Archive | mai 2014

Le mois anglais

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Le mois anglais est organisé par Titine, Lou, Cryssilda, et il commence demain, pour durer tout le mois de juin.

Pour la première fois, peut-être, je manque singulièrement d’allant, et ne brillerai pas par mes participations.

J’ai pris un peu d’avance, et voici les lectures déjà effectuées (je n’ai plus qu’à rédiger certains billets, d’autres sont déjà programmés).

1 Lisette Leigh, nouvelle d’Elisabeth Gaskell.

2 L’Étrange Affaire du loup de la nuit de Paul Stewart et Chris Riddell

3 L’Étrange Affaire du crâne d’émeraude de Paul Stewart et Chris Riddell

4 L’Étrange Affaire des morts-vivants de Paul Stewart et Chris Riddell

5 Bons baisers de Russie de Ian Fleming

6 Miss Seeton prend l’avantage d’Hampton Charles.

7 La maison sans pareil, tome 1 d’Eliott Skell.

10371695_437754543028620_279394323770970294_nSi tout va bien, j’espère lire aussi un roman d’Agatha Christie, et un autre d’Amanda Grange.

Sauf les fleurs de Nicolas Clément

tous les livres sur Babelio.com

Edition Buchet-Chastel – 75 pages.

Quatrième de couverture :

Marthe vit à la ferme avec ses parents et son frère Léonce. Le père est mutique et violent, mais l’amour de la mère, l’enfance de Léonce et la chaleur des bêtes font tout le bonheur de vivre.
À seize ans, elle rencontre Florent et découvre que les corps peuvent aussi être doux. Deux ans plus tard, le drame survient. Les fleurs sont piétinées, mais la catastrophe laisse intacts l’amour du petit frère et celui des mots.
Une histoire bouleversante et charnelle, une langue d’une puissance étincelante : la voix de Marthe, musicale et nue, accompagnera le lecteur pour longtemps.

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Mon avis :

Pour moi, cette lecture fut un véritable coup de coeur.
Ce roman est court ? Et alors ? Là où d’autres auteurs confondent brièveté et vacuité, Nicolas Clément crée un univers d’une densité rare, un langage poétique et foisonnant, où les mots se télescopent dans l’urgence.
Nous ne savons pas à quoi ressemblent Marthe et son frère Léonce. Peu importe ! Nous savons la force de l’amour qui les lit, nous savons la violence qu’ils endurent, nous savons l’apaisement qu’ils trouvent dans la campagne, auprès de leurs bêtes, nous savons leur jeunesse injustement bafouée. Nous savons aussi qu’il est difficile, voir impossible d’échapper à la tragédie. Même s’ils ont toute la vie devant eux. Même si l’amour est là.
Sauf les fleurs, un roman à lire absolument.

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Pas assez pour faire une femme de Jeanne Bénameur

Présentation de l’éditeur :

Elle a 17 ans, le bac en poche, l’université l’attend, la liberté aussi dans sa chambre d’étudiante loin de ses parents. Le roman commence dans la chambre de l’homme, la chambre, où elle va devenir une femme amoureuse, épanouie. Avec lui, elle va grandir. Elle va aussi exorciser les démons de l’enfance qui jusqu’à présent l’empêchaient de devenir une femme.

Challenge-Jeanne-BenameurMon avis :

Je commencerai par un regret : ce livre est trop court, et j’aurai vraiment aimé en savoir plus sur l’itinéraire de la jeune narratrice.

Nous sommes au début des années 70, et nous sommes bien loin des clichés que certains véhiculent. Non, mai 68 n’a bien tout révolutionné, il reste encore bien du chemin à parcourir. Les étudiants font peur, et l’on préfère les parquer loin de la ville pour « qu’ils puissent étudier tranquillement ». Ah, ils ont bien, là-haut, pour étudier, loin des rumeurs de la ville, sans transports en commun, sans presque toutes les commodités dont ils ont besoin, justement. Une même situation, deux points de vue ? Non, pas vraiment – il en a fallu des décennies, dans certaines villes, pour que les étudiants regagnent le coeur de la cité, démonstration par l’absurde qu’ils faisaient véritablement peur. Serait-ce aussi un signe que la jeunesse actuelle est incapable de se révolter ? A voir.

