Archive | octobre 2019

Il neige en enfer de Nadine Monfils

édition Pocket – 288 pages

Présentation de l’éditeur :

Arnaud Rastignac, richissime industriel, meurt dans un accident de voiture, laissant une famille de fêlés… Sa femme passe sa vie à coudre des paillettes partout, le pépé dans son fauteuil roulant ne pense qu’à se taper la bonne, la belle-fille ressemble à Miss Piggy ; Alice l’aînée, fait de la magie noire et Mômo, complètement zinzin, promène son lapin empaillé… Lou la seule qui ait bien tourné, est hôtesse dans un bar à Pigalle. Elle a pour fidèle client le commissaire Léon. S’il avait su dans quel panier de vipères il mettait les pieds, il serait resté chez sa maman à tricoter un paletot pour son chien !

Mon avis :

Que diable allait-il faire dans cette galère ? C’est véritablement la question que Babelutte peut se poser quand il voit ce qu’il advient du commissaire, qui semble avoir perdu la tête. D’ailleurs, le narrateur, avec quelques anticipations, nous avertit que le commissaire va en voir des vertes et des pas mûres. Il n’est pas le seul.

Si je voulais être politiquement correcte, je vous dirai que la famille Rastignac est dysfonctionnelle. Comme je ne le suis pas, je vous dirai que c’est à peine une famille. Le grand-père se réjouit du désordre qu’il a réussi à mettre. Son fils ? Nous le connaîtrons à peine. Sa belle-fille ? Elle mit au monde quatre enfants, pour être sûre que son mari reste avec elle. Elle s’afficha à son bras pour prouver la solidité de leur union et de leur richesse. Elle n’a aucune tendresse pour son fils handicapé, et a réussi à faire fuir sa fille cadette. Tout n’est pas irrécupérable chez elle : elle aime sa petite fille Violette, d’un amour qu’elle n’a pas donné à ses propres enfants. Par contre, il n’est rien à sauver chez Alice, la fille aînée, absolument rien : étroitesse d’esprit, complexe de supériorité, elle aurait été tout à fait à sa place pendant la seconde guerre mondiale – version collabo. Oui, ce personnage m’a totalement hérissée. Reste Jean-François, le fils aîné. Il est père, et se rend compte un peu tard qu’il aime sa fille, qu’il se cache derrière sa paternité pour ne pas assumer qui il est vraiment. Non, parce que jusqu’à ce que la petite fille soit enlevée, il ne la voyait que comme un fardeau dont il regrettait l’existence, il ne s’est jamais dit que sa fille s’était aperçu de son absence d’amour et qu’elle en souffrait. Quant à Muriel, sa femme, elle n’est peut-être pas l’épouse idéale – qui pourrait l’être avec un mari comme Jean-François ? mais elle aime sa fille, véritablement. Reste Louise, la dernière fille,  qui est hôtesse dans un bar à Pigalle, et a fui cette famille depuis longtemps – question de survie.

C’est par elle que le commissaire Léon va entrer dans cette famille, où les meurtres, les accidents, les enlèvements se succèdent à grande vitesse. Sont-ils en train de s’entretuer ? Ou bien une personne, extérieure à leur famille, et qui ne leur veut pas du bien, est-elle au commande ? Vaste question que le commissaire doit résoudre, pour sauver ceux qui peuvent encore l’être. Non, parce que, pour une personne qui prend garde à elle, qui est pourtant très menacée – je veux parler de Louise – il en est d’autres qui font absolument n’importe quoi, comme Jean-François. Ce que j’appelle « n’importe quoi », ce n’est pas comme Muriel qui veut sauver sa fille, c’est qu’il veut mener la vie qu’il souhaite, et qu’il aurait pu mener bien avant, s’il avait eu du cran – pas grand chose à sauver chez Jean-François.

Je m’aperçois que je ne vous ai pas encore parlé de Momo. Il est l’enfant « différent », celui que l’on ne montre pas, parce qu’il n’est pas comme les autres, celui que l’on n’aime pas vraiment, et que son frère et sa soeur méprisent, rudoient. J’ai employé le singulier pour « soeur » parce que Louise est la seule à ne s’être jamais moquée de lui : le fait qu’elle a reçu autant d’amour et d’attention que lui, c’est à dire très peu, y est sans doute pour beaucoup.

Il neige en enfer est l’histoire de personnes qui sont passés à côté de leur vie parce qu’elles ont préféré l’argent, la respectabilité, le confort, à l’amour – quand elles étaient capables d’en éprouver, et ça, ce n’est pas le cas pour toutes. C’est l’histoire de personnes qui, au lieu d’aller de l’avant et de construire leur vie, sont restées engluées dans le passé. C’est une histoire violente, également, qui montre cependant qu’une reconstruction est possible – mettre des paillettes dans sa vie, c’était déjà possible dans ce roman.

 

 

Ninn, tome 1 : la ligne noire par Darlot et Pilet

Présentation de l’éditeur :

Ninn fut découverte tout bébé dans le métro parisien par deux ouvriers effectuant des réparations sur les voies. Aujourd’hui, Ninn a onze ans et le métro est son univers. Elle en connaît le moindre recoin et s’y sent comme chez elle. Mais en dépit de sa joie de vivre, Ninn se pose mille questions. D’où vient-elle?

Merci à Netgalley et aux éditions Kennes

Mon avis :

Ninn est une adolescente presque comme les autres, si ce n’est qu’elle est assez solitaire. Il faut dire que son histoire n’est pas banale : elle a été trouvée bébé dans le métro. Elle a été recueillie par deux ouvriers et ils l’ont élevée. Sa passion ? Le métro, bien sûr ! Elle y passe ses journées, et observe des phénomènes parfois très étonnants, au point de douter de sa raison. Cependant… un vieil homme voit les mêmes choses qu’elle et il va très vite devenir son guide. Il ne sera pas le seul.

Cette bande dessinée est un mélange de fantastique et de réalisme. Les dessins du métro nous entraînent littéralement dans les entrailles de cette gigantesque pieuvre, nous découvrons au passage quelques-uns de ses secrets – et ses usagers les plus hauts en couleur. Nous ne basculons pas dans le fantastique, je dirai plutôt qu’il se fraie un chemin petit à petit, de manière lumineuse, colorée, effrayante parfois – ne ratez pas l’apparition du tigre !

