Archive | mars 2021

Ceci est mon coeur

Présentation de l’éditeur :

L’enfant de la prochaine aurore de Louise Erdrich

Merci aux éditions Albin Michel pour leur confiance.

Présentation de l’éditeur :

Dans le sillage d’une apocalypse écologique qui menace l’équilibre de la vie sur terre, l’évolution des espèces s’est brusquement arrêtée. C’est dans ce contexte instable et inquiétant, alors qu’un gouvernement totalitaire a pris les rênes des États-Unis et impose aux femmes enceintes de se signaler auprès d’un centre dédié, que Cedar Hawk Songmaker, 26 ans, apprend qu’elle attend un bébé. Cette jeune Indienne, adoptée à la naissance par un couple de Blancs progressistes, décide alors d’aller rencontrer pour la première fois sa famille biologique, installée sur une réserve dans le nord du Minnesota, et comprend que les membres de l’« Église de la Nouvelle Constitution » désormais au pouvoir portent un intérêt tout particulier à l’enfant qu’elle porte.
Face à la désintégration de ce qui constituait le quotidien ordinaire des Américains, et déterminée à protéger coûte que coûte son bébé, elle se lance dans une fuite à travers le pays, sans savoir s’il existe encore un lieu sûr où se réfugier.

Mon avis :

Je ne vous cacherai pas que j’ai eu du mal à entrer dans cette lecture, il m’a fallu une bonne centaine de pages pour y parvenir, tout simplement parce que ce livre n’appartient pas à  un genre littéraire que j’ai l’habitude de lire, ensuite parce que l’autrice elle-même a écrit un livre qui diffère de ceux que j’ai déjà lus d’elle.

Ce que je viens d’écrire appelle déjà à un approfondissement. A quel genre littéraire appartient ce livre ? Spontanément, je dirai la dystopie, genre dont on parle beaucoup pour penser à Hunger games ou Divergente. Nous sommes en effet dans une Amérique pas si éloignée (temporellement) de nous, dans laquelle l’évolution des espèces s’est arrêtée, pour commencer à régresser. Que faire ? Comment réagir ? Aux Etats-Unis, la réponse est simple : surveiller, sévir, parquer les femmes enceintes. Pardon, elles seront « enfermées dans des hôpitaux » et celles qui se présenteront de leur plein gré se verront offrir « les meilleures chambres ». Existe-t-il des personnes assez naïves pour le croire ? Certainement pas Cedar, la narratrice de ce roman.

Elle a 26 ans, et elle tient un journal intime destiné à l’enfant qu’elle attend, dont elle est persuadée qu’il s’agit d’un garçon (le nombre de naissances de garçon diminue pourtant de manière drastique). Elle est indienne, mais elle a été adoptée par un couple d’avocats blancs que je qualifierai de « bobos-vegan » si ces mots ont encore un sens dans la société dans laquelle évolue Cedar : ils sont athées (Cedar s’est convertie au catholicisme), ils font attention à tous les additifs contenus dans la nourriture, ils n’ont pas fait vacciner leur fille, à cause des risques de maladies dues aux additifs contenus dans les vaccins (sic). Des parents aimants, n’allez pas croire le contraire, qui lui ont transmis la lettre donnée par sa mère biologique, sans l’ouvrir – parce que son contenu ne les regardait pas.

Cedar est enceinte, donc, et veut mener sa grossesse « hors norme » le mieux possible – même si cela veut dire s’enfuir à travers le pays pour protéger son enfant. Elle est enceinte, écrit, comme le compagnon de sa mère biologique le fait, thérapie qui maintient en vie et permet d’affronter les bouleversements du monde qui les entoure. Et il lui est difficile d’échapper à ces bouleversements, à cette surveillance moderne (« Mother », qui apparaît sur l’ordinateur) ou « à l’ancienne » – oui, on n’a pas attendu l’informatique, internet, les portables, pour surveiller et dénoncer ses voisin(e)s, surtout quand il s’agit d’un événement aussi difficile à cacher qu’une grossesse. Note : contrôler la fécondité des femmes n’est pas nouveau – hélas.

