Archive | février 2022

Maigret de Patrice Leconte

Mon avis :

Pour clôturer ce mois du polar, pour lequel je n’aurai eu le temps ni de lire tout ce que je voulais lire, ni de chroniquer tout ce que je voulais chroniquer, voici mon avis sur Maigret, film de Patrice Leconte sorti le 23 février (je l’ai vu le 26, au cinéma des Andelys). Pour faire court, ce jour-là, j’ai préféré Gérard à Tom (l’acteur qui joue dans Uncharted) – en vrai, c’était surtout pour Elizabeth que j’ai choisi ce film.

Maigret est fatigué. A moins que ce ne soit son interprête qui le soit. Je me suis posé des questions sur la diction de Depardieu, ou plutôt, sur ce qui m’a semblé une difficulté à respirer. Peut-être suis-je la seule à avoir entendu cela. En tout cas, Maigret n’est pas en forme, son médecin lui conseille même de prendre sa retraite – et d’arrêter de fumer.

Une nouvelle affaire surgit cependant. Une jeune morte – elle a tout juste vingt ans – est retrouvée dans le square des Batignolles, poignardée de cinq coups de couteau. Quelqu’un a appelé Police secours – l’assassin ? De cette jeune fille, l’on ne sait rien, pas même son identité. Il faudra, pour le commissaire Maigret, remonter lentement le fil des indices pour savoir qui elle était, ce qu’elle faisait là, pourquoi elle a été tuée.

Oui, le rythme de l’intrigue est lent – parce que le commissaire n’a pas grand chose à quoi se raccrocher. Nous sommes dans les années cinquante, ne l’oublions pas. Force est de constater, cependant, que les archives judiciaires sont et bien tenues, et bien rangées, ce qui permet de savoir qui est fiché, pourquoi, et qui ne l’est pas – comme la jeune morte.

C’est dans un Paris grisâtre qu’évolue le commissaire, un Paris qui accueille toutes celles qui ont quitté leur province pour espérer… Autre chose qu’une place à l’usine ? Faire carrière ? Retrouver un membre de sa famille ? Combien de rêves se sont éteints, d’une manière ou d’une autre ?

Oui, c’est une enquête classique – mais Maigret est un classique de la littérature policière. Mention spéciale, pour les seconds rôles, à Anne Loiret (madame Maigret) et Elizabeth Bourgine (Irène).

Le promeneur sur le cap de Mike Martin

Présentation de l’éditeur :

Le corps d’un homme est trouvé sur le cap dans une petite communauté de pêcheurs sur la côte est. D’abord, tout le monde croit qu’il s’agit d’une crise cardiaque ou d’un AVC. Mais alors, on découvre qu’il a été empoisonné. Qui ferait cela et pourquoi ? Découvrir cela revient au Sergent Winston Windflower de la GRC avec son acolyte de confiance, Eddie Tizzard. Tout au long, ils découvrent qu’il y a bien plus de secrets cachés dans cette petite communauté et de puissantes personnes qui souhaitent que cela reste ainsi.

Merci à Netgalley et à Mike Martin pour avoir mis ce livre à disposition.

Mon avis :

Voici un roman policier calme. L’adjectif peut sembler réducteur mais si vous êtes adepte de courses poursuites, de coups de feu échangés, voire de tueurs en série sanguinaires se complaisant à torturer ses victimes, ce roman n’est pas fait pour vous. De même, si vous aimez les policiers eux-mêmes torturés et en souffrance, vous pouvez passer votre chemin.

En fait, au tout début de l’intrigue, l’on pourrait presque croire que nous ne sommes pas dans un roman policier. En effet, un homme a été retrouvé mort, mais il est âgé, veuf, c’est un homme qui fait toujours la même chose à la même heure. L’on pourrait donc croire qu’il est mort de mort naturelle, partie retrouver sa femme dans l’autre monde. Il faut une autopsie pour prouver non seulement qu’il a été assassiné, mais en plus qu’il a été empoisonné. Qui ? Pourquoi ? Il paraissait si tranquille ! Et il l’était, à sa façon. Alors ?