J’ai aimé, vraiment, que les auteurs utilisent toutes les possibilités liées à la planche de bande dessinée, utilisant la page entière, la moitié de la page pour un seul « dessin » lui permettant de prendre toute son ampleur. J’ai aimé le choix des univers colorés, le jeu des lumières, le passage d’éléments d’une case à une autre, en une belle continuité narrative. Il y a un monde entre la station de métro Opéra, les escaliers de la station des Abbesses, la cuisine d’Omar et Mattéo et les galeries lointaines, tantôt féériques, tantôt cauchemardesques.

Une très belle bande dessinée.

 

Lord Jeffrey Le train de 16h54 par Hemberg et Hamo

Présentation de l’éditeur :

Édimbourg, 1958. Pour Scotland Yard, la disparition de David Archer n’a rien d’inquiétant. Après quatre mois d’absence, tout laisse penser qu’il a volontairement quitté le domicile familial pour refaire sa vie à Londres. L’affaire est classée sans suite. Mais pour Jeffrey, son fils de 13 ans, la police fait fausse route. Son père lui avait promis de revenir à temps pour assister à l’entrée en ville de la Reine et il n’a jamais manqué à sa parole. S’il n’est pas revenu, c’est qu’il lui est arrivé quelque chose. D’ailleurs, il se souvient que la veille de son départ, son père avait évoqué une mission mystérieuse. Et si c’était un agent secret? Et s’il était retenu en otage quelque part? C’est décidé, puisqu’il ne peut pas compter sur les adultes, il mènera sa propre enquête accompagné de son chien Sherlock!

Merci aux éditions Kennes et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

C’est une bande dessinée que j’aurai aimé pleinement aimer. C’est une bande dessinée lue juste après une autre que j’avais appréciée, et celle-ci l’a été nettement moins.
Oui, c’est une bande dessinée pour jeunes lecteurs, et c’est pour cette raison que certains clichés m’ont agacée. Oui, nous sommes en 1958, mais pourquoi faut-il que les personnages féminins soient si stéréotypés ? Prenez la mère de Jeffrey : elle ne sait rien des activités de son mari, seul son fils est dans la confidence. La complicité père/fils, c’est bien, en excluant la mère, cela l’est nettement moins. Ensuite, elle ne croit pas son fils – forcément – elle cherche donc de l’aide à droite à gauche, et est presque prête, je crois même que je peux retirer le presque – à croire la première version donnée par la police, et qui est d’une triste banalité. On ne la reverra guère dans ce premier tome, elle gardera son rôle d’épouse et de mère, pas plus. La seconde femme, que l’on aperçoit furtivement, tient plutôt de la femme fatale, sans trouver de l’épaisseur, véritablement. Quant à la troisième, elle est encore une adolescente, disons même qu’elle a l’âge du héros, et qu’elle n’apparaît qu’à la fin du tome, me laissant sur ma faim, même si je pressens qu’elle aura de l’importance pour Jeffrey – du moins, je le souhaite.
Bien sûr, les adultes peuvent être heureux de l’intertextualité – le titre rappelle un roman d’Agatha Christie, le nom du chien de Jeffrey est assez limpide. On peut avoir envie d’en savoir plus sur cette histoire d’espionnage, sur ce mystérieux institut où Jeffrey est emmené et dont les règles mélangent à la fois ce que l’on attend d’un pensionnat traditionnel et une organisation secrète pas vraiment réjouissante.
Ce premier tome m’a laissé sur ma faim, et surtout, ne m’a pas donné envie de poursuivre la lecture de cette série. Des lecteurs plus jeunes que moi y trouverons peut-être leur compte.

Laisse le monde tomber de Jacques-Olivier Bosco

Présentation de l’éditeur :

À travers une succession de crimes dignes du Chien des Baskerville, de jeunes policiers vont être confrontés à la violence sociale et humaine d’une grande cité de banlieue.
« Et la violence ne se combat pas par la violence… » ; c’est ce qu’aimerait prouver Jef, le flic idéaliste et lâche, mais sa collègue Hélène, bouffie de mal-être, a de la rage à revendre, quant à Tracy dont le frère est mort lors des attentats de Paris, c’est de vengeance dont elle rêve.
Dans un thriller ténébreux et spectaculaire, leurs voix, celles des retraités, parents, filles et fils de banlieue vont s’exprimer avec lucidité et mélancolie.

« Comment rester humain dans un monde qui vous déteste ? »
Une enquête où se multiplient les pertes et les désillusions, pour un final de guerre.

Merci à Netgalley et aux éditions Frenchpulp pour leur confiance.

Mon avis :

Vous souhaitez un livre aimable, gentil, policé ? Passez votre chemin. Laisse le monde tomber est un livre-constat sur une société à la violence omniprésente. Phrase très plate, qui ne va pas du tout avec le style de ce livre, constamment en mouvement, constamment sur ses gardes, parce que tout, surtout le pire, peut survenir.
Ne cherchons pas la lumière au bout du chemin, il n’y en a pas. L’espoir ? Non plus. Ou alors, il faut vraiment saisir au vol la très mince lumière qui surgit subitement. On est vraiment très loin du discours, trop souvent lénifiant, sur l’ascenseur social – et l’auteur de nous montrer l’importance de la configuration des lieux, de la hauteur d’un immeuble, sur la vie quotidienne de ses habitants. Il n’est pas question de gentrification, mais de l’appauvrissement d’un quartier, déserté par les classes moyennes depuis très longtemps – quand elles ont daigné s’y installer. D’ailleurs, ce ne sont pas les numéros de chapitres qui rythment le livre, mais les bâtiments et la lettre qui les désigne.

Jef, Hélène, Tracy, trois policiers cabossés, meurtris par la vie. Jef ? Il noierai bien sa douleur dans l’alcool, il l’anesthésie ainsi parfois, cela ne l’empêche pas de faire son travail, et de se rappeler à quel point il a merdé dans le passé. Hélène et Tracy se ressemblent plus qu’elles ne le croient, elles sont habitées par la même rage, cette rage qui fait que, comme Jef finalement, elles ne vont pas rester les bras croisés en attendant que les événements se passent, se tassent. Agir, tâcher d’être dans l’action plutôt que dans la réaction. Tenter, essayer, plutôt que témoigner.

J’ai eu l’impression de me retrouver dans un lieu coupé du monde – et pourtant, c’est en France, cette France que l’on ne voit pas, ne montre pas, ne regarde pas, cette France de gens qui travaillent, qui étudient, qui tâchent de s’en sortir du mieux qu’ils peuvent. J’ai pensé aussi aux romans d’Olivier Norek, aussi, qui montrent cette banlieue et ceux qui y vivent. Quant au monde, il se rappelle au bon souvenir du lecteur, pour démontrer que la violence est partout, qu’elle peut fondre sur tout le monde. La non violence ? Un voeu pieux.

