Archive | janvier 2013

Un café maison

caféMon résumé :

Yoshitaka est retrouvé mort, une tasse de café à ses côtés. Qui a bien pu le tuer ?

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Mon avis :

Je découvre cet auteur, et ce roman est juste excellent. Tout ce que j’apprécie dans un roman policier, tout ce qui me donne envie de poursuivre le chemin avec un auteur, tout ce qui me donnerait envie que les enquêteurs n’existent pas seulement entre les pages des livres mais dans la vie. L’adjectif « attachant » me paraît encore trop faible pour ce que j’ai ressenti envers le personnage de Kaoru, suffisamment fine pour ne pas affronter son supérieur Kusigani, qui n’est pas émotionnellement en état d’accepter ses déductions et pour trouver un moyen de les faire accepter.

J’ai apprécié le rythme avec lequel l’intrigue était conduite. J’ai apprécié de ne pas trouver une intrigue secondaire qui parasite l’intrigue principale. J’ai apprécié que certains faits se dénouent assez rapidement – l’auteur refuse la facilité, et c’est tant mieux.

Conquise ? Oui.

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Les filles du samouraï, tome 3 : l’affrontement de Maya Snow

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édition Flammarion – 310 pages.

Quatrième de couverture :

Hana et Kimi ont enfin retrouvé leur mère et leur petit – frère, Moriyasu. Mais toujours en fuite, la famille erre de ville en ville, contrainte à entrer dans la clandestinité. Le terrible Hidehira sévit toujours dans les provinces, semant la mort partout où il passe. Les villageois meurent de faim, la révolte gronde. Rongées par la colère et la soif de vengeance, les deux sœurs se préparent à affronter leur destin et livrer la bataille qui leur rendra leur honneur. L’heure de la revanche est venue. Quel qu’en soit le prix…

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Mon avis :

Ne lisez pas ce qui suit si vous n’avez pas lu les deux tomes précédents car vous avez un fort risque de lire des spoilers.

Le temps de l’apaisement n’est pas encore venu pour Hana et Kimi, et le début du roman les montre en train d’affronter une nouvelle épreuve. Dit ainsi, il semblerait que les livres soient répétitifs, il n’en est rien, et ce qu’elles endurent ici n’est que la conséquence des manœuvres de leur oncle pour les faire disparaître, elles et l’héritier légitime du jito.

Le quatrième de couverture est d’ailleurs assez inexact : les deux soeurs ne sont pas rongées, l’une des deux est beaucoup plus passive que l’autre, alors que Kimi est toujours prête à en découdre. Pour elle. Pour son père et ses frères morts. Pour les villageois qui n’ont plus rien et se meurent lentement, d’épuisement et de malnutrition. Kimi se libère peu à peu de sa volonté de vengeance, pour la remplacer par une volonté de justice. J’ai aimé qu’elle soit mise en garde contre la haine et la colère qui emplissent son coeur – trop souvent, dans les romans qui prennent la vengeance pour base, il ne reste plus rien une fois les pages refermées.

Se pose une autre question : Kimi pourra-t-elle redevenir la fille qu’elle était avant ? C’est fort peu probable. Pourtant, une autre épreuve les attend : le combat physique semble terminé, il faut maintenant solliciter l’appui du Shogun, ce qui nécessite beaucoup de diplomatie. La vie auprès du Shogûn est parsemée d’embûches subtiles, d’adversaires d’autant plus redoutables qu’ils avancent à pas feutrés – comme des ninjas.

La fin de ce troisième volume apporte un rebondissement de taille. A moi maintenant de retrouver le tome 4, soigneusement rangé par mes soins.

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Le bal de la victoire d’Agatha Christie.

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Liste des nouvelles :
– L’affaire du bal de la victoire
– L’aventure de la cuisinière de Clapham
– Le mystère des Cornouailles
– L’enlèvement de Johnnie Waverly
– Le double indice
– Le roi de trèfle
– La succession Lemesurier
– L’express de Plymouth
– Les plans du sous-marin
– L’appartement du 3ème
– Double péché
– Le mystère de Market Basing
– Le guêpier
– Problem at sea
– Comment poussent vos fleurs ?

