Archives

Terminus Elicius de Karine Giebel

Quatriéme de couverture :

Istres-Marseille. Pour Jeanne, la vie est ponctuée par cet aller-retour ferroviaire quotidien entre son travail de gratte-papier au commissariat et la maison de sa mère. Elle attend néanmoins qu’un événement vienne secouer le fil de son existence : un regard, enfin, du capitaine Esposito ? La résolution, peut-être, de cette affaire de serial killer qui défraie la chronique phocéenne ?
« « » « Vous êtes si belle, Jeanne. Si touchante et si belle. » « » » Ce soir-là, une lettre, glissée entre deux banquettes, semble combler toutes ses espérances. Un peu trop, même. Car derrière le mystérieux soupirant se cache le meurtrier tant recherché par la police. Commence alors une correspondance amoureuse qui, pour Jeanne, n’aura de terminus qu’au bout de l’enfer…

Mon avis : 

Sans le challenge Solidaire de Babelio, je n’aurai sans doute pas lu Karine Giebel avant longtemps, peut-être même ne l’aurai-je pas lu du tout. En refermant ce livre, je ne sais pas si je l’ai aimé, ou si j’ai été intéressée par celui-ci.

Nous rencontrons Jeanne, sur laquelle le récit se focalise. Jeanne a une vie réglée comme du papier à musique, et dès les premières pages, j’ai eu l’impression soit qu’elle avait des tocs, soit qu’elle était une éternelle inquiète : elle vérifie sans arrêt que son sac à main est bien fermé. Tous les jours de la semaine, elle prend le même train, puis le même métro, et effectue le même trajet en sens inverse le soir – elle vit à deux cent mètres de la gare d’Istres. Elle travaille au commissariat de Marseille, et non, elle n’est pas policière, elle est secrétaire. Elle est invisible, transparente, elle se sent mise à l’écart par les trois autres secrétaires. Puis, un jour, elle trouve dans le train une lettre qui lui est destinée, une lettre écrite par un certain Elicius, lettre dont elle analyse soigneusement le style, tiquant sur certaines tournures grammaticales jusqu’à se prendre la vérité en face : celui qui lui écrit est un tueur, celui même que les policiers de Marseille recherchent. Que doit faire Jeanne ? En parler, à ses risques et périls, ou tout garder pour elle ? Note : pas un seul instant elle n’a pensé que celui qui a écrit ces lignes était un petit plaisantin, bien au fait de l’actualité. Qui est-il ? Je vous rassure, nous le saurons.

En marchant au côté de Jeanne, je n’ai cessé de ressentir un malaise. Parce qu’elle ne va pas bien, Jeanne, pas bien du tout, comme le montrent les médicaments qu’elle a en réserve dans sa pharmacie et qu’elle prend en cas de crise – et nous les verrons, les conséquences de sa crise.  Nous saurons comment tout a commencé. Et j’aimerai dire que ce n’est plus possible de nos jours, que « la parole se délie », sauf que je suis tout sauf optimiste, et que, même si depuis 1995 (depuis l’époque où j’étais étudiante), l’on a cessé de progresser, il faut avant tout, pour être écouté, que l’on veuille bien vous écouter, que l’on veuille bien prendre en compte vos maux, et faire évoluer les mentalités. De même, quand on est au fond du trou, mais alors vraiment au fond, il est bon d’avoir quelqu’un voire même dans un beau monde idéal, plusieurs personnes qui sont là pour vous, pas seulement des médecins, des infirmières, mais des personnes qui veilleront sur vous, qui vous tendront la main, qui vous soutiendront sur le long, très long chemin de la guérison – si la guérison est possible.

Terminus Elicius est une nouvelle, Aurore, qui reprend la même thématique – le harcèlement. Alors oui, l’on en parle de plus en plus, ce qui ne veut pas dire que ce fléau est derrière nous. Pas tant que certains diront que survivre au harcèlement rend plus fort, ou donne une personnalité plus intéressante aux personnes qui ont pu s’en sortir. Aurore et Alban sont deux cibles faciles pour les harceleurs, et le dénouement est poignant.

