Archives

Un espion en Canaan de David Park

Présentation de l’éditeur :

En 1973, Michael Miller, jeune diplomate timide, se retrouve en poste à Saigon alors que les États-Unis s’apprêtent à quitter le Viêt Nam. Travaillant comme gratte-papier dans une des multiples agences de renseignement présentes dans une ville sur le point de tomber aux mains du Viêt-cong, il donne l’impression d’évoluer dans une dimension parallèle, loin de la panique et de la violence ambiantes, jusqu’au moment où Ignatius Donovan le recrute officieusement pour le compte de la CIA…

Mon avis : 

En le rédigeant, je me dis qu’il faudrait vraiment que j’arrête les partenariats. Non que ce livre m’ait déplu, loin de là, mais pour conserver une liberté de ton que j’ai furieusement l’impression de perdre.

Pour débuter cette écriture, je dirai que je sais fort peu de choses sur la guerre du Vietnam. Pire : j’ignore tout de ce qui se passait à Saïgon en 1973. Mais est-il besoin d’avoir une connaissance historique parfaite pour lire un livre ? Non. En revanche, je ne doute absolument pas de la connaissance parfaite de ce sujet de l’auteur.

L’un des atouts de ce roman est son personnage principal et narrateur, Michael Miller. Il a fait une belle carrière, il a eu un mariage heureux, il est maintenant veuf et retraité alors qu’il se remémore ce qui s’est passé quarante ans plus tôt. Il était alors un tout jeune diplomate, même pas la cinquième roue du carrosse, non, juste un obscur gratte-papier. A Saigon, il est quasiment seul, n’ayant pour ami qu’un autre obscur gratte-papier, dont nous découvrirons la trajectoire dans la seconde partie du roman. Je ne dirai pas qu’il mène une existence des plus banales, non, ne serait-ce que parce qu’il a des principes, des valeurs, parce qu’il essaie de vivre en les respectant, ce qui le distingue de certains de ces collègues. Puis il est recruté par un certain Donovan pour le compte de la CIA. Il raconte alors son expérience, la vie qui continue à côté, et la guerre qui se rapproche. Et la débâcle.

Cela aurait pu s’arrêter là, et cela aurait déjà été très bien, si ce n’est que Miller retrouvera Donovan. Je ne dirai pas que ses retrouvailles changeront bien des choses, parce que c’est une formule rabâchée, je dirai qu’elles nous montreront que rien n’est immuable, que l’on ne sait pas quelles trajectoires prendront des personnes dont on pensait cependant…. dont on croyait…. et puis en fait, non. Avec, en filigrane, l’ombre d’un homme politique américain jamais nommé, sans doute parce qu’il ne mérite pas de l’être, eu égard aux dégâts qu’il a déjà causés, et à ceux qu’il risque encore de causer. Oui, le dernier quart du roman apporte une dimension épique à l’itinéraire de Miller, lui qui a toujours essayé de rester fidèle à ses valeurs.

Merci aux éditions La table ronde et à Babelio pour ce partenariat.

Ce genre de petites choses de Claire Keegan

Mon avis :

Depuis combien de temps n’avais-je pas lu une oeuvre de Claire Keegan ? Trop longtemps. Ce fut une chance de trouver ce livre dans la maison de la presse de la ville voisine.

Nous sommes en Irlande, au beau milieu des années 80. J’aurai presque pu croire que l’on était dans les années 50 ou 60 tant parfois le temps semblait figé. Noël approche. Bill Furlong va le fêter en famille, avec sa femme et ses cinq filles. Il est marchand de bois et de charbon, autant dire qu’il a une bonne situation, qui lui permet de voir le présent et l’avenir sans trop de soucis.

Sauf que… il voit, justement. Il voit des jeunes filles frotter le parquet, dans le froid, pieds nus. Il voit une jeune fille qui a passé la nuit dans le local à charbon « par accident » ou « par jeu ». C’est ce que les soeurs disent.  Pour que de mauvaises choses soient faites, perdurent, il suffit que toutes les personnes alentours, toutes celles qui savent, toutes celles qui voient, ne fassent rien. Parce que l’Eglise est trop puissante, parce que les prêtres sont complices, parce que les gens ne veulent pas perdre le peu qu’ils ont et compromettre leur avenir ou celui de leurs enfants. Parce que toutes les excuses sont bonnes pour laisser faire. Continuer à vivre en ignorant ce qui se passe juste à côté.

