Archive | octobre 2022

Conflits d’intérêts Edwin Jones #1 par Aurore Kopec

Présentation de l’éditeur :

Enquêtes, magie et séduction… Bienvenue à First City !

Edwin Jones est enquêteur pour la communauté surnaturelle de First City.

Alors qu’il doit élucider le mystère de la disparition de vampires, de loups-garous et d’un patron de restaurant italien, il s’aperçoit qu’il possède lui aussi un don : celui de percevoir les énergies magiques des autres créatures surnaturelles qu’il peut manipuler pour se protéger ou attaquer.

Il découvre également que son séduisant patron vampire pourrait devenir bien plus que ça…

Mon avis : 

Merci aux éditions Mxm Bookmark et à Netgalley pour ce partenariat.

Je serai brève : j’ai trouvé dans ce livre exactement tout ce que je m’attendais à trouver, et j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Le héros, Edwyn Jones, est particulièrement attachant. Il a été viré comme un malpropre de la police uniquement parce qu’il entendait faire son travail sans se laisser guider par des préjugés. Il a vécu un drame personnel en plus d’un drame professionnel : nous saurons ce qui s’est passé, mais pas tout de suite, nous en verrons simplement les conséquences. Edwyn souffre toujours, il a du mal à envisager un avenir amoureux, lui qui ne fait pas mystère de son homosexualité, qui lui a valu d’être mis au ban par sa famille. Alors oui, il est très très proche de quelqu’un, et les scènes qui les voient réunis montrent que l’on peut écrire des scènes érotiques sans décrire des ébats sexuels acrobatiques ! Erotiques aussi parce que les sentiments entre les deux personnages sont là, et bien là.

Cependant, il faut qu’Edwyn enquête, parce que des meurtres surnaturels ont eu lieu, et il n’est pas question de les laisser impunis. C’est là aussi qu’Edwyn découvre son don, un don qui l’épuise et manque de lui coûter la vie. Apprivoiser ce don est tout sauf facile, et il ne dira pas merci à son mentor. En revanche, peut-être sera-t-il admis à le remercier … lors du dénouement. Edwyn a un sens aigu de la justice, et tant pis si cela lui fait prendre des risques considérables et inconsidérés. Voir les autres ne rien faire lui est insupportable. Certes, les loups garous, les vampires ont leurs raisons, et elles ne sont pas si mauvaises que cela. Il fallait bien cependant que quelqu’un se décide à agir.

Une série que je prendrai plaisir à suivre.

51e lecture – Etats-Unis.

Challenge Halloween avec Hilde et Lou

Identités croisées d’Harlan Coben

Présentation de l’éditeur :

Wilde, « l’homme des bois », découvert enfant abandonné dans la forêt, va-t-il enfin percer le mystère de ses origines ? Sur une banque de données où il a déposé son ADN, il reçoit de la part d’un supposé cousin un étrange message aux allures d’appel à l’aide. Wilde découvre qu’il s’agit d’une star de la télé-réalité, portée disparue depuis plusieurs semaines. Suspense, complot et rebondissements au rendez-vous !

Mon avis : 

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Lizzie et Be polar pour ce partenariat.

J’aime écouter des livres audio, c’est un plaisir que j’ai découvert pendant les précédentes vacances scolaires. C’est d’autant plus agréable quand le lecteur, en l’occurrence Thierry Blanc a une belle voix et se montre particulièrement expressif. En revanche, cela faisait longtemps que je ne m’étais pas plongé dans l’univers d’Harlan Coben, et j’ai eu plaisir à retrouver cet auteur. Certes, j’ai découvert que Wilde, le personnage principal, était déjà le héros d’un précédent opus, que j’ai désormais envie de lire. Cependant, cela ne m’a pas géné pour l’écoute de ce titre, ni pour suivre l’intrigue.