Laisse le monde tomber est une oeuvre forte, qui vous secouera, vous dérangera, vous forcera à garder les yeux ouverts.

Bilan n°3 du challenge Polar et thriller 2019-2020

Vous savez quel est l’avantage d’être l’organisatrice du challenge ? Je n’ai pas à m’envoyer les liens. Je n’ai pas à enquiquiner quelqu’un avec une liste très longue. De plus, comme plus on est de fous, plus on rit, c’est vrai, cela prend du temps, mais cela me fait plaisir de voir que le challenge a bien démarré.

Par contre, comme j’ai vraiment eu du retard pour le bilan (arrêté au 27 octobre 2019 au soir, pas eu le courage d’ajouter les nouveaux liens aujourd’hui), il serait bon que, si j’ai oublié quoi que ce soit, vous me le signaliez !

Belette est passée en tête, avec 85 polars partagés ! Bravo !
La gentille organisatrice est deuxième, avec 73 polars.
Ju lit les mots est troisième avec 27 polars partagés.
Pat0212 est quatrième avec 20 polars partagés.

Voici maintenant le détail des livres lus :

Belette : 1 Dans la brume écarlate de Nicolas Lebel 2 Écouter le noir : Yvan Fauth & Collectif 3 Moriarty – Tome 5 : Ryôsuke Takeuchi & Hikaru Miyoshi 4 L’esprit des morts : Andrew Taylor 5 Hunter – Tome 2 – Crow : Roy Braverman 6 L’amour et autres blessures de Jordan Harper  7 Les mystères de Honeychurch – Tome 1 – Petits meurtres en héritage : Hannah Dennison 8 Juste avant de mourir de SK Treymaine 9 Les femmes de Heart Spring Mountain de Robin MacArthur  10 Vinland Saga – Tome 13 de Makoto Yukimura  11 November Road de Lou Berney 12 Vinland Saga – Tome 14 de Makoto Yukimura 13 L’Empathie d’Antoine Renand 14 Denali de Patrice Gain 15 Hot Spot de Charles Williams 16 Les Tuniques Bleues – Tome 37 – Duel dans la Manche de Raoul Cauvin et Willy Lambil  17 Vinland Saga – Tome 15 : Makoto Yukimura | The Cannibal Lecteur Modifier 18 Handsome Harry – Confessions d’un gangster de James Carlos Blake 19 Taqawan d’Éric Plamondon 20 Harry Potter – T04 – Harry Potter et la coupe de feu ‭de J.K. Rowling [LC avec Bianca] 21 Vinland Saga – Tome 16 : Makoto Yukimura 22 Le silence et la fureur de Natalie Carter & Nicolas d’ Estienne d’Orves 23 Astérix – Tome 22 – La grande traversée de René Goscinny & Albert Uderzo 24 Lucky Luke – Tome 63 – Le Pont sur le Mississipi de Morris, Xavier Fauche & Jean Léturgie 25 Meurtres sur la Madison : Keith McCafferty 26 Nuit de fureur de Jim Thompson 27 Jerry Spring – Tome 4 – Trafic d’armes de Jijé 28 Détectives – Tome 2 – Richard Monroe, Who killed the fantastic mister Leeds ? d’Herik Hanna & Nicolas Sure 29 Le mort sur un cheval noir de Ray Hogan 30 Les Tuniques Bleues – Tome 36 – Quantrill de Raoul Cauvin & Willy Lambil  31 Tandis que j’agonise de William Faulkner  32 Terreur apache : William Riley Burnett 33 Walt Slade – Tome 2 – Les Forbans du pétrole : Bradford Scott 34 Le train des orphelins – Tome 1 – Jim : Philippe Charlot & Xavier Fourquemin 35 Lucky Luke – Tome 53 – Fingers : Morris & Lo Hartog Van Banda 36 En attendant Eden : Elliot Ackerman 37 Martiens, go home ! : Fredric Brown 38 Les Tuniques Bleues – Tome 42 – Qui veut la peau du Général ? : Raoul Cauvin & Willy Lambil 39 Un feu d’origine inconnue : Daniel Woodrell 40 Bernard Prince – Tome 04 – Aventure à Manhattan : Hermann & Greg 41 Pieds nus sur la terre sacrée : Teresa Carolyn McLuhan & Edward S. Curtis 42 La piste des ombres – Tome 1 – Pierres brûlantes : Tiburce Oger 43 Un silence brutal : Ron Rash 44 H.H.Holmes – Tome 1 – Englewood : Henri Fabuel & Fabrice Le Hénanff 45 Les Aventures de Lucky Luke (d’après Morris) – Tome 4 – Lucky Luke contre Pinkerton : Achdé, Pennac & Benacquista 46 Erectus : Xavier Müller 47 Jerry Spring – Tome 07 – Le ranch de la malchance : Jijé 48 Lucky Luke – Tome 46 – Le Fil qui chante : Morris & René Goscinny 49 Les Aventures de Lucky Luke (d’après Morris) – Tome 3 – L’Homme de Washington : Achdé & Laurent Gerra 50 Walt Slade – Tome 3 – Mort en selle : Bradford Scott 51 Steamboat – Walt Longmire – Tome 10 : Craig Johnson 52 Les Tuniques Bleues – Tome 45 – Émeutes à New York : Raoul Cauvin & Willy Lambil 53 Walt Slade – Tome 4 – Le Chariot mystérieux : Bradford Scott 54 Jerry Spring – Tome 03 – Lune d’argent : Jijé 55 Lucky Luke – Tome 33 – Le Pied-Tendre : Morris & René Goscinny 56 Jerry Spring – Tome 14 – Les broncos du Montana : Jijé 57 Le petit arpent du bon dieu : Erskine Caldwell 58 Les Fugitifs de l’Alder Gulch : Ernest Haycox 59 Lucky Luke – Tome 35 – Jesse James : Morris & René Goscinny 60 Au nom du bien : Jake Hinkson 61 Jerry Spring – Tome 21 – L’or de personne : Jijé & Philip 62 Sonora – Tome 2 – Lola Montez : Jean-Pierre Pécau & Benoît Dellac 63 Le Train des orphelins – Tome 2 – Harvey : Philippe Charlot & Xavier Fourquemin 64 Lucky Luke – Tome 09 – Des Rails sur la prairie : Morris & René Goscinny 65 Jerry Spring – Tome 05 – La passe des indiens : Jijé 66 Lucky Luke – Tome 29 – Des Barbelés sur la prairie : Morris & René Goscinny 67 Le Passage du canyon : Ernest Haycox 68 La véritable histoire de la mort d’Hendry Jones : Charles Neider  69 La dame en blanc : W. Wilkie Collins [LC avec Bianca]  70 Good-bye, Chicago : William Riley Burnett  71 Dites-leur que je suis un homme : Ernest J. Gaines  72 Whiskey : Bruce Holbert 73 Sonora – Tome 3 – Le rêve brisé : Benoît Dellac, Jean-Pierre Pécau & Scarlett Smulkowski 74 Ici n’est plus ici : Tommy Orange  75 Jerry Spring- Tome 08 – Les 3 barbus de Sonoyta : Jijé 76 Joseph Laflamme – Tome 1 – Jack / La légende de Jack : Hervé Gagnon 77 Nains – Tome 12 – Kardum du Talion : Nicolas Jarry & Stéphane Créty 78 Fais-le pour maman : François-Xavier Dillard 79 Régression : Fabrice Papillon 80 Les avatars de Sherlock Holmes – Tome 4 – Élémentaire mon cher Conan Doyle : Collectif81 Mathilde Sénéchal – Tome 2 – Vaste comme la nuit : Eléna Piacentini 82 Sherlock, Lupin & moi – Tome 7 – L’énigme du cobra royal : Irene Adler 83 Kornélius – Tome 2 – Askja : Ian Manook 84 Nains – Tome 13 – Fey du temple : Nicolas Jarry & Paolo Deplano 85 Le Polar pour les Nuls : Marie-Caroline Aubert & Natalie Beunat

