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Cat’s eye, tome 1 de Tsukasa Hôjô

édition Panini France – 466 pages

Présentation de l’éditeur :
Les trois soeurs Rui, Hitomi et Aï sont gérantes d’un café le jour et d’insaisissables voleuses d’oeuvres d’art la nuit ! Annonçant leurs futurs forfaits avec une carte de visite signée Cat’s Eye, ces cambrioleuses de charme s’attirent les foudres des forces de l’ordre. Un jeu du chat et de la souris se met en place et amuse beaucoup ce trio. Et pour rajouter un peu de piquant, l’inspecteur chargé de les arrêter n’est autre que Toshio Utsumi, le petit ami d’Hitomi… Cette double vie promet des instants cocasses !

Mon avis :

Ce n’est pas le manga que je voulais acheter ce jour, c’est pourtant avec celui-ci que je suis rentrée chez moi, parce que cela faisait très longtemps que je souhaitais découvrir cette série de manga, et j’ai été très heureuse de la découvrir dans une librairie spécialisée.

Si vous êtes de ma génération, vous avez sans doute vu, un dimanche soir, un épisode de cet animé (même si je ne suis pas sûre que le terme était très courant à cette époque) : il était diffusé le dimanche soir sur France 3. Certes, même si vous avez mon âge, peut-être ne le connaissez-vous pas : il est des parents qui interdisaient la télévision à leurs enfants, y compris le dimanche, ce n’était pas mon cas (oui, nous regardions la télévision en famille, et c’est ainsi que j’ai découvert Sherlock Holmes avec Jeremy Brett, c’est mon père qui avait insisté pour que nous regardions). Dans l’animé (enfin, sûrement pour sa diffusion française), les noms et prénoms des personnages étaient francisés, l’inspecteur se nommait ainsi Quentin – est-ce pour cela que le prénom a connu une grande vague en France ? Pourquoi pas ?

Mais revenons à notre manga, qui comporte pas moins de 466 pages (quatre autres tomes sont réédités sous ce format à ce jour). Cat’s Eye est un voleur de tableau que la police japonaise tente d’arrêter, si ce n’est qu’elle n’y parvient pas ! Et pourtant, ce voleur audacieux avertit toujours à  l’avance du lieu où il frappera, de l’oeuvre qu’il compte dérober. Il les aide ! Si j’emploie ce pronom masculin, c’est parce que les policiers sont persuadés qu’ils ont affaire à un homme, seul Toshio Utsumi, après un corps à corps assez particulier, découvrira que Cat’s Eye est une femme. De là à ce que les autres enquêteurs l’admettent, il y a un pas qu’il leur faudra franchir. J’ajoute que l’inspecteur, à chaque nouvel échec, envisage de démissionner. Sa petite amie est assez controversée à ce sujet. D’un côté, elle n’apprécie pas tant que cela qu’il soit dans la police. De l’autre, il est une source précieuse de renseignement, lui qui aime tant bavarder. Oui, la petite amie de Toshio n’est autre qu’Hitomi, l’une des Cat’sEye. Il le sait sans le savoir, puisque c’est le nom du café que tiennent les trois soeurs.

Il ne s’agit pas d’une simple histoire de voleuses plutôt douées, non. Les trois soeurs sont complémentaires, et si Hitomi excelle sur le terrain, Rui est celle qui monte les plans, prépare les stratégies, alors qu’Aï est très douée pour tout ce qui est technique – dans le premier tome, elle n’est encore qu’une lycéenne, et ses soeurs veillent à ce qu’elle poursuive sa scolarité sereinement. En effet, les trois soeurs cherchent à découvrir ce qui est arrivé à leur père, quinze ans plus tôt. Pour cela, elles reconstituent patiemment sa collection, sur la piste de ceux qui l’ont trahi.

Dire que ce manga est très réussi, que les dessins sont particulièrement parlants, que l’on est totalement dans l’action quand on le lit me paraît terriblement banal : si ce manga n’avait pas des dessins extrêmement animés, mouvementés, si les personnages n’étaient pas si fermement caractérisés, y compris les personnages secondaires, je ne pense pas qu’il aurait rencontré le succès qui est le sien. Cat’s Eye n’est pas un manga, c’est un classique !

