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Mon petit ami genderless, tome 1 de Tamekou

Présentation de l’éditeur : 

Dans Mon petit ami genderless, suivez le quotidien lumineux d’un couple particulièrement moderne. Sous le trait de Tamekou, laissez-vous attendrir par ce nouveau manga bourré d’énergie positive.
Wako travaille au sein d’une maison d’édition. Meguru est un homme genderless, star des réseaux sociaux. Tous les deux sont amoureux, mais leur quotidien ne ressemble pas à celui d’un couple conventionnel : entre elle qui enchaîne les heures supplémentaires au travail et lui, dont le principal intérêt est de se rendre mignon pour la femme qu’il aime, ils déstabilisent souvent leur entourage… Mais ensemble, ils sont heureux, et c’est bien ça l’essentiel.

Mon avis : 

Je me suis remis à acquérir des mangas, puis à les lire – j’ai une forte tendance à accumuler les livres dans ma bibliothèque. J’ai été attiré par ce manga parce qu’il me semblait parler d’un sujet qui n’était que rarement traité : les personnes genderless.

Oui, ce manga est mignon, les relations entre Meguru et Wako sont mignonnes, et c’est rafraîchissant de voir une relation qui dure, de voire Meguru prendre soin de la femme qu’il aime, tandis qu’elle travaille énormément, jusqu’à l’épuisement même, et qu’elle gère aussi les réseaux sociaux dont il est la star. Elle pense à tout pour le mettre en valeur, voyant immédiatement tout le potentiel des situations, des scènes qu’elle photographie. Même si elle n’est pas sur les photos, même si elle ne veut pas être sur les photos, s’effaçant dès que Meguru prend un selfie « à deux », elle est présente quand même, par sa façon de le valoriser, de ne penser qu’à lui. Lui pense à tout ce qui pourrait lui faire plaisir à elle.

Mais… il y a un mais, ce manga n’est que mignon. Les gens pensent Meguru gay, ou, s’il est avec Wako, les gens pensent qu’elles sont lesbiennes, mégenrant ainsi Meguru. Ils laissent faire, parce ce que cela ne les dérange pas, alors que cela me dérange. Ce n’est pas en s’en tenant aux apparences, à des clichés rassurants, admis (ah, la collègue de Wako fière d’étaler sa largeur d’esprit parce qu’elle soutient la jeune femme, qu’elle pense lesbienne, ah, le mannequin forcément gay parce que ne respectant pas les codes de son genre) que l’on fait évoluer la société. J’aurai vraiment envie de voir les personnages s’affirmer davantage face aux autres. Oui, ce n’est pas toujours facile, j’en conviens. Il n’est pas facile, par exemple, de tenter de faire signer un auteur, d’entendre ses remarques sexistes et de ne pas pouvoir réellement répliquer. Wako pense énormément à sa carrière, elle est aussi terriblement complexée, craignant toujours, en dépit de son amour et de sa bienveillance, que Meguru ne la trouve pas assez bien pour lui et, quelque part, ses complexes sont un carcan pour elle.

Meguru aime les belles personnes, mais toutes les personnes belles le sont-elles réellement ? Je pense au mannequin Kira, que je ne sais pas trop comment qualifier (genderless lui aussi ou androgyne, plus simplement ?). Je sais seulement qu’il est un exemple parfais de narcissisme et d’égocentrisme, ne pourtant strictement aucune attention aux autres, à ce qu’ils disent, à ce qu’ils vivent : tout glisse sur lui, sauf ce qui se rapporte à lui. Il est le personnage le plus curieux de ce manga, parce qu’il agaçant, horripilant, bref, tout sauf mignon.

J’ai cependant envie de lire le tome 2 quand il paraîtra, pour voir comment leurs situations respectives vont évoluer.

La voie du tablier, tomes 1à 4 de Kousuke Oono

Mon résumé :

Tatsu est un ancien yakusa, il était le meilleure dans sa branche, il était craint et redouté, il était Tatsu l’immortel. Mais il a pris sa retraite, pour devenir un homme au foyer. Il prend soin de sa maison, la nettoie parfaitement, prépare des bentos pour sa femme, et n’hésite pas aussi à soutenir d’anciens collègues qui ont quelques soucis.