Wilde est un homme des bois, au sens propre du terme. Il a été trouvé étant enfant dans une forêt, son histoire a fait la une des médias, mais personne ne s’est manifesté, personne n’a dit : « c’est mon enfant ». Il a grandi, il a été adopté, il est le parrain du fils de son meilleur ami, décédé depuis de longues années déjà, ce qui ne veut pas dire que Wilde ne pense pas à lui. Il vit sa vie, et, souvent, néglige de prendre contact avec les siens. A-t-il cédé aux sirènes du progrès ? Un peu : il a déposé son ADN sur une banque de données, au cas où. Il retrouve alors deux membres de sa famille ou, du moins (pour ne pas trop en dévoiler) deux personnes qui ont un lien ADN avec lui. Et si j’avais trouvé l’intrigue un peu longue à démarrer, le temps que le personnage principal (re)trouve ses marques, ce n’est pas le cas après qu’il a « retrouvé » un cousin et qu’il se retrouve plongé dans un monde qu’il ne connait pas, celui de la télé-réalité.

Je n’ai pas vraiment l’impression qu’Harlan Coben apprécie ce monde non plus. Je ne crois pas non plus qu’il apprécie ceux qui se repaissent de ces spectacles, parce que ce sont des spectacles, qui me font parfois penser aux jeux du cirque. Les spectateurs ne sont pas là pour se divertir, ils sont là pour se réjouir des coups du sort qui accablent les gagnants. J’ai toujours du mal à comprendre comment l’on accepte de dévoiler ainsi son intimité. Je me suis sentie nettement plus proche du taiseux Wilde, qui est bien obligé de se plonger dans cette « boue » pour mettre de l’ordre, ou du moins essayer, dans tout ce gâchis.

A découvrir pour les fans de polar américain.

 

 

L’école de minuit de Maëlle Desard

Présentation de l’éditeur :

Siméon, quinze ans, mi-humain mi-vampire, attendait avec impatience d’entamer sa première année à l’école de Minuit pour échapper à l’emprise de sa mère et avoir, enfin, une vie sociale. Ses espoirs se concrétisent quand il se lie avec deux élèves de sa promo : Joël, un mort-vivant, et Colin, un garçon sirène. Mais très vite Colin, dont les écailles valent de l’or, disparaît. Eir, une louve garou protégée par un feu follet agressif, est-elle dans le coup ? Siméon tente d’obtenir des réponses. Quand sa sœur aînée, vampire jusqu’au bout des ongles, disparaît à son tour, il se lance avec ses alliés dans une enquête dont les dessous vont le mener plus loin qu’il ne l’avait imaginé.

Mon avis : 

Une fois n’est pas coutume, je n’ai pas fait attention à la couverture pour choisir un livre. C’est dommage : la couverture est vraiment superbe. Non, ce qui m’a attiré, c’est le fait qu’un nouveau livre de Maëlle Desard paraîssait, après Les tribulations d’Esther Parmentier. Et cette lecture fut un plaisir que j’ai envie de renouveler – oui, il est rare que j’ai envie de relire tout de suite un livre.

Siméon est le personnage principal et surtout, le narrateur de ce récit. Il est à demi vampire et il ne correspond pas du tout aux codes du vampire adolescent tel qu’il a été popularisé par une certaine série de livre. Il est un véritable adolescent (comme j’ai pu en voir dans les séries télévisées vampiriques) avec tout ce que l’adolescence peut comporter de désagrément, avec, en outre, un surpoids que sa mère n’a de cesse de vouloir combattre et une grande soeur qui est l’archétype de la grande soeur agaçante, c’est à dire parfaite.

L’école de Minuit veut faire cohabiter pacifiquement vampires, liche et sirène, sans oublier géant et louve garou. En dehors de l’école, la paix est loin d’être acquise, comme l’on peut le comprendre en lisant certains faits. Ecole d’élite ? Oui. Même si certains pensionnaires sont encore plus hors-norme que les personnages hors-normes que nous croisons déjà. Quand un monstre a peur d’un autre monstre, courez ! Certains cascades ne sont réalisables que par des professionnels.

