Archive | juillet 2013

La petite garce dans la prairie de Alison Arngrim

couv16631539.gifPrésentation de l’éditeur :

Pendant sept ans, Alison Arngrim a joué une môme méchante, intrigante, égoïste, menteuse et manipulatrice dans une des séries de télévision les plus aimées au monde. Alors que les millions de téléspectateurs de La Petite Maison dans la prairie détestaient Nellie Oleson et ses pitreries diaboliques, Alison en vint à aimer son personnage la liberté et l assurance que Nellie lui inspirait.

Mon avis :

Si vous ne connaissez pas la petite maison dans la prairie, c’est que vous avez vécu sans télévision depuis plus de trente ans, et dans ce cas, je vous tire mon chapeau. Sinon, qui n’a pas vu au moins un épisode des aventures de la famille Ingalls, Charles, le père, Caroline, la mère, et les trois filles Mary, Laura et Carrie (bientôt rejointes par Albert, adopté et par Grace) ? A côté de cette famille parfaite, se tenait les Olson et leur fille Nellie, ennemie jurée de Laura. Elle es devenue la plus célèbre méchante des séries télévisées (le plus célèbre méchant restant à mon avis JR Ewing). Son interprète, comme Mélissa Sue Anderson (Mary) et comme Mélissa Gilbert (Laura) a écrit son autobiographie. A ma connaissance, elle est la seule traduite à ce jour en français.

Pourquoi ? D’abord, parce que Nellie Olson a des fans français, nombreux. Ensuite, parce qu’Alisson Arngrim parle sans jamais être larmoyante de sa vie d’enfant-acteur, de sa vie tout court entre des parents bien trop occupés, bien trop égocentrés pour voir ce qui se passait juste sous leur toit (pour ne pas dire juste sous leur nez). Elle nous plonge au coeur du tournage de cette série devenue culte, mais sur laquelle personne, à part Mickaël London, n’aurait parié une cacahuète au moment de son lancement. Elle évoque aussi son amitié avec Mélissa Gilbert ou avec Steve Tracy, son mari dans la série.

Alisson Arngrim a un franc-parler qui fait plaisir à lire, mais jamais elle ne se montre méchante  ou rancunière ou prompte à dévoiler les secrets d’autrui – elle a déjà assez à faire avec les secrets de sa famille dysfonctionnelle. En la lisant, je me suis dit qu’elle avait dû parcourir un sacré chemin pour parvenir à dire tout ce qu’elle dit dans son livre, sans jamais être larmoyante. Même dans les pires moments, la pudeur domine – elle ne cache pas que ses années de thérapie l’ont aidées.

Elle aborde aussi, dans la dernière partie de l’ouvrage, de son engagement dans la lutte contre le SIDA ou de son activisme pour les victimes d’inceste. Elle raconte aussi sa crainte d’être perçue comme une célébrité de plus qui parle des abus dont elle a été victime, si ce n’est qu’elle en parle pour agir sur l’opinion publique (et les sénateurs californiens).

La petite garce dans la prairie est une autobiographie qui sort de l’ordinaire.

petit bac

Crossfire de Miyuki Miyabe

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Présentation de l’éditeur :

La jeune et jolie Aoki Junko possède un don extraordinaire, celui de déclencher le feu à volonté. Elle commence à utiliser son pouvoir pour rendre la justice et punir les criminels violents. Ses exécutions attirent l’attention des Anges gardiens, une organisation de vigilance secrète qui voudrait l’enrôler. Et le service des incendies criminels de la police de Tôkyô se met à sa recherche. Au fil de son enquête, l’inspecteur Ishizu Chikako, une femme patiente et déterminée voit sa vision du monde bouleversée.
Tandis que Junko, poursuivant ses raids fiévreux et brutaux sur Tôkyô, se pose de plus en plus de questions sur le bien-fondé de sa croisade contre le mal…

écrivains

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce roman de Miyuki Miyabe, et sa longueur (près de six cents pages) ne doit surtout pas effrayer, il se lit très facilement.

Il pourra déconcerter les fans de romans policiers purs, car il mélange les genres : le policier se teinte très nettement de fantastique, puisque l’héroïne a le pouvoir d’enflammer ses adversaires.  Ce pouvoir, elle ne l’a pas toujours maîtrisé, et les conséquences furent lourdes, pas tant pour elle que pour ceux qui l’entouraient à ce moment-là. Le maîtrise-t-elle réellement, d’ailleurs ?  Elle a dû trouver par elle-même des moyens de le canaliser, mais ses émotions prennent souvent le dessus.

