Archive | août 2023

Mon année cinéma : La beauté du geste

Bonjour à tous

Finalement, j’ai vu un dernier film avant la reprise, qui m’angoisse beaucoup : nouveau défi cette année, je deviens (pour un an ? pour plus longtemps ?) professeure principale de 3e. J’aurai à nouveau de cinquième, ce niveau qui fut pendant des années, pour ne pas dire une grosse décennie, mon niveau préférée, au point que j’eus, une année, la moitié des cinquièmes de l’établissement. Je n’aurai pas de 4e cette année, mais ce ne sera que partie remise. Mon cartable (rouge) est prêt, avec le nouvel agenda, cahier de grammaire et autres carnet dont je me sers pour noter mes progressions. Ce n’est pas de reprendre, c’est de ne plus pouvoir rester autant de temps que je le voulais avec mes chats (Ambre est allongé à mes côtés, Annunziata est installée auprès de Sultan, Odabella ronfle, Fidélio s’est mis les orteils de la patte arrière dans les narines), surtout s’ils ne sont pas en forme (un blessé ce jour, Charmeur, qui souffre déjà de troubles neurologiques).

Mais revenons à la beauté du geste, film japonais. Voici son synopsis : Keiko vit dans les faubourgs de Tokyo où elle s’entraîne avec acharnement à la boxe. Sourde, c’est avec son corps qu’elle s’exprime. Mais au moment où sa carrière prend son envol, elle décide de tout arrêter…

Comme souvent, j’ai lu les critiques après avoir vu  le film, après avoir constaté à quel point elles n’étaient pas bonnes sur Allociné, alors que la critique de Première l’était.

Je ne regrette pas d’avoir vu ce film (en VO), j’ai aimé ce film, cette histoire simple qui montre à la fois la fin d’une époque (la salle de boxe où s’entraine Keiko ferme définitivement alors qu’elle était la plus ancienne du Japon) et le début, peut-être, d’une nouvelle vie pour Keiko. Sourde, elle est la première femme handicapée à obtenir une licence de boxeuse professionnelle. Mais elle veut tout arrêter. Keiko (du moins, c’est mon opinion) ne semble pas avoir pour but de devenir championne, je dirai plutôt que la boxe, la routine de l’entraînement, dont elle note chaque étape quotidiennement, l’aide à se structurer, à exprimer ce qu’elle ressent, elle qui ne s’exprimer que par la langue des signes (le seul mot qu’elle prononce est « oui »). Le Covid complexifie sa vie, elle ne peut plus lire sur les lèvres.

C’est un film sur le quotidien, plein de petits riens, de ces gestes qu’il faut faire et refaire, un film plein de l’anxiété de Keiko aussi quand son entraîneur de toujours tombe malade, ou plutôt rechute, lui qui avait déjà été victime d’un AVC dix ans plus tôt.

Pas de musique dans ce film, sauf (et encore) celle que joue le frère de Keiko, simplement le bruit des corps, leur déplacement, le bruit des coups aussi, et les conséquences sur les corps – ni Keiko ni ses adversaires ne craignent de se faire mal.

Ci-dessous, la bande-annonce.

Mon année cinéma : Anatomie d’une chute de Justine Triet

Bonjour à tous

Cet article conclut (avant le bilan) mon année cinéma 2022-2023. Je ne dirai pas qu’en allant voir ce film je suis sortie de ma zone de confort, ce serait complètement absurde, d’autant plus que je déteste cet expression : à force de sortir de cette fameuse zone qui, chez moi, est très vaste, l’on ne sait plus trop à quoi elle correspond, cette fameuse « zone », ni pourquoi il faudrait la quitter.

Je ne vais jamais voir les films qui ont reçu une palme d’or, jamais. J’évite même soigneusement les films qui ont été sélectionnés, il est très rare qu’ils me plaisent – par contre, ceux qui sont projetés hors compétition, pas de soucis. Cependant, je me suis laissée tenter – parce que Swann Arlaud jouait dans le film.

Première remarque : les cinémas uniquement arts et essais, c’est bien, mais l’ambiance dans la salle était pesante. Des spectateurs, à l’autre bout de la salle, se sont disputés à plusieurs reprises, ne supportant pas le moindre bruit. Il ne faut surtout pas qu’ils aillent voir un film indien ! Ils quitteraient la salle au bout de cinq minutes, ils ne supporteraient pas l’ambiance – moi, c’est plutôt celle-ci que je ne supporte pas.