Il est dans ce livre des moments à ne pas rater, comme la naissance de Calcifer, par exemple. Lui, Sköll et Prune sont parmi les personnages que j’ai préférés.

Etre une créature de la nuit, ou du jour, ou être entre les deux mondes n’est pas facile à l’heure des réseaux sociaux, qui peuvent aussi, par la grâce des téléphones portables, envahir le monde de Minuit. Et, quand des disparitions surviennent, que l’école ne semble pas s’en inquiéter plus que cela (mais pourquoi donc ?) Siméon et ses amis enquêtent, ce qui entraînent des rebondissements inattendus (normal, sinon, ce ne serait pas des rebondissements) qui ne sont pas sans rappeler les grands classiques de la littérature et du cinéma fantastique.

J’ose espérer la lecture d’un tome 2…. Si, si.

Challenge Halloween avec Hilde et Lou

 

Les oiseaux des marais de Lisa Sandlin

Présentation de l’éditeur :

Delpha Wade est dans de sales draps. Quelques mois seulement après sa sortie de prison, elle risque une nouvelle fois de se retrouver derrière les barreaux. Son crime : avoir assassiné un serial killer sur son propre lieu de travail. Mais Delpha a un ange gardien : son patron, le fringant détective Tom Phelan. Un coup de peinture pour enlever les traces de sang, du mobilier de récup : Phelan et Delpha sont prêts à rouvrir l’agence et à recevoir le chaland. Et ce dernier se nomme Xavier Bell, un vieillard au regard fuyant, qui les charge de retrouver son frère Rodney. Mais Phelan ne réalise pas qu’en confiant cette mission à Delpha, il vient, une fois encore, de mettre sa secrétaire préférée sur une piste mortellement dangereuse…

Circonstances de lecture : 

J’étais au garage, dans la « salle d’attente » pendant que l’on réparait ma voiture. J’ai lu la moitié du roman ainsi. Je ne sais pas si je lis vite ou si les réparations ont été longues.

Mon avis : 

Ce livre est le deuxième roman mettant en scène les personnages. Je ne connaissais pas le premier et si je le regrette, ce n’est pas parce que ma compréhension de l’intrigue en a été gênée, mais parce que j’aurai aimé les connaître plus tôt, surtout que l’intrigue se passe dans un lieu que j’apprécie – en littérature.

Je ne commencerai pas par dire que la justice américaine, c’est du grand n’importe quoi – mais si. Delpha a la chance, cette fois-ci, d’avoir un bon avocat – elle n’en a pas eu un quatorze ans plus tôt. C’est ce qui fait toute la différence entre hier et aujourd’hui. Un bon avocat, bien habillé, sûr de lui, qui sait exactement ce qu’il convient de faire, ce que les policiers peuvent faire, ce qu’ils ne doivent surtout pas faire mais qu’ils s’autoriseraient volontiers à faire et à dire fait toute la différence entre la prison et la remise en liberté. Le lien avec l’affaire du tome précédent s’étendra le long du roman, parce que l’on ne quitte pas si facilement une affaire aussi dangereuse, pour tous. De même, nous découvrons, en nous plongeant dans les souvenirs de Delpha, des portraits de femmes détenues, ou autant d’exemples de la dureté du système judiciaire envers les femmes. Il faudrait toutes les citer, ne serait-ce que parce que Delpha n’est pas la seule à avoir vu la différence entre avoir un avocat commis d’office, et avoir un avocat qui a de belles chaussures bien cirées. C’est fou ce que les chaussures peuvent être importantes dans cette histoire.

