Archive | juin 2021

L’oeil du chaos de Jean-Marc Dhainaut

Présentation de l’éditeur :

Tandis qu’une canicule sans précédent frappe l’Europe, Théo, un jeune lycéen de 17 ans, est terrifié quand il réalise que les photos qu’il vient de faire dévoilent l’horreur et le chaos 21 jours à l’avance…
Mais personne ne le croit. Et lorsque, partout dans le monde, le courant disparaît, les avions s’écrasent et que toutes les cloches des chapelles et des églises se mettent à sonner inexplicablement, il est déjà trop tard.
Théo est alors loin d’imaginer l’incroyable mission de survie et d’espoir que le destin lui réserve.

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier Joël des éditions Taurnada pour ce partenariat.

De Jean-Marc Dhainaut, j’ai déjà lu et apprécié la série mettant en scène Alan Lombin, dont le dernier tome des aventures est Les couloirs démoniaques. Pas d’Alan Lombin ici, pas tout à fait un thriller non plus, L’oeil du chaos est un roman d’anticipation teinté de fantastique. Le héros est ici un jeune adolescent, Théo, 17 ans. J’aimerai vous dire « presque un adulte », mais non : il est encore, au début du roman, un adolescent insouciant, passionné de photographie, doté d’un petit frère et de parents aimants. Il est insouciant, oui, mais plus pour très longtemps.

Comme souvent dans le genre fantastique, c’est un objet qui va tout déclencher. Est-il maléfique, bénéfique ? C’est au lecteur d’en juger. Non, il n’est pas tombé dans les mains de Théo par hasard, il s’agit simplement de son appareil photo, qui a modifié, et qui fait apparaître des photos parfaites… si ce n’est qu’elles montrent des événements atroces, événements qui auront lieu trois semaines plus tard. Comme tous ceux qui ont fait un découverte qui n’entre pas dans le cadre cartésien de notre société, Théo se retrouve face à un dilemme : comment faire comprendre ce qui va survenir dans les jours à venir ? Difficile, impossible, impensable face à des personnes qui raisonnent avec les codes de notre époque, sans penser, même sans ces photos, que le monde souffre (non, je n’exagère pas).

Alors ??? Alors non, je n’ai pas tout dit, ou trop dit. Alors tout commence serait plus juste, et ce « tout », c’est ce chaos. Après le thème de l’objet fantastique, le roman nous entraîne dans du dérèglement du climat, de la société – de la fin du monde, pour synthétiser, et de la manière d’y survivre. L’objectif de ce roman n’est pas, à mon sens, de faire ce qui a déjà été fait avant, de proposer une version qui a été vue – dans les films catastrophes, notamment. Non, c’est une autre variation que nous propose l’auteur, variations qui jouent, hélas, avec ce dont nous disposerions si de telles événements se produisaient.

Ce livre n’est pas un divertissement, il est une interrogation sur ce que nous ferions, nous, si de tels faits nous arrivaient. Comment nous organiserions-nous, comment survivrions-nous, comment tenterions-nous de changer les choses ? Autant de questions auxquelles le récit répond. Mais nous, à l’heure actuelle, que faisons-nous pour qu’un tel chaos n’arrive pas ? A nous de trouver la réponse et d’agir.

 

La disparue des Monts d’Arrée de Gérard Chevalier

édition du Palémon – 160 pages.

Présentation de l’éditeur :

Catia considère désormais le manoir du comte de Pennec comme son incontournable résidence de vacances. Il faut dire que la présence d’Hector, le vieux chien Saint Hubert, son chevalier servant, lui est devenue indispensable. Leur relation est ponctuée de disputes et de réconciliations. Or, à peine est-elle arrivée sur les lieux que Erwan, son « homme », officier de police en congé sans solde, vient la récupérer. Le commissaire Legal requiert leurs services immédiatement. Une jeune Chinoise a été kidnappée à la descente du ferry en provenance de Plymouth, sous le nez de ses parents. L’alerte enlèvement est lancée et commence une enquête ahurissante, gênée dès le départ par les parents de l’enfant, insupportables et mal élevés. Que cache leur attitude ? Leur accusation, désignant le grand-père paternel comme le ravisseur, dissimule-t-elle un drame familial ou une machination diabolique ?

