Archive | janvier 2015

La quête des ours, tome 3 d’Erin Hunter

Mon résumé :

Les trois oursons Lusa, Toklo et Kallik, poursuivent leur quête vers le Grand Nord. Bien des épreuves les attendent encore.

Mon avis :

Ce troisième tome est tout aussi plaisant à lire que le précédents. Les trois oursons, accompagnés par leur ami métamorphose, ont repris leur route. Les difficultés ne sont pas liés au relief, au climat, ou au manque de nourriture. Non, elles sont directement liées à l’homme.

La première est très simple : nos trois oursons doivent traverser des zones fortement peuplés, avec routes et pavillons individuels. Le lecteur « voit » les hommes et leur habitat à travers les yeux des ours, parfois naïfs, et ce qu’il voit n’est pas joli-joli. Beaucoup de gaspillage, de chacun pour soi – Lusa est loin des Sans-Griffes qui prenaient soin d’elle dans l’enclos où elle est née.

La seconde est que des chasseurs (je n’irai pas jusqu’à dire « professionnels » mais presque) ne sont pas loin. Quelle belle décoration à ajouter à leur maison que la tête et la peau de trois oursons ! Bien sûr, ce roman se rapproche du conte, cependant Erin Hunter n’est pas la seule à faire intervenir des esprits pour guider ses personnages, que ce soient ceux de leurs proches défunts, ou les esprits de la nature. Je pense encore une fois à Kim Jyn-Kyeong, et à des auteurs proches de la culture amérindienne.

La quête des ours reste une série sympathique et très recommandable.

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Les plumes d’Asphodèle – et un louveteau

IMG_2042Pour trouver les mots de ses quarantième plumes, Asphodèle nous a laissé la phrase suivante tirée du dernier roman de Clara Dupond-Monod :  » Car ceux qui ont perdu quelque chose, comment font-ils pour éprouver encore de la joie ? (…) Ils connaissent désormais l’envers des choses. »
Pour ma part, je vais continuer malgré tout à tenter de faire sourire, et peut-être même rire avec les aventures des louveteaux garous. Je referme la parenthèse, et laisse Anatole 4e Bleu, prendre son envol.

Cher journal,
Mon régime est fini, je suis déclaré guéri, je ne devrais plus chercher à grignoter quelqu’un, même en cas de sensation de vide intense dans l’estomac. Je devrai laisser éclater ma joie de pouvoir, après tant de temps….
– Juste un mois, précisa Valère, mon petit frère.
– C’est mon journal ! m’écriai-je. Tu peux tenir le tien.
– J’ai fait le tour de la question. Pas de regrets, je m’incruste dans le tien.
D’un côté, j’ai tort de me plaindre : la voix de Valère déchire le silence pesant de cette fin de journée pas sereine du tout.
« Le propre d’un bon directeur d’établissement, c’est de savoir gérer les crises », et là, on est (encore) en plein dedans. Je ne parlerai pas des louves qui se sont bêtement tordues les pattes lors du cross inter-pensionnat (le sentier était trop sinueux !). J’éviterai de parler de notre professeur de musique qui s’est subitement mis en tête de (re)créer un orchestre et de nous apprendre à jouer une symphonie (« j’ai toute la mort devant moi »). Je parlerai peut-être de la fuite dans le plafond qui fait que l’infirmerie est transformée en annexe de la piscine. Je suis de tout cœur avec l’infirmier qui, je le rappelle, ne ressent plus aucune douleur au bras que je lui ai mâchonné et dispense désormais ses soins dans le local d’arts plastiques avec une rare ténacité. Il a en effet découvert que la pratique de l’aquarelle avait un effet relaxant sur les plus dissipés des louveteaux, bien plus que lire une bande dessinée ou jouer une scène de théâtre.
A propos de scène, il y en a eu une belle entre le CPE et la gestionnaire. Cela a laissé tout le monde dans un état de sidération absolument grotesque, puisque nous ignorions tous qu’ils étaient en couple. D’ailleurs, leur histoire était aussi bancale que les tables de la bibliothèque, c’est peu dire.
– Radio potin est en panne, t’en as conscience ? commenta Valère.
– Nous nous sommes tous focalisés sur une possible histoire d’amour entre monsieur le principal et le nouvel infirmier, on s’est gouré.
– Je ne vois pas pourquoi une idylle ne naîtrait pas entre eux. Tu as vu comme ils se regardent ? Cela scintille dans leurs yeux.
Je ne veux surtout pas contrarier l’esprit de midinette de mon petit frère. Il n’empêche : revenons à nos moutons (sans eux, la vie manque de saveur) : suite à cette magnifique dispute qui a vu la gestionnaire taper le CPE avec son fauteuil, ils ont tous les deux donné leur démission. Et la chef cuisinier a aussi rendu son tablier. Bref, la cantine s’est organisé comme on a pu. Ce sont madame Cobert et madame Moncontour qui officient. Petite précision : elles sont végétariennes toutes les deux. Je sens que mes copains vont comprendre ma douleur.

