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Agathe d’Anne Cathrine Bomann

Présentation de l’éditeur :

Véritable phénomène littéraire international, Agathe nous invite à ouvrir les yeux, tout simplement.
Soixante-douze ans passés, un demi-siècle de pratique et huit cents entretiens restants avant la fermeture de son cabinet : voilà ce qu’il subsiste du parcours d’un psychanalyste en fin de carrière. Or, l’arrivée imprévue d’une ultime patiente, Agathe Zimmermann, une Allemande à l’odeur de pomme, renverse tout. Fragile et transparente comme du verre, elle a perdu l’envie de vivre. Agathe, c’est l’histoire d’un petit miracle, la rencontre de deux êtres vides qui se remplissent à nouveau.
Mon avis :
Agathe est un roman que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire, je l’ai lu quasiment d’une seule traite, ne faisant que de courtes pauses. J’ai été très touchée par cette tranche de vie, cette rencontre entre deux solitudes. Le narrateur a 72 ans et est sur le point de prendre sa retraite. J’ai envie de dire : il était temps. Je ne dis pas ceci à cause de son âge, je dis ceci à cause de son manque criant d’investissement. Il écoute ses patients, distraitement, tout en dessinant, et en ne retenant pas grand chose de ce qu’ils lui disent, comme en un bruit de fond. Il compte les rendez-vous qui le séparent de la retraite. Oui, il pense à sa succession, il pense aussi à sa fidèle secrétaire madame Surrugue qui, il faut bien le dire, outrepasse son travail au tout début du roman : elle a accepté une nouvelle patiente, une allemande. Jamais, vu le temps qui le sépare de la retraite, il ne pourra effectuer un travail sérieux avec elle ! Il ne se rend pas compte qu’il n’effectue plus vraiment de travail sérieux avec personne.
Et puis… l’impensable se produit, lentement. Comme si la vie du vieux psychanalyste revenu de tout, qui se préparait à attendre seulement la mort, en contemplant peu à peu le temps affaiblissement de son corps, la perte de ses moyens, se mettait tout à coup à repenser les tenants et les aboutissants de son métier. Pour la première fois aussi, il s’intéresse à la vie personnelle de madame Surrugue, parce que, pour la troisième fois au cours de leurs longues années de travail commun, elle lui demande un congé, pour prendre soin de son mari, atteint d’un cancer en phase terminale. C’est comme si, pour la premi-ère fois, il prenant conscience de ce que signifiait veiller sur l’autre, prendre soin de lui, se préoccuper de lui. Monsieur Surrugue est toujours, malgré la maladie, l’homme qui aime sa femme, et sait que, si le présent est douloureux, le futur le sera aussi.
Et Agathe ? Elle se raconte, peu à peu. Elle raconte celle qu’elle n’est pas, celle qu’elle n’a pas voulu être. Qui Agathe est-elle vraiment, alors ? A elle de se (re)construire.

Je voyage seul de Samuel Bjork

édition Jean-Claude Lattès – 506 pages.

Présentation de l’éditeur :

Elles n’avaient que 6 ans …
En pleine forêt norvégienne, une enfant est retrouvée pendue à un arbre. Sur son dos, un cartable d’écolière; autour de son cou, une pochette d’une compagnie aérienne avec ces mots : « Je voyage seule ».
L’inspecteur Holger Munch, chargé de l’enquête, fait appel à son ancienne coéquipière Mia Kruger, jeune policière de génie. Quand Mia découvre le chiffre 1 inscrit sur un doigt de la victime, la tension monte d’un cran : il y aura d’autres meurtres identiques, assure-t-elle. La suite lui donne raison… Jusqu’où ira le tueur ? Comment arrêter le massacre ? Une enquête terrifiante, qui frappera les deux policiers plus intimement qu’ils ne le croient…

Mon avis :

Je n’avais pas prévu de terminer, ou quasiment terminer, le mois du polar avec ce pavé. Qu’à cela ne tienne ! C’est chose faite, ou plutôt, chose lue et chroniquée. Dire qu’il est des personnes pour être choquée parce que j’ose chroniquer des livres empruntés à la bibliothèque. Pour ceux qui pensent qu’on n’a le droit que de chroniquer des livres que l’on a acheté, la sortie du blog, c’est par ici !