Mon avis :

Voici la sixième et peut-être dernière aventure de Catia, chat enquêtrice au sein de la police. Pourquoi La disparue des Monts d’Arrée devrait-elle être sa dernière enquête ? Parce que l’auteur ne supporte plus le caractère de la sus-dite enquêtrice/narratrice/personnage principale. Essayez de travailler avec un chat, juste pour voir, et vous m’en direz des nouvelles !

Pourtant, l’affaire est d’importance : une petite fille a été enlevée ! Difficile de croire que la Bretagne puisse être une région aussi dangereuse, et pourtant, un enlèvement a bien eu lieu. Venue de Chine avec ses parents, Ting a disparu du terminal de Roscoff et depuis, la police est sur les dents. Ses parents ? Ils ne sont pas aussi coopératifs qu’ils pourraient l’être, ils passent plus de temps, au début du moins, à vitupérer contre la police qu’à l’aider réellement. Être policier, ce n’est pas facile, surtout quand l’enquête nécessite de se rendre dans de nombreux restaurants, et de partager divers alcools avec le père de la victime afin de faciliter l’interrogatoire.

Ironique, moi ? Oui, un peu. Il faut dire qu’un suspect est très vite identifié, il s’agit ni plus ni moins du grand-père de la fillette. Il est un traître ! Il a en effet choisi de vivre en France et se passionne pour le taoïsme ! Un comble quand on a un fils qui est un brillant ingénieur et qui fait la prospérité de son entreprise !

Catia et les siens vont mettre de l’ordre dans tout ce gâchis, en arpentant les belles routes de Bretagne. Surtout, surtout, elle va mettre fin à une histoire bien douloureuse : au tout début du roman, elle s’est fâchée avec Hector, son complice canin, un modèle de connaissance historique qui pourrait renvoyer aux oubliettes Stéphane Bern et consort. Oui, pour trois fois rien, elle s’est fâchée avec Hector – une discussion historique qui a mal tournée. Heureusement, cette enquête est l’occasion de faire appel à ses talents, et elle ne s’en prive pas.

A lire si vous aimez les polars humoristiques et les enquêtrices félines.

 

Un peu de musique pour le 29 juin 2021

Bonjour à tous

J’ai envie, ce matin, de partager des morceaux de musique qui me touchent.

Voici, tout d’abord, Un cavalier di Spagna :

 

J’ajoute Si Habrá en Este Baldrés interprêté par Capella de Ministrers de Carles Magraner:

Et, pour terminer, la bourrée du mariage forcé, de Lully et Molière :

Bon 29 juin à tous ! C’est un jour particulier pour moi (anniversaires de personnes qui nous ont quitté) et je voulais célébrer cette date en musique.

L’agence Mondétranges, tome 2 : Aux frontières de l’océan de L.D. Lapinski

édition Hachette – 304 pages.

Présentation de l’éditeur :

A l’agence de voyage Mondétranges, chaque valise vous transporte dans un monde différent. Il vous suffit d’entrer à l’intérieur… Flick est désormais membre officielle de la Société Mondétranges. Ainsi, lorsqu’une convocation urgente de Nyfe, la reine des pirates, arrive à l’agence, Flick et Jonathan, le gardien de la société Mondétranges, préparent immédiatement leurs valises pour une aventure dans le monde de la reine : La Fracture, un lieu de magie et de piraterie.
Ce monde est en train de s’effondrer. Bien que les navires y disparaissent souvent sans laisser de traces, l’augmentation récente ne peut être expliquée par les calamars géants ou les peuples sous-marins. Le bord de ce monde plat se rapproche de plus en plus de ses habitants et ils doivent s’échapper avant qu’il ne s’effondre complètement. Mais comment faire naviguer un navire à travers une valise ? Comment faire tenir une reine sirène de la taille d’une baleine dans un objet assez petit pour être porté à la main ? Flick et Jonathan parviendront-ils à trouver un moyen de transporter les habitants de la Fracture vers un autre monde avant que le leur ne disparaisse à jamais ?

