Archive | avril 2021

Sur des Breizh ardentes par Stanislas Petrosky

Mathilde a disparu par Leno Solveig

Présentation de l’éditeur :

Où est passée Mathilde ?
Sa voiture est retrouvée sur le parking de l’entreprise.
Sa voisine, ses collègues de bureau, ses parents, son ex-compagnon, son amoureux transi, d’autres personnes encore l’ont croisée le jour de sa disparition, mais finalement, qui la connaissait vraiment ? Au fil des témoignages, le policier chargé de l’enquête découvre une jeune femme aux prises avec de redoutables dangers. Parviendra-t-il à la sauver ?
La course contre la montre est lancée…

Mon avis :

Merci à Netgalley et à Librinova pour ce partenariat.
Pour faire court, je ne sais pas à quoi je m’attendais en lisant ce livre. Je me disais seulement : mais qu’est-il donc advenu de Mathilde ?
Déjà, je me suis dit qu’elle avait de la chance, la Mathilde. Une enquête est ouverte pour sa disparition, alors qu’il est très rare qu’on en ouvre une si vite pour une adulte majeure, vaccinée, célibataire et sans enfants. Le récit de l’enquêteur, narrateur à la troisième personne mais focalisation interne, est entrecoupé par des témoignages qui nous montrent des visions de Mathilde, qui a dû se construire, et parcourir la vie en ne trouvant pas chez les autres ce qu’elle en attendait. J’ose dire qu’elle a quitté le regard peu bienveillant de son père pour celui de Théo, qui tient plus du pervers narcissique que de l’amoureux. C’est peut-être aussi pour cela que j’ai peu apprécié l’enquêteur, qui ne parvient pas tant que cela à garder sa neutralité – même s’il ne le montre pas. Je crois que j’en ai assez que l’on colle l’étiquette « amour » sur des actes qui ne manifestent en rien de l’amour.
En refermant le livre, dérangeant, déroutant, je me suis dit que oui, Mathilde avait bel et bien disparu. Ne pas avoir aimé une intrigue, des personnages, ne m’empêche pas d’avoir trouvé ce livre bien écrit, son intrigue bien construite, dénouement y compris.

L’antidote mortel de Cassandre Lambert

Présentation de l’éditeur :

Trois adolescents, trois destins liés par leur désir de rébellion et de vengeance. Whisper, princesse surprotégée par le Roi, n’a jamais franchi les portes du Palais. Personne ne doit connaître son existence depuis qu’un mystérieux mal s’est emparé de la Reine. Lorsque son père la condamne à un mariage forcé, la jeune fille s’enfuit et cache sa véritable identité. De l’autre côté du royaume, Eden, fougueuse jeune femme au caractère bien trempé, est chassée d’un orphelinat. Son seul désir : venger la mort de son père, un brillant inventeur tué par le Roi. Quand elle rencontre Whisper, elle saisit l’opportunité de s’introduire au Palais par son aide. Jadis, paysan, se voit remettre par sa tante un précieux antidote, le seul capable de sauver la Reine. Sur sa route vers le Palais, il croise celle d’Eden et de Whisper…

Trois personnages, et trois destins aussi liés qu’opposés.

Au bout de leur route périlleuse, il faudra que justice soit rendue.

Merci à Netgalley et aux éditions Didier Jeunesse pour leur confiance

Mon avis ;

J’ai commencé ce livre il y a quelques… semaines déjà. Le début de sa lecture correspond à une période qui n’a pas été facile d’un point de vue personnel et familial, et il fait partie de ses livres qui, lus à une autre période, l’auraient été beaucoup plus vite.

Et pourtant, ce premier roman, qui est aussi le premier tome d’une trilogie (c’est bien que les auteurs savent où ils veulent aller) est très intéressant. Nous suivons, dans un univers de fantasy, trois adolescents, deux filles et un garçon. Mis à part qu’ils ont à peu près le même âge et qu’ils partagent le même univers, ils n’ont pas de points communs, du moins, en apparence. Prenez Whisper, la princesse. Toutes les petites filles ou presque rêvent d’être une princesse. Whisper est une vraie princesse, c’est à dire qu’elle est cloitrée dans son palais, n’a le droit de voir que les personnes choisies par son père, n’a le droit de rien faire, ou presque rien, tant sa santé est fragile. Le jour où son père lui présente son fiancé, choisi par ses soins, elle décide de fuir. Autant vous dire que pour une jeune fille de 18 ans qui n’est jamais allée plus loin que le bout du jardin (les jours fastes), c’est une entreprise à nulle autre pareille. Heureusement, elle rencontrera Eden, son exacte opposée.