Je n’irai pas jusqu’à dire qu’au début de ce premier roman policier norvégien, beaucoup d’enquêteurs ne vont pas bien mais… si. Mia, d’ailleurs, n’est plus une enquêtrice. La jeune femme, qui a à peine dépassé la trentaine, a planifié son suicide. Ce qui est bien, quand on se suicide, c’est que l’on sait à l’avance quand ses souffrances se termineront. Pour elle, ce sera le 18 avril, leur anniversaire à elle et à Sigrid, sa soeur jumelle, morte d’une surdose de drogue depuis dix ans. Rien n’a plus effacé la douleur de sa mort, et surtout pas le fait d’avoir tué celui qu’elle jugeait responsable de sa mort, son compagnon-junky-dealer. Non, elle n’est pas allée en prison, elle a simplement quitté la police, et son co-équipier Holger Munch a été rétrogradé. Seulement, une nouvelle enquête, glaçante, lui permet de retrouver sa place, et d’imposer Mia –  pour l’acuité de son regard. Elle seule relève des détails que tous les autres enquêteurs ne voient pas. Il n’en fallait pas plus pour que la jeune femme repousse ses projets de mettre fin à ses jours, même si sa soeur lui manque. Empêcher un assassin d’enfants de nuire ne peut pas attendre.

Ce que j’ai aimé ? La solidarité et le professionnalisme des policiers – sauf, peut-être, celui de leur chef, dépassé par les circonstances, découvrant que les enquêteurs font front commun contre lui pour faire avancer l’enquête. Que ce soient Gabriel, le petit nouveau fan de Mia, Annette ou Kim, tous œuvrent pour sauver qui peut encore l’être et ne comptent pas leurs heures. La mort des fillettes est montrée pour ce qu’elle est : un acte criminel et cruel. Comme d’autres romans norvégiens, Je voyage seule montre que la maltraitance des enfants est fréquente, ignorée souvent, quand les services sociaux ne sont pas débordés et/ou blasés. J’ai aimé aussi que les personnes transgenres soient montrés comme des personnes ordinaires – et qui aimeraient bien qu’on les voie ainsi !

Ce que j’ai moins aimé ? J’ai trouvé que le roman comportait des longueurs, notamment avec le personnage du père Simon, de Lukas et de Rakel, qui peinent à se rattacher à l’ensemble de l’intrigue. Oui, ces personnages avaient leur utilité, et montrent, comme dans Délivrance de Jussi Adler-Olsen le poids que les sectes peuvent avoir au Danemark – le poids, et l’invisibilité aussi, personne n’ayant empêché le père Simon de nuire jusqu’à présent, les plaintes ayant été retirées contre argent sonnant et trébuchant.

Un deuxième tome a été traduit en français, un troisième pas encore. J’espère lire le second, et espère la traduction du troisième.

L’enfant étoile de Katrine Engberg

édition Fleuve noir – 416 pages

Présentation de l’éditeur :

En plein centre-ville de Copenhague, une jeune étudiante est retrouvée dans son appartement sauvagement assassinée, le visage marqué par d’étranges entailles. L’inspecteur Jeppe Korner et son équipière Annette Werner, chargés de l’affaire, découvrent rapidement que le passé de la victime contient de lourds secrets. Quant à la propriétaire de l’immeuble et également voisine, Esther, elle est en train d’écrire un roman qui relate dans les moindres détails le déroulement du meurtre.
Simple coïncidence ou plan machiavélique ?
Commence alors pour Jeppe et Annette une plongée au cœur d’une ville dans laquelle les apparences sont mortelles.

Merci à Bepolar et aux éditions Fleuve noir.

Mon avis :

