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Anita Blake, tome 14 : Micah de Laurell K. Hamilton

Présentation de l’éditeur :

Au départ, ce n’est pas à elle qu’on avait fait appel mais quand la femme de Larry se retrouve à l’hôpital, Anita prend la relève pour aller aider le FBI en relevant un témoin mort avant d’avoir pu témoigner. A cause de l’ardeur, elle ne peut y aller seule et Micah se retrouve donc du voyage. Tout va bien, enfin relativement compte tenu de sa phobie des avions, jusqu’à ce qu’elle se rende compte qu’elle n’avait jamais été seule avec Micah.

Mon avis :

Voici un tome re-po-sant. Si, si, je vous assure. En fait, plus qu’un tome, il s’agit d’une parenthèse consacrée à un seul personnage, Micah. Nous voyons (enfin) Anita en train d’exercer son métier de réanimatrice ce qui, il faut bien l’avouer, était un peu passé à la trappe ces derniers temps. Bon, elle ne l’exerce qu’à la toute fin du roman, ou plutôt du grand récit qui constitue, avec d’autres textes, ce qui ressemble fort à un recueil de nouvelles (en attendant de retrouver l’inspiration ? Je sais très bien qu’une dizaine d’autres romans ont été écrits depuis).
Pour simplifier les choses, Anita passe un week-end romantique avec Micah, a pour une fois un unique amant et nous en apprenons un peu plus sur le léopard garou. Juste un peu. Nous retrouvons un personnage que nous avons déjà croisé, dont le potentiel ne demande qu’à être exploité. Si ce n’est qu’il ne l’est pas vraiment. Donner envie de lire une série, c’est bien, encore faut-il que le contenu soit à la hauteur, même pour un roman vampirique.

Les plumes à thème n°9 by Asphodèle

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Mon résumé : le poste de directeur d’un pensionnat de louveteaux n’est pas des plus reposants. Après la découverte de son prédécesseur au volant de sa voiture, le tout dans le bassin d’entraînement par madame Lecerf et madame Cobert, Gaël se demande quelles nouvelles aventures lui réserve ce poste. Sa cousine Nick, à peine remise de ses blessures, prend la direction de l’enquête.

         Je vous interroge en priorité, dit Nick aux deux femmes. Y a-t-il un hangar que tu pourrais me prêter ??? Moi et mon équipe avons besoin de place.

         Je t’accompagne !

Je lui tins solidement le bras pour la conduire. Katia et Sylla nous suivaient.

         Tu es en train de me coller la honte devant toute mon équipe ! vociféra Nick tout bas. Un exploit.

         La moitié de ton équipe te regarde avec admiration, l’autre moitié avec amouuuuuuuur ! Pourquoi as-tu repris le travail si vite ?

         Marre de voir maman retenir ses larmes à chacune de ses visites. Marre d’entendre les explications de papa au sujet du divorce – il a dû lire plein d’ouvrages psys et oublier que je n’avais plus trois ans. Les médecins ont voulu me faire entendre la voix de la raison, j’ai suivi celle de la déraison.

Je laissais Nick poser ses questions, tandis que je mobilisais l’ensemble du secrétariat – soit deux personnes et moi – pour appeler les familles et leur demander de venir chercher leurs louveteaux. Même la mort n’est pas un sujet tabou pour nous, une enquête criminelle n’est pas un spectacle de fin d’année. J’ignorai qu’une réunion improvisée – et privée – se tiendrait peu après dans une des salles de travail.

         Si quelqu’un y est pour quelque chose, qu’il le dise maintenant ! dit monsieur Thierry. En tant plus ancien professeur de l’établissement – 27 années en poste, qu’il pleuve des vampires ou qu’il neige des trolls – il avait pris la liberté de présider la séance.

Un silence franc et massif accueillit cette déclaration.

         Personne ? Personne n’a eu envie de modifier le plan ?

         Le plan n°1 impliquait de ligoter le principal, le bâillonner et le déposer devant le rectorat après que Lucy lui a fait oublier ses souvenirs, rappela Katia. Le plan n°2, moins hasardeux, nécessitait toujours de bonnes cordes, si ce n’est qu’il devait être déposé devant la barrière de son humble demeure. Qui n’a pas été soulagé par la nouvelle de sa fuite ?

Un murmure approbateur unanime lui répondit.

         C’est le deuxième principal qui meurt en peu de temps.

         Qu’insinuez-vous ? Que nous avons tué monsieur Caudebec ?

C’est Sylla Cobert, rouge de colère, qui avait pris la parole. Monsieur Caudebec avait dirigé douze ans le pensionnat, se dévouant à son poste bien au-delà de ce que ses obligations de service nécessitaient. Il était mort dans son sommeil, trois ans avant la retraite.

         Cette remarque est totalement crétine ! poursuivit Sylla. Puis, entre monsieur Caudebec et monsieur Gervois, nous avons eu monsieur Brossard. Il va bien, lui. Il a fait valoir ses droits à la retraite. Son régime à base de siestes prolongées l’a préservé du surmenage.

 Il leur avait même envoyé une carte postale de Nice, où il venait d’acquérir une villa. Il était plus grande souffrance que celle-ci.

         Tu es sûre, Sylla, que ta copine Lucy n’a pas décidé d’agir sans nous attendre ? demanda Frédéric, le professeur de mathématiques.

         Non, et la voix de Sylla claqua comme un coup de fouet. C’est hallucinant la prévention qui existe encore contre les vampires ! Et si un seul argument devait te convaincre, jamais Lucy n’aurait immergé la voiture, elle les aime trop pour en sacrifier une seule.