Mon avis :

En ouvrant ce tome 2, je me dis… que j’ai dû passer à côté de certaines informations contenues dans le tome 1, ce n’est pas possible autrement. Cependant, les informations dont je parle sont tellement discrètes que je pourra presque dire : « attention, ce n’est pas le sujet premier du tome, c’est là, c’est comme ça, cela fait partie du personnage, mais ce n’est absolument pas le sujet ». Les allusions sont discrètes. Un exemple d’allusion ? Dans ce second tome, Félicity dite « Flick » rencontre la cousine de Jonathan Mercator, et elle l’appelle « Johnnie ». Lui corrige : « Jo-na-than ». Cela n’a l’air de rien, et pourtant, cela veut tout dire. Vous avez compris ? Non ? Et bien, Jonathan est, à ma connaissance, le premier héros transgenre de littérature adolescente dont la transition n’est pas le sujet du roman. Elle est là, elle lui complique parfois la vie, mais elle ne l’empêche ni de vivre, ni d’être amoureux.

Non, le sujet du roman, c’est cette convocation de la reine des pirates (elle manque totalement de modestie) et le fait qu’un nouveau monde soit en train de disparaître. Pire : si la convocation est arrivée jusqu’à Jonathan, c’est la preuve que Daniel, son père, n’est plus joignable, dans aucun des mondes. Oui, cela fait beaucoup de responsabilités sur les épaules d’un jeune homme de 18, qui mériterait de pouvoir vivre sa vie, tout simplement. Il n’est certes pas seul, il a sa cousine, Avery, et Flick, qui a réussi à repartir à l’aventure avec lui.
L’aventure n’est pas simple, pour personne. Il ne s’agit pas de mettre de l’eau dans son vin, il s’agit de trouver un monde aquatique dans lequel les pirates mais aussi les créatures sous-marines pourront vivre le mieux et le plus longtemps possible : ne pas vivre dans son monde réduit considérablement l’espérance de vie. Comme si cela ne suffisait pas, il faut que les trois membres (ou presque) de l’agence Mondétranges parviennent à faire passer les habitants et leurs navires à travers un passage relativement étroit tout en rentrant à temps pour que Flick puisse continuer à vivre leurs aventures. Flick a en effet des parents qui se font un sang d’encre quand elle disparaît et qui sont très éloignés de devenir ce qu’elle vit !

J’espère qu’un tome 3 verra le jour.

La grange d’Angie Kim

Présentation de l’éditeur :

Lauréat du Edgar Award du premier roman 2020.
Servi par une intrigue originale aux multiples tiroirs et au décor insolite, un roman d’atmosphère ingénieux et déroutant, qui nous rappelle que la vérité se loge dans un épais camaïeu de gris… Installés en Virginie, Young et Pak Yoo, couple d’immigrés modèles, ont investi toutes leurs économies pour transformer leur grange en centre de soins alternatifs. Depuis, une poignée de patients réguliers se pressent dans leur cabine pressurisée, réputée pour traiter diverses pathologies. Ici, chacun se connaît, s’apprécie. Et puis, un soir : une étincelle dans l’oxygène, une explosion mortelle. Henry, un petit garçon autiste, meurt sur le coup.
Acte de négligence ? Homicide volontaire ? L’effroi est total.
Un an plus tard, la dizaine de personnes présentes à la grange ce soir-là se retrouve à la barre dans un procès retentissant. La police, les médias ont choisi leur coupable. Mais qu’en est-il de la vérité ?

Merci aux éditions Belfond et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Angie Kim est américaine mais elle est née à Séoul, en Corée du Sud. Comme Mary, la fille de Young et Pak Yoo, elle est arrivée aux Etats-Unis à l’adolescence. Elle et sa famille se sont installées à Baltimore puis elle a fait des études de droit à Stanford et Harvard. Il n’est donc pas étonnant qu’elle connaisse aussi bien le milieu du droit et tout ce qui peut se passer dans une famille qui a tout quitté pour donner un avenir meilleur à son enfant.