Mon avis :

C’est grâce à Pativore que j’ai découvert cette série de manga. J’ai pu réserver puis emprunter les quatre premiers tomes à la bibliothèque de Rouen. Tatsu et sa femme semblent avoir inversé les rôles, du moins de mon point de vue d’occidentale. Elle travaille énormément, s’investit pour son travail, tout en n’étant pas une très bonne ménagère (voir dans quel état se trouve leur logement quand elle veut organiser une fête d’anniversaire surprise pour son mari). Lui, par contre, cherche tous les moyens de se perfectionner dans son domaine, et je dois dire que c’est carrément flippant : voir sa parfaite connaissance de la manière de faire partie des tâches, toutes les taches, sur des vêtements. Yakusa doit être un métier très salissant ! Il n’hésite pas non plus à prendre des leçons de cuisine, à découvrir tout ce que l’on peut découvrir sur le tapioca (vaste sujet), à chercher les meilleures méthodes pour que sa conjointe puisse se relaxer (ne surtout pas oublier d’avoir un chat sur les genoux, c’est essentiel). Il est plutôt bien intégré dans son quartier, cependant, les policiers l’ont à l’oeil, et le soupçonnent un peu de tout et de n’importe quoi – surtout de n’importe quoi. Je serai presque tentée, en voyant Tatsu et ses anciens collègues, de dire que le yakusa est un homme comme un autre. Seulement, il ne peut se défaire de son passé aussi facilement, il effraie un peu, même quand il tente de sourire ou qu’il prend des cours de yoga. Ne parlons même pas de l’achat d’une nouvelle voiture : nous nous retrouvons plongés, avec Tatsu et sa conjointe, dans le passé du yakusa, revivant les différentes manières dont on peut supprimer un homme. Il peut aussi poursuivre un chat qui a volé un poisson avant d’abandonner – quand il découvre pourquoi ce chat a volé le poisson. La voie du tablier est un manga agréable à lire, et je vais réserver les tomes 5 à 7 à la bibliothèque dès que possible.

Mon chat à tout faire est encore tout déprimé, tome 1

Présentation de l’éditeur :

L’histoire d’une employée de bureau et de son chat géant !
Saku est une employée de bureau sinistre, harassée par sa vie citadine. Ces derniers temps, son chat noir, Yukichi, qu’elle a recueilli sur un coup de tête quelques années plus tôt, semble agir de façon inhabituelle… Hein ? Depuis quand les chats sont-ils aussi grands ?!
Suivez le quotidien paisible de ce superchat des tâches ménagères et de sa maitresse nonchalante.
Comment ne pas être déprimé quand on doit tout faire à la place de son maître ?!

Mon avis : 

Je rédige cet avis avec Fidélio sur les genoux, Fidélio, presque trois mois, et la taille d’un chaton de sept semaines. Il est encore un peu fiévreux, il a (encore) perdu ses moustaches (je me demande si elles seront un jour assez solides pour ne pas casser) mais il a bien pris ses biberons ce matin – et ses croquettes ce midi.

Saku est une employée de bureau ordinaire. Rien ne la distingue d’une autre employée de bureau. Elle n’aime pas particulièrement son travail, elle le fait du mieux qu’elle peut. Elle est cependant toujours impeccable, a souvent un parapluie pliant dans son sac à man (j’ai ainsi découvert qu’au Japon, il existait des parapluies jetables), mange des bentos équilibrés et savoureux tous les midis, sa maison est bien rangée… mais elle n’y est pour rien ! Trois ans plus tôt, elle a recueilli un chaton égaré sous la pluie – il restait plus longtemps sous la pluie, il ne survivait pas (quand je vois dans quel était est Fidélio sur mes genoux, j’ai envie d’ajouter, « je confirme », même si dans son cas, l’orage a eu lieu voici deux mois et un jour). Ce chat Yuki est un Main Coon, mais il a démesurément grandi, au point qu’on peut le prendre pour un adulte déguisé en chat. Surtout, c’est lui qui gère tout chez Saku, repas compris – elle ne sait même pas faire cuire un oeuf, préparer des nouilles instantanées est pour elle le top de la cuisine. Pourquoi fait-il toutes les tâches ménagères ? Il a un motif pour cela, un motif légitime, cependant, je peux comprendre qu’en voyant l’ampleur de la tâche qu’il doit effectuer quotidiennement, il soit « tout déprimé ». Quand Saku se laisse aller, sa maison est un vrai dépotoir, elle boit un peu trop, pour ne pas dire beaucoup trop, et ce n’est pas beau à voir. Son chef, qui en a eu l’occasion quelques années plus tôt (c’était avant que Yuki ne se mette au rangement), peut le confirmer.

