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Éteignez tout et la vie s’allume par Marc Levy

Présentation de l’éditeur :

Elle avait entendu l’histoire de gens qui se sont rencontrés au bon et au mauvais moment, de ceux qui se sont aimés jusqu’au bout, de ceux qui ont aimé sans pouvoir le dire, de ceux qui pensent  » au début j’ai tout raté  » et puis ensuite…

Mon avis : 

J’ai aimé écouter cette jolie histoire, qui est joliment racontée par Lorenzo Lefèbvre, Odile Cohen et par Marc Lévy lui-même, narrateur de son propre roman. Jolie histoire, oui, parce que s’en est une, sans prétention aucune, réduite à son expression la plus simple. Un homme, jeune, Jeremy. Il est organiste. Une femme, Adèle, dans la force de l’âge. Elle est maître horloger. Je pourrai dire : « ils n’étaient pas faits pour se rencontrer », ce qui ne voudrait rien dire. Tous les jours, des personnes se rencontrent, et elles n’étaient pas forcément destinées à se rencontrer. Là, nous sommes dans un lieu clos, et effectivement, ces deux personnes, qui n’ont pas vraiment les mêmes moyens financiers auraient pu ne pas se lier. C’est sans compter l’anticonformisme d’Adèle. Peut-être aussi n’a-t-elle pas envie d’être seule, elle qui se rend sur les lieux de sa grande histoire d’amour, elle qui s’apprête à dire adieu à l’homme qu’elle a aimé, Gianni, et avec lequel elle a rompu. Difficile d’ailleurs de trancher puisque lui souhaitait qu’elle rompe. Par orgueil ? Peut-être. Les histoires d’amour sont plus simples si les deux protagonistes ont suffisamment confiance en eux-mêmes, et s’ils sont aussi attentifs, réellement attentifs à l’autre. De Gianni, nous saurons avant tout la grande différence d’âge qu’il avait avec Adèle, et qu’elle n’avait qu’une envie : combler. Paradoxe, de mon côté, parce que si Gianni aimait Adèle, n’était-ce pas aussi pour sa jeunesse ? Nous ne saurons pas, nous ne saurons que ce dont se souvient Adèle, tout ce qu’elle a vécu, et parfois, très mal vécu.

Ce n’est pas que Jeremy fasse pâle figure, c’est qu’il semble parfois plus en retrait, lui qui semble ne pas avoir tant de choses à dire que cela, lui qui est devenu organiste alors que sa passion était autre – le jazz. Lui qui n’hésite pas, parfois, à faire des actes totalement insensé – voir la couverture, qui est véritablement très belle.

Éteignez tout et la vie s’allume m’a permis de passer un bon moment de lecture en compagnie de cinq personnes : les deux personnages principaux, et les trois voix qui m’ont accompagnée. Que demander de plus ?

 

Flocons de chocolat de Magali Santos

Présentation de l’éditeur : 

Audrey, une jeune femme indépendante et ambitieuse, quitte Lyon pour s’installer à La Rosière. Loin de la grande ville française, une nouvelle vie se prépare : des montagnes, de la neige et un job passionnant dans une chocolaterie-confiserie ! Tout semble paisible et dépaysant, mais c’est sans compter sur son collègue suédois, un certain Maximilian.

Que cache ce Viking scandinave arrogant ? Il suffit d’une fraction de seconde pour qu’il ne la supporte pas. Leur destin s’annonçait pourtant opposé. Audrey réussira-t-elle à amadouer l’ours polaire ? Parviendront-ils à se rapprocher pour le bien-être de leur entourage ?

Mon avis : 

Merci aux éditions Rival et à Netgalley pour ce partenariat.

Ce roman est la suite de Tempête et sucre d’orge. Alors oui, c’est une romance de Noël classique, j’en demeure d’accord. Elle contient tous les ingrédients qu’il faut pour plaire et, comme pour le premier tome, l’on se doute bien quels sont les deux personnages qui vont nouer une romance. Reste à savoir comment cela va se passer, et quels obstacles ils devront surmonter.