Mon avis :

En lisant certaines nouvelles, j’ai eu une impression de déjà lu, et j’en ai eu confirmation : trois d’entre elles sont présentes dans d’autres recueils (Le double indice, Double péché et Le guépier). Les joies des différences entre édition anglaise, française, voire même américaine. Ce point précisé, je m’attarderai donc sur les douze autres nouvelles de ce recueil.

Nous retrouvons un Hercule Poirot au mieux de sa forme dans ce recueil, un Hercule Poirot près à trouver le coupable, à l’identifier, à le livrer à la justice sans même sortir de chez lui, ou presque pas. Ce sera le cas notamment dans l’appartement du 3e. Mettez-vous à la place d’Hercule : il loue un appartement, sous une fausse identité, et pan ! Voilà que sa voisine est assassinée et qu’il se fait un devoir, bien sûr, de trouver le meurtrier et de favoriser les amours d’un charmant jeune homme – papa Poirot n’aime rien tant que favoriser les amoureux.

Vous me direz… partir en voyage ne lui apporte pas vraiment la sérénité.  Il décide de partir en excursion, en car, avec Hastings – un vol est commis. Il part en croisière – un meurtre est commis. Ou bien serait-ce le sort qui s’acharne sur les criminels ? Ils ont la malchance de croiser la route de Poirot !

Force est de reconnaître que les coupables ne sont pas des inconnus pour les victimes. Si la famille est un lieu protégé pour l’héroïne du roi de Trèfle, elle peut aussi être le lieu de tous les dangers, et même comporté en son sein un dangereux tueur en série. Ne parlons pas non plus de l’amour : rien n’est pire qu’un amoureux déçu, ou qu’un amoureux qui ne l’est plus. Le divorce existe, certains moyens sont plus expéditifs.

N’oublions pas l’argent, qui reste un des mobiles les plus puissants, le mobile de prédilection dans les romans d’Agatha Christie. Et le meurtre n’est pas le seul moyen pour s’en procurer ! Je ne devrais pas dire l’argent, d’ailleurs, mais plutôt ce qu’il permet d’obtenir : puissance, pouvoir, image publique, voire même un jardin… c’est fou ce que l’argent peut vous procurer. Il est simplement dommage qu’il faille un peu, juste un peu, se salir les mains pour s’en procurer.

Le bal de la Victoire, en dépit de la diversité des nouvelles qui sont réunis dans ce recueil, me laisse tout de même le regret de quitter Hercule Poirot et Hastings au bout de trente à quarante pages : je préfère nettement lire une enquête entière.

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La réparation de Colombe Schnek

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Quatrième de couverture :

« Je me suis d’abord trompée.
Je me disais c’est trop facile, tu portes des sandales dorées, tu te complais dans des histoires d’amour impossible, tu aimes les bains dans la Méditerranée et tu crois qu’une fille comme toi peut écrire sur la Shoah ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La petite Salomé, dont ma fille a hérité du beau prénom, mon arrière grand-mère, mes oncles et tantes, mes cousins, vivaient en Lituanie avant la guerre. Ils appartenaient à une communauté dont il ne reste rien. »

Que s’est-il vraiment passé dans le ghetto de Kovno en 1943 ? Et pourquoi cette culpabilité en héritage ?
Dans ce roman-vrai, Colombe Schneck remonte le temps et fouille les mémoires. Jusqu’à la découverte d’une vérité bouleversante.

Circonstance de lecture :

J’ai lu ce livre sur la liseuse prêtée par ma bibliothèque municipale.

Mon avis :

Il est difficile à rendre. Je commencerai donc par ce qui m’a déplu. De nos jours, les écrivains qui révèlent des secrets de famille sont nombreux, très nombreux. Ils s’interrogent tous sur la manière de le faire, s’ils sont légitimes ou non de le faire. Je trouve vraiment dommage qu’avec un sujet aussi fort, l’auteur gâche des pages avec ses doutes (surtout qu’elle les répète à plusieurs reprises) ou à nous raconter sa confortable vie bourgeoise, ses amours compliqués. Le livre aurait gagné à être épuré.

