencement d’une autre aventure.

L’incroyable voyage de Coyote Sunrise

Présentation de l’éditeur :

Coyote, douze ans, vit avec son père Rodéo dans un vieux bus scolaire. Ensemble, ils sillonnent les États-Unis au gré de leurs envies, embarquant parfois quelques auto-stoppeurs à l’âme en peine.
Quand Coyote apprend que le parc de son enfance va être détruit, elle décide de tenter l’impossible : convaincre son père de traverser le pays en quatre jours pour arriver avant les bulldozers. Un défi de taille, puisque ce dernier a juré de ne plus retourner sur les lieux de la tragédie qui les a précipités sur les routes, cinq ans auparavant.
Mais le voyage est parfois plus important que la destination…

Mon avis :

Il n’est pas simple à écrire, parce qu’il serait très facile, trop facile, de tomber dans le sirupeux, dans les bons sentiments, de dire à quel point cette histoire est merveilleuse. Si j’écrivais ainsi, j’aurai l’impression de passer à côté de ce livre.

Coyote et son père Rodéo sillonnent les routes des Etats-Unis. Cela étonne les bonnes âmes qui les croisent, certaines appellent même la police et imaginent le pire. Mais le pire, Coyote et son père l’ont déjà vécu : l’accident, la mort d’Ava, de Rose et de leur mère. C’était il y a cinq ans. Depuis, à bord de Yageurs, ils vont où leurs envies les mènent, loin, très loin de l’endroit où ils ont vécu et où ils furent heureux tous les cinq. Seulement, l’appel de la grand-mère de Coyote l’amène à vouloir rentrer à la maison. Pourquoi ? Pour récupérer les souvenirs qu’elle a enterré au pied d’un arbre, dans un parc qui va être détruit dans moins de cinq jours – en écrivant, je me rends compte de l’importance du chiffre cinq. Ne dit-on pas « uni comme les cinq doigts de la main ? »

Il ne s’agit pas de convaincre ni de persuader son père de se rendre sur les lieus, ce serait un échec, parce qu’il ne peut pas y retourner. Rodeo vit avec son deuil, avec sa souffrance, et il offre à sa fille la meilleure vie qu’il puisse lui offrir, d’Etat en Etat. Alors Coyote, par des moyens détournés, cherche comment, finalement, retourner à la maison.

Touristique, le voyage ? Pas vraiment. Coyote n’est pas la seule à ne pas apprécier la police, d’autres ont des motifs de la craindre – parce qu’ils n’ont plus de travail, plus de maison, parce qu’ils sont partis ou parce qu’ils ont été abandonnés, rejetés. S’il est des personnes qui savent à quel point avoir ses enfants à ses côtés est important, il en est d’autres qui n’hésitent pas à les rejeter à cause de leurs préférences amoureuses. Heureusement, si j’ose dire, tant que l’on est en vie, tout peut encore être changé.

L’incroyable voyage de Coyote Sunrise est un roman tendre, qui parle simplement, humainement de thèmes douloureux, et qui montrent comment Ella (le véritable prénom de Coyote) et son père parviennent à vivre ensemble, avec leurs douleurs. Il serait vraiment dommage de passer à côté de ce livre.

 

 

Les enquêtes du commandant Gabriel Gerfaut, tome 8 : L’Honneur du Samouraï de Gilles Milo-Vaceri

les éditions du 38 – 474 pages

Présentation de l’éditeur :

À la fin de l’année 1945, après la défaite du Japon contre les États-Unis, tous les sabres appartenant aux Japonais doivent être remis aux forces d’occupation américaines. C’est ainsi que le célèbre Honjo Masamune, un katana forgé au XIVe siècle, disparaît. En juin 2019, le précieux sabre réapparaît à Paris dans une vente d’objets volés. L’ayant saisi, le gouvernement français décide de le rendre au Japon et invite la famille impériale. En attendant, le katana et les antiquités récupérées sont exposés au Louvre. Lors du transfert du Honjo Masamune vers l’ambassade du Japon, un commando armé massacre l’escorte et le sabre est à nouveau dérobé. Le commandant Gerfaut et ses adjoints sont missionnés pour éviter l’incident diplomatique, mais des attentats sont commis contre la famille impériale. Qui a volé le katana d’une valeur inestimable ? Qui veut assassiner le prince Daisuke ? Gerfaut devra se familiariser avec le Bushido, le code d’honneur des samouraïs, pour affronter les fantômes surgis du passé…

