Archive | octobre 2016

Les Hautes montagnes du Portugal de Yann Martel

Résumé

Une nuit bleue et profonde de Ch’oe Inho

Présentation de l’éditeur :

La dérive de deux jeunes Coréens à travers la Californie. Au bout du voyage, le blues de ceux qu’avait bercés le rêve américain, et une interrogation profonde sur l’identité coréenne aujourd’hui.

coreelogo3Mon avis :

Ce livre est court – 84 pages. Il n’est pas aussi simple que le laisse entendre le quatrième de couverture. Nous avons deux hommes, pas si jeunes que cela puisque tout deux ont fondé une famille. L’un reste anonyme. L’autre, ancienne star de la chanson en Corée, a vu sa carrière brisée à cause de la sévérité des lois contre les drogues. Il pourrait éventuellement reprendre sa carrière, s’il était encore possible de la reprendre, et s’il en avait l’énergie. Il s’illusionne sur lui-même, sur sa dépendance aussi, sur sa capacité à rebondir, ici ou là-bas. Rêve américain ? Pour qui, ou plutôt pourquoi ? Qu’est-ce qui les pousse à quitter leur pays pour vivre aux Etats-Unis ? Le fait que le pays pour lequel ils se sont battus n’existent plus vraiment ? Le fait qu’ils ont rêvé un pays qui n’existe pas vraiment ? Alors, que se passera-t-il ? Vous le saurez en lisant ce livre.

Asie2

Rosie se fait la belle d’Alice Quinn

Présentation de l’éditeur :

À l’approche de Noël, Rosie Maldonne se demande comment offrir à ses enfants les cadeaux de leurs rêves.
Le magot de Un palace en enfer a flambé !
Avec ses maigres ressources et sa nombreuse progéniture,
la jeune femme est de nouveau dans le rouge.
Une seule solution, trouver un vrai travail…
Sitôt dit, sitôt fait !
Mais le destin est au rendez-vous lors de l’entretien d’embauche…
Prise au piège d’un imprévu funeste, son quotidien déjà précaire est bouleversé.
Comment atterrit-elle, recherchée par la police, dans une planque
avec une immigrée clandestine surdouée et un jumeau Golden Boy sans le sou ?

Merci à Netgallet et à Amazonpublishing pour ce partenariat.

Mon avis :

Rosie, c’est une héroïne qui porte bien son nom de famille – Maldonne. Généreuse, elle n’a pas les moyens de sa générosité et vit tant bien que mal avec ses enfants – les siens et ceux dont elle s’occupe. Les nourrir, les vêtir est déjà compliqué, alors, leur offrir des cadeaux à Noël – mission presque impossible. Généreuse, oui, mais naïve également : Rosie a une forte tendance à donner sa confiance à tous, à ne se méfier de personne, sauf si les circonstances, vraiment, ne l’y forcent.

Et c’est ce qui se passe très vite dans ce roman. Rosie a trouvé un travail – dame de compagnie pour un vieil homme riche et acariâtre, trois heures par jour. Le problème ? Il est assassiné dès le deuxième jour de travail de Rosie, et elle est la principale suspecte, sous prétexte qu’elle a trouvé le corps, qu’elle l’a (beaucoup) touché et que Max avait commandé la veille des jouets pour ses enfants – Max, ou Rosie elle-même, usant de l’ordinateur et du compte en banque du vieil homme ?

Au pays de Rosie (pourquoi  pensai-je au pays de Candy ? A cause de toutes les chansons qui parcourent le roman ?) c’est le choc entre les très pauvres, qui font ce qu’ils peuvent pour survivre, et les très riches qui ne font même pas semblant de tenter de les comprendre. Ce sont, d’un côté, des préoccupations terre à terre et de l’autre, des moyens pour être encore plus riches. De cette collision entre ces deux mondes nait une intrigue pleine de rebondissements. Et si l’on rit, parfois, de la naïveté de Rosie, de ses approximations langagières, on se demande si on ne devrait pas être inquiets pour cette jeune femme qui ne paraît armé que de ses facultés d’adaptation, sa capacité à rebondir le plus vite possible face aux dangers dans lesquels elle s’est fourrée.