En effet, dès qu’il s’agit de raconter la vie de ses grandes-tantes, de son grand-oncle, de son arrière-grand-mère, de sa cousine et de ses cousins, le récit nous happe, nous questionne aussi. Qu’aurions-nous fait à leur place ? Quelle décision aurions-nous prise ? Aurions-nous eu cette insouciance des années d’avant-guerre, quand Glinda exhortait ses soeurs et son frère à quitter la Liutianie ? Aurions-nous eu cette force pour survivre, pour continuer à vivre malgré tout ?

Ne rien dire, ne pas se plaindre, recommencer sont les mots d’ordre des survivants. Les non-dits, y compris de la part de la mère de l’auteur tisse les relations familiales et sous-tendent ce récit (je ne peux pas dire : « ce roman », ce n’en est pas un). J’aurai presque envie d’interroger Colombe Schneck sur le choix de ce prénom : volonté inconsciente d’exaucer le vœu de sa mère, elle qui dit l’avoir complètement oublié ? Parfois, j’ai aussi ressenti un curieux détachement, j’ai nettement préféré la lecture des lettres, bien réelles, qui sont insérées dans le texte, ou la description des photos (elles aussi présentes dans le texte) qui redonnent vraiment vie à Macha, Raya et à Salomé.

Je quitte donc ce livre avec le regrêt de ne pas avoir été autant bouleversé que j’aurai dû l’être à cette lecture, moi pour qui le sujet est pourtant très sensible.

 

 

 

V comme vampire, chapitre 11

loup-garou-2283017b56_club-ado_frRésumé des épisodes précédents de v comme vampire : Gaël de Nanterry est un docteur es science des vampires et des loups-garous.  Après une violente agression et des promesses diverses et variées à ses proches, il tente de reprendre le cours de sa vie ordinaire avec Silas, son compagnon. Sa tante a souhaité qu’il devienne son thérapeute, malheureusement, la thérapie de couple est un échec. C’est à ce moment que survient la meute du Sud, dont la louve alpha n’est autre que sa tante Caroline. Ils viennent apporter leur soutien à leurs congénères et autres chauve-souris.

22 h 00 : C’est vraiment gentil de ta part d’avoir proposé d’héberger mon oncle, ma tante, ma cousine, mes cousins, leur garde du corps…

Je crois que je n’avais pas fini de citer tous les loups-garous qui dormaient sous notre toit que Silas me tournait le dos en tirant à lui toute la couverture, signe indubitable qu’il était de fort mauvaise humeur. Je fis la seule chose possible : je me levai et pris ma couette « en cas de catastrophe ».

22 h 05 : me souvins l’avoir prêtée à mon cousin Kit.

22 h 10 : me recouchais et tirais à moi la couverture.

22 h 12 : Silas me déclara que si toutes les chambres et les niches d’amis n’étaient occupées, y compris le canapé du salon et autres fauteuils lacérés, sans oublier la baignoire, il serait allé dormir ailleurs.

22 h 14 : « je peux aller dormir avec Kit si je te dérange. »

22 h 16 : « Hors de question ! Tiens, la voilà, ta couverture ! »

Pour des raisons inexplicables, Silas est jaloux de Kit. C’est à n’y rien comprendre. Kit a quatre mois de moins que moi, autant dire que nous sommes très proches car nous avons grandi ensemble et partager les mêmes jeux. Lui est un authentique loup-garou. Il a de superbes cheveux noirs et bouclés qui lui tombent sur les épaules, des yeux d’un noir profond, un teint diaphane, des épaules de rêve, des abdos superbement dessinés…

Non, je n’ai pas le béguin pour lui, c’est mon cousin ! Je sens que certains lecteurs ont l’esprit mal tourné ! Kit est juste le plus beau loup garou de sa génération, et par extraordinaire il est mon cousin. Ce sont des choses qui ne se commandent pas.

22 h 42 : des loups-garous, cela ronfle énormément. Enfin, surtout Gontheuque, l’un des gardes du corps de mon oncle. Viggo et Harmond, les deux autres gardes, sont plus discrets.

23 h 02 : je ne dors toujours pas. Les loups garous … (refrain connu).

23 h 12 : ma tante prépare une collation nocturne pour ses loupiots (déjà adulte, mais une mère louve ne se refait pas). Elle est venue avec des provisions. Mon cousin Kit a l’estomac délicat, normal il est un alpha délicat.