Bidib : 1 et 2 Trace,experts en sciences médicolégales, tome 2 et 3 de Kei Koga 3 L’appel du renard, tome 1 – Traqué de Charly Reinhardt

Chroniqueslittéraires : 1 Agatha Raisin, tome 5 : pour le meilleur et pour le pire de MC Beaton Carnets noirs de Stephen King

Frankie (Montalbano) : son billet de présentation

1 Le grand huit, Stephanie Plum tome 8 de Janet Evanovich 2 Les mémoires de Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle

Ju lit les mots : 1 La folle enquête de Stieg Larsson : Aux origines de Millenium de Jan Stocklassa2 Le poids du monde de David Joy 3 La Disparition d’Adèle Bedeau de Graeme Macrae BurnetLe fantôme locataire de Henry JamesMort contre la montre de Jorge Zepeda PattersonHaut le cHœur de Gaëlle Perrin-Guillet 7 L’autre chambre de Diane Schmidt8 Le sicilien : les Nuits nantaises 90’s de Carl Pineau 9 Le Der des ders de ses amis de Brian Merrant10 Au service secret de Marie-Antoinette : L’enquête du Barry de Frédéric Lenormand 11 Mon territoire de Tess Sharpe 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27

Les lectures de Licorne (Montalbano) : 1 son billet de présentation

Le livre d’après : 1 Selfies, Jussi Adler-Olsen

Livre d’un jour : son billet de présentation

1 La maison des mensonges de Ian Rankin 2 Sur le seuil de Patrick Sénécal 3 L’Or de Venise de Maria Luisa Minarelli 4 Je sais que tu sais de Gilly MacMillan  5 Dix petits frelons de Valérie Valeix 6 Requiem pour la république de Thomas Cantaloube 7 Le cercle de Caïn de Sophia Raymond  8 Les yeux fumés de Nathalie Sauvagnac 9 Enquête sous les galets de Marc S.Masse

Lorence (AuphildeLo) : son billet de présentation

Maggie : 

Manika : 1 Ristretto de Bernard Puard 2 Le murmure de l’ogre de Valentin Musso 3 Vaste comme la nuit d’Elena Piacentini

Martine : 1 Le cortège de la mort de M.C. Beaton2 Vacances tous risques de M.C. Beaton3 A la claire fontaine de M.C. Beaton 4 Coiffeur pour dames de M . Beaton 5 Sale temps pour les sorcières de M.C. Beaton 6 La méthode Catalanotti d’Andrea Camilleri 7 Aux portes de la nuit de Paolo Reversi

Pat0212 : 1  L’empathie, d’Antoine Renand 2 Une pierre dans le coeur, de Philip Margolin 3 Les âmes englouties, de Susanne Jansson 4 Ce qui ne tue pas, de Rachel Abbott 5 Les enfants de l’eau noire, de Joe R. Lansdale 6 Le jardin des papillons, de Dot Hutchison 7 Les mécanos de Vénus, de Joe R. Lansdale  8 Juste avant de mourir, de S.K. Tremayne  9 L’ombre du Renard, de Nicolas Feuz  10 La première empreinte, de Xavier Marie Bonnot 11 Bad man, de Dathan Auerbach 12 Le fil du temps, de Bernard Thomasson 13 Le diable sur les épaules, de Christian Carayon 14 Victor, l’indomptable Hugo, de Bertrand Puard 15 Transcription, de Kate Atkinson 16 L’ombre de la menace, de Rachel Caine 17 Studio 6, de Liza Marklund 18 Les âmes soeurs, de Frédérik Rangé 19 En attendant le jour, de Michael Connelly 20 Les gardiennes du silence, de Sophie Endelys

Passion culture :  son billet de présentation

1 La panique de Bryan Edgar Wallace

PatiVore : son billet de présentation

1 Qaanaaq de Mo Malø

Sandrine : 1  Agatha Raisin : gare aux fantômes de M.C. Beaton 2 Vengeance sauce piquante de Sally Andrew  3 Vengeances tardives de Francis Schull 4 Le Gang de la Tamise de Jessica Fellowes   5 Code Salamandre de Samuel Delage  6 Enquête au Jardin – Les Empoisonneurs de Guillaume Le Cornec et Romain VeilletetLes Apprentis détectives- Le Trésor de Victor d’Agnès Laroche 8 Les Enquêtes de Lottie Lipton- L’Aigle de Rome de Dan Metcalf

Sandrion (Miss Marple) : 1 Ce que savait la nuit d’Arnaldur Indridason 2 Secrets enterrés de Kate Watterson 3 Par delà la pluie de Victor del Arbol 4 Prendre les loups pour des chiens de Hervé Le Corre 5 658 de John Verdon 6 Code 93 d’Olivier Norek 7 Territoires d’Olivier Norek  8 Surtensions d’Olivier Norek

Syl :