L’enfant étoile est un premier roman, et franchement, cela ne se voit pas, tant l’autrice a su construire un univers riche et cohérent. Je ne saurai dire quel personnage m’a le plus convaincu, alors je commencerai par le duo d’enquêteurs, complémentaires parce que différents. Anette est heureuse en ménage, et n’a pas d’enfants, par choix, Jeppe a sombré dans la dépression après son divorce, le couple qu’il formait avec Thérèse n’a pas résisté au parcours du combattant qu’a constitué pour eux la lutte contre l’infertilité. La bonne humeur de l’une et le spleen de l’autre ne les empêchent pas d’être entièrement mobilisés pour cette enquête tortueuse.
Commettre un meurtre, c’est une chose. S’acharner sur sa victime, s’en est une autre. Dans cet immeuble paisible, familiale même (la propriétaire des lieux, Esther y a grandi), qui a pu commettre un tel crime ? Et pourrait-il recommencer ? Oui, très vite, les enquêteurs penchent pour un « il » à cause de la force physique qui a été nécessaire. Au cours du récit, tout tournera autour de Julie et d’Esther, Julie, parce qu’elle est la victime, Esther, parce que le crime a eu lieu dans son immeuble, parce que cette universitaire à la retraite participe à un atelier d’écriture et tente d’écrire son premier roman policier, mettant en scène un crime quasiment identique à celui qui a eu lieu dans son immeuble, parce que Julie et elle avaient plus de points communs qu’elles ne pensaient.
Oui, dans ce roman, tout tourne autour de la famille et des enfants. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour votre enfant, pour le protéger, ou au contraire pour protéger votre réputation ? Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour avoir un enfant ? Certains iront très loin, certains agiront mal, dans le sens où ils ont cru bein faire et ont fait pire que mieux – le mieux étant l’ennemi du bien.
Après l’enquête la vie continuera pour Anette, pour Jeppe et pour Esther, survivante de cette enquête. Elle n’a pas l’intention de se laisser abattre, et c’est tant mieux pour elle.

Octobre de Søren Sveistrup

Présentation de l’éditeur :

Début octobre. La police fait une découverte macabre dans une banlieue de Copenhague. Une jeune femme a été tuée et abandonnée sur un terrain de jeu. On l’a amputée d’une main et au-dessus de sa tête pend un petit bonhomme en marrons.
On confie l’affaire à la jeune inspectrice Naia Thulin, à qui on donne comme coéquipier un inspecteur en burn out, Mark Hess. Ils ne tardent pas à découvrir que le bonhomme en marrons est porteur de mystérieuses empreintes, celle de la fille de Rosa Hartung, ministre des Affaires Sociales, enlevée un an plus tôt et présumée morte. Mais un suspect a déjà avoué avoir assassiné la fillette et le dossier semble clos.
Quelques jours plus tard, on découvre une deuxième femme assassinée et au-dessus de sa tête, un autre bonhomme en marrons sur lequel se trouvent à nouveau les empreintes de Kristine Hartung. Thulin et Hess cherchent un lien entre l’affaire de la disparition de la fille de la ministre, les femmes mortes et l’assassin qui sème la terreur dans tout le pays, et s’engagent dans une course contre la montre. Car ils en sont convaincus : le meurtrier est en mission et il n’en a pas encore terminé…

 

 

 

 

 

 

Mon avis :