Frédéric resta pantois devant une telle remarque. Cela tombait bien, certains professeurs, demeurés silencieux jusqu’à cet instant, ne demandaient qu’à se manifester.

         Cet assassinat n’a aucun sens !

         Ah, si ! commenta le professeur de physique chimie, sens nord, nord-ouest. Je m’y connais peu en sacrifice, mais… on ne sait jamais !

<![endif]–>         J’en vois un autre, précisa Sylla. Quelqu’un détestait monsieur Gervois encore plus que nous, et ne s’est pas contenté de vouloir le réduire au silence provisoirement. Après tout, avant sa venue ici, que savions-nous de lui ? Rien. Pas même ce qu’il a bien voulu nous dire puisqu’il est resté silencieux sur son passé.

V comme vampires

unehistoireMon résumé : Gaël de Nanterry a (un peu changé) depuis la grande bataille entre loups garous, vampires, trolls et autres joyeusetés. Il est désormais principal intérimaire d’un collège pour louveteaux. Il ne s’attendait pas à avoir la visite de son ex, ni du nouveau compagnon de son ex. Difficile d’effacer tant d’années de vie commune, même avec une bonne gomme.

Je n’eus pas le temps de méditer plus avant les châtiments que je lui ferai subir, car Anatole et son meilleur ami Léopold me tiraient par la manche.

          Mon sieur le principal, est-ce que le club théâtre ouvrira de nouveau ?

          Pourquoi a-t-il fermé ?

Je soupçonnais une frayeur de mon prédécesseur, dépassé par la nature même de ses pensionnaires.

          Disons qu’il n’appréciait pas la pièce que nous jouions…commença Léopold

          Une transposition des contes de fée et des fables les plus connues, revisitées à la sauce garou, continua Anatole. Nous n’aurions peut-être pas dû lui monter la scène où le loup déchiquète les petits cochons.

          Ce n’était pas des vrais, précisa Léopold.

          Ni celle où le loup, non content de tuer l’agneau, dévore aussi les brebis.

          Après avoir vérifié qu’elles n’étaient pas galeuses, ni remplies de puces. Quand j’ai suggéré qu’il mange le berger venu pour les tondre en dessert, « il » a tourné de l’œil. Dracula lui a donné les premiers soins.

           ????

          Dracula est le surnom de madame Cobert, notre professeur de français et de théâtre.

Je pensais au vrai Dracula, que je recevais comme patient il n’y a pas si longtemps. A haute voix, je précisais qu’il n’apprécierait pas qu’une simple mortelle soit surnommée ainsi.

          Si le vrai Dracula connaissait madame Cobert, c’est lui qui demanderait à être surnommé madame Cobert, en référence à…

          Certains traits de son caractère.

          Il est vrai que contrairement à lui, elle ne mord pas…

          Enfin, pas tout de suite. Et pas souvent.

Je me sentais soudain très rassuré. Si, si, c’était une libération pour moi d’imaginer le pire plutôt que de croire que quelques grammes de douceur existaient encore dans notre monde de brutes.

Je m’étirai… et constatais que Jared n’avait pas bougé. Ou plutôt si : ses yeux s’étaient écarquillés.  Il attendit que nous soyons seuls (c’est-à-dire hors de portée des grandes oreilles des louveteaux) pour murmurer d’une voix éteinte :

          Vous connaissez Dracula, le vrai ?

J’aurai pu lui dire : quoi ? Silas n’a pas eu le temps de vous le dire ? Non, je le pris par les épaules (il mesurait quinze bons centimètres de plus que moi, qu’est-ce qu’il avait pu manger au petit-déjeuner quand il était gosse ?) et lui tint à peu près ce discours :

          Je suis vampirologue diplômé, j’ai à peu près deux cents vampires parmi mes patients, sans compter les loups-garous, car je suis aussi lycanthropologue. Alors, oui, je connais Dracula, ce n’est pas un mystère. Je connais aussi ses trois femmes, et quelques autres membres de sa famille. Seulement… Dracula, lui, il est sympa. Très sympa même, bien éloigné de ce que Bram Stocker a raconté dans son roman – il a préféré se montrer sous son jour le plus noir afin que le secret de leurs existences  soit préservé. Mais j’en connais aussi des caractériels, des méchants, des sales gosses immatures, le genre à vous mâcher et à vous recracher comme un chewing-gum usagé. Voulez-vous que je vous les présente ? Je dois la vie à quelques-uns d’entre eux !

V comme vampire chapitre 20

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Résumé : à la fin du conflit qui opposa vampire, loup-garou à d’autres créatures fantastiques, Gaël de Nanterry est devenu principal interimaire dans un collège pour louveteaux garous. Séparé de Silas, il voit pourtant celui-ci surgir en plein pensionnat, à la tête d’une équipe de Trolls chargés de reconstruire quelques salles dévastées. Qu’à cela ne tienne : une bonne course d’orientation devrait remettre les idées en place chez certains louveteaux trop curieux.

Sifflement strident. Un coup à rendre sourd un vampire deux fois millénaires.

Oui, c’était bien moi qui venais de souffler dans le très joli joujou qui m’avait été remis en même temps que ce poste de principal. Dans la plaine de Bord, les louveteaux de 5e sont tous réunis, piaffant d’impatience devant l’épreuve qui les attend.

–          Je vous rappelle les grands principes de la course d’orientation. Par équipe de quatre, vous devez traverser la forêt, repérer les balises ennemies et gagner le point de ralliement en comptant uniquement sur votre instinct, c’est-à-dire en gardant toujours les yeux bandés. Le but n’est pas seulement d’arriver en tête, mais d’arriver sans aucune blessure. L’alpha de chaque classe vous aidera, n’hésitez pas à avoir recours à lui ! Allez !