Bill Furlong, lui, ouvre les yeux. Il sait. Il sait que sa mère aurait pu être une de ses jeunes filles, si elle n’avait pas eu le soutien de sa patronne, qui l’a accueillie, qui lui a permis de garder et d’élever son fils.

Alors…. Il ne peut pas tout faire. Il ne peut pas tout changer à lui tout seul. Il peut seulement en sauver une. Et tant pis pour les orages qu’il devra affronter. Et si tout ceux qui savaient avaient agi comme lui ? C’est le « genre de petites choses » qui aurait pu tout changer.

Apeirogon de Colum McCann

éditions Belfond – 512 pages

Présentation de l’éditeur :

Apeirogon
Une figure géométrique au nombre infini de côtés.

En son cœur, deux pères.
Un palestinien, un israélien, tous deux victimes du conflit, qui tentent de survivre après la mort de leurs filles. Abir Aramin, 1997-2007. Smadar Elhanan, 1983-1997. Il y a le choc, le chagrin, les souvenirs, le deuil. Et puis l’envie de sauver des vies. Ensemble, ils créent l’association « Combattants for Peace » et parcourent le globe en racontant leur histoire pour susciter le dialogue.

Merci à Netgalley et aux éditions Belfond pour ce partenariat.

Mon avis :

Je pourrai commencer simplement en disant que ce ne fut pas une lecture facile. Il faudrait alors définir ce qu’est une lecture facile, par opposition à celle-ci, fragmentaire, haché, tantôt composée d’amples pages, à d’autres de simples phrases voire de photos.
De même, ce serait trop simple de dire que ce livre est l’histoire de deux pères qui ont perdu leur fille, l’une, tuée à dix ans d’une balle perdue, l’autre, à treize ans lors d’un attentat terroriste. Ils parlent, ils transmettent, pour que la mémoire de leurs filles perdure, pour que d’autres familles n’aient pas à subir ce qu’ils subissent – oui, j’utilise le présent, parce que la douleur est là, constamment, parce que les souvenirs sont toujours présents, en dépit du temps qui passe.
Tous deux font partie d’une association, « Combattants for Peace », dont tous les membres ont perdu un être cher. Leur but ? Créer, maintenir le dialogue. Oui, ce n’est pas facile.
Cette oeuvre protéiforme nous emmène en Israël, en Cisjordanie, mais aussi au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Il nous montre la vie quotidienne dans l’insécurité quotidienne, les check-points, qui semblent, du point de vue européens, totalement ahurissants, les humiliations ordinaires, banalisées, les questionnements aussi – le plus jeune fils de Rami Aramin se demande s’il servira ou non dans l’armée israélienne, s’il arrêtera la voiture de Bassam Elhanan, qui est un ami, et lui fera subir les mêmes fouilles, les mêmes humiliations qu’à tous les autres se présentant au check-point. La vie quotidienne comme une aberration. La guerre aussi, vue de très près, et non racontée comme dans un reportage télévisée, les blessés que l’on tente de soigner, les morts que l’on ramasse, les descriptions cliniques de ce qui restent des corps après un attentat, des dégâts provoqués par une balle dans le crâne d’une gamine de dix ans. Tenir, coûte que coûte.
Le passé, aussi. Les sept années de prison de Bassam, activiste. Les guerres auxquelles participa le grand-père d’Abir. La difficile paix – parce que je ne veux pas dire « impossible », ce serait aller contre la voie que suivent Rami et Bassam.
Et pour ne pas oublier, aussi, qu’Abir et Smadar avaient des rêves, des projets, qu’elles étaient simplement une enfant, une adolescente comme tant d’autres – et comme tant d’autres, la guerre, la haine ont arrêté le cours de leur vie.