Alors oui, ce n’est pas un manga « réaliste ». Je me dis même que ce n’est pas un manga « mignon » parce qu’il nous parle de ses employées de bureau, trop harassées par leur travail pour avoir ne serait-ce qu’un peu de vie personnelle – il arrive à Saku de passer la nuit au bureau en cas de surcharge de travail, et elle n’est pas la seule. Son chef ? Il parvient à dégager un peu de vie privée, il s’occupe de sa nièce, Yume, même s’il affirme ne pas savoir s’y prendre avec les enfants. Si Saku s’aperçoit qu’elle ne sait pas grand chose de la vie de ses collègues, elle se rend compte aussi qu’elle ne s’est jamais demandé ce que son chat faisait toute la journée – parce que, forcément, il n’a pas des occupations de chat !

Sera-t-il aussi déprimé dans le tome 2 ?

Boys run the riot, tome 1 de Keito Gaku

Présentation de l’éditeur :

Ryo, assigné femme à la naissance, se sent mal dans son corps et vis-à-vis de l’identité de genre qu’on cherche à lui imposer. Refusant de porter son uniforme de fille, il essaie autant que possible de se rendre au lycée en tenue de sport. Mais son destin va changer avec l’arrivée d’un nouvel élève ! Malgré le look de  » voyou  » de ce dernier, les deux lycéens découvrent qu’ils partagent la même passion pour la mode. Aussi, passé un premier contact difficile, ils décident d’un commun accord de se lancer dans un grand projet : créer ensemble une marque de vêtements avec pour rêve et revendication de pouvoir s’affirmer et s’exprimer en dehors des diktats de la société !

Mon avis :

Merci aux éditions Akata et à Babelio pour ce partenariat.

J’ai souhaité découvrir ce manga parce que j’aime les auteurs et les éditeurs qui osent parler de ce dont peu de personnes parlent. Oui, la transidentité existe. Est-elle rare ? Je ne sais pas. Je sais simplement que l’on en parle peu, si ce n’est pour entendre des personnes qui donnent leur jugement sur le sujet (cherchez, et hélas, vous trouverez facilement).

Ryo est un homme, il en est sûr. Pour la société, il est une femme, il doit donc se comporter comme une femme, porter un uniforme féminin au lycée, avoir des amies, être attiré par les garçons, bref, se conformer à ce que la société attend d’une jeune femme. Aussi, est-il obligé de tricher avec les attentes de la société, portant très souvent des tenues de sport, parce qu’il n’est que lorsqu’il peut s’habiller avec les vêtements qui lui plaisent qu’il se sent bien dans sa peau. Oui, il a une passion pour la mode – et ceux qui pensent que seules les femmes peuvent être passionnées ainsi se fourvoient fortement. Il ne s’agit pas tant pour lui de faire du shopping que de trouver le vêtement qui lui convient.

Un nouvel élève, Jin, arrive dans sa classe, et tout de suite, il se fait remarquer par son look en dehors de la norme attendue. Qui plus est, il est redoublant. Cependant, il est encore plus passionné par les vêtements que Ryo, et, même si je ne suis pas une passionnée de mode, je suis bien d’accord avec lui : il est hors de question pour moi d’acheter un vêtement et me retrouver, après, à ne pas le porter : «  »Moi, avec les sapes, je fais aucun compromis ! Si après, je regrette de les avoir achetées ou que je les porte pas, je leur manque de respect. « . Ils ne deviennent pas amis, pas encore, mais décident de créer leur propre marque de vêtements, des vêtements qui leur permettront de se sentir bien, de dire qui ils sont – Jin a une liberté, se permet une liberté dans sa façon de s’habiller que Ryo ne s’autorise pas. J’ai trouvé fascinant à quel point de si jeunes héros sont capables de concevoir et de mener leur projet à bien de façon rationnelle. Tout ne sera pas tout rose, non : tout le monde n’est pas prêt à accepter Ryo, parce qu’il faut aussi que lui-même se confronte à ses peurs, ses inquiétudes, à ce qu’il veut pour sa vie. Autant vous dire que c’est plus facile à écrire, là, derrière son écran d’ordinateur, qu’à vivre pour Ryo.

Le dessin est intéressant parce qu’il déborde d’énergie, de force. L’on sent les émotions, parfois bouillonnantes, des personnages, leurs forces, leur détermination, qui trouvera son aboutissement dans les scènes qui donneront son titre au manga.

