Présentation de l’éditeur :
Ineko souffre d’une étrange maladie : des moments de cécité partielle qui l’empêchent de voir tel objet, telle partie de son corps ou de celui de son amant Hisano. Sur le chemin du retour de l’hôpital psychiatrique où ils viennent de la faire enfermer, dans un paysage étincelant de pissenlits en fleur, la mère de la jeune fille et Hisano poursuivent une conversation étrange : une ronde parolière semée de réminiscences, de questionnements saugrenus, de réflexions surréalistes. Inédit en France, ce roman inachevé dévoile une nouvelle facette de la virtuosité littéraire de Kawabata. On y retrouve le goût de l’ellipse et de l’ambiguïté inhérents à son univers, sur lequel plane ici encore le thème obsédant du désir et de la mort.
Mon avis :
Ce livre est ma première lecture d’un roman de Yasunari Kawabata et probablement la dernière. J’ai déjà tenté une lecture d’un autre roman, j’ai échoué lamentablement avant de le rendre à la bibliothèque. Celui-ci retournera à la bibliothèque aussi.
Je commence à écrire cet avis après avoir lu 90 pages sur 200, 90 pages lues rapidement parce qu’il ne se passait pas grand chose. Nous savons que Ineko souffre d’une maladie mentale : parfois, elle ne voit plus le corps des autres. Non, il ne s’agit as d’un problème de vue, mais d’un problème psychique, et sur les conseils du médecin, la mère d’Ineko l’a faite internée. En effet, Ineko n’est pas un cas isolé, et l’exemple donné par le médecin a de quoi effrayer : ne voyant plus le cou de son nouveau-né, une jeune femme l’a serré jusqu’à l’étrangler. Pour protéger la jeune femme, autant que pour protéger son entourage, elle a donc été internée. Etrange établissement que celui-ci, où l’on laisse le patient nouvellement arrivé sonner la cloche de trois heures, pour lui permette de retrouver le contact avec la vie « normale ». Par conséquent, elle sonne, elle sonne et Hisano, son amant, de l’entendre et de demander à la mère d’Ineko de retourner chercher sa fille. Oui, il a signé pour l’internement, mais il est profondément contre. « Mais » : Ineko comme sa mère refusent l’usage de cette conjonction de coordination, pour elle, le principe même de s’opposer à quelque chose, de modérer sa pensée est donc impossible. Inquiétant ? Oui. Jusqu’à présent, les 90 pages sont un dialogue qui parle de thèmes forts, de thèmes qui expliquent peut-être en partie le déséquilibre mentale d’Ineko, sans que je perçoive autre chose qu’un certain malaise. Pourquoi se confie-t-elle ainsi, sur des événements aussi intimes, la jalousie qu’elle éprouvait envers son mari, sa mort accidentelle sous les yeux de sa fille, qui accompagnait son père pour rassurer sa mère ? N’oublions pas non plus la guerre, les conséquences sur son mari, qui a dû continuer son métier de militaire bien qu’il ait été amputé d’une jambe.
Je poursuis l’écriture de cet avis alors que je suis presque à la fin, et le constat est le même, il ne se passe toujours rien. La mère se rappelle d’un épisode qui date du lycée, la première fois où Ineko n’a pas « vu » quelques chose, il s’agissait alors d’une balle lors d’un match de ping pong, et la scène nous est longuement détaillée, jusqu’à ce que nous revenions dans le temps présent. Il est désormais neuf heures, six heures et 222 pages ont passé depuis le début du roman, et cette sensation de ne pas progresser se poursuit. La mère et l’amant se disputent, de manière assez feutrée. Il est toujours insupportable pour l’un de l’avoir fait interner, l’autre se muant presque en accusatrice. Regrette-t-elle les confidences qu’elle lui a faites quelques heures plus tôt ? Alors que la nuit tombe, seule dans sa chambre, mais troublée par la présence toute proche du jeune homme, elle se remémore ses relations avec son mari, ce militaire très dur qui aimait la littérature européenne et se sentait désormais, avec la défaite, exclu de la vie, ce militaire pour qui une femme devait tout faire pour son mari. Et Ineko, à son tour, de se souvenir, pour oublier, un temps, les réalités de l’hôpital psychiatrique où la jeune femme qu’il aime, et qui a été durablement traumatisée par la mort de son père, est internée.
La fin ? Je ne saurai jamais où ce livre devait nous mener, non que je n’ai pas terminé ma lecture, mais l’auteur n’a pas terminé son écriture.