Celle-ci est orpheline, elle sait bien qui est responsable de la mort de ses parents : le Roi, directement ou indirectement. Le Roi est véritablement un personnage intéressant pour moi parce que c’est lui la cause de quasiment tous les événements négatifs qui ont entraîné la situation dans laquelle se trouvent les personnages principaux et son peuple – cela fait beaucoup, et parce que les raisons qui l’ont poussé à agir comme il l’a fait sont des raisons que certains pourraient promptement excusés – ben voyons – alors qu’elles sont totalement inexcusables. Eden a un objectif simple : se venger. Grâce à elle, nous savons ce que le peuple dit de la cour. Il se pourrait que la princesse soit morte, puisque personne ne l’a vu. Tout le monde aime la reine, dont on attend la guérison depuis 18 ans, au point de toujours chercher un antidote pour guérir la reine. Et c’est pour en apporter que Jadis a pris la route.

Jadis est un paysan dont certains se détournent, à cause de taches de naissance que certains prennent pour une malédiction, quand ce n’est pas une maladie contagieuse. Oui, les gens sont superstitieux. Leur rencontre les amènera à faire face ensemble, et à découvrir des faits qui, je le dis, ne sont pas forcément jolis jolis. Il en faudra, des péripéties, pour arriver à destination. Il en faudra, des révélations, pour atteindre le dénouement, qui marquera le commencement d’une nouvelle aventure.

 

Les détectives du Yorkshire, tome 6 : Rendez-vous avec la ruse de Julia Chapman

Présentation de l’éditeur :

La mort aime tromper son monde.
Enquêter sur un adultère ? Ce n’est pas vraiment le rêve de Samson et Delilah, les détectives de l’Agence de Recherche des Vallons. Seulement voilà, la demande vient de Nancy Taylor, une femme charmante à laquelle on ne peut rien refuser. L’infidèle, quant à lui, est le maire, mais aussi un respectable homme d’affaires et l’ex-beau-père de Delilah. Diable ! Le duo de détectives va devoir marcher sur des œufs…
Or Samson et Delilah découvrent qu’une affaire peut en cacher une autre. Et que ruses, fourberies ou tromperies sont bien plus présentes à Bruncliffe qu’ils ne le croyaient.

Mon avis :

Ce sixième tome aurait pu être reposant. Si, si. Après un cinquième tome qui avait failli voir nos deux détectives disparaître, tout aurait pu être plus simple ici. Sauf que… Samson veut protéger Delilah. Il décide donc de prendre ses distances avec elle, de ne surtout pas lui montrer ses sentiments, de ne surtout pas lui dire quels problèmes sont les siens. Bien sûr, c’est une idée complètement idiote ! Il faut vraiment avoir la tête dans le guidon de sa moto pour penser que c’est une bonne idée, pour penser que Delilah ne se posera aucune question et acceptera sans broncher de ne plus enquêter avec lui.

Et pourtant, Delilah aurait de quoi ne plus enquêter : son agence de rencontres croule sous les inscriptions, grâce à un article paru dans la presse locale et qui monter à quel point l’agence est une réussite ! Oui, Delilah est douée pour unir le plus immariable … des fermiers. Oui, l’ARS devient un amour est dans le pré et l’élevage de mouton sans les caméras de télévision.

Bref, tout irait presque bien dans le meilleur des mondes, n’était que Nathalie Taylor, ex belle-mère de Delilah (elle fut d’une discrétion exemplaire lors du divorce) et femme du maire demande à Samson d’enquêter parce qu’elle soupçonne son mari d’adultère. Ce n’est pas la plus folichonne des affaires, ce ne devrait pas être la plus dangereuse non plus. Les apparences sont souvent trompeuses. Et ce n’est pas les amis de la maison de retraite qui diront le contraire ! Eux aussi vont confier une enquête à Samson, et elle sera pleine de rebondissements !