Tortellini 🐙 (miss Marple) : 1 Studio 6 de Liza Marklund 2 Ragdoll de Daniel Cole 3 Soeurs de Bernand Minier

Valentine (la jument verte) : 1 Tension extrême de Sylvain Forge 2 Le printemps du commissaire Ricciardi de Maurizio de Giovanni  3 Le peigne de Cleopâtre de Maria Ernestam  4 Huit chevaux noirs – Ed McBain  5 Bleu de prusse – Philip Kerr

Vona (Montalbano) : son billet de présentation

1 Front criminel de Benoît Tadié

Zofia (Erlendur Sveisson) : 1 La femme à la fenêtre d’A.J. Finn 2 Une pluie sans fin de Michaël Farris Smith

et Sharon, l’organisatrice : 1 Requiem pour un fou de Stanislas Petrosky 2 L’ombre de la baleine de Camilla Grebe3 Les nouvelles enquêtes de Nestor Burma Crime dans les Marolles par Nadine Monfils 4 La blanche caraïbe de Maurice Attia 5 Les loups de Belleville de Serguei Dounovetz 6 Le maître de fengshui perd le Nord de Nury Vittachi 7 Dossier Evan Cartier – Tome 2 – Cité secrète par Déborah J. Marrazzu8 Apocalypse transferts de Fabio M. Mitchelli9 Tu ne perds rien pour attendre de Janis Otsiemi10 Les compagnons de la cigogne, tome 3 : le marais ensorcelé de Sophie Humann11 Deadline de Lisa Marklund 12 Axel Valker, tome 2 : La Légende Noire de Laurence Erwin 13 Arsène Lagriffe pousse un rugissement de Jennifer Gray 14 Opération Requiem par Stanislas Petrosky15 Il suffit d’une balle (Mais tout s’explique…) par Grégoire Lacroix 16 Nuits appalaches de Chris Offutt 17 Les Galeries hurlantes de Jean-Marc Dhainaut 18 La voix du loup de Xavier-Marie Bonnot 19 GECKO (Gwada Cops t. 1) de John Renmann20 Le testament de Nobel de Liza Marklund 21 Trompettes et tracas de Katarina Mazetti 22 Le big boss de Bill James 23 Une joie féroce de Sorj Chalandon  24 En son absence de Bill James  25 Ténèbres, ténèbres de John Harvey 26 Borgo Vecchio de Giosué Calaciura 27 Zaïgo de John Renmann 28 Je m’appelle requiem et je t’… de Stanislas Petrosky 29 Un oiseau blanc dans le blizzard de Laura Kasischke 30 Taqawan d’Eric Plamondon 31 La vie en rose de Marin Ledun 32 Le Diable s’habille en licorne de Serge Petrosky 33  Les Pèlerins du diable de Frédéric Pons34 Chatapouf, espion du Maharadjah de Pascal Brissy 35 La prime de Janet Evanovich36 Sherlock, Lupin et moi – tome 7 : l’énigme du cobra royal par Irène Adler 37 L’ange du Bronx de Ed Dee 38 Meurtre et obsession de Jonathan Kellerman 39 Coup de vent de Mark Haskell Smith 40 Piquette à la roquette de Danielle Thiéry 41 Robicheaux de James Lee Burke 42 L’homme qui voulait devenir psychopathe de Laurent Malot43 Lésions intimes de Christophe Royer44 Shanghai fengshui de Nury Vittachi 45 Liquide inflammable de Robert Bryndza 46 Detective Conan, volume 3 de Gosho Aoyama47 Salut à toi ô mon frère ! de Marin Ledun 48 Le jardin des papillons de Dot Hutchinson49 Dernière chance pour Alex Cross de James Patterson50 Un saut dans le vide d’Ed Dee 51 Des cercueils trop fleuris de Misa Yamamura 52 Un saut dans le vide d’Ed Dee 53 Kisanga d’Emmanuel Grand54 Coeurs solitaires de John Harvey 55 Un couple irréprochable d’Alafair Burke 56 Les étrangers dans la maison de John Harvey 57 Toto Ninja chat et le grand braquage du fromage de Dermot O’Leary58 De chair et de sang de John Harvey 59 La nuit des coquelicots de Nadine Monfils 60 Les âmes sans nom de Xavier Marie Bonnot 61 Toto Ninja chat et l’évasion du cobra royal de Dermot O’Leary 62 Un Havre de paix de Stanislas Petrosky63 Le mystérieux tableau ancien de He Jiahong 64 Les mains vides de Valerio Varesi 65 Shelton et Felter – tome 1 : La mort noire de Jacques Lamontagne 66 Jackpot à Pau de Bernard Maignent 67 Hercule Poirot quitte la scène d’Agatha Christie 68 De cendre et d’os de John Harvey69 Qui s’y frotte s’y pique de M.C. Beaton 70 Des morts à la criée d’Ed Dee 71 Formation d’élite par Lee Child 72 Du poison dans la tête de Jacques Saussey 73 Hamish Macbeth, tome 4 : Qui a une taille de guêpe de MC Beaton

Les mains vides de Valerio Varesi

édition Agullo noir – 265 pages

Présentation de l’éditeur :

Dans la chaleur humide et gluante du mois d’août à Parme, Francesco Galluzzo, un marchand du centre, a été battu à mort. Le commissaire Soneri, chargé de l’enquête, écarte rapidement le motif du vol pour se concentrer sur un usurier, Gerlanda, qui tire toutes sortes de ficelles dans l’ombre depuis des années. La vérité a mille visages, et Soneri, malgré sa répugnance pour les méthodes de l’usurier, comprend bien vite que Gerlanda et consorts ne sont que les vestiges d’un monde qui disparaît. Une nouvelle pieuvre déguisée en sociétés irréprochables a décidé de dévorer sa chère ville de Parme, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Pas même l’acharnement désespéré du commissaire..

Mon avis :

Nous sommes ici dans un roman d’atmosphère plutôt que dans un roman policier traditionnel. Certes, toutes les cases sont cochées, nous avons un meurtre, un vol peut-être, et une équipe de policiers, menée par le commissaire Soneri, qui doit trouver l’identité du ou des coupables. Mais ce n’est pas ce qui est le plus important. Le tome précédent nous ramenait dans le passé du commissaire, et nous montrait le poids que la corruption pouvait avoir sur un village ordinaire. Ici, nous sommes à Parme, à l’heure de la mondialisation, et la corruption se fait à grande échelle. L’Italie a eu beau organiser l’opération « mains propres », tout n’a pas été éradiqué, il faudrait être bien naïf pour le croire. Et si le commissaire se retrouve « les mains vides », c’est parce qu’il n’a pas les moyens de lutter contre cette pieuvre moderne.

