et parce que le jour ne se lève pas pour tout le monde.
Alors, une chanson qu’elle écoutait :
Le blog continuera.
et parce que le jour ne se lève pas pour tout le monde.
Alors, une chanson qu’elle écoutait :
Le blog continuera.
Présentation de l’éditeur :
Quand on est pauvre avec un héritage bloqué par testament jusqu’à l’âge de cinquante-trois ans et que l’on vient de perdre l’essentiel de son gagne-pain quotidien, on ne crache plus dans la soupe. Milo Milodragovitch, rejeton maudit de ce qui fut une famille importante de Meriwether (Montana), ne peut qu’accepter l’offre d’Helen Duffy. Retrouver un frère innocent, gentil garçon raisonnablement de gauche et passionné d’armes à feu, disparu dans un incendie, n’est pas si compliqué. Surtout si la demande émane d’une femme à ce point démunie qu’elle en devient troublante. Le vice, la haine et la violence ne sont pourtant pas loin. La laideur cache son jeu et les morts s’amoncellent. Qui ment et pour quelles raisons? À coucher avec ses clients, Milo ne verra que trop tard ce qu’il avait sous le nez…
Qu’on se le dise, Milo Milodragovitch n’est pas un anti-héros, non, il est le contraire d’un héros, ce qui n’est pas exactement la même chose. Enquêter ? Il ne l’a jamais fait, même du temps où il était policier. Il n’est devenu détective privé que par la force des choses – et la nécessité de se nourrir. Là encore, pas d’enquête, mais des photos de couples illégitimes. Milo, un paparazzi avant l’heure, que la législation plus tendre avec les amants qu’avec les détectives, force à diversifier ses pratiques.
Comme dans tout bon roman noir, nous avons une femme fatale, vraiment fatale : Helen. Celle-ci (comme c’est mignon !) s’inquiète pour son gentil petit frère, tellement gentil, tellement innocent, qu’il est forcément en danger, et forcément sans lien avec toutes les horreurs qui se passent dans cette ville.
J’aimerai vous dire que Milo découvre des faits en contradiction avec les pensées et les désirs d’Helen. Il n’en est rien. Les faits lui tombent dessus quasiment par accident, il n’a aucun mérite pour les découvrir. Il est même parfois nécessaire de lui mettre les barres sur les t et les points sur les i. Heureusement (pour lui), il n’avait aucun doute sur sa crédibilité de détective.
Ce roman est l’occasion de peindre une belle galerie de portraits de personnages tous plus paumés les uns que les autres. Leurs passions, leurs ratages les emprisonnent. Certains sont touchants. D’autres, pas du tout. Et les victimes n’avaient rien demandé à personne – ou presque rien.
Milo survit – en sale état. S’il ne vaut pas tripette en tant que détective, il fait partie de la catégorie des personnages attachants, parce que sa lucidité et son humour sont bien présents dans ce qui constitue la première de ses aventures.
Les familles sont toutes dysfonctionnelles : tout le monde veut toujours coucher avec tout le monde et parvient en général à trouver un dérivatif particulièrement vicieux. Et l’amour n’a pas l’air de compter dans l’histoire. Trop d’amour, pas assez d’amour : dans les deux cas, vous produisez la même quantité de famille malheureuse.
Présentation de l’éditeur :
Mon enfance a été bercée par le générique de Dragon Ball Z et les parties de pogs dans la cour de récré. Adolescent, des posters de Buffy recouvraient les murs de ma chambre, j’avais un Nokia 3310 et je chattais sur MSN. Aujourd’hui, mon meilleur ami gay est mon colocataire, je suis un libraire au bord de la crise de nerfs et j’écume les soirées où l’alcool coule à flots à la recherche de l’amour avec un grand A. Bientôt j’aurai 30 ans et il est grand temps de mettre un peu d’ordre dans ce chaos ordinaire ; mais je n’avais pas prévu que les anneaux de Saturne viendraient eux aussi y mettre leur grain de sel. Je suis un produit marketing estampillé Génération Y. Un pur rejeton de l’ère de l’entertainment. Je suis votre enfant, votre frère, votre ami. Je suis vous. En pire !
Merci aux éditions Librinova et à netgalley pour ce partenariat.
Mon avis :
J’ai été tentée de commencer la rédaction de cet avis en fredonnant « J’ai eu trente ans, je suis content, bonsoir » de Julien Clerc. Et après tout, pourquoi pas ? Avoir trente ans maintenant et dans les années 70, ce n’est pas exactement la même chose, bien que le chiffre reste le même.
