Aujourd’hui, j’avais envie de parler un peu de musique, moi qui en écoute constamment/sans arrêt.
Cette chanson, je l’écoute depuis sa sortie, en 1988. Le groupe qui la chantait, Les charts, a duré à peu près dix ans.
Après la dissolution du groupe, le chanteur, qui avait pour pseudo Charly, à l’époque, s’est lancé dans une carrière solo en 1999 sous son vrai prénom (Calogéro).
Un premier morceau :
Puis un second, une reprise Des filles de l’aurore de William Sheller.
Je sais que c’est anecdotique, mais ce groupe (et son chanteur) fait partie des musiciens que je peux écouter sans que mes chats ne sautent au plafond.
Hier, j’étais à nouveau en formation pour Collège au cinéma, en tant que référente (depuis 2016) pour mon établissement scolaire. Après avoir étudié, la semaine précédente, le premier film réalisé par une femme en Arabie Saoudite (Wadjda d’Haiffa Al-Mansour), cette semaine c’était au tour de Woman at war de Benedikt Erlingsson film franco-islando-ukrainien que j’ai eu ainsi l’occasion de découvrir. Sur la longue route du retour (un seul prof convoqué par établissement, avant, l’on était deux et nous co-voiturions), j’écoutais de la musique et je « tombe » sur une chanson qui me plait beaucoup, la chanson et la voix de la chanteuse. Rentrée chez moi, je cherche alors qui cela peut bien être : Evidemment, de La Zarra, qui nous représentera à l’Eurovision. Alors, que l’on gagne ou pas, peu importe : l’important pour moi est que cette chanson ait la carrière qu’elle mérite.
Comme beaucoup d’entre vous sans doute, j’ai entendu une publicité pour une chaine de « grands magasins », les galeries L*** (oui, je pense que je donne ainsi une assez bonne idée du nom de cette chaîne). En entendant cette publicité, je me suis demandé qui était ce chanteur, ce qu’il était devenu (j’avais l’impression que la chanson datait des années 60). Ce qui est bien avec internet, c’est que, de nos jours, l’on ne reste plus avec ses interrogations et que l’on peut rapidement trouver :
le titre de la chanson ;
le nom du chanteur.
J’ai été très surprise quand je l’ai découvert, parce que je ne l’avais pas reconnu du tout.
A l’époque (nous sommes en 1964), il avait pourtant déjà un très grand talent.
J’ai réussi à aller au cinéma une deuxième fois cette année (je compte à part les retransmissions d’opéra), alors que, sur les réseaux sociaux, dans les magazines spécialisés, je vois passer LA grande question : pourquoi la fréquentation du cinéma diminue-t-elle ?
Pour moi, je peux répondre : je manque de temps cette année (cette année scolaire est particulièrement mouvementée et je ne parle même pas de mon année féline, j’écris d’ailleurs avec Dora sur les genoux, alors qu’Oda est couchée sur la toute nouvelle box internet, déjà fortement malmenée ce matin parce qu’Annunziata a passé des heures couchée dessus) et je suis fatiguée, je mesure donc la différence fatigue/plaisir à voir le film. J’ai renoncé à aller voir des films qui me tentaient, parce qu’aller au cinéma le soir signifie ne pas forcément être en forme le lendemain pour me rendre au collège. Si un film me fait envie… je regarde s’il passe dans ma salle préférée, sinon, je ne cherche pas frénétiquement une salle qui le diffuse. C’est ainsi que je suis allée à l’unique séance des Vieux fourneaux proposés dans mon cinéma. Je n’oublie pas le prix – mais la salle que je fréquente propose des tarifs vraiment abordables (6 € la séance en moyenne) pour un confort total. Reste l’argument : « mais tu vas seule au cinéma, c’est triste. » Non. C’est une opinion, ou plutôt un ressenti, mais j’ai longtemps attendu que des personnes m’accompagnent, j’ai eu souvent des refus, voire des « lapins », donc et depuis longtemps, je fais beaucoup de choses seule.
Pour revenir au cinéma, là, je l’admets, quand j’ai vu qu’un documentaire sur Leonard Cohen passait à Rouen, eh bien, j’ai relevé les séances et j’y suis allée. Je n’étais pas retournée au cinéma Omnia depuis longtemps – quinze ans ? Peut-être. Cela fait bien huit ans que je n’étais pas allée au cinéma à Rouen, depuis la fermeture de la salle UGC, alors à l’omnia….je me souviens y avoir vu Le placard en 2001, j’ai sans doute vu d’autres films depuis, mais… j’ai oublié ! J’allais beaucoup au cinéma de Gisors à l’époque, ou à Saint-Sever.