Contrairement à des critiques que j’ai lues, je ne cherche pas à refaire le film, il est comme il est. J’ajoute qu’un film n’a pas à être moral, et si certaines scènes ont choqué les spectateurs, si ceux-ci auraient voulu les voir supprimées, c’est plutôt à eux de se questionner sur ce que la réalisatrice a voulu nous montrer, nous raconter.

Déjà, il nous parle de la difficulté d’enquêter, puis de juger – je parle au sens juridique du terme, pas au sens moral, non, parce que la morale n’épargnera pas l’héroïne, justement. Lors du procès (car c’est un film de procès, genre peu développé en France), sa vie professionnelle, personnelle, intime sera impitoyablement disséquée. Pire (à mes yeux), c’est le procès de la littérature qui est fait, ce film montrant qu’encore et toujours certains confondent l’art et la vie – si l’autrice a écrit cela dans un roman, c’est donc vrai (oui, c’est vrai, mais dans les limites de ce roman, justement). Ses œuvres deviennent donc des pièces à conviction, les œuvres que n’a pas écrites son mari des pièces à charge – contre elle.

Il est question de handicap, de culpabilité aussi – j’ai beaucoup aimé la tirade dans laquelle elle parle du handicap de son fils, justement : elle explique qu’elle veut avant tout voir un enfant, son enfant, et tout ce qu’il pourra faire dans la vie, non un enfant handicapé.

Reste le grand absent du film, le père, la victime, celui dont la mort ouvre quasiment le film, celui dont il faudra déterminer si la mort est un suicide, un accident ou un meurtre. Certains faits, certaines paroles pourront choquer, bousculer, du moins, je l’espère, et amener à nous interroger sur la charge mentale, sur la création littéraire. L’on en viendrait presque à oublier Snoop, le chien-guide de Daniel, celui qui atteindra une dimension presque métaphorique à la fin du film – et qui sera au centre d’une scène qui m’a donné envie de quitter la salle de cinéma avant la fin. Et même si « aucun animal n’a été blessé », formule consacrée, un animal ne signe pas de contrat pour tourner (il est bon, parfois, de rappeler des évidences).

Pour terminer, voici la bande annonce :

 

Les enquêtes de Charlotte Latourette – tome 3 : Crime brûlé d’Adèle Prince

édition RD – 250 pages/.

Présentation de l’éditeur : 

Lors d’une partie de golf… mortelle, Charlotte Latourette, patronne du restaurant La Pompadour, assiste, impuissante, au malaise d’un client fidèle qui s’effondre sur place. Le lieutenant Valentin enquête, et soupçonnant un empoisonnement, fait fermer le restaurant de Charlotte, où la victime avait dîné la veille. C’est une catastrophe financière pour Charlotte qui, désespérée, décide de mener sa propre enquête pour rouvrir son restaurant dans les plus brefs délais. La victime a-t-elle été empoisonnée à La Pompadour, comme le pense Valentin ?
Si oui, est-ce un accident, ou pire : un assassinat ?
Une nouvelle enquête de Charlotte Latourette !

Mon avis : 

Le golf est un sport dangereux, on ne le dira jamais assez ! Prenez le malheureux Marc Osmond : il fait un malaise en plein parcours. Il a beau être secouru par Charlotte Latourette, rien n’y fait. Mais le pire est à venir : il n’est pas mort de mort naturelle, il a été empoisonné. Serait-ce la cuisine de La Pompadour, le restaurant de Charlotte, qui serait responsable de cet empoisonnement ? Allez, pas de demi-mesure : le restaurant est fermé, la poissonnerie dans laquelle Charlotte se fournit est fermée elle aussi, tout est soigneusement inspecté, mais en attendant, que faire ? C’est un gros manque à gagner pour Charlotte, qui a déjà été impliquée dans deux enquêtes criminelles. Puis, dans une petite ville comme Tarteville, les rumeurs vont très très vite, chacun s’occupant de tout, sauf de ce qui le regarde !

J’ai aimé ce cosy mystery, qui est un vrai cosy mystery, c’est à dire que nous nous consacrons à un seul meurtre, non à une pléthore de cadavres ! Charlotte, qui s’improvise à nouveau détective, paie de sa personne pendant son enquête, au grand dam du lieutenant Valentin. Oui, enquêter est un sport encore plus dangereux que le golf, à ne pratiquer que si vous êtes un professionnel, on ne le répètera jamais assez. La lecture est agréable, elle pourrait presque sembler légère si elle ne nous parlait aussi de grands problèmes de société, comme l’écologie (et la préservation du littoral) ou la notion de consentement, avec laquelle beaucoup ont encore des soucis.

