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Le sang des aigles d’Irène Chauvy

252 pages

Présentation de l’éditeur :

Paris, 1866 À son retour de l’île de La Réunion, Hadrien Allonfleur apprend que son meilleur ami, Camille Laurens, s’est enfui après avoir assassiné un agent de la préfecture de police. Il est accusé d’appartenir à une société secrète et de fomenter un attentat contre Napoléon III. Hadrien serait un de ses complices. Traqué par la police, il trouve refuge auprès d’Amboise Martefon, un ex-inspecteur de la Sûreté parisienne.

Mon avis : 

J’ai voulu lire un autre volume des enquêtes d’Hadrien Allonfleur, pour savoir si je les appréciais ou non. Je pense que je serai assez brève : j’ai trouvé ce roman agréable à lire. J’ai trouvé que l’intrigue était intéressante. Je ne dirai pas « bien construite », non parce que cela sonne comme un cliché, mais parce que nous ne sommes pas face à une architecture rigoureuse, mais à un labyrinthe dans lequel se trouve entrainé Hadrien, et dont il peinera à sortir. Il faut dire que sa situation est délicate. Il était parti à la Réunion pour se mettre au vert…. il y a vécu des événements douloureux… et il revient pour se retrouver accusé d’assassinat, et son meilleur ami serait le coupable. Douloureux ? Oui, surtout qu’il ira de surprise en découverte déconcertante. Alors oui, il lui restera des personnes à qui se fier, dont Amboise Martefon, inébranlable. Oui, il rencontrera des personnes pour qui il éprouvera de l’admiration, même s’il ne partage pas leurs convictions. Il se questionnera aussi sur les liens amicaux et amoureux qu’il a tissés. Quel avenir pour lui et les siens ? C’est compliqué à dire. Certains personnages étaient particulièrement attachants- surtout des personnages secondaires, comme Céleste et Julius, ou encore Julie, Philomène, des personnes, finalement, incapables de jouer double jeu.

A découvrir si vous souhaitez lire un roman policier ayant pour cadre le Second empire.

Crime et chat qui ment

Présentation de l’éditeur :

À Versailles, les guerres de succession sont à la mode ! Quand un riche vieillard disparaît mystérieusement dans un incendie, ses héritiers jubilent. Pourtant, impossible de mettre la main sur son trésor ! Le seul à pouvoir les aider est un chat majestueux et hautain qui vivait avec la victime. Hors de question qu’il finisse entre de mauvaises mains ! Marie-Antoinette charge de sa protection sa modiste et son coiffeur – un duo d’enquêteurs amateurs, aux egos surdimensionnés, qui se chamaillent comme de vieux amants. Mais Rose et Léonard se retrouvent confrontés à une galerie de suspects hauts en couleur – sans parler du chat, qui a son petit caractère…

Merci aux éditions de la Martinière et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

Cela va mal à Versailles. Si, si, je vous le dis, il faut faire des économies, et faire faire des économies à la reine demande, de la part de ceux qui l’entourent, beaucoup d’énergie. La reine vient déjà de se faire offrir Trianon, alors… elle pourrait peut-être faire modifier des robes qu’elle a déjà porté, utiliser des tissus moins onéreux ? Autant vous dire que c’est un sale temps pour Rose Bertin et pour Léonard, qui a, de plus, quelques problèmes d’ordre privé. Qu’à cela ne tienne, il leur faut quand même enquêter pour le compte de la reine – on ne quitte pas son service comme cela.

Pourquoi doivent-ils enquêter ? A cause d’un chat ! En effet, la reine craint pour la sécurité de Salomon, chat royal que la princesse de Lamballe a offert à un malheureux domestique qu’elle a renversé, et qui a perdu une jambe à cause de cela. Recevoir un chat royal devrait compenser cette perte, non ? Ou comment prouver, par l’absurde, à quel point l’aristocratie pouvait être coupée des réalités. Or, il se trouve que le maître du domestique et du chat est mort, que ses héritiers se déchirent, et que le chat risque de pâtir hautement de la situation. En effet, chez les Baskerville, seule soeur Brigitte se préoccupe de lui, mais aussi de tous les animaux que Dieu a crée (je l’admets – j’ai mis un temps fou à comprendre pourquoi ce personnage se prénommait Brigitte. Fatigue, quand tu nous tiens).