A chaud ! Parce que j’ai attendu sa date de sortie pour publier cet article, mais j’ai lu le livre dès sa réception, fin janvier.
Au Danemark, les crimes sont fait pour être élucider, la criminelle n’abandonne pas une affaire avant sa résolution, même si cela prend du temps, même si les pistes se referment une à une. D’ailleurs, si en France, faire partie de la bridage criminelle est prestigieux, cela ne semble pas être tellement l’opinion de Naia Thulin, la jeune inspectrice qui n’aspire qu’à rejoindre une brigade d’avenir. Quant à son co-équipier provisoire, Mark Hess, il souhaite uniquement réintégrer Interpol le plus tôt possible. Ce n’est pas qu’ils ne s’entendent pas – ne nous attendons pas à un traditionnel jeu du chat et de la souris – c’est que chacun a ses méthodes qui vont leur servir à une seule chose : identifier le coupable.
Soyons clair : le meurtre est sordide, et les enquêteurs les plus aguerris ne peuvent qu’être choqués par ce qu’ils découvrent. Seulement, les indices, les preuves ne tombent pas du ciel, et l’un d’entre eux les replonge dans une affaire déjà résolue un an plus tôt : l’assassinat de la fille d’une femme politique danoise.
Auprès de cette famille, nous découvrons l’après, sans phare. Oui, Kristin a été violée et tuée voici un an, son meurtrier a avoué, il est en prison. Sa mère a repris son poste de ministre, son mari travaille, leur fils se rend à l’école, fait du sport. Ils se sont fait aider par des psys. Mais rien n’est facile parce que tout fait mal, d’autant plus que le corps, morcelé, enterré de Kristin n’a jamais été retrouvé. Et l’on s’acharne, méthodiquement, à leur rappeler cette affaire, à les insulter. Qui peut croire que l’on peut surmonter la mort de son enfant ? Pas Rosa et son mari en tout cas. J’ai aimé la finesse avec laquelle leur vie après la disparition de leur enfant était racontée, la difficulté qui peut ressurgir n’importe où, le comportement aussi de ceux qui les entourent – voir celui de l’enseignant qui veut permettre à ses élèves de tourner la page, alors que, je suis bien placée pour le savoir en temps que professeur, on oublie souvent l’un ou l’autre de ses camarades de classe, on n’oublie jamais celui qui est décédé. Rosa et son mari doivent continuer à vivre avec et sans – avec aussi cet espoir qui ressurgit et qui est presque pire que tout : avoir l’espoir, quand on a touché le fond ne peut que faire tomber encore plus bas si on le perd.
Malgré sa criminalité faible, son taux de résolution énorme, tout n’est pas idyllique au Danemark. Mark Hess habite dans un charmant appartement qu’aucun agent immobilier n’a envie de prendre dans son portefeuille, parce que seuls les immigrants et les drogués y vivent – un blanc dans le quartier, c’est forcément un malade ou un policier infiltré. La maltraitance des enfants est bien réelle. Invisible ? Non, pas vraiment. Disons plutôt que les dénonciations anonymes sont tellement nombreuses qu’il faut que les services sociaux face le tri, entre les cas bien réels et la volonté de se venger d’un parent ou d’une ex-conjointe. Enquêter est ardu, pas forcément gratifiant – faire le sale boulot ne plait à personne, mais il en est qui sont moins motivés que d’autres.
Plus l’enquête avance, moins les deux enquêteurs se ménagent. Nous passons souvent par des hauts et des bas émotionnels, tant certains veulent suivre la piste la plus rationnelle, alors que Naia et Mark sont plutôt près, chacun de leur côté, à sortir des sentiers battus. Le dénouement est surprenant, à la hauteur de la construction de l’intrigue.
Octobre est un roman qui devrait plaire à tous les fans d’un autre auteur danois : Jussi Adler Olsen.
Merci à Albin Michel et à Babelio pour ce partenariat.

Le souffle du diable d’Inger Wolf

Présentation de l’éditeur :

Le corps d’une femme a été retrouvé dans un parc d’Arhus. La défunte est Maja Nielsen, la cousine du policier qui l’a découverte. Les premières investigations indiquent un suicide. Mais peu après, une connaissance de la victime est renversée par une voiture. Elles montaient toutes deux dans un club hippique qui fut le théâtre d’une disparition inexpliquée quelques années auparavant.

Mon avis :

Je suis bien en peine de chroniquer ce titre. J’ai lu tous les livres de cette auteur qui ont été traduits en français, ma première lecture a été une belle surprise, Nid de guêpes a été une déception, et pour celui-ci, je suis assez mitigée, et je n’aime pas trop être mitigée.
Il est des choses qui m’ont plu – toute la partie sur les défenseurs des animaux. Autant vous le dire, cette partie est tout sauf énorme dans ce roman. Les militants sont motivés, mais l’un des choix, pour faire avancer les choses, ne sera jamais le mien – tout simplement parce qu’avoir un peu de jugeote ne nuit pas à sa cause.
Il est des choses qui m’ont déplu. La victime, par exemple. Si je vous dis ce qui m’a déplu, j’en dirai trop sur la résolution de l’enquête. La fin de celle-ci s’accélère d’ailleurs beaucoup mélangeant erreur que je ne croyais plus possible de commettre et révélations qui tombent sur les enquêteurs bien facilement – alors que d’autres cherchaient depuis des années. Je ne vous dirai pas qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark puisque nous le savons déjà !
Quant à l’enquêteur… et bien, une partie de son histoire familiale se trouve enfin élucidée et prend une tournure inattendue. Reste à savoir ce qui se passera, dans les tomes suivants, maintenant qu’une page est tournée.

 

Selfies de Jussi Adler-Olsen

Présentation de l’éditeur : 

En raison de ses échecs répétés, l’existence du département V est menacée. Rose doit montrer que le service vaut encore quelque chose, mais elle se retrouve internée, en proie aux fantômes d’un passé violent. D’un autre côté, de nombreux crimes ont lieu à Copenhague. Carl, Assad et Gordon devront empêcher les nouveaux crimes en préparation.

