Quatrième de couverture :
Une mère accablée par la mort de son enfant. Un capitaine de police déterminé à lui faire justice, jonglant entre tensions familiales et obligations professionnelles.
Merci au forum Partage-Lecture et aux éditions Marabout pour ce partenariat.
Mon avis :
Ce livre est un premier roman, et bien cela ne se ressent pas à la lecture, tant l’écriture est maîtrisée. Pas maîtrisée dans le sens où l’auteur roule dans la farine son lecteur – avec un sujet aussi dramatique, ce serait mal venu – mais maîtrisée parce que l’auteur joue avec les mots, les différents points de vue employés et nous entraîne là où elle a voulu, nous amenant à nous interroger sur nos réactions non seulement de lecteurs, mais aussi d’homme, de femme, confronté à un fait divers.
Un enfant a été renversé par une voiture, il n’a pas survécu. Seule témoin : sa mère, et c’est par ses yeux que nous découvrons ce qui s’est passé. Il n’y a pas de doute pour le lecteur : ce n’est pas un simple accident. Puis vient l’enquête et, il faut bien le dire, les rouages de la justice anglaise. Enquêter, oui, encore faut-il qu’il y ait des résultats rapides. Une affaire a tôt fait d’en chasser une autre, le budget est un impératif à prendre en compte – c’est tout juste si, à une époque où certains veulent tout, tout de suite, il existe encore une possibilité pour mener une enquête sur une durée non déterminée, et ce n’est pas la seule faille du système judiciaire qui apparaît au cours de cette intrigue. Les deux enquêteurs prennent le risque de continuer à enquêter – ce qui n’est pas le moindre des paradoxes quand on est policier. Ils seraient presque classiques, sinon, tel ce vieux briscard qui ne se rend pas compte que sa femme ne se satisfait pas de son rôle de mère au foyer et qui se laisse aller, un peu, avec sa jeune collègue.
A l’opposé, ou presque, se trouve Patrick, un personnage presque trop parfait. Il est vétérinaire, sauveteur, il a aussi une blessure intime, mais il va de l’avant, pense aux autres avant de penser à lui-même. Si nous avons rencontré ce personnage, c’est par le biais de Jenna qui n’est pas le personnage qui met le plus mal à l’aise dans ce roman (je ne suis pas très originale en disant qu’il s’agit de Ian), mais celui qui est le plus oppressé, le plus souffrant, celui dont on a envie de panser les blessures – y compris, pour ma part, jusqu’au coup de théâtre, qui fait de ce roman quasiment deux romans en un.
Il y aurait encore tant de choses à dire. Sur les médias, par exemple, qui font des papiers-événements, jugent, au lieu de livrer un vrai travail journalistique. Sur ceux, aussi, qui considèrent l’être qu’ils disent aimer comme un objet dont ils peuvent disposer. Sur la capacité qu’ils peuvent avoir à isoler cette personne, et les conséquences pour celle-ci.
Te laisser partir est un roman fort et réussi, à recommander à tous les amateurs de romans policiers qui ne se contentent pas d’être des romans policiers.