Rose et Léonard, pour leur enquête, se retrouvent flanqués d’un fabuliste, Florian, qui débarque, le pauvre. Il n’a pas vécu les précédentes enquêtes, il ne sait pas ce qui l’attend !!!! Rose et Léonard, eux, ne le savent que trop et peuvent afficher un air blasé face à l’inexpérience naïve du fabuliste. Je n’irai pas jusqu’à dire que nos deux héros, qui passent toujours autant de temps à se détester, sont blasés, mais presque : ils n’ont plus d’illusions sur les aristocrates, sur la cour, sur les motivations des humains. Cyniques ? Oui, mais ils sont pas les seuls.

Si l’on y réfléchit bien, cette intrigue est très sombre, le ou les coupable(s) ne reculant devant rien pour obtenir ce qu’il veut – pour lui, bien sûr, nul altruisme dans le crime. Heureusement, Rose, Léonard, leur inventivité (il faut bien conserver la confiance de la reine) et leur humour sont là, pour un tome que j’ai beaucoup apprécié.

Une scandaleuse supercherie de Lynn Messina

 

Présentation de l’éditeur :
Beatrice Hyde-Clare, détective malgré elle au temps de la Régence anglaise, se retrouve à enquêter sur un nouveau meurtre… au côté du duc de Kesgrave ! Miss Beatrice Hyde-Clare est bien décidée à ne plus jamais se mêler de ce qui ne la regarde pas. Donc, quand un dandy s’écroule raide mort à ses pieds, elle ne ressent aucune envie d’enquêter. Vraiment aucune. Sauf que l’arme du crime lui est étrangement familière… Voilà Bea en route pour le British Museum pour confirmer ses soupçons ! Et, surprise : le duc de Kesgrave apparaît comme par magie à ses côtés.

Mon avis :

La vie de Beatrice a un peu changé depuis le début du tome 1. Il faut dire que résoudre un crime est tout sauf anodin. Il faut dire aussi que Beatrice s’est inventé une belle histoire d’amour contrariée et impossible pour… eh bien pour avoir un peu la paix, et c’est tout le contraire qui se produit. Son oncle et sa tante se rendent compte qu’ils ne la connaissent pas aussi bien qu’ils le pensaient. Beatrice se rend compte aussi qu’ils peuvent être incroyablement maladroits et ne pas savoir comment se comporter face au deuil et à la douleur de quelqu’un – Beatrice est adulte, quasiment vieille fille, et sa lucidité envers ses parents n’empêche pas l’indulgence et, il faut bien le dire, un peu de tendresse.

Seulement… elle n’a pas l’intention de maintenir la mascarade plus longtemps, elle va donc se débarrasser de cet amoureux imaginaire et encombrant. Ce n’est pas facile, surtout quand on ne peut pas sortir de chez soi seule : il est bon de rappeler que cela ne se faisait pas à cette époque. Même sortir accompagnée d’une seule et unique bonne pouvait être mal vu ! Le danger est partout ! Phrase intemporelle s’il en est, surtout que Beatrice, au cours de cette très brève sortie, va voir un homme s’effondrer à ses pieds, mort, poignardé, le tout dans les locaux du journal où elle venait de passer l’annonce du décès de son cher et tendre.

Beatrice a presque envie d’enquêter, ou, du moins, de lever les doutes sur un fait : elle pense avoir déjà vu le poignard de la victime au British museum (et pourtant, sa tante pourra en témoigner, les musées ne sont pas la tasse de thé de Beatrice). Comme si sa vie n’était pas déjà assez compliquée, voilà qu’elle tombe sur le duc de Kesgrave au musée ! Pire : il va l’entraîner, à l’insu de son plein gré sur la piste du meurtrier d’un homme qui avait tellement d’ennemi que les suspects ne manquent pas ! Dire que cela va aussi changer la vie de Beatrice est une évidence – jusqu’au dénouement. Beatrice prend confiance en elle, parvient à parler avec d’autres personnes, à faire preuve d’esprit aussi. Faire son entrée dans le monde ? Déjà fait depuis sept ans, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Surtout en compagnie du duc de Kesgrave.