Depuis que les histoires d’amour nous sont racontées, les obstacles se divisent en deux catégories : les obstacles extérieurs et les obstacles intérieurs. En ce qui concernent les obstacles qui ne sont pas tributaires du caractère des protagonistes, on peut dire qu’ils ne sont pas si nombreux que cela : Maximilian et Audrey sont célibataires tous les deux, ils sont indépendants, et ne semblent pas avoir des opinions divergentes sur de grands sujets d’actualité. Certes, Maximilian est suédois, il pourrait donc être tenté de retourner en Suède – mais Audrey, libre de toute attache, pourrait le suivre, why not ? J’aime bien ouvrir des pistes, comme cela, et montrer qu’il n’y a rien de véritablement insurmontables.

En revanche, les obstacles intérieurs sont plus nombreux. Cela ne « colle » pas, de prime abord, entre eux. Maximilian, qui a souffert de sa séparation, peine à s’autoriser à tomber amoureux de nouveau. Quant à Audrey, elle peine vraiment avec le caractère de ce Viking suédois plus proche de l’ours mal léché que du parfait chocolatier.

Alors ? Alors la romance prendra véritablement son temps et l’autrice n’hésitera pas à utiliser des ellipses narratives, montrant qu’une romance de Noël peut se dérouler plus longtemps que pendant un Noël. J’ajoute que la part belle est également faite au chocolat sous toutes ses formes. Que demandez de plus ?

 

Tempête et sucre d’orge de Magali Santos

Présentation de l’éditeur :

Pour cette fin d’année, Inès avait tout prévu : partir rejoindre sa famille en Espagne. C’était sans compter sur son insupportable manager qui décide de lui annuler ses congés la veille de son départ ! Elle se retrouve donc seule, à Paris. Heureusement, sa meilleure amie réussit à la convaincre de passer le weekend de Noël en Savoie. Vous voulez connaître la meilleure recette pour un Noël cocooning au coin du feu ?
— Un chalet dans les montagnes
— De la neige, beaucoup de neige !
— Des tonnes de décorations
— Des litres de chocolat chaud
— Une famille très traditionnelle
— Un pâtissier musclé et très charmant
Mais qui dit montagne, dit tempête… Gros flocons, gros ennuis ! Le retour d’Inès à Paris ne s’annonce pas comme prévu. Est-ce le sort qui s’acharne sur la jeune femme ou bien la magie de Noël a finalement opéré ? Voici un roman digne des téléfilms de fin d’année avec une douce histoire d’amour guidée par le bonheur des retrouvailles pendant la saison la plus romantique de l’année.

Merci aux éditions Explora/Rival pour ce partenariat.

Mon avis :

Voici ma première lecture de romances de Noël cette année. Je crains que mon avis ne soit un peu court. En effet, il s’agit d’une romance de Noël tout ce qu’il y a de plus classiques. Très vite, j’ai découvert quel était les deux protagonistes qui allaient se mettre en couple, ce qui n’était pas très difficile, puisque deux personnages seulement sont célibataires. Inès, au début, j’avais vraiment envie de la secouer, surtout quand son manager lui annule ses congés et l’empêche ainsi de voir sa famille. Oui, le monde du travail peut être impitoyable et sexiste, et, à ce moment, Inès n’a pas la force de se révolter. Elle aurait passé Noël seule si une amie d’enfance ne l’avait pas invitée à passer Noël avec sa famille …. en Savoie. Oui, à Paris, tout aurait été beaucoup plus simple, et il n’y aurait pas eu de romans. En Savoie, Inès retrouve son amie, le fiancé de celle-ci et son frère, pâtissier talentueux, célibataire et tout sauf moche. N’en jetez plus ! Ah, si : une tempête bloque tout le monde, empêchant Inès de rentrer à Paris, ce qui met son chef dans une colère noire (antithèse parfaite avec la blancheur de la neige). Elle peut donc passer beaucoup de temps avec son ami, et surtout son frère.

Gabriel a toutes les qualités, Inès, de son côté, aspire à ne plus bouger, elle qui a eu une enfance nomade, avec des parents qui ne cessaient de déménager. Certes, ils s’entendaient et s’entendent toujours très bien, mais Inès, contrairement à son frère, ne se sent pas capable de tout quitter sur un coup de tête, elle qui a trouvé son équilibre à Paris, sans pour autant trouver la Savoir désagréable, bien au contraire. Alors, quels éléments déclencheurs verra naître leur romance ?

Classiques aussi, les repas des différents réveillons, et leurs menus soigneusement détaillés. Presque rassurant aussi, de voir des familles unies, en dépit des épreuves qu’elles ont pu traverser. En bref, une lecture parfaite pour celles et ceux qui aiment les romances traditionnelles.