Le rythme est trépidant, l’intrigue, pleine de rebondissements. Et puisque nous sommes au pays de Rosie, tout ne finit pas toujours formidablement bien, mais pas formiablement mal non plus.

Aquarium de David Vann

Présentation de l’éditeur :

Caitlin, douze ans, habite avec sa mère dans un modeste appartement d’une banlieue de Seattle. Afin d’échapper à la solitude et à la grisaille de sa vie quotidienne, chaque jour, après l’école, elle court à l’aquarium pour se plonger dans les profondeurs du monde marin qui la fascine. Là, elle rencontre un vieil homme qui semble partager sa passion pour les poissons et devient peu à peu son confident. Mais la vie de Caitlin bascule le jour où sa mère découvre cette amitié et lui révèle le terrible secret qui les lie toutes deux à cet homme.

b93ab-102bans2bgallmeister2bchallengeMon avis (personnel, forcément) :

J’ai préféré mettre l’avertissement ci-dessus pour rappeler que si je tiens un blog, c’est pour exprimer mon avis, pas nécessairement rédiger de beaux avis bien objectifs, bien structurés, etc, etc. J’ai même failli attendre, laisser reposer les émotions, afin de ne pas livrer mes impressions à chaud. Puis, finalement, je me suis lancée – écrire à chaud n’est pas un défaut à mes yeux.

Tout d’abord, ne lisez pas ce livre dans un train, ou alors choisissez un trajet suffisamment long pour pouvoir lire le livre d’une traite. Pour ma part, j’avais lu, dans le train qui m’emmenait vers Paris, les trois quarts du livre, et j’avais vraiment envie de découvrir le dernier quart (note : la ou les personnes qui commenteraient en disant « lire un livre si vite, c’est du gâchis » doivent s’attendre à ce que je réplique vertement). Ce fut le cas au cours de ce que l’on nomme « pause méridienne ».

Pour la première fois (je n’ai pas lu Impurs), je lis un roman de David Vann dont l’héroïne est une fille, une fille liée à sa mère : comme le récit est rétrospectif (à un moment, la narratrice déclare avoir 32 ans), nous savons qu’elle a bel et bien un avenir, reste à savoir lequel.

Caitlin a douze ans. Par certains aspects, elle est mûre pour son âge, pour d’autres, non, elle est assez naïve. Elle est surtout très seule. Elle vit seule avec Sheri, sa mère, qui effectue un travail ingrat et masculin. Elle n’a ni frère, ni soeur, ni oncle, ni tante, ni grands-parents, ni, vous l’aurez compris, de père. Certes, elle a dû avoir un géniteur, mais il n’en est jamais question. Mère et fille s’accrochent l’une à l’autre, même si la mère vit sa vie, ramenant de temps en temps un copain dans son lit, espérant une relation stable – peut-être Steven, le dernier copain en date, la lui apportera-t-il.

Vie morne, solitaire, à Seattle, cette ville que d’autres ont célébré (voir Cinquante nuances ou Grey’s anatomy). Le matin, Caitlin arrive avant tout le monde – parce que sa mère ne peut la déposer plus tard. Le soir, Caitlin va seule à l’aquarium, observe les poissons, et rencontre un vieil homme avec lequel elle sympathise. Ne lui a-t-on pourtant pas dit de ne jamais parler aux inconnus ? Sheri réagit donc comme une mère ordinaire : elle écoute à peine sa fille et prévient la police.

Et la suite est plus compliquée que prévu, puisque Caitlin découvre les liens qui l’unissent avec le vieil homme, et le lien avec sa mère. Elle découvre surtout tout un pan du passé de sa mère, et des aspects de sa personnalité qu’elle ne soupçonnait pas – mais sa mère, oui, forcément.

S’ensuivent des pages d’une violence physique et psychologique inouïe, dans lesquelles le lecteur a envie de dire à Sheri « stop, cessez cette folie ». Parce que Sheri est bien folle, de rage, de colère contenue, de tout ce qu’elle a subi dans son passé et qu’elle exprime maintenant face à sa fille, sans se préoccuper des dégâts qu’elle occasionne (euphémisme). On peut se demander aussi pourquoi personne ne lui est venu en aide – je devine, en filigrane, la peur des services sociaux, du placement, pour elle d’abord, quand elle était mineure, puis pour sa fille, voilà pourquoi elle « musèle » la parole de l’enfant.

