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Je ne veux pas être maman d’Irene Olmo

Présentation de l’éditeur :

Je ne veux pas être maman est un récit autobiographique qui traite du choix de la non-maternité, et des situations et conflits que génère la prise d’une telle décision, encore taboue dans notre société.
Tantôt avec humour, tantôt sur un ton plus réflexif et introspectif, la protagoniste relate les expériences vécues face à son choix de ne pas être mère, et nous vivons avec elle les réactions hautes en couleurs et les défis auxquels peut faire face une femme qui prend la même décision. Une histoire qui questionne la  » normalité  » imposée, de manière consciente ou non, par la société et la tradition et nous apprend, à toutes et à tous, la tolérance et le respect de l’autre et de ses décisions.

Mon avis : 

J’ai eu envie de parler aujourd’hui de ce roman graphique que j’ai lu hier à la bibliothèque municipale. En effet, il parle d’un sujet qui me touche particulièrement : celui du non désir d’enfants.

Je n’ai jamais eu envie d’avoir des enfants, et rares sont les personnes qui m’interrogent sur ce sujet. Soit l’on me demande comment j’ai réussi à ne pas avoir d’enfants, non en terme de contraception, mais en terme de pression sociale, quand on ne me dit pas « surtout, ne fais pas comme moi, ne change pas d’avis », soit je suis face à des personnes qui ont eu un désir « viscéral » d’enfants, qui ont bien programmé leur vie pour avoir les enfants quand elles voulaient quand elles voulaient, et qui ne comprennent pas que je n’ai jamais ressenti ce désir dans ma chair, ou (et là, c’est vraiment un autre problème) ne comprennent pas qu’un homme n’a pas su me convaincre d’avoir un enfant « pour lui ». Je n’ai pas d’enfants, je n’en veux pas, et comme le dit l’héroïne de ce roman graphique autobiographique, l’on ne devrait pas aller au-delà de ce « non », l’on ne devrait pas questionner la femme qui ne veut pas d’enfants – j’ajoute que l’on pose rarement la question à un homme qui n’en veut pas, voire même pas du tout.

Irene Olmo nous amène au tout début de sa vie, quand, à l’école, il était normal pour toutes de vouloir des enfants, pour toutes d’être contre l’avortement. Il a fallu qu’une proche soit concernée, qu’un débat sur l’avortement soit organisé pour qu’Inès se mette à réfléchir, à remettre en cause aussi les réflexes que l’on peut avoir quand on apprend une grossesse « accidentelle » (« tu n’utilisais pas de contraception ? Tu n’as pas utilisé de préservatif ? »), à penser aussi, au devenir de cette toute jeune femme et de cet enfant qu’elle n’a pas voulu.

Le temps passe, et à l’âge adulte, les questions, les pressions autour d’elle commencent. Les amies commencent à avoir des enfants, et à ne pas que de leurs enfants, de leur manière de les élever, ce qui éloigne Ines de ses amies, parce que celles-ci n’ont plus de place que pour la maternité. Pour ma part, j’ai déjà vu des jeunes mamans, pourtant amies avant leur maternité, se brouiller parce qu’elles n’avaient pas du tout les mêmes méthodes éducatives. Se pose aussi la question de ce que les femmes sacrifient pour leur maternité, comme cette jeune femme que rencontre Inès et qui, enceinte, sacrifie ses rêves professionnels au profit de cet enfant qu’elle attend. Et Inès de s’interroger : comment l’enfant réagira quand il saura tout ce que sa mère a sacrifié pour lui ? A moins, comme certaines mères que j’ai côtoyées, qu’elle ne dise à son enfant : « je me sacrifie pour toi, plus tard, tu devras faire pareil pour tes enfants ».

Le personnage principal traverse des moments durs, parce qu’elle est de plus en plus isolée – avant de se reprendre, de s’interroger, notamment sur toutes ces oeuvres de fiction qui montrent que, quel que soit le parcours de l’héroïne, son accomplissement ultime sera d’avoir des enfants, tout le reste ne comptera pas. Je pense aussi à tout ceux qui crient à l’extinction de l’humanité, alors que nous n’avons jamais été aussi nombreux sur terre. Elle parle aussi, et ceux qui interrogent les autres sur leur non-maternité n’y pensent pas assez, à celles qui veulent des enfants, absolument, et en souffrent horriblement, d’autant plus quand elles entendent les discours lénifiants des autres femmes, qui ne comprennent pas, puisqu’elles sont tombées enceintes selon leur désir, que d’autres ne le peuvent pas.