Mon avis :

Je donnerai un premier conseil, simple : ne pas lire la huitième enquête si vous n’avez pas lu la septième. Il se passe en effet un événement très important dans le tome 7, et la lecture du 8 fera vous révèlera tout le dénouement du tome 7 – forcément, ai-je envie de dire.

L’affaire, si l’on prend le tout début de l’enquête, paraissait pourtant moins ardue que la précédente. Il s’agissait avant tout d’escorter des objets d’art. Paraissait seulement, d’un côté parce que la politique s’en mêle (se méfier des hommes politiques qui pensent avant tout « politique » et « intérêts économiques de la France » plutôt que sécurité), de l’autre parce qu’un attentat sera commis. Les hommes politiques n’auront plus qu’à se taire et les policiers à enquêter.

Je dirai qu’à côté de certains livres qui veulent parler du Japon et ne servent finalement qu’à empiler des connaissances sur ce pays sans construire de véritables intrigues, L’Honneur du Samouraï est bien différent. Il intègre la culture japonaise, ses valeurs dans la construction de l’intrigue, et cela change tout. Il ne s’agit jamais de faire étalage de connaissance, il s’agit de montrer en quoi les singularités de la culture japonaise influence tout le déroulement de l’enquête policière – et son dénouement.

Une enquête que j’ai pris plaisir à lire.

 

Crossroads d’Hervé Gagnon

Présentation de l’éditeur :

Donald Kane, historien, et Virginia Craft, anthropologue, sont invités à récupérer des objets ayant appartenu au célèbre bluesman Robert Johnson. Aux côtés d’un doigt momifié et d’une amulette, ils découvrent un manuscrit où le chanteur transcrivait ses chansons ainsi que des notes disparates. Ils cherchent des indices sur leur signification alors qu’une série de morts suspectes ravage Memphis.

Mon avis :

Il me faut l’écrire assez rapidement, avant que tout souvenir de ce livre ne me quitte. Oui, c’est ennuyeux, surtout pour moi qui aime autant la musique que la lecture.
Le récit avait pourtant tout pour être tentant : un bluesman légendaire a laissé des affaires, dans une boite bien fermée, à une femme qui a compté dans sa vie. Sa descendante, sans héritier, décide de la transmettre à deux universitaires, qui pourront en faire ce que bon leur semblera.
Admettons. Admettons que quelqu’un conserve une boite pendant des décennies sans être tentée de regarder son contenu, et sans l’égarer eu égard aux aléas de la vie, vie qu’elle a eu hors-norme – et tant pis pour les idées conformistes des deux universitaires à son égard. Admettons ensuite qu’elle contacte deux universitaires dont elle aurait découvert le nom, ce qui prouverait qu’on peut avoir dépasser les 80 ans et être au fait des dernières publications universitaires, soit. Admettons aussi que ces deux universitaires, célibataires de leur état (lui a une fille dont il est peu question, si ce n’est au début du roman et à la fin) tombent éperdument amoureux au premier regard et se lancent dans une liaison torride. Chacun est libre d’écrire ce qu’il veut. Pour ma part, cela sentait un peu le cliché à plein nez, et cela me faisait oublier l’intrigue principale.
Les deux malheureux universitaires vont être témoin de bien des actes étranges, qui ébranleront la rationalité de Kane. Pas celle de Virgie : elle a grandi avec une arrière-grand-mère avec laquelle le surnaturel faisait partie de la vie.
Au fur et à mesure de ma lecture, je perdais de vue la signification des objets qui ont appartenu à Robert Johnson et leur lien avec une série de morts qui semblent toutes en lien avec lui. Alors oui, les pages se tournent rapidement, le style est agréable à lire, cependant je suis restée sur ma faim. J’ai eu l’impression que tous ces morts, particulièrement sanglantes pour certaines, n’avaient pas réellement d’importance, ce que je regrette toujours quand je lis un roman policier ou un thriller. Oui, c’est dommage pour moi de n’être parvenue à garder que cela comme souvenir, parce que cette lecture ne fut pas désagréable.
Merci à Babelio et aux éditions Hugo Romans pour ce partenariat.