Le sergent Winston Windflower, aidé par Eddie Tizzard, mène l’enquête, et tant pis si cela dérange. Il est des hommes qui pensent encore que pouvoir et fortune les dispense des lois. Ont-ils tort ? Pas toujours. Le sergent est quelqu’un de calme, de patient, la bureaucratie ne l’effraie pas, chercher des moyens d’enquêter quand même sans avoir l’air d’y toucher non plus. Il prend le temps, aussi, de vivre sa vie – parce qu’il y a une vie en dehors du travail, parce qu’il veut construire cette vie, et qu’il sait ce qu’il veut.

L’enquête prendra un tournant inattendu aux deux tiers du récit – preuve que le ou les coupables ont toujours fortement à voir avec le passé de la victime.

A découvrir.

 

Gardiens des cités perdues, tome 4 : Les invisibles de Shannon Messenger

édition Pocket – 555 pages

Présentation de l’éditeur :

Finis les cours à Foxfire et les messages mystérieux envoyés par le Cygne Noir, Sophie rejoint enfin l’organisation clandestine à l’origine de sa création ! Accompagnée de Fitz, Biana, Keefe et Dex, elle quitte les Cités perdues pour Florence, où se trouve le premier indice qui la mènera jusqu’au repaire du Cygne Noir. Là-bas, la jeune fille espère en apprendre plus sur elle-même, mais aussi sur les Invisibles, le groupe de rebelles qui cherche à déstabiliser le monde des elfes.
Entre l’étrange épidémie qui décime les gnomes, l’évasion de Prentice, prisonnier d’Exil, à préparer, et la menace grandissante des ogres, la jeune Télépathe va devoir s’appuyer sur ses amis et se retenir de foncer tête baissée vers le danger ! Surtout que si de nouveaux alliés apparaissent, des traîtres sortent aussi de l’ombre…

Mon avis :

Je commence à chroniquer la série de livres que j’ai lue par le tome 4 – j’ai chroniqué le 1 en 2019. Il se trouve qu’apprenant que je connaissais la série, une élève me les a gentiment prêtés. Merci à elle.

Elle m’avait d’ailleurs prévenue : ce tome 4 est émouvant. Je confirme. Sophie et ses amis sont devenus plus ou moins des hors-la-loi puisqu’ils ont rejoint l’organisation du Cygne Noir. Les dangers sont nombreux, les péripéties aussi, et Sophie ne s’attend pas aux épreuves qu’elle devra traverser – le lecteur non plus ! Le monde dans lequel elle évolue est loin d’être simple, et il ne faut pas s’attendre à ce que des solutions simples soient trouvés. Nous sommes dans un ouvrage young adult, plus que de littérature jeunesse, et tout ne sera pas bien qui finira bien, les combats ne se gagnent pas sans blesser, et les guerres, même « feutrées » vont souvent des victimes parmi les civiles.

Elle découvre aussi Exilium, le pendant de Foxfire, mais pour jeunes elfes qui ne rentrent pas dans le moule de la société si parfaite. Ce n’est pas tant que cette école est horrible qui pose souci, ce qui pose vraiment souci c’est que les elfes « si parfaits » se moquent éperdument des conditions de vie des elfes-moins-parfaits-que-les-autres et que les moyens manquent cruellement pour ceux qui y travaillent et enseignent. Ou comment ostraciser plutôt que d’aider, d’accompagner. Toute ressemblance avec des faits qui existeraient dans notre société humaine n’est sans doute pas fortuite. Sophie se découvre ainsi un autre combat : sortir de l’ombre ceux qui vivent à Exilium, parce qu’ils ont beaucoup à apporter à leur société.

Le coup de théâtre final est un nouveau coup pour Sophie. Quelles conséquences pour elle et les siens ? A découvrir dans le tome 5.