Le tome 3 sort dans quinze jours, je serai au rendez-vous.

 

Le parchemin disparu de maître Richard par Laetitia Bourgeois

Présentation de l’éditeur :

Au cœur du carême, le notaire de Saint-Clément est découvert chez lui, baignant dans son sang, son coffre à parchemins pillé.
Chargé de l’enquête, le sergent de justice Barthélemy se trouve particulièrement démuni devant ce crime commis pour du papier. Sans savoir lire, il doit pourtant faire parler les écrits du notaire assassiné.
Tandis que les villageois lui opposent une hostilité sourde et un silence opaque, son épouse, la guérisseuse Ysabellis, affronte elle aussi une situation périlleuse, où sa science de la médecine sera mise à l’épreuve…
Disparitions inexpliquées et rivalités seigneuriales entachent le Gévaudan de l’an 1363, teinté d’une violence diffuse dont nul ne sort indemne.

Mon avis :

Cela fait très exactement deux ans que je n’ai pas lus de romans de cette autrice. La saga Barthélemy et Ysabellis comportent six tomes, j’en ai quatre en tout, et la saga n’est plus éditée de nos jours. Bref, il est peu de chance que je parvienne à lire un jour le tout dernier tome de cette série.

Nous sommes en pleine période de Carème, et en 1363, cela n’est pas anodin. Pâques approche, la promesse d’un festin à venir après ne pas avoir mangé à sa faim pendant quarante jours. Enfin, s’il est possible de manger à sa faim. Les temps sont souvent durs, et le lecteur découvrira au fil du récit qu’il peut l’être encore plus quand les seigneurs se querellent pour un oui pour un non, faisant peser le poids de leur querelle sur les paysans, dont ils n’ont pas grand chose à faire.

Les paysans et les paysannes, sur lesquelles un poids plus lourd encore pèse. Etre une jeune fille, une femme, c’est avant tout savoir garder des secrets, mais aussi, parfois, transmettre ses secrets à d’autres femmes qui en feront bon usage.

Barthélemy a été nommé sergent de justice par le seigneur de Randon. A ce titre, il a moins de souci que les autres, sa vie dépend moins des récoltes qu’il fait, ou ne parvient pas à faire. Mais il est confronté à des actes effrayants : maître Richard, le notaire de Saint-Clément, a été massacré, aucun autre terme n’est possible. Les villageois ? Ils ne savent rien, ils n’ont rien vu, ou plutôt, ils ne veulent rien à dire à cet étranger, d’autant plus que les villageois ne portaient pas maître Richard dans leur coeur. Très vite, il apparaît que l’on veut empêcher Barthélémy d’enquêter : qui a déjà tué ne craint pas de tuer à nouveau.

Oui, le récit est sombre, d’autant plus que Barthélémy ne peut pas toujours compter sur le soutien du seigneur de Randon, ou du moins, il ne lui fait pas suffisamment confiance – parce qu’il est un seigneur, et que Barthélémy n’en est pas un. Plus que l’intrigue, j’ai aimé cette immersion dans le monde médiéval, loin des clichés.

Une série de romans qui mériteraient d’être mieux connues.

Les larmes de Marie-Antoinette de Juliette Benzoni

Présentation de l’éditeur :

Dans les jardins du château de Versailles, le vernissage de l’exposition  » Magie d’une reine « , consacrée à Marie-Antoinette, rassemble aristocrates et collectionneurs. Parmi les invités, Aldo Morosini, prince vénitien et antiquaire, attire tous les regards. Mais la somptueuse réception est bouleversée par un crime étrange : un homme s’effondre, un loup de carnaval en velours noir planté dans le dos à l’aide d’un poignard… La disparition de l’un des bijoux exposés, une larme de diamant, explique-t-elle ce meurtre ? Pourquoi l’assassin signe-t-il ses forfaits  » le Vengeur de la Reine  » ? Pressentant que le destin tragique de Marie-Antoinette hante toujours les murs de Versailles, Morosini décide de mener l’enquête. Mais, alors que le mystère s’épaissit, les victimes continuent de tomber, comme sacrifiées au souvenir d’une reine qui déchaîna les passions..

