Archive | mars 2013

Amours en marge de Yoko Ogawa

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Quatrième de couverture :

Une jeune femme se réveille en croyant entendre le chant d’une flûte… Il n’y a pourtant que le silence que son mari a laissé derrière lui la veille en la quittant. Bientôt, elle perçoit le moindre chuchotement comme un hurlement, le moindre choc comme un cataclysme ; et elle s’égare dans l’assourdissant bruissement des réminiscences. Pour un magazine de santé, elle accepte de décrire ses symptômes, s’efforçant de trouver les mots justes pour exprimer ce qu’elle ressent. Ses yeux s’arrêtent sur les mains du sténographe qui prend les notes… Ses doigts d’une étrange beauté glissent sur le papier, transcrivant chaque énoncé en un mystérieux signe aux allures d’éternité. Premier roman « long » de Yoko Ogawa, Amours en marge est paru au Japon en 1991. Il aborde d’une manière très sensuelle et poétique un thème majeur de l’œuvre de la romancière : la mémoire préservée, embaumée, immortalisée par une imperceptible trace qui capture le souvenir en même temps que la douleur qu’il a suscitée.

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écrivains

 

 

 

 

Mon avis :

Je sens que je ne vais pas me faire que des amis en postant cet avis – et je ne le posterai pas s’il ne validait trois challenges. J’ai beaucoup de mal à tenir mes engagements en ce moment, alors quand j’y parviens, c’est plutôt une bonne nouvelle.

Je commencerai par le point positif : ce roman est superbement écrit. J’ai eu l’impression, en le lisant, de ressentir la tension ouatée dans laquelle évoluait l’héroïne, de ressentir ses blessures, au moindre bruit trop fort.

Maintenant, je n’ai pas adhérée à cette histoire, je n’ai pas été sensible aux tourments de cette femme, jeune (elle a 23 ans) confrontée à son divorce et à son désamour. Ce doit être une caractéristique de l’écriture de Yoko Ogawa, mais l’héroïne narratrice n’a pas de nom, elle n’est pas caractérisée, si ce n’est pas ses troubles de l’audition et par sa coiffure. Ah, si : elle n’a pas réellement terminé ses études, elle n’a pas d’emploi, cependant la générosité de son ex-mari, dont on sait encore moins de chose, lui offre leur appartement et de quoi subsister jusqu’à ce qu’elle trouve un emploi. Elle est proche de son neveu Hiro – en fait, le neveu de son mari – qui sert d’agent de liaison entre elle et lui.  Bref, elle n’a aucune attache, elle a simplement des souvenirs, et tout le roman montre comment elle les retrouve, afin de se reconstruire. Seulement, la manière avec laquelle elle les reconstruit est assez proche du genre fantastique, qui n’est pas réellement ma tasse de thé.

Alors, bien sûr, si je me lance moi-même dans la reconstitution qu’elle a opérée, je ne peux que dire que l’âge de treize ans est un âge clé (que ce soit celui de l’héroïne, de son ami d’enfance, ou de son neveu), qu’elle est fascinée par les signes, qu’elle décrypte, et que son état actuel est peut-être lié (ou pas) à un drame du passé. Ses errances dans la ville enneigée (pratique pour étouffer les sons) ainsi que ses difficultés à se mouvoir dans la ville participent à l’étrangeté de cette histoire. Elles n’ont pas suscité en moi un grand plaisir de lecture.

Je pense que cette incursion dans l’univers de Yoko Ogawa sera la dernière avant un certain temps, puisque je n’ai pas été sensible à son univers créatif.

 

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Offrande Brûlée de Lauren K Hamilton

Offrande brulée

Résumé :

Un malheur n’arrive jamais seul. La preuve : En l’espace de vingt-quatre heures, je découvre que des envoyés du Conseil vampirique viennent de débarquer en ville, et que de mystérieux pyromanes ont mis tous les repaires de monstres locaux à feu et à sang. Sans oublier que j’hérite d’une famille de métamorphes orphelins de chef, et que mon ex qui a toujours une dent contre moi n’en finit plus de me mener la vie dure. Parfois, j’ai vraiment envie de tous les envoyer bouler. Mais le pourrais-je encore ? Désormais, il semble que mon existence soit inextricablement liée à celle des créatures que je m’étais juré de combattre. Jusqu’où cela va-t-il m’entraîner ? Franchement, je préfère ne pas y penser.