Au rendez-vous de la marquise de Jean Failler

édition du Palémon – 349 pages
Présentation de l’éditeur :
Retrouvez Mary Lester pour une nouvelle enquête à Notre-Dame-des-Landes…
Mary Lester est cette fois envoyée par son ami « Ludo », conseiller particulier à l’Élysée, dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les conflits entre Zadistes et forces de l’ordre ont plus ou moins cessé, mais l’ombre malfaisante des terribles black blocs plane toujours et la lutte entre pratiquants de chasse à courre et extrémistes végans fait rage. Les attaques se multiplient.
Mary décide donc de rencontrer les différents protagonistes. Si elle reçoit un excellent accueil chez le comte de Morsac, qui va lui faire découvrir le monde tellement controversé de la chasse à courre, il n’en est pas de même à la Bergerie, ancienne ferme occupée par des activistes particulièrement agressifs. Mary va même ne devoir son salut qu’à sa fuite, et conclure que ce conflit ne la concerne pas.
Mais lorsque le corps du voyou qui l’a agressée est retrouvé, l’affaire prend une autre tournure et Mary n’aura d’autre choix que d’enquêter dans ce nid de guêpes.
Mon avis :
Je me plonge, me replonge dans les policiers français, et, ici, dans les enquêtes de Mary Lester, dont je vais enchaîner plusieurs tomes dans les semaines à venir. Il faut dire qu’un fil rouge relit ce tome à des enquêtes précédentes, et que le « fil rouge » trouvera sa conclusion, certainement, dans le ou les tomes suivants.
Mary Lester se trouve parachutée à Notre-Dame-des-Landes – entre les gilets jaunes et le Covid, l’on a un peu oublié tout ce qui s’est passé là-bas, les expropriations, le combat pour empêcher la création de l’aéroport, son abandon – mais des zadistes toujours là, et d’anciens propriétaires sont bien décidés à retrouver leurs biens, ce qui me semble tout à fait justifié. Un chantier, oui, mais pas vraiment celui qui était attendu.
A ceci s’ajoute le conflit entre les tenants de la chasse à courre et les vegans – ou ceux qui se prétendent tels. J’ouvre une parenthèse : je n’ai pas aimé l’image qui est donné des militants anti-chasse à courre. Je ne dis pas que de tels militants n’existent pas, je dis simplement que tous les vegans, tous les militants que je connais sont éminemment pacifistes. Je ne parlerai pas de ceux qui pratiquent la chasse à courre, il ne vaut mieux pas – surtout que ces « pratiquants » ne s’entendent guère avec les autres chasseurs du cru. Fin de la parenthèse. J’ai apprécié, par contre, que Mary Lester rappelle le sort des animaux de boucherie, qui est tout sauf appréciable, tout sauf bien traité.
Ceci fini, nous nous replongeons dans l’intrigue policière, parce que les hommes souffrent aussi – et les femmes encore plus. La police, la justice ? Pas toujours facile de s’adresser à elle. Et quand on le peut, ce n’est jamais qu’une affaire parmi d’autres. Pendant ce temps, il faut continuer à vivre, pour ne pas dire à survivre.
Ce n’est pas tant que la fin est ouverte, c’est qu’elle nous promet, dans un prochain tome, de terminer une affaire qui tient à coeur à Mary Lester.

Les enquêtes de Mary Lester, tome 58 : En secret à Belle-Île de Jean Failler

Présentation de l’éditeur :

Le corps sans vie de Madeleine Duverger est retrouvé sur la terrasse d’un hôtel dont elle était propriétaire, à Belle-Ile-en-Mer. Crime ? Suicide ? Accident ? Un crime ? Vous n’y pensez pas. C’est très mauvais pour le tourisme et d’ailleurs, qui aurait pu en vouloir à cette vieille dame si digne ? Pour ne pas faire de peine à la famille, on écarte également la thèse du suicide, et c’est donc celle de l’accident qui est retenue.
Seulement, cette femme était l’épouse d’un homme politique important dont le fils occupe un poste de conseiller au plus haut niveau de l’Etat, et celui-ci veut comprendre. Mervent envoie le commandant Lester pour « y voir clair » . Mary débarque ainsi incognito sur l’île, accompagnée de sa fidèle Amandine, pour une enquête discrète. Elle va alors plonger dans les secrets de cette île mystérieuse, de sa côte sauvage et de ses attachants autochtones.
Et quand, à Belle-Ile, la tempête fait rage, le vent n’est pas le seul à devenir violent…

Mon avis :

Après des affaires longues, compliquées, éprouvantes (voir les tomes précédents, oui, je sais, c’est facile à dire), Mary Lester pourrait espérer avoir un peu de repos. Eh bien, non.