Mon avis : 

Le département V ne parviendrait-il plus à résoudre des enquêtes ? C’est en tout cas ce que l’on prétend en haut lieu, menaçant de fermer le sus-dit département, ou du moins de réduire drastiquement son personnel et sa marge de manoeuvre. Autant vous dire que le sang de Carl ne fait qu’un tour et qu’il cherche très vite comment leur 65 % de réussite a fondu jusqu’à devenir un tout petit 15 %  ! Bienvenue au pays de la paperasserie, de l’informatique qui dysfonctionne et autres joyeusetés !
Résoudre ce problème est une chose, continuer à enquêter en est une autre, parce que les crimes non résolus existent toujours – forcément – et qu’un crime récent en met justement un en pleine lumière. Carl, Assad et Gordon s’y attèlent – et pas Rose.
Rose si discrète, si efficace, a basculé non dans la dépression mais dans la folie, au point d’être internée – volontairement. Et l’on a beau être d’excellents policiers, l’on a beau être proche de ses collègues – ce n’est pas Gordon qui dira le contraire – on peut ne pas voir les tourments qu’elle endure. Et ce que l’on apprend sur le passé de Rose, son enfance, nous en apprend aussi beaucoup sur la société danoise.
D’ailleurs, quelle image avons-nous du Danemark, de l’extérieur ? Nous ne faisons pas vraiment attention à ce pays ! Et bien, ce n’est pas forcément très réjouissant, nous pouvons le voir avec le quotidien des services sociaux, qui sont absolument débordés. Nous pouvons le voir aussi avec ce trio de presque trentenaires qui se rencontrent quasiment par hasard et qui unissent non pas leur infortune, mais leur sentiment de mériter mieux que ce que leur société leur propose. Un travail ingrat, comme leur mère avant elles ? Non. Il y a mieux ailleurs, et la télévision, ou plutôt la télé-réalité, ne manque pas de les faire rêver. Mention spéciale à la très naïve Michelle, à moins que l’on ne préfère Jazmine, vraiment prête à tout pour ne rien faire ou presque.
Si le présent n’est guère réjouissant, le passé ne l’est pas non plus ! Il n’est pire secret, finalement, que celui que l’on partage avec les siens.
Et nos enquêteurs, dans tout cela ? Carl peut compter sur Gordon et surtout sur Assad, toujours aussi énigmatique, et toujours prompt à parler de dromadaires.
Le seul défaut de ce livre, lu quasiment d’une traite ? Il donne envie de connaître la suite tout de suite !

Nartouk, le garçon qui devint fort de Jorn Riel

Nartouk, le garçon qui devint fort.
J’aime lire, bayard jeunesse – 48 pages.

Présentation de l’éditeur :

Nartouk, un jeune Inuit, vit pauvrement avec sa grand-mère dans un hameau dirigé par un chef cruel, nommé Porto. Au cours d’une chasse à l’ours blanc, un différend oppose Nartouk à Porto. Menacé de mort par le chef, le garçon est obligé de quitter le village. Lui qui est si petit, si malingre et peureux…

Mon avis :

Ce livre est un conte, qui est raconté au cours d’un long hiver, par un ancien, Nanatop, plein de sagesse. Son but est de faire passer le temps – et que l’hiver parut plus court. L’histoire aurait pu mal se terminer – mais nous sommes dans un conte. Nartouk vit dans la crainte à cause de Porto, ce chef auquel personne n’ose s’opposer et qui peut décider quel ancien devra partir sur la banquise. Nartouk a beau être un vaillant chasseur, il est trop vaillant pour Porto, qu’il dérange.
Conte, vous dis-je, puisque Nartouk rencontre des géants qui vont l’aider à être encore plus autonome qu’il ne l’est déjà, ils vont lui apprendre comment chasser, comment pêcher, et lui rappeler qu’il ne faut pas abuser du pouvoir que l’on possède – Nartouk en était déjà convaincu. Penser aux autres avant de penser à soi était déjà un de ses soucis premiers, maintenant qu’il est devenu un chasseur et un pêcheur expérimenté, Nartouk peut rendre davantage service aux siens – y compris à ceux qui, comme lui, ont été chassés de la tribu et se débrouillent comme ils peuvent – et veiller à ce que justice soit rendue.
Nartouk, le garçon qui devint fort est une lecture qui permet de faire découvrir la vie des inuits aux plus jeunes.