Mais revenons à notre roman . La majorité est encore à 21 ans, et les parents de l’héroïne peuvent lui couper les vivres s’ils le souhaitent. Ou plutôt, le père peut lui couper les vivres : l’autorité parentale s’est substitué à la puissance paternelle en 1970, mais il faut encore du temps, dans la pratique, pour que ce changement entre dans les moeurs. Il faudrait pour cela qu’on ose s’opposer au père : ni la mère, ni la soeur aînée ne le tentent. Crainte des conséquences ? Là où la cadette ne compte que sur elle-même pour réussir, l’aînée attend plutôt un mari qui lui assurera son indépendance (sans voir, bien sûr, à quel point elle sera dépendante).

Ce que j’ai aimé aussi, dans cet éveil, cette libération, c’est que son amoureux lui permettra de sortir de sa coquille, de devenir indépendante, mais qu’elle ne le prendra pas ni pour un tuteur, ni pour un mentor. Elle saura aussi s’affranchir de lui, comprendre qu’ils ont vécu une belle histoire et poursuivre son chemin sans avoir besoin, à chaque décision, de son approbation. Il lui fait découvrir certains auteurs, mais elle n’est pas non plus une parfaite ignorante, elle a son propre vécu, ses propres connaissances, des goûts littéraires bien affirmés.

Et c’est là que le bas blesse, entre ses deux amoureux que tout semble avoir réuni : leur passé. Si, pour Judith, la vie d’Alain, baigné dès son plus jeune âge dans la culture, paraît idéale, il n’en reste pas moins qu’il a lui aussi des faits, dans son passé qui l’empêche d’être pleinement heureux. Nous n’en saurons pas plus, tout comme nous ne saurons pas complètement les causes des cauchemars récurrents de Judith, nous les devinerons seulement. Après tout, il n’était pas nécessaire d’en dire plus puisque certains détails, certaines remarques acerbes de Béa, soeur aînée de Judith, permettent de comprendre.

Pas assez pour faire une femme, encore un beau roman signé Jeanne Bénameur.

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Sarajevo omnibus de Velibor Colic

-1-181-2Présentation de l’éditeur :

Sarajevo omnibus propose un portrait de la ville de Sarajevo à travers différents personnages historiques ou lieux emblématiques, qui ont tous un rapport avec la tragédie inaugurale du vingtième siècle : l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914. Ainsi nous rencontrons tour à tour Gavrilo Princip, ce jeune Serbe dont le geste déclencha le cataclysme de la Première Guerre mondiale ; Viktor Artamanov, affairiste russe illuminé, qui finança au nom du tsar l’aventure de la «Main Noire», organisation terroriste vouée à la libération de la Serbie du joug austro-hongrois ; le fondateur de la Main Noire, le colonel Dimitrijević dit «Apis», qui bâtissait ses théories grand-serbes en buvant de la slivovice dans un fameux bistrot de Belgrade ; Ivo Andrić, immense écrivain, Prix Nobel, qui appartint un temps à cette mouvance…

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Mon avis :

J’ai acheté ce livre au salon Passage de témoin de Caen. Le quatrième de couverture m’avait plu – et il s’inscrit parfaitement dans cette année 2014, qui commémore la Première Guerre Mondiale.

Il est question ici de l’événement qui déclencha tout : l’assassinat de François-Ferdinand, neveu de François-Joseph. Et si la chute de l’empire austro-hongrois avait commencé bien plus tôt, à la mort de Rodolphe ? Ou quand François-Joseph prit la décision de ne pas faire de sa petite-fille son héritière ?