Enfant de la fin des années 70, je regardais déjà, au milieu des années 80, ces bambins qui appartenaient à une autre époque, presque, que la mienne, ceux qui n’auraient aucun souvenir direct de Tchernobyl, de la cohabitation, ceux qui ne seraient pas traumatisés par la mort de Daniel Balavoine et de Coluche, ceux qui n’auraient pas vécu l’explosion de la navette Challenger – comme le narrateur de ce roman. Et je regarde toujours avec curiosité ceux qui, comme le narrateur voulait devenir astronome (comme lui) ou chirurgien (comme d’autres) et sont devenus aujourd’hui libraire – ou tout autre chose.
Même si la société de consommation est là, il ne dresse pas un catalogue exhaustif d’une époque, ce qui aurait fait mal vieillir son roman. Il montre tout de même une génération qui souhaite s’installer, construire quelque chose, et n’y parvient pas. Comme un étudiant attardé, il vit en colocation, et si l’un de ses amis, très très gay comme Ziggy, souhaite construire une véritable relation, il n’en est pas de même de son autre ami, prototype même du dragueur salaud jusqu’à la caricature.
Ce qui m’a frappé, dans l’itinéraire de ce trentenaire ? Son conformisme. On peut ne pas apprécier Jill, la femme qu’il aime. On ne peut nier qu’elle va jusqu’au bout de ses idées, contre l’idéal ambiant : une maison, deux à trois gosses, et un épuisement dû aux crédits à rembourser pour vivre ce « rêve ». Il est des personnes qui peuvent rester fidèles à leurs principes. Il en est d’autres qui se replient sur eux-mêmes, dans leur petite maison, avec leur petite famille, jusqu’à ce que tout explose, à la quarantaine ou la cinquantaine.
30 ans en théorie, ou le portrait d’une génération désengagée.
Présentation de l’éditeur :
Écrivain majeur de l’Ouest américain, Wallace Stegner a grandi au début du XXe siècle dans la région des Prairies, au nord du Montana et du Dakota. Évoquant les trésors, les mirages et les gens de passage, l’auteur livre ici un témoignage sur un monde qui n’est plus. Mais un monde qui lui a appris à tendre l’oreille au bruit de l’eau des montagnes et à respecter des valeurs héroïques comme la grandeur d’âme et la dignité. Un monde qui lui a fourni la matière essentielle à son oeuvre et à l’engagement politique pour la préservation d’une nature vierge.
Mon avis :
Si vous avez aimé La montagne en sucre de Wallace Stegner, ce livre est pour vous. En effet, dans ce recueil de douze lettres, l’auteur revient sur la genèse de son oeuvre majeure, explique certains de ses choix narratifs. Il se souvient aussi de son enfance, dans l’Ouest, enfance toujours en mouvement, entre un père bouillonnant, espérant faire fortune et une mère qui tentait de construire un foyer. Dans le tout premier texte de ce livre, « Lettres, bien trop tard », il s’adresse à sa mère, retrace sa vie, sa résignation, lui parle de ce qu’elle n’a pu connaître, des amis qu’elle n’a pas rencontré. Il veut qu’elle ait cette fois-ci la première place, et non son père, comme dans ses deux romans semi-autobiographiques. Dans « Trouver sa place : une enfance de migrant », il parlera à nouveau d’elle, des nombreux déménagements qu’elle a dû subir et, pour lui, des deux lieus de son enfance qui lui ont permis de se construire, parce qu’il y a vécu une certaine stabilité.
Bien sûr, ce ne sont pas les seuls sujets de ce livre. Il parle aussi de son amour pour le « monde sauvage » américain, de sa préservation nécessaire, comme dans « Au jardin d’Eden »et des capacités qu’a l’homme à faire plier la nature- parfois jusqu’à l’absurde, pour ne pas dire l’épuisement (« Frapper le rocher »). Il n’oublie pas les indiens, ou plutôt les tribus indiennes, et leur intégration (nécessaire ou pas ?) non dans la nature (c’est déjà fait) mais au sein de l’économie américain afin de faciliter leur développement – ou leur extinction. Il montre aussi leur très faible empathie, point qui n’est à ma connaissance jamais soulevé.