Arrête ton char de Sylvie Rouch et Brigitte Sesbouë

Orep éditions – 140 pages

Présentation de l’éditeur :

À quelques jours du célèbre carnaval granvillais, Martin Mesnil remplace au pied levé le réceptionniste d’un centre de bien-être, accusé d’avoir volé de l’argent dans la caisse. Entre un gérant accro au jeu, une masseuse qui cache bien le sien et un professeur de yoga aux pratiques douteuses, la tâche s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. D’autant qu’un tableau aperçu en vitrine d’une galerie relance Martin sur la piste de sa soeur disparue…

Mon avis :

J’ai découvert par hasard cette maison d’édition à la maison de la presse locale. J’ai d’abord acheté un tome, puis les deux autres disponibles, tant j’avais apprécié cette lecture.

Le personnage principal de ces livres, c’est Martin Mesnil. Il est intérimaire par choix, ce qui explique qu’il puisse se déplacer ainsi, d’une enquête à l’autre. Il est divorcé, père de deux enfants qu’il voit régulièrement. Trait distinctif de cette série : les auteurs changent à chaque tome. Ici, nous partons dans la Manche, à Granville, pendant le carnaval.

Ce pourrait être très simple, comme le travail que doit accomplir Martin : réceptionniste d’un centre de bien-être. Il faut simplement définir en quoi consiste ce « bien-être », et quelles sont les personnes qui officient dans ce centre. Si Martin m’a semblé immédiatement sympathique, et la lecture intégrale de ce texte n’a pas démenti cette impression, il en est d’autres qui ne le sont pas, comme Yann Garnier, professeur de yoga et hypnothérapeute à ses heures perdues (et elles sont assez nombreuses), sans oublier artiste peintre à sa façon. Et c’est un de ses tableaux qui va replonger Martin dans le passé, parce que ce tableau, il le connaît, il l’a vu dans la chambre de sa soeur, juste avant sa disparition. Il aurait tant de questions à poser, sauf que Yann Garnier a été retrouvé assassiné. Par qui ? Et pourquoi ? Les mobiles ne manquent pas, les suspects non plus. En enquêtant, Martin rencontrera des personnes sensibles, des personnes blessées, des personnes qui ont elles aussi pris soin de garder bien cachés des secrets douloureux. Note : s’ils étaient sans importance, les secrets n’auraient pas besoin d’être des secrets. Seulement, les garder permet peut-être de se sentir à peu près bien, mais entraîne de lourdes conséquences pour autrui, des conséquences auxquelles ces personnes n’avaient pas pensé, et auxquelles elles devront faire face – et parfois, c’est bien pire que le secret lui-même. L’on pourra dire que c’est facile, pour moi, d’écrire cela derrière mon écran d’ordinateur, et il ne s’agit pas pour moi de culpabiliser les victimes mais de leur dire de se faire aider, d’en parler à quelqu’un qui pourra les aider. Un secret, c’est lourd, et l’on peut s’effondrer sous son poids.

Néréides de Christophe Royer

Présentation de l’éditeur :

Quand Nathalie Lesage, commandant à la PJ de Lyon, reçoit un appel au secours de l’un de ses amis, elle n’hésite pas une seconde et part aussitôt pour Albi afin de l’aider à retrouver sa jeune sœur. Une banale disparition qui, très vite, va se transformer en course-poursuite, jonchée de cadavres et de mystères : un dangereux et insaisissable « Monsieur Étienne », une obscure école de magie, d’étranges disparitions…

Merci aux éditions Taurnada pour ce partenariat.

Mon avis :

Tout d’abord, je tiens à dire que cela m’a fait plaisir de retrouver le commandant Nathalie Lesage, non de la retrouver juste après sa dernière enquête, mais quelques temps après, ce qui lui a permis de se faire véritablement sa place dans le commissariat lyonnais où elle a été nommée, et où plus personne ne songe à contester la place qu’elle y occupe. Tout va donc bien dans sa vie professionnelle, quand un ami, surgi du passé, vient lui demander son aide. Il s’agit de Samir, que nous avions rencontré dans Lésions intimes, la première enquête du commandant. Nathalie Lesage n’hésite pas, puisqu’elle a maints jours de congé à prendre, eh bien, elle les prend pour partir avec Samir à la recherche de sa soeur disparue.

Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est le fait que l’on a envie de découvrir la suite – pour faire court, l’intrigue est bien construite. Pour faire plus long, l’intrigue nous emmène dans une direction que l’on n’aurait pas pensé prendre. Nathalie Lesage est une policière aguerrie, et elle ne sait que trop comment la disparition d’une jeune fille peut se terminer. Seulement, plus elle avance dans ses recherches, plus elle découvre qu’elle ne savait pas tout encore tout ce dont un être que l’on dit « humain » est capable de faire à un autre être humain. Seulement, même si nous sommes dans un thriller, j’ai trouvé que la manière dont les faits étaient racontés n’en rajoutaient pas à l’horreur – ou comment la montrer sans complaisance.

Les personnages sont bien caractérisés, y compris ceux qui sont imbuvables, parce qu’imbus d’eux-mêmes. Il est également des rencontres qui sont lumineuses, comme celle de Lucie, une vieille dame qui est elle aussi partie à la recherche de sa petite fille, disparue depuis bien trop longtemps, dans l’indifférence de ses parents. J’ai l’impression que les familles dysfonctionnelles sont un thème qui tient à coeur à l’auteur, qui n’en oublie pas pour autant de parler des familles ordinaires, celles où l’on se préoccupe les uns des autres, où l’on prend soin les uns des autres, comme celle de Samir.

Nereides – un bon polar, tout simplement.

 

Le crime d’Orcival d’Emile Gaboriau

Présentation de l’éditeur :

La Comtesse de Trémorel, l’une des plus belles femmes de France, est retrouvée assassinée dans la rivière qui borde sa propriété par deux braconniers en maraude. Le Comte de Trémorel, lui, est introuvable. Un vêtement découvert dans la rivière laisse à penser qu’il a subi le même sort que son épouse.

Une scène d’une violence inouïe semble s’être déroulée au château : le mobilier a été sauvagement brisé, des traces de sang maculent le sol et les murs. Les fauteuils ont cependant été méthodiquement éventrés : cherchait-on quelque chose ?

Merci aux éditions Voolume et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

Cela peut paraître étonnant, mais j’ai choisi d’écouter ce livre audio à cause de sa couverture, que j’ai trouvé à la fois très belle et très évocatrice. Puis, j’ai aimé le titre de ce roman policier. Ensuite, j’ai commencé à écouter, et j’ai vraiment été charmée par la manière dont Philippe Caulier lisait, interprétait, donnait vie à chacun des personnages si fortement caractérisés de ce récit, qu’il soit enquêteur, comme Lecocq, juge, rebouteux ou braconnier.

Nous sommes en province, et deux braconniers, qui braconnaient honnêtement (eh bien oui) découvrent le corps de la comtesse de Trémorel. Le plus jeune veut absolument prévenir les autorités, le plus âgé Jean la Ripaille le met en garde, et, une fois le crime révélé, n’aura de cesse de lui dire : voilà ce qu’il en coûte d’aider les bourgeois ! Les bourgeois ont certes leur propre drame, comme on le verra en suivant le cours du récit, et Lecocq fera tout pour tenir les promesses qu’il a faites. Cependant, les bons bourgeois s’arrêtent très souvent aux apparences, et quels meilleurs coupables que deux braconniers et un serviteur, Guespin, dépensant tout ce qu’il gagnait, serviteur qui, de plus, n’avait pas d’alibi pour l’heure du crime.