Le pacte de l’étrange de John Connolly

Tangerine par Christine Mangan

Présentation de l’éditeur :

Tanger, 1956. Alice Shipley n’y arrive pas.
Cette violence palpable, ces rues surpeuplées, cette chaleur constante  : à croire que la ville la rejette, lui veut du mal.
L’arrivée de son ancienne colocataire, Lucy, transforme son quotidien mortifère. Ses journées ne se résument plus à attendre le retour de son mari, John. Son amie lui donne la force d’affronter la ville, de sortir de son isolement.
Puis advient ce glissement, lent, insidieux. La joie des retrouvailles fait place à une sensation d’étouffement, à la certitude d’être observée. La bienveillance de Lucy, sa propre lucidité, tout semble soudain si fragile… surtout quand John disparaît.
Avec une Tanger envoûtante et sombre comme toile de fond, des personnages obsessionnels apprennent à leurs dépens la définition du mot doute.

Mon avis :

Je tiens à remercier Harper Collins France et Netgalley pour m’avoir donné l’occasion de découvrir ce roman.
Là, c’était la partie facile de la rédaction de l’avis. En effet, je n’ai pas du tout aimé ce livre.
Vous me répondrez que Joyce Carol Oates a beaucoup aimé ce livre, cela est précisé sur la couverture.
J’ai le droit de ne pas aimer les mêmes oeuvres que Joyce Carol Oates. J’ai le droit aussi de penser qu’un argument d’autorité n’est pas forcé de me convaincre et que je peux aussi dire ce que je pense, sinon, à quoi bon ?
L’action se passe à Tanger, en 1956 – cette ville apparaît presque hostile puisqu’Alice, la narratrice ne sort pas de sa chambre, se refusant à tout, y compris à faire les courses. Seul son mari, John est en contact, est son contact avec le monde extérieur. La faute de John, semble-t-il, qui a choisi pour leur couple une autre existence que celle de tous les autres couples d’expatriés. A vrai dire, on ne les croise pas beaucoup, on entend juste vaguement parler de Charlie, qui travaille avec John, travail dont finalement on ne saura pas grand chose non plus. Ou alors, je n’ai vraiment pas été attentive lors de ma lecture.
Arrive alors la seconde narratrice, Lucy, issue du passé d’Alice. Elles ont fait leurs études ensemble, dans le Vermont, elles étaient inséparables, unies pendant quatre ans par leur ressemblance, par leur goût commun, par leur isolement aussi : Alice est orpheline, sous la tutelle de sa tante, tout comme Lucy. L’histoire de leur passé, tout comme de leur présent, nous est raconté selon leur point de vue superposé, selon leur subjectivité également, dans la presque indifférence de ceux qui les entourent. A la différence d’Alice, Lucy s’approprie la ville, son présent comme son passé, elle passe outre les moqueries et les humiliations de John – elle n’appartient pas véritablement à leur monde, elle a donc nettement plus de « ressources » – quelles que soient les choses que l’on cache sous ce mot.
Il est beaucoup question dans ce livre de manipulation, de dépendance (financière, affective) et de passivité : les mots ne suffisent pas, les mots sont menteurs, et certains sont incapables de véritablement agir.
Bref, Tangerine fut pour moi une rencontre ratée.

Véra de Karl Geary

Présentation de l’éditeur :

Sonny est un jeune Irlandais de 16 ans. Bien sûr, il rêve d’ailleurs. Lorsqu’il croise le regard de Vera, sa beauté lui donne immédiatement le vertige. Il oublie tout : la boucherie dans laquelle il travaille après l’école, sa mère qui s’étiole dans la cuisine, son père irresponsable qui perd l’argent de la famille dans des paris. Vera ne dit jamais son âge. Elle parle peu. Mais elle sait écouter Sonny comme personne ne l’a fait jusqu’à présent. Vera et Sonny vont vivre une histoire. Intense, dévastatrice et sublime. On sait dès les premiers gestes de tendresse que l’état de grâce ne peut durer, mais on est emporté par la justesse de l’écriture, par la puissance émotionnelle de ce roman.

Mon avis : 

Si vous souhaitez découvrir ce livre, ne lisez ni la quatrième de couverture ni le bandeau qui, à mon sens, vous induira en erreur. Lisez-le en sachant simplement que l’action se passe en Irlande, que les personnages principaux se nomment Sonny et Véra. Parce que sinon….

J’ai vraiment l’impression qu’il y a eu le livre d’un côté, et moi de l’autre, deux trajectoires parallèles qui ne se sont jamais rencontrés. L’histoire d’amour, je l’ai cherché, je ne l’ai pas trouvée. Pourtant, j’ai pensé, un peu, parfois, au blé en herbe, avec le personnage de Sharon, jeune fille un peu paumée, déscolarisée, sans aucune culture mais attachante tant elle s’applique à être exactement ce que la société attend d’elle.