Je terminerai avec ces phrases, parce qu’elle correspond exactement à ce que je pense : « Je ne sais pas ce que me réserve le futur…
Mais je sais que nous finissons tous pareil, et quand ce moment arrive, j’espère avoir vécu la vie que je voulais vivre, et pas celle que me dictaient les autres. »

 

Les Futurs de Liu Cixin, tome 9 : La Terre transpercée

Présentation de l’éditeur :

Un physicien est tiré de force d’un sommeil cryogénique par un tribunal populaire qui le condamne à mort ! Stupéfait, Shen Huabei enfile combinaison et scaphandre, comme ses ravisseurs le lui intiment, et saute dans le vide d’un gouffre souterrain. Durant son interminable chute, ses juges instruisent le procès et lui révèlent l’ampleur de la catastrophe qui met également son fils en cause…

Merci aux éditions Delcourt et à Babelio pour ce partenariat.

Mon avis : 

Cette bande dessinée fut une découverte assez rude pour moi, pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, je n’ai lu qu’un seul livre de Liu Cixin pour l’instant (mais je ne dis pas que je n’en lirai pas d’autres). Ensuite, je lis peu de bandes dessinées. Enfin, je lis encore moins d’ouvrages de science-fiction. Cependant, la note finale de Wu Qingsong, le scénariste et dessinateur de cette bande dessinée m’a rassuré (a posteriori) : il donne à lire ses oeuvres à sa femme, qui ne connaît rien à ce genre littéraire. Si elle comprend, tout va bien, si elle ne manifeste aucun intérêt pour l’oeuvre, cela se complique pour notre auteur-dessinateur.

Passé ce préambule, je reconnais que j’ai eu du mal avec la chronologie du récit, ses retours en arrière, le fait, notamment, que le personnage principal est tiré d’un sommeil cryogénique et découvre tout ce qui s’est passé pendant son sommeil, et ce n’est pas vraiment ce à quoi il s’attendait.

De mon côté, je trouvais le projet de creuser un tunnel à travers la terre complètement fou. Je ne me sentais pas du tout à l’aise au cours de ce récit, même si le désarmement nucléaire avait eu lieu, même si l’on se débarrassait une à une des bombes qui restaient. Les risques me semblaient toujours grands, pas seulement au cours des expériences, mais à cause aussi de la « folie » des hommes. Le déroulement du récit ne me donnerait pas vraiment tort, tant l’auteur a montré à quel point l’homme était capable de saccager toutes les ressources que la terre met à sa disposition. Les sacrifices faits par certains peuvent alors sembler bien vains.

Concernant le graphisme, je l’ai trouvé des plus classiques, des plus lisibles si j’ose dire, au service d’un récit à la construction complexe. J’ai aimé le jeu des couleurs, franches, et des lumières. Les planches sont bien construites, mettant en valeur les découvertes et les avancées technologiques.

Une oeuvre à découvrir pour les amateurs de science-fiction.

 

Les énigmes de Phileas Un pachyderme venu du futur par Mathieu Ughetti

édition Scrineo – 48 pages.

Présentation de l’éditeur :

L’Histoire est capricieuse : elle se détraque mystérieusement ! Heureusement, le professeur Philéas, un éléphant venu du futur, est là pour la réparer. Mais seul, la tâche est compliquée… Alors, quand il tombe sur Zoé, Robin et Elsa au cours d’une mission, Philéas se dit qu’il a trouvé l’équipe parfaite pour l’épauler. C’est parti pour de grandes aventures à travers le temps !

Mon avis : 

Merci à Netgalley et aux éditions Scrineo pour leur confiance.

