Archive | janvier 2018

De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles de Jean-Michel Guenassia

Présentation de l’éditeur :

De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles nous fait partager l’histoire improbable, drôle et tendre, d’une famille joliment déglinguée dont Paul est le héros peu ordinaire. Paul qui, malgré ses allures de filles, aime exclusivement les femmes. Paul, qui a deux mères et n’a jamais connu son père. Paul, que le hasard de sa naissance va mener sur la route d’un célèbre androgyne : David Bowie.

Mon avis :

Ce livre est d’actualité, parce que certains pourraient s’en servir pour illustrer la théorie des genres, d’autres pour vous dire que la jeune génération ne sait absolument pas qui est Bowie.

Paul est androgyne, ce qui pose plus de problème à un garçon qu’à une fille. Il se dit lesbien, ce qui ne me surprend même pas. Il se heurte à une mère lesbienne, encore plus intransigeante que si elle avait été hétérosexuelle. La compagne de sa mère est celle qui se rapproche le plus d’une mère – ni l’une ni l’autre n’aime leur prénom et ce n’est sans doute pas un hasard si Paul a un prénom épicène.
Il se cherche, et il y a dans ce roman une charge contre l’éducation nationale dans laquelle je ne me reconnais pas. Venez dans mon établissement, et vous aurez une autre définition du courage.
Il aime la musique mais sa mère refuse qu’il suive une formation classique – où l’on nous reparle de la fameuse « école de la vie », qui, à mon sens, ne forme pas vraiment des musiciens. Oui, la mère de Paul déteste le système en son entier mais le système (éducation nationale, école de musique) n’est pas en dehors de la vie, il est dedans. Paul, une fois ce fameux système scolaire quitté, va ainsi d’une situation professionnelle à une autre, comme si les grandes luttes sociales étaient une chose que même celles qui les revendiquaient se sentaient incapables d’appliquer. Ou ne le voulaient pas. Les discours, c’est bien, les actes, c’est autre chose.
L’autre thème central est la famille, celle que l’on choisit, celle que l’on construit – ou pas. Le narrateur est parfois agaçant avec ses réticences, qui ressemblent à ce que l’on peut lire sur les réseaux sociaux, lui qui ne veut pas nous dire certaines choses, comme une diva qui se fait désirer par son public.
Il est question aussi de l’évolution du comportement des femmes qui, finalement, se mettent aussi à singer celui des hommes. Elles se retrouvent entre elles, comme une nouvelle tribu, séduisent, aime le football, etc, etc…
Et David Bowie, me direz-vous ? Si, si, il croise notre route, mais pas tout de suite.

Limbo le lion de Kyung-Hee King

Présentation de l’éditeur :

Limbo le lion, dont tout le monde se moquait à cause de sa crinière qui pendait lamentablement comme une serpillère mouillée, est devenu l’animal le plus populaire du zoo.Mais comment a-t-il fait ?

Mon avis :

Limbo le lion, c’est l’histoire d’un lion différent des autres. Et oui, sa crinière pendouille. du coup, il est ostracisé par les autres lions, moqués. Que faire ? Essayer de devenir comme les autres ? le moins que je puisse dire est que cela rate. Que faire donc ? Accentuer sa différence, grâce à son soigneur.
Limbo le lion est un album, il a aussi un pied vers la bande dessinée, avec les animaux qui dialoguent à l’intérieur des pages.
S’il est une morale à retenir, elle est de cultiver sa différence et ses talents : à force, les autres s’y feront.

 

Mémoires secrets d’un valet de coeur de Brigitte Aubert

Présentation de l’éditeur :

Paris, 1910. La ravissante Dédée, née André vingt ans plus tôt, officie dans le très huppé et fort discret hôtel Sélignac, claque pour messieurs qui apprécient les travestis. Tout roule pour ces « dames », à l’abri des violences du monde extérieur grâce à des protections en haut lieu, jusqu’au jour où l’on découvre l’une d’elles la gorge tranchée, émasculée.

