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Tu me rends fou d’Isabel Keats

Présentation de l’éditeur :

Ali est une vraie Miss Maniaque ! Elle ne jure que par les petits-déjeuners hyper-protéinés, les joggings aux aurores et la propreté. Mais derrière ses obsessions et son anatomie de rêve, se cache une jeune femme qui cherche désespérément à mettre de l’ordre dans ses sentiments. Ali n’est pas heureuse, du moins pas encore. Konrad, c’est plutôt Monsieur Cata, avec son quotidien sans horaires ni règles, et ses impulsions jamais refrénées, en amour comme ailleurs. Par chance, il est doté d’une prodigieuse créativité qui lui permet de bien vivre sans se priver. Konrad croit être un homme heureux, mais c’était sans compter Ali… Si les contraires s’attirent, la rencontre entre ces deux personnalités que tout oppose se révèle explosive ! Un roman qui nous rappelle combien il est merveilleux de tomber amoureux, et qui nous encourage à oser prendre le chemin du bonheur !

Merci à Amazon Publishing France et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

Je commencerai par ce qui a failli me faire arrêter ma lecture : Ali, cette fameuse Miss maniaque, fait faire des chatons à sa féline domestique parce qu’elle est une très bonne maman et parce qu’elle est trop mignonne avec ses chatons. Soit. Que deviennent les chatons, à qui sont-ils donnés, si tant est qu’ils le soient ? Mystère. Quand bien même ils seraient placés dans les meilleures familles du monde, si elles sont aussi irresponsables, aussi peu soucieuses de la santé de leurs chats que ne l’est Ali, cela promet, et me choque, à la fois dans mon souci de protection des animaux, et dans la construction du personnage d’Ali. Une « maniaque » comme elle ne serait pas capable de ramener son chat et ses chatons chez elle, et les laisserait avec un parfait inconnu (tout en ne prenant pas réellement soin de son chat, à mes yeux du moins, les gestations à répétition ne sont pas bonnes pour la santé féline).

Si j’excepte ce point, c’est une romance assez traditionnelle, finalement, avec deux personnages qui sont certes très opposés tous les deux, mais qui manquent cruellement de maturité. J’ai préféré Konrad, totalement décomplexé (il suffit de lire les scénarios qu’il a écrit), faisant autant attention à sa santé qu’un ado. Sa préoccupation principale, quand il n’écrit pas ? Manger, manger, manger, et pas des graines de quinoa et autre boulgour. J’ai moins aimé Ali la névrosée qui réussit pourtant brillamment sa vie professionnelle – il est dommage que l’on ne la voit pas plus fréquemment en pleine création. Du coup, certaines situations entre ces deux antagonistes sont fort drôles, et même si l’on sait comment l’histoire se terminera, on a envie de savoir comment ces deux-là vont finir par vivre une romance. Tu me rends fou n’est pas désagréable à lire, mais il n’a rien de véritablement original.

Un été dans la ville de l’amour de Sarah Morgan

Présentation de l’éditeur :

Pour célébrer leur vingt-cinquième anniversaire de mariage, Grace a prévu une surprise de taille pour son mari : une escapade romantique à Paris. Mais ce dernier lui a aussi réservé une annonce surprise : il souhaite divorcer. Dévastée par la nouvelle, Grace fait ses bagages et s’envole, seule, pour la capitale.
Lorsqu’Audrey quitte Londres pour la France, c’est avec la ferme intention de s’éloigner d’une mère alcoolique. Son objectif : dégoter un job dans une librairie et se familiariser avec le french kiss. Seulement, avec la barrière de la langue et sans argent, ses projets paraissent plus compliqués qu’elle ne le pensait.
La rencontre entre les deux jeunes femmes va alors tout changer. Et leur amitié naissante, bien que surprenante, pourrait bien devenir la meilleure chose qui pouvait leur arriver…

Merci aux éditions Harlequin et à Netgalley pour ce partenariat.

Mon avis :

J’aurai presque envie de commencer ce billet en disant « oui, je lis de la romance aussi », j’en ai même lu quelques-uns depuis la fin de l’année 2019. Certains titres sont très réussis, d’autres le sont moins – malheureusement. J’ai lu trois romances quasiment coup sur coup, et j’ai décidé de chroniquer en premier celle qui m’avait le moins séduite, et d’expliquer pourquoi. J’aurai presque pu dire qu’elle m’avait mise en colère, mais non : ce n’est qu’un livre, pas une situation vécue dans la vie réelle.