Si vous connaissez la revue L’éléphant Junior, alors peut-être avez-vous déjà croisé le professeur Philéas, pachyderme de son état, qui doit réparer des déchirures temporelles qui ont eu lieu dans le passé. L’on parle souvent du fameux battement d’aile du papillon qui peut avoir des conséquences énormes, mais quelles seraient les conséquences si l’imprimerie n’avait pas été découverte ? si l’électricité était réduite à l’électricité statique ? Oui, ce serait compliqué. C’est pour aller sur les traces de ce qui a entravé leur invention, leur identification que Philéas s’en va. Il emmène avec lui Zoé, Robin, et leur grande soeur Elsa, qu’il a rencontré par le plus grand des hasards et qui sont partant pour explorer le passé (sauf Elsa, mais, comme elle le dit elle-même, on ne lui demande pas vraiment son avis !).

Trois aventures nous sont racontés, et le jeune lecteur est fortement invité à s’investir dans sa lecture, grâce aux questions et aux jeux qui parcourent ce volume et l’invite à réinvestir ce qu’il a découvert. La troisième aventure nous a quant à elle amené en Egypte et nous a montré comment l’on a pu construire la plus haute pyramide du monde, tout en faisant découvrir les divinités égyptiennes.

Didactique sans être pesant, les énigmes de Philéas trouveront je l’espère un large public.

Adèle Blanc-Sec, tome 8 : Le mystère des profondeurs

édition Castermann – 46 pages.

Présentation de l’éditeur :

Mars 1922, dans un Paris pluvieux, Adèle a mal aux dents. Ca tombe bien, le « dentiste » vient de sortir de prison et, déjà, un de ses complices est assassiné…

Mon avis : 

J’avais très envie de lire une aventure d’Adèle Blanc-Sec, j’ai donc lu la seule que j’ai pu me procurer à la bibliothèque. Il s’agit ici du tome 8 et Adèle a un gros souci : elle a une rage de dent. Entre deux crises de douleur, et une visite chez un dentiste, elle trouvera cependant le moyen de mener une enquête à bout. En effet, le dentiste vient de sortir de prison, il a bien l’intention de se venger… Mais de qui ? de quoi ? Comment ? Le lecteur ira de surprises en surprises, à la lecture des multiples rebondissements de cette enquête. J’admets que certaines péripéties m’ont fait sourire, et qu’il en est qui auront peut-être du mal à s’en remettre. J’ai aimé aussi cette promenade dans Paris, sur terre mais aussi sous terre, promenade qui réserve aussi bien des surprises.

Une lecture très agréable.

Enfances de Jean-Jacques Sempé

Présentation de l’éditeur :

Dans l’album « Enfances », Sempé évoque la brutalité de sa jeunesse bordelaise, sa découverte du dessin et son admiration pour les artistes du « NewYorker », le célèbre magazine américain. Ça commence avec des baffes et des torgnoles… Ou plutôt non, ça commence par le commencement. Avec un bébé. Un beau bébé même, selon les critères de ces années-là. « Un bibendum blanchâtre et adipeux », « un gosse bien gros, alourdi par du lait trop riche ». C’est ainsi que se décrit Jean-Jacques Sempé. Il vit à Bordeaux. Nous sommes dans les années 1930.

Mon avis : 

J’ai lu ce livre à l’occasion d’une lecture commune avec le forum Partage lecture.

Enfances, c’est une interview à coeur ouvert, sans retouche avec Marc Lecarpentier. Sempé dit tout sur son enfance, surtout ce qui l’a fait souffrir. Dire que l’enfance de Sempé, enfant naturel, n’a pas été heureuse. Ses parents étaient pauvres, très pauvres, au point de déménager très souvent – à chaque fois qu’ils ne parvenaient plus à payer le loyer. Il ne sublime pas du tout la pauvreté de ses parents, ni la pauvreté tout court – l’entraide n’existait pas, le qu’en dira-t-on, les ragots sur Sempé (le père donc, à l’époque, pas le dessinateur bien connu) oui.

Il nous parle aussi de la violence dont il a été témoin, de celle dont il a été victime. Il ne le cache pas, mais cela explique aussi pourquoi il ne trouve pas vraiment de souvenirs heureux durables de ces années-là. Il nous parle de l’école, où il ne manquait pas, puisque cela lui permettait de s’évader de chez lui. Il était un élève chahuteur, souvent puni, cela n’empêche pas qu’il préférait nettement l’école au milieu familial.