Circonstances de lecture :

J’ai lu ce livre dans le cadre d’une lecture commune organisée par Sookies  sur le forum Livraddict.

Mon avis :

J’ai lu ce livre de bout en bout (normal, allez vous me dire), cette lecture n’a pas été désagréable et pourtant je ne trouve pas grand chose à dire sur elle.
Les péripéties sont nombreuses, et parfois, vraiment insoutenables. Certes, mon insensibilité est légendaire, mais tout demême, je n’ai pas du tout apprécié ce que subissait Sylvie, et j’ai presque été contente du dénouement. Comme quoi, Anita Blake tient ses promesses, et absolument personne n’a intérêt à faire du mal aux siens, au sens large du terme. Quand on a toute une meute de Léopard Garou à protéger, cela fait du monde.
Quant à ses amours… elle est maintenant officiellement avec Jean-Claude, même si elle a quelques réticences à son égard. Richard n’a plus vraiment confiance en elle – et l’on ne se demande pas pourquoi.
Mais le personnage le plus intéressant de cette intrigue reste Asher, ancien meilleur ami de Jean-Claude, qui a salement morflé aux cours de leurs aventures et leurs amours passés. Il vient ici un peu (beaucoup) pour se venger. Il est de loin le personnage dont l’évolution est la plus intéressante, et si je lis le tome suivant, j’espère bien le revoir.
Je clos ainsi ce billet un peu décousu : je tenais à honorer cette LC, même si je manque d’inspiration pour ce billet.

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Dark Tiger de William G Tapply

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édition Gallmeister – 256 pages.

Quatrième de couverture :

Il y a sept ans, Stoney Calhoun s’est réveillé dans un hôpital de vétérans, privé de mémoire et de passé mais doté de talents inattendus. Depuis, il s’efforce de mener une vie normale, partagée entre la boutique de pêche qu’il possède avec la sublime Kate Balaban, son chien Ralph, et sa cabane perdue dans les bois. Lorsque l’Homme au Costume, qui vient régulièrement s’assurer qu’il n’a pas retrouvé la mémoire, commence à mettre en danger sa nouvelle existence, Calhoun est contraint d’enquêter sur le meurtre d’un agent gouvernemental retrouvé mort au nord de l’État. Il doit alors prendre la place d’un guide de pêche à Loon Lake Lodge, un luxueux hôtel situé en plein cœur des espaces sauvages du Maine.

Mon avis :

J’ai de la chance avec mes lectures – il faut dire que depuis mon inscription à la bibliothèque, je ne vois pas pourquoi je perdrai mon temps avec des livres qui m’ennuient. Rien de tel ici, et Dark Tiger est un fabuleux roman. J’ai pourtant mis un bon mois pour le chroniquer : Sharon, ou la reine des paresseuses.
J’ai pensé en découvrant ce héros à Dave Robichaux. Le même humanisme, la même patience – ou le même acharnement. Le même goût pour une vie simple et proche de la nature – autant que leurs activités professionnelles le leur permettent. J’ai aimé aussi « qu’aucun animal ne soit maltraité pendant l’écriture ». L’auteur n’a pas jugé utile de faire massacrer/torturer/découper en morceaux le chien de Stoney Calhoun. D’autres ne s’en seraient pas privés, et avec un luxe de détails, en plus. Ici, il enquête, et c’est déjà bien.
Il enquête avec sérénité, je crois que c’est vraiment le mot qui convient. Pas de tuerie, pas de courses poursuite, mais pas non plus de lenteur ou de redites comme dans certains romans. L’auteur prend le temps qu’il faut pour poser l’intrigue, le décor, laisser les événements venir, laisser son enquêter faire le guet, constater aussi qu’on ne lui veut pas que du bien, dans ce charmant hôtel et que les apparences sont trompeuses.
Je n’ai qu’un regret : les deux autres titres de cet auteur étaient indisponibles à la bibliothèque.