23 h 14 : « tu penses à ton cousin.

–          Oui, parce que ma tante lui prépare un en-cas.

–          Ce n’est pas une mère-louve, c’est une mère-poule, grommela-t-il.

–          Attention Silas, bientôt, tu grogneras comme un vrai garou.

02 h 14 : je sombre dans le sommeil.

06 h 14 : « ça va pas ou quoi ? »

Un loup garou est rarement de bonne humeur au réveil. Un loup garou qui a dormi dans une baignoire encore moins. Un loup garou réveillé parce que le propriétaire des lieux s’est fait couler un bain…

–          Vous avez eu de la chance que je respecte le code des lycans : ne jamais griffer un hôte. Z’avez une serviette propre non déchirée ?

06 h 42 : l’humeur n’est pas au beau fixe pour le petit déjeuner. Les entrecôtes sont trop cuites, il n’y a quasiment plus de Viandox et tout le monde a mal dormi. Mon cousin Kit a des cernes sous les yeux. Le pauvre doit être fatigué, le voyage a été long, il n’a pas pris le temps de faire des pauses devant l’urgence de la situation et…

–          Réunion de crise à 8 h 00. Cette situation n’a que trop duré. Le haut-conseil vampirique et le haut-conseil faerique se joignent à nous, sans oublier le comité trollesque. Mon cher Silas Machinchosetruc.

– Chépukoi.

– C’est bien ce que j’ai dit, précisa mon oncle Néro de sa voix la plus douce (autant dire que l’on était proche du rugissement de tigre affamé). Vous nous servirez d’interprète et toi, Gaël, tu nous accompagneras – on n’est jamais trop prudent, et les [censurés] qui ont essayé de te supprimer une première fois pourraient avoir envie de recommencer. Ou de s’en prendre à l’un d’entre nous. Meilleur moyen de [censurer] toutes les communautés de créatures magico-fantastiques.  La réunion se tiendra au chêne du Val Fleury.

Kit frissonna, il n’était pas le seul. Le val Fleury n’a de « fleuri » que le nom, et est aussi accueillant qu’une salle de jeux après le passage d’une troupe de louveteaux en pleine croissance. Au moins, les participants ne se laisseront pas distraire par le paysage et verront arriver les ennemis – s’ils ont le courage d’attaquer frontalement.

Haïku du XXe siècle

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Quatrième de couverture :
La présente anthologie propose d’explorer sous toutes ses facettes le renouveau du haiku dans le Japon d’aujourd’hui. Depuis la fracture d’Hiroshima, le haiku se nourrit du désordre des paysages urbains, exploite des gisements inattendus, ausculte l’accélération de l’histoire tout en gardant vivaces la saisissante simplicité et l’exigence d’expression absolue qui le fondent. Renaissant littéralement de ses cendres après le cataclysme, il trouve un nouveau souffle, cherchant un juste contrepoint au kaléidoscope du siècle. En effet, et ce n’est pas là le moindre de ses paradoxes, la forme poétique la plus courte du monde, née sous l’égide de Bashô il y a quelque trois cents ans, semble résonner au mieux avec la sensibilité contemporaine, laquelle privilégie, on le sait, une esthétique de l’instantané. Les 456 poèmes rassemblés dans cette anthologie témoignent d’un exceptionnel foisonnement.
Dragon2012feu
Mon avis :
Ce recueil est ma deuxième incursion dans ce genre poétique qu’est le haïku. La différence avec le précédent recueil est qu’il s’agit ici de poèmes plus contemporains, puisqu’ils datent tous du XXe siècle, et plus particulièrement de l’après seconde guerre mondiale. La perfection, la sensibilité, l’émotion sont toujours au rendez-vous – l’art d’écrire est intemporel.