Sarajevo omnibus est un roman, qu’on ne s’y trompe pas, un roman plus vrai que nature qui retrace l’histoire de ceux qui assistèrent à cet événement historique et de ceux qui l’ont préparé. Mesuraient-ils la portée de leur acte, ces jeune gens maladroits, aidés par une chance improbable ? Je ne le crois pas. D’autres, par contre, savaient parfaitement ce qu’ils faisaient, comme ces membres de la Gestapo, qui mirent toute leur énergie et leur folie à anéantir la communauté juive séfarade – en tentant aussi d’anéantir leur culture. Ainsi, la manière dont la Haggadah de Sarajevo fut sauvée est bouleversante, ne serait-ce que parce qu’elle dépasse les clivages religieux, et que ceux qui l’ont protégé ont trouvé la mort, à cause de la folie des hommes. L’auteur n’oublie pas l’histoire de la ville, et de ces monuments, comme celle du pont auprès duquel aura lieu l’attentat. Recueil de moments, de courts récits qui tendent tous vers cet événement unique.

En appendice, la vie rêvé du grand-père de l’auteur, dont on ne sait s’il faut en rive ou en pleurer. Il est presque le héros d’un conte, tant il surmonte d’épreuves, tant il perd tout, pour parfois tout retrouver. Les femmes qui partagent sa vie meurent jeunes, quand elles ne sont pas tout droits sorties d’un récit légendaire. D’ailleurs, les femmes meurent presque toutes dans la fleur de l’âge, dans ce récit, quand elles ne mettent pas fin elles-mêmes à leur vie.

Sarajevo omnibus ou l’occasion, pour moi, de découvrir une littérature que j’ignorais jusque là.

Louis Denfert, tome 5 : le royaume disparu

Présentation de l’éditeur :

Paris, 1898. Au jardin d’Acclimatation, les visiteurs se pressent pour admirer un village dahoméen postiche reconstituant le folklore du peuple d’Afrique de l’Ouest. Mais quand deux villageois sont retrouvés décapités, des bâtons à messages plantés dans le fond de la gorge, il n’est malheureusement plus question de représentation. Louis Denfert embarque alors pour le Dahomey, dans l’espoir de rapporter les premières images animées du continent noir, et s’élance sur les traces d’un insaisissable meurtrier…

Mon avis :

J’ai attendu longtemps cette nouvelle aventure de Louis Denfert, dont la parution a été annoncée, puis repoussée. J’ai lu cette histoire avec plaisir, mais sans ressentir de coup de coeur, contrairement aux précédents opus.

Nous sommes en 1898, personne ne s’oppose à la colonisation de l’Afrique. Il est normal que les peuples vaincus paient un impôt à leurs vainqueurs, il est normal que des occidentaux dirigent l’ex-Dahomey, et exhibent à Paris les membres de la tribu, sans chercher à approfondir les clichés qui circulent déjà sur les sauvages, sans se demander s’ils ne possèdent pas leurs cultures, leurs remèdes, leurs dynastie.

Un meurtre atroce a eu lieu ? Normal, ce sont des sauvages. Le mobile ? Ce sont des sauvages, vous dis-je. N’insistez pas, c’est inutile de chercher à comprendre leurs motivations. Ne nous penchons pas sur leurs querelles, cela ne nous regarde pas – mais attrapons tout de même le coupable, sans nous demander s’il l’est vraiment. Même Louis Denfert, qui est l’un des personnages à l’esprit le plus large de cette enquête, ne se pose pas trop de questions aux débuts. Il faut vraiment que le récit progresse, qu’il se lie presque d’amitié avec Figdabé pour qu’il se décide enfin à se lancer à la poursuite du meurtrier, et accompagne Albert, son ami légiste, dans une expédition sur le continent africain – Camille et Emile sont également de la partie.

L’Afrique : un retour à la maison pour certains, un retour aux sources pour d’autres, comme ce militaire américain défiguré, ou cet avocat, dont les aïeuls ont été vendus comme esclaves. Louis Denfert n’est pas le seul à s’interroger sur ses origines. Il n’est pas le seul à aimer la littérature, et s’il côtoie Proust, certains aiment particulièrement l’oeuvre d’Arthur Rimbaud et gardent jalousement le souvenir de l’homme aux semelles de vent.