Certains pourront trouver les textes un peu redondants. J’ai cette habitude de mettre souvent à la place des râleurs qui vont lire le livre, et après, râler qu’on eût pu le leur recommander. Est-ce un tort de montrer que les ressources s’épuisent, que le gâchis est bien réel et que les politiques de protection de la nature peinent à se mettre en place ? Est-ce un tort de rappeler cette enfance toujours en mouvement, dans l’Ouest américain, et de nous faire partager les sensations, les émotions de ces années-là ? Pour ma part, j’ai vraiment beaucoup apprécié ce livre, et je le recommande à tous ceux qui veulent découvrir le Nature writing.
Présentation de l’éditeur :
Nul endroit aux États-Unis n’a autant résisté à l’avancée de la civilisation que la partie des montagnes Rocheuses qui s’étend du plateau du Colorado au Nord du Mexique. Baroudeur mélancolique, Rob Schultheis nous entraîne dans cette terra incognita entrecoupée de canyons et de terres indiennes sacrées, et nous convie à un voyage initiatique dans des régions magiques aux caprices tumultueux. Véritable conteur-né, il parcourt les paysages rares et mystérieux de l’Ouest avec le regard d’un poète à l’humour féroce.
J’ai trouvé ce livre par hasard, en faisant de la spéléologie en librairie pendant mes vacances. Je suis tombée dessus par hasard, et je dois dire que le hasard fait bien les choses.
En neuf chapitres, nous découvrons les montagnes Rocheuses avec Rob Schultheis et, parfois, Susan, un tout petit bout de femme dont il est amoureux. Nous découvrons le désert, les montagnes, les ressources naturelles qui s’épuisent, ou plutôt qui sont gaspillées, à cause de l’homme et de ses soi-disant « besoin » – « caprices » serait plus juste.
Rob nous montre des paysages, certains intacts, d’autres ravagés. Il nous les fait voir, entendre, sentir ce Colorado sauvage que l’on connaît peu. Il raconte, aussi, l’histoire de toutes ses tribus indiennes qui furent massacrées par les nouveaux arrivants, ou qui survivent à peine. Il montre – et il m’a fait penser à Trevanian par ses finesses d’analyses – à quel point les américains ne comprennent pas les indiens. Tout le monde ne voit pas des dollars partout.
Une oeuvre à découvrir pour les amateurs de Nature Writing.
Merci aux éditions Gallmeister et à Léa pour ce partenariat.
Présentation de l’éditeur :
Hiver 1918. L’État de Washington connaît, durant un bref instant, l’Apocalypse : l’un des pires blizzards de l’histoire du pays balaie tout sur son passage. Perdus dans la neige, pétrifiés par le gel, deux jumeaux de quatorze ans, Luke et Matt Lawson, sont recueillis in extremis par une femme qui tente de les ranimer à la chaleur de son corps. Seul Matt reprend vie. Le lendemain, le voilà devenu un homme, trop tôt et malgré lui. Car le désastre l’a également privé de son père, le laissant à la tête du ranch familial. Labeur, amour et violence, autant de découvertes pour Matt, désormais seul face à la beauté sauvage de cette terre, tentant de maintenir l’équilibre fragile entre les êtres qui l’entourent.
Mon avis :
Âpre, cruel, violent, difficile, tels sont les adjectifs qui me viennent à l’esprit pour qualifier ce roman dont la lecture ne fut pas facile. Ce n’est pas à cause de l’écriture, ses qualités ne sont pas en cause, mais le sujet et son développement.
L’événement déclencheur est la tempête qui prive Matt de son jumeau et de son père, dont il s’obstinera à rechercher le corps en compagnie de Wendy. Seul pour faire tourner le ranch, Matt s’endurcit, devient un homme trop tôt, trop vite. Et c’est son destin que nous suivons – par à coup. Luke n’est plus, pourtant il est constamment là, implicitement, parce que son prénom est choisi, de génération en génération.
Ce qui m’a frappé ? L’isolement des personnages, leur incapacité à créer des liens ou la facilité avec laquelle ils rompent ceux qui existent. Matt n’est pas le seul en cause, Wendy ou Linda Jefferson, et d’autres encore vivent les uns à côté des autres. Les liens du sang sont bien réelles, si ce n’est qu’ils n’ont pas vraiment le sens que l’on s’attendrait à trouver. Je ne peux faire l’impasse sur certaines scènes qui, si elles sont brèves, n’en sont pas moins douloureuses à lire. Reste à chercher ce qui rend chacun de ses personnages ainsi, ce qui justifie d’autres comportements. Je n’ai pas vraiment eu envie de me pencher sur le sens implicite de leurs actes, je ne me suis pas vraiment attachée non plus à l’un ou l’autre des personnages.