Un mois au Japon avec Lou my lou book et Hilde

PS : voici onze ans, je chroniquai le tome 5, le seul que j’étais parvenue à trouver.

Wild love tome 1 de Hiraku Miura

Présentation de l’éditeur :

Yuzuki Madoka est une jeune fille passionnée d’animaux qui a le coeur sur la main. Elle suit des études pour devenir toiletteuse. Un jour, un étudiant nommé Shirô Kuon, emménage dans la même résidence qu’elle. Ce dernier est gentil et toujours en demande d’affection. Petit à petit, il attire la jeune femme à lui. Mais il y a un problème : il cache un bestial secret que personne ne doit découvrir…

Mon avis :

Cela s’appelle se faire rouler. Si, si. J’ai trouvé ce livre dans le rayon des shojos, j’ai trouvé la couverture très belle, avec ces fleurs et ces tons roses, et elle l’est. Je n’avais pas vu la petite inscription « pour public averti ». J’ai débuté la lecture pendant le quart d’heure lecture, et heureusement, personne ne m’a posé de questions sur ma lecture (j’étais avec les troisièmes).

L’histoire aurait pu être bien, mais l’héroïne est d’une naïveté confondante. Oui, dans les shojos, les héroïnes sont naïves, mais tout de même. Je lui conseillerai de rompre illico avec son amant loup garou, tout sauf mignon, relativement violent, et qui ne tient pas du tout compte de ses désirs à elle. Oui, je suis restée focalisée là-dessus, elle est son « repas », un point c’est tout. Le quatrième de couverture dit qu’il est en demande d’affection, l' »affection », ce n’est pas vraiment ce qui se passe entre eux ! Naïve, toujours, Yuzuki accepte de se rendre dans la boutique d’un inconnu, et tant pis si elle ne sait pas ce que vend cette boutique, tant pis si elle ne connait pas bien ce quartier, tant pis si elle a peur d’un moineau – pour quelqu’un qui parvient à apaiser l’animal le plus violent, c’est tout de même un comble.

Alors oui, l’on devine des luttes de pouvoirs, entre ces loups qui existent au Japon depuis des siècles et tentent de survivre, ces loups-garous qu’il faut vider de leur force/magie/pouvoir (oui, je suis déjà en train d’oublier ce que j’ai lu) avant qu’ils ne deviennent extrêmement violents mais cela semble presque à la périphérie du roman. J’ajoute un autre personnage, la princesse des loups qui est recherchée par des loups garous, justement, et qui, à mon sens, est juste sous notre nez (ou truffe, cela dépend).

Il doit exister une suite, puisque c’est un tome 1, mais je ne la lirai pas.

Un mois au Japon avec Lou my lou book et Hilde

Chocolat vampire de Kyoko Kugamai

Présentation de l’éditeur :

Chiyo, simple humaine, et Setsu, issu d’une puissante famille de vampires, ont grandi ensemble et de leur amour est né un pacte du sang. À l’adolescence, leur lien se distend mais la jeune fille accepte toutefois de rester la source de vie de Setsu, en échange de son aide pour retrouver les vampires responsables de la mort de ses parents. Entre complots, rivalités amoureuses et canines aiguisées, Chiyo va tout faire pour regagner son indépendance.

Mon avis :

Je me replonge un peu dans les mangas, d’autant plus que j’ai fait quelques rangements dans mes étagères, et que j’ai retrouvé celui-ci, dont j’ai enchainé la lecture avec un autre titre qui m’a réservé quelques surprises.

C’est un tome 1 d’une série qui en comporte 16, et je ne pense pas nécessairement poursuivre la lecture de cette série. Elle combine à mes yeux deux éléments : elle se déroule dans un milieu scolaire, comme beaucoup de mangas que j’ai eu entre les mains, et elle met en scène des vampires. Tout d’abord, j’ai eu du mal à identifier les personnages masculins les uns des autres, certains vampires et certains humains se ressemblaient énormément. Chiyo se distingue parce qu’elle est humaine, parce qu’elle est l’un des personnages principales, parce qu’elle veut venger ses parents, protéger son frère et sa soeur sans oublier se défaire de ce pacte qu’elle a fait, des années plus tôt, avec Setsu. A tort ou à raison ? L’avenir le lui dira.