Delpha n’est pas la seule à composer avec un passé douloureux, Phelan a aussi des réminiscences de ce qu’il a vécu avant, quand il était sur les champs de bataille. Il est aujourd’hui détective, et entend bien résoudre des affaires. Des affaires, il en aura, dans ce volume, une affaire principale, et d’autres secondaires, certes, mais importantes quand même : il faut de tout pour faire le métier de détectives, y compris des personnes qui ne mesurent pas la chance qu’elles ont. A cette époque, la lutte anti-drogue commence seulement, l’on n’en est pas (pas encore) aux vastes opérations coups de filet visant à démanteler des réseaux entiers, non, on se contente, et c’est déjà pas mal, de tous ceux qui se trouveraient comme pas hasard en possession d’une grande quantité de substance illicite, et pas vraiment pour sa consommation personnelle.

J’en oublierai presque l’intrigue principale, qui nous renverra au début du XXe siècle et nous plongera dans les méandres des archives de l’état civil. Il nous rappellera aussi que l’antisémitisme était bien présent sur le continent américain. Il nous apprendra aussi (est-ce toujours le cas ?) que, dans certains états américains, la prescription pour assassinat n’existe pas.

 

Crime et chat qui ment

Présentation de l’éditeur :

À Versailles, les guerres de succession sont à la mode ! Quand un riche vieillard disparaît mystérieusement dans un incendie, ses héritiers jubilent. Pourtant, impossible de mettre la main sur son trésor ! Le seul à pouvoir les aider est un chat majestueux et hautain qui vivait avec la victime. Hors de question qu’il finisse entre de mauvaises mains ! Marie-Antoinette charge de sa protection sa modiste et son coiffeur – un duo d’enquêteurs amateurs, aux egos surdimensionnés, qui se chamaillent comme de vieux amants. Mais Rose et Léonard se retrouvent confrontés à une galerie de suspects hauts en couleur – sans parler du chat, qui a son petit caractère…

Merci aux éditions de la Martinière et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

Cela va mal à Versailles. Si, si, je vous le dis, il faut faire des économies, et faire faire des économies à la reine demande, de la part de ceux qui l’entourent, beaucoup d’énergie. La reine vient déjà de se faire offrir Trianon, alors… elle pourrait peut-être faire modifier des robes qu’elle a déjà porté, utiliser des tissus moins onéreux ? Autant vous dire que c’est un sale temps pour Rose Bertin et pour Léonard, qui a, de plus, quelques problèmes d’ordre privé. Qu’à cela ne tienne, il leur faut quand même enquêter pour le compte de la reine – on ne quitte pas son service comme cela.

Pourquoi doivent-ils enquêter ? A cause d’un chat ! En effet, la reine craint pour la sécurité de Salomon, chat royal que la princesse de Lamballe a offert à un malheureux domestique qu’elle a renversé, et qui a perdu une jambe à cause de cela. Recevoir un chat royal devrait compenser cette perte, non ? Ou comment prouver, par l’absurde, à quel point l’aristocratie pouvait être coupée des réalités. Or, il se trouve que le maître du domestique et du chat est mort, que ses héritiers se déchirent, et que le chat risque de pâtir hautement de la situation. En effet, chez les Baskerville, seule soeur Brigitte se préoccupe de lui, mais aussi de tous les animaux que Dieu a crée (je l’admets – j’ai mis un temps fou à comprendre pourquoi ce personnage se prénommait Brigitte. Fatigue, quand tu nous tiens).

Rose et Léonard, pour leur enquête, se retrouvent flanqués d’un fabuliste, Florian, qui débarque, le pauvre. Il n’a pas vécu les précédentes enquêtes, il ne sait pas ce qui l’attend !!!! Rose et Léonard, eux, ne le savent que trop et peuvent afficher un air blasé face à l’inexpérience naïve du fabuliste. Je n’irai pas jusqu’à dire que nos deux héros, qui passent toujours autant de temps à se détester, sont blasés, mais presque : ils n’ont plus d’illusions sur les aristocrates, sur la cour, sur les motivations des humains. Cyniques ? Oui, mais ils sont pas les seuls.