On peut se demander aussi comment tout cela se serait terminé s’il n’y avait pas eu une intervention extérieure. Mal, sans doute. Ce n’est pas (vraiment) le cas ici. Une lueur d’espoir dans l’univers de David Vann ?

 

 

Journal d’un louveteau garou – tome 2, 27 octobre

Cher journal
non, la situation n’est pas grave, cela fait longtemps que ce stade est dépassé.
Je me suis confié à notre Alpha – enfin…. à Paul… au sujet de la lettre (j’ai passé sous silence le truc à la fraise).
Il m’a fait me réunir avec Sarah, qui assume très bien son statut d’omega.
Paul m’a regardé, Sarah m’a regardé, j’ai regardé Sarah, Sarah a regardé Paul, Paul m’a regardé…
– C’est bientôt fini, vous allez me parler, oui ou non ?
– Anatole, commença Paul, tu es un très bon révélateur.
– Je confirme, dit Sarah, qui regarda à nouveau Paul.
– Mais… tu oublies d’observer ce qui se passe autour de toi. Moi, Sarah, et d’autres encore savent parfaitement…
– Qui éprouve une tendre inclination pour toi.
– En fait, il est vraiment proche de toi, et personne ne comprend
– Que tu ne comprennes pas.
Je les applaudissais, ils seraient tous les deux parfaits à la tête de la meute ! Mais cela ne me disait toujours pas le nom du louveteau qui m’avait laissé cette lettre.
– Irrécupérable ! commenta Sarah.
Sur ce, cher journal, je te laisse : je vais enquêter avec Mathieu, mon meilleur ami et Valère, mon petit frère. Eux, au moins, seront peut-être plus clair !
@bientôt
Anatole Sganou.

Queen Betsy, tome 1 de MaryJanice Davidson

Présentation de l’éditeur :

Cette semaine, j’ai perdu mon boulot, je suis morte dans un accident et, quand je me suis réveillée à la morgue, j’étais devenue une vampire. Bon, il y a des côtés positifs : je suis désormais super forte et les hommes semblent bien plus sensibles à mon charme de suceuse de sang. Il faut juste que je m’habitue à mon nouveau régime liquide… Autre problème : mes amis du monde de la nuit disent que je suis une sorte de reine annoncée par une prophétie ridicule. Ils ont besoin de moi pour renverser un vampire assoiffé de pouvoir, au look trop ringard ! Le cadet de mes soucis ! Sauf qu’ils ont des moyens de pression efficaces, comme la nouvelle collection Manolo Blahnik ; une fille qui se respecte ne peut pas dire non…

Mon avis :

Ce livre est absolument drôle et charmant – pour un joyeux mélange de bit-lit et de chick-litt. J’ai aimé l’héroïne, qui nous raconte sa propre histoire et se trouve être une vampire hors-norme, ce qui n’est pas plus mal pour ceux qui l’entourent. Sa famille est aussi très intéressante – surtout que Betsy (Elizabeth Taylor de son vrai nom) a toujours su faire la part des choses, vivante ou non morte.

Surtout, Betsy n’est pas une victime. Certes, elle a été tuée. certes, elle a été vampirisée. Mais ne comptez pas sur elle pour prêter allégeance au premier vampire venu, encore moins pour trembler de trouille quelque part. Elle dit ce qu’elle pense, fait ce qu’elle pense également et provoque un certain désordre, voire un bordel certain. Betsy a gardé toute son humanité, même face à un groupe de vampires.

Bien sûr, nous retrouvons les ingrédients classiques du genre, avec un vampire ténébreux qui séduit sans que ses compagnes ne se plaignent de lui. Il faut de tout pour faire un monde. Il y a des luttes de pouvoir, des complots, des vampires pires que d’autres, des vampires « classiques », et sans charme. Mais ils sont utilisés de manière judicieuse et joyeuse – en dépit de quelques accidents dépendants de leur volonté.