Ce premier tome m’a semblé poser les bases de ce récit et contenir suffisamment de péripéties pour maintenir l’attention du lecteur. Il nous permet de nous interroger sur les motivations des personnages, celles qui sont avouées, celles qui le sont moins aussi. L’on se questionne aussi, surtout après le dénouement, sur le devenir des personnages, jusqu’où ils seront capables d’aller pour obtenir ce qu’ils désirent – quel que soit ce qu’ils désirent.

Une série que je poursuivrais peut-être, mais qui n’est, hélas, pas disponible en bibliothèque.

Un mois au Japon avec Lou my lou book et Hilde

Mon chat à tout faire est encore tout déprimé, tomes 3 et 4

Présentation de l’éditeur :

Depuis qu’elle a intégré son entreprise, Saku a toujours trouvé une excuse pour échapper au voyage entre collègues, mais cette année, pas moyen d’y couper. Évidemment, son chat Yukichi reste à la maison. Comment va-t-elle survivre une nuit et deux jours sans les repas de Yukichi et sa présence chaleureuse à ses côtés pour dormir ?! Même s’il ne le montre pas, Yukichi est lui aussi affecté par le départ de Saku… Pour ce superchat des tâches ménagères et sa maîtresse nonchalante qui n’ont jamais été séparés aussi longtemps, la nuit sera longue.

Mon avis :

Voici déjà le troisième tome des aventures du chat à tout faire, qui prend particulièrement soin de sa maîtresse Saku, au point que personne ne soupçonne la véritable personnalité de la jeune femme, qui passe aux yeux de certains pour une véritable héroïne. Elle est toujours impeccable au travail, elle apporte toujours des plats très bien cuisinés, elle tient bien l’alcool, contrairement à de très nombreux employés. Heureusement que ces collègues ne la voient pas rentrer chez elle ! Heureusement qu’ils ne découvrent pas tous les soins que lui prodigue son chat, dans le but qu’elle soit parfaitement en forme le lendemain !

Nous retrouvons aussi dans ce troisième tome le petit chaton qui avait été trouvé dans le tome 2 et celui-ci prend plaisir à jouer avec Yukichi – oui, deux chats, même de taille for différente, peuvent cohabiter. Nous suivons aussi Saku dans son voyage entre collègues, et découvrons à quel point elle vit mal le fait d’être loin des soins de Yukichi. En bonus, un nouvel épisode sur les débuts de la relation entre Saku et Yukichi.

Tome 4 : présentation de l’éditeur

À Noël dernier, Saku avait non seulement oublié le festin préparé par Yukichi, mais son seul cadeau s’était résumé à des boîtes de pâtée achetées à la va-vite à la supérette du coin. C’est pourquoi cette année, elle est bien décidée à le surprendre avec un vrai cadeau !
Mais qu’est-ce qui pourrait bien faire plaisir à Yukichi ?

Mon avis :

Ce n’est pas que la vie de Saku est difficile, non, cela, n’a rien à voir. Simplement, elle doit faire avec sa vie au bureau et sa vie à la maison, avec Yukichi. Noël arrive et elle se rend compte qu’elle a oublié d’acheter un cadeau pour celui qui partage sa vie ! Il est aussi difficile de dire : « oui, je passe Noël avec mon chat, non, pas de problème. » Nous nous plongeons aussi, à nouveau, dans la jeunesse de Yukichi, ses premiers pas en tant que chat à tout faire. Et si Saku craint, notamment quand on lui parle « cuisine », d’être démasquée, force est de constater que Yukichi fait comme les grands chefs : il dose les ingrédients au jugé. Un manga drôle, sympathique, avec une touche de fantastique.

challenge Un mot des titres chez Azilis

Mon chat à tout faire est encore tout déprimé, tome 2 d’Hitsuzi Yamada

Présentation de l’éditeur :

Saku et Yukichi sont invités à l’anniversaire de Yume, la nièce d’Orizuka.
Exposer au grand jour le chat géant marchant sur deux pattes est pour le moins risqué, mais il est hors de question de décevoir Yume… Quelle issue trouveront nos deux protagonistes ?!
Bien que la vie de Saku et Yukichi soit parfois mouvementée, la douceur et la tranquillité règnent dans leur foyer.