 

Provoque-moi par Gaëlle Bonnassieux

Présentation de l’éditeur : 

Lana est irlandaise et accro au travail. Raphaël est… Raphaël.
Lorsque Lana débarque à San Francisco pour débuter une nouvelle vie, elle ne s’attendait pas à tomber sur le meilleur ami de son ex. Cheveux rouges et tatouages, Raphaël a tout du bad boy. Pire encore, il occupe l’appartement juste au-dessus du sien, et semble déterminé à remporter la palme d’or du voisin le plus insupportable au monde.
Bien décidée à ne pas se laisser faire, Lana lui rend la pareille. Commence alors un dangereux jeu du chat et de la souris pour pousser l’autre à bout et le chasser de l’immeuble. Mais quand l’attirance s’en mêle, les cartes sont redistribuées.
Jusqu’où seront-ils prêts à aller ?

Mon avis :

Oui, je sais, ce n’est pas un critère littéraire, mais je me suis d’abord laissée tenter par la couverture, parce qu’elle annonçait un roman qui n’était pas, mais alors là pas du tout mon genre de prédilection. Je sortais d’une lecture qui ne correspondait pas à mes attentes, et là, je me suis dit : « pourquoi pas ? » et j’ai été agréablement surprise.

Oui, c’est une romance, oui, il y a des scènes érotiques, oui, l’on se doute bien où l’autrice veut nous amener. Et pourtant, ce roman est bien différent de ce à quoi je m’attendais, tout d’abord parce qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Oui, Raphaël pourrit la vie de Lana, non parce qu’elle est Lana, l’ex- de son meilleur ami, mais parce qu’il veut récupérer son appartement. Je vous l’accorde, il y a des moyens nettement plus simples pour parvenir à ses fins, ce n’est pas faute qu’une de ses amies le lui dise ! Seulement, Lana n’est pas une Pauvre Petite Chose Fragile (PPCF, l’acronyme est de moi, ne cherchez pas), elle n’a pas l’intention de se laisser faire, et tous les moyens sont bons pour pourrir à son tour la vie de Raphaël.

Cela aurait pu durer tout le roman, et bien non, tout d’abord parce qu’ils ne sont pas seuls sur Terre, et encore moins dans l’immeuble, ensuite parce que Lana va apprendre à connaître son voisin, allant d’étonnement en étonnement : Raphaël a beau avoir l’air d’un bad boy, il n’en a pas le tempérament. Loin d’une cliché « une femme peut changer un bad boy » (ben voyons….), une femme peut vivre avec un homme qui a un look de bad boy tout en étant à l’écoute de ses amis, de ses proches, et, bien sûr, de sa partenaire. Il ne faut pas confondre séduire et faire subir, comme certaines romances peuvent trop souvent le faire.

A découvrir.

La crêperie des petits miracles d’Emily Blaine

édition Harlequin – 396 pages.

Présentation de l’éditeur :

Adèle a tout quitté : Paris, le grand restaurant dans lequel elle travaillait, la pression constante des cuisines, la misogynie du chef qui la bridait chaque jour un peu plus. Pour échapper au burn out, elle s’est réfugiée chez une amie de sa grand-mère, à Saint-Malo. Dans la crêperie de Joséphine, elle reprend petit à petit ses marques, restant loin des cuisines mais s’occupant du service et des clients. Dans ce cocon gourmand et chaleureux, elle devient celle à qui l’on demande des conseils d’écriture pour un discours municipal, un dossier de candidature ou une lettre de réclamation. Alors, quand la crêperie est menacée de fermeture, Adèle est prête à tout pour empêcher que ce bastion d’humanité et de bienveillance ne disparaisse. À tout, y compris à convaincre Arnaud Langlois, puissant homme d’affaires fraîchement divorcé, de devenir son associé.

Mon avis :

J’ai lu ce livre lors d’une lecture commune qui n’a pas totalement abouti. Pour ma part, j’ai choisi de lire ce livre parce que je ne voulais pas rester sur un échec, je n’ai pas aimé le dernier titre écrit par Emily Blaine.