Mon avis : 

Lire ce livre m’a légèrement déprimé. Nous savons que ce roman est rétrospectif, puisqu’il s’agit des mémoires de Dédée, travesti aujourd’hui octogénaire. Nous savons donc que Dédée s’en sortira à peu près indemne – mais les autres ? Il n’est toujours pas facile d’être différent de nos jours, il ne l’était pas du tout de l’être en 1910. Dédée est presque une privilégiée, elle qui se prostitue dans un hôtel très particulier. Ou comment résoudre un problème, parler de la prostitution, du travestissement et de pratiques peu courantes sans sombrer dans le voyeurisme, ou l’auto-apitoiement.
Non, ce qui m’a attiré au début et m’a fait déprimé à la mi-lecture est la présence d’Albert Feclas, médecin légiste, prestidigitateur et ami de Louis Denfert, l’un des héros de Brigitte Aubert. Douze ans se sont écoulées depuis la dernière enquête parue de Louis (y en aura-t-il d’autres ?) et, au détour d’un souvenir, j’ai cru comprendre que la vie d’Albert ne s’était pas vraiment terminée de façon heureuse. Le sujet d’un prochain roman ? Oui, je me répète un peu, c’est une habitude.
Dans ce roman, ce sont des travestis qui sont assassinées, la première victime se prénomme Nina (les Nina se font souvent assassiner dans les romans, je proteste). Elle n’est pas LA première victime dont entend parler Dédée, puisqu’elle a la chance, l’honneur et l’avantage d’avoir comme pratique un charmant commissaire de police qui adore se faire mener à la baguette (ou presque). Elle apprécie les confidences qu’il peut lui faire, au sujet des enquêtes en cours, il lui en révèle toujours bien plus que les journaux qu’elle lit. Elle a donc très envie de mener des enquêtes de son propre côté – elle avait commencé à le faire quand Nina a été assassinée, première sur une liste qui s’allongera plus vite que prévu.
Enquêter n’est pas facile quand sortir de son hotel est compliqué, pas seulement parce que Dédée est né homme, mais parce qu’elle n’est pas libre de ses mouvements. Il est important d’être à la disposition des visiteurs. Quand Dédée éprouve un certain béguin pour Maurice, dont la tante a été assassinée (décidément,
Paris est tout sauf une ville sûre), elle sait que c’est quasiment sans espoir. Quasiment. Maurice est un homme à femmes, et l’état civil de Dédée est sans appel.
Un peu déprimée,oui, mais j’ai aimé lire ce livre, j’ai aimé son intrigue et son attachante narratrice. Et je n’ai pas toujours des lectures policières qui me permettent un tel verdict.

Nous ne sommes pas encore dans le mois du polar, mais je propose le logo de notre Belette en avance :

 

Poules, renards et vipères, tome 1 Albin de Paul Ivoire

Présentation de l’éditeur :

Dans un pays lointain, les poules, les renards et les vipères habitent côte à côte, chacun dans leur territoire. A la fois proies et prédateurs les uns des autres, ils vivent dans une paix fragile grâce au Pacte d’Aileforte. Mais lorsque la guerre menace, Albin découvre un terrible secret et l’équilibre du pays entier repose tout à coup sur ses ailes.

Mon avis :

Il est possible de parler de valeurs qui sont chères sans les écrire noir sur blanc, du moins, c’est ce que j’ai eu l’impression à la lecture de ce tome 1. Il est possible de parler de l’importance de se soutenir, d’aider les autres sans écrire la formule.Il est possible de montrer que l’on peut être ami tout en étant différent sans l’écrire noir sur blanc. L’inverse est possible aussi. Manipuler les autres ? Facile. Jouer sur l’ignorance et les peurs ? Pas trop dur. Faire taire les opposants ? Jeu d’enfant.

Poules, renards et vipères est l’histoire de trois peuples qui vivent chacun de leur côté, un triangle entre les trois lieux est une zone « neutre » où s’aventure parfois l’un ou l’autre des représentants des peuples. C’est un lieu où l’on peut tester sa vaillance – ou se retrouver par le plus grand des hasards. Ainsi, Albin se retrouve coincé ici et aide Célis, une jeune vipère, et Zora, une jeune renarde débrouillarde. Surtout, il découvre que certains défenseurs de son peuple ne sont pas aussi honnêtes qu’ils le prétendent. Il n’est jamais bon d’identifier un complot.