J’aurai dit : « rompez ! », je n’aurai pas produit autant d’effet. Les louveteaux se mirent en position de départ et s’éparpillèrent.

Je fermais les yeux et suivis leur traces mentales. Je m’étonnai moi-même d’y parvenir. A croire que ce qui m’était arrivé avait fait de moi un vrai garou.

Les professeurs étaient depuis longtemps dispersés dans le bois, au moins aussi impatients que les élèves. Mon prédécesseur n’en avait pas organisé une seule. Je me demandais ce que les élèves avaient pu lui faire pour qu’il parte ainsi.

–          J’ai surgi dans sa chambre, métamorphosé, au beau milieu de la nuit. Il a cru qu’il cauchemardait.

J’ouvris les yeux et découvris l’alpha de la 5e Bleu qui trottinait à mes côtés.

–          S’il n’avait pas interdit les entrecôtes au petit déjeuner, s’il ne nous avait pas interdit les métamorphoses après l’extinction des feux…. Puis, qui peut avoir peur en voyant un louveteau garou ?

J’avais bien quelques noms en tête, je les gardais pour moi. Une des équipes s’était complètement fourvoyée et Anatole – le petit Alpha – se devait de les guider.

–          J’espère que nous ne vivrons pas de guerre car je crains… Evite l’arbre andouille… que les pertes ne soient grandes… j’ai dit « évite l’arbre ! ». Je sais qu’il ne peut pas m’entendre, précisa-t-il en me regardant. Cependant, verbaliser mes ordres m’aide à mieux les visualiser.

Une heure, deux heures passèrent. Presque tous les groupes avaient terminé le parcours et aucun incident majeur n’était à déplorer, juste quelques bobos. Monsieur Frédéric, le professeur de mathématiques, était ravi, en dépit d’une collection d’hématomes en pleine guérison : il s’était porté au secours d’un groupe et s’il lui avait évité un chêne centenaire, lui était tombé tout droit dans ses branches.

–          On remet ça le mois prochain ?

–          Si je suis toujours en poste, oui.

L’intendant courait aussi vite que ses facultés de loup-garou le lui permettait. Il tenait à servir un repas grandiose à SES louveteaux.

Soudain, la qualité de l’air changea. Mes narines frémirent.

Non, je vous rassure : je ne sentais pas de danger immédiat. Ou plutôt si : je sentais que la personne qui approchait courait un grand danger si elle tombait sous ma patte entre mes mains.

Oui, j’avais changé. Surtout depuis que je rendais visite à ma cousine Nick, qui avait eu les deux jambes broyées lors du combat. Les facultés de régénération des loups garous n’étaient plus ce qu’elles étaient.

–          Quelque chose ne va pas ?

Anatole avait posé sa main sur mon bras, tentant de m’envoyer un peu de son allégresse. L’esprit de meute a du bon, et je ne voulais pas décevoir mes élèves.

–          Rien. Presque rien. Rien qui puisse vous faire souffrir.

Par contre, j’avais une folle envie de me jeter à la gorge du nouveau venu et de lui faire avaler son sourire jusqu’à son estomac – au minimum.

Jared. Quel bonheur de le voir arriver ici …

–          Vous voulez une petite entrecôte, monsieur le principal ?

–          Pas de refus, Anatole.

–          Du ketchup, de la moutarde ???

–          Amène tout ce que tu peux Anatole, ne lésine pas.

Et zut ! Alors qu’Anatole trottinait vers la table du goûter – pas dévastée, nos louveteaux avaient de la tenue, Jared s’approchait de moi. Zut, zut, et zut.

–          Bonjour Gaël, je crois…

La suite est « je crois qu’il faut qu’on parle » et autres blablas sirupeux.

–          Je crois que vous feriez mieux de partir, dis-je en découvrant légèrement mes dents.

Un très léger contrecoup des nombreuses transfusions vampiriques que j’ai dû subir. Effet garanti. Mais pas totalement. Jared écarquilla les yeux, avant d’ajouter :

–          Vous n’oseriez pas ?

Bien sûr que si ! Et c’est bien ce qui m’effrayait : je me sentais très capable de le mordre, juste pour qu’il disparaisse à tout jamais. J’étais même persuadé que mes élèves m’aideraient à me débarrasser de son corps. L’esprit de meute a du bon.

Oui, j’avais beaucoup changé. Pas au point de zigouiller mon rival heureux. Quoique…

Désir d’histoires 99

Ma participation à Désir d’histoire par Olivia.

Mon résumé : Gaël de Nanterry docteur es vampire et loup-garou a pris la direction temporaire d’un pensionnat de louveteau-garou. Il espère oublier aussi le vaste complot contre les vampires et les garous qu’il a aidé à déjouer. Aujourd’hui, force est de constater que l’oubli n’est pas au rendez-vous. Par contre, son ex, le docteur Silas Chépukoi oui.

–          Comment vas-tu ? me demanda Silas.
–          Bien, et toi ?

Je suis sûr que vous aussi vous êtes sidérés par la richesse de ce dialogue. Nous enchaînâmes ainsi une dizaine de répliques, toutes plus ennuyeuses les unes que les autres.

–          As-tu abandonné tes consultations ?
–          Provisoirement. Je te rappelle que mon cabinet a été démoli après qu’un dragon et son chevalier se sont posés dessus.

Zut. Je croyais que ce sujet-là au moins était clos (Lupin – oui, je sais, ce jeu de mot est foireux, je me détends comme je peux).

