Archive | avril 2022

Agatha Raisin enquête, tome 31 : Au galop ! de M. C. Beaton

édition Albin Michel – 324 pages.

Présentation de l’éditeur :

Lorsqu’elle apprend le mariage de son ami sir Charles Fraith avec une mystérieuse cavalière, le sang d’Agatha Raisin ne fait qu’un tour. Pour en savoir plus sur sa rivale, une idée folle lui vient : se glisser parmi les invités de la cérémonie, au risque de semer la zizanie… Pari réussi : la jeune mariée et Agatha se crêpent le chignon en public. Un coup d’éclat qui la désigne comme la principale suspecte lorsqu’on découvre le cadavre de la mariée dans les écuries du manoir.

Pour prouver son innocence, Agatha se lance dans une course contre la montre : la vérité se présente comme un concours de sauts d’obstacles et la liste des présumés coupables est aussi longue que la queue d’un pur-sang…

Mon avis :

J’ai eu la chance de trouver le tome 31 d’Agatha Raisin le jour même de sa parution. J’ai commencé à le lire le jour même. Je rédige donc ma chronique au fur et à mesure (oui, je sais quand je le commence, je ne sais pas quand je le terminerai.

Jusqu’à la page 104 : que dire ? Que dire non sans trop spoiler, mais sans être trop méchante ? Ce tome 31 est dédié à MC Beaton, et co-écrit avec R.W Green. J’ai eu souvent l’impression de lire une imitation plutôt que de lire une enquête originale. Comme souvent, depuis un certain temps, tous les personnages que nous avons l’habitude de voir avec Agatha sont bien présents au rendez-vous : Charles, son majordome Gustav, Mrs Bloxby, Toni, Simon, Roy Silver et même James – je m’étonne de ne pas encore avoir vu Bill Wong, il est simplement un peu question de lui. Nous les voyons tous, un petit peu, ils font un petit tour et puis s’en vont, ou bien restent, comme Sir Charles et Gustav.

Oui, sir Charles a des soucis, que vous connaissez si vous avez lu comme moi le tome 30, et qui peut les résoudre ? Ne cherchez pas, il s’agit bien sûr d’Agatha Raisin en personne ! Elle a beau ne pas aller très bien et constater le temps qui passe, les kilos qu’elle a pris à cause de toutes les lasagnes-frites qu’elle a mangées, elle se sent nettement mieux maintenant qu’elle a enfin une affaire intéressante à résoudre. Que ne ferait-elle pas pour Charles ? Du grand Agatha Raisin, mais toujours une impression de déjà lu, parce qu’Agatha a déjà dû tirer Sir Charles d’un mauvais pas dans le passé. A croire que ni lui ni elle ne savent tirer leçon de leurs expériences respectives. J’ai noté aussi des descriptions précises des tenues portées par Agatha et par Toni, ainsi que celles des moments qu’Agatha passe avec ses deux chats – il ne faudrait pas les oublier !

Jusqu’à la page 242, page à laquelle j’ai fait une pause, nous sommes dans l’enquête, et l’on peut aimer ou pas cette enquête. L’on comprend enfin pourquoi le roman se nomme « Au galop » puisque Lady Mary était passionnée d’équitation. L’on découvre les principales suspectes – parce qu’il faut bien le dire, ce sont surtout des femmes qui en voulaient à Mary, Sir Charles semble le seul homme qui aurait un mobile de la tuer. Je note cependant que, dans les romans de M.C. Beaton, les victimes sont très souvent extrêmement antipathiques. Agatha n’est pas toujours très sympathique non plus, et il serait bon qu’elle laisse ses enquêteurs, enfin surtout Toni, enquêter, et qu’elle cesse d’être jalouse de la jeune femme. Ce n’est pas très professionnel !

J’ai presque envie d’aller vite pour terminer cette chronique. Bien sûr, je ne révèlerai pas le dénouement, si ce n’est qu’il en décevra sûrement plus d’une. Si, si, j’en suis sûre, comme il m’a déçue moi aussi. Je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait de l’avancement dans la vie d’Agatha, j’ai toujours l’impression qu’elle tourne en rond pour en revenir au même point. C’est peut-être le souci avec ces séries qui durent, qui durent… sans que le temps ne semble jamais passer. Après tout, Agatha a un peu plus de cinquante ans depuis le premier tome…. dont on lui reparle encore aujourd’hui.