Le roman est bien écrit, l’intrigue est mouvement, les personnages (mention spéciale pour l’institutrice et pour Filvite) sont nettement caractérisés. J’ai d’ors et déjà acquis le tome 2.

La tanche d’Inge Schilperhoord

Présentation de l’éditeur :

Dans un village de la banlieue d’Amsterdam, au bord de la mer, de nos jours. Jonathan, la trentaine, sort de prison.
Dans le bus qui l’emmène chez sa mère, il se répète ce que le psychologue lui a enseigné : s’il organise rigoureusement ses journées, il sera un homme meilleur. Jonathan se le promet : il va s’occuper de sa mère, faible, asthmatique, retourner travailler à l’usine de poissons, promener le chien, aller à la pêche. Il restera seul, il ne parlera à personne, il va s’occuper les mains, l’esprit, tout pour ne pas replonger.
Car Jonathan est un pédophile. Il est sorti de prison, faute de preuves. Le psychologue lui a parlé d’un taux de récidive de 80 %. Il sait qu’il ne doit pas se laisser déborder par ses pulsions.
Or, dans ce quartier en démolition où vit sa mère, vivent aussi une mère célibataire et sa fillette…

Mon avis :

J’ai découvert ce livre lors de la réouverture de la bibliothèque des Capucins. Est-ce un livre facile ? Non. C’est un livre qui traite d’un sujet rarement abordé de façon aussi approfondie : nous sommes dans la tête d’un homme qui semble ordinaire, mais qui est en fait un pédophile.
Je ne devrais pas employer ce terme, il est vrai. Jonathan a été libéré de prison « faute de preuves ». Il n’a donc plus d’obligation de se faire soigner, puisqu’il est innocent. La thérapie qu’il venait à peine de débuter semblait pourtant faire effet, c’est du moins ce que pense Jonathan. Cela revient donc à dire qu’il a bien des pulsions, qu’il se doit de les canaliser – parce qu’on le lui demande. Lui ne semble pas vivre mal les choses, c’est bien le problème.
D’un côté, nous avons le discours des psys, lointains, parce qu’ils n’ont plus de contact avec Jonathan, et parce que leur diagnostique est sans appel. De l’autre, nous avons la mère de Jonathan, qui vit dans l’aveuglement quasiment volontaire. Parler de ce qu’il a fait, de ce qu’il ressent avec elle est impossible. La seule solution pour elle est la religion plutôt que la psychiatrie.
Le récit se passe quasiment dans un huis-clos, dans l’appartement de la mère de Jonathan, puis dans la nature qui l’entoure et qui renvoie Jonathan à une solitude où rien ne devrait survenir. Rien. Il s’est fixé un emploi du temps qui devrait lui permettre de canaliser ses pulsions. Devrait. Rien n’est simple, bien entendu, et le lecteur voit tout ce qui pourrait le faire replonger. Pour quelqu’un comme Jonathan, tout peut être source de « stress », tout peut être invitation à reconsidérer ses pulsions.
Qu’adviendra-t-il ? Une tension qui monte peu à peu dans le roman, surtout quand on pense qu’à l’extérieur, Jonathan est un homme ordinaire, qui vit avec sa mère, aime pêcher et se promener avec son chien. Si les prédateurs avaient des signes distinctifs, cela se saurait.
Et la tanche, me direz-vous ? Ce poisson, pêché par Jonathan à mi-récit, est à la fois bien réel et symbolique, dans les tentatives faites par le personnage principal pour ne pas céder à ses pulsions et vecteur pour se rapprocher dangereusement de leur accomplissement.