Et pourtant….Les personnages passent presque comme des ombres. A peine le temps de s’attacher à l’un d’eux qu’il disparaît, assassiné par le tueur fou, qui n’a rien à envier aux autres tueurs en série que Louis et ses amis ont croisé jusque là. De même, Emile et Albert sont en retrait par rapport aux épisodes précédents, valorisant cette dizaine de personnes secondaires qu’ils croisent, avant de disparaître.

Le royaume disparu est une enquête en demi-teinte, comme une étape intermédiaire dans le voyage de Louis et ses compagnons. Où leurs pas les conduiront-ils ? Le mystère est entier.

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Quatre jours avant Noël de Donald Harstad

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Mon résumé :

Tout va bien dans l’Iowa. Noël approche, la neige recouvre tout, le shérif Carl Houseman est serein. Sauf qu’un meurtre, qui ressemble furieusement à une exécution, vient compliquer les choses.

moisamericainMon avis :

Il ne fait pas bon du tout être shérif aux États-Unis, et surtout pas dans des États dit « paisibles », comme l’Iowa. Deux à quatre meurtres par an, tout au plus – mais quand il y en a un, il bouleverse la région.

D’ailleurs, il s’en est fallu de peu qu’une seconde victime ne rejoigne la première d’emblée : le témoin a eu la présence d’esprit de se cacher. Il n’est pas devenu octogénaire par accident. Le récit de l’enquête est entrecoupé par la narration d’une violente fusillade, dans une grange – le shérif et les siens sont encerclés. Comment en sont-ils arrivés là, prisonniers de fait ? Tout l’histoire est là – et comment Carl Houseman expliquera la situation à sa femme est un autre problème.

Ce qui m’a frappée en lisant ce roman est la multiplicité des agences avec lesquels il est nécessaire de collaborer pour mener à bien une enquête – la plus connue est l’inévitable FBI. Est-ce efficace, au moins ? A peine. Et à ceux qui s’étonnent que deux ou trois cents clandestins puissent travailler dans une usine sans se cacher, le shérif de rappeler que le service de l’immigration est débordé (manière élégante de rappeler que le sus-dit service les envoie promener à chaque fois qu’ils ont besoin de lui). Si vous ajoutez, en plus, des avocats omniprésents, des journalistes en quête de scoop, et des procureurs pas toujours compétents (ils sont élus… et l’on peut se demander sur quel critère),vous comprendrez que la situation est grave ! Si vous ajoutez, en plus, des soupçons de terrorisme, vous vous retrouvez avec un polar bien plus complexe qu’il n’y paraissait au départ.

Très réussi, Quatre jours avant Noël rappelle que les apparences sont souvent trompeuses, et que l’horreur peut surgir n’importe où.

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Molosses de Craig Johnson

Molossesédition Gallmeister – 330 pages.

Mon résumé :

Comté d’Abarosa, Wyoming, le moins peuplé des comtés de l’un des Etats d’Amérique les moins peuplés. Il neige, et grâce à la neige, le gentil papy de Duane a pu s’initier au ski, accrochée au pare-choc de la voiture de son petit-fils au moyen de 35 mètres de corde en nylon. Ce n’était pas volontaire ? Tant pis ! Papy, la boite aux lettres qu’il a heurté et la vitre arrière du véhicule vont bien. Ajoutons également que Walt Longuemire est chargé de retrouver le propriétaire d’un pouce égaré pendant qu’un de ses homme lui donne sa démission, et vous comprendrez que rien ne se passe jamais comme prévu.

Mon avis :

Je suis conquise ! Emprunté hier, lu quasiment d’une traite, j’ai adoré retrouvé l’univers inimitable de Craig Johnson.

Il faut dire que Walt, son héros, est abondamment sollicité. En plus de toutes les mésaventures que je vous narre dans le résumé, il doit organiser le mariage de sa fille, ou plutôt convainre la nation cheyenne (à savoir son ami, Henry Standing Bear) de marier sa fille et son fiancé, qui a pour principal défaut d’être flic (et le plus jeune frère de Vic, son adjointe). Puis, Walt est un homme, un vrai, et ses précédentes aventures lui ont laissé quelques séquelles. Quant à savoir laquelle en particulier, c’est assez dur à déterminer :
– Ouaip, ou alors, c’est quand je me suis fait piétiner par un cheval, cisailler les jambes par un Vietnamien, écrasé par un Indien de 2,10 m, ou quand je suis tombé du pare-chocs arrière d’une voiture à Philadelphie, ou que je me suis battu avec un camé, ou que j’ai été bouffé par le gel dans la montagne. (Il poursuivit son examen, le visage inquiet.) Cette dernière année a été assez chargée, comme ne cesse de me le rappeler Isaac Bloomfield.