Pour l’agent de la sûreté Lecocq, cet enquêteur capable de passer totalement inaperçu comme de s’imposer face à un suspect, toute l’enquête doit être reprise depuis le début. Cependant, il ne fixe pas exactement le commencement de l’affaire au même point chronologique que les autres. La comtesse de Trémorel n’était mariée au comte que depuis peu de temps : son premier mari Clément Sauvresy était le meilleur ami du comte, et avait stipulé, sur son lit de mort, qu’il souhaitait les voir s’unir après son trépas. Je vous épargne mon petit couplet sur le sort des femmes au XIXe siècle qui, fort souvent après leur veuvage, se retrouvaient à épouser un proche de leur défunt époux. Aurait-elle pu refuser ? Mais comment faire ? Mettre dehors cet homme qui avait trouvé moyen de vivre à Orcival constamment, lui qui ne quittait quasiment pas le chevet de son meilleur ami, atteint d’un mal que les médecins ne parvinrent pas à guérir, encore moins à définir réellement ? Hier, comme aujourd’hui, il est peu de solutions pour une femme qui se retrouve totalement isolée, à cause des aléas de la vie – ou de choix de vie qui ne furent pas les siens.

Je vous épargne aussi mon couplet sur les femmes séduites et abandonnées, femmes ou jeunes filles. Il est des hommes qui n’osent pas dire leur amour, parce qu’ils craignent d’être mal reçus, par pudeur, par respect. Il en est d’autres qui ne le craignent pas, et tant pis pour les conséquences – ce sont rarement, hier comme aujourd’hui, les hommes qui les subissent. Il n’empêche : la comtesse de Tremorel est morte, et bien morte.

Le comte ? Porté disparu, introuvable. Assassiné lui aussi ? Et les trois suspects, pourquoi ne veulent-ils rien dire, à personne ? Lecocq, qui se joue des apparences, est l’un des seuls capables d’aller au-delà, de rechercher ce que personne n’avait pensé à chercher avant lui. Enfin, presque personne. Il se passe bien des choses dans ces petites villes de province, mais tous ne connaîtront pas le véritable dénouement du crime d’Orcival. D’ailleurs, ont-ils vraiment besoin de tout savoir ? Non. Pas même les méthodes de Lecocq, fin observateur, capable de découvrir ce qui s’est réellement passé sur la scène de crime, et ce que l’on a voulu faire croire.

Une belle découverte et un bon moment d’écoute.

Le Noël annulé d’Ana T. Drew

Présentation de l’éditeur :

Le maire Victor Jacquet reçoit un message troublant. Qui plus est, sa petite ville provençale s’insurge. Puis son monde entier s’écroule. Quelle fin d’année pourrie!
Heureusement, Victor n’a jamais cru à la magie de Noël.
Malheureusement, ladite magie croit toujours en lui…
« Le maire qui annula Noël » est une nouvelle indépendante dans l’univers de la série « Les enquêtes de Julie Cavallo ».
Laissez l’insolite petite ville de Beldoc, les frasques de son maire, et une énigme captivante vous divertir et vous faire rire!

Mon avis :

En lisant ce livre, j’ai pensé : « toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé est purement fortuite ». Oui, ce personnage de maire qui veut « annulé » Noël m’a fait penser à des personnes, élues ou autres, qui ne souhaitent pas célébrer Noël d’aucune façon que ce soit. Pas de sapins, pas de guirlandes, rien. Qu’on ne souhaite pas le fêter est une chose que je comprends très bien, qu’on veuille l’imposer à tous les habitants de sa commune, non. C’est pourtant ce que le maire Victor Jacquet veut absolument faire. Il a grandi dans une famille qui refusait de fêter Noël, non seulement parce qu’ils étaient athées, mais aussi parce qu’ils voyaient dans Noël une fête uniquement consumériste. Les extrémistes de tout bord m’effraient, y compris les extrémistes athées, parce que les conséquences de leurs choix sont lourdes de conséquences : les parents de Victor n’ont pas tenu compte des aspirations spirituelles de leur fille, pour ne pas dire qu’ils les ont purement et simplement méprisés, et tous ont coupé les ponts avec elle quand elle est entrée dans les ordres. Et Victor n’a jamais cherché à renouer avec Marlène, sa soeur, se refusant à franchir le pas, puisqu’elle est et reste religieuse.