Nid de guêpes d’Inger Wolf

nid de guêpesMon résumé :

Le corps d’un adolescent, disparu depuis deux jours, a été retrouvé, atrocement mutilé. Daniel Trokic et les siens enquêtent.

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Mon avis :

Si ce livre avait été ma première rencontre avec l’auteur, je ne pense pas que j’aurai poursuivi l’aventure. Premier tome à être paru en France, mais pas le premier à avoir été écrit, Nid de guêpes me semble moins abouti que les autres volumes.
Il est question de meurtre, d’un tueur en série potentiel, d’un homme qui s’est échappé d’un asile psychiatrique mais que tout le monde décrit comme « gentil » et de la vie personnelle des enquêteurs. Certes, on ne peut empêcher les policiers d’avoir une vie personnelle – même si dans la vie réelle, tout est un peu plus compliqué – mais je trouve que Lisa a vraiment beaucoup de soucis en même temps, entre le décès de sa mère, ses disputes avec son compagnon et son désir d’avoir un enfant. Je parle de « vie réelle » parce que les enquêteurs revendiquent ce réalisme, se gaussent des experts, que tout le monde suit au Danemark, quand ils ne se moquent pas ouvertement des films policiers très peu réalistes. Alors pourquoi ai-je cette impression d’étrangeté, de ne pas être dans une enquête crédible ?
Peut-être parce que le lecteur passe plus de temps avec d’autres personnages qu’avec les enquêteurs ou les personnes interrogées – à vrai dire, assez peu, les interrogatoires, l’analyse des preuves ne sont pas le point fort de ce roman. Non, nous passons plus de temps avec Sander, qui souffre de troubles mentaux et de l’assassin : pour ce dernier, je me passerai volontiers des chapitres dont il est le centre. Sander enquête, lui aussi, sur l’origine de ses cauchemars, sur son passé, ce qui occupe une bonne partie du roman.
Il est question aussi d’enfants et de parents. On ne peut qu’être choqué par la maltraitance dont sont victimes certaines enfants, et du manque de suivi psychologique après les tourments qu’ils ont enduré. La maltraitance peut être plus insidieuse – et même si la police arrête certains « trafics », je suis assez d’accord avec ce que dit Daniel Trokic : Trokic avait parfois du mal à saisir exactement pourquoi les gens faisaient des enfants. Alors que c’était leur choix, leur responsabilité, ils passaient leur temps à se plaindre des soucis que leur apportait leur progéniture. Et ils continuaient à faire grossir la masse de cette nation d’enfants gâtés et surprotégés infoutus de glisser une pièce de monnaie dans un distributeur de tickets de bus et qui deviennent hystériques à la moindre contradiction.

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L’hiver des lions de Jan Costin Wagner

Présentation de l’éditeur :

Comme chaque année, depuis la mort de sa femme, le commissaire Kimmo Joentaa choisit de passer la soirée de Noël dans le commissariat désert. Au petit matin, on l’appelle : le médecin légiste vient d’être assassiné dans un bois enneigé. Le lendemain, un célèbre fabricant de faux cadavres pour le cinéma est poignardé à son tour. Un seul lien rapproche les deux hommes, ils ont participé ensemble à un talk-show qui montrait les corps – en plastique – affreusement mutilés de victimes d’accidents mortels. Dès lors, le présentateur de l’émission ne court-il pas un grave danger ?

Mon avis :