La patronne d’un hôtel, qui dirigeait celui-ci d’une main de fer, est morte. Suicide ? C’est impossible, impensable, elle menait depuis des décennies, la vie qu’elle avait toujours voulu vivre, sans aucun regret. Un accident ? Oui. Mais c’est vraiment dit du bout des lèvres, pour la tranquillité de l’île, et des touristes à venir. Mais la famille de la victime ne se contente pas de ce diagnostique – elle a les bras très longs, cette famille – et Mary Lester est gentiment conviée à enquêter sur place.

Il est des personnes qui ont des choses  à cacher, c’est évident – surtout quand on sait que la victime, elle, ne cachait pas grand chose de sa vie de femme qui a toujours été libre de ses choix, et qui a assumé ses ambitions et ses goûts jusqu’au bout. De quoi ne pas plaire à tout le monde. De quoi voir aussi qu’il existe d’autres secrets sur l’île, et que les femmes, comme partout ailleurs, ne sont pas les mieux lotis. Il en est d’autres qui n’ont pas trop envie de parler – peut-être aussi parce qu’ils n’ont pas grand chose à dire. Mary observe, enquête, avance ses pions, agit – avant le dénouement.

Mary Lester reviendra sans doute à Belle-île – il faut simplement espérer pour elle que ce soit un peu plus calme.

 

 

 

La vallée des fleurs de Niviaq Korneliussen

Présentation de l’éditeur :

La Vallée des Fleurs se trouve à l’est du Groenland, tout près de la ville de Tasiilaq. Des fleurs de plastiques roses, rouges et bleues y poussent sur les tombes du cimetière. Une jeune femme s’y rend à la suite d’un événement tragique qui a touché sa belle-famille.
Elle est amoureuse, étudiante, promise à l’avenir, et pourtant quelque chose en elle se brise devant la majesté des montagnes. Son quotidien de Groenlandaise qui tente de s’insérer dans la société danoise va s’accélérer, suivant une corde tendue entre obscurité et lumière vive. Elle qui enfant avait sauté d’une fenêtre pour s’envoler va chercher à retrouver à tout prix sa liberté perdue.

Mon avis :

Ce n’est pas un roman aimable, accueillant. La narratrice est une toute jeune femme. Elle est étudiante. Elle est groenlandaise. Elle est lesbienne – son homosexualité semble avoir été bien acceptée par sa famille. Elle est aussi bien acceptée par les parents de Maliina, sa compagne, son amoureuse. Ecrit ainsi, je résume, je simplifie une intrigue qui est tout sauf simple – même si l’homosexualité en fait partie.

En effet, la narratrice ne se sent bien nulle part. Elle ne se sent pas bien chez elle, et c’est aussi une des raisons qui la pousse à aller étudier au Danemark. Elle est en décalage avec les étudiants danois, parce que différente. Mais à quoi tient au juste sa différence ? Le sait-elle vraiment elle-même ?

La cassure se produit, avec le suicide de la cousine de sa compagne. Elle l’accompagne là, à l’est du Groenland, et j’ai senti, encore plus fort, son isolement. Elle qui a déjà perdu des proches, qui en perdra encore, ne sait pas comment se comporter avec eux. J’ai eu aussi l’impression d’une violence dans les rapports sexuelles que lui impose sa compagne. Il n’est pas question de « consentement », comme si une jeune femme était forcément toujours d’accord pour avoir une relation sexuelle avec son amoureuse, même si cette relation est brutale, même s’il était clair pour moi, lectrice, que la narratrice n’en avait pas envie. Maliina, elle, n’a qu’une idée en tête : découvrir pourquoi Gudrun a mis fin à ses jours. Comme tant d’autres jeunes groenlandais. Découvrir aussi pourquoi personne ne cherche vraiment à leur venir en aide. Pourquoi, quand l’aide survient enfin, il est souvent trop tard. La preuve : Maliina ne se rend même pas compte du mal-être de sa compagne, elle la laisse à peine s’exprimer, elle dont le seul point d’ancrage positif dans sa jeunesse semble être sa grand-mère.