 

Bigoudis et petites enquêtes, tome 1 : Panique à Wahlbourg

Présentation de l’éditeur :

Quand la coiffeuse démêle l’enquête
Léopoldine Courtecuisse est coiffeuse dans le bourg alsacien de Wahlbourg. Entre teinture, shampoing et coupe de cheveux, cette mère peine à gérer ses deux adolescents depuis que le père de ses enfants l’a quittée pour sa jeune sœur. Léopoldine déteste son nom de famille et ses parents qui ne jurent que par leur cadette. Mais garde le moral grâce aux séries policières qui n’ont aucun mystère pour elle, tout comme les petits secrets des habitants de la ville qui viennent s’épancher dans son salon.
Un jour, elle découvre le cadavre de Véronique Busch sur le parking de l’hypermarché. Alors que toute la population est sous le choc, Léopoldine, qui a toujours rêvé d’être flic, en est désormais certaine : elle va pouvoir montrer à tous quelle incroyable enquêtrice elle est.
Et ce n’est certainement pas cet arrogant lieutenant Delval qui l’en empêchera, foi de Léopoldine Courtecuisse ! Il se pourrait même qu’il soit contraint de lui demander son aide…

Mon avis :

Merci aux éditions de l’Archipel et à Netgalley pour ce partenariat.

Je lis à peu près tous les cosy mystery que je trouve, et celui-ci ne fait pas exception. Ce genre littéraire a le vent en poupe, pour combien de temps, je ne sais pas, et j’aime découvrir ces différentes variations.

Nous sommes ici en Alsace, et j’ai eu l’impression que Léopoldine Courtecuisse, je pourrai la connaître, la croiser dans la rue, parler avec elle. Elle pourrait être notre voisine, notre amie. Cosy mystery, oui, mais avec un lot de problèmes qui, si l’on regarde bien, ne sont pas si cosy que cela. Léopoldine est coiffeuse, parce que ses parents ne se sont pas beaucoup intéressés à elle, à ses études : sa soeur cadette est tellement plus brillante ! D’ailleurs, elle va se marier, ce que Léopoldine n’a jamais réussi à faire, elle qui a vécu en couple pendant des années et a eu deux enfants, aujourd’hui en mode « ados rebelles ». Pour être plus précise, Constance Courtecuisse épouse l’ex-compagnon de sa soeur aînée, et les parents n’y trouvent rien à redire. Je vous effraie tout de suite : non, ce n’est pas invraisemblable. Certains refusent le mariage parce que les enfants sont le meilleur des liens. Discours facile quand on finit par se marier avec quelqu’un d’autres pour de toute autre raison. Autant dire que les clientes du salon se délectent de la situation, même si, finalement, ce n’est qu’un potin parmi d’autres. Prenez par exemple Véronique Bush, qui est la personne qui se rapproche le plus d’une bimbo, pour ne pas utiliser le nom d’une célèbre marque de poupée. Celle-ci semble avoir de très nombreuses aventures – oui, je ne me mêle pas des potins !!! Léopoldine la trouve cependant sympathique. Elle aurait aimé ne pas trouver son cadavre sur le parking, surtout que le principal suspect est (forcément) le mari (trompé), que Léopoldine a toujours beaucoup apprécié.

Débusquer les secrets, c’est presque son métier. Enquêter, tel était son rêve, et elle le réalise en partie, au grand dam du lieutenant Delval, muté dans le coin à la suite d’une incartade retentissante. Il n’est pas fou de joie d’être là, il l’est encore moins de devoir enquêter et de trouver sur sa route Léopoldine Courtecuisse. Deux personnages qui se rencontrent, ne s’entendent pas et finissent par… s’entendre très bien, c’est un classique, qui fait de ce livre une « romance mystery ». Et pourtant… les secrets exhumés peuvent être glaçants, et interrogent sur le fait de parvenir à vivre, à survivre quand on a connu le pire.

