Archive | octobre 2020

La boite à musique, tome 2 de Carbone et Gijé

Présentation de l’éditeur :

Sitôt rentrée de sa première visite à Pandorient, le monde merveilleux de la boîte à musique, Nola ne pense qu’à y retourner. Lorsqu’elle repart en cachette, elle tombe en pleine fête nationale ! Tous les habitants sont en liesse, impatients d’assister à la parade du roi Hectorian Ier. Mais une affaire plus urgente appelle Nola et ses amis : Cyprien, le fils du sorcier Anton, est devenu la cible de fréquents rackets. Qui est derrière ces chantages ? Et dans quel but ? Il n’y a pas une minute à perdre, car le danger est bien réel… On en veut au roi !

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Dupuis qui, à l’occasion de la sortie du tome 4 de la boite à musique (tome 4 dont la parution était fixée au 30 octobre, jour du début du confinement).

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé Nola, Nola qui ne peut résister au plaisir de retourner à Pandorient, ce monde extraordinaire qu’elle a découvert grâce à la boite à musique de sa mère. Retourner dans ce monde, c’est aussi retrouver des personnes qui ont bien connu sa mère, qui peuvent lui parler d’elle, évoquer son souvenir, répondre aussi à certaines de ses questions, tout un pan de la vie de sa mère qui lui est inconnu, puisque sa mère n’est plus retourner à Pandorient après la naissance de Nola, et qu’elle a caché la maladie qui l’a emporté à ses amis.

Comme dans le premier tome, Nola, Igor et Andrea découvrent un complot et décident de tout mettre en oeuvre pour le déjouer. Ce n’est pas facile, parce que l’enjeu est double : ce qui a été volé, mis bout à bout, n’est pas anodin, et Cyprien, le fils d’Anton, est victime de rackett. Anton, c’est un jardinier surdoué, véritable papa poule pour ses plantes – et pour son fils aussi. Il était très proche d’Annah, il est aussi plein de ressources : il ne faut surtout pas que l’on découvre que Nola vient d’un autre monde.

Je trouve très bien qu’un album « tout public » aborde des thèmes aussi graves que le deuil ou le rackett. Il est bon de rappeler, toujours, inlassablement, qu’il faut en parler, ne pas rester seul avec ce que l’on vit. En parler, bien sûr, à des personnes de confiance, qui peuvent vous aider, ce qui est bien le cas dans cette bande dessinée.

A bientôt pour la chronique du tome 3.

 

Hana no Breath, tome 1 : Le souffle des fleurs de Caly

Présentation de l’éditeur :

Azami, 16 ans, ne comprend pas la passion de ses amies pour le Yuri et le Yaoi… Elle, elle n’aime QUE les garçons, et surtout le beau Gwen, avec qui elle rêve de sortir depuis le début de l’année! Intelligent, sportif, un peu plus âgé qu’elle et surtout mignon, il a tout du petit ami idéal. Mais comment réagira-t-elle quand elle découvrira que Gwen est en réalité une fille ?!

Mon avis :