Queen Betsy – une vampire très fréquentable.

Sous d’autres étoiles d’Amy A. Bartol

Présentation de l’éditeur :

De sa vie, Kricket n’a jamais prié sa bonne étoile, trop occupée qu’elle était à se cacher dans Chicago pour échapper au système de placement familial de la ville. À l’approche de son dix-huitième anniversaire, elle n’a qu’un seul désir : cesser de fuir et trouver enfin sa place dans le monde. Ce jour finit par arriver lorsqu’elle rencontre Trey Allairis, un jeune soldat étharien qui a pour mission de venir chercher l’orpheline sur Terre et la ramener sur sa planète d’origine. Quand le danger se rapproche, Trey doit protéger Kricket jusqu’à ce qu’elle ait appris à manier les pouvoirs qu’elle ne pouvait utiliser sur Terre.

Mon avis :

Je vous le dis tout de suite : plus que le résumé, c’est la couverture qui m’a attiré. Et cette lecture s’est révélée une bonne surprise.
L’héroïne, Kricket, a presque dix-huit ans, et ce « presque » lui gâche la vie. Non, elle n’a pas hâte de boire ou de voter, elle a hâte de ne plus être recherchée par les services sociaux. Orpheline, sans famille connue mise à part ses parents, elle a été ballottée de foyer en famille d’accueil – et elle en a gardé des cicatrices, au physique comme au moral. Elle a un travail (au noir), deux amis proches qui connaissent son secret et qu’elle encourage à vivre leur vie – il est toujours aussi difficile d’être différent en 2016. Kricket rêve de trouver sa place – et son voeu sera exaucé plus vite qu’elle ne le pense, mais à quel prix ! Elle est littéralement enlevée et se retrouve – avec trois « accompagnateurs » (bref, des soldats) dans un autre univers.
J’ai aimé que Kricket ne se laisse pas abattre, quoi qu’il lui arrive. Oui, elle peut avoir des coups de barre, des moments de détresse, mais se plaindre ou pleurnicher n’est pas son objectif. Elle ne connait rien au monde dans lequel elle se retrouve ? Pas (très) grave, elle aura les explications nécessaires (et seulement elles) au cours de l’intrigue. Ni elle ni le lecteur n’ont besoin de longues pages pour cerner le monde dans lequel elle évolue.
J’ai aimé aussi la construction de l’intrigue. Kricket, Trey, Jax et Wayra (ses trois alliés… et un peu plus pour Trey) affrontent, au cour de leur périple, des épreuves, mais elles ne sont pas répétitives. Il en sera de même lors de leur arrivée « en lieu sûr » – où tout ne fera que réellement commencer.
J’ai aimé aussi que les personnages ne soient pas manichéens. Certes, il y a de la romance dans l’air entre Kricket et Trey. Cependant,les autres personnages (et Trey lui-même) sont susceptibles d’évoluer ou de changer de camp. Les alliés peuvent ne pas être très fiables. Et les bonnes intentions ne suffisent pas.
Un petit regret : Bridget et Enrique, les amis humains de Kricket, disparaissent trop rapidement du récit.

Journal d’un louveteau garou, tome 2 – 25 octobre

Cher journal,
l’heure est grave.
Je te retranscris ci-dessous ma deuxième intervention auprès des apprentis alphas. Je te préviens, c’est sans censure.