Mon avis :

Je me suis laissée tenter en empruntant ce livre à la bibliothèque, parce que je n’avais pas lu de romans de Juliette Benzoni depuis très longtemps (plusieurs décennies ?) et parce qu’il était question de Marie-Antoinette. Autant vous le dire tout de suite, j’ai préféré lire Au service secret de Marie-Antoinette, tome 3 : La Mariée était en Rose Bertin de Frédéric Lenormand.

Ce qui m’a gêné, au tout début du roman, c’est que l’on e sait pas exactement quand se passe l’action – sas doute ceux qui ont lu les sept tomes précédents des aventures d’Aldo Morosini le savaient, mais pas moi, d’ailleurs, c’est par le plus grand des hasards que j’ai découvert que c’était le tome 8. Aldo Morosini est un personnage comme on n’en fait plus, du moins, je l’espère. Il est misogyne, regrette que sa femme, qui vient d’accoucher de leur troisième enfant, préfère allaiter plutôt que de le suivre dans ses aventures, il l’a déjà trompé deux fois et continuera sans doute. C’est un séducteur ! Traduction : un mufle.

Il est entouré d’une nuée d’amis, hommes ou femmes, qui le secondent dans ses enquêtes. Ils sont majoritairement sympathiques, et surtout très bavards. Le roman lui-même est très bavard, je ne compte plus les longues pages remplies de description, les dialogues, qui ne font pas progresser l’action, les quiproquos non plus.

Oui, l’on parle de Marie-Antoinette, de ses bijoux, entre thuriféraires absolus de la reine et détracteurs tout aussi absolus. Pas de juste milieu avec Marie-Antoinette : comme de son vivant, soit on l’aime, soit on la déteste, lui mettant tous les tourments du royaume de France sur le dos. L’on croisera aussi une ombre maléfique qui plane sur le destin d’une vivante, et un vivant qui ferait mieux de vivre avec son temps.

Bref, ce n’est pas ma meilleure lecture du mois.

 

Le nain noir de Walter Scott

Présentation de l’éditeur :
Au coeur des Highlands vit Elshie de Mucklestane, celui que l’on nomme aussi le nain noir.
Farouchement misanthrope, il effraie plus qu’il n’attire; ses traits et son caractère en font le sujet de toutes les rumeurs chez les paysans alentour. Vivant en ermite, il est affublé de curieux pouvoirs sur ces terres de légendes, de magie, mais aussi de superstitions… Brigands et malfaisants rôdent parfois en ces contrées sous des habits de noblesse, et le nain devra enfin sortir de son isolement pour affronter de sombres passions humaines.
Mon avis :
Je voulais lire Quentin Durward cette année, et finalement, j’ai lu Le nain noir. C’est une oeuvre plus courte, ce qui ne veut pas forcément dire que c’est une oeuvre facile.
Nous sommes au beau milieu d’une époque particulièrement superstitieuse, et Elsie s’est mis à l’écart de la société, préférant la compagnie de ses abeilles et de ses chèvres. Oui, parfois, l’on a recours à lui, parce qu’il est réputé guérisseur, parce que l’on dit qu’il commerce avec celui-que-l’on-ne-nomme-pas, même si ce n’est pas encore Voldemor à l’époque. Il est des personnes qui viennent le voir aussi pour se moquer de lui – croyant sans doute qu’il ne s’en apercevrait pas !
L’on vit pourtant des temps troublés en Ecosse, et un complot se fomente, complot qui implique des alliances, des trahisons, un mariage forcé, qu’il faudra beaucoup de courage pour empêcher. Il faut aussi beaucoup de courage pour ne pas céder à la tentation de la vengeance, et pourtant…. certains n’attendent que cela. Ainsi le père de Patrick Earnscliff a été assassiné, mais celui-ci ne souhaite pas se venger – parce que c’est un cycle sans fin. Pourtant, son ami, le bouillant fermier Hobbie Elliot, le presse de le faire. L’un comme l’autre devront pourtant affronter le pire dans ce roman, et devront faire face. Bien sûr, « le pire » a une définition différente pour certains, mais perdre sa ferme, ses bêtes, voir sa grand-mère, ses trois soeurs et ses deux frères à la rue est tout de même un bon exemple de ce qui peut se faire de pire. Heureusement, le nain noir, tout misanthrope qu’il soit veille, tout comme il veillera sur Patrick Earnscliff et la jeune fille dont il est amoureux.
Le nain noir, un roman historique sur fond de période particulièrement troublée.