Mais je reviens sur Hallelujah, les mots de Leonard Cohen, un documentaire d’une heure 55 : je n’ai pas vu le temps passer.
Le documentaire pourrait répondre à une problématique : comment passer d’un album refusé à un succès mondial ? Oui, une fois l’album enregistré, Various positions, avec les arrangements de John Lissauer, il n’eut pas l’heur de plaire au nouveau directeur de Columbia, qui refusa que l’album sorte aux Etats-Unis. Il sortit en Europe, cependant, il eut un succès relatif au Royaume-Uni, et Leonard Cohen dut trouver une obscure maison de disque du New Jersey pour que l’album paraisse enfin aux Etats-Unis.
Pour qu’Hallelujah soit connu (enfin), il faut passer par l’art de la reprise. John Cale, d’abord, en piano/voix en concert. Puis Jeff Buckley, la version qui a rendu le titre mondialement connu – parce que, certains n’hésitent pas à le dire dans le documentaire, la voix « d’ange » de Jeff Buckley plaisait davantage que les voix graves de Leonard Cohen et John Cale. Jeff Buckley avait signé chez Columbia, le même label qui avait refusé de sortir l’album de Cohen dont Hallelujah était le titre phare : Cohen avait mis sept ans à écrire cette chanson, sept ans avant d’être satisfait des paroles. Il n’avait pas osé le dire à Bob Dylan, réputé pour écrire vite : il avait repris la chanson lui aussi alors qu’elle n’était pas connue du tout.
Mais Hallelujah allait connaître une nouvelle vie, grâce au dessin animé Shrek, film qui avait déjà renouvelé le cinéma d’animation. Oui, cette chanson apparaît dans le film, recoupée, expurgée des deux couplets qui peuvent choquer (et qui semblent avoir choqué Vicky Jenson la réalisatrice). Oui, il existe aussi plusieurs versions de la chanson, celle de l’album, et celle que Cohen chantait sur scène, nettement plus osée – autant dire que ce n’est pas cette version qui a été retenue. Depuis, la chanson fait le bonheur de tous les télé-crochets américains.
Et Cohen ? Il n’est pas l’homme d’une seule chanson, il est aussi, à la fin de sa vie, l’homme de la démesure. Après avoir passé cinq ans dans un monastère bouddhiste, il a enregistré trois albums, que suivirent cinq années de tournée mondiale. Il mourut en novembre 2016, un mois après avoir terminé son dernier album.
Pour terminer, une chanson de Leonard Cohen que j’ai découverte grâce à ce documentaire :*
Je dis « ou presque » parce que je n’étais pas à l’opéra Bastille, mais au cinéma des Andelys, pour assister, de 19 h 15 à 22 h 17 (je suis précise) à la retransmission en direct de l’opéra de Bellini.
Note : je n’aime pas la musique de Bellini, et cet opéra m’a fait rappeler pourquoi.
Il est d’ailleurs très ennuyeux que tout le monde ait envie de rire dans ce qui devrait être, dans l’opéra, une grande scène tragique (la fin de l’opéra, pour simplifier).
J’ai aimé l’interview de la chef d’orchestre Speranza Scappucci (sa soeur aînée s’appelle Gioia) qui montre l’importance du mode majeur dans l’opéra, et effectivement, je n’entendais presque toujours que du majeur, que l’on associe plutôt à des thèmes joyeux, que du mode mineur. Je ne suis pas « fan » de l’orchestration des opéras de Bellini, qui me semblent toujours « légères », par rapport à ceux des opéras de Mozart, par exemple.
J’aimerai vous dire que l’intrigue est connue, si ce n’est que le livret ne s’inspire que de manière lointaine de la pièce de Shakespeare. Ce qui a importé, c’est la rivalité entre les Montaigu et les Capulet. Juliette et Roméo se connaissent déjà, et Roméo a tué le frère de Juliette, à la guerre, certes, c’est le destin, dira-t-il, mais tuer son adversaire en temps de guerre est courant – simple, clair, net, et précis. Je regrette cependant l’histoire originelle – Roméo est ici un grand chef de guerre.
