
Quatrième de couverture :
Paris, décembre 1924. Un crime est commis rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie dont la mise en scène intrigue les enquêteurs. Il est suivi d un autre puis d un troisième, tout aussi étranges. Les victimes n ont pas de rapport apparent entre elles et la police ne dispose d aucun indice si ce n est que le meurtrier s inspire manifestement du tableau de Max Ernst, Au rendez-vous des amis. La toile est un portrait de groupe des principaux animateurs du courant surréaliste, lesquels sont évidemment les premiers suspectés, individuellement ou en association. Tandis que la police piétine, Camille Baulay, dite Oxy, reporter au Petit Journal, mène ses investigations qui la conduisent à fréquenter de près Breton, Éluard, Aragon, Desnos, Prévert… et le très énigmatique Dédé Sunbeam.
Merci à la maison d’édition Parigramme de m’avoir envoyé ce livre. Je l’ai reçu pour mon anniversaire (les coïncidences) et j’ai (beaucoup) attendu pour le chroniquer, étant donné qu’il paraissait le 7 mars.
Mon avis :
Vous noterez ma manière toute personnelle de rédiger mes avis très largement en retard. Il faut dire que, contrairement à d’autres lecteurs, je n’avais jamais lu de romans de Gilles Schlesser, je ne connaissais pas grand chose en matière de peinture, n même de surréalisme… En revanche, je suis une grande lectrice de romans policiers, de romans historiques, je ferai donc avec mes compétences… littéraires.
Camille m’a fait penser au personnage de Louis Denfert, de Brigitte Aubert (l’art de se raccrocher à ce que l’on connaît) dont la compagne se nomme… Camille. Cette Camille Baulay, en revanche, n’a pas besoin d’un homme dans sa vie, et surtout pas pour prendre des décisions à sa place, ou prendre des risques inconsidérées. Elle y parvient très bien toute seule, et devrait surprendre les lecteurs qui pensent que les femmes des années 20 étaient toutes soumises et dociles. Camille assume ses choix, ses amours, même si ce n’est pas toujours évident (pas pour elle, pour ses partenaires) et doit faire avec le fantôme qui peuple ses nuits. On oublie trop souvent de nos jours le traumatisme laissé par la première guerre mondiale, et les conséquences, pas toujours négatives il est vrai, pour les femmes qui ont su prendre leur destin en main.
Autant dire que Camille et sa manie d’enquêter dérange, et pas seulement les policiers. Les rivalités qui déchirent les surréalistes, leurs petites méchancetés presque gratuites ne donnent pas d’eux une image reluisante. Nous sommes bien loin de la littérature ou de la peinture quand les préférences de certains les font écarter du mouvement sans ménagement.Bref, dans ce Paris des années 20, ils ne valent guère mieux que ceux qu’ils critiquent.
Cette intrigue me renvoie à un précepte qui m’est cher : il faut s’intéresser aux victimes et à leur vie pour découvrir le coupable. Nous ne sommes pas ici dans une intrigue où la surenchère de cadavres sert de prétexte à une course contre la montre pour arrêter un tueur et où l’identité des victimes devient secondaires. Le mobile du crime, fort ou léger, puise sa source dans leur passé – ce qui ne veut pas dire que le meurtrier se trouve excusé, loin s’en faut.
Après cette découverte, je compte me lancer prochainement dans la lecture de Mortelles voyelles.