Pourtant, Victor est seul, très seul, et sa décision l’isole encore plus parce que la plupart de ses administrés lui tournent le dos, quand lui-même n’est pas obligé de faire des tours et des détours pour éviter une de ses administrés, qui lui reproche d’avoir installé un magnifique urinoir flambant neuf devant sa boutique. Oui, la vie est dure pour Victor mais heureusement, nous sommes dans un livre de Noël, et l’esprit de Noël fondra malgré lui sur Victor, à cause de son opposante politique, qui n’est autre que Rose, la grand-mère de Julie, et de Julie elle-même – sans oublier Gabriel Adinian, et d’autres personnalités hautes en couleur. Comment ? Il est des personnes qui agissent au grand jour, et c’est heureux. Il en est d’autres qui préfèrent garder des secrets, ou agir dans l’ombre, et là, cela peut être dramatique.

 

 

Un Noël (peu) orthodoxe d’Ana T. Drew

Présentation de l’éditeur :

La pâtissière Julie Cavallo se rend à Cassis pour rencontrer la famille de son petit ami gendarme.
Les parents de Gabriel Adinian ont hâte de faire sa connaissance.
Petit bémol, il a omis de les informer qu’elle jouait les détectives privés à ses heures.
L’autre hic est qu’il n’a pas préparé Julie à leur extravagance. Et encore moins à ce qu’elle doive leur faire face seule pendant qu’il bosse sur un meurtre.
Il va sans dire que Julie se retrouve entraînée dans les embrouilles familiales de Gabriel – et dans son enquête!
Cette dernière devient soudainement une priorité absolue.
Une course contre la montre s’enclenche.
Des vies sont en jeu…

Mon avis : 

Je suis actuellement en pleine exploration de tous les livres qui sont dans ma PAL, et aujourd’hui, j’ai jeté mon dévolu sur une acquisition assez récente, Un Noël (peu) orthodoxe. Les deux premières enquêtes de Julie sont dans ma PAL elles aussi, mais je ne les ai pas encore lues. Ce n’est pas grave, cela ne m’a pas du tout gêné.

Comme le titre l’indique, nous sommes en pleine période de Noël, et c’est ce qui sera finalement le coeur de cette intrigue : la célébration de Noël en famille, l’occasion de revoir les membres de sa famille que l’on n’a pas pu voir depuis longtemps, celle aussi de présenter à sa famille sa compagne, et d’échanger autour de traditions différentes. En effet, les parents de Gabriel Adinian sont d’origine arménienne, et fêtent Noël le 7 janvier. J’admets avoir apprécier le défilé de mets qui nous est proposé, sans pour autant que cela fasse « trop » : célébrer Noël dans la tradition, avec des mets choisis et aimer, oui, se goinfrer, non. 

Le récit est raconté par Gabriel, et il a quelques sueurs froides : il connaît à la fois sa famille, si particulière, et Julie, qui peut l’être aussi à sa façon. Surtout, cette année, les fêtes de famille se retrouvent ternies par l’absence d’un de ses cousins et de son épouse. A Gabriel et à Julie de découvrir les raisons de cette brouille et qui sait ? de réunir enfants et parents en cette période de l’année. Ils devront mener cette mission familiale de front avec une enquête : oui, un meurtre a eu lieu à Cassis, et Gabriel est prié d’aider la gendarmerie locale à trouver le coupable. Bien que le récit soit court, l’enquête nous entraînera loin dans le passé de la victime, nous permettra aussi de suivre, d’approfondir même plusieurs pistes, rappelant qu’il est toujours nécessaire d’aller au-delà des apparences. 

 

Bienvenue chez les Corrigan ! par Mo Malø

Présentation de l’éditeur :

Bienvenue au Manoir des Corrigan, maison d’hôte chaleureuse entretenue par trois générations de femmes hautes en couleur : Maggie Corrigan, facétieuse quasi-septuagénaire, Louise Corrigan, sa fille, institutrice de métier et mère de la jeune Énora Corrigan, aux allures d’ « elfe rebelle » à en croire sa grand-mère. C’est ensemble qu’elles vont ressusciter la Breizh Brigade, une équipe d’enquêtrices hors du commun, autrefois formée pour résoudre un mystère familial… Dans la maison d’hôte des ennemis de toujours, le Repaire des Corsaires, une jeune fille découvre avec effroi le corps sans vie de Paul Le Tohic, joueur de cornemuse virtuose du Briac Breizh Bagad. Les circonstances de sa mort écartent la possibilité d’un suicide. Qui a pu assassiner cet homme ? La police enquête, mais la Breizh Brigade est, elle aussi, sur le coup.