Sur ce, je te laisse, cher journal.

Anatole Sganou, 4e Bleu.

PS : le dernier repas a été mouvementé, j’ai tout de même pris une fourchette dans le pied.

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Goth girl and the fete worse than Death de Chris Riddell

Mon résumé :

Ada, fille unique de lord Goth, a maintenant un papa qui s’occupe bien d’elle, même si, actuellement, il est en pleine tournée pour dédicacer son tout nouveau recueil de poésie. L’anniversaire d’Ada approche, la célèbre fête annuelle du village aussi, et d’étranges invités se pressent au domain de lord Goth.

 

327969Sanstitre2Mon avis :

Voici Ada et ses amis de retour dans de nouvelles aventures. Pourtant, sa vie semble presque ordinaire désormais. Elle s’entend très bien avec sa gouvernante, qui lui donne d’excellentes leçons. Elle ne manque pas d’expérience, cette charmante vampire tricentenaire ! Et elle pourrait même… Mais chut ! Suffisamment de gouvernantes ont déjà rendu leur tablier/leur parapluie pour suivre leur destinée/leur amour, ce ne serait vraiment pas le moment que Lucrezia en fasse autant !

Déjà, de petits soucis naissent en cuisine, avec l’arrivée imprévue (pour la cuisinière) de cuisiniers du monde entier, venus participer à la fête annuelle du village. De plus, un cadeau très spéciale semble vraiment bouleverser la camériste d’Ada, Marylebone. Je dis « semble » parce qu’Ada n’a jamais vu sa camériste, bien trop timide (si, si, je vous assure) pour quitter le dressing de la jeune fille, bien trop bouleversée par la mort de la maman d’Ada, douze ans plus tôt, au point qu’elle n’a jamais voulu quitter le bébé, devenue une jeune fille déterminée aujourd’hui. Mais… et si une lettre venait tout changer ?

L’intérêt de ce second tome, aussi drôle que le premier, est le nombre de clin d’œil, de référence, de notes aussi, comme si finalement nous lisions le parfait guide pour visiter ce manoir pas comme les autres. Pour avoir lu le livre en VO, je me demande quelles équivalences parviennent à trouver le traducteur, tant le livre est fortement ancré dans la culture britannique. Qu’à cela ne tienne, j’ai beaucoup apprécié ce volume des aventures d’Ada, et j’espère qu’un troisième tome verra le jour l’an prochain.

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Lily et la prophétie d’Holly Webb


Mon résumé :

Le grand jour approche, le jour où le complot des magiciens s’accomplira. Maintenant que Lily et Georgie ont délivré leur père et qu’elles ont trouvé trois alliés de choix, elles se sentent plus fortes. Mais parviendront-elles à déjouer le complot ?

Mon avis  :

Voici la fin des aventures de Lily et, je peux bien le dire à présent, de Rose, que nous avions quitté adolescente et que nous avons retrouvé puissante magicienne émigrée depuis trente ans aux Etats-Unis, riche, veuve et toujours accompagnée de son fidèle Gus. Oui, la magie est à l’oeuvre, ni bonne ni mauvaise : elle dépend de qui la manipule, des raisons pour lesquelles elle est utilisée, telle une arme dans des mains maladroites.