–          Au moins, aucun corps n’a été retrouvé dans les décombres.
–          Mes dossiers non plus.

Deuxième sujet pas encore clos. Qui pourrait avoir envie de lire les dossiers médicaux de Trolls ? A mon tour maintenant.

–          Et Jared, il va bien ?

Silas me dévisagea comme s’il me voyait pour la première fois. Facile, non ?

–          Et Dame Ismérie ? N’attendrait-elle pas des louveteaux ?
–          Non.
–          Non ? Et la promesse que tu lui as faite : « dès que cette affaire est terminée, nous… ferons une portée de louveteaux » ?
–          Je te rappelle qu’elle a été gravement blessée dans l’affrontement et qu’elle se remet à peine ! hurlai-je. Et toi, où tu étais pendant ce temps-là ? En train de roucouler avec ton bellâtre au QI d’une huitre mazoutée !!!
–          Ouais, t’as raison, c’est mieux qu’au cinéma.

Non, ce n’est ni moi ni Silas qui avions prononcé cette réplique. Je me ruais sur la porte et là, que vis-je dans le couloir ? Quatre louveteaux, de la classe de 5e LG, confortablement assis sur des chaises, en train de manger du pop-corn et de nous écouter. Tétanisé, aucun ne s’enfuit (note : il paraît que quand je suis vraiment en colère, j’ai le regard de mon père, un célèbre alpha). Ils eurent cependant le réflexe de s’agripper les uns aux autres. L’esprit de meute a du bon.

–          Vous aimez écouter ? Merveilleux ! Depuis combien de temps n’avez-vous pas fait un stage d’orientation ? Demain après-midi, orientation instinctive dans la forêt de Bord. N’oubliez pas votre bandeau. Je m’assurerai moi-même du bon déroulement de la course. Exécution. Et rangez-moi ces chaises où vous les avez trouvées !

Après avoir bafouillé « oui monsieur l’alpha, bien, monsieur l’alpha », ils filèrent dans leurs chambres, sans rien laisser derrière eux, pas même une miette égarée.

– Où en étions-nous déjà ? dis-je de la manière la plus dégagée possible. Ah, oui, au fait qu’en revenant de l’assaut final, je t’ai trouvé très occupé avec un autre !

Le soleil se levait sur le pensionnat que ce troisième sujet de dispute n’était toujours pas clos.
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Désir d’histoire, 98

Je crois que j’ai fait une bêtise en acceptant la proposition du chef de la meute du Sud. Cependant, diriger un pensionnat de louveteaux m’avait semblé une bonne idée, après toutes les épreuves que j’avais traversées.
Les professeurs m’avaient accueilli avec soulagement. Mon prédécesseur était si désespéré qu’il avait choisi de partir… dans le coffre de sa voiture. Il s’était décidé subitement.

–          Il était devenu paranoïaque à un point qui défiait l’entendement, me dit monsieur Guéry, professeur d’histoire des lycanthropes. Il n’osait plus « tenter une sortie » en dehors des heures de cours. J’ai cru comprendre que vous étiez…
–          Vampirologue et lycanthropologue, précisai-je. (Vous m’aurez peut-être reconnu si vous avez suivi V comme vampire : Gaël de Nanterry).
– Belle combinaison, reprit-il. Heureusement pour nous, il est rarement des vampires enfants. Les malheureux, je les plaindrais. Rester ado toute la mort, ce n’est pas une vie.
–                 Sinon, ajouta monsieur Frédéric, professeur de mathématiques, êtes-vous au courant de la catastrophe ? Trois fois rien, je vous assure. Disons que… à la suite d’un léger conflit entre le principal et certains élèves, deux salles de classes sont impraticables, à croire que les murs ont été construits en craie. Disons qu’ils se sont un peu effondrés. Juste un peu.
– Cela a fait un de ces bruits, commenta monsieur Guéry, contredisant son collègue.
– Je vous rassure, reprit son collègue, une équipe de Trolls très compétents a commencé les réparations. L’immeuble a résisté à leur arrivée.
Non, pas des Trolls, surtout pas.
Je sais : la dernière fois que je vous ai donné des nouvelles, nous nous rendions avec le haut-conseil vampirique, le haut-conseil faerique, le comité trollesque et bien sûr, pleine de loulou garous au Val Fleury, pour conjuguer nos efforts afin de déjouer un complot.
C’était le mois dernier.
J’ai l’impression que c’était il y a un siècle.
Le complot ? Il a été déjoué, je vous rassure tout de suite.
On ramasse les pots cassés, actuellement.
Enfin, si je peux appeler cela des pots.
Et c’est un peu repoussant.
Regarder deux salles de classe démolies est reposant, à côté.
Sauf quand j’ai vu qui dirigeait l’équipe de Troll.
Un spécialiste des Trolls.
Mon ex, Silas Chépukoi.
Oui, nous avons rompu, ou plutôt, « pris un temps de recul afin de reconsidérer notre relation ».
Nous avions reculé dans la même direction, apparemment.
Je l’ai salué, ai posé quelques questions sur les travaux, puis je suis allé jusqu’à mon bureau et me suis enfermé dedans, pour ne ressortir qu’après le départ des Trolls.
Sauf que Silas m’attendait.
Soit.
La soirée allait être longue.
Surtout si je vous explique en détails comment nous en sommes arrivés là.