La sublime communauté, tome 1 : les affamés d’Emmanuelle Han

Présentation de l’éditeur :

C’est la fin de notre ère. Aux quatre coins d’une planète surpeuplée et en pleine dévastation, six mystérieuses Portes apparaissent, ouvrant des brèches vers des mondes inconnus. En quête d’une terre promise, fuyant la misère et la mort, des flux d’hommes, de femmes et d’enfants désespérés, les « Affamés », se pressent aveuglément vers ces Six Mondes, ignorant tout à leur sujet.
Quels secrets renferment ces Portes ? Quel mal ronge les Affamés ? Quelle est la nature des Six Mondes ? En ces temps de détresse où la violence et le chacun-pour-soi font rage, seuls trois enfants pourront le découvrir. Ashoka, Ekian et Tupà ne se connaissent pas, vivent à des milliers kilomètres de distance. Pourtant, leurs destins sont liés. De leur union dépendra le sort de la Sublime Communauté.

Mon avis : 

Roman qu’il est dommage de classer. Littérature young adult ? Littérature qui peut intéresser les adultes comme les adolescents qui aiment lire. Dystopie ? Il nous parle de la fin du monde en un texte bien conçu. Nous sommes immédiatement jetés dans l’action, pas de temps mort, pas de pause, et, déjà, nous explorons plusieurs mondes, ou plutôt plusieurs parties d’un même monde.
Je ne dirai pas « âme sensible s’abstenir »: la fin du monde n’est pas une partie de rigolade, cela se saurait. Chacun pour soi et les autres on s’en fout me paraît bien plus juste. Et si, en plus, on peut se faire une jolie pelote en attendant, que demander de plus ?
L’univers qu’a crée Emmanuelle Han est riche de sens, de références, sans que jamais cela devienne pesant ou hors-sujet. Premier roman, oui, mais abouti, pensé, premier d’une série qui, je l’espère, aura autant de profondeur que ce premier tome.
Je vous ai à peine parler des personnages principaux, tous les trois différents, tous les trois ayant des points communs, comme celui de n’être pas exactement à la bonne place.
Un livre à découvrir.

 

 

Climat de France de Marie Richeux

Présentation de l’éditeur (extraits) :

En 2009, Marie, la narratrice, est à Alger. Sur les hauteurs de Bab el-Oued, elle est subjuguée par la cité qu’y construisit entre 1954 et 1957 l’architecte Fernand Pouillon, appelée « Climat de France ». Saisie par la nécessité de comprendre l’émotion qui l’étreint, celle qui a grandi à Meudon-la-Forêt, dans la « Cité heureuse » du même Pouillon, entreprend alors une plongée dans le passé : le sien, celui des édifices et de leurs habitants.

Préambule :

Beaucoup de livres paraissent et racontent le devenir de ceux qui ont vécu la guerre d’Algérie. C’est très bien d’offrir des livres riches et variés sur ce sujet. J’attends maintenant, égoïstement, le livre qui parlera des polonais qui sont venus s’installer en France après la seconde guerre mondiale. Je ne pense pas que mes grands-parents soient les seules personnes dans ce cas. Même s’il faut, à chaque fois, que je précise qu’ils étaient tous deux catholiques pratiquants.

Mon avis :

Ce livre est un premier roman, et ce qui est intéressant, au-delà de cette étiquette « premier » est qu’il est écrit avec une plume singulière.
Ce roman nous plong dans le passé commun de la France et de l’Algérie par le biais d’un architecte qui construisit des cités de part et d’autres de la Méditerranée, des cités construites pour que des gens vivent, non pour qu’ils y soient parqués. La narratrice a vécu dans une de ces cités, son voisin de pallier, Malik, a connu les deux. Grâce à lui, elle raconte les souvenirs liés à ses lieux.
Ce n’est pas un catalogue, ce n’est pas un article érudit d’encyclopédie. Ce sont des brides de vie, saisies dans les méandres des souvenirs. La chronologie n’est pas linéaire, d’ailleurs, aurait-ce été utile ? Non. Il est des faits qui ne peuvent pas être racontés tout de suite, de but en blanc, il est une gradation dans ce récit, avec en point d’orgue, la fin de ce texte.
Il est aussi un fait que j’ai moi-même constaté. Il existe une chronologie historique d’un côté, une chronologie personnelle de l’autre, et les deux peuvent ne pas se rencontrer.
Une auteur à suivre.