L’heure de plomb – ou une de mes rares déceptions de lecture aux éditions Gallmeister.
Vous le savez, pour cuisiner, j’affectionne la simplicité. Aussi, j’ai choisi la recette de brownies la plus simple possible – c’est à dire sans complication.
Les ingrédients :
– deux oeufs.
– cent cinquante grammes de beurre.
– cent cinquante grammes de chocolat noir (je testerai un autre jour avec le chocolat blanc).
– cent grammes de sucre.
– soixante-dix grammes de farine.
Comment faire ?
– faites fondre le beurre et le chocolat.
– battez les oeufs en omelette, mélangez-les avec le sucre.
– ajoutez le beurre et le chocolat fondu, puis la farine.
– mettez dans un moule carré préalablement beurré.
– faites cuire vingt à vingt-cinq minutes au four.
Voici le résultat :
« Hier, j’étais à la bibliothèque Jules Verne, et j’ai emprunté l’intégrale Beauf de Cabu. La bibliothécaire, qui me connaît bien, m’a tendu ce petit traité d’intolérance. Je l’ai lu hier soir. » c’est ce que j’écrivais en août 2015. J’ai mis du temps à finaliser cet avis.
Oui, le temps a passé depuis le mois de janvier 2015, et ce n’est pas une raison pour ne pas continuer à parler des oeuvres des auteurs, des dessinateurs assassinés ce jour-là. Charb, dans ce livre, s’en donne à coeur joie et n’épargne personne, même des catégories que d’autres jugeraient insignifiantes. J’ai beaucoup aimé, par exemple, le chapitre sur les tatouages. Je ne vous parle pas non plus des jeunes pères ou des bourgeois bohèmes qui en prennent pour leur grade. On peut ne pas aimer les excès de Charb, on ne peut que constater qu’il possédait l’art d’aller au bout des choses.
Je retiens la citation suivante, à méditer par certains :
« Le rôle du journalisme n’est pas de paraphraser l’évidente réalité, mais de nous expliquer ce qu’elle peut dissimuler. »
Merci aux éditions Albin Michel et à Aurore pour ce partenariat.
Présentation de l’éditeur :
Marthe Bothorel, soixante-dix ans, ancienne droguiste, s’est prise de passion sur le tard pour l’histoire de l’art et en particulier la peinture : de musées en cours de dessin, l’autodidacte découvre un univers qui la fascine. Un dimanche, lors d’un concours de peintres amateurs, elle tombe sur une stupéfiante scène de crime dans un souterrain de la ville de Provins… C’est la première d’une longue série !
Mon avis :
Ah, la retraite ! Qui a dit que l’on s’ennuyait, à la retraite ? Certainement pas Marthe Bothorel, un nom qui n’est pas sans rappeler, pour moi, celui d’un célèbre poète provençal. Elle a choisi une occupation culturelle et apaisante : la peinture. Elle joint à la théorie (les conférences), la pratique (elle peint, et ose même participer à un concours de peintre amateur). Cependant, peindre, cet art si paisible, peut s’avérer dangereux : une porte mal fermée, et ce sont ses deux chats et son chien Arthur, bouledogue digne de ce nom (donc paresseux et bavards) en sont les victimes. S’il est impossible de sauver les deux félins (et ce ne fut pas le meilleur moment de lecture pour moi), Arthur reste hospitalisé à la clinique vétérinaire, pendant que ses proches convainquent Marthe de participer tout de même au concours auquel elle s’était inscrite. Elle ne peut rien faire pour Arthur, si ce n’est rappeler aux assistants vétérinaires pas toujours très humains de tout tenter. Dire que l’inspiration l’a quitté, c’est peu. Mais quand elle essaie de la retrouver, et découvre une jeune femme assassinée, peinte pour imiter un tableau célèbre…. pour les initiés, rien ne va plus.