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V comme vampire, chapitre 11

loup-garou-2283017b56_club-ado_frRésumé des épisodes précédents de v comme vampire : Gaël de Nanterry est un docteur es science des vampires et des loups-garous.  Après une violente agression et des promesses diverses et variées à ses proches, il tente de reprendre le cours de sa vie ordinaire avec Silas, son compagnon. Sa tante a souhaité qu’il devienne son thérapeute, malheureusement, la thérapie de couple est un échec. C’est à ce moment que survient la meute du Sud, dont la louve alpha n’est autre que sa tante Caroline. Ils viennent apporter leur soutien à leurs congénères et autres chauve-souris.

22 h 00 : C’est vraiment gentil de ta part d’avoir proposé d’héberger mon oncle, ma tante, ma cousine, mes cousins, leur garde du corps…

Je crois que je n’avais pas fini de citer tous les loups-garous qui dormaient sous notre toit que Silas me tournait le dos en tirant à lui toute la couverture, signe indubitable qu’il était de fort mauvaise humeur. Je fis la seule chose possible : je me levai et pris ma couette « en cas de catastrophe ».

22 h 05 : me souvins l’avoir prêtée à mon cousin Kit.

22 h 10 : me recouchais et tirais à moi la couverture.

22 h 12 : Silas me déclara que si toutes les chambres et les niches d’amis n’étaient occupées, y compris le canapé du salon et autres fauteuils lacérés, sans oublier la baignoire, il serait allé dormir ailleurs.

22 h 14 : « je peux aller dormir avec Kit si je te dérange. »

22 h 16 : « Hors de question ! Tiens, la voilà, ta couverture ! »

Pour des raisons inexplicables, Silas est jaloux de Kit. C’est à n’y rien comprendre. Kit a quatre mois de moins que moi, autant dire que nous sommes très proches car nous avons grandi ensemble et partager les mêmes jeux. Lui est un authentique loup-garou. Il a de superbes cheveux noirs et bouclés qui lui tombent sur les épaules, des yeux d’un noir profond, un teint diaphane, des épaules de rêve, des abdos superbement dessinés…

Non, je n’ai pas le béguin pour lui, c’est mon cousin ! Je sens que certains lecteurs ont l’esprit mal tourné ! Kit est juste le plus beau loup garou de sa génération, et par extraordinaire il est mon cousin. Ce sont des choses qui ne se commandent pas.

22 h 42 : des loups-garous, cela ronfle énormément. Enfin, surtout Gontheuque, l’un des gardes du corps de mon oncle. Viggo et Harmond, les deux autres gardes, sont plus discrets.

23 h 02 : je ne dors toujours pas. Les loups garous … (refrain connu).

23 h 12 : ma tante prépare une collation nocturne pour ses loupiots (déjà adulte, mais une mère louve ne se refait pas). Elle est venue avec des provisions. Mon cousin Kit a l’estomac délicat, normal il est un alpha délicat.

23 h 14 : « tu penses à ton cousin.

–          Oui, parce que ma tante lui prépare un en-cas.

–          Ce n’est pas une mère-louve, c’est une mère-poule, grommela-t-il.

–          Attention Silas, bientôt, tu grogneras comme un vrai garou.

02 h 14 : je sombre dans le sommeil.

06 h 14 : « ça va pas ou quoi ? »

Un loup garou est rarement de bonne humeur au réveil. Un loup garou qui a dormi dans une baignoire encore moins. Un loup garou réveillé parce que le propriétaire des lieux s’est fait couler un bain…

–          Vous avez eu de la chance que je respecte le code des lycans : ne jamais griffer un hôte. Z’avez une serviette propre non déchirée ?

06 h 42 : l’humeur n’est pas au beau fixe pour le petit déjeuner. Les entrecôtes sont trop cuites, il n’y a quasiment plus de Viandox et tout le monde a mal dormi. Mon cousin Kit a des cernes sous les yeux. Le pauvre doit être fatigué, le voyage a été long, il n’a pas pris le temps de faire des pauses devant l’urgence de la situation et…

–          Réunion de crise à 8 h 00. Cette situation n’a que trop duré. Le haut-conseil vampirique et le haut-conseil faerique se joignent à nous, sans oublier le comité trollesque. Mon cher Silas Machinchosetruc.

– Chépukoi.

– C’est bien ce que j’ai dit, précisa mon oncle Néro de sa voix la plus douce (autant dire que l’on était proche du rugissement de tigre affamé). Vous nous servirez d’interprète et toi, Gaël, tu nous accompagneras – on n’est jamais trop prudent, et les [censurés] qui ont essayé de te supprimer une première fois pourraient avoir envie de recommencer. Ou de s’en prendre à l’un d’entre nous. Meilleur moyen de [censurer] toutes les communautés de créatures magico-fantastiques.  La réunion se tiendra au chêne du Val Fleury.

Kit frissonna, il n’était pas le seul. Le val Fleury n’a de « fleuri » que le nom, et est aussi accueillant qu’une salle de jeux après le passage d’une troupe de louveteaux en pleine croissance. Au moins, les participants ne se laisseront pas distraire par le paysage et verront arriver les ennemis – s’ils ont le courage d’attaquer frontalement.

V comme vampires, chapitre 10

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Résumé des épisodes précédents de V comme vampire: Gaël de Nanterry est un docteur es science des vampires et des loups-garous. Alors que la communauté vampirique est victime d’un complot, Gaël est violemment agressé et ne survit que grâce à une transfusion de sang de vampires. Après avoir promis… plein de choses diverses et variées, il tente de reprendre le cours de sa vie ordinaire avec Silas, son compagnon. Notamment, il reprends son travail mais sa tante a une requête très particulière (une de plus) : faire de lui son thérapeute… de couple.

–          Je t’avais dit que c’était une mauvaise idée.