Merci aux éditions Les escales et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis : 

L’abus de cornemuse est dangereux pour la santé, je suis formel. Prenez le joueur de cornemuse Paul Le Tohic, le moins que je puisse dire est que la cornemuse ne lui aura pas réussi, si ce n’est dans sa vie professionnelle. Qui a pu commettre un tel crime, qui ? Paul n’a pas été assassiné dans un lieu anodin, mais dans la chambre d’hôte qui lui avait été réservé en vue des concerts à venir (ne pas gâcher la saison touristique sera vite un mot d’ordre pour les politiques).

Il se trouve que dans la maison d’hôte voisine et rivale vit un trio de femmes qui, en des temps pas si lointain, avait fondé la Breizh Brigade, à la suite de la disparition du mari de Maggie, la matriarche du clan. Si cette disparition n’a jamais été élucidée (mais elles ne désespèrent pas de trouver le fin mot de l’histoire), ce nouveau meurtre va entraîner la reformation de cette brigade – surtout qu’elles trouvent l’enquêteur dépêché sur les lieux un peu mou du genoux, un coup de pouce ne peut pas lui faire de mal.

Surtout, Maggie connaît la victime : ils ont eu une liaison ensemble, quinze ans plus tôt. Maggie l’a quitté, et lui s’est ensuite marié avec celle qui est toujours son épouse et qui a dû avaler énormément de couleuvres pendant leur vie conjugale. Si Maggie était restée avec lui (mais elle ne le souhaitait pas), les choses ne se seraient peut-être pas terminées ainsi. Paul n’est pas une victime sympathique, et rares sont ceux qui le regrettent, que ce soit dans sa sphère privée ou dans sa sphère professionnelle, qui parfois se recoupent – l’un des membres du Bagad est le petit ami de sa fille adoptive. Oui, je précise « adoptive », parce qu’il est encore besoin de le préciser pour certains, alors que pour moi, l’on a avant tout un enfant, qu’il soit adopté ou biologique. J’ajoute que ces « certaines personnes » dont je parle sont peut-être, aussi, des personnages de ce récit.

Mais je m’écarte un peu de la tonitruante Breizh brigade, menée par Maggie, largement secondée par Enora, sa petite-fille, future vétérinaire et fan absolue de moutons. Cette dernière entend bien mener sa vie comme elle l’entend, même si elle se rend compte que certains ont des préjugés tenaces. Oui, tout n’est pas tout rose sous le beau ciel de France en 2023. Au milieu, Louise, fille de Maggie, mère d’Enora, fait presque pâle figure. Malgré ses qualités, elle peine à s’imposer face à ses deux fortes personnalités. Son ex-mari, tout aussi discret qu’elle, est pourtant un allié précieux dans leur enquête.

J’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette enquête, qui, je l’espère, sera suivie par beaucoup d’autres.

 

Barma et Duval, tome 1 : La voix d’outre-tombe

Oxymoron éditions – 74 pages.

Présentation de l’éditeur :

Carmencita, la jeune et adulée chanteuse d’Opéra, est assassinée chez elle d’un coup de poignard…
Son mari est affligé, il avait laissé son épouse en pleine répétition avant de partir à son bureau et, quelques minutes plus tard, elle est découverte gisant dans le sang par la concierge venue lui apporter une lettre…
Entre ces moments, seules deux personnes sont entrées dans l’immeuble, des locataires épris l’un et l’autre de la diva…
Pour le commissaire BARMA chargé de l’enquête, nul doute que le coupable est à chercher parmi les amoureux transis.
Mais pourtant, quelque chose le titille qu’il ne saurait saisir.
Aussi, pour en avoir le cœur net, il décide de faire appel aux lumières de son ami d’enfance, le célèbre détective Paul DUVAL…

Mon avis : 

Je suis en vacances, je recommence à lire et à écrire un peu. Il me paraît évident, pour moi, de lire et de chroniquer ce qui est mon genre de prédilection, à savoir le polar. Je me suis tournée vers un livre que je venais d’acquérir et qui appartient au genre de la littérature fasciculaire, ses courts ouvrages de littérature populaire qui rencontrait un grand succès. 