Cependant, cette enquête, apparemment déjantée, ludique pour un homme qui a traversé autant d’épreuves, l’entraînera bien plus loin qu’il ne le pense. La faute à certaines personnes, pas très recommandables, qui ont choisi le Comté comme planque, et ne pensent pas qu’on viendra déranger leurs petites affaires et leur précieuse tranquillité. Raté.

Message d’espoir ? Pas vraiment. La nature humaine est toujours aussi sombre, le bonheur difficile à atteindre, encore plus à conserver. Les Roméo et Juliette du Wyoming ont vraiment une drôle d’allure, ce n’est pas pour cette raison qu’ils n’auraient pas mérité d’être heureux. Les témoins, bientôt les suspects, ne pensent qu’à s’échapper, puis à s’écharper – comme si la cellule du bureau du shérif n’était pas assez confortable ! Bien plus que le manteau neigeux qui recouvre le Wyoming.

Dernier point, et non des moindres pour moi : les chiens, les deux molosses qui donnent leur nom au roman, ne sont pas inutilement sacrifiés, même quand le malheureux Longuemire paiera (et largement) de sa personne lors de leurs confrontations.

A quand la prochaine aventure ? Dès que la longue convalescence du shérif sera terminée !

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Ad Unum de Didier Fossey

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Présentation de l’éditeur :

Paris, Février 2011, le froid, la neige, le verglas. Un délinquant notoire est retrouvé pendu, portant une inscription sur son front : « Ad Unum », dont la traduction signifie « Jusqu’au dernier ». Deux autres victimes ont déjà été découvertes dans les mêmes conditions. Quelles sont les motivations du tueur qui s’avère méthodique et discret ? L’enquête s’avère difficile pour le Commandant Boris Le Guenn et les membres de son groupe, le tueur n’hésitant pas à les impliquer personnellement dans sa descente aux enfers pour arriver à ses fins. Mais tout bon rouage est susceptible d’être grippé. Même si ce ne sera pas sans dégâts…

Mon avis :

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé le commandant Boris Le Guenn pour cette nouvelle enquête. Tout va bien dans la vie privée de ce commandant « normal », ses enfants sont en bonne santé, son petit carlin est en pleine forme, et sa femme… Ah, pardon, c’est là que cela coince. Autant, dans le premier volume, Soizic savait bien qu’elle avait épousé un flic et qu’on ne pouvait pas lui demander d’avoir des horaires de bureau, autant elle s’impatiente sérieusement quand Boris oublie de la prévenir de ses retards conséquents. Et Boris de ne plus comprendre grand chose aux femmes en général, et à la sienne en particulier.

Il faut dire que la nouvelle enquête qu’il a sur les bras est assez conséquente : trois meurtres, trois exécutions, dirait-on. Les points communs ? Tous ont été pendus, tous étaient de petits délinquants, plusieurs fois condamnés, sans jamais avoir effectué de très longs séjours en prison. C’est quand même pénible, ceux qui se prennent pour des juges et bourreaux ! Comme si Le Guenn n’avait pas assez à  faire avec les vrais procureurs, les vrais avocats qui ne portent pas les policiers dans leur coeur.