Mon avis : 

La vie pour Yukichi est dure, très dure, et l’on ne mesure pas assez à quel point vivre auprès de quelqu’un d’aussi bordélique que Saku peut être compliqué. S’il n’en fallait qu’une seule preuve, ce serait le coup de téléphone que les parents de Saku lui donne. Oui, ils s’inquiètent pour leur fille, mais ils s’inquiètent aussi pour son chat, dont ils réclament des photos : ils doutent qu’elle soit capable d’en prendre soin (et, finalement, ils n’ont pas tout à fait tort).

Ce second tome est le prolongement du premier, et nous retrouvons les personnages que nous avons précédemment découverts, notamment Yume, la nièce d’Orizuka, qui adore Yukichi. Alors oui, les adultes s’étonnent, de voir quelqu’un porter un tel déguisement, mais après tout, pourquoi pas ? L’on saura également dans ce tome comme Saku et Yukichi se sont rencontrés – et nous découvrirons aussi quels métiers celui-ci pourrait exercer.

Un manga tendre, à recommander.

Mon petit ami genderless, tome 1 de Tamekou

Présentation de l’éditeur : 

Dans Mon petit ami genderless, suivez le quotidien lumineux d’un couple particulièrement moderne. Sous le trait de Tamekou, laissez-vous attendrir par ce nouveau manga bourré d’énergie positive.
Wako travaille au sein d’une maison d’édition. Meguru est un homme genderless, star des réseaux sociaux. Tous les deux sont amoureux, mais leur quotidien ne ressemble pas à celui d’un couple conventionnel : entre elle qui enchaîne les heures supplémentaires au travail et lui, dont le principal intérêt est de se rendre mignon pour la femme qu’il aime, ils déstabilisent souvent leur entourage… Mais ensemble, ils sont heureux, et c’est bien ça l’essentiel.

Mon avis : 

Je me suis remis à acquérir des mangas, puis à les lire – j’ai une forte tendance à accumuler les livres dans ma bibliothèque. J’ai été attiré par ce manga parce qu’il me semblait parler d’un sujet qui n’était que rarement traité : les personnes genderless.

Oui, ce manga est mignon, les relations entre Meguru et Wako sont mignonnes, et c’est rafraîchissant de voir une relation qui dure, de voire Meguru prendre soin de la femme qu’il aime, tandis qu’elle travaille énormément, jusqu’à l’épuisement même, et qu’elle gère aussi les réseaux sociaux dont il est la star. Elle pense à tout pour le mettre en valeur, voyant immédiatement tout le potentiel des situations, des scènes qu’elle photographie. Même si elle n’est pas sur les photos, même si elle ne veut pas être sur les photos, s’effaçant dès que Meguru prend un selfie « à deux », elle est présente quand même, par sa façon de le valoriser, de ne penser qu’à lui. Lui pense à tout ce qui pourrait lui faire plaisir à elle.

Mais… il y a un mais, ce manga n’est que mignon. Les gens pensent Meguru gay, ou, s’il est avec Wako, les gens pensent qu’elles sont lesbiennes, mégenrant ainsi Meguru. Ils laissent faire, parce ce que cela ne les dérange pas, alors que cela me dérange. Ce n’est pas en s’en tenant aux apparences, à des clichés rassurants, admis (ah, la collègue de Wako fière d’étaler sa largeur d’esprit parce qu’elle soutient la jeune femme, qu’elle pense lesbienne, ah, le mannequin forcément gay parce que ne respectant pas les codes de son genre) que l’on fait évoluer la société. J’aurai vraiment envie de voir les personnages s’affirmer davantage face aux autres. Oui, ce n’est pas toujours facile, j’en conviens. Il n’est pas facile, par exemple, de tenter de faire signer un auteur, d’entendre ses remarques sexistes et de ne pas pouvoir réellement répliquer. Wako pense énormément à sa carrière, elle est aussi terriblement complexée, craignant toujours, en dépit de son amour et de sa bienveillance, que Meguru ne la trouve pas assez bien pour lui et, quelque part, ses complexes sont un carcan pour elle.