Cedar a de la chance, malgré tout, de la chance que, comme dans toute période troublée (du moins, je l’espère), une forme de résistance s’organise, de la chance que des personnes qui l’aiment ne l’abandonnent pas. Ces deux phrases sonnent presque mièvres dans un univers où le cauchemar n’est jamais loin, même pour un acte qui devrait être aussi naturellement banal qu’un accouchement. J’ajoute qu’il ne faut pas toujours attendre de solidarité féminine – dommage, ai-je envie de dire. Mais combien de personnes croient vraiment agir pour le bien des autres ?

L’enfant de la prochaine aurore est un livre dans lequel, je le répète, j’ai eu du mal à rentrer, mais qu’après, j’ai eu du mal à lâcher. Une oeuvre véritablement forte et déroutante.

Les secrets de Brocéliande de Jean-Luc Bannalec

Présentation de l’éditeur :

Le commissaire Dupin et son équipe s’apprêtent à passer un moment de détente en forêt de Brocéliande – officiellement forêt de Paimpont –, la plus grande de Bretagne. En effet, Nolwenn, sa fidèle assistante, lui a proposé d’allier obligations professionnelles et découverte du « dernier royaume des fées », l’épicentre breton du fantastique, l’endroit mythique par excellence. Pendant que son équipe prépare la visite de l’église du Graal et du Val sans retour, Dupin va interroger pour le compte d’un collègue parisien le directeur du centre de Recherches arthuriennes. Mais, quand il se présente, il découvre un cadavre. Premier meurtre d’une série…

Mon avis :

Finalement, j’ai préféré le tome 7 au tome 8, lu voici une semaine, à peu près. Je me suis donc interrogée sur la raison qui m’a fait préférer cette septième enquête à la huitième et qui fait que, si je les avais lues dans l’ordre, j’aurai été encore plus déçue.

Tout d’abord, ce n’est pas les personnages secondaires qui m’ont conquises. Ils sont tous parfaitement imbuvables, imbus d’eux-mêmes, sûrs de leur prestige, et ne se préoccupent pas plus que cela d’aider les policiers à résoudre l’enquête. Protéger ceux qui sont encore en vie et pourraient être sauvés s’ils se décidaient à coopérer un peu ? Cela ne leur traverse même pas l’esprit. Avec de futures victimes potentielles pareilles, le(s) coupable(s) peuvent agir en paix. Non, cette fois-ci, le commissaire Dupin est entouré de ses enquêteurs habituels, et cela change tout pour l’enquête. Nolwenn n’est pas présente sur les lieux de l’enquête, pourtant, de son bureau, quasiment « de commandement », elle coordonne, recherche, et bien sûr trouve, à croire que c’est elle la commissaire, et non pas Dupin. Quant à ses deux autres enquêteurs, ils ne se ménageront pas non plus, vivant là une des enquêtes les plus douloureuses de leur carrière. Une des plus rapides aussi, parce qu’il ne faudra que deux jours au commissaire pour résoudre l’enquête. Deux jours entiers – on ne dort guère quand le danger est tout proche.

Puis je me suis demandé si, finalement, cette enquête ne m’avait pas plu parce que le personnage principal était la forêt de Brocéliande elle-même, ses mystères, son atmosphère, ses créatures merveilleuses aussi. J’ai retrouvé la fontaine, le chevalier Noir, Yvain, tous les personnages de la légende Arthuréenne n’étaient jamais loin – et ce n’était pas désagréable.

Dupin n’est pas le chevalier Yvain : il respecte les promesses faites à Claire qui, de toute façon, lui a bien dit qu’elle aurait su attendre la fin de son enquête.

 