Le coiffeur frise toujours deux fois de Frédéric Lenormand

Présentation de l’éditeur :

À la Cour, le ministre des Finances Necker est au bord du burn-out depuis que son ami Champsecret, un riche banquier protestant, a été assassiné. Quelle aubaine pour Marie-Antoinette ! Enceinte et sous le charme de sa nouvelle amie, Gabrielle de Polignac, elle se désole de ne pouvoir dépenser à sa guise. Ni une ni deux, elle scelle un pacte avec le grand argentier de la couronne : en échange de son aide pour arrêter le meurtrier, il fermera les yeux sur ses dépenses faramineuses. Rose et Léonard commencent à enquêter, mais l’affaire n’est pas simple : un vol qui aurait mal tourné ? Un héritage convoité ? Les rumeurs vont bon train. Seuls indices : un oiseau noir à bec jaune mal poli et des sous-vêtements féminins… Entre chantage, luttes d’influences et crêpages de chignons, les intrépides détectives amateurs de Sa Majesté ne sont pas au bout de leurs peines.

Mon avis :

Si je devais mettre une étiquette à ce roman qui parle d’une reine qui a beaucoup souffert à cause de l’Etiquette, je dirai « roman historique policier humoristique ». Les enquêteurs ? Ce sont Rose et Léonard. Rose est la modiste de la reine, celle qui crée les tendances,  celle qui doit aussi, à la ville, veiller à être toujours payée pour les vêtements qui ont été confectionnés dans son atelier. Vaste tâche. Léonard est le coiffeur de la reine. Il a deux frères, qui travaillent avec lui. Il est également marié, il n’hésite pas à le répéter, et à répéter qu’il ne veut surtout pas voir/être vu avec sa femme – que personne ne connait, en fait. Ce sont eux qui enquêtent, pour le compte de la reine, et ils mettent autant d’entrain à se chamailler/déchirer/disputer qu’à tenter de résoudre l’enquête qui leur est confiée.

L’heure est en effet grave : un banquier a été assassiné. Un protestant. Or Necker, qui tient les cordons de la bourse du royaume, est protestant, et tient à ce que toute la lumière soit faite sur ce décès. Sinon ? Sinon, il ne desserrera pas les cordons de la bourse, et la reine Marie-Antoinette devra renoncer à ces futurs achats, notamment à ses projets à Trianon. C’est pour cette raison que Rose et Léonard devront enquêter. La reine ne peut pas tout faire ! Elle attend son premier enfant, et le roi ne peut rien lui refuser, tout comme elle ne peut rien refuser à Gabrielle de Polignac, sa nouvelle meilleure amie, qui a supplanté dans le coeur de la reine la douce mais terne princesse de Lamballe.

Je n’anticiperai pas, non sur l’histoire mais sur le fait que les jeunes années de la reine sont trop souvent oubliées, traitées rapidement dans beaucoup de ses biographie. Oui, ce n’en est pas une ici, cependant, j’ai trouvé le roman très bien documenté, sans que jamais cela ne soit lourd, ou ne gène la progression du récit. La reine vit sa vie, s’entoure de jeunes gens, de jeunes femmes, et se rend à peine compte, tant elle est occupée à s’amuser et à garder sa meilleure amie près d’elle qu’elle se crée des inimitiés durables à la cour. Elle est heureuse, cela lui suffit.