Marthe et par ricochet ses inséparables amies Jacote et Nastia se retrouvent au coeur de l’enquête. N’a-t-elle pas découvert le corps ? Ne cacherait-elle pas quelque chose ? Après tout, on ne se méfie jamais assez des vieilles dames paisibles – sauf qu’elles ne le sont pas. Jacote a vécu le pire dans sa vie (la mort de ses quatre enfants). Syndicaliste, habillée comme une adolescente plutôt que comme une sexagénaire, prompte à dire ce qu’elle pense avec une gouaille incandescente, Jacote est une alliée de poids, pas forcément fan de la police. Nastia, de son véritable prénom Anastasia, est une russe blanche, qui s’est dévouée pour ses grands-parents et ses parents par choix, sans attendre rien en retour. Elle reste la seule à se souvenir de ce qu’était la vie en Russie. Apaisante, silencieuse, elle est l’élément serein de ce trio.
L’assassin est tout le contraire. Je ne dis pas que sa personnalité n’est pas intéressante, je dirai qu’il est tout entier négatif et invisible. Il est tourné vers le passé, en partie parce qu’il a été « programmé » pour rester dans cet univers qui aurait pu être riche et qui n’est que noirceur. Ses actes répondent à une problématique simple : comment accomplir sa vengeance quand les personnes dont on veut se venger ne sont plus ? Je ne conseillerai à personne d’opter pour sa manière qui semble transformer sa victime en oeuvre d’art et ne fait que la réifier. Quant aux circonstances atténuantes… non, sans façon. Cependant, je ne peux que reconnaître la richesse de l’analyse et de la reconstitution.
Et je choisis Martha, Jacote, Nastia et les siens, sans oublier l’improbable commissaire qui enquête sur l’affaire. Je les choisis parce qu’ils choisissent de se tourner vers l’avenir, d’être positif, de sur monter les épreuves qu’ils ont vécues. Elles ne le font pas en un jour, ni en huit, elles prennent des chemins de traverse, elles s’écharpent – parfois – mais elles parviennent toujours à aller de l’avant, et à nous emmener avec elles jusqu’au bout.
Présentation de l’éditeur :
Liam Mulligan est un journaliste de la vieille école. À Providence, Rhode Island, il connaît tout le monde : les prêtres et les prostituées, les flics et les voyous, les politiques et les mafieux (souvent les mêmes). Quand les immeubles du quartier où il a grandi se mettent à brûler les uns après les autres, connaissant le flair de la police, Mulligan décide de mettre les mains dans le cambouis.
Mon avis :
Rhode Island, un état peu connu, sans doute le plus petit des Etats-Unis – et le plus corrompu. Ce n’est pas de moi, mais de Liam Mulligan, journaliste, doté d’un ulcère à un stade très douloureux et d’une future ex-femme, Dorcas, au langage répétitif et peu châtié. Rhode Island devrait son nom à Rogue Island, l’île des voyous. Ce n’est bien sûr pas la version officielle, bien plus policée, bien plus plaisante pour ses habitants. A la lecture du roman, elle a pourtant de quoi convaincre.
Pyromanie est-il un roman policier ? Oui et non. Oui, parce qu’une enquête est bien ouverte sur les incendies criminels qui tuent, aussi bien les habitants que les pompiers. Les descriptions sont très réalistes, et hantent aussi bien Mulligan que le lecteur. Non, parce que les deux enquêteurs sont des incapables, à un degré rarement atteint. Bref, Mulligan, Gloria, photographe de talent, et Mason, fils à papa et nouvel arrivé à la rédaction, feront bien plus pour trouver l’auteur et le commanditaire des incendies que toutes les forces de police réunies.
Pyromanie est un roman sur le journalisme et sur les fonctions de la presse. Jusqu’où est-on prêt à aller pour avoir le scoop qui fera démarrer sa carrière ? Quels risques est-on prêt à prendre pour faire éclater la vérité ? La presse écrite est en pleine crise et si ce qui est bon pour sa carrière est aussi bon pour le journal, il n’en est pas de même d’une enquête approfondie sur les sujets qui fâchent. Il faut penser aux annonceurs et aux procès éventuels qui pourraient couler le journal. Ah, oui, il faut aussi penser, de temps en temps, à vérifier les histoires que l’on vous raconte, qu’elle soit « jolie » ou pas. La leçon est valable pour tous, dommage que tous les journalistes ou qui se déclarent tels l’oublient.
Pyromanie est un roman réaliste parce qu’il se déploie dans le temps. Une telle enquête ne se résout pas en un jour, si tant est qu’elle puisse se résoudre un jour. Un livre à découvrir pour tous ceux qui n’ont pas peur de prendre leur temps.