J’ai découvert ce manga parce que je vais rencontrer la mangaka Caly, autrice de Hana no Breath, mangas en deux tomes. C’est en lisant ce manga que jeme suis dit que je manquai cruellement de termes techniques pour décrire la manière dont la mangaka dessine. Les personnages m’ont semblé plus caractérisés, moins « ronds », moins « lisses » que les personnages d’autres shojos que j’ai pu lire (note : je n’en ai pas lu tant que cela, et la refermeture des bibliothèques ne m’aidera pas à en lire plus).
Azami a seize ans, et elle attend le prince charmant. Elle ne comprend pas qu’un garçon puisse aimer un autre garçon. Qu’une fille aime une autre fille, elle ne se pose pas vraiment la question, elle, elle aime Gwen, le beau joueur de basket. Note : c’est fou le nombre de filles qui, dans les shojos, aiment les joueurs de basket. Je pense à Waiting for spring d’Anashin, par exemple. Et là, boum, Azami découvre que Gwen est en fait une fille. Pire ou mieux, c’est selon le point de vue, elle découvre que Gwen éprouve aussi des sentiments pour elle. C’est le début de leur histoire d’amour.
J’aurai envie de faire découvrir ce manga à mes élèves (tout est « montrable » dans ce manga, c’est un shojo) parce qu’ils posent beaucoup de questions, pas seulement sur l’amour, la sexualité, ou le genre, mais aussi sur l’acceptation de son propre corps. Azami est une fille, c’est certain, elle a de longs cheveux, elle aime porter des robes, faire du shopping. Et Gwen ? Gwen porte les vêtements de son frère, Gwen se fait passer pour un garçon, avec la bénédiction et la complicité de son entraîneur, Gwen ne mange pas, se bande la poitrine, et ne sait pas trop qui elle est. Azami découvre aussi une Gwen qui était plus féminine – dans son précédent établissement. Alors qui est la véritable Gwen ? Elle-même cherche à le savoir, et c’est pour cette raison qu’elle prend un nouveau départ – ce qui ne signifie pas qu’elle sort Azami ou le basket de sa vie !
En route vers le tome 2.

La proie de Deon Meyer

édition Gallimard – 576 pages

Présentation de l’éditeur :

Au Cap, Benny Griessel et Vaughn Cupido, de la brigade des Hawks, sont confrontés à un crime déconcertant : le corps d’un ancien membre de leurs services, devenu consultant en protection personnelle, a été balancé par une fenêtre du Rovos, le train le plus luxueux du monde. Le dossier est pourri, rien ne colle et pourtant, en haut lieu, on fait pression sur eux pour qu’ils lâchent l’enquête.
À Bordeaux, Daniel Darret, ancien combattant de la branche militaire de l’ANC, mène une vie modeste et clandestine, hanté par la crainte que son passé ne le rattrape. Vœu pieux : par une belle journée d’août, un ancien camarade vient lui demander de reprendre du service. La situation déplorable du pays justifie un attentat. Darret, qui cède à contre cœur, est aussitôt embarqué, via Paris et Amsterdam, dans la mission la plus dangereuse qu’on lui ait jamais confiée. Traqué par les Russes comme par les services secrets sud-africains, il ne lâchera pas sa proie
pour autant…

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour ce partenariat.

Mon avis :

J’aime beaucoup le personnage de Benny Griessel, parce qu’il est un personnage qui évolue. Oui, il reste un policier qui veut toujours aller au bout de ses enquêtes. Oui, il est un alcoolique, mais il fait ce qu’il faut pour ne pas replonger, et il sait très bien que le risque est là, toujours. Sa fille a terminé ses études, son fils est en plein dedans et Benny vit toujours avec Alexa. Vaughn est toujours son coéquipier qui, comme leur colonel en son temps, s’est mis au régime et veille à ce que personne ne soit au courant.

Ce qui évolue aussi est la situation de l’Afrique du Sud, et elle n’évolue pas de façon positive. La corruption est partout, y compris dans la police. Ne parlons même pas des hommes politiques. Le choix est simple : faire avec ou lutter contre, le second choix n’est pas forcément les plus aisé, et demande une attention constante. Prenez Benny Griessel et Vaughn Cupido, ils sont amenés à enquêter sur un meurtre, ce qui est leur métier. Dès le début, pourtant, les complications sont là : le temps qu’il a fallu pour trouver le corps, pour l’identifier. Les témoins ? Encore faut-il les retrouver, vu le temps qui s’est écoulé. L’autopsie ? Le lecteur découvre tout au long du récit à quel point faire des analyses, avoir leur résultat, ce qui nous semble presque de la routine à force de regarder les séries télévisées françaises ou américaines, peut devenir ici un long parcours du combattant, vu le manque de personnel et de moyens. Plus simplement (vraiment ?), il est difficile de mener une enquête quand des instances supérieures vous mettent des bâtons dans les roues ou, miracle ! résolvent le mystère à votre place, et tant pis si cela contredit les indices, les témoignages…. presque rien, au final. Oui, il faut s’accrocher quand on veut que la vérité triomphe.