Tout d’abord, je me suis sentie très jeune en lisant ce livre. Grace a 47 ans et elle se comporte comme une femme de trente ans d’un autre siècle, tout en restant dans le nôtre, ne ratant aucune des étapes imposés dans sa vie de femme et de mère : sa fille unique va quitter sa maison, et pour ne pas se livrer à son chagrin, elle organise, elle organise, elle organise. Quoi ? Un voyage surprise pour les 25 ans de mariage avec David, l’amour de sa vie. Sauf que David gère autrement le syndrôme du nid vide que sa femme, qu’il a pris une jeune maîtresse, amie de sa fille, ancienne élève de sa femme (n’oublions aucun cliché) et qu’il lui révèle le tout (à sa femme, sa maîtresse était déjà au courant) pendant le repas de leur vingt cinquième anniversaire de mariage. Il a aussi le bon goût de faire un infarctus (forcément, le stress et le surmenage sexuel) et sa femme lui sauve la vie – il en a de la chance. Je trouve d’ailleurs qu’il se remet assez bien de ce qui lui est arrivé, au point de continuer à se comporter comme le plus parfait des goujats, après avoir débordé de qualités pendant leur vingt cinq années de mariage, et même avant – David et Grace sont amis d’enfance.

Grace part donc à Paris seule, refusant que David et sa nouvelle compagne partent à sa place. C’est toujours bien de ne pas avoir de soucis financiers. A Paris, Grace rencontre Audrey, une jeune femme sympathique, débrouillarde, mais sur certains sujets seulement. Les deux femmes « que tout oppose » vont cependant devenir très vite amies. Elles se découvrent un point commun : une enfance merdique, avec une mère alcoolique, dont elles ne pouvaient parler avec quasiment personne, l’une (Grace) parce que son père lui disait que tout allait bien – l’alcoolisme mondain fait des ravages – l’autre (Audrey) parce qu’elle n’avait personne à qui se confier, et que sa mère, en dépit de son alcoolisme, parvient à garder son travail, ce qui est l’un des éléments constants de sa vie, avec la nécessité qu’elle a d’ingérer des doses d’alcool quotidiennes, avec sa capacité à dévaloriser sa fille voire à lui nuire fréquemment. Je vous rassure : nous sommes dans une romance, et si l’on ne peut plus rien pour les parents de Grace (ils sont morts), il n’en est pas de même pour la mère d’Audrey.

Oui, romance + Paris = même si des thèmes lourds sont abordés, quelques clichés. Paris est la ville des amoureux – et celle où l’on fauche les sacs à main des touristes. Paris est la ville où l’on trouve un appartement facilement, où l’on vous loge en plus de vous fournir un travail. Paris permet de renouer avec un amour de jeunesse, dont on ignore ce qu’il est devenu (à croire que Grace a vécu coupée du monde pendant toutes ses années, ou ne s’est absolument pas intéressée à la musique). Bizarrement, il est devenu un pianiste mondialement connu, et non un simple professeur de piano. Je ne dis pas que certains faits ne sont pas vrais, comme le fait qu’il est facile de se laisser influencer, ou « l’effet de masse » qui fait que l’on n’ose dire non. Je suis cependant étonnée qu’Audrey, capable d’une grande force de caractère vue ce qu’elle a traversé pendant son enfance, ne soit pas capable de plus de force dans certaines situations. A vrai dire, toutes les jeunes filles présentées dans ce roman (sauf Sophie, jusqu’à un certain point) sont influençables, qu’elles aient eu une enfance choyée, protégée ou non (note : je ne l’étais pas, heureusement pour moi).

Je terminerai avec le personnage de Mimi, la grand-mère de Grace, qui lui a apporté un cadre stable, cadre qu’elle-même n’a pas offert à sa fille. Mimi est présentée comme un esprit libre, qui n’en a fait qu’à sa tête étant jeune pour son art, qui a toujours mené sa barque comme elle l’entendait sauf que… ce qu’elle fait à sa petite-fille dans ce roman est tout à fait contraire au caractère qui lui est prêté. Y’a comme un hic, pour rester correct, parce que ce qu’elle fait à sa petite fille est tout simplement dégoûtant (version polie à nouveau). Grace ayant l’habitude d’oublier ses désirs au profit de ceux des autres, elle finit par… plier de son plein gré.