A découvrir si vous êtes fan du genre.

 

 

Gardiens des Cites Perdues, tome 6 : Nocturna

Présentation de l’éditeur :

Sophie Foster traverse une mauvaise passe. Le deuil et l’incertitude la rongent, mais elle sait au moins une chose : elle ne renoncera à aucun prix. Et si les Invisibles ont eu leur part de victoires, la bataille est loin d’être terminée. Le temps est donc venu de changer de tactique, quitte à faire des sacrifices, quitte à reconsidérer ce qu’elle croit. Il peut-être même temps pour Sophie de se fier à ses ennemis…
Or, tous les chemins semblent mener à Nocturna – sinistre porte qui mène à un endroit plus lugubre encore. Pour s’y rendre, Sophie et ses camarades passent donc un marché plus qu’inquiétant. Mais rien n’aurait pu les préparer à ce qu’ils vont y découvrir. Les difficultés qu’ils vont affronter les renvoient loin, bien loin en arrière, dans les méandres de leur passé. Le temps manque, les erreurs s’accumulent… s’ils veulent survivre, Sophie et les siens vont devoir joindre leurs forces comme jamais auparavant.

Mon avis :

Je le dis, je le répète : merci à l’élève qui me prête ces tomes (oui, j’ai interverti les tomes 6 et 7 dans la publication, tant pis).

Sophie a traversé à la fin du tome 5 un événement très difficile, et c’est loin d’être le seul qu’elle a dû traverser. Elle doit faire avec, ou plutôt sans, et les absences se font cruellement sentir. Les Invisibles, eux, ne lui laissent pas de répit, elle doit simplement espérer qu’ils ne découvrent pas certains secrets. Ce n’est pas facile, surtout quand on sait qu’ils sont capables de s’infiltrer, d’avoir des espions, bref, Sophie et les siens sont rarement tranquilles.

Je ne parlerai pas trop de sa vie sentimentale, parce qu’elle avance lentement. Je ne vous parlerai pas non plus de mes préférences – ce n’est pas parce que Sophie préfère l’un des garçons que c’est mon cas. Les mystères de l’amour (air connu).

Nocturna, en tout cas, n’est pas le lieu le plus sympathique qui soit. Les elfes ne sont pas non plus les créatures les plus sympathiques qu’ils soient. Tous ne sont pas des invisibles ? Certes. Mais beaucoup trop sont convaincus de leur supériorité par rapport aux autres espèces, beaucoup discriminent les elfes qu’ils jugent différents. Il est des choses qui doivent changer.

Le code de Katharina de Jorn Lier Horst

Présentation de l’éditeur (abrégé) :

Cela fait vingt-quatre ans que Katharina Haugen a disparu. Depuis, Wisting explore obstinément les archives de ce dossier non élucidé. Et personne n’a jamais pu déchiffrer ce qu’on appelle le code de Katharina : des chiffres, des lignes et une croix que la jeune femme avait griffonnés sur une feuille trouvée dans sa cuisine.

Mon avis (bavard) : H

J’ai acheté ce livre sans lire le quatrième de couverture. Je voulais simplement lire un roman « pour adulte » de Jorn Lier Horst, moi qui avais apprécié ses romans de littérature jeunesse. J’ai choisi ce roman parce que le titre me plaisait : Katharina est, à une lettre près, le prénom de mon arrière-grand-mère paternelle.

Nous sommes en Norvège, il est bon de toujours s’en souvenir, parce que le roman policier n’est pas du tout traité de la même manière, et l’enquêteur non plus. William Wisting est tout proche de la retraite mais sa vie privée n’est pas un désert pour autant. Il est veuf, sa femme est morte sept ans plus tôt. Ils ont eu deux enfants, des jumeaux Line et Thomas. Line habite juste à côté de chez son père, ce qui est pratique, il peut ainsi voir (et garder) Amalie, sa petite-fille. Line est journaliste, actuellement en congé maternité, Thomas est pilote d’hélicoptère et rend visite à son père, à sa soeur, chaque fois qu’il rentre de mission. Pas d’amertume, de secrets, de non-dits entre eux. Attention : ses enfants savent très bien que Wisting ne peut révéler les secrets d’une enquête, et sa fille, même si elle doit écrire des articles sur l’affaire dont s’occupe son père, le comprend parfaitement. Chacun son travail, chacun les règles de déontologie liées à son métier.