Si l’on y réfléchit bien, cette intrigue est très sombre, le ou les coupable(s) ne reculant devant rien pour obtenir ce qu’il veut – pour lui, bien sûr, nul altruisme dans le crime. Heureusement, Rose, Léonard, leur inventivité (il faut bien conserver la confiance de la reine) et leur humour sont là, pour un tome que j’ai beaucoup apprécié.

La Bête et Bethany, tome 1 de Jack Meggitt-Phillips Isabelle Follath

Présentation de l’éditeur :

La beauté a un prix. Ebenezer Tweezer est bien placé pour le savoir. Son secret ? Il héberge depuis 511 ans une bête aux incroyables pouvoirs magiques dans son hôtel particulier. En échange de mets toujours plus rares et délicats, la bête lui fournit de l’argent, des objets de valeurs et le précieux élixir qui permet à Ebenezer de rester jeune et fringant. Ses oeuvres d’art lui tiennent lieu de compagnons, et bon an mal an, il s’accommode des caprices culinaires de son hôte, toujours plus grosse et exigeante, et de cette vie solitaire, puisqu’elle est opulente.
Mais, un jour, la bête lui réclame un met inédit : pour son prochain repas, elle veut dévorer un enfant. Même si Ebenezer a autant d’empathie pour l’humanité que pour une boîte de raviolis, il trouve la pilule un peu dure à avaler. Il refuse tout d’abord, mais la bête se braque : elle ne lui fournira plus une goutte d’élixir avant d’avoir senti craquer sous ses dents les os tendres d’un petit humain grassouillet.

Mon avis : 

La Bête et Bethany. Des oms qui se ressemblent, par leurs allitérations. Dès le titre, le lecteur peut se demander quel lien il y aura entre eux – si tant est qu’il y en aura plus que ce que nous annonce le quatrième de couverture.

La Bête est-elle un monstre ? Oui. Ebenezer aussi, à sa manière, et il lui faudra un choc pour s’en rendre compte, se remettre en cause. Facile ? Non.

Au début, j’ai lu ce livre comme une variation sur le thème de Dorian Grey, plutôt réservé à des lecteurs matures, et sur celui d’Oliver Twist, même si Bethany n’apparaît pas comme une gentille orpheline. D’ailleurs, pourquoi devrait-elle l’être ? C’est un cliché, ou plutôt une habitude de la littérature jeunesse – qui va de pair avec la méchante directrice d’orphelinat, dont le discours, auquel elle croit, est l’antithèse de ses actes. Etre seule, mal nourrie, mal vêtue, en concurrence avec les autres orphelins dans le but d’être adopté, ne facilite pas l’épanouissement de la gentillesse !

Il se pose cependant une question : comment devient-on un monstre ? Que faire pour ne pas en être un ? Le roman nous montre des pistes : penser aux autres, pas seulement à soi, accepter l’évolution normale de la vie, laisser les autres vivre la leur. Cela peut ouvrir des perspectives – quand on ne le fait pas déjà. Oui, ma critique est un peu lourde, tragique, et cependant, je ne peux pas m’empêcher de ne pas voir ces thématiques, sous l’humour noir omniprésent et la vivacité du récit.

Une réussite en son genre ? Oui.

Challenge Halloween avec Hilde et Lou

Noël au bord de l’eau de Jenny Colgan

Présentation de l’éditeur :

Flora MacKenzie a troqué sa vie londonienne pour ouvrir un charmant café au bord de l’eau sur l’île écossaise de Mure, où elle vit désormais avec Joel, son ancien patron au caractère bien trempé. A cette période de l’année, c’est le moment de cocooner, de s’étirer devant le feu de cheminée et de regarder des vieux films avec les gens que vous aimez.
A moins, bien sûr, que la vie ne vous réserve une belle surprise et que vous ne sachiez pas comment l’annoncer. Pendant ce temps, Saif, le médecin réfugié de Syrie organise son premier Noël avec ses fils, loin de la guerre. La petite famille reconstituée pourra-t-elle trouver du réconfort et de la joie ?