Meguru aime les belles personnes, mais toutes les personnes belles le sont-elles réellement ? Je pense au mannequin Kira, que je ne sais pas trop comment qualifier (genderless lui aussi ou androgyne, plus simplement ?). Je sais seulement qu’il est un exemple parfais de narcissisme et d’égocentrisme, ne pourtant strictement aucune attention aux autres, à ce qu’ils disent, à ce qu’ils vivent : tout glisse sur lui, sauf ce qui se rapporte à lui. Il est le personnage le plus curieux de ce manga, parce qu’il agaçant, horripilant, bref, tout sauf mignon.

J’ai cependant envie de lire le tome 2 quand il paraîtra, pour voir comment leurs situations respectives vont évoluer.

La voie du tablier, tomes 1à 4 de Kousuke Oono

Mon résumé :

Tatsu est un ancien yakusa, il était le meilleure dans sa branche, il était craint et redouté, il était Tatsu l’immortel. Mais il a pris sa retraite, pour devenir un homme au foyer. Il prend soin de sa maison, la nettoie parfaitement, prépare des bentos pour sa femme, et n’hésite pas aussi à soutenir d’anciens collègues qui ont quelques soucis.

Mon avis :

C’est grâce à Pativore que j’ai découvert cette série de manga. J’ai pu réserver puis emprunter les quatre premiers tomes à la bibliothèque de Rouen. Tatsu et sa femme semblent avoir inversé les rôles, du moins de mon point de vue d’occidentale. Elle travaille énormément, s’investit pour son travail, tout en n’étant pas une très bonne ménagère (voir dans quel état se trouve leur logement quand elle veut organiser une fête d’anniversaire surprise pour son mari). Lui, par contre, cherche tous les moyens de se perfectionner dans son domaine, et je dois dire que c’est carrément flippant : voir sa parfaite connaissance de la manière de faire partie des tâches, toutes les taches, sur des vêtements. Yakusa doit être un métier très salissant ! Il n’hésite pas non plus à prendre des leçons de cuisine, à découvrir tout ce que l’on peut découvrir sur le tapioca (vaste sujet), à chercher les meilleures méthodes pour que sa conjointe puisse se relaxer (ne surtout pas oublier d’avoir un chat sur les genoux, c’est essentiel). Il est plutôt bien intégré dans son quartier, cependant, les policiers l’ont à l’oeil, et le soupçonnent un peu de tout et de n’importe quoi – surtout de n’importe quoi. Je serai presque tentée, en voyant Tatsu et ses anciens collègues, de dire que le yakusa est un homme comme un autre. Seulement, il ne peut se défaire de son passé aussi facilement, il effraie un peu, même quand il tente de sourire ou qu’il prend des cours de yoga. Ne parlons même pas de l’achat d’une nouvelle voiture : nous nous retrouvons plongés, avec Tatsu et sa conjointe, dans le passé du yakusa, revivant les différentes manières dont on peut supprimer un homme. Il peut aussi poursuivre un chat qui a volé un poisson avant d’abandonner – quand il découvre pourquoi ce chat a volé le poisson. La voie du tablier est un manga agréable à lire, et je vais réserver les tomes 5 à 7 à la bibliothèque dès que possible.

Mon chat à tout faire est encore tout déprimé, tome 1

Présentation de l’éditeur :

L’histoire d’une employée de bureau et de son chat géant !
Saku est une employée de bureau sinistre, harassée par sa vie citadine. Ces derniers temps, son chat noir, Yukichi, qu’elle a recueilli sur un coup de tête quelques années plus tôt, semble agir de façon inhabituelle… Hein ? Depuis quand les chats sont-ils aussi grands ?!
Suivez le quotidien paisible de ce superchat des tâches ménagères et de sa maitresse nonchalante.
Comment ne pas être déprimé quand on doit tout faire à la place de son maître ?!

Mon avis : 

Je rédige cet avis avec Fidélio sur les genoux, Fidélio, presque trois mois, et la taille d’un chaton de sept semaines. Il est encore un peu fiévreux, il a (encore) perdu ses moustaches (je me demande si elles seront un jour assez solides pour ne pas casser) mais il a bien pris ses biberons ce matin – et ses croquettes ce midi.