Seulement, dans la carrière de Wisting, il est une affaire qui est restée comme une épine dans le pied : l’affaire Katharina Haugen. Vingt-quatre ans qu’elle a disparu, et rien ne permet de savoir ce qu’elle est devenue. La seule certitude est que son mari est hors de cause. Depuis vingt-quatre ans, Wisting a même tissé des liens avec lui, ils se voient régulièrement, vont parfois à la pêche ensemble. Cette année, cependant, c’est un peu différent : Martin est absent le 10 octobre, jour anniversaire de la disparition de sa femme, alors qu’il n’avait jamais manqué un anniversaire. Que’ se passe-t-il ?

Pour Wisting, ce qui se passe est qu’il est de son côté convoqué pour oeuvrer sur un cold case : l’affaire Nadia Krog, qui a eu lieu deux ans avant la disparition de Katharina. Or, si dans les séries télévisées, les disparitions semblent fréquentes, en Norvège, ce n’est pas du tout le cas. Même les enlèvements sont rarissimes. Grâce aux nouvelles technologies, un lien a été trouvé entre les deux affaires, un lien, ou plutôt une personne : Martin Haugen.

Si le polar était français, nous aurions peut-être des pages et des pages de circonvolution, de tempêtes dans un crâne, voire peut-être même un enquêteur qui prévient discrètement le suspect, parce qu’il a l’intime conviction qu’il est innocent. Bref, nous courrions au désastre. Wisting a aussi une intime conviction : la vérité doit être découverte. Il faut suivre les faits, les indices, voir ce qui ne va pas, regarder d’un oeil nouveau les dépositions faites vingt-quatre ans plus tôt, chercher toujours, pour trouver. Il ne s’agit pas de bousculer un suspect, un témoin, rien de tout cela. Il s’agit de savoir – enfin – parce qu’il y a forcément quelqu’un qui sait alors que les proches, eux, ne savent toujours pas ce qu’il est advenu de Nadia, de Katharina.

Alors certains pourront trouver que le rythme est lent, qu’il ne se passe pas grand chose. Nous ne sommes pas ici sur la piste d’un tueur en série, il ne s’agit pas de courses contre la montre. Il s’agit de mettre en oeuvre tous les moyens matériels, humains et psychologiques pour avoir enfin le fin mot d’une enquête criminelle. Il se pose aussi, pour certains, la question de la prescription. Elle existe en France, elle ne semble plus exister en Norvège. On peut trouver injuste de poursuivre un homme, une femme qui a changé pour un crime commis bien plus tôt dans sa jeunesse, on peut aussi trouver injuste qu’il ait ôté la vie de quelqu’un et qu’il ait poursuivi sa vie comme si de rien n’était.

Les fans l’auront déjà lu quand cet avis sera publié….

Gardiens des cités perdues, tome 7 : Réminiscences de Shannon Messenger

Présentation de l’éditeur :

Sophie Foster ne sait pas quoi (ou qui) croire. Et dans un jeu avec autant de joueurs, la pire erreur peut devenir la mauvaise menace. Mais quand les Invisibles prouvent à Sophie qu’elle est bien plus vulnérable qu’elle ne l’avait jamais imaginée, elle réalise qu’il est temps de changer les règles. Ses puissantes capacités ne peuvent plus la protéger à présent. Pour affronter des ennemis impitoyables, elle doit apprendre à se battre. Malheureusement, l’entraînement au combat ne peut pas aider un de ses plus proche ami qui fait face à un danger tout à fait différent, où la seule solution implique l’un des plus grands risques que Sophie et ses amis n’aient jamais pris. Et la distraction pourrait être exactement ce que les méchants attendaient…

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à remercier mon élève qui me prête fidèlement les tomes de cette série.