Alors que ces évenements se déroulent en Afrique du Sud, à Bordeaux, nous trouvons Daniel, dont nous apprendrons petit à petit le passé. Il se contente de peu, Daniel, il exerce un métier peu connu mais qui lui convient parfaitement. Le week-end, il se balade en moto. Il est discret, Daniel. Et puis un jour paf ! la mouche dans le lait : il croise une jeune femme qui se fait agresser dans la rue Il ne peut pas ne pas agir – et c’est là que l’on comprend que Daniel n’est pas un simple restaurateur de meubles. Avec  lui, nous nous retrouvons pris dans un engrenage qui nous dépasse très rapidement, tant il implique pas seulement le passé de Daniel, mais aussi une connaissance des conflits qui ont traversé le continent africain, et même le monde : la guerre froide semble bien oubliée aujourd’hui, et pourtant, elle a laissé des traces profondes dans les coulisses de la politique internationale. Daniel s’est battu pour ses idéaux, ses amis aussi, et si lui a choisi de mettre de la distance entre son pays, son passé et lui, d’autres ont vécu en direct les désillusions, les désenchantements. Ils ont pourtant gardé l’envie…. de quoi ? D’en découdre ? d’un monde meilleur ? De se venger aussi ? Il est difficile de trancher, si ce n’est que les dommages collatéraux seront nombreux.

Plus qu’un roman policier, nous avons là un roman politique, sur les lendemains désenchantés de la société sud-africaine, une société qui pense avoir vaincu ses vieux démons, pour en créer de tout neufs.

La maison du chat noir d’Angès Marot et Bruno Salamone

Présentation de l’éditeur :

Un chat noir, une vieille maison… pour une drôle d’histoire frissonnante !
Depuis l’annonce du déménagement, rien ne va plus pour Zoé : ses parents ne font plus attention à elle et l’obligent à s’occuper de son petit frère. Comble de l’horreur, leur nouveau domicile ressemble à une maison hantée ! Zoé ne s’y sent pas en sécurité, surtout depuis la rencontre avec ce mystérieux chat noir…
Zoé parviendra-t-elle à apprivoiser cette étrange créature aux grands yeux jaunes ?

Mon avis :

Les parents de Zoé ont déménagé, et n’ont pas trop le temps de s’occuper de leur fille. Ils n’ont pas trop le temps de s’occuper de leur fils non plus, et Zoé se retrouve très souvent à prendre en charge son petit frère. Elle aimerait tellement que sa vie soit différente – elle n’aime pas vraiment sa nouvelle maison, elle manque de temps pour elle. Et là, boum ! Un mystérieux chat noir apparaît, et ses parents sont enchantés. Zoé ne voulait-elle pas un chat ? Maintenant, ils ont la place pour en avoir un. Ils trouvent même une explication très rationnelle à la présence de ce chat dans cette vieille maison. Alors pourquoi Zoé constate-t-elle des événements assez étranges, qu’elle est la seule à remarquer ?

La maison du chat noir est un roman parfait pour les fêtes d’Halloween et pour les jeunes lecteurs. Il contient de la magie, du mystère, sans être trop effrayant. Il rappelle aussi que les parents ne peuvent pas être toujours disponibles pour leur enfant, qu’il est des « boums » d’activité qui font qu’ils sont occupés ailleurs. J’ai aimé aussi le personnage du chat, qui montre à Zoé, finalement, l’importance de faire ses propres choix, et les conséquences qu’ils peuvent avoir.

Le prince cruel d’Holly Black

Présentation de l’éditeur :

Enlevée au monde des mortels lorsqu’elle n’était qu’une enfant, Jude vit parmi les Fæs, des créatures sublimes, immortelles… et cruelles. Mais être humaine à Terrafæ est un défi incessant. Et savoir manier l’épée, maîtriser les usages, se protéger des sortilèges, tout cela ne suffit pas. D’autant que Jude s’est fait un ennemi de choix : le Prince Cardan, héritier de la couronne. Pour gagner sa place à la cour, appartenir vraiment à cette terre de magie, Jude doit le défier, quelles qu’en soient les conséquences.