Saku est une employée de bureau ordinaire. Rien ne la distingue d’une autre employée de bureau. Elle n’aime pas particulièrement son travail, elle le fait du mieux qu’elle peut. Elle est cependant toujours impeccable, a souvent un parapluie pliant dans son sac à man (j’ai ainsi découvert qu’au Japon, il existait des parapluies jetables), mange des bentos équilibrés et savoureux tous les midis, sa maison est bien rangée… mais elle n’y est pour rien ! Trois ans plus tôt, elle a recueilli un chaton égaré sous la pluie – il restait plus longtemps sous la pluie, il ne survivait pas (quand je vois dans quel était est Fidélio sur mes genoux, j’ai envie d’ajouter, « je confirme », même si dans son cas, l’orage a eu lieu voici deux mois et un jour). Ce chat Yuki est un Main Coon, mais il a démesurément grandi, au point qu’on peut le prendre pour un adulte déguisé en chat. Surtout, c’est lui qui gère tout chez Saku, repas compris – elle ne sait même pas faire cuire un oeuf, préparer des nouilles instantanées est pour elle le top de la cuisine. Pourquoi fait-il toutes les tâches ménagères ? Il a un motif pour cela, un motif légitime, cependant, je peux comprendre qu’en voyant l’ampleur de la tâche qu’il doit effectuer quotidiennement, il soit « tout déprimé ». Quand Saku se laisse aller, sa maison est un vrai dépotoir, elle boit un peu trop, pour ne pas dire beaucoup trop, et ce n’est pas beau à voir. Son chef, qui en a eu l’occasion quelques années plus tôt (c’était avant que Yuki ne se mette au rangement), peut le confirmer.

Alors oui, ce n’est pas un manga « réaliste ». Je me dis même que ce n’est pas un manga « mignon » parce qu’il nous parle de ses employées de bureau, trop harassées par leur travail pour avoir ne serait-ce qu’un peu de vie personnelle – il arrive à Saku de passer la nuit au bureau en cas de surcharge de travail, et elle n’est pas la seule. Son chef ? Il parvient à dégager un peu de vie privée, il s’occupe de sa nièce, Yume, même s’il affirme ne pas savoir s’y prendre avec les enfants. Si Saku s’aperçoit qu’elle ne sait pas grand chose de la vie de ses collègues, elle se rend compte aussi qu’elle ne s’est jamais demandé ce que son chat faisait toute la journée – parce que, forcément, il n’a pas des occupations de chat !

Sera-t-il aussi déprimé dans le tome 2 ?

Boys run the riot, tome 1 de Keito Gaku

Présentation de l’éditeur :

Ryo, assigné femme à la naissance, se sent mal dans son corps et vis-à-vis de l’identité de genre qu’on cherche à lui imposer. Refusant de porter son uniforme de fille, il essaie autant que possible de se rendre au lycée en tenue de sport. Mais son destin va changer avec l’arrivée d’un nouvel élève ! Malgré le look de  » voyou  » de ce dernier, les deux lycéens découvrent qu’ils partagent la même passion pour la mode. Aussi, passé un premier contact difficile, ils décident d’un commun accord de se lancer dans un grand projet : créer ensemble une marque de vêtements avec pour rêve et revendication de pouvoir s’affirmer et s’exprimer en dehors des diktats de la société !

Mon avis :

Merci aux éditions Akata et à Babelio pour ce partenariat.

J’ai souhaité découvrir ce manga parce que j’aime les auteurs et les éditeurs qui osent parler de ce dont peu de personnes parlent. Oui, la transidentité existe. Est-elle rare ? Je ne sais pas. Je sais simplement que l’on en parle peu, si ce n’est pour entendre des personnes qui donnent leur jugement sur le sujet (cherchez, et hélas, vous trouverez facilement).

Ryo est un homme, il en est sûr. Pour la société, il est une femme, il doit donc se comporter comme une femme, porter un uniforme féminin au lycée, avoir des amies, être attiré par les garçons, bref, se conformer à ce que la société attend d’une jeune femme. Aussi, est-il obligé de tricher avec les attentes de la société, portant très souvent des tenues de sport, parce qu’il n’est que lorsqu’il peut s’habiller avec les vêtements qui lui plaisent qu’il se sent bien dans sa peau. Oui, il a une passion pour la mode – et ceux qui pensent que seules les femmes peuvent être passionnées ainsi se fourvoient fortement. Il ne s’agit pas tant pour lui de faire du shopping que de trouver le vêtement qui lui convient.

