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Meurtre à l’hôtel du Bosphore

édition Buchet-Chastel – 320 pages

Présentation de l’éditeur :

L’allemande Kati Hirschel a deux passions : les romans policiers et Istanbul. C’est pourquoi elle a ouvert la première librairie dédiée aux polars dans la ville turque où elle vit.
La venue de sa vieille amie et célèbre actrice Petra Vogel, pour tourner un film, va bientôt lui permettre de tester ses qualités de détective. Car la grande coproduction germano-turque a vite fait de tourner court : Kurt Müller, le réalisateur, est retrouvé assassiné dans sa baignoire de l’hôtel du Bosphore ; Petra Vogel, qui aurait eu une liaison avec lui, fait partie des suspects. Poussée par la curiosité, la libraire décide de suivre ses propres pistes…

Mon avis :

Mais qu’est-ce que tu fais là ? Oui, toi, dans ma bibliothèque, entre Spada de Bogdan Teodorescu et Lune noire de Lauren K Hamilton ? Mystère que je ne suis pas près d’éclaircir, un peu comme le mystère qui nous est raconté dans ce livre.

Un cinéaste allemand a été assassiné dans son bain, dans sa chambre d’hôtel, avec un sèche-cheveux. Aucun indice n’a été relevé, rien, même s’il est un peu étonnant que le meurtrier soit venu avec son propre sèche cheveux, trois rallonges, et que sa présence n’ait pas étonné le cinéaste Kurt Müller sirotant son whisky dans son bain – oui, après une journée épuisante de tournage, il n’avait que cela à faire.

Nous suivons cette histoire du point de vue de Kathy Hirschel, une libraire. Elle est allemande, et vit à Istanbul depuis treize ans. Elle y a passé les sept premières années de sa vie. On ne saura pas vraiment pourquoi elle a choisi de vivre ici, et nous ne saurons que trop tardivement pourquoi elle est née et a grandi dans ce pays : sa mère et son frère vivent toujours en Allemagne, et son frère se targue d’avoir une mentalité d’allemand. Oui, le premier sujet du roman, bien avant l’enquête policière, est là : relever toutes les différences entre les turcs et les allemands, relever surtout les préjugés que les uns entretiennent envers les autres. J’ai vraiment eu l’impression que la majorité du roman tournait là dessus, sans oublier la vie sentimentale (sexuelle ?) de Kathy, ou celle de Fofo, son employé/colocataire absent/meilleur ami invisible. Non, parce que l’enquête… aucun indice, aucune piste. Oui, elle sera résolue, peu avant la fin du livre (p. 268 sur 320, il n’y avait toujours aucune trace de résolution) mais l’intrigue semble vraiment tirée par les cheveux, et c’est dommage, pour moi, de devoir employer une telle expression, parce que le sujet de fond est tellement « de fond », qu’il ressemble à une toile de fond, tellement lointaine qu’on ne la voit quasiment jamais.

Grâce à Kathy, nous explorons différents milieux, celui du cinéma, auquel elle admet ne rien connaître, et dont on ne connaîtra pas tellement plus, finalement, si ce n’est des questions d’argent, et de pouvoir, celui de la mafia turque, que la police ne cesse de vouloir contrer, sans grand effet. J’ai eu aussi une impression de cafouillage, parfois, notamment quand un « gendre » devient un « beau-frère » – ce n’est pas exactement la même chose.

Bref, si vous avez envie de lire un roman policier turc, vous pouvez plutôt découvrir L’assassinat d’Hicabi Bey d’Alper Canigüz, vous passerez un meilleur moment.

 

L’assassinat d’Hicabi Bey d’Alper Canigüz

Présentation de l’éditeur :

Alper Kamu est un curieux petit garçon qui s’est promis de résoudre un meurtre commis dans son quartier à Istanbul. Il a trouvé Ertan le Timbré à côté du cadavre encore chaud d’Hicabi Bey, policier à la retraite, la télévision allumée à plein volume, mais le cinglé du voisinage était plutôt là pour regarder l’équipe du Besiktas perdre en Ligue des champions. Déjà tête à claques d’existentialiste, Alper le désormais détective va sécher la maternelle et balader son revolver en plastique Dallas Gold dans une mégapole bigarrée, pleine d’amantes fatales, d’épiciers lyriques et de directeurs sournois…

Mon avis :

J’ai eu beaucoup de mal à rédiger cet avis, pour un livre dont j’ai terminé la lecture il y a plus d’un mois. La raison en est simple : ce que j’ai préféré est l’ultime page du roman, qui éclaire d’un jour nouveau le jeune narrateur et ses proches, et donne une résonance toute particulière à ses pensées et à ses actes. Comme je ne peux pas vous le révéler, il m’est difficile d’en dire plus.

Je reviendrai donc sur le coeur de l’intrigue : le meurtre d’un policier à la retraite, bienfaiteur du quartier en particulier et des jeunes en difficultés en général, un homme aimé de tous. Seul un fou, un marginal, un rockeur chevelu a pu commettre ce crime, n’est-ce pas ? Autant vous dire que, quand la police tient un suspect, elle estime déjà tenir un coupable et se refuser à poursuivre les investigations. Heureusement pour tout le monde, Alper Kamu enquête.

Bien sûr, il faut accepter le postulat de départ, à savoir que le narrateur est un gamin de cinq ans, surdoué, à la pensée aussi ordonnée qu’un penseur adulte. Il n’en conserve pas moins les jeux et les préoccupations d’un gamin de son âge, et nous fait découvrir la vie quotidienne dans les rues d’Isatanbul, pour un gamin de cinq ans et ses amis, parfois très très costauds, très très bagarreurs – et pas toujours très finauds. Grâce à son père, il nous fait aussi découvrir le charmant monde du travail, les charmantes manipulations dont sont capables les patrons pour un peu plus pourrir la vie de leurs employés. Un problème de plus à résoudre pour Alper, et, en parallèle, une belle promenade dans les rues d’Istanbul.

L’assassinat d’Hicaby Bey est un polar hors-norme, tout comme son étrange et impertinent enquêteur.

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