Ceci est un tome 3 : ce n’est pas que je n’ai pas lu les deux premiers, c’est simplement que je ne les ai pas encore chroniqués.

Ma tempête d’Eric Pessan

Aux forges de Vulcain – 160 pages.

Mon avis : 

Je suis professeur de français et je n’aime pas le théâtre. Oui, je sais, cela peut paraître bizarre. J’aime lire le théâtre, j’aime assister à  une pièce de théâtre, j’aime animer des ateliers théâtre-forum avec des élèves mais je n’aime pas toutes les conventions liées au théâtre, que certains professeurs de théâtre s’acharnent à transmettre et m’ont mise à distance du genre théâtre. Voilà, c’est dit.

La tempête de Shakespeare n’est pas mon oeuvre préférée de l’auteur – il s’agit de loin de la nuit des rois. J’ai assisté à une représentation de cette oeuvre, voici quelques années, et je n’ai pu qu’être catastrophée par les choix de mises en scène – comme si la mise en scène comptait plus que l’histoire qui nous était racontée, plus que le texte lui-même. Bref, ce fut tout sauf concluant pour moi.

Ici, dans ce roman, nous suivons la journée de David, intermittent du spectacle en fin de droit, qui doit garder sa fille Miranda – la garderie est en grève, et sa femme, professeur, doit travailler. Après trois ans d’effort, il a dû mettre un point final à son projet de monter la tempête de Shekespeare, et l’on découvrira, au fur et à mesure de la lecture, ce qui l’a contraint à renoncer.

Alors oui, l’on peut voir dans ce livre une dénonciation de la manière dont la culture est traitée en France (Note : j’y trouve un écho dans les dernières déclarations de la ministre de la culture après le festival de Cannes), où certains décideurs confondent volontairement ce qui est populaire, ce qui rapporte avec ce qui est véritablement de la culture. Comme du temps de Shakespeare, à l’époque où les théâtres se montaient (avant, l’on jouait où l’on pouvait), à l’époque où une part d’improvisation importante était laissée aux acteurs, loin du respect à la virgule près tel qu’on peut le voir aujourd’hui. L’on peut voir aussi une mise en abîme des relations familiales difficiles, que ce soit au sein de l’oeuvre de Shakespeare, ou au sein de la vie de David, fils aîné mal aimé, qui a trouvé sa voie, sans l’approbation de ses parents. Mouton noir de la famille ? Pour ceux qui veulent à tout prix rester dans la norme, dans le paraître, dans la réussite sociale à tout prix, oui.

Pour ma part, je vois aussi, en creux, le portrait d’une femme, Anne, qui porte la charge de son foyer, charge mentale, charge financière. L’on comprend, en creux, ce à quoi elle a dû renoncer, ce qu’elle a réussi à obtenir – c’est à dire avoir enfin un enfant. Certains, certaines, trouvent normal qu’une femme se sacrifie, « soit au service » de leur conjoint, pour leur permettre de s’épanouir. Mais Anne, quand s’épanouit-elle ? David sent bien qu’ils sont arrivés à un point de rupture dans leur relation – mais ce roman, comme toute oeuvre classique, se déroule dans une unité de temps (une journée), de lieu (un appartement) et d’action (refaire la mise en scène de la Tempête alors qu’une tempête sévit à l’extérieur), nous n’en saurons pas plus, nous pouvons imaginer que peut-être…. ou pas.

Ma tempête – ou comme si les éléments exprimaient les tourments intérieurs de David.

Hazel par Sarah Koskievic

Présentation de l’éditeur : 

Une trentenaire désabusée en proie à des idées sombres traîne son autodestruction et morcelle son intégrité dans ses relations amoureuses. Hazel, c’est son nom, s’automutile et se donne à des hommes le temps d’une nuit, comme de petits abandons volontaires qui la dépossèdent d’elle un peu plus à chaque fois. Jusqu’au jour où elle rencontre Ian. L’attraction est immédiate, irrépressible. Au rythme du Paris nocturne et des fumoirs de boîtes de nuit, Hazel et Ian se perdent dans une histoire d’amour vouée à l’échec. Jusqu’à sa fin… inattendue.