Les oubliés de Malik Agagna

édition Lajouanie – 304 pages
Présentation de l’éditeur :
En enquêtant sur la disparition d’un rocker sur le retour, un ancien flic, viré du S R P J de Strasbourg pour une bavure monumentale, découvre que de nombreux marginaux disparaissent sans laisser de traces…
Pister l’ancien chanteur va l’amener à croiser une cohorte de personnages pour le moins saisissante  : fonctionnaires véreux, migrants apeurés, adolescents déboussolés, musiciens de seconde zone, criminels en mal de rédemption…
Circonstance de lecture : nous sommes, quand j’écris cet avis, le 24 février 2021. Je l’ai programmé pour le 27 mars sans me douter de tout ce qui se passerait entre temps. Dire que je suis en manque de salon du livre, de rencontre d’auteurs est une évidence. Cela ne m’empêche pas d’acheter des livres (je suis une acheteuse compulsive). Je lis aussi les livres achetés lors des différents salons de l’année 2019, me souvenant ainsi de belles rencontres.
Mon avis :
Serge aurait dû faire une belle carrière de policier. Seulement, une bavure magistrale en début de carrière en a décidé autrement. Serge, cependant, vit assez bien : ses missions de soudeur intérimaire lui permettent de vivre, il est en couple avec Maryse, coiffeuse de son état, et est un beau-père acceptable pour Jenny, dix-huit ans. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que Jenny lui demanderait un service sous prétexte qu’il est un ancien policier – depuis le temps, il y a quasiment prescription : retrouver le père de son petit copain, mystérieusement disparu. Seulement, voilà : les policiers n’ont pas vraiment le temps de se préoccuper de la disparition d’un quinquagénaire, rocker de son état (si c’est possible) qui parvient à vivre de ses chansons, de ses concerts, même si ceux-ci se rapprochent davantage du bal populaire que de Bercy. De là à dire que Jimmy (son nom de scène) est parti en goguette avec une fan, a décidé de changer de vie, il n’y a qu’un pas que les policiers ont franchi – il est tant d’adultes qui disparaissent.
Enquêter n’est pas si facile. Les membres du groupe ? Ils sont tellement rangés que j’ai envie de les qualifier de retraités du rock. La famille ? Sa femme alterne période de normalité et période de coaltar médicamenteux, fourni par la médecine. Son fils s’inquiète – un peu – tout en cultivant son étrangeté. Les amis d’enfance ? Ils sont bizarrement tournés, et, dans le cas de Boris, sont presque sympathiques. A leur contact, Serge se surprend à réutiliser les techniques d’interrogatoire enseignées dans sa jeunesse. La police, c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas. Pour Serge, c’est aussi l’occasion de renouer plus finement avec ses amis de l’époque, de voir pour eux deux le chemin parcouru – une belle carrière, une famille, un chien aussi – et, entre deux détours, une découverte. Puis plusieurs.
William alias Jimmy n’est pas le seul à avoir disparu : plusieurs SDF ont disparu des radars également. Leur disparition a beau être signalée, on ne peut pas dire qu’ils soient véritablement retrouvés. Qui se préoccupent d’eux ? Qui les voient ? Qui se souvient encore de leur identité ? Serge lui-même se rend compte très vite des préjugés bien établis : un SDF, des sdf, pas « Boris et Dimitri » : ils sont ressentis comme un groupe, un ensemble, dont chaque membre serait parfaitement identique, inidentifiable, comme si la rue, la violence, ce qu’ils avaient vécu les rendaient tous semblables. Je note aussi qu’il est effrayant de voir le temps qu’il faut pour s’en sortir, pour se réhabituer à une vie en dehors de la rue : au moins une année, à condition d’être aidé, accompagné. Le travail est énorme, sans fin, pour cette population vulnérable – j’ai failli écrire « plus vulnérable qu’on ne le dit », mais qui parle d’eux dans les médias ? Quasiment personne.
Il est des personnes qui les aident – c’est un peu comme écoper une fuite d’eau avec une cuillère à café. Il en est d’autres qui profitent d’eux, même si cela semble impensable – dès le moment où l’autre n’est plus vu comme un être humain mais comme une charge, un fardeau pour la société, alors le pire est à craindre.
Roman policier mais pas que, pour reprendre la devise de la maison d’édition, Les oubliés jouent avec les codes du roman policier, pour mieux dresser un état des lieux de notre société, dans laquelle tout va bien – jusqu’à ce que ce qu’elle pensait cacher ne puisse plus l’être.

Mary Lester, tomes 30 et 31 : Te souviens-tu de Souliko’o ? de Jean Failler

Présentation du tome 1 (250 pages) :

Instamment priée par son patron, le commissaire Fabien, de prendre un mois de convalescence, Mary Lester choisit d’aller se reposer chez l’une de ses amies, Monette Charron, infirmière à Trébeurnou, petit village de la côte sauvage en Finistère Nord. À peine arrivée, elle se fait agresser par un type étrange qui conduit un énorme tracteur.