Oui, je révèle un peu certains détails, parce que si le but est de restaurer la magie au Royaume-Uni, il faut se demander quel usage souhaite en faire les comploteurs. Il ne s’agit pas d’apporter du bien à tous, comme Lily et sa soeur qui ont réparé une fontaine défectueuse, il s’agit plutôt de s’enrichir grâce à ses pouvoirs, les magiciens n’étant pas sans rappeler les aristocrates de l’ancien régime, avec le même mépris pour ceux qui ne sont pas comme eux.

La question est surtout jusqu’où sont-ils prêts à aller pour restaurer leur suprématie ? La mère de Lily et Georgie n’est pas la seule à participer à ce complot, elle n’est pas la seule à demander à d’autres de s’investir jusqu’au bout pour réussir. Et quand je dis « demander »… rares sont ceux qui ont vraiment posé la question à leurs « complices ».

Pas de temps mort dans cet ultime volume, les péripéties s’enchaînent avec fluidité, le final et l’épilogue tiennent toutes leurs promesses.

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La quête des ours, tome 2 d’Erin Hunter

Présentation de l’éditeur :

Lusa la petite ourse noire a quitté le confort du zoo, bien déterminée à explorer le monde sauvage. C’est ainsi qu’elle a croisé la route de Toklo le jeune grizzly et de Ujurak capable de changer mystérieusement de forme. Ils entament ensemble un voyage à la recherche d’un endroit où vivre en sécurité. Pendant ce temps, l’ourse polaire Kallik tente de suivre le chemin de ses ancêtres pour retrouver son frère.

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé lire ce livre, très agréable à lire. Bien sûr, il est conçu pour de jeunes lecteurs – du moins, les lecteurs d’Erin Hunter que je connais ont 14 ans – bien sûr, le nom du personnage sur lequel chaque chapitre se focalisera est indiqué, néanmoins, les quatre oursons sont suffisamment individualisés, dans ce conte initiatique, pour que le lecteur les reconnaisse immédiatement.

Les personnages sont certes en partie anthropomorphisés – ils parlent, nous connaissons leurs pensées – ours blanc, ours brun et grizzly unissent leurs efforts dans ce roman-conte mais leur comportement reste celui d’ours, préoccupés par la disparition de leur habitat naturel, par les difficultés à trouver à se nourrir et à protéger ses petits.

L’ennemi ? L’homme, qui apparaît toujours à la frontière du récit, menaçant, mais parfois, croyant agir pour le mieux, sans lutter contre les causes profondes du désordre de la nature. Ecolo, ce roman ? Bien sûr, et cela ne signifie pas pour autant asséner un message de manière pesante, plutôt faire appel à des symboles, à des légendes. J’ai trouvé ainsi ce roman très proche des oeuvres de Kim Jyn-Kyeong (l’école des chats).

La quête des ours est une série de littérature jeunesse à mettre entre toutes les mains.

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Lily et la prison enchantée d’Holly Webb

lily,-tome-3---lily-et-la-prison-enchantee-431908-120-200Mon résumé :

Lily, Georgie et Henrietta sont de retour à Londres, et quel retour ! Elles ne sont pas seules, et leurs nouveaux alliers vont tout faire pour les aider à retrouver leur père et à déjouer le complot des magiciens.

Mon avis ;

Ébouriffant, enlevé, rempli de morceaux de bravoure, tel est ce troisième tome, qui tient toutes ses promesses.
Si le second tome voyait Lily prisonnière de l’institut pour jeunes magiciens, celui-ci la verra constamment en mouvement, que ce soit dans les airs, sur la mer – ou dans cette belle ville de Londres, où la population commence à en avoir assez. Ne croyez pas qu’elle s’agite inutilement, non, il s’agit à la fois de déjouer ceux qui la traquent – et ils sont nombreux – tout en poursuivant sa mission, au sens large du terme. Il ne faut pas perdre de vue que, si la magie n’est pas néfaste, son usage peut l’être, et la soeur aînée de Lily peut témoigner à quel point elle est infectée par les sortilèges que sa mère a littéralement tissés en elle.
« Retrouvailles » pourrait également être le sous-titre de ce troisième opus. Lily n’est pas la seule à retrouver une personne aimée. Les liens se resserrent avec la précédente quadrilogie d’Holly Webb.
Lily et la prison enchantée n’est pas le calme avant la tempête, c’est la tempête avant l’explosion finale.