J’anticipe, j’anticipe, comme si Samson et Delilah n’allaient pas en voir des vertes et des pas mûres au cours de cette enquête, frôlant le pire maintes fois. Si Samson cache à Delilah ses sentiments, il est des personnages, comme Bernard Taylor ou Rick Procter qui cachent des faits bien plus graves, bien plus dangereux. La campagne du Yorkshire peut dissimuler bien des secrets.

Ce sixième tome, écrit pendant le confinement, est vraiment excellent. J’ai hâte de lire la suite !

 

Verte de Marie Desplechin

édition L’école des loisirs – 180 pages.

Présentation de l’éditeur :

À onze ans, la petite Verte ne montre toujours aucun talent pour la sorcellerie. Pire que cela, elle dit qu’elle veut être quelqu’un de normal et se marier. Elle semble aussi s’intéresser aux garçons de sa classe et ne cache pas son dégoût lorsqu’elle voit mijoter un brouet destiné : empoisonner le chien des Voisins.

Sa mère Ursule, est consternée. C’est si important pour une sorcière de transmettre le métier à sa fille. En dernier ressort, elle décide de confier Verte une journée par semaine à sa grand-mère, Anastabotte, puisqu’elles ont l’air de si bien s’entendre.

Dès la première séance, les résultats sont excellents. On peut même dire qu’ils dépassent les espérances d’Ursule. Un peu trop, peut-être.

Mon avis :

Ce livre parle d’un sujet que l’on n’aborde pas tant que cela dans la littérature jeunesse : la difficulté, pour une mère, d’élever un enfant seule, alors que la société ne lui donne pas le droit de se plaindre. Etre mère, ce n’est que du bonheur (oui, je parodie le slogan d’une émission de télé-réalité qui fête aujourd’hui ses vingt ans). Or, Ursule a beaucoup de difficultés à élever Verte sa fille unique.

Pardon ? On me souffle dans l’oreillette que les difficultés proviennent principalement des difficultés à concilier tradition familiale, profession et éducation de sa fille unique. En effet, Ursule est sorcière, comme sa mère avant elle, et comme Verte sera amenée à le devenir – enfin, dès qu’elle aura manifesté un tantinet de pouvoirs, ce qui n’est pas le cas en ce moment ! Pourquoi Verte ? Parce qu’Ursule a fait ce que mes parents n’ont pas fait : choisir un prénom en fonction du futur métier de leur fille. (Note : cette mention pour expliquer que l’on m’a dit que mes parents n’auraient pas dû appeler une future professeur de français par le prénom que je porte. Bizarrement, mes parents ont plutôt pensé à me donner un joli prénom qui leur plaisait à tous les deux plutôt que d’imaginer la future carrière de leur fille). Son père voulait Rose, c’est banal et pas du tout adapté à sa future profession. Principe de précaution : Ursule n’a eu qu’un enfant (seule la fille aînée peut devenir sorcière), inutile d’en avoir d’autres, c’est suffisamment de soucis comme cela. Et encore, si elle savait tout ce qui l’attend !

Oui, Ursule a pris une grande décision : demander l’aide de sa mère Anastabotte pour qu’elle lui montre toute la joie d’être une sorcière. Ce n’est pas tant qu’Anastabotte soit douée, c’est plutôt que les circonstances s’y sont prêtées. Verte est avant tout une pré-adolescence comme les autres, qui doit faire avec une famille un peu différente, une famille folle de joie quand toute la vaisselle se retrouve cassée par les pouvoirs de la toute jeune fille. Anastabotte est folle de joie, Ursule, aussi. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les deux femmes pouvaient, comme le lecteur, savoir ce que pense vraiment Verte de tout cela, si elles avaient pu aussi anticiper ce que Verte ferait. Après tout, elle avait parfaitement le droit de sauter sur les occasions qui lui étaient offertes, non ? Si elle ne peut plus profiter des cours de sa grand-mère pour voir les effets des sortilèges et autres objets magiques, où allons-nous ?

Soufi, lui, va à l’autre bout du terrain à cause du sortilège. Soufi, c’est LE garçon que toutes les filles, dont Verte, ont remarqué, le garçon qui, malgré lui, se retrouve au beau milieu de cette histoire de famille. Lui aussi aura des choses à nous dire.

Verte est un roman charmant, à partager.