Ceci est le premier tome des enquêtes de Barma et Duval, un duo que j’ai trouvé intéressant. Barma est en effet commissaire. Son secrétaire, Grégoire, n’est pas des plus futés, mais, que voulez-vous ? il est le fils d’un ami de régiment. L’on oublie de nos jours à quel point des amitiés pouvaient se nouer lors de ses années de service militaire obligatoire. Non que je souhaite le retour du service militaire, loin de là ! Simplement, j’aime quand un roman nous parle aussi de son époque. Duval est lui aussi un ami, un ami d’enfance. Lui n’a pas de secrétaire, mais un bras droit, Stanislas, qui se montre particulièrement compétent. Quand Barma a un doute au sujet de son enquête en cours, il demande de l’aime à Duval. 

Les faits pourraient être simples : une jeune cantatrice est assassinée. Bien que mariée, elle avait de nombreux admirateurs et ne leur disait pas non, du moins, pas à tous. Il y avait les admirateurs heureux, les moins heureux, et il y avait aussi un mari qui, ma fois, prenait assez bien les choses, et ce sont des choses qui arrivent. Il se trouve aussi que deux de ses admirateurs vivent dans le même immeuble que la cantatrice assassinée. Autant dire que, même si le mobile n’est pas forcément évident pour le commissaire Barma, le coupable est assez vite trouvé – trop vite, trop simple, quelque chose ne va pas ! 

J’ai aimé dans ce livre fort court – mais c’est le genre qui veut cela – que les personnages soient très bien caractérisés, y compris les personnages secondaires. Je pense par exemple au couple concierge/gardien de nuit qui a découvert le corps : selon leur personnalité et leur passé, chacun réagira différemment – le père Michaux « a fait la guerre et en a vu bien d’autres ». Je pense aussi aux deux principaux suspects, d’une grande honnêteté et dignité, se jouant aussi des clichés du genre, que l’on retrouve pourtant encore souvent dans les séries télévisées : oui, l’on peut être amoureux de la même femme et pourtant, rester amis. 

Un bon moment de lecture détente policière. 

De sang sous les collines de Marie-Bernadette Dupuy

Présentation de l’éditeur :

Du sang sous les collines, nouvelle recrue à la gendarmerie d’Angoulême, en Charente (France), Maud Delage doit résoudre un double meurtre avec l’aide d’Irwan et de Xavier, qui ne sont pas indifférents à ses charmes. Les trois nouveaux collègues découvriront une horrible machination dont l’origine se trouve dans une sombre histoire de désir et d’argent. Or, l’enquête conduira Maud et ses acolytes jusque dans les souterrains d’Angoulême, où la jeune policière pourrait très bien être la prochaine victime.

Mon avis :

J’ai été longtemps partagée à la lecture de cette courte enquête. En premier lieu, ce qui m’a rebuté n’est pas l’horreur du crime – les corps de Jean-Louis et Anaïs sont retrouvés deux mois après leur assassinat – mais le fait que l’heure précise de la mort puisse être fixée. De nos jours, je ne pense pas que cela soit possible, alors dans les années 90 finissantes, je le crois encore moins.

J’ai pensé que trop de place était donné aux états d’âme de l’enquêtrice, entourée de deux enquêteurs, Irwan et Xavier, qui ne sont pas seulement des coéquipiers, mais aussi des amoureux potentiels. Eux-mêmes se positionnent ainsi et attendent le choix de Maud.