Ce que j’apprécie est que le quatrième de couverture ne spoile pas l’intrigue. Je dirai simplement que Sophie a tout sauf le temps de se reposer au début de ce tome 7. Les elfes semblaient pourtant penser que tout allait mieux, ils avaient même pris une décision étonnant concernant… le coup de théâtre qui concluait le tome 6. Cette décision ravit peu de monde, surtout pas Sophie et ses « très proches ». Et c’est là que les soucis continuent, parce que Sophie a beau avoir de nombreux pouvoirs, elle n’est pas invulnérable, et ses ennemis semblent avoir plusieurs longueurs d’avance sur ses alliés. Heureusement, elle et ses proches ont un très bon médecin, qui risque le surmenage à chaque tome. Vu ce que Sophie subit, il vaut mieux, en chroniquant, faire preuve d’un peu d’humour.

Il vaut mieux qu’elle en ait elle aussi parce que la convalescence est longue, on ne se remet pas de « tout ça » d’un claquement de doigt. Elle doit faire aussi avec les épreuves que traversent ses amis et sa garde rapprochée et nombreuse. J’ai une tendresse particulière pour Ro, qui manifeste toujours beaucoup d’à propos en dépit de ses soucis personnels – oui, la fille du roi Dimitar n’est pas seulement une excellente guerrière, elle a aussi une vie personnelle totalement inattendue.

Un tome qui m’a plu et qui plaira aux fans. Mon élève m’a prêté le tome 8 hier.

Frères ennemis Cold War : Jeu d’espions par Mark Zellweger

éditions Eaux troubles – 208 pages

Présentation de l’éditeur :

Alexei et John font figure de vétérans au sein des services d’espionnages soviétiques et américains alors qu’ils se rencontrent pour la première fois dans le nid d’espions qu’est devenu Berlin en plein blocus en ce mois de juin 1948.
Ces deux jeunes hommes hors normes nous font vivre la lutte sans merci que l’Occident et l’Union soviétique se livrent par l’intermédiaires de leurs agents.
Chaque camp espionne l’autre dans une course effrénée au leadership mondial. Les agents doubles pullulent de chaque côté et les maîtres espions se tapissent dans l’ombre. Mais qui est qui dans ce monde opaque ? Les espions les plus implacables sont-ils ceux qu’on pense ? Qui sont les taupes de chaque camp !

Mon avis : 

Il est toujours délicat de chroniquer un service de presse que l’on n’a pas vraiment apprécié. Et pourtant, c’est bien le cas ici.

Je ne lis pas souvent des romans d’espionnage, les seuls que j’ai apprécié jusqu’à présent sont ceux signés Tom Clancy (Jack Ryan !!!!) et John Le Carré (La maison Russie !!!). Le premier chapitre était prometteur et puis… j’ai eu du mal. Réellement. J’ai eu du mal à croire en cette histoire, en cette amitié entre deux super espions, qui se réunissent dans un bar régulièrement, sans que cela pose trop de soucis. Et tant pis s’ils sont entourés par d’autres espions. Tant pis si l’on cherche à les éliminer. J’ai trouvé que certains ressorts de l’intrigue étaient un peu trop simples, ou plutôt que tout se résolvait très facilement, comme si certains avaient beaucoup de chance, et d’autres beaucoup moins. Oui, je ne veux pas trop en dévoiler non plus, parce qu’il est sans doute des lecteurs qui aimeront ce livre. Le contexte historique, par exemple, est intéressant à découvrir, en ces tout débuts de la guerre froide : Berlin est coupé en deux, la RFA et la RDA (ces pays que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître) sont en place, et tout est bon pour débusquer les traitres. Ne parlons pas non plus de la situation en Russie, ni de celles aux Etats-Unis. De toute façon, est-il un pays sûr pour ceux qui auraient envie de trahir leur patrie ? Je ne crois pas.

Bref, un roman à côté duquel je suis passé complètement à côté.