Sonny, lui, vit dans une famille où l’on se dispute plus que l’on ne se parle, où il y a « lui » et les « garçons », ses frères aînés. J’ai eu l’impression d’une oeuvre d’un autre temps, avec cette mère qui est presque à fouillée les poches de son mari pour trouver de quoi nourrir les siens, et ce mari qui cache l’argent, cache ses gains, parce que, de toute façon, il perdra tout aux courses.

Sonny et Véra appartiennent à deux mondes différents, elle, l’anglaise très cultivée, qui fait des travaux dans sa maison, et qui ne se souvient plus qu’elle a demandé à Sonny d’en faire. Je n’ai pas ressenti d’empathie envers cette femme qui est si profondément enfoncée dans la dépression qu’elle est complètement coupée du réel. Bien sûr, cette phrase ne reflète pas vraiment la complexité de sa douleur, de son apathie, mais il aurait fallu quelqu’un qui puisse aider Véra autrement qu’en lui donnant plein de médicaments et en l’accueillant à l’hôpital quand vraiment, elle ne va pas (je manie très bien les euphémismes).

Véra est à lire pour ceux qui aiment la littérature irlandaise.

 

Tout ce qui meurt de John Connolly

Mon avis : 

Ce livre était dans ma PAL depuis quatre ans, et il a fallu le challenge Un mot, des titres organisé par Azilis et mon propre challenge Thriller et polar pour que je l’en sorte. Il mesure 558 pages, pas toujours des plus plaisantes, il faut bien le dire, de par son sujet même (voir la phrase d’accroche sur la réédition Pocket)
Premier roman de l’auteur, et première rencontre avec Charlie Parker dit « Bird » à cause de son homonymie avec le célèbre jazzman. Si son père avait su, jamais il n’aurait prénommé son fils ainsi. Quand il l’a découvert, il était un peu tard, et le prénom est resté. Charlie Parker est au début l’archétype du policier : marié, une fille, il a des problèmes de couple parce qu’il abuse de l’alcool et se dispute donc avec sa femme. C’est après une énième dispute qu’il part se saouler dans les bars, et rentre chez lui pour retrouver sa femme et sa fille de trois ans massacrées.
Quelques mois plus tard, après avoir démissionné, cessé de boire, il se trouve une occupation, pas encore détective non, plutôt une sorte de chasseur de prime pour Benny, agent de caution pas vraiment chanceux qui cherche justement quelqu’un qui a fui après que Benny a réglé sa caution – et ce quelqu’un, Fat Ollie, est tout sauf si discret. Il l’est si peu qu’alors que Charlie allait l’arrêter, Ollie prend la fuite et se fait abattre avec une arme qu’il n’est pas vraiment facile de se procurer.
Son ancien co-équipier n’est pas vraiment ravi de le voir mêler à cette enquête, surtout que des bruits courent sur Bird : il aurait tué le meurtrier de sa femme et de sa fille. On ne prête qu’aux policiers talentueux. S’il le cherche, s’il a des indices qui feraient rire tout être rationnel (les visions d’une vieille femme), il ne l’a pas encore retrouvé. Le Voyageur, c’est ainsi qu’il va se faire appeler, se chargera lui-même de se remettre dans le chemin de Bird.
Nous sommes dans un thriller presque classique, avec tous les enquêteurs, y compris le FBI (que feraient les USA sans eux ?) qui traque le tueur. Un personnage bien particulier, qui s’y connait en médecine, qui est cultivé, qui sait utiliser les nouvelles technologies – quelqu’un qui peut être fréquenté sans que l’on devine ses penchants, ses pulsions. Un être qui aime torturer les proches de ses victimes. Bref, un pervers au raisonnement vicié. Même pas besoin de la jolie profileuse pour dresser son portrait (j’ai de plus en plus de mal avec ces personnages qui dressent des portraits précis et sont infichus de les voir quand ils sont près d’eux).
Ce serait presque un thriller ordinaire si Bird était quelqu’un de recommandable, ce qu’il n’est pas, de son propre aveu. Ses meilleurs amis, si je puis les nommer ainsi, ne sont pas non plus très fréquentables. Il se retrouve cependant mêler à une guerre des gangs (oui, je l’appellerai ainsi, même si l’on est assez proche de la mafia) sur fond de racisme même pas caché. Certains optent pour des méthodes discrètes, sures et définitives, d’autres pour des méthodes spectaculaires et tout aussi définitives. Tous les coups sont permis et employés, imaginez donc ce que peut ajouter à ce chaos ambiant un tueur en série que rien n’impressionne, que rien n’arrête. Il n’est pas bon être médecin légiste en Louisiane.
Autant il est des auteurs, des personnages que j’ai envie de suivre, autant je n’en suis vraiment pas sûre avec Bird. Les intrigues – j’ai vraiment eu l’impression que ce roman comportait deux parties – sont véritablement tortueuses, au point que le lecteur puisse s’y perdre, et pessimistes. Si vous avez lu ce livre et vu une lueur d’espoir, faites-moi signe. La lâcheté, par contre, est omniprésente – un peu de courage n’aurait pas fait de mal.
Pour terminer, et parce que je ne veux pas terminer ce billet de manière aussi sombre que le roman (certes, Charlie Parker survient, sinon, une dizaine de tomes n’aurait pas succédé à celui-ci), voici le morceau Billie’s Bounce, de Charlie Parker.