Il faut dire que la vision qui nous est donné de la société japonaise contemporaine est assez pessimiste, et j’ai pensé aux romans de Ryu Murakami. Les jeunes, désœuvrés, trouvent dans la violence la plus extrême le moyen de passer le temps, tout simplement. La police, la justice, ne semblent pas avoir les moyens de les empêcher de nuire. Même, ils dégagent une certaine fascination, un peu comme des rocks stars et attirent quantités d’admiratrices – qui auraient pu être leurs victimes, pour peu qu’elles soient au mauvais endroit au mauvais moment. Le sens du bien et du mal ? Disparu ! Quant aux parents, ils ferment les yeux ou s’accommodent de ce que font leurs enfants. Vous avez dit démission ?

L’enquêtrice Chikako est une policière sans aucune illusion, ni sur son métier, ni sur les raisons qui l’ont amené à ce poste. Elle a cependant une grande ouverture d’esprit, et il lui en faudra, vu tout ce à quoi elle sera confrontée. Et l’auteur nous confronte aussi au devenir des familles de victimes. Comment survivre, quand l’horreur vous a touchés ? Oublier, vivre avec, chercher la vengeance, passer à côté de sa propre vie ? L’empreinte laissée par les disparues est forte, quelle que soit la solution choisie. Et la vengeance n’est pas une solution. Il ne s’agit pas de donner des leçons de morale, il s’agit de montrer ce que le désir de vengeance peut faire d’un être humain qui se voulait juste. Effrayant.

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Wolverine vs Pacific Rim

Non, ce n’est pas le titre d’une nouvelle superproduction hollywoodienne (quoique…) mais le titre des deux films d’action que j’ai vus récemment. Et oui : j’aime les films explosifs, car je les trouve très reposants et divertissants. Rien de pire pour moi dans cette catégorie cinématographique que de susciter l’ennui ou le rire involontaire (voir le choc des titans 1 et 2).

A ma droite, Wolverine :

J’ai hâte de voir le volet suivant des aventures des X-Men – de préférence la suite de « first class » avec James McAvoy et Michael Fassbender. En effet, celui-ci était tellement… ennuyeux, que j’ai failli m’endormir à plusieurs reprises. Pas vraiment de surprises dans l’intrigue (enfin, « intrigue », il faut le dire très vite), pas beaucoup d’humour (si j’excepte un accident de piscine au deux tiers du film), pas vraiment de nouveauté. Si je faisais un accès de méchanceté, je dirai que les scénaristes étaient partis en vacances, le réalisateur aussi. Quant aux acteurs, ils effectuent des cascades intéressantes, et les actrices portent de jolies costumes. En bref, le meilleur du film est dans la bande-annonce – ou dans le bonus après le générique.

A ma gauche, Pacific Rim

Rien de bien nouveau non plus dans l’intrigue : il s’agit d’empêcher une invasion extraterrestre. Certaines situations ressemblent à s’y méprendre à ce que j’ai déjà vu dans The Avengers ou Ironman : pour l’inventivité de l’intrigue, on repassera.

Pourtant, j’ai préféré ce film d’action à Wolverine pour trois raisons :

– les effets spéciaux, les scènes de bagarres, particulièrement réussies. Les amateurs de ce genre de film veulent en prendre plein les yeux, ce fut vraiment le cas ici.

– l’humour. Les deux scientifiques complètement toqués et absolument allumés valent à eux seuls le détour. Et je ne vous parle même pas d’un charmant bouledogue.

– les acteurs, avec à leur tête Idris Elba. Il réinvente le sens du mot « charismatique ». Je n’ai garde d’oublier Ron Perlman, un fidèle de Guillermo del Toro (voir les deux Hellboy).

 

Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne.

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Mon résumé :

1866. Un monstre marin hanterait les mers du globe. Se déplaçant à une vitesse phénoménale, il a causé le naufrage d’un bateau réputé insubmersible. Une expédition est lancée pour neutraliser cet animal marin d’un genre nouveau. Parmi les membres de l’expédition, se trouve le narrateur, Pierre Aronnax, du Muséum d’histoire naturelle de Paris.

littérature cinéma

Mon avis :

J’ai relu ce livre à l’occasion d’une lecture commune organisée par Darkangel046 sur le forum Livraddict.