L’île de la peur de Léon Groc

Présentation de l’éditeur :

Stan KIPPER, le célèbre « roi des détectives » américain installé en France, profite d’une succession pour retrouver son village natal, à Shelton City, dans le Tennessee. Assis sur la terrasse de la maison familiale située au bord du Mississippi, il fume des cigares en observant Fear’s Island, l’île de la peur, un îlot maudit à la suite du massacre au siècle précédent d’une communauté de Visages-Pâles par les Peaux-Rouges.
Depuis ce drame, les lieux sont demeurés déserts et nul autochtone ne se risquerait à y déposer les pieds, encore moins à y passer la nuit.
C’est pourtant ce que fait une actrice française, le soir anniversaire du terrible événement, pour relever un défi.
Stan KIPPER, connaissant la comédienne, est ravi de la revoir, mais celle-ci lui demande de trouver la raison pour laquelle l’homme qui a engagé le pari s’est mystérieusement volatilisé et que la somme laissée en gage dans le coffre-fort de son hôtel était composée d’un faux billet.
Stan KIPPER accepte l’enquête, en apparence pas très sérieuse, sans se douter des risques que lui et sa cliente vont encourir pour la résoudre…

Mon avis :

Je découvre ce détective avec cette enquête, qui n’est pas la première mais la sixième. Qu’importe pour moi, c’était le sujet qui m’intéressait.

Stan Kipper est le roi des détectives, il est de retour dans son pays natal, pour… eh bien pour se reposer, prendre des vacances, en quelque sorte. Il est là en famille, il dîne même paisiblement en compagnie de sa soeur, son beau-frère, ses neveux, évoquant la légende locale qui, il faut bien le dire, lui faisait peur étant enfant et continue à lui faire peur.

Enquêter ? Non, vraiment pas, même pas quand une série de braquage est commis et que son aide est demandé. Non, il n’a pas envie. En revanche, sa curiosité est titillée quand une comédienne dont il a fait la connaissance en France sollicite un conseil. Elle est française, cela veut dire beaucoup, et elle n’a pas eu peur de passer la nuit sur l’île maudite. Elle y a même très bien dormi, pas dérangée du tout par les fantômes des hommes, des femmes, des enfants qui y ont été massacrés. Pourquoi accepter de dormir sur cette île ? Parce qu’elle est française, on l’a déjà dit, et elle n’a pas grandi avec le souvenir du massacre commis sur l’île sous ses yeux. Elle avait aussi besoin d’argent, ayant épuisé tout l’argent qu’elle avait gagné – parce que sa tournée américaine a un peu tourné court. Seulement, le parieur l’a mis en difficulté, lui ôtant tout moyen de quitter l’île même une fois l’heure de la fin du pari terminé, et il l’a payé en fausse monnaie. Cela fait beaucoup !

Stan Kipper enquête donc, comme une manière de se détendre. La détente ne durera pas longtemps, et rester sur le qui-vive sera plus qu’important pour lui, et pour la jeune femme. On ne leur veut pas que du bien, et ce qui ressemblait à une plaisanterie n’en était pas forcément une. Il est des personnes qui sont très ingénieuses et ne reculent devant rien pour parvenir à leur fin. Se servir des peurs des autres, bien connaître l’histoire locale et pas seulement sa légende peut être vraiment très pratique.

Un bon moment de lecture.

Asphalte par Matthieu Zaccagna

Présentation de l’éditeur :

« Courir déterminé, en un bloc solide, résistant. Se faire violence, serrer les dents, plisser les yeux, broyer l’asphalte. Courir vite, sentir la vie, maintenir l’urgence, ne jamais ralentir, jamais faiblir. Respirer fort, mécaniquement, trois inspirations, trois expirations, toujours, même dans les montées. Sentir qu’on brûle, qu’on arrache cette chose, qu’on tient bien là, doigts moites, mains tremblantes. Cette chose qu’on serre, qu’on use, qu’on épuise, ce corps qu’on purge, que diable peut-il contenir pour qu’on l’éprouve ainsi ? Courir avec méfiance, avec défiance, sans compromis, sans concession, slalomer entre les voitures, les piétons, les deux-roues, les laisser derrière, tous. S’échapper, partir d’ici, partir de soi. J’avance dans les quartiers nord de la ville. Mes cuisses sont en vrac. Mes genoux, pareil. Je ne m’arrête pas. J’abîme la douleur. Dans l’aube naissante, la brume se dissipe sur l’eau du canal. J’ignore combien de temps je vais pouvoir tenir comme ça. »

Merci aux éditions Noir sur Blanc, et à netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Il est une formule que j’ai souvent lu, pour définir des styles qui parfois n’en méritaient pas tant : « un style épuré ». Les critiques qui utilisent ces termes n’ont sans doute pas encore lu Asphalte, qui redéfinit le sens de cette expression.