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Je sais que ce livre était attendu par de nombreux lecteurs, il semblait y avoir un grand engouement autour de ce titre. Cependant, c’est sans attente particulière que je l’ai ouvert, et je n’ai pas vraiment été conquise, tout simplement parce que ce livre est très éloigné du genre de livre que j’aime. Attention ! Je ne dis pas que ce livre n’est pas bon, je dis simplement que je ne l’ai pas aimé, et je vais expliquer pourquoi.

Jude et ses soeurs vivent dans le monde des Fæs, un monde extrêmement cruel. Il faut dire que les circonstances qui les ont amenées dans ce monde l’étaient tout autant. Jude passe son temps à se prémunir contre les moqueries, les humiliations, voire les agressions de ses camarades de classe, et cette atmosphère m’a semblé excessivement étouffante. Lire ce que subit Jude était vraiment dur à lire, parce que personne ne lui vient réellement en aide, elle ne peut compter que sur elle-même, d’abord parce que sa soeur jumelle fait tout de son côté pour ne surtout pas être importunée, ensuite parce que Jude n’a pas non plus de soutien de la part de ceux qui l’ont élevé. On pourra toujours objecter que Jude pourrait ne pas provoquer les Fæs – cela reviendrait à dire que les agressions sont le fait des victimes.

La violence est omniprésente dans cet univers, et c’est ce qui m’a déplu. Cependant, l’univers des Fæs est extrêmement riche, complexe. Rien n’est gratuit dans ce qui nous est raconté, décrit, tout fait sens, tout illustre ce monde où tous les coups sont permis – ce qui m’a fait penser à l’univers empoisonné des Borgias – l’abondance des poisons et autres utilisations des épées n’y est pas pour rien. Ce sont de sublimes, d’étranges et de cruelles créatures, prêtes à manipuler tout le monde, y compris les personnes qui leur sont les plus proches. J’excepte cependant Vivi, la soeur aînée de Jude et Taryn. Elle a beau être une Fæ, elle aime sincèrement la jeune fille – humaine – qu’elle a rencontré sur terre, et souhaite véritablement vivre avec elle – reste à savoir comment le faire sans qu’elle souffre. Si les Fæs aiment les humains, c’est à la manière d’un jouet dont on peut faire ce que l’on veut, y compris le casser, l’abimer, et s’en débarrasser très vite.

La construction de l’intrigue est très intéressante. Nous voyons tout à travers les yeux de Jude, et c’est un vrai travail de lecteur de se distancier de son regard subjectif. Si je ne trouvais pas Cardan si cruel que cela – il en est bien d’autres qui étaient pire que lui dès le début – il en est d’autres qui m’ont bien plus inquiété, comme ses frères, ou son ami Valérian. Et le coup de théâtre qui surgit au trois quart du récit, je ne l’avais pas vu venir.

Recommanderai-je ce livre à mes élèves ? A ceux qui aiment la fantasy et ne se laissent pas rebuter par les pavés, oui, sans aucun doute.

 

Emile Titan Opération « Salicorne » de Vincent Baguian et Baptiste Vignol

Charlock : Tome 1, Charlock et la disparition des souris de Sébastien Perez et Benjamin Lacombe

édition Flammarion Jeunesse – 96 pages.

Présentation de l’éditeur :

Étrange fait divers à Paris : Magali la souris a disparu !
Et avec elle, toutes les souris du quartier.
Grâce à son grand courage, Charlock et ses voisins à plumes ou à quatre pattes se lancent à sa recherche.
Charlock n’a (presque) peur de rien !Par les moustaches de Charlock, encore une enquête à résoudre !