Je remerciai Silas, non, je n’y avais pas pensé tout seul ! Officiellement, tante Nathalie et oncle Simon étaient venus dîner pour profiter de leur neveu chéri, tout juste rétabli. Officieusement, ils avaient participé à leur première séance de thérapie. C’est l’avantage d’avoir une maison et un cabinet attenant.

L’inconvénient, c’est que mon salon était maintenant dévasté.

18 h 00 : arrivée de ma tante, habillée d’une somptueuse robe en brocard, les cheveux lui descendant jusqu’au bas du dos, le menton fièrement relevé. A trois pas derrière elle, mon oncle Simon. Je surprends une lueur amusée dans son regard. La thérapie est vouée à l’échec, il faut simplement que je limite la casse.

18 h 10 : « Tu-NE-Peux-Pas-Me-Quitter. » C’est fou comme ma tante sait faire entendre les majuscules dans son discours.

18 h 11 : « Mais, si, je peux, je l’ai même déjà fait. Je t’ai quittée. »

18 h 12 : « Je t’aime ». Un cri de louve blessée, sincère, et pour une fois, ce n’est pas l’orgueil de ma tante qui parle.

18 h 13 : « Je ne te crois pas. C’est ta vanité qui m’aime, pas toi. Puis, si tu m’aimais vraiment, tu aurais dû me le prouver plus tôt. »

18 h 14 : Ma tante s’agrippe aux accoudoirs du fauteuil. Elle a sorti ses griffes. Je crois que les accoudoirs sont définitivement fichus.

18 h 15 : « Qu’a-t-elle de plus que moi ? »

18 h 16 : « De moins. Moins orgueilleuse, moins prétentieuse, moins égocentrée, moins pénible. Elle m’aime pour ce que je suis, non parce que je lui sers de faire-valoir. »

18 h 17 : Echec total de la thérapie.

1 Simon n’a rien compris à l’amour sincère mais spécial que lui porte ma tante.

2 Il n’a pas l’intention…

18 h 18 : j’essaie vainement d’empêcher ma tante, qui vient de se métamorphoser, de déchiqueter Simon. J’ai hurlé : « Silas, viens m’aider ! »

Soudain, la fenêtre du salon se brise et une louve au pelage d’un doux beige cendré se jeta sur Nathalie. Elles roulèrent toutes deux derrière le canapé.

–          Elles vont se tuer !

Mon oncle Simon était vraiment un [censuré]. La bataille s’arrêta très vite, et je n’entendis plus que les sanglots de ma tante, redevenue humaine. Et alors que je courais chercher des peignoirs (je ne vous raconte pas l’état des vêtements), la voix de ma tante Caroline me parvint :

–          Ne t’inquiète pas, ça va aller, ça va aller.

19 h 00 : Mon oncle Simon était parti, prudemment. Ma tante Nathalie est pelotonnée dans le  fauteuil qu’elle a lacéré quelques minutes plus tôt, une tasse de thé au viandox fumante à la main. Caroline est assise en tailleur en face d’elle, les mains sous le menton, dans une posture très juvénile.

–          Hum, hum.

Nathalie lança un regard noir au loup garde du corps qui se tenait devant la porte du salon.

–          Gontheuque, vous posez disposer. Je vous avais bien dit que je devais défendre ma sœur.

–          Votre altesse, notre Alpha m’a chargé de veiller sur vous jusqu’à son arrivée.

Caroline soupira doucement. Contrairement à sa sœur, elle était une délicate Oméga.

–          Je ne risque rien, je suis en compagnie de ma sœur chérie (elle posa sa main sur l’épaule de Nathalie, qui étouffa un sanglot) et de mon neveu préféré. Je ne vous demande pas de partir, seulement d’aller dans le vestibule. Ce sont des histoires de filles, Gontheuque, de filles. Vous vous souvenez la dernière fois ????

Gontheuque leva les yeux au ciel et obtempéra. Je sens que Caroline avait des histoires un peu drôles à nous conter.

–          Dès que j’entendrai notre Alpha approcher, je rentrerai à nouveau.

–          Ne vous en faites pas trop, je sens déjà qu’il est fort énervé par mon petit bond.

Silas changeait déjà la vitre – il n’avait pas très envie de voir un de mes « potes vampires » nous visiter. Il ne lui venait pas à l’esprit qu’un Troll, un beau soir, pourrait s’inviter, non ?

20 h 00 : le chef de la meute du Sud fit son entrée, en toute discrétion. Mouais. 125 kilos de muscles pour 1 m 95, le crâne rasé, les yeux flamboyants, il dégageait une telle aura que même Silas avait instinctivement reculé.

–          Je vous rassure, je ne resterai pas longtemps. Votre salon empeste la chauve-souris carnivore à plein nez. Je suis pourtant venu jusqu’ici pour les aider.

Là non plus, je n’aurai pas aimé être son adversaire.

V comme vampire, chapitre 9

Résumé des épisodes précédents : Gaël de Nanterry est un docteur es science des vampires et des loups-garous. Alors que la communauté vampirique est victime d’un complot, il est agressé lors d’une attaque de faë et ne doit la vie sauve qu’à une transfusion de sang de vampires. Après avoir promis… plein de choses diverses et variées, il tente de reprendre le cours de sa vie ordinaire avec Silas, son compagnon.