La série comporte quatre tomes, j’ai très envie de découvrir les trois suivants.

 

Eclat (s) d’âme, tomes 2 à 4 de Yuki Kamatani

Je me suis réinscrite hier au réseau de bibliothèque situé à trente kilomètres de chez moi pour une raison toute simple : assouvir ma passion pour les mangas, passion qui peut sérieusement coûter cher. Oui, je continuerai à acheter des mangas mais pas tous les mangas qui me tentent. A 17 € 50 l’inscription annuelle, je suis repartie avec dix mangas sous les bras, ou plutôt, dans le sac, je pense donc avoir déjà rentabilisé mon inscription.

Je commencerai donc par vous présenter la série Eclat(s) d’âme de Yuki kamatani. Mon avis sur le premier tome d’Eclat(s) d’âme date du confinement puisque c’est une série que j’ai découverte grâce aux mangas mis à la disposition en ligne par certains éditeurs et que je me suis dit que je la poursuivrai dès que je le pourrai (ce n’est pas le cas de toutes les séries que j’ai lue à cette occasion). Avantage de la série : elle est terminée et comporte quatre tomes.

Voici tout d’abord le tome 2 qui nous montre toujours le questionnement du personnage principal, Tasuku. Doit-il dire au garçon dont il est amoureux qu’il l’aime ? Doit-il faire son coming-out auprès de sa famille, de ses amis ? Pour lui, le silence est d’or, il n’y voit que des avantages. Puis, il a au moins un lieu où il n’a pas besoin de se cacher, où il n’a pas besoin de parler non plus, c’est le salon du discussion. Dans ce lieu, ce n’est pas tant qu’il découvre des choses, c’est qu’il prend conscience de certaines choses. Coller des étiquettes sur les gens, c’est tentant, alors qu’un être humain ne rentre pas nécessairement dans les jolies cases que la société a créées. Il montre aussi que la bienveillance, la tolérance qui sont présentés comme des qualités n’en sont pas forcément; Comment dire à quelqu’un « je t’accepte tel que tu es » quand l’autre, justement, ne sait pas qui il est ? C’est le cas du personnage de Misora, qui est au centre de ce tome 2. Lui qui a parlé crument à Tasuku à la fin du premier tome aime porter des vêtements féminins, des perruques, se maquiller. Il n’est encore qu’un pré-adolescent et appréhende l’avenir, ce corps qui va se transformer et devenir réellement masculin. Est-il pour autant transgenre ? Lui-même ne le sait pas, lui-même n’est pas prêt à être vu, en dehors de la bulle du salon de discussion, habillé avec des vêtements féminins. Il n’est donc pas prêt à ce que Tasuku l’aide, croyant bien faire, à assumer une identité qu’il n’a pas encore construite. Compliqué ? Oui. Etre soi n’est pas simple.

Comme le montre la couverture du tome 3, l’intrigue de ce tome est centrée sur Tasuku et Tsubaki. Ce dernier a découvert que Tasuku, élève dans le même lycée que lui, s’impliquait dans le comité des chats, qui s’occupe de la rénovation de plusieurs bâtiments en ville. Point commun, dit-on, des membres du comité : ils seraient tous gays. Tasuku serait-il gay, lui aussi ? Ne pas répondre à Tsubaki, surtout pas, et plus que jamais, Tasuku pense que le silence est d’or, surtout face à la violence verbale que Tsubaki manifeste envers la communauté LGBT. Ce qui est plus intéressant, pourtant, c’est de montrer aux lecteurs que la bienveillance n’est pas forcément… si bienveillante que cela. Il est facile de se positionner face à quelqu’un qui se montre agressif, haineux, insultant. Il l’est moins face à quelqu’un qui pense se montrer bienveillant, comme cette jeune femme, mère de famille, qui surgit du passé d’Utsumi et ne cesse de le renvoyer à ce passé, ce passé où il était genrée au féminin, où il portait un prénom féminin – qu’il ne porte plus, puisqu’il est un homme – où il était une joueuse de volley. Oui, « elle » était grande, musclée, et son amie s’autorise ainsi à dire qu’il était déjà … masculin. Je me suis demandée si elle se croyait vraiment bienveillante ou si elle jouait un jeu, appuyant là où elle pouvait faire mal sans avoir l’air d’y toucher – et sans que l’on puisse lui reprocher quoi que ce soit. Pire : c’est même elle qui reprochait à Utsumi de ne pas s’engager assez pour les personnes « comme elle ». Parmi tous les personnages du manga qui se questionnent, Utsumi est justement celui qui a répondu à son questionnement, qui sait qui il est, ce qu’il veut faire, et ce qu’il ne veut pas faire. Et ce qu’il sait faire, c’est remettre l’autre à sa place, calmement.
Tasuku agira et réagira aussi, face à Tsubaki, osant dire ce qu’il pense. Avec quelles conséquences pour le tome 4 ?