Mon avis :

Voici l’histoire de Charlock, qui était au départ un charmant chaton, placé dans une animalerie et adopté par Mamzelle Marcelle, une charmante vieille dame qui vit dans un appartement dont elle n’utilise pas toutes les pièces : l’aspect fantomatique de certains meubles laissent à penser à des jours meilleurs. Mais Mamzelle Marcelle n’est pas malheureuse, elle a des amies, elle sort parfois avec elle, et surtout, elle regarde la télévision en compagnie de Charlock – nous sommes en 1975, ne l’oublions pas.
Et Charlock ? Il s’ennuie un peu, il faut bien le dire, mais pas au point d’attraper les souris ! Elles sont là, elles existent dans l’immeuble mais loin de lui – sauf Magali, avec laquelle il a sympathisé. Ils partagent donc ensemble un certain goût pour les émissions culinaires. Seulement voilà : un jour Magali disparaît, et Charlock va enquêter, avec l’aide d’autres animaux qui n’ont pas envie de voir leurs amies poilues à moustache disparaître.
L’enquête est facile à suivre, et n’est pas sans utiliser des éléments propres aux contes. Les illustrations sont absolument superbes, ce qui n’étonnera pas les fans de Benjamin Lacombe :  il suffit de voir à quel point chaque souris se retrouve individualisée. Un charmant moment de lecture à partager.

Dame d’atout de Alexis Lecaye

éditions du Masque – 480 pages.

Présentation de l’éditeur :

Le commissaire Martin est appelé au milieu de la nuit : le corps d’une fillette vient d’être retrouvé sur le périphérique entre Paris et Pantin. Malgré ses années de service, Martin ne peut s’habituer aux meurtres d’enfants et c’est animé d’une rage folle qu’il se rend sur les lieux du crime. Très vite, l’enquête le conduit au domicile d’un certain Akim Fédiche. Mais l’homme, récemment sorti de prison, semble impossible à confondre et les recherches pour l’interroger restent vaines. Jusqu’à ce qu’on le retrouve pendu, en pleine forêt, à une centaine de kilomètres de Paris dans un simulacre de suicide…

Mon avis :

J’ai enchainé la lecture des deux derniers tomes des dames – série signée Alexis Lecaye – et je dois dire que j’ai parfois du mal à distinguer les deux intrigues, voire à les distinguer des intrigues précédentes. L’une des raisons est que l’on retrouve un des tueurs d’un tome à l’autre, qu’il soit traqué, arrêté, ou relâché. La seconde raison est l’importance donnée aux problèmes personnels des enquêteurs. N’en jetez plus, c’est littéralement : « tu veux ou tu veux pas ? » Martin et Marion ont un fils, Rodolphe, se sont séparés, se sont remis, et dans ce tome, ils se séparent à nouveau à la suite d’une incartade de Martin. Je préfère ce terme à « coup d’un soir », et pourtant, c’est bien de cela dont il s’agit. Marion pourrait être policière : ce sont les cheveux blonds dans le caleçon qui ont trahi Martin ! Fort heureusement, elle n’est pas policière, elle n’est pas membre des experts, et ne fera pas de test ADN. Pardon, je m’égare ? Je vous assure que je prends plus de plaisir à écrire cela qu’à lire ce roman.

Si je retire les atermoiements sentimentaux des principaux enquêteurs, le récit aurait dû être poignant : une fillette est retrouvée morte, une autre est portée disparue, le compte à rebours a commencé pour la retrouver vivante. Partie poignante s’il en est, tout comme la dignité de sa famille. Alors, qu’est-ce qui cloche ? Nous savons à la moitié du roman qui est coupable, pourquoi il a agi ainsi, qui l’a aidé, qui l’a couvert, et le roman aurait pu se terminer une centaine de pages plus tôt. Parce que je ne m’intéresse que fort peu aux coupables, parce que nous évoluons avec lui dans un milieu très aisé, dans lequel sa mère a pu financer les traitements qui étaient censés le soigner. Ces « délires » ne m’attirent pas plus que cela, non plus que les questionnements traditionnels de son épouse, qui ne comprend pas ne pas avoir vu ce qui clochait chez son mari – si cela se voyait si facilement, cela se saurait.

Bref, passez votre chemin, il est d’autres rivages littéraires policiers à visiter.