Oui, le roman s’ouvre sur un procès, qui devra clore le drame qui a eu lieu en Virginie. Young et Pak Yoo ont en effet transformé leur grande en centre de soin alternatif. Késako ? Il s’agit d’une nouvelle thérapie, pas totalement reconnue par la médecin, mais qui semble donner de bons résultats. Les parents se pressent d’amener leur enfant atypique pour tester cette thérapie, à laquelle d’autres s’opposent avec virulence, montrant les dangers de cette thérapie, et questionnant ces parents qui veulent que leurs enfants autistes changent. Pourquoi ne pas les accepter tels qu’ils sont ? Pour ma part, je serai claire, nette et précise : quand un de vos enfants est en souffrance, et que vous êtes parents, c’est insupportable. Alors oui, l’on peut vouloir tout tenter, parce que cette vie est douloureuse pour lui, pour ses parents, pour ses proches. Elizabeth s’est investie totalement, a tout tenté pour son fils, traquant dans l’alimentation les substances qui pourraient augmenter ses troubles. Aujourd’hui, c’est elle pourtant qui est sur le banc des accusés : ce serait elle qui aurait provoqué l’explosion de la grange, causant ainsi la mort d’Henry, son fils, et d’une de ses meilleures amies.

La tension est bien présente dans le récit, que ce soit pendant les scènes de procès, ou pendant les retours en arrière qui nous permettent de découvrir les personnages qui tous ou presque ont quelque chose à cacher. Parfois, ils estiment que les mensonges ne sont pas très graves, il est tellement facile de se dédouaner soi-même. Il est tellement difficile de vivre avec les accusations que l’on se porte soi-même.

Etre mère, ce n’est pas simple, ce n’est pas instinctif quoi que certain(e)s pensent encore. Ce n’est pas l’accomplissement absolu et rêvé pour une femme. C’est beaucoup de douleurs, ce sont des pensées que l’on a et qu’il faut taire, parce qu’elle tranche avec les idées communément admises sur la maternité, et répandue un peu partout. Ne parlons même pas d’avoir un enfant différent. C’est toujours à la mère de se sacrifier, de mettre tout sa vie entre parenthèses parce qu’il nécessite tout son temps, toute son énergie, tous ses soins. Se plaindre ? La société n’est pas prête à l’entendre. Prendre du temps pour soi ? Impensable. Etre mère, ce n’est pas tout rose, et ce n’est pas Young qui dira le contraire.

Young m’a fait penser à d’autres héroïnes de romans coréens. Oui, elle obéit à son mari – c’est lui qui a pris la décision du départ pour les Etats-Unis, lui qui a choisi de rester au pays, le temps qui était nécessaire pour qu’ils puissent tous les trois s’installer correctement. Oui, c’est elle qui a travaillé énormément, les parents qui les ont recueillis ne l’ont pas fait par charité, voyant finalement très peu sa fille Mary. Celle-ci n’est pas que ballotée entre deux cultures, elle reproche clairement à sa mère de ne pas s’être opposée à son père, bref, d’avoir respecté la tradition. Et je me suis demandé, au cours de ma lecture, si elles allaient prendre toutes deux leur destin en main – Mary est elle aussi une victime de l’explosion, elle a tenté de porter secours aux patients.

La grange est un premier roman. Il est avant tout pour moi un livre d’une très grande richesse, comportant véritablement plusieurs strates de lecture. Il peut intéresser les lecteurs qui apprécient les romans policiers, ceux qui aiment la littérature américaine, ou encore ceux qui veulent en savoir plus sur la Corée du Sud. Bref, La grange est un livre qui a de quoi intéresser un large public.

 

Moana, tome 1 : La saveur des figues de Silène Edgar

Présentation de l’éditeur :

Moana refuse de mener la vie que voudrait lui imposer son peuple.Dans un futur post-apocalyptique, le monde est en proie à un grand refroidissement et l’humanité est menacée de disparaître. La Polynésie où vit Moana n’échappe pas à cette règle : elle est recouverte de neige. Selon les règles édictées par son peuple, la jeune fille doit se marier et avoir des enfants au plus vite. Mais il est hors de question pour Moana de suivre ces règles qui ne lui conviennent pas. Une seule solution : fuir, pour vivre sa vie selon ses propres choix.

