édition Gallimard – 269 pages
Présentation de l’éditeur :
Assez tôt, j’ai compris que je n’allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m’installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J’ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j’ai tâché d’être heureux.
Je crois y être parvenu.
Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.
Mon avis :
Aujourd’hui je voyage… ou plutôt j’ai voyagé, parce que j’ai morcelé la lecture de ce livre : six mois en Sibérie, un mois lu par jour. J’avais déjà lu deux oeuvres de Sylvain Tesson, celle-ci a mis du temps à sortir de ma PAL, et pourtant, j’avais aimé les deux autres ouvrages que j’avais lus.
Pour cette oeuvre-ci, j’ai longtemps hésité : aimais-je, n’aimais-je pas ? Puis je me suis rappelé un principe simple : prendre l’œuvre telle qu’elle est, et non telle que je voulais qu’elle soit. Le point de départ, c’est un homme qui choisit de passer six mois coupé du monde en Sibérie. Et tant pis pour sa vie privée, qui, à vrai dire, me semblait réduite à la portion congrue. Il part avec de quoi vivre en autonomie, de quoi communiquer avec le monde extérieur, et de quoi lire aussi, tous ces livres qu’en France il n’a pu lire. Il écrira aussi, ce livre, témoin des jours passés. Si, comme le livre que j’ai chroniqué hier, je me pliais à une analyse type « récit de voyages », je dirai que nous avons là un journal type, tenu au jour le jour, et, les rares jours où l’auteur n’écrit pas, il explique pourquoi il n’a pu le faire.
L’on peut se questionner sur le mode de vie de Sylvain Tesson, et sur la quantité astronomique d’alcool qu’il a ingurgitée durant son séjour « mourir en bonne santé » ne l’intéresse pas. L’on peut se dire que, comme dans toute autobiographie, il ne nous cache rien. Plus intéressant (à mes yeux, toujours) sont ses lectures et les analyses qu’il en fait. J’ai apprécié aussi ses réflexions sur le vide, sur la conversation, sur la vie en société, bref, des réflexions, des méditations si l’on veut, sur des sujets extrêmement variés. Parfois, je me dis que son récit est parsemé d’auto-dérision, comme dans la citation suivante : « Je vais enfin savoir si j’ai une vie intérieure. » Je me dis aussi qu’il lui en a fallu du temps, pour vivre ce qu’il a vécu, mais aussi pour le retranscrire, voir, décrire, raconter ce qu’il a vu, vécu, ressenti. Parfois, j’ai aussi eu l’impression qu’il cabotinait un peu – même s’il y a bien plus à faire que je ne pensais au fin fond de la Sibérie. J’ajoute que, lui qui voulait expérimenter la solitude, il dut supporter (subir ?) des visites impromptues – à croire que la Sibérie est un haut lieu touristique !
Une lecture pas désagréable, principalement parce que j’ai vraiment mis de temps, pris mon temps pour la lire.