V comme vampire, chapitre 9 :

Je passai deux jours ainsi, deux jours à répondre aux témoignages de gentillesses de mes patients (les triplés m’avaient envoyé de très jolis dessins, et m’annonçaient leur entrée  à la grande école de Lycanthropie) et aux appels de détresse de ceux qui avaient hâte de reprendre leur thérapie. J’eus également la visite de Nick, qui m’assurait que l’enquête était au point mort (à croire que le chef du complot s’était évaporé dans les airs, tel un fantôme) et que j’aurai bientôt une nouvelle compotée de patients sympas.

8 h 45 : J’ai repris les séances de thérapie. Simplement les cas urgents, et pas aussi tôt que d’habitude. Je prends le temps de savourer un petit déjeuner copieux.

9 h 00 : Je crois que tous les cas sont urgents. Je feuillette mon carnet de rendez-vous. Je constate que Jacob consulte pour des migraines (tiens, il n’a plus de problèmes de puces), que Vlad a des soucis avec sa seconde épouse, qui envisagerait d’aller voir ailleurs, que Spike a du mal avec le sang de synthèse sans goût…

Je crois que je vais y passer la journée et une partie de la nuit.

10 h 00 : Je viens seulement de m’apercevoir que Russel et sa sœur n’ont pas pris de rendez-vous. Volonté de me ménager ?

12 h 00 : Elle se repoudra soigneusement le nez, vérifia son mascara, remit un peu de rouge à lèvres, ébouriffa son ample chevelure brune. D’un œil inquisiteur, elle se rapprocha de son miroir de poche et tira sur la paupière.

–          Tu n’as pas de rides.

–          J’avais cru, dit-elle. La lycanthropie a des avantages.

–          Pourquoi viens-tu me consulter, tata ?

Non, il ne s’agissait pas de ma tante Caroline. La vie était rude, dans la meute du Sud, et elle n’accordait aucune importance à son maquillage. Voici Nathalie de Nanterry, sœur jumelle de mon père – les naissances multiples sont fréquentes chez les lycanthropes, je crois l’avoir déjà dit. Comme mon père, elle est une alpha. Vous avez deux solutions dans ces cas-là, surtout quand on a un égo démesuré comme ma tante :

–          chercher un autre alpha et vous disputer avec toute votre vie, surtout s’il ne parvient pas à occuper la place que vous souhaitez dans la meute.

–          épouser le loup de vos rêves et tant pis s’il n’est qu’un omega, vous serez alpha pour deux et commanderez constamment.

Je vous laisse deviner quelle catégorie ma tante a choisie. Dernière précision : la phrase que mon oncle Simon prononce le plus souvent est : « Oui, chérie, tu as absolument raison. » J’oubliai, mais peut-être vous en doutez-vous : ma tante est la mère de ma cousine Nick.

Comment ça, je ne vous avais jamais dit que Nick (diminutif Angélica, il fallait trouver) était une fille ? Disons que Nick préfèrerait nettement être un garçon, d’ailleurs, en cas de bagarre lupine, il vaut mieux être de son côté. Il n’empêche pendant que je vous explique tout cela, ma tante a eu le temps de m’expliquer qu’elle venait « pour une thérapie de couples».

–           ?????

–          Oui, je sais, je croyais que j’avais dressé correctement Simon (je laisse à ma tante l’entière responsabilité de ses propos), je vois que j’ai relâché la bride. Simon me trompe, avec une jeune louve, il envisage même de refaire sa vie avec elle, maintenant qu’Angelica et les jumeaux sont adultes.

Je tente d’expliquer sereinement à ma tante que je ne prends pas des membres de ma famille en thérapie. Bien sûr, elle me coupe :

– Tu ne crois pas que je vais me ridiculiser devant un de tes collègues ? Hors de questions ! Je veux à tout prix éviter d’être encore plus humiliée que je ne le suis ! D’ailleurs, si tu pouvais fixer l’heure du rendez-vous en fin de soirée, ce serait parfait ! Je veux que personne ne sache pour quelles raisons je viens te consulter.

Je lui demandai si oncle Simon était d’accord.

– Bien sur que non ! Tu peux compter sur moi pour te le ramener, dussè-je employer la manière forte.

Je lui proposai ce soir, neuf heures. Je sentais que la soirée allait être longue. Note : ma tante utilise beaucoup le verbe « vouloir ». Vous pouvez le traduire par « j’exige d’être immédiatement obéi sinon tu n’auras peut-être plus assez de vie pour le regretter. »

V comme vampire, chapitre VIII

Il est temps que cette série gagne son indépendance, et que je propose d’autres textes pour les Plumes. IL faut juste que je trouve un joli logo pour V comme vampire. Tous les autres textes sont rangés dans la catégorie vampire.

« Gaël ?

-Hum ? » Je croyais que j’allais pouvoir me reposer, c’est raté.

« Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de ta tante Caroline ?’

Comment faites-vous quand on vous pose une question embarrassante ? Vous fuyez, vous esquivez ? J’aurai aimé avoir cette lâcheté, malheureusement, j’étais trop amoureux de Silas pour lui mentir.

« Parce que ma tante a une vie personnelle très compliquée, et je ne pense pas qu’elle aurait le temps de venir nous voir. Puis, son mari est un peu dépourvu d’imagination.

–          Dans quel sens ?

–          Dans le sens où il ne peut concevoir que deux hommes soient amoureux l’un de l’autre. Si tous les deux étaient des lycanthropes, passe encore, mais si l’un des deux n’en est pas un, cela dépasse son niveau de de compréhension. »

Je croyais en avoir fini, que nenni.

 » Qu’a-t-il de si particulier, ce loup garou ?

–          Tu vois le chef de la meute du Sud ?

–          Oui, un authentique loup garou dans toute sa splendeur.

–          Et bien… c’est lui.

–           ????? Impossible : ta tante appartient à la meute du Nord.