Mon avis : 

Je regarde cette histoire depuis l’extérieur. Je me sens tellement éloignée de l’univers d’Hazel, jeune femme dont le mal être est tellement profond qu’elle n’aspire qu’à une chose : s’auto-détruire, et le plus vite sera le mieux pour elle. Scarification, tentative de suicide ont marqué son adolescence sans que personne ne trouve le moyen de l’aider, ne serait-ce qu’un peu.

Pourtant, dans les premières pages du roman, nous découvrons qu’elle est sur le point de se marier mais avec qui ? Son meilleur ami, Romain, celui qui a assisté à ses années de désespérance, la conduit à l’autel. Mais qui épouse-t-elle, elle qui a enchaîné les relations sans lendemain ?

Au cours des pages qui suivront, fortes, percutantes, nous découvrons la relation toxique qu’Hazel entretient avec Ian, relation aliénante, étouffante, dont le dénouement ne peut qu’inquiéter le lecteur. Hazel parviendra-t-elle à se défaire de cette emprise ? Et Ian, peut-on attendre quoi que ce soit de positif de lui ? Il est difficile de lâcher la lecture de ce livre qui nous entraîne dans une spirale de souffrance, de dépendance au côté d’Hazel dont la vie professionnelle est aussi réussie que son psychisme est en lambeaux. Tout comme la meute, premier roman de l’autrice, Hazel va à cent à l’heure, parce qu’il faut – aussi – se dépêcher avant que la vie ne vous rattraper.

Merci à Netgalley et aux éditions La Martinière pour ce partenariat.

La lettre de Marc S. Masse

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Présentation de l’éditeur :

L’achat d’un vieux document chez un antiquaire de Dieppe va déclencher une série d’évènements dont le premier est une mort suspecte : suicide, accident ou meurtre ? Ils sont liés à un épisode du règne d’Henri IV qui a mis en jeu de hauts personnages dotés d’ambitions élevées mais dénués de scrupules. Jonas Asselin, un jeune protestant, fils d’un marchand dieppois, se trouve impliqué bien malgré lui dans une affaire d’État.

Mon avis : 

Ce roman est à la fois un roman contemporain et un roman historique. Il ne se divise pas en deux parties, non, il alterne, de façon harmonieuse, les chapitres qui se passent dans le présent, et les chapitres qui se déroulent pendant le règne de Henri IV. Le récit contemporain se déroule pendant un laps de temps assez court, alors que le récit historique parcourt plusieurs années, sur fond de guerre de religion et de persécution des protestants.

Le point commun entre ces deux récits ? Ils se déroulent tous les deux à Dieppe. Je dois dire que j’ignorais totalement ce qui c’était passé dans cette ville à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. J’ignorais aussi beaucoup de faits essentiels sur le règne d’Henri IV, qui dut supporter, entre autres, maintes rebellions de la part de nobles qui n’appréciaient pas/ne voulaient pas qu’un protestant, même converti, soit roi de France. Si Louis XIV a séduit de nombreux scénaristes et romanciers,  son grand-père Henri IV a eu lui aussi une vie amoureuse passionnée, lui aussi a eu de nombreux enfants illégitimes, et ses maîtresses avaient elles aussi des visées sur le roi plus que sur l’homme. Nous suivons Henri IV, oui, mais nous suivons aussi ceux qui sont près de lui, à la cour, ou près de lui sur les champs de bataille. Jonas est le fils d’un commerçant dieppois protestant. Il rêve d’une autre vie, ce que ses proches ne peuvent comprendre. Pour l’avoir, il fera preuve de nombreuses qualités, dont un courage et une ténacité sans faille, il prendra des risques, il souffrira aussi des aléas de l’histoire. L’époque historique a été soigneusement reconstituée, sans lourdeur aucune : le récit ne fait pas de pause pour nous dépeindre une époque, nous sommes au contraire au beau milieu de cette époque et de ses périls.

L’époque contemporaine n’est pourtant pas si sereine. Valentin Ledoux est mort, l’enquête de gendarmerie, vite clôturée, a conclu à un suicide. Le neveu de Valentin n’y croit pas, son oncle avait beau être à la retraite, il avait des projets incompatibles avec le fait de vouloir abréger ses jours. C’est pour cette raison qu’il engage Lionel Darsan pour enquêter. Je ne connaissais pas ce personnage (j’espère trouver le temps de lire les autres romans le mettant en scène prochainement), mais je lui trouve un point commun avec Jonas : la ténacité. Il aurait pu se contenter de mener une enquête superficielle. Il ne le fait pas, attentif qu’il est au moindre détail. Il aurait pu renoncer lorsqu’il a rencontré des difficultés. Il ne le fait pas, même s’il lui faut suivre des pistes inattendues. Et l’intrigue ne révèlera ses derniers secrets qu’à la toute fin du roman.