Ce livre ne fera pas l’unanimité, et moi-même, je n’ai pas totalement apprécié le premier roman de cet auteur. IL faut dire que le rythme de l’enquête semble très lent, alors qu’il ne l’est pas tant que cela. J’ai eu l’impression d’avancer dans une brume cotonneuse.
Deux personnes sont tuées, deux personnes proches du monde des morts, un médecin légiste, un créateur de mannequin réaliste pour des reconstitution. Leur mort a un impact sur leurs proches, l’un était un jeune papa, l’autre, le point d’ancrage de son compagnon. En parallèle, nous suivons une personne qui célèbre les fêtes de fin d’année, mais on sent chez elle un poids, une déconnexion, comme si elle était là, présente, et ailleurs. Le commissaire lui-même reste tout entier tourné vers son passé, les souvenirs qu’il a de sa femme sont omniprésents, il revit constamment le temps qu’il a passé avec elle, ce qui lui donne une étrangeté et des intuitions différentes de celles de ses collègues.
A une époque où les autopsies sont banalisées dans les romans, et plus encore dans les séries télévisées, à une époque où certains lecteurs oublient ce que le mot « victime » veut dire, il est bon de rappeler que les morts ont été des vivants avant d’être des cadavres, des vivants qui laissent derrière eux d’autres vivants.
L’hiver des lions est un roman qui nous interroge sur la place des morts dans notre société, sur la surenchère dont les médias sont capables, aussi, pour faire de l’audience, sans se préoccuper des êtres humains, témoins ou spectateurs. Deux thématiques qui peuvent toucher les lecteurs français de ce roman germano-finlandais.

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Noir septembre d’Inger Wolf

tous les livres sur Babelio.com

Présentation de l’éditeur :

Septembre touche à sa fin dans la ville portuaire d’Århus au Danemark. Un soir, Anna, une jeune mère célibataire, ne rentre pas de son jogging quotidien dans les bois. Au matin, on trouve son corps sur un lit de feuilles mortes au milieu d’une clairière, la gorge tranchée, un bouquet de ciguë séchée étalé sur la poitrine… Une mauvaise rencontre ? Mais bientôt le commissaire Daniel Trokic et son équipe découvrent un lien entre Anna et un brillant chercheur en psychiatrie disparu huit semaines plus tôt.

150113081711974778Défis Premier roman

Mon avis :

J’avais apprécié Mauvaises eaux d’Inger Wolf, je me suis plongée, pendant mes vacances, dans Noir septembre. Ce roman est antérieur de six années à Mauvaises eaux, et cela m’a amusé de connaître le devenir de ces personnages, déjà attachants à l’époque.
Daniel est divorcé. A demi croate, il a subi de plein fouet la guerre qui déchira son pays. Les cauchemars le hantent encore. C’est là qu’il a rencontré Jasper, le seul à le comprendre, le seul à pouvoir le dérider. Ah si, peut-être, Hirsute, son chat au régime alimentaire bien particulier. Etre un chat libéré, ce n’est pas si facile.
Quatre enquêteurs se partagent cette enquête : le chef, Daniel, Lisa, qui vient d’être nommée à la criminelle, et Jasper, seulement là en mission spéciale. Les crimes se multiplient comme des petits pains, et la brigade ne parvient plus à faire face.
La priorité est l’assassinat de cette jeune femme, Anna. L’auteur ne s’attarde pas, comme aurait pu le faire une de ses consoeurs suédoise, sur la « beauté » de la scène. Non, les enquêteurs s’interrogent, font leur travail, et l’écriture se fait précise, sans complaisance aucune. Et les policiers de chercher le mobile, et le coupable.
L’auteur multiplie les fausses pistes, intelligemment. Elle connaît les codes du roman policier, les attentes des amateurs du genre, et n’hésite pas à jouer avec, à aller au-delà des apparences. Il est facile d’accuser un malade mental, un membre d’une secte, ou un jeune homme au casier judiciaire pas vraiment vierge. Il est facile de s’arrêter dès qu’on pense avoir mis la main sur un coupable – une enquête coûte cher, et la police est vraiment débordée.
Ce roman ne nous interroge pas sur la folie – tant d’auteurs l’ont fait, le font encore, sans toujours éviter les clichés – il nous interroge sur le bonheur et son antithèse, la dépression. Elle est vue comme une maladie à part entière par certains, moqué par Daniel qui est pourtant passé par là. La difficulté à surmonter le stress est montré comme un signal d’alarme à ne surtout pas négliger, et nous interroge sur le fait de chercher par tous les moyens à le dissimuler. Il ne passe pas non plus sous silence que le fait de prendre des antidépresseurs n’est pas sans effet secondaire – et moi, de m’interroger, totalement hors littérature, sur ces personnes que j’ai cotôyé et qui disaient ne pas pouvoir sortir de leur lit sans leur tranquillisant. N’auraient-elles pas dû se poser des questions, ou bien préféraient-elles prendre des substances qui les empêchaient de se les poser ?

Noir septembre est un très bon roman policier, d’une auteur à suivre absolument.

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