Je dois dire que cette relecture a été laborieuse – et pourtant, j’ai beaucoup aimé Jules Verne pendant mon adolescence, et j’aime toujours autant Les Indes noires.

La cause principale en sont les très longues explications, qu’elles concernent le fonctionnement du Nautilus ou les fonds marins. Il faut dire que nous sommes gâtés avec le narrateur, Pierre Aronnax, scientifique curieux de tout savoir, de tout comprendre. Il possède déjà de solides bases, contrairement au lecteur moyen dont je fais partie. Il est passionné par les sujets abordés – pas moi. Quant à ses compagnons de voyage, ils sont tout aussi hors-norme. Ned Land, canadien, est un harponneur très doué – il ne sera jamais mon meilleur ami littéraire. Conseil, lui, est l’archétype du domestique dévoué, cousin flamand de Jean Passepartout (ils ont le même âge, et la même différence d’âge avec leur maître respectif). Il est un peu moins acrobatique que le français, mais n’hésite pas à tout faire pour sauver la vie de son maître, à plusieurs reprises. Passionné par le classement, il n’a de cesse de classer toutes les espèces qu’il peut apercevoir dans les fonds marins – et ses vingt mille lieues sous les mers seront l’occasion d’en croiser beaucoup.

Ses très longues explications ne doivent pas me faire oublier que cette oeuvre est un roman d’aventure, et que le personnage principal est Némo, même si nous en savons peu sur lui (nous en saurons un peu plus dans l’ïle mystérieuse). Il peut se montrer aussi généreux que cruel, âpre à aider ceux qui rêvent de liberté, ceux qui risquent leur vie pour presque rien, et tout aussi déterminé à neutraliser ceux qui pourraient lui nuire. Scientifique, il emmène ses passagers involontaires autour du globe, en des contrées que personne, à l’époque, ne pensait pouvoir explorer, comme l’Antarctique.

Les horreurs de la civilisation ne sont pourtant pas loin : tous les bateaux échouées dans les fonds marins ne sont pas uniquement le fait de la toute puissance de la nature… Si les romans de Jules Verne ont toujours des fins heureuses, ce n’est pas le cas pour tous les protagonistes.

Pour cette lecture commune, l’avis de Kincaid, celui de Darkangel06, de Anassete

Mini swap wish-list organisé par Nelcie

wish list

J’ai participé au Mini swap wish list organisé par Nelcie sur Livraddict. Le contenu devait être :

– un livre de la wish-list.

-un ou plusieurs marque-pages.

– une carte postale

– une surprise.

Ma swapée est Elise47, qui a fait preuve de beaucoup de goût pour la confection de ce swap.

Voici ce que j’ai découvert en ouvrant l’enveloppe :

SMa swapée est aussi l’heureuse propriétaire de félins.

S

 

 

 

Je souhaitais découvrir John Irving, ce sera maintenant chose faite. J’aime beaucoup le marque-pages chat.

Set j’aime beaucoup le thé.

Encore merci à Nelcie et à Elise47 pour ce swap.

Les plumes d’Asphodèle

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Les mots à placer étaient retour, euphorie, liesse, valise, chant, solitude, larme, immortel, mouchoir, voyage, destination, horizon, retard, trajet, rupture, retraite, rater et incandescent, impétueux, inverser.

Ne me dites pas de me calmer, je n’en ai pas du tout l’intention ! Je vous ai réunis ici pour faire le point. La première est dans deux jours. Noémie, qui tenait le rôle principal, a claqué la porte en route vers d’autres horizons théâtraux, et …. Jeanne, non, Jeanne, sèche tes larmes (passez lui un mouchoir, elle a déjà utilisé les deux paquets que je lui ai donnés !) Je sais qu’apprendre ce rôle en moins d’une semaine est une gageure, et c’est pour cette raison que nous avons caché des antisèches dans les manches et dans les pots de fleurs qui ornent la scène. Aux grands maux, les grands remèdes.

    Barbara, continue ainsi. Non, sincèrement, tu es née pour jouer ce rôle de tueuse à gages sous tranquillisant.