Mon avis :

La couverture annonçait la fin de la trilogie, mais deux autres titres ont paru depuis (je vais tenter de lire le cinquième en anglais).

Nous sommes sur l’île de Mure, une île sur laquelle la communauté est particulièrement soudée. Flora MacKenzie y est revenue, elle y a ouvert un salon de thé qui marche très bien, elle est proche de ses frères, dont Fintan, marié à Colton. Noël approche, elle est débordée et… elle apprend une grande nouvelle qui va bouleverser sa vie. Elle n’est pas la seule à vivre des événements importants en cette fin d’année.

Romance ? Oui, mais pas seulement. Prenons le personnage de Saif. Il a quitté la Syrie avec ses deux fils, il a été séparé de sa femme et espère toujours avoir de ses nouvelles. Médecin, il exerce sur l’île de Mure et s’interroge, sur beaucoup de choses. Ses fils ne seraient-ils pas plus heureux ailleurs ? Et lui-même, a-t-il le droit d’être heureux alors qu’il ne sait pas ce qu’est devenue la femme qu’il aime, avec qui il pensait passer sa vie ?

Romance ? Si ce terme inclut toutes les étapes d’une relation amoureuse, oui, parce qu’une relation peut aussi prendre fin, mais pas forcément de la manière dont on le pensait. Aimer l’autre, c’est aussi respecter les choix qu’il fait pour lui-même, le soutenir dans ses choix, même si l’on n’est pas d’accord avec lui.

Il aurait été simple de faire sombrer ce roman dans le mélodrame, ou dans la guimauve. Il n’en est rien, et c’est peut-être aussi ce qui fait le succès de l’autrice. Je dis « peut-être » parce que cette saga est la seule que je connaisse de Jenny Colgan, même si je vais prochainement en découvrir une autre (offerte par l’une de mes meilleures amies).

Mary Lester : le vautour revient toujours, tomes 1 et 2 de Jean Failler

Présentation de l’éditeur :

Quand le commissaire divisionnaire Fabien convoque Mary Lester en urgence, c’est que l’heure est grâve !
Un riche industriel s’est tué en chutant d’une falaise dans le Cap Sizun, près de la pointe du Raz. Tout laisse penser qu’il s’agit d’un dramatique mais banal accident de vélo.
Le parquet souhaite pourtant une enquête approfondie. Et le commandant Lester va devoir s’y coller.
Si la collaboration avec la gendarmerie se passe – une fois n’est pas coutume – à merveille, une ombre malfaisante plane cependant sur Mary… Celle du Vautour, le peu recommandable Lostelier, qu’elle a fait mettre derrière les barreaux il y a dix ans.
Lostelier vient d’être libéré, et la victime du Cap Sizun n’est autre que le nouveau mari de Cécile Poingt, sa maîtresse de l’époque.
Personne n’avait relevé la coïncidence. Cependant, elle n’a pas échappé à Mary Lester…

Mon avis (tome 1) :

Il semble que certaines personnes prennent des libertés avec la police nationale. Si, si. Quand il s’agit d’une juge d’instruction, c’est un peu différent : elle sait qui elle veut pour mener une enquête délicate, pour ne pas dire casse-gueule. Un industriel bien connu, un homme qui a réussi, est mort d’une chute de vélo. Ce sont des choses qui arrivent. Ce serait un simple et banal promeneur, on n’en ferait pas toute une histoire, cela resterait dans la rubrique « faits divers » et l’histoire serait classée. Seulement, l’homme est un riche industriel (je sais, je me répète) et la juge, pas spécialement amie avec Mary Lester, souhaite une enquête approfondie, au cas où les gendarmes seraient passés à côté de quelque chose. Oui, si j’ose dire, mais rien qui ne concerne le terrain : la veuve, pas vraiment éplorée, n’en est pas à son premier veuvage. Son premier mari a en effet été assassiné, et son meurtrier vient tout juste de sortir de prison à la suite d’une remise de peine pour bonne conduite. Note : il ne s’agit pas de remettre ici en cause le système judiciaire français, même si le roman accueille les réactions désabusées de certains. Le meurtrier, qui a tenté de faire passer son crime pour un accident, en a pris pour vingt ans, il sort au bout de dix, parce qu’il a tout fait pour préparer sa réinsertion. Jugé, il l’a été. Ce n’est pas à nous de le faire, non plus que de remettre en cause sa volonté bien réelle de reprendre sa vie en main une fois sorti de prison. Seulement, la nouvelle enquête débusquera des zones d’ombre, des questionnements, et Mary Lester se lancera à nouveau sur sa trace. Le tout est de le retrouver, et ce n’est pas vraiment ce qui se passe durant le premier tome.