Enfance, oui, mais aussi enfance d’une oeuvre, puisqu’il raconte ses débuts à Paris, son absence de formation, ce qu’il ne regrette pas forcément. Il regrette que ses parents ne lui aient pas apporté un cadre, ne lui aient pas offert des apprentissages rigoureux, comme le piano – est-ce pour cela qu’il a tant dessiné des enfants au piano ?

Il revient aussi sur la création de son personnage le plus célèbre, le petit Nicolas, les raisons, selon lui, du succès de ce personnage, ses liens avec René Goscinny. Il revient aussi sur la création et la réception de certains de ses dessins, y compris ceux qu’il n’apprécie plus et qu’il ressent le besoin d’expliciter. Il est le dessinateur de l’enfance, il ne pense pas nécessairement que tous les enfants sont des anges. Il explique aussi pourquoi il n’est pas satisfait des dessins qu’il fait d’adolescents, et pourquoi il en fait peu.

Le livre est illustré par des dessins de Sempé (forcément) et se termine par de nombreux dessins représentant les personnages au bord de la mer et le lecteur, en découvrant ce livre, comprendra mieux pourquoi le dessinateur aimait la mer.

Fantômes Académie, tome 1 d’Alessandro Gatti

Présentation de l’éditeur :

Les héros sont Riri, Fifi et Loulou, les neveux de Donald. Riri, Fifi et Loulou qu’on ne reconnaît que grâce à la couleur de leur casquette sont curieux, farceurs, malins, espiègles et aventuriers. Tout cela en étant exemplaires par ailleurs, ils sont polis, Loulou est premier en chimie…
Alors qu’ils pensaient se faire réprimander par le directeur, ils sont nommés ambassadeurs de leur école de Donaldville. Ce nouveau rôle va les amener à voyager dans le monde entier pour rencontrer les élèves des différents collèges. Cependant, à chaque visite, ils seront confronter à des créatures et à des monstres, chaque fois plus surprenants. Pour affronter ces créatures fantastiques, ils ne reculeront devant rien ! Leur principale force réside dans leur trio et l’esprit d’équipe qui les anime.

Paragraphe dans lequel je raconte ma vie absolument passionnante : J’ai reçu ce livre grâce à une masse critique Babelio. Depuis que j’ai postulé pour ce livre, j’ai eu des retours… amusants. Déjà, le nom de l’auteur « Gatti », qui veut dire « chats » en italien. Ensuite, le nom des neveux est Riri, Fifi et Loulou, je n’apprends rien à personne. Le 14 juin, je portais aux urgences vétérinaires les quatre chatons de la haie, et je commençais par le plus atteint, le plus petit, celui qui ressemblait à peine à un chaton normal et au lieu de le présenter avec son prénom complet, Fidélio, je le présentais avec son diminutif, Fifi (il faut dire que c’est le troisième chat que nous appelons Fidélio, tous ont eu en commun d’être roux, petit, et fragile). Le vétérinaire m’a alors demandé s’il y avait aussi Riri et Loulou, j’ai dit non, sans penser que nous avions déjà un Loulou à la maison (mais son nom n’a rien à voir avec le nom des Castor Junior) et que Riri pouvait être le diminutif de Lorient, le frère le plus en forme. SD’ailleurs, le vétérinaire a bien retenu le prénom de Fifi, celui dont il tenait absolument à avoir des nouvelles parce qu’il n’était pas sûr qu’il survive à la nuit. C’était le 14 juin, et si Fidélio est toujours petit, chétif, il n’en a pas conscience et essaie d’impressionner les gros matous de la maisonnée. Note : les gros matous sont gentils, et jouent avec douceur avec ce chaton téméraire.

Mon avis :

J’ai aimé retrouver des personnages que j’avais aimé étant enfant, personnages qui ont traversé les générations puisque mon cousin, qui avait onze ans de plus que moi, m’avait transmis ses manuels du Castor Junior. Riri, Fifi et Loulou sont les neveux de Donald, et même si l’on oublie pourquoi ils ont atterri chez leur oncle (un malencontreux accident), ils font partie d’une famille unie, entre Donald, Daisy, Oncle Picsou, et d’autres encore que j’avais oubliés comme Donald Dingue parce que cela fait plus de trente ans que je n’avais pas lu une de leurs aventures.