Cependant, le choix de le faire chanter par une femme. Oups. Pas très crédible pour moi surtout quand la cantatrice Anna Goryachova joue comme l’on jouait l’opéra il y a trente, quarante ans, comme si aucun metteur en scène n’avait jamais fait de travail de mise en scène. Pour la mise en scène, je n’ai pas grand chose à dire non plus, cet opéra n’offrant pas de vastes possibilités pour créer une mise en scène véritablement surprenante. Reste un très bon Capulet, Jean Teigen, très juste, très sobre dans son jeu, dominant véritablement les scènes dans lesquels il apparaît.
Je ne sais pas si je trouverai le temps de retourner à l’opéra/cinéma cette année, mais je suis contente d’avoir pu aller à la première retransmission de la saison.
J’aurai pu parler des élections, j’aurai pu faire un article pour dire à quel point, depuis des années, j’en ai assez de lire les propos de personnes moralisatrices, qui expliquent à quelle heure il faut voter, pour qui il faut voter – oui, il faut toujours « voter utile » et pourtant, je n’ai pas l’impression qu’il soit écrit « vote inutile » sur certains bulletins – ou contre qui il faut voter. Il faut voter selon ses convictions. A chacun de faire ses choix. Le tout est de ne pas dire après : « je regrette de ne pas être allé voter ».
A la place, je vais vous parler de chanteurs et de chansons qui me tiennent à coeur. A une époque où des chanteurs disent, à tous leurs concerts « faites du bruit » (ouille, mes pauvres oreilles) peut-être pour dire qu’ils ne font pas (vraiment) de musique, j’ai envie de rappeler ce qui fait l’essence même d’une chanson : une musique, un texte et un artiste.
Le paradis blanc de Michel Berger est sans conteste une de mes chansons préférés, écrite par un de mes artistes préférés. L’une des plus belles reprises à mes yeux est celle de Marc Lavoine, faite en 1994 à l’occasion d’une émission-hommage à Michel Berger. Oui, avant de reprendre une chanson, il faut aussi penser à ce que l’on a à dire, à chanter – trop d’apprenti-chanteurs ne font pas attention à cela. PS : je sais qu’il est des personnes qui n’aiment pas Marc Lavoine. Je note cependant que, quelques jours avant les vacances, deux de mes quatrième entonnaient « Les yeux revolver ».
Autre artiste dont j’apprécie les chansons : Julien Clerc. Etienne Roda-Gil ou Françoise Hardy lui ont écrit des textes magnifiques et pas forcément « vendeurs », des textes toujours parfaitement chantés. J’aime écouter des mots, des textes, pas de la bouillie sonore.
Ce n’est rien, une chanson que j’écoute beaucoup actuellement :
Une dernière chanson, un dernier artiste pour terminer cet article. J’ai hésité, et finalement, j’ai choisi Maurane. Parce que l’on peut être une chanteuse avec une voix magnifique et avoir aussi des textes magnifiques.
21 février 1991 : avec ma classe de 4e, et avec l’investissement de mes professeurs (il en est une que je croise encore, nous faisons des recherches généalogiques), je découvre Les noces de Figaro de Mozart au Théâtre des arts de Rouen. Cet amour pour l’opéra ne m’a pas quitté.
3 février 2022 : je regarde au cinéma des Andelys la captation des Noces de Figaro à l’Opéra Garnier.
Si je ne suis pas d’accord avec tous les choix de mise en scène, je sais cependant que les chanteurs ont toujours été mis en valeur et ont toujours pu chanter sans que des figurants (pour citer un exemple de mise en scène d’un autre opéra) ne viennent faire n’importe quoi derrière leur dos, sans que des installations vidéo (et pourtant, il y en avait) ne viennent détourner l’attention de ce qui était le plus important : la musique de Mozart.