Et Rose et Léonard ? Ils enquêtent, vous dis-je, ils n’ont pas le choix ! Ils découvrent ainsi que la vie de cet austère banquier était bien plus mouvementée qu’il n’y paraissait. Les apparences sont trompeuses ! Il leur faut vraiment être très attentifs à tout ce qui les entoure, à tout ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent, même si ce n’est pas toujours agréables. Les banquiers sont, de plus, très procéduriers, très attachés à remplir des papiers en tout genre, voire à tenter de les faire disparaître, si nécessaires. Rose et Léonard n’en auront que plus de mérites à démêler le vrai du faux.

Le coiffeur frise toujours deux fois ? Une enquête historique très plaisante à lire.

La valse de Méphisto de Frank Tallis

Présentation de l’éditeur :

À Vienne, en 1904, six ans après l’assassinat d’Élisabeth d’Autriche, on retrouve dans une fabrique de piano désaffectée le corps d’un homme tué par balle et défiguré à l’acide. Face à lui : trois autres sièges sont alignés comme pour mettre en scène un procès dont l’issue aurait été fatale. Quels étaient les occupants des fauteuils et pourquoi ont-ils prononcé ce jugement sans appel ? L’enquête de l’inspecteur Oskar Rheinhardt et de son fidèle ami le docteur Max Liebermann – psychiatre et disciple de Sigmund Freud – les conduira au sein du monde occulte des militants politiques extrémistes. Un milieu aux mœurs subversives, peuplé de bohèmes, d’utopistes et d’anarchistes. Parmi eux, le légendaire Méphistophélès semble prêt à tout pour accomplir l’idéal révolutionnaire.
Le duo mélomane sera-t-il assez rapide pour prévenir le pire ?

Mon avis :

La valse de Méphisto, roman paru en 2018 est le dernier roman, paru en date mettant en scène le duo Rheinhardt et Liebermann. La situation dans l’empire Austro-hongrois ne s’est pas amélioré, la révolte gronde, des attentats sont commis. L’antisémitisme est toujours bien présent. L’empereur trouve du réconfort, comme il le fait depuis des années, auprès de madame Schratt, actrice avec laquelle il prend le petit déjeuner tous les matins, actrice qui a la lourde tâche de le divertir.
Des meurtres sont commis aussi. Un homme est retrouvé assassiné et défiguré. La première tâche est de retrouver son identité, ce qui ne s’avère pas si aisé que cela. Cette recherche amène Rheinhardt à côtoyer ceux que l’on ne voit pas, ceux à qui l’on ne fait pas attention, à se rappeler aussi la chance que lui et sa famille ont de vivre protégés. Mais protégés jusqu’à quand ? L’enquête amène Rheinhardt à penser qu’un nouvel attentat pourrait être commis et le lance sur la piste de ce que l’on qualifierait aujourd’hui de « cellule terroriste ».
Le temps presse, parce que les adversaires sont habiles, déterminés. Contrairement à l’inspecteur, ils ne s’interrogent pas sur ce qu’il en coûte en vie humaine, tant que leur but est atteint. Et le temps presse, ce qui fait qu’Oskar n’a pas le temps d’approfondir les interrogatoires, de les questionner sur leur motivation, de les mettre face à leurs contradictions : il faut connaître où et quand aura lieu le prochain attentat. La mort de l’impératrice Elisabeth est encore dans toutes les mémoires. Oskar paiera de sa personne dans cette enquête, un de ses hommes également. Etre policier, c’est s’exposer à la violence pour que d’autres n’aient pas à la subir, et c’est en pensant aux siens, à ceux qui ne peuvent se défendre, à ceux qui ne pensent pas, d’ailleurs, que la menace plane sur eux, qu’il avance et qu’il agit.
Et Liebermann ? J’ai eu l’impression qu’il était un peu en retrait dans cette enquête, dans laquelle on n’a pas vraiment le temps de la réflexion, justement. Il est plus occupé et préoccupé par sa vie personnelle, qu’il s’agisse de sa relation avec Miss Amélia Lydgate ou de sa famille. Méphisto, leur mystérieux adversaire, dont le lecteur saura presque tout, occupe véritablement le devant de la scène, et ses coulisses.
Aurons-nous une suite ? Le volume précédent disait être le dernier, je pense cependant que ces deux enquêteurs, le contexte historique, offre encore de nombreuses possibilités créatives.