La légende du capitaine Crock d’Eoin Colfer

capitaineédition Folio cadet – 92 pages.

Mon résumé :

Willy et ses quatre frères sont en vacances au camping. A neuf ans, Willy va pouvoir pour la première fois se rendre au bal des harengs, bal réservé aux enfants de neuf à onze ans – il n’en a pas envie du tout, il n’aime pas les filles ! Son frère aîné, lui, aime à raconter des histoires qui font peur, notamment celle du capitaine Crock, fantôme errant qui veut se venger du mousse qui l’a tué.

Mon avis :

En lisant ce livre, j’ai pensé à une autre fratrie : celle de Jean-B, le héros de Jean-Philippe Arroud-Vignod. Comme lui, Willy a un grand frère et trois petits frères. Comme lui, il est l’élément sage de la fratrie. Contrairement à lui, il n’ a pas de meilleur ami pour le sortir du cadre familial : les parents et leurs enfants semblent vivre quasiment en autarcie, même le fait qu’ils aillent camper n’y changent rien.

Parents aimants, parents qui mettent au point des stratégies pour empêcher leurs enfants de faire des bêtises (avec plus ou moins de bonheur), parents qui insistent aussi sur ce que leur a coûté les bêtises de leur aîné (et j’aime peu cet aspect : un parent n’a pas à reprocher les soins dentaires qu’il a subis à son enfant), parents qui fixent des règles et veillent à ce qu’elles soient appliquées – même si je n’aurai pas été aussi tolérante qu’eux avec des enfants aussi jeunes, même en vacances. Mais parents qui ne peuvent empêcher l’aîné de raconter des histoires particulièrement sanglantes, d’effrayer le deuxième, mal placé dans la fratrie et de lui jouer des tours pendables. Parents aimants, et parents qui ne cherchent pas à entretenir les peurs de leurs enfants, mais au contraire à les rassurer en leur expliquant ce qui se passe.

Et le pirate, me direz-vous ? Et bien… l’histoire est presque aussi sanglante qu’un bon vieil épisode des Experts ! Il a l’avantage de captiver les frères de Marty. Qu’en sera-t-il des jeunes lecteurs ?

10039643210694885_10204618827169323_918588559_n

Opération farceuses de Roddy Doyle

tous les livres sur Babelio.com

Présentation de l’éditeur :

Qui sont les Farceuses ?
D’insaisissables petites créatures qui adorent les enfants.
Que font-elles ? Elles les suivent partout pour s’assurer que les adultes les traitent convenablement, sinon…Sinon quoi ?
Elles les punissent en déposant de la crotte de chien sur leur chemin pour qu’ils mettent le pied dedans.
Et pourquoi Mister Mack va-t-il être puni ? Parce qu’il a envoyé ses enfants dans leur chambre en les privant de dîner. Mais il les a rappelés tout de suite après et les Farceuses n’ont pas entendu !

chall32

Mon avis :

Ce roman pour enfants est complètement loufoque, en partant d’un point de départ (presque) sérieux : que faire contre les adultes qui ne traitent pas correctement les enfants ? Autant dire que le postulat de la plupart des romans de notre enfance (j’ai 36 ans)  se trouvent inversés. Oui, les adultes peuvent se montrer injustes, excessifs. Il ne s’agit jamais dans ce roman de maltraitances graves, juste de ces punitions traditionnellement données par des adultes excédés, tels que « tu seras privé de dessert » (et devoir manger le reste du repas, c’est une punition aussi ?).