Mon avis :

Mary Lester est priée de prendre des vacances. Pardon : officiellement, elle est en convalescence, à la suite de sa blessure reçue lors de sa précédente enquête, bien qu’elle ait été moins grièvement blessée que Fortin qui lui a repris le travail (vous avez dit misogynie ? A peine). Où partir en vacances ? Non, pas aux Baléares, non, pas au Brésil, en Bretagne, dans un petit village du Finistère Nord. Là, elle y retrouve une amie d’adolescence. Monette n’est plus infirmière à l’hôpital, mais infirmière à domicile, très soucieuse de ses patients, mais aussi très stressée : le petit village où elle vit a bien changé depuis quelques années. Qui a dit que les petits villages étaient tranquilles ? Il est des personnes qui savent justement à quel point on peut y être tranquille, faire ses petites affaires, et pousser gentiment ceux qui dérangent vers la sortie. Ce serait très mal connaître Mary Lester que de croire qu’elle profitera de sa convalescence pour rester tranquillement les bras croisés. Non : elle agit, et le contrecoup est féroce. Certes, elle a l’habitude, mais qu’on veuille à ce point l’empêcher de défendre ceux qui sont dans leur bon droit, ceux qui sont persécutés, c’est un peu fort de café. Heureusement, Mary est précautionneuse, elle connaît son droit, elle connaît le droit, et elle sait aussi à qui elle peut se fier (on a toujours besoin d’un petit génie de l’informatique avec soi).

Présentation du tome 2 :

Ayant appris que Vanco, l’agriculteur irascible, avait séjourné en Australie, Mary s’envole pour ce continent où elle espère trouver quelques réponses aux questions que pose son comportement agressif. Pourquoi Vanco a-t-il abandonné un magnifique domaine australien de trente mille hectares pour une misérable ferme cent fois plus petite en Finistère Nord ? Elle a la chance d’être accueillie à bras ouverts par la famille résidant sur le domaine autrefois exploité par Vanco. Et là, les choses commencent à s’éclairer. Elle a même la possibilité, grâce à un ancien policier de brousse, d’enquêter jusque dans la tribu aborigène des Musgrave qui, depuis la nuit des temps, occupe le territoire des Trois Rivières, l’endroit où se trouvait le ranch de Vanco. Celui-ci a laissé derrière lui un souvenir déplorable et personne ne semble le regretter.

Mon avis :

Dans ce second tome, Mary Lester a bien été obligée de prendre le large, oui, de prendre de vrais vacances. Officiellement, elle fait du bateau – il est difficile d’être joint en pleine mer, non ? Puis, qui a dit qu’il fallait être constamment joignable pendant ses vacances ? Ah, les joies du portable n’en sont pas vraiment quand le petit appareil est un fil à la patte indémontable. Pour une fois, Mary est réellement partie au loin, en Australie pour être précise, sur les traces de Vanco, ce néerlandais naturalisé français depuis peu qui entend bien continuer à régenter la commune où il a élu domicile quinze ans plus tôt.

Mary se retrouve alors au coeur de la brousse, et si elle apprend tout ce qu’elle désire apprendre sur Vanco, elle découvre aussi l’art de vivre en Australie, la culture aborigène, ces Aborigènes, justement, qui vivent sur les terres de l’ancien ranch de Vanco, Aborigènes qu’il aurait bien voulu…. Soumettre ? Je n’ai pas d’autres mots à proposer. Que les Aborigènes n’aillent pas se plaindre à la police est une chose, qu’ils ne disposent pas de leur propre méthode pour rendre la justice en ait une autre – Vanco aurait dû lire les romans d’Arthur Upfield, cela aurait pu lui être bien utile.