L’héroïne, c’est Adèle. Elle a fait un burn-out et s’est réfugiée à Saint-Malo, faisant un travail foncièrement différent de celui qui était le sien à Paris, celui qui lui avait apporté une petite notoriété dans son milieu, ce dont certains n’ont pas hésité à se servir. Une femme en cuisine peut toujours être utile, servir de caution (non, le milieu de la grande cuisine n’est pas misogyne !) et attirer le client de par sa notoriété. Certes, les émissions de cuisine ne sont pas des émissions de télé-réalité, mais elles ont un impact sur la vie personnelle des participants. C’est un héritage qui la forcera à reprendre sa vie en mains, à se replonger dans l’action. Et à entrer en contact avec Arnaud, le type même de l’homme qui ne vit que pour sa carrière. Il est revenu au pays natal après un divorce qui n’aurait pas eu lieu avant, voire qui n’aurait pas lieu dans certains milieux, parce que les raisons qui ont motivé ce divorce ne seront pas comprises par des personnes qui ont une idée très précise de ce qu’est un bon mari : seulement, Arnaud et sa femme ne partageaient rien, ils vivaient l’un à côté de l’autre mais pas ensemble, et lui ne commence à se préoccuper de sa fille Zoé que quand il sait qu’il sera privé de sa présence. Ce n’est pas tant qu’il la voyait beaucoup, c’est qu’il savait qu’elle était là, dans sa chambre, et qu’il aurait pu la voir, partager du temps avec elle, à condition qu’il ait eu du temps à lui consacrer, bien entendu. Mais n’était-ce pas pour sa famille qu’il travaillait autant ? Non. Il est temps aussi de démonter ce mythe du père qui travaille beaucoup pour les siens : lui travaille surtout pour lui.

La crêperie des petits miracles est une histoire classique, qui rapprochent deux personnes qui ne sont pas si opposées que cela, finalement. Tous les deux ont tout donné pour un travail qui les passionnent, et ils en ont subi les conséquences – je n’ai garde d’oublier le meilleur ami d’Arnaud, misogyne patenté, opposé au mariage par principe, un personnage on ne peut plus classique. Il est vrai que ce roman est une romance classique, pas désagréable à lire, mais pas très surprenante non plus. Cependant, ce serait faire l’impasse un peu vite sur le personnage d’Elisa, le personnage le plus intéressant de ce récit. Elle est très amie avec Adèle. Elle a un cancer, elle est hospitalisée dans l’attente d’une greffe, et surtout, elle est délaissée par sa famille à laquelle je ne me fatiguerai pas à chercher des excuses. Remarque simple : c’est la personne malade, celle qui se bat pour vivre qui souffre le plus, pas les proches, et c’est elle qui doit avoir l’attention d’autrui, non l’inverse. Alors oui, Eva écrit, pour se plaindre de la fin de film qu’elle changerait – pour que les dénouements soient enfin heureux. C’est un défouloir qui ne fait de mal à personne, pas même à ceux à qui ces lettres sont destinés, puisque l’on se doute bien qu’ils ne les liront pas. Mais avoir un but, tenir un discours organisé, écrire enfin ne peut que faire du bien – et c’est ce personnage qui fait vraiment la différence dans ce roman.

Les demoiselles d’honneur préfèrent les kilts

Présentation de l’éditeur :

La meilleure amie de Nelly, Cécilia, se marie dans quelques semaines ! Mais qu’est-ce qu’on organise comme enterrement de vie de célibataire, quand on est une bande de filles plutôt introverties et fans de littérature ?
Nelly a la réponse ! Pour l’enterrement de vie de jeune fille de Cécilia, elle embarque ses demoiselles d’honneur, Louise et Maï-Lan, dans un road trip en Ecosse, sur les traces de leur saga fantastique préférée, Time Turners, à la rencontre du couple phare Calum et Katerine.
Sur la route des Lochs, entre amitié, littérature, secrets et rires, les 4 jeunes femmes vont vivre un moment charnière à l’aube de leurs 30 ans, qui marquera leur vie à jamais…

Mon avis :

Cette lecture, c’est un peu le grand écart avec l’avis que j’ai posté hier.

Je sens que je ne vais pas me faire que des amies en l’écrivant, mais tant pis.

Il est des choses que j’ai aimées, il en est d’autres que je n’ai pas aimé dans ce livre. Je dis toujours que je ne conseillerai pas à un auteur de changer tel ou tel point du récit, c’est son livre, il ou elle sait mieux que moi ce qu’il a voulu dire. Mais en retour, l’auteur ou l’autrice doit accepter que je n’ai pas apprécié certains faits.