Des vies à découvert de Barbara Kiingsolver

Présentation de l’éditeur :

Dans ce nouveau roman, Barbara Kingsolver interroge la place des femmes dans la famille et dans l’histoire à travers deux héroïnes : Willa Knox, journaliste indépendante qui doit aider son fils en pleine crise existentielle et Mary Treat, scientifique émérite largement oubliée malgré sa proximité intellectuelle avec Darwin. Ce qui lie les deux femmes : un charisme irrésistible, un intense besoin de liberté et… une maison.

Merci aux éditions Rivages et à Babelio pour ce partenariat.

Mon avis :

Je n’avais à ce jour jamais lu de romans de Barbara Kingsolver, et je dois dire que j’ai été conquise par cette lecture.

Ce roman se lit avec passion, et nous suivons le destin de deux familles, à deux époques différentes, et le premier lien entre elles est le fait qu’elles vivent dans le même quartier, la même maison, à centre quarante ans d’écart. Le second lien est la place de la famille, justement, et de l’éducation que l’on veut bien donner aux enfants. Pour Willa (comme l’autrice) et Ianno, son mari, la question s’est à peine posée. Il est professeur à l’université, elle est journaliste, leur fils a fait les meilleures études qui soient dans la meilleure université possible. Pour Tig, leur fille, c’est plus compliqué : elle n’a pas terminé sa licence, et pourtant, c’est sans doute elle qui est la plus lucide de tous, celle qui est le plus apte à s’en sortir. En effet, le constat est assez dévastateur : pas de poste fixe pour Ianno, qui a passé sa vie professionnelle à courir après une titularisation qui n’arrivait pas, ou qui ne durait pas, les privant de tous les avantages. Leur fils ? Il est endetté pour les dix prochaines années. Son cas n’est pas isolé, et beaucoup de jeunes américains voient déjà leur avenir compromis parce qu’ils ont fait des études qui devaient leur permettre d’avoir un avenir. Cercle vicieux ? Oui.

A l’époque de Mary Treat, le problème était différent, rares étaient ceux qui avaient la chance de faire des études. Le professeur Thatcher Greenwood sait qu’il s’est haussé au-dessus de sa condition, et pourtant lui aussi peine à trouver un poste. Il en a décroché un, à Vineland, dans une petite ville absolument parfaite crée par un bienfaiteur. Les filles sont même majoritaires dans cet établissement. Image idyllique, pulvérisé par l’enseignement qu’on lui demande de prodiguer, un enseignement créationniste, qui vilipende Darwin (un nom à ne surtout pas prononcer) et tous ceux qui veulent expérimenter. Et si les filles sont très présentes, c’est parce que l’on a moins besoin d’elles pour les travaux de toutes sortes. Viendra pourtant le temps où elles retrouveront leur place – à la cuisine. Si elles sont issues d’une famille aisée, ou qui a été aisée comme celle de Rose Greenwood et de sa soeur Polly, leur préoccupation sera autre : bientôt leur corps sera encorseté, soumis au régime, à l’apprentissage des bonnes manières à avoir dans le monde où elles évolueront pour trouver un mari aussi aisé que leur famille, ou plus. Elles occuperont ensuite leur journée à des préoccupations futiles – comment Greenwood peut-il faire comprendre à sa femme que leur maison est plus importante que l’achat de nouveaux gants, ou que son souhait de pratiquer l’équitation ?

L’Amérique des années 2016 est loin d’être idyllique, même pour ceux qui paraissent privilégiés. L’assurance santé coûte cher, très cher, et pourtant, Nick, le beau-père de Willa ne peut être reçu par un médecin – à moins que Willa ne s’engage à le payer directement, à un coût exorbitant. Medicaid, l’obamacare, qui vient tout juste d’être promu ? Certains ont trop d’orgueil pour y avoir recours, d’autres s’y résignent, même si cela fait encore des dossiers à remplir, encore et encore, pour prouver que l’on est bien loin, finalement, du rêve américain. S’il est un personnage constamment réaliste, c’est Tig, la fille de Willa. Ce n’est pas qu’elle est en conflit avec sa mère, avec son père ou son frère, c’est qu’elle dit ce qu’elle a à dire, sans fioriture. Ses analyses sont toujours très justes, ne cherchant jamais à embellir la réalité, ne cherchant pas non plus à blesser, mais à mettre les gens en face de ce qui se passe, dans la famille, dans la société américaine, et dans le monde. Le programme peut paraître vaste : il l’est. Mais j’ai véritablement aimé la force de ce personnage que rien ne peut abattre et qui sait toujours réagir, quoi qu’il se passe.