Oui, les personnages ont été modernisés, mais l’esprit a été conservé. Si les trois frères se trouvent convoqués par le directeur, ils se demandent bien non pas pourquoi, mais pour laquelle de leurs bêtises ils peuvent bien être réprimandés (leurs visages sont particulièrement expressifs). Or, ils se trompent, pour une fois, c’est une bonne nouvelle : ils sont devenus, par le vote des autres élèves, les représentants de Donaldville. Leur première destination est l’Ecosse, et là, ils doivent affronter de curieux phénomènes. Oui, des fantômes, mais…. le scénario repose vraiment sur toutes les ressources modernes possibles, sans oublier pourtant les tenants du « c’était mieux avant ». Oui, certains pensent que si tout va mal à Gooseberry, c’est parce qu’un nouveau campus a été construit et que le fondateur Lord Gooseberry se venge de ce qu’a fait Quentin McQuacken, le directeur actuel. A croire qu’il est plus facile de croire aux fantômes qu’à des actes commis par des personnes bien de ce monde. La modernité, c’est aussi de montrer un match de football qui oppose les élèves anglais et les ambassadeurs – Riri, Fifi et Loulou ne sont pas les seuls à voyager –  dans des équipes mixtes. Mais les personnages féminins ne se contentent pas de jouer au football brillamment, elles participent aussi activement à l’enquête !

Après la première histoire, Fantômes académie, nous découvrons « La boite à vengeance » qui nous emmène en Italie. Il ne sera pas tout à fait question de fantômes cette fois-ci, mais d’un esprit vengeur qui n’attendait que l’occasion de manifester ses pouvoirs, et c’est Loulou qui devient son instrument, causant quelques catastrophes ici et là, avant que ses frères ne reprennent les choses en main. Je donnerai une mention spéciale à la directrice qui ne s’en laisse pas compter, et reste pédagogue quelle que soit la situation à laquelle elle est confrontée, et croyez-moi, ce ne sera pas toujours facile. J’ai aimé aussi la façon dont le « problème » sera résolu, montrant qu’il ne faut pas se fier aux apparences, qu’il faut aller au-delà des idées reçues, et il est toujours important de le répéter.

Merci aux éditions Unique héritage éditions et à Babelio pour ce partenariat.

Ecoute, jolie Márcia – Marcello Quintanilha

Présentation de l’éditeur :

Márcia, infirmière respectée et aguerrie d’un hôpital de la région de Rio, vit dans une favela avec son compagnon Aluisio et sa fille Jaqueline, qu’elle a eue très jeune avec un autre homme. Jaqueline est frivole et grande gueule, et mène la vie dure à sa mère. Au grand désarroi de Márcia, sa fille fréquente les membres d’un gang du quartier et les relations deviennent très tendues entre les deux femmes. Marcia demande alors à Aluisio de surveiller Jaqueline, mais celui-ci risque gros…

Mon avis :

J’ai découvert cette bande dessinée grâce au blog de Béa, aux bouquins garnis  et je crois sincèrement que je ne pourrais pas rédiger une meilleure chronique que la sienne.

Marcia, l’héroïne de ce récit, est infirmière à plein temps. Elle et ses collègues bossent énormément à l’hôpital, ne ménage pas ses forces. Une fois sortie, elle prend soin d’une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer. Surtout, elle n’hésite pas à intervenir en pleine rue, aidant une jeune femme n’ayant pas eu le temps de gagner l’hôpital à mettre au monde son enfant. C’est ça, Marcia.

Sa vie privée est tout aussi tumultueuse. Pas à cause de son compagnon, non : Aluisio est un homme rare, qui prend des risques pour elle et pour Jacqueline, la fille de Marcia. Ce qui caractérise la jeune femme est sa désinvolture, en tout point : elle se moque de tout, des risques qu’elle prend, et des risques qu’elle fait prendre à Marcia et à Aluisio. Les conséquences ? Je vous le dis, elle s’en moque, tout comme elle se moque de l’amour inconditionnel que lui voue sa mère. Nous sommes au Brésil, nous sommes dans les favelas, les guerres entre gangs font rage, l’un supplantant l’autre, après avoir laissé morts et blessés derrière eux.