Joseph et Matthew Reavley, tome 4 : Les tranchées de la haine d’Anne Perry

éditions 10/18 – 414 pages

Présentation de l’éditeur (extraits) :

En cette fin de juillet 1917, le moral des troupes britanniques est au plus bas.rnL’aumônier Joseph Reavley tente difficilement de contenir le souffle de mutinerie qui se propage dans les tranchées d’Ypres, en France. Quand le major Northrup, commandant incompétent de sa section, est retrouvé assassiné, douze soldats sont arrêtés et c’est à Joseph qu’il incombe de découvrir la vérité sur leur prétendue culpabilité.

Mon avis :

J’ai toujours autant de mal avec cette série et je ne compte pas le nombre de pause que j’ai faites dans la lecture de ce quatrième tome, au quatrième de couverture trop bavard. Nous sommes en 1917, et les soldats n’en peuvent plus. Il suffirait d’un rien pour que tout explose, et ce pourrait être la nomination du major Northrup. Incompétent ? Oui. Il ne veut pas être épaulé par des hommes plus aguerris que lui, et envoie à la mort des hommes pour des motifs futiles. Sa mort ne dérange personne, et elle n’aurait dérangé personne si l’on n’avait découvert que c’était un meurtre – et si le général Northurp ne veut faire toute la lumière sur la mort de son fils unique.

Le temps de la guerre est toujours là, il se double du temps de l’enquête qui oppose Joseph à d’autres hommes, à sa soeur Judith aussi – pour un faible temps seulement. Les Reavley restent unis, parce qu’ils partagent, dans le fond, le même but et les mêmes convictions. Nous revoyons dans ce quatrième volume des personnages que l’on avait perdu de vue, nous retrouvons aussi des personnages « fil rouge » des précédentes enquêtes. Nous découvrons d’autres rouages de la guerre, et bien sûr, nous retrouvons toujours le Pacificateur. Et Matthew ? Il croyait enfin en avoir fini avec cette affaire, et il se rend compte qu’il n’en est rien, et qu’il est lui-même en danger. Il suffit de peu de choses pour ruiner une carrière, dans une société anglaise hautement pudibonde. Il suffit de peu de choses pour perdre la vie.

Plus qu’un tome… pour savoir non si le Pacificateur sera démasqué, mais comment il sera démasqué.

Joseph et Matthew Reavley, tome 2 : Le temps des armes d’Anne Perry

édition 10/18 – 384 pages

Présentation de l’éditeur :

En 1915, la guerre s’embourbe dans les tranchées, plongeant des millions d’hommes dans un cauchemar quotidien. Depuis que leurs parents ont été assassinés, victimes d’un odieux complot politique, les membres de la famille Reavley ont chacun un rôle à jouer au coeur du conflit. Tandis qu’en Angleterre, Matthew, espion des services secrets, suit la piste semée de secrets d’Etat du commanditaire de la mort de ses parents, surnommé le Pacificateur, Joseph, son frère, aumônier dans les tranchées des Flandres et sa soeur, la rebelle Judith, volontaire sur le front, enquêtent sur l’assassinat d’un correspondant de guerre qui semblait lui aussi avoir beaucoup de choses à cacher… Après ‘Avant la tourmente’, la reine du polar livre le second volet des aventures de la famille Reavley pendant la Grande Guerre. De la tranquillité bucolique des campagnes anglaises à l’horreur des tranchées, Anne Perry compose avec brio une grande épopée historique et humaine.