De la même trempe était Mary Treat, l’une des plus importantes entomologistes et botanistes du XIXe siècle. Elle était une femme, et à ce titre, beaucoup aujourd’hui ne font pas attention à elle, comme si Mary ne pouvait pas être une scientifique, mais une muse pour scientifique, une amie, une confidente. Elle a su, tout en menant à bien ses travaux, être indépendante une fois séparée de son mari, en écrivant des articles scientifiques. Faire connaître la nature aux femmes, faire qu’elles n’aient pas peur des insectes, des araignées, qui font partie de la vie, qui sont nécessaire à l’écosystème qui, déjà à l’époque, était largement malmené, pillé même, comme le dénonçait aussi (et déjà) Mary Treat.

Des vies à découvert est un roman qui nous parle de précarité, de féminisme, d’engagement aussi, dans une société où un clown millionnaire se présentait à la présidence.

Dragonland Tome 1 – Le secret de la vallée des dragons par Johan Heliot

Je suis contente de voir que c’est un premier tome : j’ai aimé l’univers d’Idyllia tel qu’il nous a été présenté, et il a suffisamment de potentiel pour permettre le développement d’autres aventures.

A Idyllia, les dragons sont des montures comme les autres – il faut dire que ce sont les seules montures qui existent. Elles sont donc omniprésentes dans la vie quotidienne, que ce soient celles des chevaliers, de leurs écuyers, mais aussi des marchands de dragon, qui ont parfois fort à faire avec leur marchandise. Oui, il est des dragons qui crachent du feu inopinément, c’est un peu le rôle d’un dragon, on aurait tort de l’oublier. Heureusement, quelqu’un a inventé des colliers spéciaux, qui permettent de maîtriser ses animaux. Heureusement (bis), il se présente parfois des chevaliers tellement prétentieux que l’on a une immense envie de leur fourguer la marchandise, belle mais capricieuse.

Ce chevalier, c’est sire Kendrick. Oui, il en a assez de son ancienne monture, Oom, qui ne crache plus vraiment du feu et ne se montre plus très pimpant. Sûr de lui, de son aura, de sa bedaine (ah, non, pardon, ce sont les autres qui la voient), il n’hésite pas à demander un magnifique dragon, Arzach, le troquant contre Oom et son écuyer Artémus. Oui, quand on ne peut pas (véritablement) payer, on troque. C’est le début d’une quête que personne n’aurait pu prévoir. Artémus n’est pas un écuyer comme les autres, il est très attaché à Oom, et, finalement, très heureux de pouvoir rester auprès de lui, et, qui sait ? l’aider  à réaliser son rêve : rejoindre la vallée des Dragons, où le vieux destrier souhaite finir ses jours. Pour cela, il recevra l’aider d’Iselle, dont la mère est partie en mission un an plus tôt et n’est toujours pas revenue. A-t-elle, finalement, trouvé cette vallée des dragons ? Iselle l’espère. Je pourrai vous parler d’inversion des rôles, puisqu’Iselle est véritablement celle qui mène la mission, et Artémus qui suit, mais plutôt que d’inversion, je vous parlerai de complémentarité, de volonté de progresser, et d’être honnête aussi : Iselle n’a pas peur de dire qu’elle est terrifiée, et rappelle à Artémus que cela ne sert à rien de le cacher.

Comme dans toute quête traditionnelle, ils feront des rencontres, traverseront des épreuves, et trouveront des alliés inattendus, comme sir Kendrick, ou certains dragons qui ne demandent qu’une chose, être libres.