Et Marcia ? Femme hors-norme, elle ira jusqu’au bout pour ceux qu’elle aime, ceux qu’elle peut aider – et le « jusqu’au bout », ce n’est pas forcément ce que l’on penserait en France. Nous ne sommes pas dans un mélodrame, nous sommes dans un récit brut, de chair et de sang, de passion aussi, et le dessin suit : les personnages sont particulièrement expressifs dans cette oeuvre hors-norme.

A découvrir !

 

Feuilles volantes par Alexandre Clérisse

Présentation de l’éditeur :

Trois personnages à trois époques différentes, avec un point commun : ils racontent des histoires avec des images. Un moine copiste du Moyen Âge invente un récit imagé et un procédé d’impression, un jeune garçon au 20e siècle découvre le pouvoir inouï de la bande dessinée, et sa fille au 21e siècle vit de la création virtuelle. Chacun éprouve les nécessités vitales de la création et doit affronter des dangers et désillusions propres à leurs époques..

Merci aux éditions Dargaud et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

C’est une oeuvre déroutante qui s’offre à nous lecteurs, de par son graphisme et de par sa chronologie. Le graphisme, déjà : le texte est abondant sur certaines planches, ce qui pourrait faire tiquer certains. Les couleurs sont extrêmement vives, presque agressives, comme si le futur était déjà parmi nous. Oui, le futur, parce que la narration nous emmène dans trois époques : le moyen âge, le présent et le 21e siècle (avec salon littéraire sur la Lune en prime). ce sera à nous, lecteurs, de trouver les vrais liens entre les différentes époques.

Raconter avec des images, vaste sujet. Et nous de nous rendre compte que ce mode de récit a toujours existé : les enluminures médiévales étaient des récits en images (tout comme les sculptures des cathédrales, à destination d’un public illettré). Ils étaient faits par des moines qui se devaient de répéter inlassablement toujours les mêmes motifs, les mêmes lettres à la perfection. Aussi, raconter l’histoire de ces moines copistes est intéressant, tout comme est intéressant de voir les réactions, vives, à la naissance de l’imprimerie (je dis « vives » pour ne pas divulgâcher le récit). Au XXIe siècle, la fille de l’auteur se montre elle aussi répétitive, à sa manière, elle doit continuer à écrire les aventures d’un héros crée par son père, et pour lequel elle n’a plus vraiment d’inspiration, elle aspire à autre chose. Et, au milieu, nous avons un dessinateur en herbe, dont les parents considèrent que dessiner n’est pas vraiment un métier d’avenir. L’arrivée d’un nouveau voisin, qui vit de ce métier, les fera un peu évoluer sur leur position – les parents qui ne veulent pas que leur enfant embrasse une carrière artistique est hélas un grand classique. Avec lui, nous plongeons dans sa création, nous suivons les conseils qui lui sont donnés, et nous nous questionnons, aussi, sur la narration, quitte à perdre parfois un peu pied. Il faut se laisser porter par l’histoire.

Feuilles volantes est un récit singulier, à découvrir.

Soixante printemps en hiver par Chabbert, de Jongh

Présentation de l’éditeur :

Le jour de son 60e anniversaire, Josy refuse de souffler les bougies de son gâteau. Sa valise est prête. Elle a pris une décision : celle de quitter mari et maison pour reconquérir sa liberté en partant avec son vieux van VW ! Sa famille, d’abord sous le choc, n’aura dès lors de cesse de la culpabiliser face à ce choix que tous considèrent égoïste. Josy va heureusement tenir bon, trouvant dans le CVL (« Club des Vilaines Libérées ») des amies au destin analogue et confrontées à la même incompréhension sociétale… Mais cela suffira-t-il pour qu’elle assume sa soif d’un nouveau départ ? Et qu’elle envisage peut-être même un changement d’orientation sexuelle ? Oui, si l’amour s’en mêle. Ou pas…

Mon avis :