Mon avis (tome 2) :

Pas de temps mort quand débute ce second tome. Diantre ! Les péripéties se sont enchaînées, Mary Lester cherche le moindre indice lui permettant non pas d’incriminer Lostelier, qui a disparu (ce serait trop simple), mais de chercher la vérité. Trouver une piste, c’est une chose, pouvoir prouver les faits, s’en est une autre. L’on voit aussi, beaucoup, l’aspect technique du métier, entre interrogatoire, rédaction des rapports, lecture des rapports d’autopsie, résultats d’analyse complémentaire qui prennent du temps à arriver, parce que le laboratoire n’est pas équipé pour, parce que l’enquête n’est qu’une parmi tant d’autres, parce qu’elle ne peut être désignée comme étant réellement prioritaire : il y aura un temps long, certain, entre le dernier interrogatoire et le début du procès. Chacun a droit à un procès équitable, à une bonne défense, ne l’oublions pas, tout comme les victimes ont droit à ce que tout soit mis en oeuvre pour que justice leur soit rendue. Mary Lester et les policiers ont fait leur travail, rien que leur travail, et c’est déjà beaucoup.

challenge un mot des titres, session toujours

Gamine d’Emmanuelle Rey

Présentation de l’éditeur :

Judith n’a jamais rencontré de garçon comme lui. Il est beau, mature, sûr de lui et… il a 32 ans. Mais peu importe qu’il ait deux fois son âge puisqu’elle est enfin amoureuse ! Du moins, c’est ce qu’elle croit…Merci à Netgalley et aux éditions Didier Jeunesse pour leur confiance.

Mon avis : 

Je le dis tout de suite : ce livre n’est pas facile à lire. Il ne l’a pas été pour moi, parce que j’en ai connu, des gamines comme Judith.

C’est elle qui nous raconte son histoire. Elle est une adolescente de seize ans. Ses parents remplissent leur rôle de parents, ils ont confiance en leurs enfants, que ce soit Judith ou son grand frère, avec lequel elle ne s’entend pas très bien, ce qui est relativement normal. Elle a des amies, elle a déjà eu des petits copains, elle adore la natation. Et puis, un beau soir, elle rencontre Colin. Il a 32 ans. Elle tombe peu à peu sous son emprise, et le roman est d’autant plus fort qu’il nous est raconté du point de vue de Judith. Le lecteur, du moins, moi, lectrice adulte, a tout de suite des signaux d’alarme qui s’allument face au comportement de Colin, prédateur ordinaire. J’ai eu envie de dire à Judith « attention danger », comme j’aurai envie de le dire dans la vie si je rencontrais à nouveau une adolescente qui se retrouve sous l’emprise d’un homme. C’est bien de cela qu’il s’agit, cette emprise qui se resserre peu à peu autour de l’adolescente sans qu’elle s’en rende compte – alors que les autres finissent par s’en rendre compte. J’aime beaucoup la formule d’Elise, sa meilleure amie : « Tu vas droit dans le mur, et tu y vas en chantant ».