 

Le vase où meurt cette verveine

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Quatrième de couverture :

Parce que leurs enfants ne peuvent les héberger ensemble lorsque Zika doit aller se faire soigner le coeur, Joseph et elle se retrouvent séparés après plus de cinquante-six années de vie commune.
Lui est accueilli chez leur fils Gauthier à Montfort, elle chez leur fille Isabelle à Paris. Commence alors entre eux une relation épistolaire qui voit s’éloigner la perspective de leurs retrouvailles et se déliter leur univers. En se rebellant contre cette séparation forcée, Zika et Joseph découvrent la face cachée de leurs enfants et leurs propres zones d’ombre. Jusqu’au drame final, où ils devront affronter le désastre humain qu’ils ont engendré.

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Mon avis :

J’ai lu ce roman voici déjà deux mois, et je n’avais pas encore rédigé mon avis à son sujet – je peinais à mettre des mots sur ce que je ressentais. Surtout, je n’ai lu que des avis positifs sur ce roman, et le mien ne l’était pas vraiment. Heureusement, j’ai lu aujourd’hui l’avis de George qui n’est pas des plus enthousiastes et celui-ci a débloqué le mien.

Joseph et Zika sont séparés pour la première fois depuis 56 ans – ils en ont de la chance, je connais peu de couples de leur âge qui n’ont pas vécu de séparation. Passons, après tout, c’est possible. Ils sont obligés, à cause du traitement de Zika, d’être séparés. Zika a une maladie de coeur. Là, malheureusement, je m’y connais un peu en la matière, car trois de mes tantes ont subi des interventions cardiaques, aucune n’a été séparé aussi longtemps de son mari, aucune n’a dû quitter sa région pour se faire soigner. Maintenant, il fallait bien trouver un motif de séparation pour débuter le roman… mais mon expérience familiale fait que je le trouve tiré par les cheveux.

Ensuite, leurs enfants décident pour eux qui vivra avec qui, pour une question de place. Ce postulat ne m’a pas dérangé car il montre une réalité : l’infantilisation des personnages âgées par leurs enfants, qui décident pour eux. Ce n’est pas seulement l’envie de prendre soin de ses parents, c’est aussi une manière de reprendre le dessus sur eux, de les considérer presque comme des paquets encombrants, voir, parfois, de se venger de ce qui a été vécu dans l’enfance.

En effet, Joseph et Zika vivent une passion exclusive, qui ne laissent que peu de place à leurs enfants, et si leur fils a construit sa vie (enfin, il faut le dire vite), leur fille a échoué sur toute la ligne, essuyant ainsi le mépris de sa mère, puisque son ventre est resté stérile. Bien sûr (enfin, si vous me connaissez un peu), cette remarque m’a choquée, moi qui n’ai pas été éduquée en pensant que ne pas avoir d’enfants était un échec – mais un choix de vie qui ne regarde que la personne concernée. Puis, je ne suis pas habituée à des rapports mère/fille si violent, mais plutôt à des liens très fort (du moins, dans ma famille – mais là, je m’enfonce dans le domaine du privée, et cela n’a rien de littéraire).

Ce qui l’est, en revanche, c’est le style des lettres de Zika – presque maniéré, presque ampoulé. Il ne me semble pas vraiment correspondre à notre époque – et même si les deux protagonistes ne sont pas jeunes, leur langage n’est pas celui de mes oncles et tantes, qui appartiennent à la même génération.

Reste le personnage de Joseph, qui m’a paru plus riche que celui de Zika, parce qu’il est capable d’évoluer, de se remettre en cause, de se rapprocher de son petit-fils et de sa petite-fille, tout en affrontant le drame final.

Vous l’aurez compris, je ne suis pas la meilleure personne pour vous recommander Le vase où meurt cette verveine. Je suis simplement une personne avec un avis discordant sur ce livre.

 

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Journée à Paris

Je sais que je n’ai pas encore rédigé mon traditionnel billet sur le salon du livre de Paris (je suis paresseuse…). Cependant, je suis retournée aujourd’hui à Paris, afin de me détendre, entre deux journées au collège.