Le souffle du mal, Mercy Thompson tome 11 de Patricia Briggs

Présentation de l’éditeur :
Mercy Thompson doit faire face à un ennemi mortel pour défendre tout ce qui lui est cher…Mon nom est Mercedes Athena Thompson Hauptman, et je suis mécanicienne. Et changeuse coyote… Et la compagne de l’Alpha de la meute du bassin du Columbia. Mais rien de tout ça ne poserait de problème si je n’avais pas accepté d’endosser la responsabilité de protéger tous ceux qui vivent sur notre territoire. Sur le moment, ça semblait être la chose à faire. Ça aurait dû se limiter à traquer des gobelins tueurs, des chèvres zombies et un troll de temps à autre. Au lieu de cela, notre foyer est à présent considéré comme une zone neutre où les humains peuvent négocier avec les faes sans danger. En réalité, rien ni personne n’est en sécurité. Tandis que généraux et politiciens affrontent les Seigneurs Gris des faes, une tempête approche… Et son nom est la Mort. Mais nous sommes la meute, et nous avons donné notre parole. Qu’importe le prix.

Mon avis :

Quand je lis un roman de Patricia Briggs, il m’arrive de penser à ce qu’une autre autrice aurait fait avec le même synopsis. Oui, ne cherchez pas, je compare très souvent Mercy Thompson avec Anita Blake – ou comment avoir un ami vampire, Stefan pour Mercy, qui reste un ami, fidèle, prête à aider, mais un ami. Mercy, dans cette onzième aventure; a bien besoin de tous ceux qui peuvent l’aider, elle et la meute du bassin de Columbia.

Pourtant, au tout début du récit, c’est l’aide de Mercy qui est sollicité, la sienne et celle de la meute. Elles se trouvent même toutes les deux un peu débordées par les phénomènes anormaux qui s’accumulent dans la région. On n’a pas fini de parler des « chèvres zombies miniatures » qui ont sévi dans la région. Ce serait oublier que ces vingt chèvres appartenaient à une famille ordinaire, heureuse, bien sous tout rapport, qui se trouve mêlée bien malgré elle à une lutte de pouvoir, famille que Mercy et les siens vont protéger. Mais contre qui ? Qui peut être assez tordu pour transformer des chèvres, des chevreaux en zombi ? Le récit ne fait jamais dans la joliesse, ne rend pas glamour quelque chose qui ne l’est pas.

Des actes horribles, abjects, Mercy en découvrira beaucoup dans ce récit. A aucun moment, elle ou les loups ne seront admiratifs. Oui, celles qui ont agi ainsi ont du pouvoir. Elles ont surtout l’outrecuidance de penser que leur soif de puissance les autorise à torturer, à tuer, à asservir. Oui, l’image qui est donné des sorcières usant de la magie noire n’est pas glamour, mais alors là, pas du tout. Oui, cela change des personnages gentillets de sorcière que l’on croire ici ou là. La frontière est vraiment ténue entre la magie grise, et la tentation de plonger dans la magie noire. Adam l’a dit : il ne tolérera pas que l’on use de magie noire sur son territoire. Lui, Mercy, et leurs alliés agissent dont en conséquence – en des scènes intenses mais aussi émouvantes. Il ne faut pas toucher aux innocents, quels qu’ils soient.

Comme si ce problème n’était pas assez énorme à régler, une conférence humain/faes doit être organisé, et c’est la meute qui est chargée d’assurer la sécurité des participants. Dire que cela ennuie Mercy est un euphémisme – elle a vraiment autre chose à faire que jouer les potiches pendant des conférences. Par contre, elle a beaucoup à faire quand il s’agit de limiter les catastrophes ou d’ouvrir le dialogue avec des personnes qui n’apprécient pas du tout les loups garous.

S’il est un fait que je retiens de ce tome 11, particulièrement prenant, sanglant, intense, c’est la possibilité de lutter, de surmonter, encore et toujours, les épreuves. Ne pas s’avouer vaincu, ne pas céder face à l’abjection sont déjà des victoires.