Philip Jackson, David Suchet

Mister Silence contre La Main Jaune, tome 1 : La baignoire de cristal de Louis Fournel

édition Oxymoron – 88 pages.

Présentation de l’éditeur :

Jim PATERSON, que les services américains d’espionnage dont il était l’une des gloires avaient surnommé durant l’occupation allemande en France « Mr. Silence », parcourt les rues sombres, la nuit, pour rentrer chez lui.
Devant une maison paisible, il entend un coup de feu assourdi, provenant de l’intérieur de la bâtisse.
Il saute le mur de clôture pour pénétrer dans la demeure afin de porter secours à ses habitants. Jim PATERSON ne se doute pas qu’il s’apprête à contrecarrer les plans d’une organisation criminelle de grande ampleur dont la vengeance va être terrible…

Mon avis :

Je poursuis, un peu, l’exploration de la littérature fasciculaire. Je découvre ainsi une nouvelle série, Mister Silence contre La Main Jaune.
Il s’agit ici de la première aventure de Mister Silence, cependant l’auteur l’a doté d’un passé qui fait de lui un personnage intéressant. Jim Paterson était un espion américain pendant la seconde guerre mondiale, il a noué des amitiés à cette époque, il sait d’ailleurs se faire apprécier assez rapidement de ceux qui le côtoient, par son courage et son franc parler.
Le récit débute à peine que Mister Silence (son surnom pendant la guerre) vient en aide à un couple de commerçants victime de racket. Si c’est trop tard pour le mari, il sauve la femme, qui ne peut dire toute la vérité à la police, tant elle craint l’organisation qui la rackette. Je vous laisse deviner qui va tout mettre en oeuvre pour s’opposer à cette organisation, quitte à s’exposer dangereusement et à perdre quelques plumes dans l’affaire.
Ce que j’ai aimé ? Les nombreux rebondissements du récit ! Jim Paterson se doit d’être toujours sur le qui-vive, afin de se sortir des situations dans lesquelles ses ennemis l’ont plongé. Se reposer peut être dangereux ! La fin ouverte de ce premier volume donne envie de découvrir la suite, tout simplement.

Les yeux d’Iris de Magali Collet

Mon avis :

Il faut, pour Fred et Morgane, vivre avec et vivre sans. Vivre avec la douleur d’avoir perdu leur soeur Iris, vivre avec la culpabilité parce qu’un soir, ils ont craqué, ils n’ont plus été là pour elle, un soir, un seul soir. Vivre sans elle. Ni l’un ni l’autre n’y parvient, ni l’un ni l’autre ne parvienne à construire leur vie, tout semble poser sur du « provisoire ». C’est du moins ainsi que je l’ai ressenti. Lui est policier, en France, elle donne des cours de français, en Irlande. Un jour, elle rentre, parce qu’une ami (sa meilleure amie ?) le lui a demandé, elle rentre pour honorer une promesse, une promesse qu’elle et son frère ont faite.

Laquelle ? Comme Morgane, le lecteur a parfois l’impression d’être laissé dans l’ignorance – justement parce que nous suivons le point de vue de Morgane ! Nous découvrons aussi deux autres couples, pas des couples fraternels, non, de vrais couples, dont les conjoints ont un point commun : ils me sont sortis par les yeux ! Bastien, d’abord, par la manière dont il s’adresse à Julie, sa compagne – sa chose, son esclave, sa bonne devrais-je plutôt dire. L’on sait que Julie a ses raisons pour accepter cela, pour « tenir », et ces raisons sont pour le moins… stupéfiantes. Un coup de théâtre au milieu du récit. Le dernier couple, c’est Mickaël et Audrey. Sur le papier, dans le regard des autres, il semble pourtant un couple idéal. Il a une bonne situation, il est généreux, elle est violoncelliste, ils ont un enfant…. et lui ne veut surtout pas qu’elle retourne travailler, il a assez d’argent pour deux. Comme il est généreux ! Il n’est pas question pour lui d’écouter sa femme, il a forcément raison, il sait ce qui est bon pour son enfant, pour elle, donc toute discussion est impossible, Audrey restera à la maison, son enfant ne sera pas confié à une nourrice. Oui, de tels hommes existent encore, et pas seulement dans un roman ! Il est toujours malheureusement utile de le préciser, pour ceux qui trouveraient ce type de personnages « un peu exagéré ».