Dans le train, j’ai lu la moité de l’amour en marge de Yoko Ogawa. J’ai aussi commencé à rédiger mon avis. Une fois arrivée gare Saint-Lazare – et saisie par le froid – j’ai fait ma pause café habituelle avant de flâner dans quelques librairies – sans rien acheter pour l’instant – et mes pas m’ont dirigé vers le petit Palais, pour voir l’exposition Felix Ziem.

Là, surprise, je m’attendais à faire la queue : personne. Faut-il voir dans cette défection l’inauguration de l’expostion Murano au musée Maillol ? Peut-être.

Qui était Félix Ziem ? Ce fils d’immigré polonais était peintre et aquarelliste, il rencontra un grand succès de son vivant. Son sujet de prédilection était Venise, ville qu’il adorait et qu’il représenta dans la moitié des toiles qu’il peignit. Il ne vivait à Paris que contraint et forcé, quand son travail, et les négociations en vue de vendre ses toiles l’exigeaient. Il fit un séjour en Orient, qui le marqua profondément. Proche de l’école de Barbizon, il était particulièrement prolifique.  Il vécut à Martigues, où se situe l’actuel musée Félix Ziem.

Voici une de ses toiles :

felix-ziem-flamants-roses-(detail)-huile-sur-toile-vers-1860-musee-des-beaux-arts-de-beaune-photo-j-c-couval(Photo J-C Couval).

Ensuite, j’ai pris le métro et me suis rendue sur la Butte Montmartre. J’ai monté 80 marches (à peu près) et n’ai pu m’empêcher de penser à la chanson de Cora Vaucaire (les escaliers de la Butte sont durs aux miséreux/les ailes des moulins protègent les amoureux).

Je ne suis pas montée sur la Butte pour aller au Sacré-Coeur (je garde pour moi ce que j’en pense) mais pour visiter le musée de Montmattre, et son exposition consacrée au chat noir, le célèbre cabaret.

350 café concert étaient ouverts à Paris dans les années 1880, et pouvaient accueillir entre 500 et 1500 spectateurs. On venait sur la Butte, à dos d’âne, pour s’encanailler, danser aussi (dans certains établissements, il fallait payer pour chaque danse).

L’exposition se poursuit tout en musique, et fait revivre les belles heures de ce cabaret, et de ses artistes les plus connus, comme Aristide Bruant ou Eugénie Buffet. Celle-ci, admirant profondément Aristide, lui avait demandé l’autorisation d’être sur scène ces malheureuses dont il décrivait le quotidien dans ses chansons. Il accepta avec enthousiasme. Eugénie, dès lors, observa ces femmes, ces prostituées, se mêla à leurs conversation dans les cafés pour décrire au plus juste « la misère sociale de la femme » – déjà, à l’époque.

Je n’ai garde d’oublier la Commune, évoquée largement dans ce musée, et cet acte, que je retiens : deux généraux furent fusillés par leurs soldats. Ils avaient ordonné à leurs hommes de tirer sur les barricades, gardés par des femmes et des enfants. Les soldats refusèrent unanimement, et se retournèrent contre leurs généraux.

La Commune fut un des épisodes les plus sanglants de l’histoire de Paris, avec 20 000 morts. A voir Montmartre et ses touristes affairés, on peine à le croire.

Voici la photo du musée :

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et la vue de la célèbre vigne de Montmartre :

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et celle de l’église historique de Montmartre, une des plus vieilles de la capitale :

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Ensuite, j’ai reprise le métro, goûté un cake aux cerises, et acheté quatre livres, en me laissant porter par mes envies.

Je suis ensuite rentrée vers la Normandie, et j’espère bien retourner à Paris le mois prochain.

Eraguff de Paul Stewart et Chris Riddell

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Présentation de l’oeuvre :

Rien ne va plus dans le Marais qui pue : les petites fées (mais oui !) préparent un terrible complot. Jean-Michel Chanourdi aura besoin de beaucoup de courage pour déjouer leurs plans. Et de chance, évidemment. Et d’un peu d’aide, aussi. Heureusement qu’un nouveau compagnon le rejoint : Eraguff, un redoutable (et très gentil) dragon ! Les petites fées vont en Baver…

Challenge Jeunesse/Young adult chez Mutinelle et Kalea.