Tout d’abord, c’est un roman agréable à lire, il se lit très vite, puisque, après tout, il est question d’un enterrement de vie de célibataire (et non de jeunes filles, quoique la nuance soit très fine). J’ai aimé ce voyage en Ecosse, ses allusions à l’histoire de l’Ecosse, mêlant réalité et fiction puisque nous sommes sur les traces d’un roman, Time turners, qui me semble fortement inspiré par Outlander (jamais lu le livre, jamais vu la série, mais je connais beaucoup de personnes qui sont accro), des hauts lieux où se déroulent son action et celle de la série qui en est dérivée. Pour ce voyage, quatre amies sont réunies, qui sont très différentes. Quoique… à nouveau, si l’on creuse un peu…. Elles sont toutes les quatre passionnées de littérature. A une exception près, elles consomment très peu d’alcool. Elles ont toutes des relations amoureuses longues – Louise est en couple depuis sept ans, Nelly vit une relation à éclipse depuis quatre ans – elles sont toutes les quatre respectueuses et bienveillantes les unes envers les autres. Ce n’est pas si fréquent que cela, même si parfois, je me dis qu’il serait bon qu’elles se secouent les unes les autres – si, si, je ne suis pas une toute jeune trentenaire, mais une quadragénaire qui me demande ce que ces jeunes femmes deviendront dans dix ans, parce que, même si elles s’entendent bien, je ne suis pas certaine qu’elles soient toutes pleinement épanouies, que ce soit dans leur vie personnelle ou dans leur vie professionnelle. En relisant mon avis avant publication, je me suis fait la réflexion aussi qu’aucune n’avait d’animaux de compagnie : un détail, certes, mais un point commun tout de même.  Je me surprends même à me dire que je ne voudrais être à la place d’aucune d’entre elles, ce qui est un comble pour un roman feel good (et sans doute, aucune ne voudrait être à ma place ou à celle de mes amies).  La narratrice est bi, l’une de ses amies fait son coming out et cela se passe plutôt pas mal, tout se règle vite, assez vite d’ailleurs, les discussions franches ont lieu rapidement. Pourquoi pas ? Cependant, je me répète, aucune ne respire le bonheur absolu, pas même la future mariée : elle et son fiancé, même s’ils s’aiment, craignent de mener à bien leurs rêves parce que cela ne plairait pas à leurs familles. La quadragénaire que j’ai vue en a croisé des couples, qui ont renoncé à leurs rêves communs. Bilan : ils ne sont plus en couple.

J’en viens à ce qui m’a gênée, c’est la charge contre JK Rawlings, que je trouve exagérée. A été collée sur l’autrice d’Harry Potter l’étiquette de « transphobe ». Bon. Que la narratrice dise qu’elle a été déçue, je peux l’entendre. Qu’elle souhaite continuer à aimer Harry Potter pour tout ce que ce livre lui a apporté et faire comme si cette série n’avait pas d’auteur, non. Pour moi, cela ne passe pas. Pour quelques phrases, peut-être maladroites, on balaie la somme de travail que l’autrice a fourni pour écrire cette série de sept livres et apporter du bonheur  à tant de personnes  ? C’est un peu un comble pour une aspirante autrice (je parle de Nelly, le personnage qui prononce ces mots). Etre féministe, c’est une chose, jeter la vindicte sur une femme, s’en est une autre.

PS : avis relu. Et je ne changerai pas ce que j’ai écrit.

Afterlove de Tanya Byrne

Mon avis :