Mon avis :

Savez-vous quel est le problème quand un livre est depuis trop longtemps dans voter PAL ? Vous ne savez plus trop pourquoi vous l’avez acquis, et vous ne savez plus du tout de quoi il parle. Au hasard : de figues et de Polynésie. Me voilà bien avancée ! Et bien, ce n’était pas tout à fait cela.

Oui, Moana, qui donne son prénom à cette trilogie, vit bien en Polynésie, dans une Polynésie post-apocalyptique. Ne comptez pas sur la chaleur, ici c’est le froid et la neige qui règnent en maître. La population est rationnée en nourriture, et c’est un gouvernement central qui dirige les communautés survivantes, qui ne sont pas si nombreuses que cela. Les règles sont simples : ne pas évoquer le passé, c’est inutile, il faut se tourner vers l’avenir. Les jeunes filles doivent se marier dès qu’elles ont leurs premières règles, et avoir le plus d’enfants possibles (quatre minimum). Certes, il arrive parfois que des adolescentes soient sélectionnées pour partir à Pondichéry, la capitale, et suivre des études, faisant ainsi la gloire de leur communauté. Il est rare cependant qu’une adolescente soit sélectionnée. Il est encore plus rare que le conseil donne son accord : une jeune fille en moins, c’est un mariage en moins, des naissances en moins, et surtout, de la nourriture en moins. Si le mot « régression » vient à votre esprit, c’est tout à fait normal, je vous rassure. J’ai gardé le pire pour la fin : après soixante ans, les personnages âgées sont envoyées … ailleurs, pour que leurs souvenirs soient recueillies. Magnifique, non ? Je n’ai pas cru à cette fable, forcément, même si Moana y croit. Aussi, sa famille a fait un choix courageux : cela fait vingt ans qu’ils cachent Mémine, l’arrière-grand-mère de Moana. Celle-ci leur raconte des histoires du monde d’avant, de ce monde dont on n’a plus le droit de parler.

Si tout allait si bien, si tout devait se poursuivre si bien, il n’y aurait pas de romans. Le jour fatidique arrive : Moana doit être mariée. Et il n’en est pas question. Commencent alors pour elle et pour Mémine, qui n’a jamais baissé les bras, une odyssée qui les mènera là où on les attendait, puis là où on ne les attendait pas. Sur leurs routes, elles découvriront des faits qu’elles ne soupçonnaient pas, elles se feront des amis, elles découvriront que la résistance à l’ordre établi existe bel et bien – la résistance se conjugue au présent, et dans toutes les communautés.

A bientôt pour les deux tomes suivants de la trilogie.

 

La famille Indri Indri de Muriel Mingau et Claire Chavenaud

Présentation de l’éditeur :

Que se passe-t-il dans la bruissante forêt de Madagascar ?
Au plus haut des arbres, la famille Indri-Indri mène une vie tranquille, sauf le petit dernier, qui a le vertige… pas facile pour un lémurien !
Le jour où, soudain, le danger subit, menaçant petite famille, forêt, habitants et même le lynx-fossa, que vont-ils devenir ?
Qui sait, les arbres sont si robustes.
La terre et la nature, si généreuses.

Merci aux éditions Les Monédières et à Babelio pour ce partenariat.

Mon avis :

Je lis moins d’album depuis que je fréquente… moins les bibliothèques, pour cause de fermeture aléatoire et de fréquentations difficiles vue les conditions actuelles. La dernière Masse critique a été pour moi l’occasion de renouer avec le genre. Tout d’abord, je tiens à dire que l’objet-album est en lui-même très beau. La couverture représente, au milieu de la luxuriante forêt malgache, le petit dernier de la famille Indri-Indri, une famille de lémurien. Oui, les lémuriens vivent tous sur l’île de Madagascar – et l’album de commencer comme un conte étiologique, racontant comme l’île de Madagascar s’était formée, entraînant avec elle tous les lémuriens.