Mon avis :

Voici la fin de la deuxième trilogie du marais qui pue !

Même si l’intrigue reste divertissante, je dois dire que je suis restée sur ma faim. A force de vouloir trop étreindre, trop parodier, les auteurs ratent leur sortie. Harry Potter ? Le professeur Mac Gonagal aurait mérité une parodie à la hauteur de son rôle. Le monde de Narnia ? Effleuré. Eragon ? Raté – presque pire que l’adaptation filmique. L’apparition des Ents ? Comique, oui, mais sans plus. Seule leur courte bataille contre les professeurs est vraiment intéressante – mais fera grincer des dents aux fans du Seigneur des anneaux. Twilight ? Il n’en est question qu’en passant – comme s’ils voulaient garder encore en réserve des éléments pour un prochain tome. D’ailleurs, le dénouement, qui s’apparente vraiment aux contes de fée (un peu maltraité je dois le dire) laisse à penser qu’un jour prochain, de nouvelles aventures verront le jour au marais qui pue. Les lirai-je ? Cela dépendra de mon état d’esprit du moment.

Challenge-anglais

 

 

Les amis de la colline Beausoleil, tome 2 : Mina Cornu.

Minaédition Mijade – 104 pages.

Quatrième de couverture :

Où est passé le fermier ? Qui va nourrir les vaches ? Robin Cache-Noisettes, détective en herbe, mène l’enquête..

Mon avis :

Ce tome est la suite de Robin Cache-Noisette. Nous retrouvons le détective chargé d’une mission bien précise, retrouver le fermer qui doit non seulement nourrir les vaches, mais aussi veiller sur Mina, sur le point de mettre bas.

Autant le premier volet faisait la part belle aux animaux sauvages, autant nous avons ici les animaux domestiques. Implicitement, l’auteur montre l’immense différence entre les deux. Si, pour les animaux sauvages, se nourrir est parfois difficiles, les animaux domestiques n’ont pas le réflexe de chercher leur nourriture, ni même la possibilité, puisqu’ils sont enfermés. L’auteur montre aussi la pitoyable situation des chiens abandonnés par leurs maîtres et insiste, sans lourdeur cependant, sur la responsabilité qu’implique de prendre un animal.

Fort heureusement, le fermier est un homme responsable, et à aucun moment les animaux (sauvages ou domestiques) n’envisagent la possibilité que celui-ci les délaisser, mais plutôt qu’il lui soit arrivé quelque chose. Tous s’unissent pour le retrouver, récoltant les indices de son passage, suivant ainsi le fil de ses occupations ordinaires. Cette enquête permet de retrouver les personnages du premier tome, et d’en savoir un peu plus sur la colline Beausoleil.

Ce second tome est aussi beau et aussi bien illustré que le premier, avec en prologue et en épilogue des présentations des animaux et oiseaux, de leur habitat et de leur alimentation.  Y en aura-t-il un troisième ? Je l’espère, il reste encore beaucoup à dire sur la colline Beausoleil.

Lécole des chats, tome 1

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édition Picquier – 158 pages.

Présentation de l’oeuvre :

« Les chats qui ne jouent pas pendant les cours seront punis ! » Une bien curieuse école, cette École des Chats, où les élèves doivent être dissipés pour plaire à leurs professeurs. Nouvel élève de la classe de Cristal, Brin-d’Osier forme bientôt un trio inséparable avec ses camarades Mot-d’Amour et Mandragore. Dans leur classe, ils apprendront la magie pour vaincre le dieu des ténèbres et le secret de la Grotte de Cristal, un endroit à la fois mystérieux et redoutable, qu’il est interdit d’approcher.
Un jour, les trois compagnons relèvent le défi que leur lancent les élèves d’une autre classe : il s’agit, ni plus ni moins, d’aller faire un tour dans la grotte interdite ! La nuit de la pleine lune, les voilà qui entrent avec précaution dans le gouffre des ténèbres d’où leur parviennent des gémissements à donner la chair de poule…

Mon avis :

L’action se passe à Séoul, en Corée du Sud, pour les deux premiers chapitres, mais très vite, nous passons dans le monde fantastique des chats.