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Fintan Fedora explores again de Clive Goddard

Mon résumé :

Tous aux abris ! Fintan a décidé de repartir à l’aventure, entraînant avec lui son fidèle majordome. Quelle nouvelle catastrophe provoquera-t-il, lui qui a l’habitude de perdre son chemin, son passeport, et son pantalon ?

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Mon avis :

J’aime les suites qui ne osent ne pas tenir les promesses de la fin du premier tome. En effet, j’avais quitté Fintan alors que celui-ci souhaitait partir à la recherche de la baie des neiges. Ce n’est pas du tout autour de ce fruit que s’orienteront les aventures de Fintan et de son fidèle Gribley – qui n’a pas vraiment le choix et qui s’attend toujours au pire.

Ils partent… ils partent. Plutôt non ! Il part ! Gribley s’en va seul, par un malencontreux concours de circonstances. Fintan mettra un temps certain, et bien des personnes dans l’embarras pour rejoindre son majordome qui passe sans lui le séjour le plus serein de sa vie !

Le récit alterne les chapitres centrées sur Fintan et ceux centrés sur les charmantes personnes bien embarrassées d’avoir croisé sa route. Je n’aime pas trop les personnages « gaffeurs » d’habitude – mis à part le célèbre Gaston – parce que leur gaffe s’accompagne trop souvent d’une indifférence complète par rapport à ceux qui sont leurs victimes bien malgré elles. Ici, même si Fintan ne se préoccupe pas souvent des autres, il est surtout d’une naïve gentillesse, qui ne lui fait voir le mal nulle part – sauf chez son frère et sa soeur, mais là, il ne se trompe pas.

Fintan Fedora explores again ou Fintan résout encore plus de problèmes que lors de son précédent voyage, tout en provoquant quelques catastrophes au passage.

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Lily et le dragon d’argent d’Holly Webb.

cvt_Lily-et-le-dragon-dargent_6037Présentation de l’éditeur :

Quand leur tante les recueille, Lily et Georgie pensent trouver en elle une aide pour contrecarrer le terrible complot de leur mère. Mais, loin de les protéger, elle les envoie dans un institut où les enfants magiciens sont cachés. Serait-ce la fameuse prison où est enfermé leur père ?

Mon avis ;

Lily et Georgie sont à Londres, avec Henrietta, leur fidèle auxiliaire, toujours prête à les aider, même après que des esprits malveillants les ont dénoncées auprès des hommes de la reine. Les deux soeurs participent à nouveau au spectacle, grâce à un nouveau tour très tranchant, et c’est au cours d’une représentation qu’elles s’aperçoivent une des femmes du public les observe avec soin. Leur mère ?!? Non – bien qu’elle n’ait sans doute pas renoncé à les retrouver : leur tante Clara.

Ah, les joies de la famille ! Les esprits chagrins qui auraient pu trouver la mère de Lily et Georgie pas assez maternelle se réjouiront de constater à quel point Clara fait tout pour préserver son propre fils de la magie. Sa méthode est simple : recueillir ses nièces (il ne manquerait plus que quelqu’un les dénonce) afin de circonscrire leur magie. Cette Clara est un cas de refoulement très intéressant, puisqu’elle a refoulé ses talents au point qu’elle fait de la magie « sans y penser » – merveilleux, non ?

Georgie, et surtout Lily, vont de découverte en découverte dans ce Londres huppé qu’elles n’imaginaient pas. Oui, la magie est interdite, bien qu’elle soit utilisé pour lutter contre les magiciens. Non, leur mère n’est pas la seule à comploter contre la reine, et les ramifications du complot sont bien plus étendues qu’on ne pouvait le croire à la lecture du tome 1.

Surtout, elles découvrent l’institut dans lequel les jeunes magiciens sont envoyés pour être « rééduqués » – et je vous laisse imaginer quelle forme peut prendre cette rééducation. Non, pas celle auxquelles le lecteur peut s’attendre s’il a Dickens en tête, plutôt des formes plus subtiles, plus perverses aussi. L’important est que la magie disparaisse, peu importe jusqu’où il faudra aller pour s’en débarrasser.

J’ai gardé le meilleur pour la fin de ma chronique. En effet, les fans seront, à mon sens, ravis. Pourquoi ?
– Parce que le lieu où sont retenus les jeunes magiciens est bien connu des lecteurs.
– Parce que nous entendons à nouveau parler de personnages que l’on pensait oublié.
– Parce que les légendes, parfois, prennent vie.