    Max. Max ? Max ! (Hurlements puissances maximales). J’ai toute ton attention ? Oui, j’ai la voix qui porte, les cours de chant que j’ai pris ne sont peut-être pas totalement inutile. Sais-tu que tu  interprètes le rôle d’un mari jaloux, froid et calculateur ? Oui ? Merveilleux ! Peux-tu m’expliquer pourquoi j’ai l’impression de voir Zaza Napoli, le retour ? Tu as voulu apporter une touche personnelle à ton interprétation ? Max, le metteur en scène, c’est moi, n’inverse pas les rôles. Suis mon conseil : dépersonnalise. Et ôte-moi cette écharpe à fleurs, elle jure affreusement avec ton tee-shirt à pois.

– Philipe. Non, ne pâlis pas tout de suite, je n’ai encore rien dit ! Je sais, je sais, tu n’es pas responsable de ton abominable costume de scène, et si le costumier n’effectuait pas actuellement une retraite dans une cellule de dégrisement, je lui demanderais comment il a pu créer un manteau aussi laid. A croire qu’il t’en veut personnellement. Il t’en veut personnellement ??? Depuis votre rupture ??? Stop, revenons à l’immortel drame que vous jouerez dans deux jours devant une salle en liesse. D’après les notes de mon prédécesseur – il m’en a confié sans retard une valise pleine – ton personnage, impétueux, doit exprimer « l’euphorie d’une passion incandescente. » Tu as l’impétuosité d’une salade d’endives au yaourt ! Tu n’es pas à l’aise avec ton personnage ? Tu aurais besoin d’un peu plus de solitude pour effectuer le trajet entre ton moi profond et ce coureur de jupon ? Zut, alors, j’ai dû rater un épisode dans les nouvelles techniques d’apprentissage d’acteurs pendant mon voyage en Autriche, que j’ai interrompu destination ce sublime théâtre pour remplacer au pied levé Louis Rameau.

Oui, je lui ai rendu visite. C’est gentil de prendre de ses nouvelles. Il va bien, pour quelqu’un qui s’est pris le décor sur le corps. Il est surtout extrêmement lucide et m’a dit qu’il préférait être à sa place qu’à la mienne. Non, ce n’est pas bon signe !

Tous les matins du monde

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Je crois que je parlerai davantage de moi que du film dans ce billet. Je l’ai découvert d’abord par la musique, que j’ai immédiatement aimé. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai écouté le CD, à l’époque, sans l’associer aux images, et j’ai eu beau voir le film plusieurs fois depuis, je les dissocie toujours.

Je ne lisais pas Première à l’époque (quinze ans que j’y suis abonnée, maintenant), je lisais encore le journal de Mickey et une chanteuse de l’époque avait déclaré dans les colonnes de ce prestigieux journal avoir détesté ce film, qu’elle jugeait prétentieux. Quand j’ai enfin vu le film pour la première fois – à la télé, avec Lise-Marie, j’ai eu une certitude : cette jeune personne était une très mauvaise critique, et ne connaissait pas grand chose à la musique. J’ai presque envie d’ajouter une lapalissade : ce n’est pas parce qu’un personnage est prétentieux que le film l’est.

Tous les matins du monde cède d’abord à un aspect pratique : pour son premier rôle, Guillaume Depardieu joue Marin Marais, jeune, et partage le personnage avec son illustre père. C’est la première fois, ce n’est pas la dernière (je pense au Comte de Monte-Christo, pour TF1). Guillaume ne quittera jamais réellement l’ombre de son père, et sa disparition prématuré m’a attristé plus que je ne saurai dire.

Face à eux, Anne Brochet, excellente dans le rôle tourmenté de Madeleine, la fille aînée de Sainte-Colombe. Depuis, je n’ai pas l’impression qu’elle ait à nouveau trouvé un rôle à sa mesure. J’espère qu’il n’en est pas de même au théâtre. Elle a été récompensée du césar du meilleur second rôle féminin – je me demande bien quel pouvait être le premier ! Séduite, abandonnée, absolument seule enfin, Madeleine n’est que douleur – plus encore quand elle se rend compte de qui est vraiment l’homme qu’elle a passionnément aimé. Sa soeur Toinette s’en est beaucoup mieux sortie.