J’ai dit « adolescente », mais j’aurai pu dire « femme » ou « homme », parce que tomber sous l’emprise de quelqu’un, vivre pour les miettes que l’on reçoit alors que l’on mérite tellement mieux peut arriver à n’importe qui, comme le démontre le roman. Il montre aussi que l’on peut s’en sortir – mais dans quel état. J’ai aimé aussi le personnage de Lilia, sa franchise, l’aide qu’elle apporte à Elodie pour se reconstruire.

C’est un livre dur, oui, un livre que j’ai envie de faire lire non seulement aux adolescentes (qui lisent des ouvrages bien plus douloureux que cela, faites-moi confiance), mais aussi aux parents, parce que cela n’arrive pas qu’aux autres.

Tapas nocturnes de Marc Fernandez

édition Le livre de poche – 160 pages

¨Présentation de l’éditeur :

Tandis que Diego Martín, journaliste reporter police/justice, cherche à rencontrer le fameux Don Fernando, dit El Matador, chef d’un puissant cartel de la drogue au Mexique, Carolina, sa compagne, professeure de droit spécialisée dans les affaires criminelles à l’université de Madrid, reçoit des menaces de mort, de plus en plus pressantes et insistantes. Le quotidien de la jeune femme devient un véritable cauchemar. Les narcos, dérangés dans leurs trafics, oseront-ils s’en prendre à elle ? Carolina attend avec impatience le retour de Diego…
On retrouve ici Diego, Ana, Carlos et les autres, tous ces personnages audacieux et courageux que l’on a découverts dans la trilogie Mala vida, Guérilla Social Club et Bandidos. Sans relâche et avec détermination, ils ont révélé des secrets d’État et lutté contre la corruption et les narcotrafiquants. L’intrigue de Tapas nocturnes se situe avant Mala vida mais peut être lue indépendamment de la trilogie.

Mon avis :

Ce fut un plaisir pour moi de retrouver Diego, Ana et Carlos, des personnages que j’avais apprécié dans Mala Vida. Je m’arrête là, parce que je me dis qu' »apprécier » sonne un peu pompeusement, eu égard au plaisir de lecture que j’ai ressenti. Plaisir aussi d’échanger avec l’auteur, lors du salon du livre de Saint-Maur-des-fossés, cette année.

Diego est journaliste, et il est allé enquêter au Mexique sur le chef d’un puissant cartel. Bien qu’il cherche sans relâche tout ce qui fâche, tout ce qui dérange, il n’est pas une tête brûlée, il s’est entouré de précautions pour tenter de rencontrer Don Fernando, ce fameux chef dont tout le monde, sauf ses proches collaborateurs, ignore le visage. Il est notamment accompagné par Miguel, son fixeur, et Diego est tout à fait conscient que c’est Miguel qui prend le plus de risque : Diego peut rentrer en Espagne quand il veut, Miguel restera au Mexique. Diego ne savait cependant pas ce qui l’attendait une fois rentré.

Court ? Oui, et j’en aurai bien volontiers lu davantage, j’aurai volontiers passé plus de temps en leur compagnie, y compris celle de Carolina, qui a toujours soutenu Diego tout en menant sa propre carrière. Bref, elle ne s’est pas contentée d’être la compagne de, même si être la compagne de Diego aura un fort impact dans sa vie – impact que vous connaissez déjà si vous avez lu Mala Vida et les autres enquêtes de Diego.

Si l’on y réfléchit un peu, la lecture de ce roman est désespérante. La corruption règne au Mexique et en Espagne, les intérêts économiques priment – et pas qu’en Espagne, faut-il le rappeler. Etre intègre, c’est bien, mais c’est rare, très rare, aussi Diego apprécie-t-il fortement les rares personnes qu’ils rencontrent et qui le sont – mention spéciale non à des personnages intègres, mais à des hommes politiques qui « récupèrent » des événements tragiques pour se faire mousser. Suivez mon regard, ce n’est pas seulement une péripétie littéraire.

Je termine, en toute logique, par Mala vida de Mano negra.