A découvrir, que vous aimiez les romans policiers historiques ou contemporains.

Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau de Stéphanie Kalfon

Mon avis :

Oui, la rentrée littéraire a débuté depuis le 23 août, oui, je croule sous les livres de la rentrée littéraire (j’en ai déjà lu onze, parce que je n’oublie pas la rentrée littéraire jeunesse et la rentrée littéraire policière). La rentrée littéraire ne doit pourtant pas nous faire oublier qu’un bon livre reste un bon livre, même s’il ne vient pas de paraître.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’un « bon » livre ? Un livre qui vous scotche, qui vous procure des émotions, qui vous étonne et vous questionne. Ce roman de Stéphanie Kalfon est tout cela à la fois. C’est grâce à Béa et son blog Aux bouquins garnis que j’ai découvert et eu envie de lire ce livre.

Nina fête ses huit ans. Ses parents Paul et Emma l’adorent. Ils l’emmènent à la fête foraine, et là, quelques secondes d’inattention suffisent : Nina disparaît. Au matin, la police leur annonce une bonne nouvelle : ils l’ont retrouvé, elle va bien ! Pour Emma, cependant, tout ne va pas bien : elle est persuadée que ce n’est pas sa fille, mais un sosie de sa fille. 

Si vous trouvez ce résumé flippant, vous avez bien raison. Ce livre fait partie de ceux qui vous marquent, qui restent. Sa lecture est prenante, au point que j’avais vraiment du mal à m’en détacher, et que je l’ai lu en une journée. Je rédige mon avis dans la foulée, non par crainte d’oublier, mais parce que ce roman est rempli de force et de puissance. Nous suivrons constamment, au cours de ces deux pages asphyxiantes, le point de vue d’Emma, qui ne va pas bien du tout, alors qu’elle devrait aller bien maintenant que sa fille est revenue et qu’elle va bien. Nina a suivi un m^ùkji (merci Fidélio d’avoir sauté sur le clavier) un chaton, elle s’est perdue et a passé la nuit dans une sanisette. Aucun mal ne lui a été fait. Mais Emma doute, elle voit des micro-différences entre cet enfant, et son enfant.

A-t-elle tort, a-t-elle raison ? Nous, lecteur, le comprendrons assez vite. Cela ne nous empêchera pas d’être bouleversé par les souffrances qui nous sont révélées. Nous suivons le point de vue d’Emma, nous voyons aussi Paul, pris entre sa carrière qui décolle enfin (lui qui semble souffrir du syndrome de l’imposteur) et sa femme qu’il ne comprend plus, Nina, qui a besoin de son père, de sa mère, de ses parents enfin et qui a aussi besoin de vivre la vie d’une enfant de huit ans.

Un livre pas forcément facile à lire, parce qu’il nous montre des faits, des sentiments, des traumas que l’on n’a pas forcément envie de voir. L’on peut même penser que ce qui est analysé ici ne peut pas exister – et pourtant si.

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Le sac à dos bleu de Nadine Brun-Cosme

édition Didier Jeunesse – 80 pages

Présentation de l’éditeur : 

Tout l’été, Marion passe devant la vitrine d’un magasin en admirant un magnifique sac à dos bleu. Comme promis, sa mère et elle s’en vont l’acheter le 1er septembre. Mais catastrophe… le sac n’est plus là ! Marion repart, déçue, avec un sac à dos rose à la place. Le jour de la rentrée, elle découvre que c’est Mathilde, une fille de sa classe, qui a acheté le cartable bleu. Elles ne sont pas amies… Un soir, la mère de Marion ramène Mathilde chez elle en voiture et en sortant, la petite fille se trompe de sac et laisse son sac à dos bleu ! Marion n’en revient pas. C’est ainsi que les deux écolières écrivent la première page d’une belle amitié autour de l’échange de leurs cartables.

Mon avis : 

Merci à Netgalley et aux éditions Didier Jeunesse pour leur confiance.