Ce quatrième tome est le dernier, il est le plus émouvant aussi, ne serait-ce que parce qu’il ne prétend pas apporter des réponses toutes faites aux interrogations des personnages, à leurs questionnements – ou aux attaques dont ils sont victimes. Oui, l’homophobie est là, et bien là, les préjugés aussi, tant il est simple, tentant, de réduire une personne à son orientation sexuelle, alors qu’elle est bien plus que cela. La couverture annonce d’ors et déjà un des événements importants de ce tome : le mariage d’Haru et de Saki, couple que nous suivons depuis le premier tome. Si elles étaient sûres de leurs sentiments, pour l’une, faire son coming-out était pour elle un défi qu’elle n’était pas encore prête à relever. Alors l’a-t-elle fait ?

Ce dernier tome sera aussi l’occasion de revoir des personnages que l’on avait perdu de vue, comme Misora, ou d’en savoir plus sur un des personnages emblématiques de la série M. Tchaïko. Bien que je n’en ai pas beaucoup parlé, il est sans doute temps d’écrire que cette série est aussi très réussie d’un point de vue graphique. Les émotions des personnages sont parfaitement visibles, leur bouleversement intérieur, leurs brouillements, leur coup d’éclat aussi. La retenue n’est pas absente, et les émotions peuvent aussi être montrées avec beaucoup de pudeur – je pense à nouveau à M. Tchaïko.

Après ces quatre tomes, l’historie, leurs histoires ne sont pas terminés, parce que chacun poursuivra son parcours, sachant qu’il pourra compter sur les autres. J’ai été heureuse de découvrir cette série qui a traité avec délicatesse un sujet sensible.

La gameuse et son chat, tome 3 de Wataru Nadatani

Bamboo édition – 168 pages

Présentation de l’éditeur :

Comment survivre à l’arrivée d’un chat quand on ne vit que pour les jeux vidéo ? La nouvelle série de l’auteur de Félin pour l’autre !
Kozakura, 29 ans, célibataire et fière de l’être. Son but dans la vie : consacrer la moindre minute de son temps libre aux jeux vidéo. Mais voilà qu’un nouveau joueur fait son apparition dans sa vie : un petit chat tout ce qu’il y a de plus réel, qui va bien l’occuper entre deux parties… Car cohabiter avec un félin plein de vie, ce n’est pas pour les petits joueurs, et la gameuse va le découvrir à ses dépens !

Mon avis :

C’est le tome 3 et tout va bien. Oui, je sais, c’est une accroche facile.
Là où des livres nous montreraient doctement comment concilier vie professionnelle et vie personnelle, La gameuse et son chat nous montre comment concilier passion pour les jeux video et chat. La vie professionnelle de Kozakura existe, oui, mais elle n’est pas le centre de son existence, elle est ce qui le permet de vivre, non sa raison de vivre.
Ainsi, elle veut à tout prix parvenir à finir un de ses jeux préférés. Elle va donc, comme si elle avait encore vingt ans (elle en a 29) rogner sur ses heures de sommeil afin de parvenir au bout de sa quête. Problème : il ne faut surtout pas que ce manque de sommeil l’empêche d’être efficace au travail, sinon, elle devra passer plus de temps que prévu au bureau, ce qui la gênerait considérablement pour jouer. Second problème : elle n’avait pas prévu qu’Omosubi n’en aurait strictement rien à faire de son temps de sommeil et se montrerait très actif la nuit ! Vivre avec un chat n’est pas toujours facile (dit celle qui est entourée par de nombreux chats alors qu’elle écrit, et tente d’empêcher Lisette de taper sur Annunziata, Séréna ou Griselda – oui, j’aime les « a » et non, ce n’est pas moi qui ai choisi le prénom de Lisette).
Kozakura passe aussi un temps certain à prendre soin de son chat, rechercher ses jouets, voir même… lui donner un bain. Pour avoir testé par nécessité, je peux vous assurer que c’est tout sauf une partie de plaisir.
A lire pour les fans de chats (dont je suis) et de jeux vidéos (auquel je ne connais strictement rien).