La sentinelle du petit peuple, tome 1 : La pommade des fées par Barrau, Carbone et Forns

 

Présentation de l’éditeur :

Il est temps pour Adélaïde, loin de chez elle, immobilisée en maison de repos, de léguer à sa petite-fille son plus grand secret. Elle est la sentinelle du Petit Peuple, la protectrice des êtres féeriques qui sont les garants de l’équilibre de notre Terre. Elle lui transmet la recette de la pommade de fée : à son tour, Élina pourra voir ce monde merveilleux et découvrir sa nouvelle mission. Car l’heure est grave. Au lac, l’ondine a disparu et le Petit Peuple a besoin de son aide. Pour protéger les humains et les êtres féeriques, en poursuivant son apprentissage auprès de sa grand-mère, Élina devra aussi dissimuler à sa mère ses nouveaux pouvoirs…

Merci à Netgalley et aux éditions Dupuis pour ce partenariat.

Mon avis :

J’ai découvert Carbone par la série La boite à musique, dont j’ai lu les quatre tomes parus à ce jour grâce à Netgalley et aux éditions Dupuis. Je découvre maintenant sa nouvelle série, que je trouve plus axée jeunesse.
Je me suis sentie réellement projetée dans le monde des contes, avec l’ondine, le drac, et tout le petit peuple qui gravite autour. Rares sont ceux qui peuvent les apercevoir – et encore, ils ont besoin d’utiliser une pommade pour cela, et, bien sûr, de croire en leur existence. Qio accepterait de fabriquer une pommade, puis de la mettre sur ses paupières s’il ne croyait pas, au moins un peu, à la possibilité de voir les fées ?
Ce n’est pas, cela n’a jamais été le cas de la fille d’Adélaïde, mère d’Elina, comme un chainon manquant, comme un être qui veut absolument s’ancrer dans la réalité. Avec elle, nous abordons une autre facette de l’oeuvre, celle de l’indifférence qui paraît généreuse. Cette jeune femme m’a rappelé une phrase souvent dite, écrite : « on devient les parents de ses parents ». Et elle d’agir ainsi, de décider de vendre la maison de sa mère et de placer celle-ci dans une maison de retraite à la suite de son accident. Je me dis tout de même qu’elle va un peu vite, et qu’elle a tout pouvoir très rapidement. Je me dis surtout qu’elle n’écoute pas les désirs de sa mère, qui est loin d’avoir perdu son autonomie. Qu’en sera-t-il dans le tome 2 ?
Et les craintes du petit peuple ? Oui, une nouvelle sentinelle est là, Elina,mais elle a encore beaucoup à apprendre, et le lecteur à découvrir, dans cette bande dessinée au graphisme toujours magnifique et créatif.

Les chiens de Pasvik d’Olivier Truc

Présentation de l’éditeur :

Ruoššabáhkat, « chaleur russe », c’est comme ça qu’on appelait ce vent-là. Ruoššabáhkat, c’est un peu l’histoire de la vie de Piera, éleveur de rennes sami dans la vallée de Pasvik, sur les rives de l’océan Arctique. Mystérieuse langue de terre qui s’écoule le long de la rivière frontière, entre Norvège et Russie. Deux mondes s’y sont affrontés dans la guerre, maintenant ils s’observent, s’épient. La frontière ? Une invention d’humains. Des rennes norvégiens passent côté russe. C’est l’incident diplomatique. Police des rennes, gardes-frontières du FSB, le grand jeu. Qui dérape. Alors surgissent les chiens de Pasvik. Mafieux russes, petits trafiquants, douaniers suspects, éleveurs sami nostalgiques, politiciens sans scrupules, adolescentes insupportables et chiens perdus se croisent dans cette quatrième enquête de la police des rennes. Elle marque les retrouvailles – mouvementées – de Klemet et Nina aux confins de la Laponie, là où l’odeur des pâturages perdus donne le vertige.

Merci aux éditions Métailié et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

J’ai lu toutes les enquêtes de la police des rennes avant celle-ci, qui est la quatrième en date. Bizarrement, j’avais un peu d’appréhension à retrouver leur univers touffu et dense. Je dois dire que… j’avais un peu raison. Dans cette nouvelle enquête, Nina et Klemet ne sont plus partenaires, Nina officie ailleurs. Leur lien ? Todd, le père de Nina, réapprend à vivre, à être dans le monde des vivants, auprès de la dévouée Berit, amie d’enfance de Klemet – comme si lui seul restait de ce qui s’était tissé entre eux au fil de leurs enquêtes successives.