Le retour en France est assez mouvementé. Déjà, il y a le regret d’avoir quitté des personnes si agréables et si hospitalières. Ensuite, il se trouve qu’en France, on a cherché à joindre Mary – qui est en convalescence, rappelons-le – et qu’elle n’a été trouvée ni dans la venelle où elle habite, ni à la Trinité, où elle affirmait être partie (note : il est vraiment des personnes qui s’acharnent contre elle, ou je ne m’y connais pas). La situation ne s’est pas vraiment arrangée non plus à Trebeurnou, entre conseil municipal agité (certains oublient même comment un conseil municipal doit se dérouler) et trafic en tout genre presque discret. Mary et les gendarmes du lieu n’ont pas l’intention de rester les bras croisés : les choses vont bouger. Comme Mary, pas plus que le commissaire divisionnaire Fabien ou Fortin n’en ont quoi que ce soit à faire de leur carrière, ceux qui s’en prennent à eux et oublient la loi feraient bien d’être un peu plus respectueux… de la justice.

Son Espionne royale, tome 2 : Son Espionne royale et le mystère bavarois de Rhys Bowen

édition Robert Laffont – 368 pages.

Présentation de l’éditeur :

Sa deuxième mission royale : baby-sitter une princesse bavaroise.
Londres, 1932.
La reine a confié à Georgie une nouvelle mission délicate : elle doit héberger la princesse Hanneflore de Bavière et jouer les entremetteuses entre elle et le prince de Galles dans l’espoir que ce dernier se détourne enfin de son amante américaine.
Mais entre la propension d’Hanni à séduire tout ce qui porte une moustache, son langage de charretier et sa fâcheuse tendance au vol à l’étalage, Georgie a déjà fort à faire. Et comme si tout cela ne suffisait pas, la princesse bavaroise se retrouve mêlée à un meurtre… Pour éviter un scandale diplomatique, Georgie va devoir remettre sa casquette de détective amateur et se résoudre à démasquer le véritable coupable.

Mon avis :

Trouver des cadavres n’est pas un hobby comme les autres. Je ne suis même pas sûre que Georgiana voit cela comme un hobby. Il se trouve simplement qu’elle en trouve malencontreusement deux, au cours d’une mission qui n’aurait jamais dû la confronter à cela.
Retour en arrière : Georgiana gagne sa vie comme elle peut, son frère s’est acquitté de son mieux des droits de succession (énorme) et n’a pas totalement tenu les promesses faites à sa soeur. Quand je dis « comme elle peut », c’est qu’elle prépare les maisons avant l’arrivée des propriétaires, qui ne vont quand même pas débarquer dans une maison où tous les meubles sont encore recouverts d’une housse ! Ils ne vont pas non plus envoyer leurs domestiques en éclaireur. Comment vivre sans domestique plus d’une journée ? Comment se lever, s’habiller… ? La vie d’aristocrates, qui devaient veiller à toujours porter les bons vêtements, les bons bijoux selon les circonstances, était bien compliquée. Georgie, elle, a appris à faire sans, et se retrouve bien embarrassée face à la nouvelle mission que la reine Mary lui confie.
La reine est en effet une mère et une grand-mère comblée. Ses fils lui donnent entièrement satisfaction. Tous ses fils, sauf un : David, l’aîné. Pour ceux dont la grand-mère n’est pas née en 1910 et n’a pas raconté l’un des grands événements de l’entre-deux-guerre, à savoir l’abdication d’Edward VIII, je vous fais un rapide point historique : le prince de Galles n’était toujours pas marié, papillonnant de droite à gauche, avec une préférence pour les femmes plus âgées que lui. Epris d’une américaine (pas une lady donc), qui divorça une deuxième fois après avoir rencontré le prince de Galles, il abdiqua pour l’épouser. L’action se passe en 1932, et même si David fréquente Mrs Simpson, la reine ne désespère pas de le voir éprouver un coup de foudre pour une jeune et jolie princesse. Et pourquoi pas Maria Theresa Hannelore de Bavière ?
Voici donc Georgiana qui se coltine la blondinette aux nattes impeccables et aux yeux bleus innocents. Elle est tout de même étrange, cette princesse, tout juste sortie du couvent, qui adorait les films de gangsters, et maitrise relativement bien de nombreux termes d’argots. Elle est bien sûr flanquée d’une duègne, une comtesse chargée de veiller sur elle et de s’assurer qu’elle retrouve en Angleterre tout le confort auquel une princesse allemande et sa duègne ont droit – surtout sa duègne, devrai-je dire, même si c’est un terme espagnol.
Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu. Que le prince de Galles ne s’intéresse pas à elle, c’est logique. Qu’elle et Georgiana aient le don de trouver des cadavres, c’est non seulement étonnant, mais aussi étrange. La police, en tout cas, mène l’enquête – Georgiana aussi. Ce que nous allons découvrir était-il prévisible ? Cela dépend de la volonté de chaque lecteur d’essayer ou non de percer le mystère en même temps que les enquêteurs. Je me dis que, tout de même, certains personnages sont bien naïfs, alors que d’autres n’hésitent pas à s’engager dans la lutte, avec plus ou moins de bonheur, de réussite.
Ce ne fut pas un roman désagréable à lire, loin de là, mais il est resté pour moi un divertissement, une lecture reposante, une lecture, enfin, qui manque d’originalité. Pour moi, son intrigue ressemble à d’autres, que j’ai déjà lu, ces personnages ne sont pas aussi originaux, aussi fortement caractérisés et reconnaissables que d’autres personnages peuvent l’être. Alors ce tome 2 (le 1 est dans ma PAL) est sympathique, je ne poursuivrai cependant pas cette série tout de suite.