Monde lointain
Toujours plus lointain
Dans le soleil radieux.
Mizuhara Shûôshi

Le recueil est lui aussi divisé entre quatre saison, et en une dernière partie hors-saison. J’ai trouvé que ces poèmes étaient sensibles aux petits détails du quotidien, aux petits faits qui paraissent sans importance mais ouvrent des perspectives à l’imagination, ou à la réflexion. Il suffit de quelques mots pour parler de la liberté que l’on ne peut ôter, même à un poète emprisonné :

Même derrière les barreaux

On peut souffler

Des bulles de savon

Hirahata Seîto

Il est question, aussi, de la condition féminine. La difficulté, pour une poétesse, de trouver le temps d’écrire, d’être reconnue. La difficulté d’être mère, aussi. La douleur de perdre l’être aimé :

Robe de soie légère

Plus de bague à mon doigt

Depuis…..

Takahashi Hawajijo

La seconde guerre mondiale est évoqué, tout en discrétion, et en pudeur, pour exemple cet haïku :

Un garçon faisait de l’arithmétique

et pleurait en cachette

cet été-là

Saitô Sankî.

Le soldat américain est présent, ce qu’il a apporté aussi – la mère de Terayama Shûji a trouvé du travail sur une base militaire américaine.

J’ai aimé aussi que les animaux, et sur les chats, fassent leur apparition dans ce recueil. Ils représentent autant l’animal bien réel qu’un symbole :

Longue lignée de voyageur

Un chaton

Ferme la marche

Katô Shûson.

Je m’arrête ici car je n’en finirai plus de citer ses haïkus, tous plus beaux les uns que les autres, mêlant à la fois la tradition et la modernité.  Si vous ne connaissez pas encore ce genre littéraire, n’hésitez plus !

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Haïku : anthologie du poème court japonais

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Présentation de l’éditeur :

Né il y a trois siècles au Japon, le haiku est la forme poétique la plus courte du monde. Art de l’ellipse et de la suggestion, poème de l’instant révélé, il cherche à éveiller en nous une conscience de la vie comme miracle. De Bashô jusqu’aux poètes contemporains, en passant par Buson, Issa, Shiki et bien d’autres, Haiku est la première anthologie à présenter un panorama complet de ce genre littéraire, en lequel on a pu voir le plus parfait accomplissement de l’esthétique japonaise.
Dragon2012feu
Mon avis :
La lecture de ce recueil marque ma participation du mois de janvier pour le challenge Sur les traces du Japon.
Je ne connais strictement rien aux haïkus, à cette tradition, et ce n’est pas les quelques pages de présentation de ce recueil qui vont me permettre d’améliorer mes connaissances sur ce sujet. Qu’à cela ne tienne, et tant pis pour l’analyse critique, je préfère me laisser porter par mes émotions plutôt que par une analyse qui m’aurait rappeler mes années d’études universitaires.
Le recueil est divisé en cinq parties, une pour chaque saison, et un « hors-saison ». Les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont « fines précisions » : le but est de dire, de suggérer beaucoup, avec peu de mots et de dessins – les idéogrammes et leurs différentes significations élargissent le sens des haïkus, ce que ne peut faire une traduction, si aboutie soit-elle.
Les seconds mots qui me viennent à l’esprit sont « faculté d’observation » : le poète regarde ce qui l’entoure et le retranscrit en peu de mots. Ou comment saisir la fragilité d’un instant, et lui faire traverser le temps.
Ma dernière observation sera « émotions » : elles sont nombreuses à nous parvenir grâce à ces haïkus. Le rire a aussi sa place, devant certaines considérations qui semblent prosaïque. Le sont-elles uniquement ? A vous de lire.
Pour terminer cet article, j’ai choisi de partager avec vous ce poème :
Au pied de la montagne
Sous un soleil bienveillant
Une rangée de tombes
Taneda Santoka.
Banniere-janvier

Chasseur noir de Michel Honaker

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édition Gallimard – 240 pages.

Présentation de l’éditeur :

 » … D’anciennes légendes parlent de celui qui, pour avoir pactisé avec le Mal, se voit condamné à galoper chaque nuit à la poursuite des démons. Jusqu’à la fin des temps, il se doit d’accomplir sa traque, inlassablement.,. Telle est la malédiction du Chasseur noir.  » Le maire assassiné par envoûtement, un adolescent qui s’adonne à des incantations… Depuis quelques semaines, New York est devenu le théâtre d’événements inquiétants. Alertés, le lieutenant Trevor Meredith et son stagiaire Bob Single mènent l’enquête. Mais ils n’y arriveront pas seuls. Ils ont besoin de l’aide du professeur Ebezener Graymes. Spécialisé en  » Démonologie et Traditions anciennes « , il est également le nouveau régulateur des pratiques occultes, autrement dit le  » Chasseur noir « ..