Moderne, les noces de Figaro ? Elles nous parlent toujours, en tout cas. La comtesse Almaviva est une femme qui a été follement aimée, et qui ne l’est plus. Le comte veut mettre Suzanne, la fiancée de Figaro, dans son lit, ou dans tout autre endroit qui lui permettra d’avoir une relation sexuelle avec elle. Pour cela, il est prêt à tout, y compris à empêcher son mariage. Il faut beaucoup d’énergie, d’inventivité à Suzanne pour pouvoir, simplement, vivre la vie qu’elle souhaite et ne pas être victime d’un prédateur sexuel qui, aux yeux de la société du XVIIIe siècle, a tous les droits puisqu’il est bien né. Oui, c’est Suzanne, aidée de la comtesse Almaviva, qui est la personne qui mettra réellement tout en oeuvre pour déjouer les pièges du comte – Figaro étant souvent à contretemps. La Comtesse n’est plus aimée, ce qui n’empêche pas le Comte d’être extrêmement jaloux. Et tant pis pour les metteurs en scène qui minimisent cet aspect de l’oeuvre : oui, le Comte est un homme violent. Gare à celui qu’il soupçonnerait d’avoir une aventure avec sa femme et qui tomberait entre ses mains : je ne donne pas cher de sa peau. Offrir un poste dans son régiment à Chérubin est le plus sûr moyen de l’envoyer à la mort, ne l’oublions pas. Je ne donne pas cher non plus de celle de la Comtesse. Je n’oublie pas non plus Marcellina, femme déjà âgée, qui fut une jeune fille bafouée (voir son grand air, très souvent coupé) et qui, à l’acte IV soutient Suzanne contre Figaro : entre femmes, il faut se soutenir quand un homme est injuste envers nous, dit-elle. Pourquoi trop de femmes ont-elles oublié ce principe ?
Et Barbarina ? Elle est la cousine de Suzanne. Elle est la prochaine sur la liste du comte, comme l’apprend, presque par accident, son père. Elle joue les entremetteuse, déjà, elle est encore un peu naïve, elle ne le sera sans doute plus longtemps.
Pour terminer, un extrait avec Porgi amor, le premier air de la comtesse.
Mention spécial aussi pour l’interprête de Bartolo, qui a dû chanter masqué. Pourquoi ? On nous a annoncé au début de la représentation qu’elle avait failli être annulée et que des mesures avaient dû être prises. Le masque, que lui, les choristes et les danseurs portaient en faisaient sans doute parti.
Que vient faire la natte, me diriez-vous ? En 1991, je commençai à me coiffer avec une natte. Aujourd’hui, je la porte toujours, et pour les élèves qui ne connaissent pas (encore) mon nom, c’est souvent ainsi que l’on me définit : « la prof à la natte ».
Août 1981. Georges Brassens souffre d’un mal dont il cache le nom, même à ses proches. Puisque la Camarde affûte sa faux, il compte profiter du temps qui lui reste pour composer de nouvelles chansons, auprès de Joha Heiman, surnommée Püpchen, prendre du bon temps avec ses amis et remonter sur scène à Bobino… Comme chaque été, Georges a regagné sa résidence secondaire Ker Flandry, son havre de paix situé non loin de Paimpol. Pendant ces quelques jours, il navigue sur le flot de ses souvenirs : Sète, ses frasques adolescentes, son professeur de français Alphonse Bonnafé, le début du succès avec Patachou… Et surtout il pense aux deux femmes qui ont marqué sa vie : Jeanne Planche, de trente ans son aînée – qui l’avait caché impasse Florimont, pour qu’il échappe au STO – et Püpchen, dont il fait la connaissance en 1947. En se promenant sur la plage de Lézardrieux, des scènes, des visages lui reviennent en mémoire… et Georges replonge dans ce chassé-croisé amoureux.
Merci à Netgalley et aux éditions Elidia pour ce partenariat.
Mon avis :
Voici quarante ans que Georges Brassens est décédé. Brassens, Jeanne et Joha est un livre qui paraît à cette occasion. Cette biographie romancée raconte Brassens en nous parlant des femmes qui ont compté dans sa vie, Jeanne et Joha.
Le premier mot qui me vient à l’esprit est légèreté. Et pourtant, raconter les débuts de Brassens, et les mois qui précédèrent sa mort ne sont pas légers. Maryline Martine évite pourtant dans sa narration toute la pesanteur liée parfois aux récits biographiques. Oui, l’on peut raconter une vie, l’amour, la mort, les rencontres, et bien d’autres choses encore sans jamais être pesant ou pire insistant lourdement sur des précisions qui n’apportent pas tant de choses à la connaissance de l’homme et de l’oeuvre. L’homme et les femmes qui, même si, comme Joha, elle ne vécut jamais avec lui, partagèrent, donnèrent, aimèrent.
Le second mot qui me vient à l’esprit est pudeur. Il s’agit avant tout du portrait intime d’un homme qui se préoccupa avant tout de vivre dans le présent. L’image qu’il donnait ? Ce n’était pas sa préoccupation, préserver les siens, prendre soin d’eux, oui.
Un bel hommage à Brassens et aux femmes de sa vie.