Merci aux éditions Dupuis et à Netgalley pour leur confiance.
Je n’ai qu’un mot à dire : bouleversant. Je ne pensais pas que la décision de Josy, son départ, loin de mari et famille, son installation dans son van VW entraînerait pour moi un tel flot d’émotions. Le dessin, les couleurs, tout respire la tendresse que, à mon avis, Aimée De Jongh et Ingrid Chabbert éprouvent pour leur personnage principale. Il ne s’agit pas tant de changement de vie que de vivre enfin, d’oser vivre, ne pas se contenter des apparences, de faire avec les convenances. Les enfants de Josy sont bien conformistes, j’ai envie de dire « hélas », pas seulement parce qu’il est dur de se souvenir que sa mère est aussi une femme mais parce que cette génération peut vouloir ne surtout pas sortir d’un cadre étroit. Personne ne cherche, sauf les femmes que Josy croisent et avec lesquelles elle noue de nouvelles amitiés, à comprendre pourquoi elle a agi ainsi, ses enfants plaquent des stéréotypes surannées sur ses actes, son mari, qui, même le jour de son anniversaire, ne faisait pas d’efforts pour elle, attend son retour – parce qu’elle ne peut que revenir, il est malheureux, lui.
Il fallait aussi aborder un tel sujet, celui du changement de vie, celui aussi d’un nouvel amour à la soixantaine, un amour différent des autres, un amour qui pourra choquer les biens pensants. J’ai trouvé que les images étaient à la fois réalistes et infiniment pudiques. Certains se choqueront peut-être. Ce n’est vraiment pas mon problème.
La lecture de Soixante printemps en hiver a été un véritable coup de coeur pour moi. J’espère qu’elle le sera aussi pour ceux qui découvriront cette oeuvre.

Tête de Pioche Les bébêtes du Bayou par Brrémaud et Rigano

Présentation de l’éditeur :

Dans un chalet de haute montagne, Tête de Pioche vit avec sa mamie adorée… et lui donne bien du fil à retordre. C’est d’ailleurs son caractère particulièrement têtu qui lui vaut son surnom ! Un jour, Tête de Pioche reçoit une lettre de sa grande sœur. Celle-ci lui annonce qu’elle vient d’être engagée dans un spectacle de claquettes à La Nouvelle-Orléans. Ni une ni deux, voilà Tête de Pioche, aussi intrépide qu’audacieuse, qui décide de fuguer pour admirer sa sœur sur scène ! Le voyage est long mais ne l’effraie pas : elle sait qu’elle pourra compter sur ses amis, les bêtes à poils et à plumes, pour lui venir en aide. Et elle en aura bien besoin ! Arrivée à La Nouvelle-Orléans, Tête de Pioche croise la route de trafiquants qui l’enferment dans une cage en compagnie de bestioles les plus variées. Heureusement, la petite a de la suite dans les idées. Et, surtout, elle maitrise le langage des animaux… Les Bébêtes du bayou est le premier volet d’une série sacrément attachante dont l’héroïne, une petite fille particulièrement ingénieuse et généreuse, fera à coup sûr chavirer le cœur des enfants… et de leurs parents !

Mon avis :

J’ai découvert cette bande dessinée grâce au challenge Netgalley 2022 et aux éditions Dargaud. Je dois dire d’entrée de jeu que cette bande dessinée aurait énormément plu à l’enfant que j’étais, et qu’elle plait aussi à l’adulte que je suis devenue. Grandir, ce n’est pas renoncer à celle que l’on était.

Tête de Pioche mérite bien son surnom, parce qu’elle est entêtée : elle va jusqu’au bout des choses pour sauver un animal en détresse, elle qui a le bonheur de pouvoir communiquer avec les animaux, parce que oui, pour moi, c’est un bonheur. Orpheline, elle est élevée par sa grand-mère, et a de temps en temps des nouvelles de Milady, sa grande soeur. C’est quand elle apprend que Milady va donner un spectacle à la Nouvelle-Orléans que Tête de pioche décide de s’y rendre pour applaudir sa soeur. Qu’importe le chemin à parcourir, c’est une succession d’aventures toutes plus extravagantes que la petite fille vivra, utilisant tous les moyens de transports mis à sa disposition, du bateau au train en passant par le bison. Les dessins, colorés, animés, débordent d’humour et d’énergie. Rien ne peut arrêter Tête de Pioche, et quand elle peut porter secours à des animaux menacés par des trafiquants, elle n’hésite pas.

Une bande dessinée que j’ai fortement envie de faire découvrir autour de moi.