Rien n’est inutile, tout est haletant, oppressant. Le narrateur a survécu, le narrateur se construit au fil des pages et des courses, lui qui n’a pu le faire jusqu’à présent.

Pas de place pour la sensiblerie, qui n’a rien à voir avec la sensibilité. Un adolescent, presque un jeune adulte, a grandi avec un père dominateur, violent, narcissique, et une mère qui ne pouvait se défaire de son emprise. Nous découvrons ce qu’il a vécu au cours de retour en arrière bref, précis, et douloureux. L’écriture nous laisse peu de répit, parce que le narrateur en a peu. Il fait deux belles rencontres cependant, deux personnes qui ne demandent rien, ne jugent surtout pas, comme lui ne juge pas ceux qu’ils rencontrent. Il voit, il dit, il ne brode pas.

Une oeuvre forte.

Sphaira d’Alice Nine

Présentation de l’éditeur :

Sphaira, le monde parallèle qui maintient l’équilibre de la Terre, est menacée. L’énergie qui l’anime vacille. Quand Jem, natif de la sphère, et Lucy, son élève terrienne, se rencontrent, ils ignorent qu’ils vont devoir s’allier pour sauver leurs mondes. Peu à peu, les secrets éclatent et les masques tombent. Le temps est venu de tout recommencer. Pour cela, ils doivent choisir : se battre et rester, ou laisser Sphaira décider de son avenir ?

« Vaincre, ou ne rien sauver. »

Merci aux éditions Explora et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Grâce aux éditions Explora, je découvre de nouveaux univers de science-fiction, genre dont je n’étais pas du tout coutumière.

Lucie découvre Sphaira, et elle n’est pas vraiment enthousiaste. Quelques années plus tôt, il lui a en effet fallu digérer beaucoup de choses, notamment le fait qu’elle était une mêlée, et qu’elle devait partir pour Sphaira, être formée et devenir une testeuse et ainsi, influencer le destin de certains terriens. Pour cela, elle a dû sacrifier ses rêves pour accomplir son destin, comme c’était le destin de ses parents avant elle. La différence est que ses parents ne semblent pas se plaindre de leur vie et ne mesurent pas ce qu’ils demandent à leur fille aînée – elle a deux jeunes frères.

Lucie est une jeune fille d’aujourd’hui, c’est à dire qu’elle accepte d’aller à Sphaira, de suivre la formation, il ne faut cependant pas lui demander de tout accepter docilement. Se questionner sur ce qu’elle voit, ce qu’elle vit, ce qu’on lui demande, oser dire ce que l’on pense est très important. Lucie « détonne » dans un paysage où pas grand chose ne bouge, mais où il était nécessaire que les choses bougent – enfin.

Jem est son tuteur, et il est le meilleur testeur de Sphaira. Ce n’est pas lui qui le dit, et il accepte mal ce titre, qu’il juge totalement immérité. Il n’est pas parfait, cependant il fait avec la forte personnalité de Lucie, il fait avec ses propres doutes aussi, avec ses douleurs qu’il ne tient pas à partager, ce qui n’est pas forcément facile. Ils doivent s’unir, ils ne se doutaient ni l’un ni l’autre, et surtout pas Jem en dépit de son expérience, de ce qui les attendait.

Surprenant ? Oui. Déstabilisant ? Parfois. Il faut se poser la question : jusqu’où certaines personnes sont prêtes à aller pour conserver leurs privilèges ? Loin. Très loin. Et tant pis pour ceux qui auraient l’outrecuidance de se mettre sur leur toute.

A découvrir.