Puis… l’humanité de Maud transparaît vraiment dans la manière dont elle s’adresse aux proches des victimes, à sa façon d’être réellement attentive à ce qu’ils disent, à ne pas les presser, si nécessaire. Seulement, cette volonté de ne pas déranger, y compris ses collègues, peut être lourde de conséquence – pour elle. Je boucle un peu la boucle par rapport à mon premier bémol, mais enquêter en solo, sans prévenir personne, se jeter quasiment dans la gueule du loup n’est bénéfique pour personne, et surtout pas pour la justice.

Un roman policier plaisant à lire, malgré tout.

Les enquêtes du commandant Gabriel Gerfaut, Tome 4 : Les sept fantômes de Gilles Milo-Vaceri

Présentation de l’éditeur :

Saint-Mazé est un village paisible perdu au coeur de la Sologne, terre de légendes et de mystères. Fiers de leur patrimoine, les habitants sont des gens discrets, à l’image du couvent des Carmélites qui demeure la première richesse culturelle de la commune.
Un matin, on découvre un cadavre abandonné devant l’édifice religieux et c’est la consternation générale, car le crime a été perpétré de manière abominable. Le capitaine Julie Sauvage de la Section de Recherches d’Orléans est chargée de l’enquête. Les mutilations sont si atroces qu’elle demande d’urgence le soutien du commandant Gabriel Gerfaut, le spécialiste des tueurs en série de la Brigade Criminelle de Paris.
Gerfaut débarque en Sologne accompagné par Adriana, son bras droit et Paul, la nouvelle recrue. Sans indices, sans témoins et face à des meurtres sans mobile apparent, ils se heurtent aux vieilles croyances, aux sorcières bien actuelles et à un tueur qui a toutes les apparences d’un vicomte, assassiné au XVIIIe siècle.
Quand ils doivent affronter le mutisme des villageois qui s’ajoute aux vœux de silence des sœurs Carmélites, le commandant Gerfaut voit rouge et déclare la chasse aux fantômes ouverte !

Mon avis : 

Je commencerai par une note d’humour : les fantômes, cela n’existe pas ! J’en suis certaine, et Victor, ici présent, peut vous l’assurer : vingt ans qu’il hante mes salles de classe successive, et il n’a jamais vu personne hanter les lieux. Je referme cette parenthèse.

Nous sommes dans un village calme, paisible, un village où, tout de même, un grand-père s’inquiète parce que son petit-fils est en retard. Je vous rassure : il sera simplement en retard, mais … aurait-il croisé un fantôme ? Impossible, me direz-vous, et je ne pourrai pas vous le reprocher. Fin ? Pas vraiment. Un cadavre atrocement mutilé est retrouvé le lendemain, et ce n’est pas un fantôme qui a pu commettre cet acte. Qui, alors ? La capitaine chargée de l’enquête demande l’aide du commandant Gerfaut, spécialiste des tueurs en série (qui, souvent, se passerait bien de l’existence des tueurs en série). Lui et son équipe viennent donc en renfort, et leur présence ne sera pas de trop, parce qu’un nouveau crime est rapidement commis.

Le point commun entre les victimes ? Ce sont des hommes, des notables, très bien insérés dans la société, aucun souci de ce côté-là. Qui pouvait donc leur en vouloir ? Comme toujours, il faut chercher le mobile dans le passé des victimes, qui est loin d’être aussi lisse qu’ils voudraient bien le faire croire, ou plutôt, qu’ils ont réussi à le faire croire.

Oui, j’ai toujours l’impression de spoiler un peu quand je parle des thèmes qui sont abordés, et le fait que l’action se situe dans un petit village de province fait partie de cette composante. Tout le monde se connaît, et les idées progressistes ont rarement droit de cité. Ceux qui sortent de la norme dérangent, ceux qui le sont non, surtout s’ils sont des hommes riches et connus, même si cette connaissance est simplement dans leur petit cercle provincial.

Et le fantôme, me direz-vous, celui du vicomte Louis-Henri de Mazé-Pasquier ? Je l’ai trouvé fort sympathique, lui qui ne cesse, finalement, de rappeler que l’injustice existe toujours, tant d’années après qu’il en a été victime.

Challenge Un mot, des titres chez Aziquilit, session avec le mot sept