Qui a tué Francesco Galluzzo ? J’ai presque envie de dire qu’à part le commissaire, tout le monde s’en moque, surtout sa famille. Pour sa soeur, son beau-frère, et ses frères, il était la brebis galeuse de la famille. Non seulement il ne parvenait pas à engendrer des bénéfices, pour ne pas dire qu’il était couvert de dettes, mais il avait le très mauvais goût de préférer les hommes aux femmes, faute impardonnable aux yeux des siens – qui détournaient les yeux, d’ailleurs, plutôt que de les fermer.

Qui a vraiment tué Galluzzo ? Est-il mort à cause de Gerlanda, usurier bien connu de la ville, à qui toute personne ne pouvant contacter une banque a eu recours ? Il est presque sympathique – presque, il ne faut pas exagérer – tant il représente une certaine forme d’escroquerie à l’ancienne. Lui aussi sera pris dans le tourbillon de l’enquête – son temps appartient au passé. Galluzzo est-il mort parce que sa famille en avait assez de ses frasques ? L’amour est une denrée rare dans cette famille, qui fait passer le profit avant tout – même les mariages sont avant tout des mariages d’intérêt. L’amour est une denrée rare dans ce roman, où même les personnages qui s’aiment semblent terriblement distants.

Oui, c’est un quatrième volume assez désabusé que nous avons entre les mains. Le commissaire est comme étouffé par la chaleur qui ralentit la vie en ce mois d’août, et la pluie, le froid, les bourrasques de vent qui le saisissent dans les dernières pages n’y changeront rien : la justice n’est pas réellement passée.

La menteuse et la ville d’Ayelet Gundar-Goshen

Présentation de l’éditeur :

Nymphea porte un nom de fleur mais son quotidien est loin d’être rose. À dix-sept ans, elle traîne ses complexes et souffre d’une vie insignifiante, où rien ne lui arrive jamais. En vendant des glaces pendant l’été, elle espère enfin sentir souffler le vent de l’aventure. Mais rien ne se passe…
Jusqu’au jour où Avishaï Milner, chanteur populaire sur le retour, franchit le seuil de son échoppe. Pressé et méprisant, le play-boy déchu agresse verbalement Nymphea, puis la poursuit dans l’arrière-cour où elle s’est enfuie. Lorsqu’il la saisit par le bras, elle hurle et, l’instant d’après, toute la ville est là.
En quelques secondes, la jeune fille récrit l’histoire, et Avishaï se retrouve en garde à vue pour tentative de viol sur mineure. Quant à la pseudo-victime, elle est propulsée au rang d’icône, Cendrillon en croisade contre les violences masculines.
Pendant ce temps, une autre femme est elle aussi entraînée dans un mensonge dont elle ne mesure pas encore les retombées : Raymonde, vieille juive issue de l’immigration marocaine en Israël, prend l’identité de Rivka, sa meilleure amie, rescapée des camps…

Merci à Netgalley et aux éditions Les Presses de la cité pour ce partenariat.

Mon avis :

Nymphéa est une jeune fille banale. Moins que banale, même : transparente. Il ne lui arrive jamais rien, à un âge où l’on a envie qu’il vous arrive des choses – peut importe lesquels. Lui, c’est Avishaï Milner. Il a gagné une émission de télé-réalité comme il en existe tant de nos jours. Il est dans le creux de la vague, sur le point de redevenir un illustre inconnu, et là, c’est le mépris de trop pour son ego surdimensionné : la vendeuse de glace n’a pas été assez prompte à satisfaire ses désirs. C’est l’humiliation de trop pour elle : elle s’enfuit, il la rattrape, crie, et des témoins arrivent. Elle affirme avoir été agressée sexuellement, et lui se retrouve en garde à vue, si imbu de lui-même qu’il en massacre sa défense.

Alors, que dire qui soit vraiment intéressant sur ce livre ? Déjà, j’ai trouvé sa lecture assez ennuyeuse, j’ai eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout, malgré ma curiosité qui m’a fait choisir ce livre : l’enjeu, après tout, est de savoir quand et comment Nymphéa sera démasquée. Alors, oui, le thème central est le mensonge, et jusqu’où il peut vous entraîner. En thème secondaire, il est aussi le poids des médias : l’emballement médiatique est pour beaucoup dans le fait que Nymphéa, que personne ne regardait, devient le centre de l’attention de tous et sort de sa chrysalide. Elle devient une icône pour toutes les victimes d’agression, puisqu’elle ose parler, ose se montrer, alors que tant de victimes n’ont pas le coeur de le faire.

Alors oui, c’est un livre qui est un peu à contre-courant, puisque c’est une fausse victime qui est mise en avant, à une époque où la parole des femmes commence enfin à être entendu. « Commence », parce que rien n’est simple, et il est toujours très difficile que la justice soit rendue, que la vie soit préservée. Aussi, ce récit questionne – comme si, finalement, une femme, quel que soit son âge, n’avait d’intérêt que si elle était une victime que tous ont envie de protéger. C’est sur ce point qu’elle ressemble à Raymonde, dont l’histoire nous est conté dans la seconde partie. C’est presque à la suite d’un quiproquo qu’elle prend la place de son amie Rivka, survivante des camps, et qu’elle intervient lors d’un voyage scolaire en Pologne, voyage qui lui fait rencontrer Nymphéa et met un homme, un véritable rescapé des camps, sur sa route. Si Raymonde en est venue à mentir, ou plutôt de prime abord à ne pas rectifier son identité, c’est aussi parce que, pour les gens dans la force de l’âge, rien ne ressemble plus à une personnage âgée que l’on laisse dans une maison de retraite qu’une autre personne âgée.

Comme si mentir, finalement, ce n’était pas si grave. Comme si Nymphéa était dédouanée parce qu’Avishaï, sa victime, est véritablement imbuvable. Il ne pense qu’à sa petite personne, ne fait des choses que dans son intérêt, et sait très bien jouer la comédie. N’en jetez plus.

Comme si mentir, ce n’était pas si grave, et qu’il y avait, au fond, une façon de sublimer sa capacité à mentir : devenir romancier(e).