Nous ne connaîtrons jamais le prénom de la narratrice, seulement ce que les autres en disent – un prénom groenlandais, un prénom qui a une « signification ». Plus nous avançons dans le récit, plus elle semble ne plus avoir de repères, ne plus avoir d’attaches, être en décalage perpétuel entre ses mots, d’un côté, et ses actes de l’autre, en décalage aussi entre les paroles des autres et ce qu’elle en comprend. Aimer l’autre ne suffit pas. Vouloir être aimé non plus.

En arrière-plan, la société Groenlandaise et les réseaux sociaux, universels. J’ai noté leur importance, pour la narratrice, likant les publications de son amoureuse, regardant frénétiquement si elle ou les siens likent ses publications, partageant des formules toutes faites, à portée soi-disant universelle, un réseau social sur lequel les proches perpétuent le souvenir de ceux qui n’ont pas trouvé d’aide de leur vivant, mais à qui on pense beaucoup – après.

Merci aux éditions La peuplade et à Babelio pour ce partenariat.

Mourir pour Léonard de Christian Jacq

édition XO – 212 pages

Présentation de l’éditeur :

Consacrée à Léonard de Vinci, « l’exposition du Siècle » va-t-elle se transformer en désastre pour l’Angleterre et la Couronne ?
Le meilleur expert de l’œuvre du peintre a été assassiné, et les indices tendent à prouver qu’on I’a fait taire pour que ne soit pas révélée l’existence d’un faux dont la présence causerait un énorme scandale.
Et ce meurtre est-il relié à celui d’un milliardaire américain, grand amateur de Léonard ?
Clair-obscur et trompe-l’œil pourraient bien empêcher l’inspecteur Higgins de parvenir à la vérité.

Mon avis :

Je ne dis qu’une chose : je lis actuellement ces enquêtes parce qu’elles sont distrayantes et pas prises de tête du tout, moi qui lis parallèlement un livre beaucoup plus dur que je ne désespère pas de terminer… demain.

Quand je commence une enquête de l’ex-inspecteur Higgins, je sais toujours comment l’intrigue sera construite. Tous les suspects sont interrogés un à un, puis réinterroger, selon qu’ils ont menti, ou pas, selon l’apparition de nouvelles preuves, ou pas. Il y a très souvent une femme, indépendante, sans enfants, à la vie sentimentale bien remplie. Il y a aussi beaucoup d’hommes, qui ont très rarement des problèmes d’argent, qui sont aussi très cultivés – l’on n’enquête pas dans les bas-fonds de Londres ! L’on retrouvera aussi Marlow et sa Bentley, qui est sans doute le personnage que j’ai préféré dans ce roman. Oui, elle, et tous les efforts qu’elle fait pour conduire les enquêteurs à bon port est indispensable à mon plaisir de lectrice.

Classique et reposant – une manière aussi d’en savoir un peu plus sur les thèses qui s’affrontent sur Léonard de Vinci.

 

La mare au diable de George Sand.

Mon avis :

La mare au diable est un livre que j’ai longtemps proposer à mes élèves en lecture cursive. Longtemps, et il y a longtemps, les deux allant ensemble. J’avais arrêté, parce que d’autres oeuvres me semblaient tout aussi intéressantes à leur proposer. Avant de la proposer à mes 4e de cette année, je me suis dit « relisons cette oeuvre ». Ce n’est pas que je ne la vois pas avec le même regard, c’est que les défauts que je lui trouvais, je les vois toujours, et les qualités, je les vois de moins en moins.