Je n’ai garde d’oublier monsieur de Sainte-Colombe, personnage central plus que Marin Marais à mes yeux. Veuf, il ne parvient pas à oublier sa femme, et élève ses filles du mieux qu’il peut. S’il n’est pas démonstratif, son amour pour ses filles ne peut être nié. Sans être historienne de formation, mais pour avoir beaucoup lu les registres d’état civil, les veufs se remariaient rapidement, surtout s’ils avaient des enfants. La « belle-mère » est une réalité, dans le théâtre de Molière ou les contes de Perrault. Monsieur de Sainte-Colombe ne peut se remarier, tant son amour pour sa femme est vivace. Il la « voit ». Hallucination ? Fantôme ? Madame de Sainte-Colombe est au centre des plus belles scènes du film (la barque, en pleine nuit, avec les Leçons de Ténèbres de Couperin).

Film de cour, Tous les matins du monde l’irrésistible ascension d’un homme pour qui la musique était au début un moyen, non un but ou une passion. Il en aura fallu du temps – pour changer

Pour terminer, cet extrait de la BO du film :

Georges Dandin de Molière

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Georges Dandin se lamente. Il a beau avoir réalisé son ambition, c’est à dire être anobli par son mariage, il ne décolère pas : sa femme, née de Sotenville, le méprise. Pire, il est sûr qu’elle le trompe ! Comment le prouver à ses beaux-parents ?

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Mon avis :

George Dandin n’est pas la pièce la plus connue de Molière. Et pourtant, elle devrait être remise au goût du jour car elle figure en bonne place du programme de l’éducation nationale. Elle présente quelques atouts pour séduire… les élèves : elle est écrite en trois actes et en prose.

Elle reprend des thèmes chers à Molière : le mariage et la condition des femmes. Elle parle aussi des « roturiers » qui aspirent à l’anoblissement, thème qu’il reprendra dans Le Bourgeois Gentilhomme. Si monsieur Jourdain reste sympathique, ce n’est pas le cas de Georges Dandin. Je ne parviens à aucun moment à le plaindre, en dépit de ses humiliations successives. Il a conclu son mariage avec ses beaux-parents, sans même tisser des liens avec sa promise : si l’amour n’était pas de mise à l’époque, entretenir des goûts communs, un peu de tendresse et de galanterie était normal, Georges semble ne pas le savoir, lui a changé d’état par son mariage. Même, sa violence est effrayante, lui qui veut réduire en compote le visage d’Angélique. Seule la condition de sa femme le retient. Quel homme que ce George Dandin.

Le seul mariage qui sera conclu (passage obligé dans une comédie) aura lieu entre deux serviteurs, Claudine et Lubin – pauvre Dandin, qui n’a que Colin, pas très doué, pour le servir. Angélique a su s’attacher les soins de sa suivante, toujours prête à l’aider , et à mener Lubin par le bout du nez. Dandin, lui, est toujours seul, comme le prouvent ses nombreux monologues. Il n’envisage plus comme seul recours que le suicide. Nous sommes dans une comédie, et nous savons, comme le savaient les spectateurs de l’époque, qu’il ne peut mettre pas cette menace à exécution. Il se ressaisira – et tout recommencera, comme le prouve la construction répétitive de chacun des actes.

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Les fourberies de Scapin de Molière

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Mon résumé :

Catastrophe ! Le seigneur Argante revient dans l’intention de marier son fils Octave à la fille du seigneur Géronte. Hélas, Octave est déjà marié – en secret. Comment fera-t-il accepter sa décision à son père ? Heureusement, Scapin veille.

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Mon avis :

Qui ne connaît pas Les fourberies de Scapin ? Ou plutôt, qui n’a pas étudié en classe cette farce en trois actes et en prose ?

Scapin est le personnage le plus important de l’oeuvre, et pourtant, comme souvent chez Molière, il n’est pas présent dans la toute première scène. Non, nous avons un couple – les Fourberies est une comédie de couple – valet/maître, Sylvestre, meilleur ami de Scapin, et Octave, meilleur ami du maître de Scapin. Le spectateur découvre tout de suite l’ampleur de la catastrophe  – désespoir d’Octave et laconisme de Sylvestre. C’est au milieu de cette « cruelle conjoncture » que Scapin apparaît – sûr de lui, sans peur : il a déjà eu maille à partir avec la justice, les autres le regardent désormais avec un mélange de crainte et d’admiration. Aucun n’irait jusque là, même pour l’être aimée. Bien sûr, il n’est pas exclu que Scapin fanfaronne un peu, cependant l’ensemble de ses fourberies prouve assez qu’il ne craint rien.