Oui, je me suis perdue dans ce livre. Les personnages étaient très nombreux. « Trop » seraient injustes, mais j’ai eu beaucoup de mal avec l’ensemble des personnages russes, le seul dont l’identité est facile à retenir est Gagarine. Un chien. Le chien de la discorde. Il s’est sauvé de chez lui, lui, le seul lien entre un père et sa fille, fille qui somme son père de tout faire pour le retrouver. Les chiens errants ont en effet la réputation – justifiée – d’attaquer les rennes, de les tuer, et de les laisser là, sans les manger, au contraire des autres animaux qui errent sur les territoires russes ou norvégiens. Oui, les rennes n’ont que faire des frontières, et ce sont justement les rennes de Piera Kyrö qui se sont échappés hors de Norvège. La scène dans laquelle Klemet et les autres tentent de les ramener, poursuivis par la menace latente des chiens que l’on entend, que l’on pressent, est une des scènes les plus magistrales du roman.

Il n’est pas question que d’animaux dans cette enquête – forcément. Il est question des liens entre la Russie (ex-URSS) et la Norvège, du peuple sami, dont les territoires n’ont jamais correspondu avec les frontières, de la corruption, qui permet à certains de prospérer et d’en tenir d’autres sous leur coupe – piéger est tellement simple. Il est question des morts, des disparus, ceux que l’on ne veut pas – et à raison – oublier, ceux dont on veut savoir ce qu’ils sont devenus, ceux à qui l’on veut rendre leur honneur.

Faire la paix avec son passé et faire la paix avec le passé de son peuple. Klemet essaie toujours, en des démarches qui ne sont pas toujours comprises de ses proches. Il n’est pas le seul à avoir à faire avec son passé, Piera Kyrö tente lui aussi de faire la lumière sur ce qui peut l’être, de retrouver ce qui a été perdu et ce qu’il découvrira ne laissera pas de le surprendre. Et s’il est séparé de sa femme, celle-ci n’est pas en reste en ce qui concerne l’acharnement, la ténacité – ne pas savoir est pire que tout.

Les chiens de Pasvik – un roman que les fans auront déjà lu à la publication de ma chronique.

Le coeur en laisse par Line Papin

Présentation de l’éditeur (extraits) : 

Maurice est un écrivain à succès. Mais voilà qu’à quarante ans, il ne ressent plus rien. Plus rien pour sa compagne Isabelle, plus rien pour ses livres. Alors qu’il tente de sauver une dernière fois son couple, soudain, elle apparaît. Elle, Ambroisie. Égérie du Tout-Paris, ancien mannequin à succès, d’une beauté saisissante, elle parle bien, elle sait tout. Ambroisie est un tremblement dans sa vie.

Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour ce partenariat

Mon avis :

C’est un roman pour lequel je peine à rédiger mon avis. Je me rends compte en effet que, pour moi, ce roman a été cinématographique. Grâce aux mots de Line Papin, j’ai « vu » les scènes qu’elle racontait, et surtout, je me suis véritablement attachée à Maurice, personnage principal et narrateur de son histoire. Il est véritablement attachant, Maurice, peu importe les choix qu’il fait, peu importe le parcours qu’il suit dans ce roman, parce que j’ai vu un être de chair, presque quelqu’un que j’aurai pu rencontrer dans la vie et secouer un peu : « Maurice, tu fais une grosse bétise ». Oui, ma remarque est un peu infantile, parce que Maurice a beau avoir quarante ans, il est à la fois blasé et pas vraiment installé dans une vie d’adulte. Il a du succès en tant qu’écrivain ? Il n’arrive plus vraiment à écrire. Sa compagne ? Il ne ressent plus grand chose non plus. Il vit avec son chat dans un appartement qui tient plus du studio d’étudiants que de la demeure d’un écrivain qui a réussi.

Sa rencontre avec Ambroisie change tout. Non, il ne se remet pas à écrire, il donne un tournant totalement inattendu à sa vie, au point de se perdre. Ils sont différents, pour ne pas dire totalement opposés l’un à l’autre, et Ambroisie emmène Maurice avec elle, dans le tourbillon de sa vie. Je me suis demandé quand il allait ouvrir les yeux – ou si il allait ouvrir les yeux. La dolce vita ? Oui, non, peut-être. Maurice est hors de la vie qu’il s’était construite quasiment sans le savoir. Il est amoureux, il est ébloui, il se brûle à la folie Ambroisie – et l’écriture de Line Papin nous emmène avec lui.

Le coeur en laisse – un roman qui m’a emportée avec lui.