–          Disons que tu ne connais pas les Garous aussi bien que moi. »

Ce fut le début d’une longue explication, qui me laissa épuisé. Ma tante Caroline est la jeune sœur de mon père, elle est très jolie, que ce soit sous sa forme de louve ou sous sa forme humaine.

« Quelle importance cela a ?

–          Les loups garous séduisent autant sous une forme que sous l’autre, et il vaut mieux se plaire… dans les deux cas.

–          Seigneur ! »

Autant vous le précisez, il n’avait pas fini de s’exclamer.

« Donc mon père ne devait pas vraiment gérer les petits amis collants, il devait aussi faire avec trois ou quatre loups très entreprenants, venus hurler à la lune sous les fenêtres de ma tante.

–          Il s’est battu avec eux ?

–          Non, nous sommes beaucoup plus pacifiques que la légende ne le dit – quoique, la légende nous sert bien. Mon père a juste branché le jet d’eau sur « très froid », et a aspergé tout le monde. Tata a trouvé ça très marrant. Un beau jour, elle est allée se promener dans la forêt, sous sa forme lupine. Non, Silas, non, arrête avec tes exclamations, beaucoup de loups aiment se promener en forêt, en famille parfois. Il faut juste faire attention à ne pas attraper des tics. Est-ce que je t’en pose, moi, des questions, sur les mœurs des Trolls ? Bref, elle n’avait pas peur du grand méchant loup, puisqu’elle avait grandi avec et là BOUM ! »

La bienséance m’empêche de vous dire ce que je détaillais pour Silas. Vous trouverez néanmoins tous les détails dans « Vie en liberté : les moeurs sauvages des Lycanthropes », par le docteur Lénaïck Dufresnes. Je passerai également sous silence les nombreuses exclamations de Silas, qui, se représentant trop bien les choses, me demanda illico un médicament contre la nausée. Je lui répondis que c’était moi qui étais malade, pas lui, et qu’il n’avait qu’à trouver le chemin du placard à pharmacie tout seul.

–          En plus, elle ne savait pas son nom, elle trouvait juste qu’il était vraiment le loup-garou de ses rêves.

Suivi un commentaire sur les goûts de ma tante des plus dépréciatifs. Elle avait tout à faire le droit d’aimer les gros Loups-Garous musculeux aux poils noirs, avec un regard de dingues et des griffes énormes.

–          Elle ne savait pas son identité, mais le soir même eut lieu la rencontre entre la meute du Nord et la meute du Sud. Là, elle eut un choc quand elle le reconnut. Elle eut un second choc quand elle découvrit qu’il était le chef de la meute. Elle s’est évanouie, mettant tout le monde dans l’embarras, surtout mon père et Evan, son meilleur ami.

Silas fit un commentaire comme quoi, c’était drôle, le chef actuel de la meute du Nord s’appelait Evan.

–          Forcément, c’est le même. Non, interrompis-je Silas, pas tout la même journée. D’ailleurs, il est toujours son meilleur ami, et quand on a un fils non poilu et gay, ce n’est pas évident à gérer tous les jours. Bon, Lucius a demandé ma tante en mariage en des termes choisis, ils se sont unis, et ont eu trois enfants : Viviane, Lancelot et Louisiane.

Silas sembla apaisé et ne posa pas plus de questions. Une petite voix dans ma tête se manifestait pourtant, elle était railleuse. Dis donc, me disait-elle, tu es sûre de ne pas avoir un peu édulcoré la réalité ? Quand Lucius a demandé sa main, il a précisé : « sois tu me l’accordes, soit je te défie en combat singulier ». Mon père est grand, mais sa musculature n’était pas développée comme celle de Lucius. Il a donc répondu, de manière fort courageuse : « si ma sœur est d’accord, je le serai aussi. Si elle ne l’est pas, je suis près pour le combat ». Evan, en fin stratège, accepta d’être le témoin : il est un excellent lycanthropologue et se proposait de soigner son ami. Oui, j’ai sauté une étape : tante Caroline eut peur, peur de se retrouver au milieu d’une meute inconnue, peur d’être rejetée au bout de deux mois – elle non plus ne parvenait pas à concevoir des louveteaux. Elle eut le courage de le lui dire, il l’enleva afin de lui faire comprendre l’étendue de son amour. Autant vous dire que cela mit un désordre funeste dans les relations inter-meutes, surtout que les deux chef ne parlaient pas le même langage.

–          Bonjour. Pourriez-vous rendre sa liberté à la jeune Caroline de Nanterry ?

–          Elle est parfaitement libre. De m’épouser.

Et papa ? Il fut inquiet pendant deux jours, temps qu’il lui fallut pour mettre sur pied une expédition dans le but d’aller sauver sa soeur. Lui et son ami Evan étaient déjà sur le territoire de la meute du Sud quand ils croisèrent des loups qui… désertaient, et demandaient l’asile politique au Nord. En cause : le caractère très fort de la toute nouvelle compagne du chef de meute. Mon père fut rassuré, et quand il arriva au palais, ce fut pour trouver sa soeur en train de roucouler avec le chef de meutes. Finalement, lui et Evan furent témoin de leur mariage. Ils vivent heureux, ma tante réaménagea complètement le palais, et ils eurent trois louveteaux.

– Silas, repris-je, maintenant que je t’ai raconté ceci, peux-tu me dire ce que j’ai promis à Russel ?

– Trois fois rien, je te rassure, juste qu’il pourrait te rendre quelques visites de courtoisie. Après tout, tu m’as toujours dit que les vampires étaient très courtois, non ?