L’achat d’un sac à dos, ou d’un nouveau cartable, est une étape importante dans la scolarité, comme la promesse d’un nouveau départ, de nouveaux horizons (dit l’acheteuse compulsive de sacs à main et autres cartables). Marion en a rêvé, de ce nouveau sac à dos, mais sa maman a retardé l’achat au dernier moment. Pourquoi ? Cela ne nous regarde pas, mais le jour dit, elle tient sa promesse. Las ! Le sac a été vendu, Marion doit donc se contenter d’un sac rose. Je me suis demandé si l’autrice n’avait pas joué avec les clichés, puisque Marion veut un sac à dos bleu, et se retrouve avec un sac à dos rose – comme il se doit pour une fille si l’on respecte tous ces fameux clichés (et si vous surfez un peu sur le net, vous en lirez de beaux !). Marion n’est pas la seule à aimer le bleu, elle découvre qu’une élève de sa classe, Mathilde, possède le sac qu’elle convoitait tant. Elles ne sont pas amies au début de l’histoire, non, elles se connaissent, elles ont chacun leur centre d’intérêt. Ce sac leur permettra de se rapprocher.

Cela fait du bien de lire une histoire simple, même si celle de Mathilde, issue d’une famille décomposée, mais d’une famille qui a existé, n’a pas dû l’être tant que cela. C’est l’histoire de la naissance d’une amitié, sans heurt, sans conflit, alors qu’il aurait été très facile d’en créer un, une histoire simple écrit avec des mots simples, pour que les élèves puissent, pour une fois, découvrir que l’on peut aussi leur raconter des histoires douces.

Sushi crush d’Eric Senabre

Présentation de l’éditeur : 

Lorsque Sora, Kenichi, Mina et Amiko, quatre amis japonais, rencontrent Takumi, celui-ci est prêt à en finir. Le chef cuistot s’est humilié devant l’élue de son coeur et aimerait la reconquérir mais il ne sait pas comment faire. Les amis ont alors une idée : monter un restaurant qui l’impressionnera à coup sûr ! Mais sans local ni sous-chef, la tâche s’avère plus difficile que prévu…

Mon avis : 

Merci aux éditions Didier Jeunesse et à Netgalley pour leur confiance.

C’est toujours avec plaisir que je découvre un nouveau roman d’Eric Senabre, et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Comme certains de ces précédents ouvrages Megumi et le fantôme  ou bien Katsuro le titan l’action se déroule au Japon. Quatre adolescents se trouvent réunis autour d’un cuisinier, Takumi, qui a tout perdu : son avenir professionnel et l’amour de sa vie. Leur première mission, et pas des moindres : lui remonter le moral. Deuxième mission : l’aider à atteindre son but, reconquérir l’être aimée.

Nous croiserons dans ce récit enlevé une galerie de personnages haut en couleurs, hors normes, y compris ceux que les quatre amis (plus une tortue) rencontreront pour les aider. Trouver un local, trouver quelqu’un pour seconder Takumi, ce n’était pas forcément gagné, surtout que, et le romancier ne l’oublie pas, le Covid est passé par là et a eu des conséquences.

Les adultes peuvent s’avérer des alliés précieux même s’ils peuvent être un peu déroutés par la mission que les quatre amis se sont données. Et s’il est un message à retenir, c’est qu’accepter l’autre tel qu’il est, même s’il ne rentre pas dans les cases, est important.

Sushi crush, un roman à déguster.

 

 

Généalogie : Panilleuse

Bonjour à tous

Il fait chaud, alors je m’occupe en participant à l’indexation collaborative, ce que je n’avais pas fait depuis longtemps.

Je choisis d’indexer les actes des communes où mes ancêtres ont vécu.

Le deuxième acte qui paraît est le décès de mon arrière-grand-mère Louise. Cet acte, que je possédais déjà (vive les archives départementales) dit qu’elle est décédée à son domicile, et c’est sa voisine Albertine Picard, 37 ans, qui a déclaré son décès. Etaient-elles amies ? Cela ne faisait pas très longtemps que la famille habitait Panilleuse, où est né leur dernier fils, ils avaient vécu auparavant aux Andelys, où sont nés mon grand-père et son frère aîné, à Mézières, où sont nés deux de ses petits-frères.

L’acte ne le dira pas, comme elle ne dit pas la couleur de ses cheveux (c’est la seule chose dont mon grand-père se souvenait, la magnificence de sa chevelure), mais Louise est morte en couches, elle n’a pas pu accoucher de son sixième enfant. Je me dis que, de nos jours, une césarienne l’aurait sans doute sauvée.