La vision est presque optimiste dans ce premier tome – les chats quittent leurs maîtres vers l’âge de quinze ans et intègrent l’école des chats, dans laquelle ils apprendront à vivre sans les hommes, auront l’obligation de jouer, de subvenir à leurs propres besoins, bref, d’être à la fois sérieux et indisciplinés.  J’y vois là une manière de rendre acceptable leur mort en imaginant un ailleurs plus heureux.

Cependant, ce détachement des humains m’a un peu désolée, moi qui ne souhaite pas me détacher du souvenir de mes chats disparus. Surtout, il est un autre aspect, plus désagréable, mais qui sera cependant éclairci au tome suivant : les chats qui ne parviennent pas à se détacher de leurs maîtres deviennent des ombres, condamnées à se battre avec leur double positif, leur jumeau ou jumelle, chaque chat en possède un.  Sur quel critère l’un devient une ombre et l’autre pas, mystère et confusion.

En ce premier tome, sont présentées les trois personnes principaux, les trois classes de l’école, les professeurs et la guerre qui opposa de manière plus sauvage que la guerre des clans les élèves de l’école et les ombres. Puis, le symbolisme du chat noir est un peu banal (le chat noir est le méchant dans l’histoire) même si l’évolution historique des chats est bien retracée.

Le secret de la grotte de cristal est un livre qui se lit vite, orné de belles illustrations. Autant vous le dire tout de suite : j’ai lu le tome 2 à la suite, et il se révèle plus dramatique.

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Bérénice 34-44 d’Isabelle Stibbe

Bérénice

Présentation de l’oeuvre :

1934. Bérénice, adolescente juive, entre au Conservatoire contre la volonté familiale. La jeune fille, au prénom prédestiné, entame sa formation théâtrale dans la classe de Louis Jouvet. Sa vie est désormais rythmée par l’apprentissage des plus grands rôles du répertoire, elle croise Jean Gabin, Jacques Copeau, Jean-Louis Barrault… Admise à la Comédie-Française, Bérénice de Lignières devient une comédienne de renom.
La montée du fascisme en Europe, les tensions politiques en France, les rivalités professionnelles, les intrigues amoureuses, rien n’entache le bonheur de Bérénice. Mais au tout début de l’Occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la maison de Molière exclut les Juifs de sa troupe. La brillante sociétaire, qui avait dissimulé ses origines, est alors rattrapée par son passé.

Merci à Babelio pour ce partenariat.

Challenge petit bac par Enna petit bac

Mon avis :

Le titre donne déjà le ton et sonne comme une pierre tombale  : Bérénice 34-44. Bien sûr, je me dis qu’il peut en être autrement et signifier simplement une période de la vie de Bérénice, de sa passion dévorante pour le théâtre. Je peux me dire aussi que juste poser cette hypothèse, c’est déjà vous éclairer sur l’issue de ce livre. Peut-être. Peut-être pas. J’ai parfois tendance à trop en dire sur l’intrigue.

Bérénice. Un prénom prédestiné lui aussi. Un prénom de reine et de tragédienne. Bérénice n’est pas un prénom de comédie. Le choix du prénom déjà vient de la guerre, la première qui fut qualifiée de mondiale, ou aussi de der des ders. Ce choix, ses parents se le reprocheront quand leur fille unique voudra embrasser une carrière de comédienne. Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est qu’une vocation, le parcours de la jeune fille est exemplaire à cet égard, elle qui ne reculera devant aucun obstacle.

Alors… Bérénice 34-44 est bien sûr l’occasion de croiser de grands noms du théâtre, Louis Jouvet, en professeur de théâtre à la fois classique et novateur, ou Robert Manuel, élève du conservatoire. C’est l’occasion de découvrir les coulisses de la Comédie-Française, et  ce qui s’y passa pendant la seconde guerre mondiale.