Il est deux parties qui m’ont toujours ennuyée, la première, dans laquelle l’autrice présente son projet, et la dernière, qui nous décrit plus sûrement qu’un reportage, une noce traditionnelle berrichonne. La première m’ennuie, parce que l’autrice se justifie de ce qu’elle a écrit, présente les « gentils » paysans aux lecteurs (parisiens ?) qui ne connaissent pas leur innocence ni ce que j’appelle leur absence de sensibilité. Oui, les paysans travaillent trop, de manière répétitive, pour être sensible à la beauté de ce qui les entoure. En gros, c’est la dureté des travaux effectués qui les a rendus ainsi. La dernière partie… j’ai toujours déconseillée à mes élèves de la lire, sauf s’ils voulaient lire une reconstitution historique telle qu’on pourrait les lire dans « Vivre dans le Berry au XIXe siècle ».

Entre les deux, nous avons une intrigue qui ne laisse pas un souvenir impérissable. Germain est veuf, et son beau-père Maurice l’incite à se marier, pour maintes raisons, notamment le fait que sa belle-fille attend un nouvel enfant, et que sa belle-mère devra s’occuper de l’autre enfant du couple (les enfants de son fils), elle ne pourra donc plus veiller sur les enfants de sa fille décédée, même si Petit Pierre, l’aîné, accompagne déjà souvent Germain aux champs. Germain accepte de rencontrer la veuve dont lui parle Maurice. Oui, il n’est plus temps pour les mariages d’amour, et Maurice a une idée très précise du genre de femme qu’il faut pour son gendre. Note : dans la vraie vie, Germain se serait sans doute déjà remarié, un an après son veuvage, comme beaucoup d’hommes le faisaient à l’époque. Il fallait bien quelqu’un pour élever les enfants, et les belles-soeurs ou belles-mères n’étaient pas toujours disponibles – ou alors, il épousait la jeune soeur de sa femme, cela arrivait aussi.

Je ne dirai pas que l’intrigue avec la jeune Marie, qui est placée bergère dans un village non loin, à la ferme des Ormeaux, n’est pas cousu de fils blancs. Il l’est ! Il faudra simplement beaucoup de temps pour que Germain ose avouer son amour à Marie – encore une fois aidé par sa belle-famille. J’ai presque envie de dire que Marie a de la chance d’avoir été placée si tardivement – seize ans au lieu de … beaucoup moins, parfois même huit ans – et de ne pas être encore mariée, voire de ne pas avoir eu d’enfants illégitimes. Pour se faire une idée, il suffit de parcourir les archives départementales, leur lecture est édifiante.

La mare au diable est une histoire d’amour simple, qui me semble surtout prétexte à raconter la vie quotidienne (idéalisée ?) du paysan berrichon, qu’il soit aisé ou non.

Les enquêtes de l’inspecteur Higgins, tome 19 : Le tueur du vendredi 13 de Christian Jacq

Présentation de l’éditeur :

Les malédictions du vendredi 13 ? Une vieille superstition à laquelle personne ne croit plus ! Pourtant, lorsque Scotland Yard reçoit des menaces du tueur du vendredi 13, force est de constater qu’il a déjà commis douze meurtres et qu’il en annonce un treizième pour le prochain vendredi 13 ! Plus personne n’a envie de plaisanter, d’autant que la future victime pourrait être Sa Majesté en personne ! A l’inspecteur Higgins d’identifier ce mystérieux tueur en série et d’interrompre sa croisade criminelle, tout en se méfiant d’un redoutable chat noir.

Mon avis :

Etes-vous superstitieux ? Pour ma part, je m’efforce de ne pas l’être, parce que la superstition, quelle qu’elle soit, enferme, et empêche souvent de vivre. Renoncer aux chats noirs, voire pire, leur faire du mal ? Impensable. De même que de ne rien faire un vendredi 13 – ou un 13 tout court.

Cependant, dans ce titre, un tueur menace de s’en prendre à la reine, ou, à défaut, à un membre de la famille royale le vendredi 13. Les tueurs ont certes leur logique, celle-ci échappe à la logique. Il n’en fallait pas plus pour que Scotland Yard soit sur les dents, et demande, encore et toujours, l’aide de l’ex-inspecteur Higgins.