Yzé – tome 2 le projet ultima de Florent Marotta

Présentation de l’éditeur :

Yzé a détruit le palimpseste et les tensions entre Wicce sont à leur comble. Mais cette petite victoire sur Ashahell a un goût amer, celui de la perte d’êtres chers. Le mystère s’épaissit autour de la jeune femme. Qui est-elle vraiment ? Pourquoi tous ces mensonges ? Les ennemis des Wicce s’agitent. Que prépare la Fraternité de la Lumière dont les membres multiplient les actions pour s’emparer d’une mystérieuse substance ? Et pendant ce temps, Ashahell fourbit ses armes pour se venger d’Yzé et enfin mettre la main sur elle.

Je remercie le forum Partage Lecture et Taurnada Editions pour ce partenariat.

Mon avis :

Je découvre Yzé avec ce tome 2, du coup j’ai apprécié le rappel du tome précédent en début d’ouvrage qui permet au lecteur de ne pas être perdu quand il se retrouve plongé dans l’action.

Je suis un peu particulière, j’ai toujours une préférence pour les « méchants ». Attention, pas le personnage manichéen dont le seul but est de s’opposer aux héros et de l’empêcher d’accomplir sa mission. Non, je parle de méchants qui tiennent la route, avec une forte personnalité, et un objectif qui lui est propre. Ashahell appartient à cette catégorie, il est prêt à tout (vraiment tout) et nous pouvons voir qu’il n’a pas de limites. Ses alliés sont eux aussi fortement caractérisés. Mention spéciale, à mes yeux, pour Velkin, que j’aimerai bien voir plus souvent, même si je dois être la seule à apprécier sa présence. Oui, ce sont des adversaires qui pèsent lourds pour Yzé.

Elle est pratiquement seule au début de ce tome, à peine remise de ce qui vient de se produire, entourée de Wicce qui ne sont pas forcément de son côté. D’ailleurs, pour continuer avec un récit qui n’est pas manichéen, tous les Wicce ne sont pas d’accord avec la direction à prendre pour lutter contre les Magis, encore moins sur le soutien à apporter à Yzé. Le danger a été là, bien réel, et il peut encore survenir. Yzé subit des épreuves qui en sont réellement, et non de petites choses dont il serait facile à surmonter. Astur, le chef du village, apparaît comme une figure paternelle pour Yzé, sans pour autant l’étouffer ou la surprotéger. Elle est jeune encore, elle a déjà beaucoup enduré, et ce n’est pas oublié dans la construction de l’intrigue, même si elle laisse peu de temps morts à la jeune fille. Yzé aura droit à son lot de surprise. La chronologie est certes linéaire, cela ne veut pas dire que les rebondissements ou les retournements de situation ne soient pas possibles.

J’ai envie de découvrir le troisième tome, afin de savoir comment se terminera cette lutte, et comment Yzé aura fait face aux dernières révélations.

Les travaux d’Apollon, tome 2 : la prophétie des ténèbres de Rick Riordan

Présentation de l’éditeur :

Sous la forme de Lester, un adolescent de 16 ans, Apollon cherche à comprendre pourquoi les oracles arrêtent de délivrer des prophéties. Il parcourt les Etats-Unis en compagnie des demi-dieux, affrontant des monstres féroces et des créatures indomptables.

Mon avis : 

Lire, c’est se faire plaisir. J’ai acheté ce livre à sa parution, le 4 octobre, mais je ne l’ai lu que maintenant, parce que la première tentative n’avait pas été aussi concluante que je l’espérais. Peut-être Apollon, dans la peau de Lester, poussait-il un peu trop de jérémiades, les aventures étaient un tantinet répétitives. Puis, Apollon a beau avoir beaucoup d’esprit, il n’est pas Percy Jackson – que j’aimerai bien retrouver, d’ailleurs, même si j’apprécie beaucoup Léo et Festus.