Maintenant, je dois avouer que la lecture de ce polar a été addictive – et pourtant, je peux vous dire que ce n’est pas toujours facile pour moi d’accrocher à une lecture. Certaines scènes sont particulièrement sanglantes, crues, réalistes devrai-je plutôt dire. Elles ne sont pas agréables à lire, elles sont même fortement désagréables à lire parce qu’elles m’ont secoué, parce qu’elles se mettent au plus près du ressenti des victimes – qui, faut-il le rappeler, n’ont rien fait pour l’être. Malgré tout, je me suis posé la question : est-il possible de construire une vengeance aussi méthodique et organisée, en entraînant e conscience ses proches avec soi ? Je n’en suis pas sûre.

Reste Iris, et l’obsession de Morgane : ne pas avoir les yeux d’Iris.

Merci aux éditions Taurnada pour ce partenariat.

 

À cheval, tome 8 : Un pour tous, tous poulains ! de Laurent Dufreney

Présentation de l’éditeur :

Un heureux événement arrive dans les pages d’À cheval ! C’est Chocco, un tout jeune poulain pas plus haut que trois pommes mais toujours à cent à l’heure et ne tenant pas en place. Malgré son âge, il ne compte pas se laisser intimider par Bijou, Rafal et leurs amis qui vont trouver en lui un nouveau compagnon de jeux. Flash va devoir garder le rythme s’il ne veut pas se retrouver dans les choux.

Mon avis :

Un nouvel arrivant dans la famille. Youpi !!!Tous les membres de l’écurie n’avait pas compris ce que signifiait, pour Bella, attendre un heureux événement. N’est-ce pas Smoussi ? Chocco est le centre de toutes les attentions, que ce soit celles des humains, du tout petit au plus grand, ou celles des chevaux, qui ne cessent de le surveiller, de jouer avec lui, de tenter de l’éduquer même. Il faut dire que Chocco, le poulain, est particulièrement dynamique et prompt à découvrir le monde – en faisant quelques bêtises au passage. Il faut lui rappeler les limites ! La tradition ! Les règles de vie ! Pas gagné, surtout quand d’autres chevaux participent avec grand plaisir à ses jeux.
Un huitième album très drôle.

American predator de Maureen Callahan

Présentation de l’éditeur :

Anchorage, sur les rivages glacés de l’Alaska. Dans la nuit du 1er au 2 février 2012, la jeune Samantha Koenig termine son service dans un petit stand de café battu par la neige et le vent. Le lendemain matin, elle n’est toujours pas rentrée chez elle. Une caméra de vidéosurveillance apporte vite la réponse : on y voit un inconnu emmener l’adolescente sous la menace d’une arme. Commence alors une véritable chasse à l’homme, qui permet au FBI de mettre la main sur un suspect potentiel, Israel Keyes. Un homme qui semble pourtant au-dessus de tout soupçon, honnête travailleur et père d’une petite fille.

Merci aux éditions Sonatine et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Que dire ? J’ai été profondément étonnée en lisant ce livre, et pourtant, le lecteur pense parfois qu’il a déjà tout vu ou tout lu en terme d’horreur. American predator n’est pas un roman, il est cependant écrit avec autant de force et de personnalité que s’il s’agissait d’une oeuvre romanesque. Minutieusement, Maureen Callahan a écrit sur cet homme, ce tueur en série quasiment inconnu. Effrayant ? Oui. Il est effrayant de constater qu’aux Etats-Unis, une famille entière puisse vivre, habiter, déménager, avoir des enfants, ne pas les déclarer à l’état civil, ne pas les scolariser, ne pas les soigner, et que cela passe totalement inaperçu. Combien sont-ils ainsi ? C’est dans une de ces familles qu’Israel Kayes a vu le jour. Il était l’ainé, et même s’il a fallu des années pour cela, il a bien compris, un jour, que cette manière de vivre n’était pas dans la norme – quelle que soit la norme.