10694885_10204618827169323_918588559_nchallenge-anglaisChallenge sous les toits de l'univers 3

Douze de trop de Colleen McCullough

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Mon résumé :

Holloman, ville du Conneticut, fin des années 60. Douze meurtres ont été commis le 3 avril, douze, et selon des méthodes différentes, allant de la moins douloureuse à la plus cruelle. L’inspecteur Carmine Delmonico enquête.

Mon avis :

Je n’aurai qu’un mot à dire (ou presque) : réactionnaire. Ce livre a été écrit en 2009, il semble abominablement daté. C’est une chose de situer son roman dans les années 60 et de restituer le climat d’une époque (voir les romans de James Sallis), s’en est une autre de sembler approuver les discriminations qui régnaient à l’époque, voir même d’enfoncer le clou.

Douze meurtres ont eu lieu le même jour. Les forces de police sont sur les dents. Enfin… un peu. Personne ne panique, et surtout pas l’inspecteur Delmonico, qui commence par résoudre avec une facilité déconcertante quatre premiers meurtres. Il se permet au passage de sermonner un père de famille, un mari bien plus préoccupé par sa réussite professionnelle que par sa propre famille et… c’est à peu près tout, avant de reprendre sereinement le cours de son enquête.

Quand le titre nous dit « douze meurtres » il devrait plutôt préciser : neuf meurtres, et trois noirs tués. Les meurtres des trois « noirs » sont vraiment traités avec rapidité, pour ne pas dire quasiment passés sous silence. Interroge-t-on leurs familles, leurs proches ? Peut-être, mais jamais nous n’aurons la retranscription de ces scènes. Ils étaient « de bonnes personnes », sans problème, sans casier, faisant de bonnes études et de petits boulots pour les payer. Puis, ils n’ont pas souffert, une balle dans la nuque ou dans la tête, cela ne fait presque pas mal, n’est-ce pas ? Cela tue, un point c’est tout. Il ne manquerait plus qu’ils se plaignent post-mortem ! Ils n’ont pas droit non plus à une individualité, leur nom sera cité une fois, en passant, il sera précisé que « les trois victimes noires » sont deux hommes et une femme, et après, ils resteront « les trois noirs » (et pourquoi pas les trois nègres ?) bien rangés de leur côté, contrairement aux autres victimes, bien blanches, bien caractérisées.

Je vous parlerai aussi de la misogynie ambiante – une féministe est forcément frigide, quand elle ne le proclame pas elle-même haut et fort. La place des femmes est à la maison, auprès de leur mari et de leurs enfants. Elles sont même contre la mixité à l’école, parce que ce n’est pas bon pour leur fils, qui sera forcément harcelé par les filles, qui l’empêcheront de travailler tellement elles seront folles de lui. Et leurs filles, dans tout cela ? Et bien… il en est peu question. Je ne dis pas que les femmes ne mettent pas au monde des filles, je dis simplement qu’aucun lien ne semble s’être crée entre elles, comme si elles étaient négligées. Ne pensez pas que l’auteur pose un constat, ou dénoncé un état de fait, non, c’est juste que les filles doivent simplement apprendre à être de bonnes femmes au foyer, ni plus, ni moins, qui restent dans leur cuisine toute la journée pour préparer des repas. Et à avoir une autre qualité :

« – Je vais ouvrir l’oeil.
– Tant que vous voulez, du moment que vous gardez la bouche fermée. » (Delmonico à sa secrétaire aspirante policière).

Je n’ai garde d’oublier le traitement réservé aux personnages homosexuels. Il est une chose de montrer le climat répressif d’une époque, il en est une autre de montrer les homosexuels comme des monstres pervers. L’auteur confond homosexualité avec pédophilie, masochisme et nécrophilie, et si je conçois qu’on peut présenter des personnages homophobes (ils existent), je me dis que créer des personnages homosexuels au comportement systématiquement monstrueux est tout de même étrange !