La gameuse et son chat, tome 4 de Wataru Nadatani

Présentation de l’éditeur :

Un nouvel ami va rejoindre notre clan et notre quotidien devenir encore plus amusant. La maison est un vrai donjon rempli de joie, de jeux vidéo et de poils de chat !

Mon avis :

Le tome 4 est sorti hier, je l’ai aussitôt acquis et lu.
Il contient une grande nouveauté : Kozakura a décidé d’adopter un autre chat. Point positif : il n’est pas question, ici, d’aller chez un éleveur, non. Elle se rend à une journée d’adoption pour trouver un nouveau compagnon pour Omosubi mais hélas, à la suite d’un souci dans les transports, elle arrive alors que tous les chats ont été adoptés, ce qui est une bonne nouvelle pour eux ! Fort heureusement pour Kozakura, un chat revient au refuge parce que son adoption n’a pas fonctionné. Cette petite chatonne, qui atteint le score, aux yeux de Kozabura, de 999 de mignonnerie, sera donc à l’essai chez elle pour une semaine, non pour voir si elle convient à la jeune femme, mais pour être sûre qu’elle parvient à s’adapter à son nouvel environnement et à son colocataire, au caractère bien différent. Ce n’est que lorsque l’adoption sera définitive qu’un prénom sera trouvé pour « la petite minouche tricolore ».

Ce tome 4 nous montre bien à quel point ce peut être un défi de faire cohabiter deux chats ensemble, que l’on s’y connaisse en félin ou pas. Chacun a sa personnalité, et avoir le même âge, quasiment le même poids, ne signifie pas que l’on aura les mêmes caractéristiques. J’ai aimé les pages pendant lesquels la mangaka se met dans la tête des chats, nous faisant ainsi comprendre leur mode de fonctionnement, pas forcément compris par leur maman-chat – c’est Omosubi qui l’appelle ainsi. Beaucoup de scènes sont sans paroles, parce que les chats n’en ont pas besoin, parce que nous n’en avons pas besoin pour comprendre ce qui se passe. Pas de scènes au travail cette fois-ci, tout se concentre sur la vie personnelle de Kozakura, sur sa vie de gameuse, qui constate que jouer avec ses chats, c’est bien, manger une glace juste après, c’est moins bien pour son poids.

Un cinquième tome paraîtra prochainement, il est évident que je le lirai.


 

Frère à louer, tome 4 d’Ichiiro Hako

édition Delcourt-Tonkam – 224 pages

Présentation de l’éditeur :

Le fameux contrat de location passé entre Kanami et Makoto leur aura permis de passer de merveilleux moments.
Ce “grand frère contractuel” tente par tous les moyens de soigner les blessures de cette petite fille meurtrie. Malheureusement, cette dernière souffre bien trop à cause de son véritable frère… Ne supportant plus de la voir dans cet état, Makoto lui propose alors de venir vivre chez lui !

Mon avis :

Que font les services sociaux japonais ? Que fait la famille de Kanami ? Ah, oui, pour eux, c’est vrai, la seule chose qui les intéressait était de gérer l’argent, certainement pas de s’occuper d’une gamine et de son frère aîné. Kanami a pris sa décision, elle n’en peut plus, elle va aller vivre chez Makoto, qui a le soutien de ses proches et de leurs familles. Tous ont crée un réseau uni pour l’aider à prendre soin de la petite fille, qui en a bien besoin. Quitter son frère est plus facile à dire pour elle qu’à faire, surtout quand elle découvre un pan du passé de son frère et de ses parents qu’elle ignorait. Il est des choses que l’on ne confie pas à sa petite soeur, pour la protéger. Il est des choses que l’on ne dit pas à sa fille, parce qu’elle n’est qu’une fille et qu’elle ne sera jamais amenée à succéder à son père.

Ce quatrième tome est tendu, parce que le drame qui couvait est là, et bien là. Impossible de se cacher, et impossible pour son frère de cacher à sa petite soeur ce qu’il a tu pendant toutes ses années – parce qu’elle avait le droit de croire que sa famille était une famille aimante. C’était très loin d’être le cas, et ce qu’on découvre est assez glaçant.