Mais le conte ne dure pas longtemps, parce que les luxuriantes forêts se retrouvent dévastées par les flammes, et le territoire des lémuriens se retrouve amputée d’autant, sans que les arbres ne parviennent à reconquérir le territoire dévasté. Il faut dire qu’il ne s’agit pas que d’un incendie, mais que les incendies sont fréquents et ne dévastent un peu plus le territoire. Pourtant, la famille Indri Indri se veut optimiste, et accueille un troisième rejeton, celui-là même qui est en couverture. Il a une particularité : il a le vertige ! Voltiger est pour lui impossible. Il est la cible des quolibets des autres lémuriens. Oh, nous ne les verrons pas, non, nous entendrons leurs voix, rumeurs collectives qui accompagnent, soulignent le problème du petit Indri-Indri. Jusqu’au jour où…. il est amené à se dépasser.

Malgré des passages sombres, la visée de l’album est optimiste. Il est possible d’aller au-delà de ses peurs. Il est possible de changer les choses – avant qu’il ne soit trop tard. Preuve que le message de l’album va avec le message de cette maison d’édition : il est publié sur du papier issu de forêts  gérées durablement.

Avec tout ceci, je n’ai même pas parlé des très belles illustrations de Claire Chavenaud, qui donnent parfois l’impression de voir des collages, des tissages, un ensemble délicat en surimpression.

Un album à partager.

 

 

 

L’attaque du train 921

édition Oxymoron – 95 pages
Présentation de l’éditeur :
La duchesse Charlotte-Adélaïde de Maubois, qui va se marier aux Indes, a pris place dans le rapide de Marseille. Elle emporte de merveilleux bijoux sur le sort desquels veille le policier Mirabel. Ce dernier, après avoir causé au moment du départ avec un riche américain, Harry Gedworth, remarque dans le wagon un individu qu’il croit reconnaître ; mais il ne peut préciser ses souvenirs. L’inconnu suspect s’est retiré de très bonne heure dans son compartiment. Le policier attend vainement son retour : lorsqu’il rentre enfin dans le sleeping, l’homme a disparu.

Mon avis :

C’est quasiment une formule consacrée : je n’attendais pas grand chose de cette lecture. Le bilan est donc simple : je n’ai pas eu grand chose. Et même si ce tome se termine par un « à suivre », je ne suivrai pas la suite des aventures de ce policier-détective (les deux sont dits, ce n’est donc pas très clair) dont les aventures me font penser à un ancien slogan publicitaire : « même mouillé, il est sec ! ». Ce n’est pas le seul souci dans la construction de l’intrigue.

Roman policier ? Roman d’aventures ? Roman sentimental ? Je penche plutôt pour les deux dernières catégories. La très belle Charlotte-Adélaïde de Maubois est veuve, son mari ayant eu la bonne idée de mourir d’un accident de chasse. Elle s’est mariée pour échapper à un milieu familial qui l’étouffait – la vie entourée par deux tantes célibataires n’était pas folichonne, et la jeune fille avait soif de divertissements, de voyage. Ce n’est pas auprès de son mari qu’elle a pu étancher cette soif. Aussi, elle ne se prive pas maintenant qu’elle est veuve, et c’est ainsi qu’elle rencontre un beau prince indien, qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre, qu’il la demande en mariage, la couvrant de bijoux, et qu’elle accepte sa proposition. Pardon ? Oui, c’est bien un roman policier, mais là, nous sommes plutôt dans la romance. Son chaperon, préférant resté à une table de jeu plutôt que de s’occuper de Charlotte-Adélaïde (pas de diminutif, c’est dommage), il lui suggère d’embaucher le célèbre détective/policier (on ne sait toujours pas très bien) Mirabel (qui n’appelle pas Églantine).

Commence alors un roman d’aventures qui contient des éléments intéressants et des invraisemblances. Je ne passerai pas sous silence le cadavre nu dont on fouille les poches, ou le détective qui, pris d’une impulsion, saute à l’eau puis sort de l’eau sans être mouillé. Je n’oublie pas la « femme fatale » qui apparaît à la fin de la partie que j’ai lue, et la pincée de termes teintés de racisme. Oui, ce sont les termes employés à une époque, et que l’on se garderait bien d’utiliser maintenant. Je note cependant que les bandits du rail ne sont pas tout blancs – et cela me dérange fortement de verser ainsi dans le manichéisme, même dans la littérature populaire.