Pardon ? Je suis en retard de six jours pour écrire mon avis ? Oui, je suis au courant, mais je ne peux pas y faire grand chose. J’ajoute que les chatons dont je m’occupe, enfin les chatons de la haie, ont un sérieux retard de croissance, et que cela me stresse bien plus.
Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Hachette pour ce partenariat – et merci pour le post-it me souhaitant bonne lecture.
Nous sommes face à une romance paranormale. Mais nous sommes aussi face à une romance lesbienne, et ce n’est pas si fréquent. Ash a seize ans et elle est lesbienne. Elle a fait son coming-out auprès de sa mère, qui n’a pas trop mal pris l’annonce de sa fille, même si cela remettait en cause ce qu’elle avait imaginé pour son avenir – les parents d’Ash sont catholiques pratiquants, originaire de Guyana, un pays que, contrairement à Poppy, je serai bien en peine de placer sur une carte.
Poppy. Contrairement à ash, elle est pensionnaire dans un institut très chic. Elle est rousse, elle est lesbienne elle-aussi. Fille unique, elle a fait son coming-out auprès de ses parents, qui ont pris les choses comme des parents modernes se devaient de prendre les choses. Cependant, son père pense que ce n’est qu’une « phase », mot que l’on emploiera jamais pour une relation hétérosexuel. Il est vrai que jamais un ado, ou une ado n’a jamais eu à dire à ses parents qu’il/elle était hétéro.
Ash et Poppy ont un point commun : elles veulent être sûres que l’autre est sérieuse. Adara, la meilleure amie et confidente d’Ash, sait à quel point elle a galéré, se retrouvant face à des adolescentes qui affirment après coup avoir été ivres, ou qui préfèrent courageusement poser un lapin, ou encore qui veulent juste « essayer ». Ash est très lucide et sait que certaines jeunes filles, pourtant lesbiennes, font taire leurs préférences et choisissent une vie dans la norme. Seulement, elle en a assez d’être toujours celle qui fait les frais de ce revirement.
Ce ne sera pas le cas avec Poppy, si ce n’est que leur romance est interrompu par la mort d’Ash et sa transformation en grande faucheuse. Nous apprenons très vite quelle est sa mission, quelles sont aussi les autres faucheuses, comment elles lui apprennent le « métier », comment elles la soutiennent aussi lors de ses premiers pas dans sa fonction. Le côté paranormale de la romance est bien conçu, cohérent, sans pesanteur aucune, ce qui rend cet aspect du roman parfaitement intégré à ce que l’on a lu jusque là.
J’ai aimé aussi que le livre parle de certains faits, parce qu’ils existent, ou ont existé. Je pense à l’arrivée en Angleterre des parents d’Ash, qui n’ont pas vraiment été accueillis à bras ouverts. Je pense aussi au prétexte pour renvoyer un employé, comme l’a été le père d’Ash, pour ne pas dire qu’il faut « compresser » le personnel hospitalier pour cause de problèmes de budget. Je pense aussi à l’homophobie totalement décomplexée de certaines personnes.

Afterlove est une romance paranormale ancrée dans le réel, et cela, c’est un exploit.

Nuits blanches à Langston Manor de Jacquie d’Alessandro

Présentation de l’éditeur :

 » – Quelles sont, selon vous, les qualités de l’homme parfait ? demande Sarah Moorehouse à ses amies Julianne, Emily et Carolyn. – Il doit être gentil, patient, honorable. – Beau, grand, fort, romantique et passionné. – Il doit aimer faire les boutiques ! – Avoir les yeux bleus, ajoute Sarah avec le plus grand sérieux. Bleus, comme ceux du marquis de Langston, leur hôte, qui, justement, cherche une épouse. Mais aucune chance qu’il remarque Sarah ! Elle n’est pas assez jolie. D’ailleurs, elle ne veut pas d’un mari. Tous les hommes sont des imbéciles, y compris le marquis. Donc, il ne l’intéresse pas. Tout de même, que faisait-il en pleine nuit dans le cimetière, sous l’orage, une pelle à la main ?  »

Mon avis :

« Il n’est pas de problème qu’un bon coup de pelle ne résolve » (devise personnelle).

Si vous aimez les romans historiques drôles, ce livre est fait pour vous. Sarah Moorehouse est le prototype même de la vieille fille à qui personne ne fait attention. Moins jolie que sa soeur, elle a fait le désespoir de sa mère, d’autant plus qu’elle a refusé de se couler dans le moule, de tenter d’améliorer ce qui pouvait être améliorable (toujours selon sa mère). Elle se satisfait de son sort, d’autant plus qu’elle est très proche de sa soeur aînée Carolyn. Celle-ci a toutes les qualités, notamment celle d’avoir été une grande soeur adorable, une grande soeur qui a eu la douleur de perdre son mari voici trois ans et qui commence seulement à revenir dans le monde, accompagnée par Sarah, qui lui sert de chaperon, parfaitement invisible aux yeux des hommes.