J’ai repris ce livre, parce que je n’ai pas apprécié onze romans de Rick Riordan pour ne pas aimer celui-ci. Il fallait simplement que ce soit un moment plus serein – sachant que les romans de Rick Riordan ne le sont pas tant que cela. Oui, nous sommes dans un monde divin. Les parents divins (ou diveux, comme dirait Meg) ne sont pas les meilleurs parents du monde. Ils ont une forte tendance à ne surtout pas s’occuper de leurs enfants, à ne pas tenir leurs promesses, et à ne pas entendre ceux qui les appellent au secours. Apollon/Lester se prend, dans ce second tome, encore un peu de ses insuffisances dans la figure. Pourtant, il commence – un peu – à comprendre qu’il a commis des erreurs. Il commence à se dire que l’on peut choisir et aimer vivre une vie qui n’est pas celle d’un dieu. Il ne parle pas encore pour lui, il ne faut pas exagérer, et Jupiter lui donnerait un accès express pour l’Olympe qu’il ne le refuserait pas. Cependant, il s’intéresse aux personnes qui l’entourent, il essaie de les protéger, et n’hésite pas à accorder une seconde chance. Je suis la première à dire qu’on a le droit à l’erreur, le tout est de savoir la reconnaître.

C’est un véritable bestiaire que nous fait découvrir l’auteur, en plus des habituels adjuvants des membres de la colonie (romaine ou grecque, peu importe – et je regrette toujours certains absents). Nous découvrons de redoutables autruches de combats, une sympathique éléphante, et surtout un couple de griffon sur le point de devenir parents. Non, je ne dévoile pas tant que cela l’intrigue, il suffit, aussi, de regarder la couverture.

Le tome 3 The Burning Maze paraîtrai en anglais en 2018. J’attendrai sa traduction française (en octobre 2018 ?) pour voir si Apollon continue à s’assagir.

La fille sous la glace de Robert Bryndza

Présentation de l’éditeur :

Le froid a figé la beauté de ses traits pour l’éternité.  La mort d’Andrea est un mystère, tout comme l’abominable secret qu’elle emporte avec elle… Connue pour son sang-froid, son esprit de déduction imparable et son verbe tranchant, l’inspectrice Erika Foster semble être la mieux placée pour mener l’enquête. En lutte contre ses propres fantômes, la super flic s’interroge : peut-elle encore faire confiance à son instinct ? Et si le plus dangereux dans cette affaire n’était pas le tueur, mais elle-même ? Sur la glace, aucun faux pas n’est permis.

Mon avis : 

Si jamais vous commencez la lecture de ce livre, je vous conseillerai fortement de le faire si vous avez un peu de temps devant vous. Je ne l’ai pas lu d’une traite, non, parce qu’il est tout de même relativement épais, mais j’ai vraiment bien accroché et je n’ai pas ressenti le besoin, contrairement à ce qui m’arrive souvent, d’alterner sa lecture avec d’autres livres
Ce que j’ai aimé ? Le personnage principal, Erika Foster. Elle ne cherche pas à être sympathique, elle n’est pas non plus misanthrope, elle est une femme blessée, qui retourne à son travail, un travail qu’elle aime, mais qui aurait pensé ne pas se retrouver immédiatement à enquêter sur un homicide sordide. Certains de ses co-équipiers acceptent mal sa présence, elle-même accepte mal les crimes impunis. Vaste sujet, pourtant.
La mort d’Andrea mobilise tout le monde puisqu’elle est issue d’une famille aisée et unie. Brillante, fiancée à un homme bien sous tout rapport en dépit d’un physique ingrat, qu’a-t-il bien pu lui arriver ? Le lecteur en sait un tout petit peu plus que les enquêteurs – juste un peu. Pas suffisamment pour nous permettre de connaître l’identité du coupable – sinon, ce ne serait pas intéressant – mais assez pour se dire que la vie d’Andrea n’était pas aussi lisse que ses parents le pensaient, ou veulent le faire croire. Lire un roman policier, c’est aussi apprendre à douter des apparences.
Erika s’accroche – aux êtres, aux choses. Elle ne veut négliger aucune piste, et surtout, elle ne veut pas qu’on lui indique dans quelle direction regarder, quelle personne il faut ignorer parce qu’il est des personnes qui n’en valent pas la peine. « Valoir » – verbe qui ramène les êtres à leur valeur monétaire.
Le dénouement est surprenant, mais pas illogique. Même si le lecteur est surpris, le (la) coupable ne tombe pas du ciel, il est une logique dans la construction du récit.
La fille sous la glace ? Un roman qui plaira à tous les amateurs de polar.