 

Hamish Macbeth, tome 4 : Qui a une taille de guêpe de MC Beaton

édition Albin Michel – 252 pages

Présentation de l’éditeur :

Hamish pensait savourer les plaisirs bien mérités d’un été dans les Highlands. Mais c’était avant que la pluie s’abatte sur les lochs et que sa chère Priscilla Halburton-Smythe débarque au bras d’un nouveau fiancé. Pour couronner le tout, Trixie Thomas, épouse modèle, vient de s’installer à Lochdubh et arrive à convaincre les dames du coin de se mettre au régime, de bannir l’alcool et d’entrer en communion avec la nature… ce qui n’est pas du tout du goût de leurs maris ! Aussi quand l’épouse modèle est empoisonnée, Hamish Macbeth n’a pas le choix : il doit renoncer au repos et reprendre du service en interrogeant voisins et amis…

Mon avis :

Le tire anglais est à mes yeux plus parlant, bien plus évocateur que la traduction qui est proposée : Death of a Perfect Wife. Trois ans avant la parution du premier volume des aventures d’Agatha Raisin, une étrangère arrive dans un petit village, le petit village écossais d’Hamish MacBeth, celui où il ne se passe jamais rien, ou presque rien. Contrairement à Agatha, qui fait tout pour s’intégrer dans le village, y compris participer à des activités typiquement villageoises et provoquer quelques catastrophes, Trixie, cette « femme parfaite » comme on en croisera d’autres dans l’oeuvre de M.C. Beaton, souhaiter créer des chambres d’hôte avec Paul, son gentil mari. J’ai failli la qualifier de « tornade », mais il est des tornades sympathiques. Trixie, elle, a l’intention de bouleverser les habitudes des villageois, pour leur bien, et pour elle, tous les coups sont permis, y compris des manœuvres un peu hypocrites, tant que cela sert ses intérêts. Humilier les autres ne lui pose pas de problèmes, y compris son propre mari. Agatha Christie avait parlé, par la bouche de Miss Marple, du besoin qu’avaient certaines femmes de se dévouer aux autres – seulement elle montrait bien que ses femmes, finalement, trouvaient une sorte de confort en prenant soin des autres, mais ne les asservissaient absolument pas. Trixie, elle, est un peu atteinte du syndrome du chevalier : elle ne peut vivre que si elle sauve une personne en détresse, si elle parvient à lui faire adopter un mode de vie sain de manière extrêmement rigoureuse, sans que cette personne, finalement, n’ait son mot à dire, ne parvienne à garder son autonomie – une sorte de vampirisation.
Ses combats sont nombreux : contre le tabac, contre l’alcool, contre la malbouffe, pour la préservation de la nature et des animaux. A chaque fois, la méthode est radical, péremptoire, sans possibilité de négociation. Si elle secoue Angela Brodie, la femme du médecin, de sa torpeur, de sa dépression, presque, elle ne tarde pas à se mettre à dos plusieurs personnes dans le village, y compris Hamish MacBeth, qui a bien cerné sa personnalité.  Ce qui est étonnant n’est pas qu’elle se soit mis des personnes à dos, à force de faire manger du muesli fait maison au petit déjeuner et de bannir les animaux domestiques des maisons, mais que quelqu’un la déteste assez pour la tuer. Il est en effet un monde entre dire qu’on va tuer quelqu’un (le dire parfois soulage) et préméditer son geste.
Hamish enquête donc, enquête classique de voisinage, dans un village qui semble coupé du temps, avec ses femmes au foyer qui sont entièrement au service de leurs maris, qu’elles ont souvent épousé très jeunes, et qui se trouvent parfois un peu inoccupées quand les enfants ont quitté le nid. De plus, même dans ce coin des Highlands, on ne peut empêcher le progrès, et l’électroménager laisse du temps, pour manifester, pour lutter contre le tabac et l’alcool, comme au bon vieux de temps de la prohibition aux Etats-Unis. On trouve aussi des couples qui ne vont plus très bien après le passage de Trixie. Hamish ne peut que constater les dégâts, et espérer que la situation s’améliore pour certains. On notera aussi la présence d’un voyant, et si son côté escroc à la petite semaine n’est pas oublié – il ne force personne à consulter et à lui apporter de la nourriture en paiement de ses consultations, il est quand même montré que les prémonitions, oui, cela peut exister – et parfois vous sauver.
Curieusement, Hamish se détache de Priscilla dans ce volume, elle qui n’a de cesse de papillonner avec un autre. Elle reste son amie, uniquement, et lui se rend compte que l’enquête a plus d’intérêt pour lui que la belle jeune femme. Un comble, non ?
Un volume très réussi des aventures d’Hamish MacBeth.

La crête des damnés de Joe Meno


Edition Agulo – 348 pages

Présentation de l’éditeur :

 » Les compiles de Gretchen étaient comme ces chansons qui semblent nous parler de nos vies. La bande-son secrète de ce que je ressentais ou de ce que je pensais à propos de presque tout. « La Crête des damnés, c’est l’histoire d’un ado des quartiers sud de Chicago qui découvre le punk dans les années 1990. À travers les exploits et ruminations de Brian, ex-loser qui se rêve en star du rock, et de sa meilleure amie Gretchen, fan de punk et de bagarres aux poings, Meno décrit avec une grande justesse de ton les premiers émois amoureux, la recherche d’une identité entre désir d’appartenance et de singularité, les situations familiales complexes… et brosse au passage le tableau de ces quartiers et leurs démons : racisme, conformisme catholique, oppression de classe.

Merci à Babelio et aux éditions Agullo pour ce partenariat.

Mon avis :