Oui, l’enquête n’est pas facile, et remonter la piste du tueur demande de l’acharnement. Comme dans un polar américain, une course contre la montre s’engage pour l’empêcher de faire de nouvelles victimes. Comme dans un polar américain, un « profileur » apporte son aide généreuse et dresse un profil relativement intéressant du meurtrier. La différence, dans ce polar français, est qu’il se concentre sur l’aspect humain, non sur la violence. Pas de scènes d’autopsie à rallonge, pas de description minutieuse des conditions de l’exécution. Nous sommes d’abord du côté des (futures) victimes, puis des enquêteurs et enfin, seulement, de celui des membres de ce tribunal hors-la-loi et de leur chef. Des retours en arrière nous permettent d’appréhender la personnalité de ce dernier, et d’éprouver une certaine empathie pour celui qu’il a été. Pas pour celui qu’il est devenu. Mais qui est le coupable, cette fois-ci ?

Ad Unum est un très bon roman policier, que je ne peux que vous recommander.

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Les dames mortes de Robert Vincent

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Mon résumé :

Une jeune femme a été tuée dans un colombier en Normandie. Elle n’est autre qu’une scientifique éminemment reconnue. Qui a bien pu vouloir la tuer, et commencer s’y est-on pris ?

Mon avis :

Une nouvelle enquête commence, pour l’équipe du commissaire Faidherbe. La différence avec les trois précédents opus est l’absence du chef de la police havraise, porté disparu depuis deux mois. Autant le dire tout de suite : Victor Etrela est bien plus préoccupé par l’enquête qu’il mène pour retrouver son chef que par le meurtre de la célèbre scientifique. Il retourne souvent à l’appartement de son chef, gardé intact par Josette Ba, sa femme de ménage, dans lequel il peut croiser la belle Irina, la fiancée que la fille de son chef a fait venir des pays de l’Est et que le malheureux Faidherbe n’a pas pu connaître.

Et pourtant, un meurtre a bien eu lieu, avec une précision quasi-chirurgicale. Qui pouvait bien en vouloir à cette chercheuse, qui faisait l’admiration des milieux médicaux ? L’enquête progresse, et avec elles, des découvertes sordides, à la limite du supportable parfois. Rarement descriptions auront été aussi glauques, sans pour autant prendre place dans les traditionnelles séances d’autopsie dont nous régalent les séries policières télévisées. Nous sommes à la fois dans le roman policier, le roman réaliste (la Normandie des cambrousses paumées y est parfaitement restituée) et la science-fiction. Les deux auteurs conservent de plus une pointe d’humour qui est la bienvenue.  Ils battent aussi en brèche certains clichés. Pas le racisme pur et dur, non, juste le racisme ordinaire, les idées préconçues, dont on ne s’aperçoit même plus à quel point elles sont simplistes.

Les dames mortes est à lire pour les amateurs de polar scientifique, munis d’un estomac bien accroché.

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Un Havre de paix éternel de Robert Vincent

Présentation de l’éditeur :

Avec ce troisième roman, Robert Vincent emmène Faidherbe et son équipe dans un Havre insolite et fantastique. Une affaire policière qui fera des vagues jusqu’au bout du monde et au-delà de Sainte-Adresse !

Mon avis :

Pauvre Faidherbe ! Il n’a pas fini de souffrir, celui-là ! Il n’est pas le seul, d’ailleurs.

Le Havre souffre de la canicule, qui semble presque oublié onze ans après. Elle souffre aussi de la présence d’un cinglé qui tire sur les mouettes et les chatons. Il n’est pas le seul, certains normands, au nom du chacun pour soi, n’hésitent pas à abandonner leur animal parce qu’en ces temps de grosses chaleurs, ils coûtent trop cher à entretenir. « C’est humain », dit le commissaire, et je vous laisse savourer l’ironie de cette phrase.

Est-ce l’effet de la chaleur ? L’enquête avance laborieusement, et pourtant, le temps presse, pour sauver l’une des victimes. Pas toujours facile d’être journaliste d’investigation, même pour un journal local. Pas facile non plus de se lancer dans l’art délicat de l’enlèvement et de la menace, quand on est obligé de faire appel à des sous-fifres. On n’est jamais si bien servi que par soi-même, et cela évite les dérapages.

Les livres de Robert Vincent sont toujours aussi agréables à lire. Le dénouement apporte deux surprises de taille, qui donnent envie d’enchaîner avec la lecture du tome suivant, Les dames mortes.

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