Circonstance d’écriture :

J’ai lu ce livre avant le tome 2 mais j’ai rédigé cette chronique-ci d’abord, afin de participer au challenge Un mot des titres de Calypso.

Mon avis :

Réussi ? Oui (vous noterez ma forte tendance à rédiger des avis sobres). Sombre ? Complètement.

Nous faisons ici connaissance avec Ebenezer Graymes, le chasseur noir. Ne cherchez pas de l’empathie chez lui, ou une quelconque volonté de faire le bien. Il se définit lui-même comme pire que ce que l’on peut imaginer. Cet homme a cependant une blessure : la mort de son maître, pris par les sables du désert, manière pudique de parler de son assassinat et de la trahison dont il a été victime. Tant pis pour ceux qui prétendraient le contraire.

New York est la proie du chaos, les puissances qui la gouvernent n’ont rien d’humain. Chacun s’essaie à la sorcellerie sans peine, comme si invoquer les démons n’avait strictement aucune conséquence. Les intérêts qui motivent les new-yorkais en revanche rejoignent tout ce que l’humain connait de pire- lutte pour le pouvoir et pour l’argent.

L’intrigue est remarquablement bien menée et réserve un magnifique coup de théâtre final. Il ne faut pas chercher  à piéger le chasseur noir.

PS : oui, je suis toujours à la recherche du tome 3 !

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Rampart street de David Fulmer

 

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L’armateur John Benedict est retrouvé assassiné dans Rampart Street, l’une des rues les plus malfamées de Storyville, le célèbre quartier chaud de La Nouvelle-Orléans. La police conclut hâtivement que le notable a été la victime d’un maraudeur, mais la famille ne se satisfait pas de cette explication. L’affaire est donc confiée au détective créole Valentin Saint-Cyr, de retour après dix-huit mois d’absence. Il ne tarde pas à comprendre qu’on l’a recruté, non pour découvrir la vérité, mais pour enterrer cette histoire au plus vite. Il n’en faut pas plus pour lui donner envie de creuser davantage, d’autant que la jolie fille de la victime le soutient dans cette démarche.
Plus obstiné et insolent que jamais, le détective se retrouve plongé au cœur d’un drame dont l’origine remonte au passé violent de La Nouvelle-Orléans qui continue d’être déchirée par les antagonismes raciaux.

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Mon avis :

J’ai mis du temps à lire ce livre, non parce qu’il ne me plaisait pas, mais parce qu’il est particulièrement prenant. Ce n’est pas précisé dans le quatrième de couverture – sans doute les fans savaient-ils à quoi s’attendre, pour ma part je découvrais l’auteur avec cet ouvrage -mais l’action se passe dans les années 1910. Aussi, la position de certains personnages est-elle bien différente de ce qu’elle pourrait être aujourd’hui. Ne parlons même pas de la situation de Valentin, créole, donc métis, donc (pour les Blancs) noir, même si cela ne se voit pas (!). Valentin enquête alors que personne n’a envie qu’une enquête soit rouverte. L’affaire est tellement simple : un notable est venu s’encanailler, comme tant d’autres, dans un quartier chaud, il a été détroussé, son voleur l’a tué. Celui-ci est même sous les barreaux. Que demander de plus ? La vérité, tout simplement. Il ne restait à Anne-Marie, fille du défunt, qu’à recruter un détective près à mener l’affaire jusqu’au bout, même si les intimidations sont nombreuses – pour ne pas dire les tentatives de meurtres sur sa personne.