Alors oui, la famille, c’est avant tout celle que l’on choisir, et celle que se choisit Kanami est constituée de personnes qui ont eu des problèmes, qui ont subi des épreuves, mais dont les parents (pour Daigo et Misuku) sont des personnes qui elles aussi affrontent les problèmes plutôt que d’être des problèmes. Pas de romance qui viendrait troubler le cours du récit, mais des jeunes adultes qui se lancent dans la vie active et éprouvent les angoisses qui vont avec ce changement de vie.

Une série complète en quatre tomes hautement recommandables.

Frère à louer, tome 3 d’Ichiiro Hako

Présentation de l’éditeur :

Makoto a loué le temps de la petite fille pour apaiser sa souffrance.
Kanami continue d’être blessée par son frère, la seule famille qu’il lui reste… Mais le jeune homme qu’elle louait pour le remplacer ne supporte plus de la voir meurtrie en permanence…

Mon avis :

Dans le troisième tome des aventures de Makoto et Kanami, les faits sont inversés. Ce n’est plus Kanami qui loue les services de Makoto, c’est Makoto qui loue les services de Kanami, montrant ainsi que l’argent n’était vraiment pas la motivation du jeune homme. Il veut ainsi qu’elle s’ouvre davantage au monde, meilleur moyen d’affronter ses problèmes et d’apaiser ses souffrances.

Elle découvre ainsi que ses amis n’ont pas la vie aussi facile qu’elle le pensait, et que, pour en arriver là où ils sont, il leur a fallu bien des épreuves, bien des souffrances. Misuzu, par exemple, qui est son modèle, une fille sur laquelle on peut compter, une fille qui a compris le mal-être de Makoto, enfant, et qui lui a permis de se rapprocher de Daigo, Misuzu souffre de ne pas avoir réussi à aider sa petite soeur qui vit désormais dans un internat – Shiori a subi une blessure qui a compromis sa carrière sportive, et n’a pas voulu entendre les inquiétudes de ses parents.

Makoto, lui, s’inquiète de plus en plus pour Kanami, au point de chercher des solutions légales pour lui venir en aide. On a beau dire qu’il faut du temps, qu’il faut être persévérant, parfois, tout l’amour du monde ne suffit pas, et il faut aussi se préserver. Ne pas en demander plus à une enfant que ce qu’elle peut en supporter.

A demain pour le tome 4.

Frère à louer, tome 2 de Hako Ichiiro

édition Delcourt Tonkam – 208 pages

Présentation de l’éditeur :

Kanami vit seule avec son grand frère qui, meurtri par le décès de ses parents, finit par s’isoler et traiter sa jeune soeur de façon abjecte. Possédant une certaine somme d’argent suite à l’héritage, Kanami décide de l’utiliser pour louer un grand frère dont le but sera de passer du temps avec elle, de l’emmener faire du shopping ou tout simplement, de s’occuper d’elle.

Mon avis :

Chose promise, chose due, voici mon avis sur le second tome.

Kanami loue toujours les services de Makoto, mais nous comprenons pourquoi l’un et l’autre agissent ainsi. Il ne s’agit pas d’un « caprice » de la part de Kanami. Avec ce qu’elle endure, chez elle, à l’école, c’est plutôt une bonne chose que quelqu’un la soutienne – je me dis aussi que, dans la « vraie vie », une telle situation serait impossible. Elle-même l’a expérimenté : les adultes, après le décès de ses parents, ne faisaient pas attention à elle. Ils ne faisaient attention à son frère que dans le but de gérer la fortune léguée par ses parents. Le bien être des enfants ? Aucune importance, personne ne se soucie de ce qui se passe entre les quatre murs de l’appartement – sauf Makoto.

Les choses commencent à changer pour Kanami, parce qu’elle affronte aussi les problèmes qui se posent à elle à bras le corps, parce qu’elle peut profiter de l’exemple que lui donne Makoto – ne pas rester enfermée dans sa douleur, dans son chagrin, se mettre à la place des autres. Les autres, ce sont les écolières qui la harcèlent ou qui font comme si elles ne voyaient pas, jusqu’au jour où ce qui se passe est trop grave pour ne pas être vu.

Frère à louer est un seinen, non un shojo, il ne faut pas s’y tromper. Les faits qui sont rapportés sont graves, et il suffirait de peu pour que l’on bascule dans la tragédie. Qui sait, d’ailleurs, si elle ne se rapproche pas ?