Mais Bérénice 34-44 est avant tout pour moi la découverte d’une belle écriture : un véritable souffle, un véritable rythme, qui m’a emporté. Rares sont les auteurs qui nous enveloppent de leurs mots, qui savent créer sans musique des envolées lyriques ou retrouver l’ampleur d’une déclamation. Une écriture capable  de caractériser chacun des personnages, tout en gardant un certain détachement, de manière à ne jamais sombrer dans le pathos.

Bref, Bérénice 34-44 est un premier roman sensible et talentueux, à lire si vous aimez les beaux textes.

défi premier roman

La vie en gris et rose de Takeshi Kitano

Kitano

Quatrième de couverture :

Takeshi Kitano. le réalisateur de Sonatine, Hana-bi et Kikujiro, raconte son enfance dans le Japon d’après-guerre. Une enfance en gris et rose, aux couleurs que son père, peintre en bâtiment, essayait sur la porte de la maison avant d’en couvrir les murs de ses clients. Kitano raconte les jouets, les objets, les fêtes, les rencontres de son enfance et ressuscite toute une époque dans un inventaire à la Pérec qui célèbre l’amitié et les jeux des gosses de pauvres, quand l’imagination et l’invention remplaçaient l’argent. Si c’est bien l’enfance qui détermine notre sensibilité d’adulte. alors la sienne a aussi les couleurs de son gobelet de cantine en bakélite rouge, des caramels aux prunes, des toupies beigoma à peine plus grosses que le pouce, des cerfs-volants ornés de guerriers du kabuki, de la chasse aux libellules, de son père brutal et ivrogne et de sa mère qui se battait en vain pour que son fils travaille en classe, alors que lui n’aurait jamais arrêté de jouer…

Mon avis :

Je connaissais Takeshi Kitano l’acteur, le cinéaste, je découvre maintenant l’auteur. Ceci n’est pas un roman (quoi que j’ai lu ici ou là) mais un recueil de souvenirs d’enfance, dans lequel  Takeshi nous parle de ses parents, de sa jeunesse, de sa pauvreté, qui paraît à peine croyable aujourd’hui. Il prend à témoin son lecteur de ce qu’il a vécu, en le tutoyant, comme s’il était un vieil ami. Chaque chapitre est extrêmement court (quatre à six pages), illustré par des dessins naïfs. J’ai pensé, en le lisant, au manga Une sacrée mamie, qui évoque aussi des conditions de vie difficile dans le Japon de l’après-guerre.

Le gris et le rose sont des couleurs emblématiques pour le père du narrateur, peintre en bâtiment de son métier. Un métier méprisé : les autres enfants n’auraient pas aimé avoir un père artisan, et Takeshi lui-même aurait aimé avoir un père salarié, policier, bref un père bien plus normal, un père qui aurait pu jouer avec lui au base-ball, comme le père des autres garçons de son âge, plutôt que de repeindre la porte de leur maison en gris, ou en rose, selon les pots de peinture qu’ils avaient en stock chez eux – et essayant de convaincre les clients que cette couleur était vraiment faite pour eux. Mais oui, le rose est à la mode, mais oui, le gris est ce qu’il vous faut.

Cela pourrait prêter à sourire n’était le caractère sordide de la situation. Ce père est alcoolique, violent, la mère s’acharne à faire étudier ses enfants, quand elle n’est pas battue comme plâtre par son mari. La famille est pauvre, les vêtements sont dans le même état que le paletot du jeune poète de Ma Bohème d’Arthur Rimbaud – en plus crasseux. Pourtant, il est encore des familles plus pauvres que les Kitano, il est beaucoup d’enfants orphelin à cause de la guerre. Toujours Takeshi Kitano raconte ce qu’il voit avec son regard d’enfant, sans compassion pour les autres, et certainement pas pour lui-même, sans dureté non plus : il assume tout ce qu’il a fait ou pensé étant enfant.

La vie en gris et rose est un récit émouvant pour tous ceux qui veulent connaître un peu mieux le Japon d’après-guerre, et un peu plus Takeshi Kitano.

Banniere-mars