Fin heureuse, oui, mais pas de mon point de vue.

Un été mortel: Darling Investigations, T1 de Denise Grover Swank

Présentation de l’éditeur :

Il y a dix ans, Summer Butler était la détective adolescente la plus populaire de la télévision. Depuis lors (comme les sites de potins adorent le rappeler) elle est tombée bien bas. Quasiment ruinée, trahie, brouillée avec sa mère et blacklistée par les employeurs, elle n’a d’autre choix que d’accepter l’offre-d’emploi-des-stars-has-been : faire de la télé-réalité. Incarnant une (fausse) détective, elle va devoir résoudre des mystères dans sa ville natale de Sweet Briar, en Alabama. Et pour couronner le tout, elle va devoir cotoyer le chef de police, Luke Montgomery, son premier (et seul) grand amour. Quand Summer tombe sur un vrai cadavre, l’émission Darling Investigations prend une tournure inattendue.

Mon avis :

Roman policier, romance, roman de la deuxième chance, Un été mortel est un peu tout cela. Summer se confond dans l’imaginaire du public avec le personnage de détective ado qu’elle a incarné, au point qu’elle n’a pas rebondi après la fin de la série. Tous ou presque l’ont laissé tomber, dont sa mère, pour laquelle elle était avant tout un moyen, non un enfant à choyer et à protéger. Summer cache en outre d’autres secrets, comme le fait qu’elle a aidé son grand-père, aujourd’hui décédé, à renflouer la ferme familiale, en Alabama. Las ! Sa grand-mère lui a claqué la porte au nez, à la suite de complexes affaires familiales, et de caractère assez épouvantable aussi.

Seulement, l’argent vient sérieusement à manquer, on ne propose plus rien à Summer, aussi est-elle presque obligée d’accepter une proposition de télé-réalité, qui la renvoie au fin fond de l’Alabama, où elle ne pensait jamais retourner. C’est là que vit sa grand-mère. C’est là que sa propre mère organise des concours de beauté, profitant de l’argent qu’elle a détourné. C’est là aussi que vivent, dans la ferme familiale avec leur grand-mère, ses cousins Teddy et Dixie, qui a été accusée d’avoir causé, lors d’un incendie criminelle, la mort de ses parents et de son grand-père. C’est là aussi que son premier et seul amour Luke Montgomery est devenu policier. Autant dire que Summer ne souhaitait pas ce retour, dans une émission de télé-réalité où elle devra incarner une détective privée authentique ou presque.

Non, parce que l’autrice démonte bien les mécanismes de la télé-réalité. Filmons quatre fois la scène, gardons la meilleure. Cherchons des détails croustillants, n’hésitons pas à provoquer des situations croustillantes, faisons appel à des paparazzis, voir à des fans un peu zinzins, tout, pourvu que l’on parle de nous et que l’on fasse de l’audience. Tant pis si, à Sweet Briar, certains savent déjà tout des adultères, ou des amours compliqués du chien du coin. En revanche, l’affaire principale, celle de la disparition d’Otto, s’avère beaucoup plus complexe que prévue, avec des ramifications que Lauren, la réalisatrice de télé-réalité, n’avait pas vu venir – ce qui ne l’empêche pas de s’en réjouir. Oui, Otto n’est pas que le poivrot du coin, entouré d’amis qui aiment autant la bouteille que lui – vision simple d’un homme que personne ne détestait, que quelques-uns appréciait même, dans sa volonté de survivre à ce qui lui était arrivé. Un personnage, finalement, que l’on verra peu, qui sera caractérisé de manière indirecte, mais qui est attachant.

En revanche, j’ai trouvé la romance entre Summer et Luke assez classique, finalement, avec une bonne dose d’incompréhension, de non-dits, de « j’étais jeune, j’étais trop bête aussi ». Le point positif est que Summer joue toujours franc jeu avec Luke – et tant pis si on lui dit de ne surtout pas tout dire à Luke, elle veut avant tout que justice soit faite.

Il existe un tome 2… J’espère qu’il sera traduit à son tour.