Mon avis :

J’ai lu le premier tome en juin 2012 : il s’en est passé des choses depuis (pensées pour mon changement de plateforme en septembre 2012 et pour octobre 2012). Je remets ma critique de l’époque du tome 1  » Je l’invite, tu m’invites, je te rends ta tasse de thé, tu me rends ta tasse de thé, et nous finissons noyés dans le thé. Argh ! C’est plus fort que moi, je craque ! Trois mois après sa lecture, il ne reste que ce sentiment diffus : l’abus de tasse de thé nuit gravement à la santé livresque. Oui, la famille Reavley est sympathique, elle n’a cependant pas le charisme de Thomas Pitt ou d’Hester Latterly (je n’aime pas Monk, j’adore Hester). Je lirai leurs aventures, en dilettante. C’est tout de même fou pour moi de ne pas réellement m’intéresser à un roman qui se passe pendant la première guerre mondiale, alors que cette période historique a une importance capitale pour moi. La cause en est à chercher dans le fait que les personnages ne croient pas qu’une guerre de cette ampleur puisse survenir – les anglais, sur leur île, sont à l’abri, et bien à l’écart de ce qui pourrait survenir sur le continent (à mon avis, vous devez ressentir une pointe d’exaspération dans mon propos). La famille Reavley est sympathique, et c’est tout. Leurs rôles sont pour l’instant trop bien définis, le professeur, l’agent de renseignement, la digne mère au foyer, la jeune fille qui se cherche, pour que je me passionne davantage. En dépit de la mort tragique de leurs parents et de la mort de Sebastian, étudiant préféré de Joseph, le ciel m’a paru toujours bleu au-dessus de leur tête. Et leur théière toujours pleine. Mais non, je ne suis pas profondément injuste avec ce livre,seulement, si je l’avais réellement apprécié, croyez-vous que j’aurai attendu autant de temps pour le chroniquer ? Non. Si je l’avais franchement détesté, non plus. A bientôt pour un nouveau roman de la série Thomas Pitt. »

Je peux dire que j’ai tenu parole pour le dilettantisme, moi qui ai mis huit ans entre les deux lectures (et qui ai mis le tome 3 sur ma table de chevet, pour être sûre de le lire prochainement). Beaucoup de choses ont changé depuis le tome 1. Déjà, l’Angleterre est rentrée en guerre et c’est en Flandre que nous retrouvons Joseph : il n’est plus professeur, il est aumônier, et n’hésite pas à aller dans les tranchées pour aller chercher les blessés, les morts. Il doute. Il doute de sa capacité à consoler, à répondre aux interrogations des soldats, à trouver les mots justes quand il doit annoncer qu’un mari, qu’un frère, qu’un fils est mort. Ne pas révéler les circonstances, parce qu’elles sont atroces, toujours. Ce qui est important, c’est la fraternité qui est né dans les tranchées. Les soldats savent qu’ils peuvent compter en dépit des rats, des obus, des tirs de fusils, des éboulements, des gaz, les uns sur les autres. Des regrets aussi, parce que certains se rendent compte que les petites querelles qui ont pu les séparer étant enfants n’ont plus de sens alors que la mort est si près. Oui, cette première année dans les tranchées est difficile pour Joseph, qui devra, en plus, accepter une mission pour aider son frère qui l’emmènera loin de la Flandre, mais non loin de la guerre : elle est déjà mondiale.

Matthew est toujours agent de renseignement et à ce titre, il n’est pas au front. Il n’est pourtant pas inactif : il cherche toujours qui peut être le Pacificateur. Pour lui comme pour les autres membres de sa famille, le chagrin est toujours vif, doublé de la nécessité de mettre hors d’état de nuire le commanditaire du double meurtre de leurs parents. Oui, le Pacificateur veut la paix, mais à quel prix ? Oui, la première guerre mondiale a été une boucherie, oui, elle a causé d’énormes dégâts, désastre, catastrophe, en France, en Belgique, en Angleterre et en Allemagne aussi – Joseph, les soldats qui sont avec lui n’oublient pas que les Allemands qu’ils tuent, les Allemands qu’ils blessent, qu’ils font prisonniers, sont des hommes, comme eux.

L’enquête des frères Reavley progresse-t-elle ? Oui, et non. Le Pacificateur semble avoir quelques longueurs d’avance de par sa position sur eux, et sans connaître son identité, nous sommes parfois avec lui, nous voyons ce qu’il projette, et nous savons que certains de ses plans peuvent parfaitement réussir. L’interrogation qui se pose pour nous est de savoir jusqu’à quand il agira.