Tous les coups sont permis, personne n’est à l’abri, si ce n’est Anne-Marie, fille de la victime, même s’il se chuchote qu’elle se compromet un peu avec ses sorties inopinées et avec ce détective qu’elle a engagées. Ne profite-il pas de sa faiblesse, d’ailleurs, en se faisant payer pour un crime déjà résolu ? Bien heureux ceux qui croient en sa naïveté, ainsi ils laissent tranquille celle qui en sait bien plus qu’elle ne le dit, même à Valentin. Quant à sa mère, elle vit dans un autre monde, elle qu’une maladie garde sous morphine en permanence – complaisance des médecins ? Voeux de son mari pour qu’elle ne se mêle pas de ses affaires ? Mal de vivre d’une femme que rien ou presque ne retient, pas même sa fille ? Elle apparaît dans le roman comme une présence fantomatique,que plus rien ne concerne en ce bas monde, sauf ses injections quotidiennes.

Elles ne sont pas les seules présences féminines de ce roman : John Benedict avait trouvé ailleurs ce que son foyer ne lui offrait plus depuis longtemps, dans les bras d’une belle quarteronne. Etre domestique ou se prostituer semble être les seules perspectives d’avenir pour les métisses – restent à savoir profiter de la situation, comme le fait la belle Sylvia, et à être discrète. Ses beaux messieurs qui vantent la supériorité de la race blanche n’aimeraient pas que l’on découvre les noires beautés qui sont leurs maîtresses. Ils n’aimeraient pas non plus que l’on découvre comment ils se sont enrichis, comment ils ont acquis la position sociale qui est la leur.

Dans Rampart street, quartier populaire par excellence de la Nouvelle-Orléans, se dénoue une intrigue qui puise ses origines plusieurs décennies auparavant. La justice triomphera-t-elle ? Cela dépend ce que l’on nomme justice.

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Délivrance de Jussi Adler-Olsen

tous les livres sur Babelio.com

Quatrième de couverture :

Au fin fond de l’Ecosse, une bouteille ancienne en verre poli est longtemps restée sur le rebord d’une fenêtre. Personne ne l’avait remarquée, pas plus que le message qu’elle contenait. Un message qui commence par le mot Hjœlp, « au secours », en danois, écrits en lettres de sang…
Envoyée par la police anglaise à Copenhague, la mystérieuse missive atterrit entre les mains de Mørck et de son équipe. Son déchiffrage révèle qu’elle provient de deux garçons qui auraient été kidnappés dix ans plus tôt. Chose étrange : leur disparition n’a jamais été signalée…

Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour ce partenariat.

Mon avis :

Je sens que je ne vais pas me faire que des amis avec ce billet. En effet, je ne parlerai pas des enquêteurs, attachants, ni de l’intrigue, qui ne vous donne pas envie de lâcher le livre jusqu’à ce que je l’ai terminé et jusqu’à avoir – enfin – une lueur d’espoir.

Je parlerai de religion, ou plutôt des sectes qui sont le sujet principal de ce roman. Mon anticléricalisme ne va pas se trouver améliorer après cette lecture. Je connaissais l’existence de ces communautés repliées sur elles-mêmes, je connaissais l’existence de ces fous de dieu qui oublient que le message principal d’une foi véritable est « aime ton prochain comme toi-même ». Vaste précepte pour ces personnes qui font de leur vie un enfer sur terre, et plus encore celles de leurs enfants.  La véritable note d’espoir serait pour moi qu’ils parviennent à retrouver leur liberté, et parmi tous les personnages croisés dans ce livre, un seul y est parvenu – à quel prix. Je ne dirai pas son nom, pour ne pas dévoiler l’intrigue outre mesure. Je dirai simplement que grâce aux enquêteurs, il fera un nouveau pas vers l’atténuation de sa souffrance – et que grâce à lui, ils ont fait un grand pas dans la résolution de leur enquête.

Carl, Assad, Rose, trois enquêteurs émérites à la vie privée compliquée. Ils ont la politesse de ne pas s’en plaindre, de ne pas se confier non plus les uns aux autres. Je donne une mention spéciale au caractère de Rose, avec lequel les deux autres doivent composer, et pas d’un peu. Il faut de l’acharnement pour trouver le coupable, et sauver ceux qui peuvent encore l’être. N’attendez pas de pitié ou de tendresse pour le meurtrier : ce qu’il a subi dans sa jeunesse ne justifie  pas sa froide cruauté actuelle. Au contraire, il le reproduit, de manière pire encore.

Réussi, ce livre ? Oui. Au point que j’ai envie de prolonger l’aventure avec cet auteur que je ne connaissais pas.
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