Il dynamite même l’ensemble, inventant des stratagèmes pour obtenir de l’argent des pères, transformant le timide Sylvestre en fier spadassin, jouant plusieurs rôles lui-même si nécessaire, improvisant quand il ne peut émouvoir Géronte, plus avare que père. Vindicatif, il fera souffrir Léandre – moralement – et Géronte – physiquement. Il ne faut pas menacer Scapin, il s’en tire toujours, même quand il est forcé d’avouer ses fourberies à son maître, incapable de reconnaître dans le loup-garou qui l’a agressé son propre serviteur, même quand sa vie ne tient qu’à un fil. Il en faut beaucoup pour abattre Scapin.

A contrario, il n’en faut pas beaucoup pour émouvoir les deux jeunes premières, agaçante au possible. Hyacinthe pleure autant que Zerbinette rit. N’était ce détail – de taille – normal, dans une farce, les caractères doivent être outrés – elles seraient strictement identiques, pauvres jeunes filles bien décidées à se faire épouser – les jeunes hommes sont si versatiles. Léandre est colérique, Octave est peureux : ces jeunes gens sont faits pour s’entendre. Ce n’est que justice s’ils se marient – et si Scapin se révèle le véritable triomphateur de cette oeuvre.

 

 

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Zalbac Brothers de Karel de La Renaudière

Mon avis :

Merci à Babélio et aux éditions Albin Michel pour ce partenariat, ans le cadre d’une opération Masse Critique spéciale.
Depuis que j’ai terminé la lecture de ce livre, c’est à dire depuis presque deux semaines, je me demande bien comment je rédigerai mon avis. L’indulgence a ses limites, donc autant que je sois le plus sincère possible.

J’ai déjà eu un petit soucis avec le titre : Zalbac Brothers. Bien sûr, si l’on inverse, on obtient Balzac, et l’on pense immédiatement à la Comédie humaine, à Rastignac et son désir de conquérir Paris. Zalbac m’a fait penser à Rosemary Albach-Retty et à l’un de ses derniers rôles dans La Banquière. Autant dire qu’un auteur ne maîtrise pas toujours les associations d’idées qu’il fait naître.

Son héros, Jean, est orphelin, né des amours de sa mère et d’un étudiant américain. Il a grandi et a étudié aux Andelys (moi aussi), chez les jésuites (j’étais à saint Joseph) où il s’est fait un « ami » pour la vie. Il étudie à Paris, il apprend les arcanes de la finances et le violon, puis part à New York où il est remarqué par Bruce Zalbac lui-même. Jean gravit ensuite un à un les échelons de la société, en dépit d’ennemis nombreux. Il vivra d’autres coups durs, surtout après la mort de son mentor, qu’il surmontera vaillamment (ou pas). Si vous avez déjà l’impression d’avoir lu cette histoire quelque part, c’est normal, elle est extrêmement classique, pour ne pas dire que les clichés succèdent aux rebondissements invraisemblables.

Je ne vous les dévoilerai pas, rassurez-vous. Cependant, l’un d’entre eux, le principal, m’a semblé tout droit sorti d’un Harlequin, et ce que j’accepterai sans souci de l’un, ne passe pas dans un roman qui se veut sérieux (ou alors, il s’agit d’une parodie, et je suis passée à côté). Je n’ai pas trouvé de personnages sympathiques, sauf, le temps d’une apparition, le luthier qui répare le violon pulvérisé de Jean, et les (authentiques) violonistes croisés lors de cette visite.  Les hommes ne pensent qu’à vaincre, s’enrichir, les moyens ne comptent guère, les êtres humains non plus.  Quant aux femmes, elles sont caricaturales. Prenez Charlotte, la partenaire de couette de Jean : rien dans la tête (et pourtant, elle dirige une partie importante de l’entreprise familiale), tout dans les caprices et les bouderies. Prenez son « amie », elle excelle surtout dans les duperies et la fréquentation « par amour » des clubs libertins – et un autre clin d’oeil appuyé à l’actualité. Même Susan est un cliché de la littérature à l’eau de rose.

Je garde un point positif pour la fin : ce livre est très facile à lire, les pages se tournent toutes seules et peut éventuellement constituer un divertissement – si vous êtes indulgent.

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