Il faut se garder des généralités, et pourtant, je constate que cet homme est passé par l’armée, et qu’il y a fait un parcours sans faute. Je constate aussi que les abondantes séries télévisées qui montrent comment les crimes sont résolues montrent aussi comment ne pas se faire prendre, à condition d’être observateur, organisé et intelligent. Israel Keyes avait toutes ses qualités, et il les a mises au service de ses désirs. Il a réussi à passer sous les radars lui aussi, bon compagnon, bon père (il a obtenu la garde de sa fille) et voyageur infatigable, sans que cela n’attire l’attention d’un organisme de sécurité quelconque.

La police a fait tout ce qu’elle a pu et le FBI a enquêté minutieusement. Il y aurait à dire sur le système judiciaire de l’Alaska, entre un procureur qui tire la couverture à lui parce qu’il y voit l’affaire de sa vie et la corruption qui règne au pénitencier, sans que qui que ce soit parvienne à changer les choses. Moralité : si vous voulez commettre un crime en toute impunité, commettez-le en Alaska.

American predator, une oeuvre solide et glaçante.

L’Agence Pendergast, tome 5 : Les Enfants de la lune de Christophe Lambert

édition Didier Jeunesse – 160 pages

Présentation de l’éditeur :

Dans cette dernière aventure, Sean, Joe et Célia s’infiltrent au grand rendez-vous des paranormaux qui a lieu en Arizona.
Sorte de Burning man à la sauce fantastique, le rassemblement est dirigé par un vampire… qui n’est autre que le jumeau caché de Sean !
Ce leader maléfique rêve de débarrasser l’Amérique des humains et prépare une attaque mortelle.
En apprenant sa véritable origine, Sean va se retrouver piégé par sa seule famille, et va y laisser quelques plumes.
Révélations, émotions et affrontements sont au rendez-vous !

Mon avis :

Voilà, c’est fini ai-je envie de dire. Avec ce tome, c’est avec la fin de la saga L’agence Pendergast que nous avons à faire. Sean, Joe et Célia doivent se rendre sur le terrain pour assister à un rassemblement de toutes les créatures surnaturelles qui vivent – cachés – aux Etats-Unis. Depuis le volume précédent, Sean commence à remettre en cause le bien-fondé de la traque à laquelle ces créatures sont soumises, ayant sympathisé avec une meute de loups-garous et leur chef. Il le retrouvera dans ce dernier volume, tout prêt à le soutenir dans sa quête et se demandera si, après tout, il e faudrait pas mieux apprendre à vivre ensemble plutôt que de s’opposer constamment.

En effet, ce tome 5 est celui des révélations, celui des secrets enfin dévoilés, ce qui sera dur à entendre et à vivre pour Sean, lui qui croyait enfin (presque) tout savoir sur ses origines. L’humour ne sera pas absent : ou comment rire devant ses élèves pendant le quart d’heures lecture. Il y aura, dans ce volume 5, des scènes épiques : je crois qu’il n’y a jamais eu autant de combats aussi spectaculaires dans la saga que dans ce volume-ci. Et c’est non sans un certain pincement au coeur que l’on dit au revoir à Sean, Célia, et surtout à Joe.

Ceux d’ici ne savent pas d’Heather Young.