Un nouvel élève, Jin, arrive dans sa classe, et tout de suite, il se fait remarquer par son look en dehors de la norme attendue. Qui plus est, il est redoublant. Cependant, il est encore plus passionné par les vêtements que Ryo, et, même si je ne suis pas une passionnée de mode, je suis bien d’accord avec lui : il est hors de question pour moi d’acheter un vêtement et me retrouver, après, à ne pas le porter : «  »Moi, avec les sapes, je fais aucun compromis ! Si après, je regrette de les avoir achetées ou que je les porte pas, je leur manque de respect. « . Ils ne deviennent pas amis, pas encore, mais décident de créer leur propre marque de vêtements, des vêtements qui leur permettront de se sentir bien, de dire qui ils sont – Jin a une liberté, se permet une liberté dans sa façon de s’habiller que Ryo ne s’autorise pas. J’ai trouvé fascinant à quel point de si jeunes héros sont capables de concevoir et de mener leur projet à bien de façon rationnelle. Tout ne sera pas tout rose, non : tout le monde n’est pas prêt à accepter Ryo, parce qu’il faut aussi que lui-même se confronte à ses peurs, ses inquiétudes, à ce qu’il veut pour sa vie. Autant vous dire que c’est plus facile à écrire, là, derrière son écran d’ordinateur, qu’à vivre pour Ryo.

Le dessin est intéressant parce qu’il déborde d’énergie, de force. L’on sent les émotions, parfois bouillonnantes, des personnages, leurs forces, leur détermination, qui trouvera son aboutissement dans les scènes qui donneront son titre au manga.

La série comporte quatre tomes, j’ai très envie de découvrir les trois suivants.

 

Eclat (s) d’âme, tomes 2 à 4 de Yuki Kamatani

Je me suis réinscrite hier au réseau de bibliothèque situé à trente kilomètres de chez moi pour une raison toute simple : assouvir ma passion pour les mangas, passion qui peut sérieusement coûter cher. Oui, je continuerai à acheter des mangas mais pas tous les mangas qui me tentent. A 17 € 50 l’inscription annuelle, je suis repartie avec dix mangas sous les bras, ou plutôt, dans le sac, je pense donc avoir déjà rentabilisé mon inscription.

Je commencerai donc par vous présenter la série Eclat(s) d’âme de Yuki kamatani. Mon avis sur le premier tome d’Eclat(s) d’âme date du confinement puisque c’est une série que j’ai découverte grâce aux mangas mis à la disposition en ligne par certains éditeurs et que je me suis dit que je la poursuivrai dès que je le pourrai (ce n’est pas le cas de toutes les séries que j’ai lue à cette occasion). Avantage de la série : elle est terminée et comporte quatre tomes.

Voici tout d’abord le tome 2 qui nous montre toujours le questionnement du personnage principal, Tasuku. Doit-il dire au garçon dont il est amoureux qu’il l’aime ? Doit-il faire son coming-out auprès de sa famille, de ses amis ? Pour lui, le silence est d’or, il n’y voit que des avantages. Puis, il a au moins un lieu où il n’a pas besoin de se cacher, où il n’a pas besoin de parler non plus, c’est le salon du discussion. Dans ce lieu, ce n’est pas tant qu’il découvre des choses, c’est qu’il prend conscience de certaines choses. Coller des étiquettes sur les gens, c’est tentant, alors qu’un être humain ne rentre pas nécessairement dans les jolies cases que la société a créées. Il montre aussi que la bienveillance, la tolérance qui sont présentés comme des qualités n’en sont pas forcément; Comment dire à quelqu’un « je t’accepte tel que tu es » quand l’autre, justement, ne sait pas qui il est ? C’est le cas du personnage de Misora, qui est au centre de ce tome 2. Lui qui a parlé crument à Tasuku à la fin du premier tome aime porter des vêtements féminins, des perruques, se maquiller. Il n’est encore qu’un pré-adolescent et appréhende l’avenir, ce corps qui va se transformer et devenir réellement masculin. Est-il pour autant transgenre ? Lui-même ne le sait pas, lui-même n’est pas prêt à être vu, en dehors de la bulle du salon de discussion, habillé avec des vêtements féminins. Il n’est donc pas prêt à ce que Tasuku l’aide, croyant bien faire, à assumer une identité qu’il n’a pas encore construite. Compliqué ? Oui. Etre soi n’est pas simple.