Enquête troublante à Concarneau de Jean-Luc Bannalec

éditions Presse de la Cité – 352 pages

Présentation de l’éditeur :

Le docteur Chaboseau, notable respecté de Concarneau, est retrouvé défenestré. Ni sa femme ni ses proches amis, un pharmacien et un négociant en vins, n’ont idée du mobile du crime. Alors que ses collaborateurs sont en vacances, et que ses beaux-parents arrivent pour le week-end de la Pentecôte, le commissaire Dupin découvre que le médecin était investi dans de multiples domaines : une collection de tableaux, des brasseries et conserveries locales, des projets immobiliers, sans oublier la construction navale. Autant de sources de conflit, et de pistes à suivre. Pour démêler l’écheveau, il lui faudra attendre le retour de sa fidèle assistante Nolwenn, puis trouver un appui inattendu auprès de Simenon et de son roman Le Chien jaune, qui voit Maigret enquêter à Concarneau.

Merci aux éditions Presses de la Cité et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

J’ai passé quinze jours difficiles d’un point de vue professionnel, et là, je commence dix jours difficiles d’un point de vue… félin. Il ne s’agit pas ici de justifier pour quelles raisons j’ai moins apprécié ce livre que je ne l’aurai apprécié dans d’autres conditions, non. Il s’agit simplement de dire qu’un livre qui vous plait, vous emporte, vous émeut, le fera en toutes circonstances. Si j’ai lu ce livre, j’ai que j’ai apprécié les enquêtes précédentes que j’ai lu de cet auteur. Là, pourtant, la magie n’a pas opéré. Pourquoi ?

Je crois que la faute en ait à toutes les digressions qui prennent place au cours de ses deux jours d’enquête, au point que je me suis demandée comment l’enquête avait pu être résolue si rapidement. Alors oui, elle a pu l’être grâce à l’interaction entre la réalité et le roman, ou plutôt grâce à l’intertextualité. Enquête troublante à Concarneau est un hommage au Chien Jaune de Simenon, écrit après que l’écrivain a séjourné à Concarneau. Il se serait inspiré d’un authentique fait divers, et c’est à cause de cet authentique fait divers que le meurtre d’aujourd’hui aurait eu lieu. L’enquête actuelle bouclerait la boucle, en quelque sorte.

Oui, l’enquête fut résolue, et pourtant, j’ai eu un immense sentiment d’inachevé, non qu’il reste des zones d’ombres mais parce que certains arc narratifs n’ont pas été assez exploités. J’ébauche quelque chose ici, ah, non, finalement, je n’expliquerai pas ce qui s’est passé. J’ébauche une autre piste là, qui nous plonge dans le passé d’une des personnes qui gravite autour de la victime. Finalement, non, je n’irai pas au bout des choses non plus.