– Bon, admettons, vous ne voulez jouer qu’un rôle subalterne au sein de la meute, mais vous êtes-vous posé la question : avez-vous le choix ? Non ! Vous avez des droits et des devoirs envers la meute. Le jour venu, le jour où la meute aura besoin de vous, que ferez-vous ?
– Et bien on avisera ! dit Marco.
– Vous devez aviser maintenant, tout de suite, immédiatement. Vous savez quel est mon rôle, à moi, au sein de la meute ?
– Mis à part nous casser les pattes à nos réveiller à quatre heures du matin pour écouter tes harangues et traumatiser ma lapine, franchement, non, je ne sais pas.
Et oui, je ne vous l’ai pas précisé : à la suite de ma métamorphose d’il y a deux jours, Léna, la lapine de Marco, a subi un profond traumatisme psychologique qui a entraîné des troubles gastriques. Bilan : elle a des gaz et la salle de réunion improvisée empeste la carotte.
– Je suis là pour que vous preniez conscience de votre potentiel, et cela fonctionne, Sarah en est la preuve, Sarah s’est révélée être une oméga.
– De quoi ? s’exclama Marco.
C’était lui qui avait amené Sarah à la réunion, contre mon avis, parce que Sarah était « la thérapeute de Léna ». Il n’empêche que cela marchait, Sarah envoyait des vagues d’apaisement très efficaces sur la lapine et ni l’une ni l’autre ne me vrillait les oreilles. D’ailleurs, à part Marco, je n’entendais personne, Camille semblait s’être endormi sur sa chaise, et Salsifis… se faisait les griffes, et contemplait régulièrement le résultat. Elle n’allait pas l’intention de se fatiguer en disant « cause toujours, tu m’intéresses », son attitude me le prouvait assez !
– Tu crois qu’elle pourrait apaiser Léna, sinon ? Mes amis, l’heure est grave ! repris-je en m’époumonant, sortant ainsi Camille de sa léthargie. Je veux savoir qui a rangé et plié mes affaires lors de la dernière réunion. [Note : c’est pour cette raison que je les ai convoqué de nuit. Un : un pyjama, c’est plus facile à défaire pour se métamorphoser. Deux : l’effet de surprise, c’est toujours utile, tous les stratèges vous le diront]
– Pas moi, dit Marco, j’ai passé deux heures à trouver Léna, qui s’était enfuie. Tu lui as fait peur !
– Moi non plus,marmonna Camille. J’ai déjà du mal à ranger les miens, de vêtements, alors les tiens. [Gros soupir à déplacer la poussière]
– Même avec des pincettes, je n’aurai pas touché à tes affaires. Beurk, précisa Salsifis, au cas où je n’aurai pas compris. C’est gentil, Salsifis, tu me revaudras cela.
– Avez-vous vu quelqu’un toucher à mes affaires ?
– Peut-être ton frère, suggéra Salsifis.
– Non, il m’a certifié que ce n’était pas lui. Je veux savoir qui les a rangées ! hurlai-je.
Non, parce que, franchement, je voudrai bien savoir qui m’a rédigé une jolie (groumpf) déclaration d’amour (regroumpf) en y joignant un préservatif (neuf) à la fraise. L’écriture, ce n’est pas celle d’une fille ! Croyez-en mon instinct d’alpha !

Du vent de Xavier Hanotte

Présentation de l’éditeur :

Jérémie Straube a pour habitude de signer, au même moment, plusieurs contrats d’édition tout en sachant qu’il ne pourra écrire tous les livres promis. Jérôme Walque est un auteur scrupuleux, obsessionnel et solitaire qui a pour habitude de peaufiner ses projets littéraires. Les deux hommes sont amis et Jérôme accepte de commencer un roman pour Jérémie.

Merci à Netgalley et aux éditions Belfond pour ce partenariat.

Mon avis :

Ce livre, je l’avais repéré dans les annonces de la rentrée littéraire 2016. Pourtant, je n’avais jamais lu aucun livre de cet auteur, je ne suis pas spécialement fan de la Rome Antique mais j’aime les livres qui sortent de l’ordinaire, et je n’ai pas été déçue.
Nous avons en effet trois romans et trois romanciers pour ce livre. Le romancier de chair et d’os, bien sûr, Xavier Hanotte, mais aussi Jérémie et Jérôme, deux authentiques romanciers de papier. L’un est capable d’écrire tout et n’importe quoi, tant que ces écrits lui permettent de vivre – et de vivre bien. L’autre possède un travail alimentaire. De l’écrit, certes, mais de l’écrit administratif, sans aucune nécessité d’imagination ou de justesse stylistique. Ce travail lui permet d’écrire uniquement ce qui l’inspire – et l’inspiration fait parfois hautement défaut. Qu’à cela ne tienne : il l’écrira un jour, son grand ouvrage sur Lépide.