Pour ceux qui confondent autorité et abus de pouvoir, l’auteur a crée les farceuses, de charmantes créatures écologiques, spécialisés dans le recyclage de déjections canines – enfin, plutôt des déjections d’un chien, qui s’enrichit énormément à ce commerce ! Et son maître ne soupçonne rien – difficile en effet de deviner que son charmant compagnon à quatre pattes est aussi un brillant informaticien.

Seulement, les farceuses font aussi des erreurs, de terribles erreurs. Laisseront-elles une injustice se commettre, elles qui passent leur vie à les punir ? (Roulement de tambour, s’il vous plaît). Non ! Mais comme il sera difficile d’y remédier.

Roddy Doyle a su construire son roman de façon très imaginative, en donnant aux titres de ses nombreux chapitres, destinés à entretenir le suspens, des noms plus qu’improbables : Chapitre sept, qui devrait probablement s’intituler chapitre cinq…Euh, je crois….Mais appelons-le simplement… En fait, je ne sais plus à quel chapitre on en est. L’humour le plus loufoque est au rendez-vous, y compris quand il évoque les cauchemars professionnels de Mister Mack, dont les nuits sont envahis par les biscuits qu’il contrôle à longueur de journée. Les adultes exercent quelquefois de drôle de métier.

irlande-en-challenge

The commitments de Roddy Doyle

tous les livres sur Babelio.com

Présentation de l’éditeur :

Il est inutile de chercher Barrytown sur un plan de Dublin et de ses environs. Car ce faubourg de la capitale irlandaise, rendu célèbre par la trilogie que lui a consacrée Roddy Doyle, n’existe pas. Ou plutôt Barrytown est partout autour de Dublin, là où vivent ces Monsieur-tout-le-monde qui aiment leur Bushmills bien tassé et fait au pays.*

95322822Challenge cinéma chez Ostinato 

Circonstance d’écriture :

Je commence cette journée dans la légèreté, je la terminerai plus sérieusement.

Mon avis :

Fans de toutes les émissions de télé-crochets possibles et imaginables, bonjour ! Il suffit d’allumer sa petite lucarne pour avoir connaissance d’un nouveau « casting », d’un nouveau « concept » destiné à révolutionner l’industrie musicale et à amener à la connaissance du public de nouveaux talents.

Jimmy Rabitte, lui, a des ambitions moins commerciales : monter le premier groupe de soul music de Dublin. Lui qui est toujours à l’affût des nouvelles tendances, qui connaît avant tous ses amis les musiques qui plairont demain, se sent les épaules assez larges pour y parvenir. Il ne joue pas d’instruments de musique, ne chante pas ? Ce n’est pas grave. Il s’improvise directement de casting, et tant pis si sa mère se pose des questions sur toutes les personnes qui viennent chez eux – son fils serait-il devenu un dealer ?

Ses méthodes sont vraiment très particulières puisqu’il n’auditionne pas à proprement parler, non, il questionne sur les influences musicales de chacun. Il réunit ainsi un groupe avec les mêmes idéaux. Il ne reste plus maintenant qu’à apprendre à jouer de leurs instruments respectifs, et aux trois très jolies choristes de chanter juste. Leur acharnement musical, sous la direction de Joey Les Lèvres, le seul musicien professionnel du lot, fait plaisir à lire – peut-être pas à attendre, puisque même la maman de l’un d’entre eux, pourtant sourde, n’en peut plus.

J’ai aimé lire les aventures musicales de ses bras cassés irlandais, leurs répétitions, leurs concerts (avec une trentaine de spectateurs pour commencer), les changements au sein de groupe. Et j’ai lu trop de romans irlandais déprimants pour ne pas me réjouir de cet optimisme, de cette énergie qui habitent les personnages.

– Rome ne s’est pas faite en un jour.
– Mais Dublin, si !

62545_banni_re_vlechallenge-anglais91952462