Et les appels téléphoniques… Je n’ai pas compté le nombre de fois où le commissaire a été interrompu lors d’un interrogatoire par un appel, cassant ainsi le rythme et de l’intrigue et de l’interrogatoire. Je ne compte plus non plus les interrogatoires qui n’ont pas servi à grand chose. Finalement, la partie la plus intéressante est sans doute celle où le commissaire déploie des efforts énormes pour retrouver Nolwenn, sa fidèle adjointe, la plus indispensable membre de son équipe, qui est partie en congé. Sans elle, tout tourne moins bien. Avec elle, tout avance plus vite.

J’ai aussi oublié le nombre de fois où la nourriture, que ce soit à la conserverie ou au restaurant, sera longuement décrite. Bizarrement, quand c’est le commissaire Montalbano qui fait une pause déjeuner, cela ne me pose pas de problème. Ici, cela m’a semblé totalement parasiter le récit, tout comme les interventions des beaux-parents du commissaire, venus passer le week-end en famille, et dont les apparitions ne feront guère avancer le récit – si ce n’est pour nous faire comprendre qu’Hélène ne tient pas son beau-fils en haute estime.

Enquête troublante à Concarneau ne fut pas une lecture désagréable. Elle ne fut pas inoubliable non plus.

L’appel des loups – tome 5 : l’épreuve de la forêt de Pascal Brissy

édition Auzou – 58 pages

Présentation de l’éditeur :

C’est un grand moment pour les Hurlevents : les jeunes loups sont sur le point de passer l’épreuve de la forêt, qui leur permettra de prouver leur valeur au sein du clan. Traqueur, désormais jeune papa, est chargé de les évaluer. Mais il pourrait bien avoir son propre défi à relever…

Mon avis :

Voici une nouvelle aventure du clan des Hurlevents, que j’ai lue avec autant de plaisir que les précédentes. Les jeunes loups ont grandi, les louveteaux aussi, et il est temps pour eux ce qu’ils sont capables de faire pour le clan. Si tout se passait bien, c’était sans compter sur quelques impondérables, ou plutôt sur quelques imprudents. Traqueur et les siens seront à nouveau mis à l’épreuve : le danger est déjà là sur leur terre, parce que la nature peut renfermer des pièges que les plus jeunes membres ne percevront peut-être pas. En dehors de leur terre, s’ajoutent les membres du clan rival, mais aussi les pumas, bel et bien présents dans cette forêt.S’ajoute aussi un mystérieux allié, sur lequel nous aurons je l’espère plus d’informations lors d’une prochaine aventure.

 

Petit Poilu tome 24 Les sauveurs d’Outoupousse par Fraipont et Bailly

Présentation de l’éditeur :

Progressant dans la magnifique forêt d’Outoupousse en compagnie de sa nouvelle amie Achachak, Petit Poilu devient le spectateur de la triste destruction que subit ce lieu enchanteur. En effet, Destructor, une machine vorace et sans pitié, détruit tout sur son passage. Animaux, végétaux et minéraux subissent sa folie écrasante, Outoupousse est en danger ! Petit Poilu et Achachak parviendront-ils à sauver cette forêt pleine de vie et à arrêter le terrifiant Destructor ?

Merci aux éditions Dupuis et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Je découvre l’univers tout en douceur et en couleur de Petit Poilu, un personnage fort sympathique. Ici, il se retrouve dans la forêt d’Outoupousse, à devoir lutter bien malgré lui contre Destructor, qui, finalement, n’a quasiment pas sa place dans cette forêt. Je dis « quasiment » parce que c’est une machine. Le récit nous amène à voir les choses autrement.
« Première BD », comme il est écrit sur la couverture, Petit Poilu est donc destiné à de jeunes lecteurs. Il n’y a donc pas de texte, sauf la quatrième de couverture. Il ne faut pas voir là une volonté de simplification, plutôt une volonté de rester le plus clair et le plus compréhensible possible. Cela a dû nécessiter, du moins je le pense, un énorme travail du point de vue de la construction du récit, de planche en planche, de case en case. Le dessin en lui-même est particulièrement agréable, tout comme la débauche de couleurs franches. Je pense aussi à l’expressivité de Petit Poilu, de son amie Achachak, ou de Destructor. Tout ceci est suffisamment évocateur pour permettre à l’enfant de laisser libre court à son imagination.
Une jolie découverte.