Avec cela, nous nous éloignons de l’enquête. Je vous rassure : Delmonico et sa secrétaire adjointe parviendront à tout résoudre, malgré les bâtons dans les roues que leur met le FBI. Il est question aussi de guerre froide, d’espionnage, comme pour compléter le tableau d’une époque. Est-ce crédible ? Très moyennement. Il fallait une explication à cette soudaine folie meurtrière, l’opposition entre les deux blocs en est une.

L’inspecteur Delmonico, dont la famille toute entière fut mise en danger au cours de cette enquête, résoudra d’autres affaires puisqu’il est le héros d’autres romans policiers. Grand bien lui fasse : je ne les lirai pas.

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A travers bois de Colin Dexter

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Mon résumé :

Morse est en vacances, qu’on se le dise ! Même si personne ne comprend vraiment pourquoi il s’en va, lui qui n’a jamais été satisfait des congés précédemment pris. Puis, s’il était honnête, s’il déduisait de ses congés tout le temps passé dans les pubs, il verrait qu’il n’a pas droit à ses quinze jours. Pendant son absence, l’affaire de la disparition d’une jeune étudiante suédoise revient sur les devants de la scène. L’enquête piétine depuis un an. Enfin, elle piétinait, jusqu’à ce que Morse s’en mêle. N’était-il pas en vacances ?

Mon avis :

Les vacances ne réussissent pas aux policiers – ou, devrais-je dire, aux criminels ? Si Morse n’avait pas pris des vacances littéraires fort à propos, l’enquête aurait pu ne jamais être résolue.

Ce qui m’agace d’emblée est que certains n’aimeront pas le personnage de Morse, très porté sur la boisson, à la vie privée inexistante (ou presque). Depuis quand les enquêteurs devraient-ils être des modèles de vertu ? Surtout, Morse ne boit pas pour noyer un vide existentiel, pour oublier des erreurs passés, non, il boit juste parce qu’il aime la bière et d’autres boissons alcoolisées, parce qu’il aime aller dans les pubs, et y rester un certain temps. Quelqu’un qui boit pour le plaisir, qui ne fait pas de régime, mais quelle horreur ! Si son adjoint, Lewis, est condamné au jus d’orange – celui qui boit ne conduit pas – il n’est pas non plus un adepte des régimes, lui qui déguste deux oeufs au plat, six saucisses et des frites. Le duo fonctionne très bien, puisque Morse fera même des compliments à son sergent à la fin de l’enquête.

Si la jeune étudiante suédoise, Karin, a disparu depuis un an, son sac à dos a été retrouvé par un charmant couple de promeneurs anglais – il faut bien promener le chien. Il faut bien aussi observer les oiseaux, toute sorte d’oiseaux – la jeune Karin était passionnée d’ornithologie, et c’est pour cette raison qu’elle se rendait en Angleterre, chez sa tante. L’enquête fera rencontrer de drôles d’oiseaux à Morse et à Lewis, surtout quand on apprend qu’en anglais, mésanges et nichons sont synonymes.

Morse ne porte pas de jugements moraux sur ses semblables – sauf si ceux-ci ont la mauvaise idée de dissimuler des éléments qui nuisent à la progression de l’enquête. Dans ce cas, gare à eux ! Comme Maigret, au 36 quai des orfèvres, il écoute les confessions de ses semblables, leurs douleurs aussi. Ils sont des hommes avant toute chose, et c’est le hasard qui les a mêlés à cette affaire : Morse ne confond jamais coupable et témoin. Il utilise d’ailleurs, pour mener à bien cette enquête, une des méthodes que Maigret lui-même employait en vacances.

Pendant qu’ils enquêtent, le monde continue de tourner, les policiers de partir en vacances – bien sûr, c’est Morse qui a envoyé Lewis passer un week-end en Suède. La jeunesse anglaise fait n’importe quoi, vole des voitures, joue à qui roulera le plus vite, jusqu’à faucher une gamine qui avait le malheur d’être sur le bord de la route. Et le père de ses garnements, que fait-il ? dirait le superintendant. Il faudrait déjà qu’il y en ait un. Il faudrait déjà qu’il remplisse son rôle. Vaste sujet, tant il semble que chacun des enfants ou des jeunes adultes rencontrés dans ce texte n’aient qu’un seul des deux parents qui prennent son rôle à coeur.

A travers bois, ou un roman policier anglais qui joue avec les codes du genre pour mieux retourner la situation.

 

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