Présentation de l’éditeur :

Adam Merkel, professeur de mathématiques du collège de Lovelock, Nevada, est mort cette nuit. C’est Sal Prentiss, l’un de ses élèves, qui vient de découvrir le cadavre calciné de ce quinquagénaire sur les pentes d’un canyon. Una annonce terrible qui secoue la petite ville et remue profondément la jeune professeurs Nora Wheaton. Elle qui se sentait liée à Adam par une solitude et une souffrance communes veut comprendre : qui a pu assassiner aussi brutalement cet homme sans histoires ? Alors qu’elle s’immerge dans le passé de son défunt collègue, Nora découvre peu à peu que Sal, ce jeune orphelin timide et farouche, semble en savoir bien plus qu’il ne veut le dire… Avec lui, la jeune femme se lance dans une enquête délicate. Une plongée aux confins de l’âme des habitants de cette région oubliée du monde, qui portent en eux un héritage de violence et de survie dont ils n’ont plus conscience.

Merci aux éditions Belfond et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Par quoi ai-je été attiré en lisant la quatrième de couverture ? Je l’ai été, tout simplement parce qu’il s’agissait d’un roman américain, qui devait me plonger dans un Etat bien précis, celui du Nevada, pas le Nevada de Vegas et ses alentours, non, celui d’une petite ville perdue. Le récit commence tout de suite par l’impensable ; un enfant découvre le cadavre de son professeur de mathématiques. Sal, onze ans, a déjà été durement éprouvé par la vie, puisque c’est lui qui a trouvé le corps de sa mère, Grace. Elle est officiellement morte d’une crise cardiaque, et tous ont accepté cette version officielle. La vérité ne changera rien au fait que Grace est morte, seuls Sal et Jake, le pompier qui a constaté son décès, savent ce qu’il en est. Pensez-vous qu’on proposerait de l’aide psychologique à Sal ? Non. C’est à peine si les services sociaux, à la mort de sa mère, se sont préoccupés de savoir dans quelle condition il vivrait chez ses oncles. Sal a de la famille, cette famille a un travail, une maison, des terres – pourquoi chercher plus loin ?

Sal, Nora, Jake, ce sont les trois narrateurs de ce roman. Nora est professeure, comme Adam, mais contrairement à lui, elle est née ici, elle a quasiment toujours vécu ici et a bien l’intention de partir un jour – quand elle aura accompli son devoir, c’est à dire quand elle ‘aurai plus besoin de veiller sur son père. J’ai parfois du mal à apprécier ces romans qui multiplient les points de vue. Dans ce récit, j’ai trouvé ce procédé particulièrement judicieux, parce qu’il permet de voir à travers les yeux de Sal tout ce que les adultes qui l’entourent ne peuvent savoir, ne peuvent même imaginer de sa vie. D’ailleurs, qui peut imaginer réellement ce que cachent certaines personnages, ordinaires, et qui se sentent parfaitement ordinaires ?

Pour savoir qui a tué Adam Merkel, il s’agit de savoir avant tout qui était réellement Adam Merkel, qui sont tous ces gens que côtoie Sal, dans le parc, ces personnes à qui leur médecin ne veut plus prescrire d’antidouleurs et qui s’en fournissent autrement – parce qu’ils se persuadent qu’ils ne peuvent pas vivre sans, parce qu’ils ne pensent pas être drogués. Ils pensent même qu’il est parfaitement possible de vivre « normalement » ainsi, qu’il n’y a pas de risques, ni pour eux, ni pour leurs proches. Dois-je vraiment préciser qu’ils ont tort ? Le parallèle est fait dans ce roman avec l’alcoolisme. La différence ? Le regard que la société porte sur les deux types d’accro. L’alcoolique, s’il boit en compagnie de ses amis, si son alcool reste festif, est bien accepté, l’accro aux médicaments non, même si les conséquences ont été parfois les mêmes pour les proches.

Roman des survivants, Ceux d’ici ne savent pas est aussi le roman des morts. Ceux-ci tiennent une grande place dans l’intrigue : Daisy, la mère de Sal, mais aussi Jeremy, Benjamin, Tommy, ou encore Camille, la mère de Nora, enseignante qui ne se contentait pas d’enseigner mais veillait sur ses élèves, quitte à harceler les services sociaux pour que ceux-ci prennent en charge au plus vite des enfants en souffrance.

Pour finir, j’aimerai simplement dire que Gideon, l’oncle de Sal, est un de mes personnages préférés de ce roman, parce que c’est un personnage qui mérite que l’on aille au-delà des préjugés.