Frère à louer, tome 4 d’Ichiiro Hako

édition Delcourt-Tonkam – 224 pages

Présentation de l’éditeur :

Le fameux contrat de location passé entre Kanami et Makoto leur aura permis de passer de merveilleux moments.
Ce “grand frère contractuel” tente par tous les moyens de soigner les blessures de cette petite fille meurtrie. Malheureusement, cette dernière souffre bien trop à cause de son véritable frère… Ne supportant plus de la voir dans cet état, Makoto lui propose alors de venir vivre chez lui !

Mon avis :

Que font les services sociaux japonais ? Que fait la famille de Kanami ? Ah, oui, pour eux, c’est vrai, la seule chose qui les intéressait était de gérer l’argent, certainement pas de s’occuper d’une gamine et de son frère aîné. Kanami a pris sa décision, elle n’en peut plus, elle va aller vivre chez Makoto, qui a le soutien de ses proches et de leurs familles. Tous ont crée un réseau uni pour l’aider à prendre soin de la petite fille, qui en a bien besoin. Quitter son frère est plus facile à dire pour elle qu’à faire, surtout quand elle découvre un pan du passé de son frère et de ses parents qu’elle ignorait. Il est des choses que l’on ne confie pas à sa petite soeur, pour la protéger. Il est des choses que l’on ne dit pas à sa fille, parce qu’elle n’est qu’une fille et qu’elle ne sera jamais amenée à succéder à son père.

Ce quatrième tome est tendu, parce que le drame qui couvait est là, et bien là. Impossible de se cacher, et impossible pour son frère de cacher à sa petite soeur ce qu’il a tu pendant toutes ses années – parce qu’elle avait le droit de croire que sa famille était une famille aimante. C’était très loin d’être le cas, et ce qu’on découvre est assez glaçant.

Alors oui, la famille, c’est avant tout celle que l’on choisir, et celle que se choisit Kanami est constituée de personnes qui ont eu des problèmes, qui ont subi des épreuves, mais dont les parents (pour Daigo et Misuku) sont des personnes qui elles aussi affrontent les problèmes plutôt que d’être des problèmes. Pas de romance qui viendrait troubler le cours du récit, mais des jeunes adultes qui se lancent dans la vie active et éprouvent les angoisses qui vont avec ce changement de vie.

Une série complète en quatre tomes hautement recommandables.

Frère à louer, tome 3 d’Ichiiro Hako

Présentation de l’éditeur :

Makoto a loué le temps de la petite fille pour apaiser sa souffrance.
Kanami continue d’être blessée par son frère, la seule famille qu’il lui reste… Mais le jeune homme qu’elle louait pour le remplacer ne supporte plus de la voir meurtrie en permanence…

Mon avis :

Dans le troisième tome des aventures de Makoto et Kanami, les faits sont inversés. Ce n’est plus Kanami qui loue les services de Makoto, c’est Makoto qui loue les services de Kanami, montrant ainsi que l’argent n’était vraiment pas la motivation du jeune homme. Il veut ainsi qu’elle s’ouvre davantage au monde, meilleur moyen d’affronter ses problèmes et d’apaiser ses souffrances.

Elle découvre ainsi que ses amis n’ont pas la vie aussi facile qu’elle le pensait, et que, pour en arriver là où ils sont, il leur a fallu bien des épreuves, bien des souffrances. Misuzu, par exemple, qui est son modèle, une fille sur laquelle on peut compter, une fille qui a compris le mal-être de Makoto, enfant, et qui lui a permis de se rapprocher de Daigo, Misuzu souffre de ne pas avoir réussi à aider sa petite soeur qui vit désormais dans un internat – Shiori a subi une blessure qui a compromis sa carrière sportive, et n’a pas voulu entendre les inquiétudes de ses parents.

Makoto, lui, s’inquiète de plus en plus pour Kanami, au point de chercher des solutions légales pour lui venir en aide. On a beau dire qu’il faut du temps, qu’il faut être persévérant, parfois, tout l’amour du monde ne suffit pas, et il faut aussi se préserver. Ne pas en demander plus à une enfant que ce qu’elle peut en supporter.

A demain pour le tome 4.