Comme le montre la couverture du tome 3, l’intrigue de ce tome est centrée sur Tasuku et Tsubaki. Ce dernier a découvert que Tasuku, élève dans le même lycée que lui, s’impliquait dans le comité des chats, qui s’occupe de la rénovation de plusieurs bâtiments en ville. Point commun, dit-on, des membres du comité : ils seraient tous gays. Tasuku serait-il gay, lui aussi ? Ne pas répondre à Tsubaki, surtout pas, et plus que jamais, Tasuku pense que le silence est d’or, surtout face à la violence verbale que Tsubaki manifeste envers la communauté LGBT. Ce qui est plus intéressant, pourtant, c’est de montrer aux lecteurs que la bienveillance n’est pas forcément… si bienveillante que cela. Il est facile de se positionner face à quelqu’un qui se montre agressif, haineux, insultant. Il l’est moins face à quelqu’un qui pense se montrer bienveillant, comme cette jeune femme, mère de famille, qui surgit du passé d’Utsumi et ne cesse de le renvoyer à ce passé, ce passé où il était genrée au féminin, où il portait un prénom féminin – qu’il ne porte plus, puisqu’il est un homme – où il était une joueuse de volley. Oui, « elle » était grande, musclée, et son amie s’autorise ainsi à dire qu’il était déjà … masculin. Je me suis demandée si elle se croyait vraiment bienveillante ou si elle jouait un jeu, appuyant là où elle pouvait faire mal sans avoir l’air d’y toucher – et sans que l’on puisse lui reprocher quoi que ce soit. Pire : c’est même elle qui reprochait à Utsumi de ne pas s’engager assez pour les personnes « comme elle ». Parmi tous les personnages du manga qui se questionnent, Utsumi est justement celui qui a répondu à son questionnement, qui sait qui il est, ce qu’il veut faire, et ce qu’il ne veut pas faire. Et ce qu’il sait faire, c’est remettre l’autre à sa place, calmement.
Tasuku agira et réagira aussi, face à Tsubaki, osant dire ce qu’il pense. Avec quelles conséquences pour le tome 4 ?

Ce quatrième tome est le dernier, il est le plus émouvant aussi, ne serait-ce que parce qu’il ne prétend pas apporter des réponses toutes faites aux interrogations des personnages, à leurs questionnements – ou aux attaques dont ils sont victimes. Oui, l’homophobie est là, et bien là, les préjugés aussi, tant il est simple, tentant, de réduire une personne à son orientation sexuelle, alors qu’elle est bien plus que cela. La couverture annonce d’ors et déjà un des événements importants de ce tome : le mariage d’Haru et de Saki, couple que nous suivons depuis le premier tome. Si elles étaient sûres de leurs sentiments, pour l’une, faire son coming-out était pour elle un défi qu’elle n’était pas encore prête à relever. Alors l’a-t-elle fait ?

Ce dernier tome sera aussi l’occasion de revoir des personnages que l’on avait perdu de vue, comme Misora, ou d’en savoir plus sur un des personnages emblématiques de la série M. Tchaïko. Bien que je n’en ai pas beaucoup parlé, il est sans doute temps d’écrire que cette série est aussi très réussie d’un point de vue graphique. Les émotions des personnages sont parfaitement visibles, leur bouleversement intérieur, leurs brouillements, leur coup d’éclat aussi. La retenue n’est pas absente, et les émotions peuvent aussi être montrées avec beaucoup de pudeur – je pense à nouveau à M. Tchaïko.

Après ces quatre tomes, l’historie, leurs histoires ne sont pas terminés, parce que chacun poursuivra son parcours, sachant qu’il pourra compter sur les autres. J’ai été heureuse de découvrir cette série qui a traité avec délicatesse un sujet sensible.