Le marquis de Langston ne fait pas exception. Matthew connaît le nom de toutes les belles jeunes femmes qui sont réunies dans son manoir, puisque son objectif est simple : épouser l’une d’entre elle le plus rapidement possible, à condition qu’elle soit riche (jolie aussi, cela peut aider). Pourquoi le jeune marquis a-t-il besoin d’une épouse riche ? Cela a lien avec son obsession de visiter son jardin, la nuit, avec une pelle, accompagné par son adorable et démonstratif chien. Oui, un chien est toujours utile, le marquis a beau être dans son jardin, il sait qu’une agression est toujours possible – son père a agonisé longuement après avoir été agressé non loin de sa demeure.

Ce que Matthew n’avait pas prévu, et son meilleur ami Daniel non plus (un vrai ami, ai-je envie de préciser) c’est qu’il tomberait amoureux de Sarah. Leurs rencontres n’auront rien de conventionnelles, certaines seront même fort drôles. Sarah adore jardiner (une activité que réprouve sa mère) et elle sait très bien manier une pelle, elle n’a rien contre les chiens, elle-même possède un exemplaire énorme et fort démonstratif. Il y aura aussi des moments émouvants, quand Matthew et elle se remémorent des êtres chers qui ne sont plus, ce qui ne veut pas dire que la douleur n’est pas présente : Peu importe le temps écoulé, on ne guérit jamais de la perte d’un être cher. 

Alors, l’amour triomphera-t-il ? Matthew pourra-t-il résoudre tous ses problèmes, y compris ceux dont il ne soupçonne pas l’existence alors que débute le roman ? Sarah et ses amies du club de lecture parviendront-elles à définir ce qu’est l’homme idéal ? Et pourquoi pas ?

Les tartines sont meilleures quand on les partage à deux de Emily Blaine

Présentation de l’éditeur :

Tristan est photographe, Emma est médecin. Depuis leur rencontre lors d’un mariage, Tristan est convaincu qu’elle est la femme de sa vie.
D’ailleurs, le destin semble d’accord avec lui : il ne cesse de mettre Emma sur sa route. Mais toujours le timing et les aléas de la vie les empêchent d’être ensemble. Alors, Tristan attend. Et Tristan y croit, pour eux deux. Mais après huit ans de relation en pointillés, de fuites d’Emma et de rupture sans explication, ne serait-ce pas le moment d’avancer pour de bon ? Oui, il va tenter sa chance une dernière fois : soit il tournera définitivement la page de cette histoire… soit il retrouvera enfin celle qu’il aime.

Mon avis :

Je pense que je ne vais pas me faire que des ami(e)s avec cet avis, mais je n’ai pas vraiment apprécié ce livre. La romance est racontée du point de vue de Tristan, et elle s’étale sur huit ans, huit ans pendant lesquels il attend que la femme dont il est amoureux cesse de prendre la fuite et daigne enfin nouer une relation amoureuse avec lui. Je ne peux pas m’extasier sur cette histoire, parce que je la trouve toxique – oui, je lâche le mot – sans doute parce que j’ai vu de telles histoires dans la vie réelle et j’ai vu comment elles se terminaient dans la vie réelle. Pas du tout comme l’on pourrait l’imaginer. Preuve cependant, que dans une lecture le lecteur projette aussi son vécu.

Oui, cela peut être intéressant d’inverser les points de vue, de voir l’homme qui patiente (tout en enchaînant les conquêtes) et la femme qui ne veut pas s’engager, qui a peur qu’il lui reprocher de ne pas s’épanouir dans sa carrière à cause d’elle, qui, elle-même, ne vit que par et pour son travail, et n’hésite pas à s’engager dans des histoires d’amour soit foireuses, soit pantouflardes, des histoires qui m’ont semblé, parfois, des prétextes pour ne pas s’engager dans la seule histoire qui semblait compter pour elle. Je suis dure avec ce livre ? Oui, j’en conviens. En me relisant, je me dis que je pourrai édulcorer mon propos, ce qui ferait surtout qu’il ne serait plus réellement mien, et ne correspondrait pas à ce que j’ai ressenti.

Un personnage sort du lot cependant : Hélène, meilleure amie de Tristan et d’Emma. Elle attend qu’ils se décident enfin, ou qu’ils tournent la page. Elle est l’inverse d’eux, elle qui a toujours su profiter de l’instant présent, sans regret.