Il n’est pas facile de naviguer au milieu de personnes qui se disent superstitieuses, et qui, pour certaines, ont beaucoup de choses à cacher à la police. Nous rencontrons aussi des allumés du bocal, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne soient pas dangereux. Nous sommes au XXIe siècle, et il existerait des personnes qui souhaiteraient abattre la monarchie anglaise. Je crois que ces personnes n’ont pas compris l’importance de la monarchie en Angleterre (ne serait-ce que pour les énormes profits suscités par toutes ventes de souvenir et autres visites dans les palais).

Il n’est pas facile non plus de déterminer qui, parmi eux, ont pu commettre déjà douze meurtres. Cela prouve assez la cruauté du ou des coupables – ôter la vie n’est pas un acte anodin. Mais cela prouve aussi que les enquêteurs se doivent d’être déterminés et d’être attentifs à tout – surtout aux détails.

Un polar solide, au pays des superstitions.

 

 

Jardin secret à Palerme par Valérie MANGIN

Présentation de l’éditeur :

Lorsque les filles de Sara arrivent à Palerme, elles ne reconnaissent plus leur mère. Sous le soleil de Sicile, quelque chose a manifestement changé. Petit à petit, Manon et Lisa vont comprendre que ce changement de lieu inopiné est loin d’être une fuite, et en découvrir les vraies raisons. Sara est une femme meurtrie par une existence menée sous le joug du silence. Silence dissimulateur, silence réparateur, silence rédempteur qui doit un jour se briser pour faire place à la lumière : celle de la vérité, celle de la vie, celle de l’amour dans tout son éclat. La révélation de Sara à ses filles, c’est d’abord la révélation d’elle-même, puis la célébration du lien mère-filles jusqu’ici terni par les non-dits et les affres d’un mariage raté.« Jardin Secret à Palerme » est un chant-roman initiatique dont le personnage central est la Sicile, île solaire, île de beauté, de joie, d’amour et de liberté retrouvés.

Merci aux éditions La sirène aux yeux verts et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Livre lu ? Oui. Livre aimé ? Non.

Je pourrai encore et toujours parler de mon insensibilité sur certains sujets, cela ne changerait rien, je n’ai pas été sensible à cette histoire.

Pourquoi ? D’abord, à cause de ce contraste entre le silence qui entoure Sara et ses filles depuis des décennies, et les paroles, nombreuses, qui sont échangées dans ce roman, en attendant le bon moment – il arrive assez vite – pour la révélation du secret, celui que la mère de Sara a tu toute sa vie, celui que sa fille ne veut pas porter seule.

Oui, Sara a toujours été silencieuse, et n’a rien dit à ses filles de ce qu’elle vivait avec son mari – leur père qui a un jour l’a quitté pour pouvoir profiter de la vie. Je ne dis pas que cette situation n’existe pas, je sais bien qu’elle existe, ce que je ne comprends pas, c’est que Lisa et Manon, les deux filles, sont avant tout venues en Sicile non pour comprendre leur mère, mais pour la convaincre de revenir à Paris pour prendre soin de son père et de leur père. Je ne dis pas là non plus que cette situation n’existe pas encore de nos jours. Je me dis simplement que ces deux jeunes femmes ont bien appris les leçons du patriarcat – la femme est une infirmière qui ne doit jamais se plaindre, elle doit être à la disposition des hommes. Ses désirs, ses envies ? J’ai eu l’impression que pour ses filles, ils ne peuvent exister en dehors des hommes. Très classiquement, elles pensent d’ailleurs que c’est à cause d’un homme que leur mère veut rester en Sicile.

Oui, la révélation du secret, d’autres révélations aussi vont rapprocher mère et filles. Oui, il n’est pire chose que ce que l’on ne veut pas voir, pas entendre. Ne rien dire pour protéger est parfois la pire des choses, ne serait-ce que parce que cela peut être interprété comme de l’indifférence alors qu’il ne s’agit que d’une manière de montrer son amour. Il faut du courage pour se colleter à tout ce qui est épineux. Et le silence assourdissant qui a régné pendant des années a fini par étouffer littéralement la lectrice que je suis.