Ce livre est ma première lecture d’une oeuvre de Joe Meno, un auteur que j’avais vraiment envie de découvrir, pour avoir croisé plusieurs fois ses précédents romans sur des blogs. J’ai lu ce roman presque d’une traite jusqu’à la page 180, et après, j’ai eu plus de mal, fractionnant ma lecture de quarante pages en quarante pages. Que s’est-il donc passé ? Et bien, rien de particulier. J’ai eu l’impression de tourner en rond dans la lecture, de ne pas voir de progression dans l’itinéraire du narrateur. Mais revenons plus en détails sur son parcours, justement.Nous sommes au début des années 90. Brian a un frère aîné, une petite soeur, il vit avec ses parents en banlieue de Chicago. Cette famille ordinaire est pourtant en train de dysfonctionner, sa mère semble indifférente, lointaine, et son père dort désormais sur le canapé, dans la cave : une séparation ordinaire, dans l’indifférence générale. Au lycée, Brian ne fait pas vraiment partie des élèves populaires, ses proches non plus. Il est amoureux de sa meilleure amie Gretchen, mais il est incapable de lui dire, de faire le premier pas, tant il craint d’être rejeté. Contrainte supplémentaire : il est élève dans un lycée catholique, et dans ces établissements, peu de choses changent. C’est pourtant après une punition supplémentaire qu’il rencontre Nick, et que cette rencontre le fait se singulariser encore plus, lui, le loser qui a viré au punk, sans vraiment savoir, finalement, pas plus que ceux qui l’entourent, ce que cela signifie vraiment d’être punk. Ce n’est pas désagréable à lire, attention. Cela nous questionne même sur cette Amérique de la classe moyenne, cette Amérique qui s’apprête à déclarer la guerre à l’Irak, cette Amérique où des mères n’en peuvent plus, et flanquent presque leur fils à la porte. Pas de racisme, non, pas vraiment, mais les élèves noirs sont ostracisés, ils ne se sentent pas formidablement intégrés, et ce sont toujours les blancs qui imposent leur choix, notamment pour le fameux bal de fin d’années. Une anecdote ? Pas vraiment, dans un pays où le bal est considéré comme une véritable institution. Oui, Brian se cherche, et il ne s’est pas trouvé à la fin du roman, lui le lycéen invisible sans véritable perspective d’avenir, lui l’amoureux de la musique qui apprécie véritablement les chansons qu’il écoute, qui les vit, devrai-je plutôt dire, lui qui se rêve musicien, et qui, en attendant, glandouille, se bagarre, cherche une fille avec qui sortir. Et se raccroche toujours à son amie amoureuse, Gretchen. J’ai apprécié le style de l’auteur : oui, le personnage est un ado, et il s’exprime comme un ado, non comme quelqu’un qui singe la manière de parler des ados. Son langage nous emporte et restitue ses années-là. Alors oui, il ne se passe pas grand chose d’important – pour nous – ce n’est pas forcément le cas pour Brian et les siens.

 

 

Du poison dans la tête de Jacques Saussey

Présentation de l’éditeur :

Elle a incliné le cou, le visage déformé par les flocons épais qui se déposaient déjà sur le carreau. Elle a cherché son regard à travers le verre qui s’opacifiait de seconde en seconde, mais les lunettes noires l’ont empêchée de le trouver. Alors, elle s’est détournée vers le pont et elle a commencé à marcher en direction de la gare, son manteau ouvert claquant sur ses jambes face au vent glacial. Dans la voiture, le son des feux de détresse rythmait sa progression comme le tic-tac d’une minuterie. Une femme qui arrivait en sens inverse s’est retournée sur elle. Elle a eu un temps d’arrêt, comme si elle doutait de ce qu’elle venait d’apercevoir. Il a vu un panache de vapeur sortir de la bouche de l’inconnue. Elle s’est figée d’horreur au moment où Myriam a laissé tomber son manteau dans la neige et a enjambé le parapet. Elle s’est précipitée vers elle en hurlant, mais il était trop tard. Après un dernier regard en direction de la voiture immobile, Myriam, entièrement nue, avait déjà sauté dans le fleuve.

Mon avis :

Merci à Netgalley et aux éditions French pulp pour m’avoir permis de découvrir ce livre en avant-première.
Ce livre est la huitième enquête de Daniel Magne et Lisa Heslin. C’est toujours bon à savoir pour les fans qui, j’en suis sûre, se précipiteront sur ce volume, parce qu’il est toujours agréable de retrouver une nouvelle aventure de ses héros. Il est non moins agréable de découvrir de nouveaux héros, même en prenant, comme moi, le train en cours de route.
Daniel et Lisa sont en couple, ils sont les parents adoptifs d’Oscar, qui a été abandonné, déjà grand, quatre ans plus tôt. Ils ont également une magnifique bergère allemande, Sham, très attachée à Lisa. Dis ainsi, cela pourrait vous faire penser à une vie de famille très classique. Mais le passé revient en force, de trois manières différentes, et cela fait beaucoup pour un seul couple, un seul service.
Lisa ne voulait plus que Daniel ait de secrets pour elle, il en aura un, quand un vieux camarade d’enfance, décédé, lui fait envoyer une boite contenant des effets qui lui rappellent leur dernière année de collège, l’année où Fanny fut assassinée – et l’assassin jamais retrouvé. Cold case à l’américaine ? Ce serait vraiment trop facile, parce que l’on ne travaille pas ainsi en France (la prescription existe, les dates de clôture de dossier quand un nouvel élément n’est pas trouvé aussi) et parce que les enquêteurs ont déjà beaucoup à faire avec les affaires encore en cours, les affaires pour lesquelles on peut encore trouver de nouveaux éléments. Pourtant, Magne ne renonce pas – quarante ans qu’il traîne ce poids sur le coeur, il ne va pas renoncer maintenant que quelqu’un lui rappelle le passé. Il en devient obsessionnel au point de presque oublier Lisa et Oscar.
Et pourtant, pendant ce temps, le passé se manifeste d’une autre manière. Oui, je sais, écrit ainsi, c’est presque mélodramatique. Pourtant, c’est presque rempli d’espoir qu’est cette partie, pour Oscar. Vous me direz que l’espoir et l’amour ont une drôle d’apparence. Pourtant, il illustre jusqu’où une mère peut aller pour son enfant – loin, vous vous en doutez, et c’est vraiment le fil conducteur de deux des intrigues qui composent ce roman.
La troisième ? Comme la première, elle illustre le titre du roman. Oui, c’est du poison, littéralement, que distille un homme dans le coeur d’une femme, au point de l’amener à se couper des autres, à se vider de toute sa personnalité, au point de disparaître complètement. Oui, de tels hommes existent, malheureusement, et si je n’en ai pas croisé personnellement, j’ai pu constater les ravages qu’ils peuvent entraîner. Je ne pense pas être la seule. Ce roman les pousse à son paroxysme, en nous montrant les conséquences pour les proches, mais aussi le mécanisme par lequel le prédateur (je n’ai pas d’autres mots) met sa proie sous son emprise – le genre des mots convient parfaitement à la situation.
Alors, Du poison dans la tête n’est pas un livre facile, aimable, un roman policier que l’on lit pour se distraire. Il nous montre un instantané de la société française, de la place aussi que l’on veut bien donner à certaines personnes – leur valeur diffère selon leur date d’arrivée sur le territoire – la manière dont les femmes peuvent être protégées ou pas – la violence n’est pas que physique, nous ne devons pas l’oublier, et elle est encore plus difficile, pour ne pas dire impossible à prouver.
Et s’il fallait conclure d’une phrase, je vous dirai : « un livre à lire si la société française contemporaine vous questionne ».