Ce roman n’est pas déceptif, dans le sens où il va (presque) jusqu’au bout de ses intrigues – libre au lecteur, finalement, de donner la préférence à l’une des trois. Voir, à ce sujet, l’avertissement de l’auteur aux « férus de cartésianisme ». Ce livre nous interroge sur la relation entre l’auteur et le lecteur, sur les attentes des deux parties. Pourquoi écrit-on ? Pour le présent ou pour le futur ? Que désire le lecteur, se distraire ou se cultiver ? Et l’éditeur, quel est sa fonction ? Que désire-t-il « vendre » ? Et à qui ? A ses futurs lecteurs ou aux auteurs de son écurie ? Vaste programme. Et quand les fictions se téléscopent, l’intrigue n’est pas sans rappeler le mythe des personnages qui s’imposent à leur auteur sans que celui-ci n’y puisse rien.

Du vent – un livre à découvrir dans cette rentrée littéraire touffue.

 

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Nuit mère de Kurt Vonnegut

Quatrième de couverture

“Je suis américain de naissance, nazi de réputation et apatride par inclination.” Ainsi s’ouvrent les confessions de Howard W. Campbell Jr. qui attend d’être jugé pour crimes de guerre dans une cellule de Jérusalem. Ce dramaturge exilé en Allemagne est connu pour avoir été le propagandiste de radio le plus zélé du régime nazi. Mais il clame aujourd’hui son innocence et prétend n’avoir été qu’un agent infiltré au service des Alliés. Il lui reste désormais peu de temps pour se disculper et sauver sa peau.

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Mon avis :

Un homme. Une nuit. Sa vérité.

Howard Campbell va être jugé pour crime contre l’humanité, quinze ans après la fin de la seconde guerre mondiale. Il nous raconte ce qu’il a vécu, comment il a été engagé, comment il a œuvré, pour le compte des Etats-Unis, sans véritablement savoir les informations qu’il transmettait via ses émissions de propagande. Il a vécu aussi, eu des amis, vécu une grande histoire d’amour avec Helga, se montra cruel aussi (là, vous vous doutez bien que j’expose mon propre point de vue).

Mon premier constat est que ce livre est facile à lire, l’écriture, ou plutôt les paroles d’Howard coulent toute seule, les chapitres sont bien conçus et nous donnent envie de poursuivre la lecture – d’en savoir plus, finalement, sur cet homme. Et cette facilité de lecture me fait immédiatement penser à une chose : puisqu’il est si facile à lire, il lui a été facile, à lui, à d’autres, d’endoctriner d’autres hommes. Le pouvoir de la parole. Preuve en est que l’on peut devenir un héros aux yeux des autres, et pas pour les bonnes raisons.

Je ne peux qu’être effarée par ce que nous montre Kurt Vonnegut : le racisme et l’antisémitisme profond, y compris après la guerre, sévissent toujours, et il suffit de peu pour se liguer les uns contre les autres, voir les autres contre une seule personne. Préserver la « pureté de la race » n’est pas l’apanage du troisième Reich. Et l’étrangeté de certaines alliances ferait presque sourire n’était la gravité de l’enjeu.

Les paroles ne se sont pas envolés, les écrits sont restés aussi – les poèmes d’Howard, les lettres qu’il reçoit sont autant d’effet de réel pour confirmer sa carrière d’auteur et présenter une version de la vérité, non replongeant ainsi dans son passé. Howard ne se définit pas (seulement) en fonction de la guerre, il se définit en fonction d’Helga, de son amour inconditionnel pour elle, de la douleur liée à sa disparition. Un seul être vous manque et plus rien n’a d’importance.

Howard n’est pas un homme, non plus que son beau-père. Howard est un symbole, au même titre que ceux qu’il a dessinés, un jour, sur la fenêtre de son appartement, le symbole de ce que les hommes « de bonne volonté » n’ont pas pu empêcher – sans oublier les quelques « ratés » du rêve américain. Howard est le symbole, aussi, de la distinction entre justice et vengeance – justice qu’il  réclame, presque seul.

Nuit mère – ou la confession d’un homme infiniment seul.

Merci au forum Partage-Lecture et aux éditions Gallmeister pour ce partenariat.