PS : j’ai lu depuis un autre roman, antérieur, de l’autrice, et je l’ai beaucoup apprécié. Elle-même dit avoir pris des risques en écrivant ce livre. Je comprends, et je salue le fait d’oser sortir, surtout pour une romance, des sentiers battus. Ce n’est pas le livre qui m’a déplu, c’est la situation qui y est racontée.

Pour l’amour du pho de Loan Le

Présentation de l’éditeur :

Cela fait des années que les Mai et les Nguyễn se livrent une compétition acharnée pour savoir qui détient le meilleur restaurant de phở. À cause de cela, Linh et Bảo se sont toujours évités. Mais même sans se côtoyer, tous deux savent que ce conflit dépasse le cadre d’une simple rivalité entre familles et trouve ses origines dans des blessures plus profondes. Quand par chance, Linh et Bảo se retrouvent à devoir travailler ensemble, ils se rendent immédiatement compte qu’ils peuvent devenir amis… et bien plus. Est-il possible pour eux de vivre leur amour malgré l’histoire et les conflits qui opposent leurs familles ?

Mon avis :
Merci aux éditions Éditions Akata et à Netgalley pour ce partenariat.

Romance ? Ce serait vraiment réducteur de penser que Pour l’amour du Pho n’est que cela, sauf si une romance signifie raconter des histoires d’amour ancrées dans le monde réel. En lisant le roman, l’on peut penser Roméo et Juliette, Linh et Bao feront même allusion à cette célèbre histoire. Source d’inspiration, peut-être. Surtout, Pour l’amour du pho nous plonge dans la culture vietnamienne, et je connais peu de livres qui le font, encore moins des livres young adult.

Pour l’amour du pho est bien une histoire de famille, les Mai et les Nguyễn. Elles ont toutes deux un restaurant, elles travaillent toutes les deux avec acharnement, ne comptant pas leurs heures, non pour exceller dans la restauration, mais pour que leurs enfants ne manquent de rien, ne vivent pas ce que leurs parents ont vécu à leur arrivée aux Etats-Unis. Soucieux de la réussite de leurs enfants, ils tiennent à ce qu’ils fassent des études qui leur permettent de faire un métier stable, sûr, solide. Evie, la fille aînée des Mai, fait des études de biologie. Linh, la cadette, est encouragée à devenir ingénieur. Elle aime peindre, que dis-je, elle est une véritable artiste mais, pour ses parents, ce n’est pas possible, ce n’est pas audible, peintre, artiste, c’est un métier pas assez sûr : la soeur de sa mère est sculptrice, elle est restée au Vietnam, et si elle vit désormais de son art, cela n’a pas toujours été le cas. Un voile opaque recouvre le passé familial, la vie au Vietnam, l’arrivée sur le continent américain. Et les Mai détestent leurs rivaux, les Nguyễn, qui le leur rendent bien. La conséquence est que les deux restaurants ont beau être voisins, les deux familles ne se fréquentent pas du tout, et c’est par hasard que leurs deux enfants vont participer à un projet commun au lycée. Ils vont devenir amis, se confier leurs aspirations – surtout Linh, qui ne peut guère parler de ses désirs artistique à ses parents – et leurs relations va évoluer, lentement mais sûrement. Il faut dire qu’en temps qu’enfants de restaurateur, enfants de vietnamiens immigrés, ils ont beaucoup en commun, beaucoup plus qu’ils ne croient.

Le roman n’est pas manichéen, il n’y a pas de « méchants » parents face à des « gentils » enfants, mais des hommes, des femmes, qui se sont donnés beaucoup de mal pour avoir une situation professionnelle stable, une situation qui leur permet de vivre décemment, d’offrir un avenir à leurs enfants, tout en vivant avec les plaies du passé, plaies encore très vives, pour eux, mais aussi pour ceux qui sont restés au pays. La nourriture est aussi omniprésente, parce qu’il ne s’agit pas seulement de tenir un restaurant, il s’agit vraiment de nourrir ceux qui y viennent, de nourrir ses enfants aussi, de transmettre des recettes familiales – et la recette transmise par la mère est toujours la meilleure.

Il est question aussi de racisme, malheureusement : il existe encore des personnes qui pensent que d’autres n’ont pas le droit de vivre sur le même sol qu’eux, en raison de leur couleur de peau, de leur culture, de leurs origines. Ecrire est un moyen de lutter contre le racisme, ne l’oublions pas.