 

Diane de Marion Olhoran

Présentation de l’éditeur :

Après avoir quitté avec fracas l’Opéra de Paris, Diane s’envole sur un coup de tête pour les États-Unis et devient soliste dans le prestigieux ballet de New York. C’est, pour elle, l’occasion ou jamais de faire ses preuves et de réaliser son rêve de devenir danseuse étoile, l’objectif pour lequel elle travaille depuis son enfance. Enivrée par ce nouveau départ, elle passe sa première nuit à New York dans les bras d’un inconnu, Ethan. En dépit de leur alchimie, ni le désir, ni l’amour n’ont leur place dans sa nouvelle vie. Ce qui tombe plutôt bien puisque Ethan a beau être passionné de danse, il est aussi lassé des danseuses et préfère consacrer son temps au lancement de son application culturelle « Show me » en Europe, où il va aller s’installer prochainement.Mais le petit monde de la danse va les faire se croiser encore et encore, comme pour mieux tester leur attirance et leur résistance?

Mon avis :

Ce qui m’a attiré en premier dans ce livre, c’est la couverture, superbe. Puis, peu de romances parle de danse classique, alors pourquoi  pas ?
Diane n’est pas sans ressembler (un peu) à des danseuses existantes ou ayant existé. Elle est une fille de, ce qui est rare dans le milieu de la danse mais pas impossible (nous ne sommes plus à l’époque où le corps de la danseuse était uniquement dédié à la danse). Elle souffre de la comparaison avec l’art de sa mère, du fait, finalement, qu’elle ne devrait sa carrière, ou les bâtons dans les roues qui l’empêchent d’avancer, qu’à elle. Bilan : elle quitte le ballet sur un coup de tête et accepte une proposition qui la conduit aux Etats-Unis. Autre pays, autre style de danse, mais n’anticipons pas.
Diane, en quittant la France, quitte aussi le poids qui pesait sur elle et s’offre une aventure d’un soir. Elle n’avait pas prévu de le revoir, lui non plus, et pourtant si.
Si le ballet travaillé nous raconte une histoire d’amour éternelle mais revisité (Juliette est plus conquérante dans la version de MacMillan que dans celle de Noureev), l’histoire entre Diane et Ethan est résolument contemporaine. Ces deux-là vont se tourner autour, s’apprivoiser, se rejeter, se retrouver, sur fond de passé un peu compliqué et de futur à construire. Le style est fluide, facile à lire même pour ceux qui ne seraient pas des expert(e)s en danse classique (j’ai toujours du mal à distinguer une attitude d’une arabesque, alors…). L’humour est bien présent aussi, surtout grâce à Ethan que nous saisissons à une époque de sa vie où lui aussi a décidé de repartir du bon pied.
Un premier volume très agréable à lire, un second tome est déjà annoncé.

Les tribulations d’une gothique amoureuse de Cécile Guillot

Présentation de l’éditeur :

« Lily est amoureuse de Vince, mais pas seulement… Elle aime aussi…
La vie.
La musique.
Son travail.
Ses corsets.
Les cupcakes.
Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… elle décide de vivre ses rêves au lieu de rêver sa vie… »

Mon avis :

Je ne suis pas fan de romance, je ne suis pas gothique, et pourtant, j’ai beaucoup aimé la lecture de ce roman très plaisant.
Pour quelles raisons ? Pour beaucoup de raisons !
Tout d’abord, l’héroïne, Lily, est professeur des écoles et le compte-rendu de son métier est très réaliste, jusque dans les relations entre les collègues. Les préjugés ont la vie dure, la manie qu’ont certains d’user de leurs petits pouvoirs aussi. Quant aux enfants, force est de constater qu’à leurs égards, quelques professeurs préfèrent le « dressage » à la bienveillance, encore un discours déjà entendu.
Ensuite, l’héroïne a une vie à côté de son travail – encore heureux, me direz-vous. Elle est bassiste dans un groupe de métal et, dans les chapitres consacrés à sa passion, elle ne vous racontera pas, extasiée, à quel point tout va toujours bien quand elle joue (j’en passe et des clichés). Non, jouer implique répéter (et se tromper), cela implique aussi des querelles entre les membres du groupe, le stress, la nécessité de gérer maintes choses – comme écrire de nouveaux morceaux ou décider d’une reprise. Bien sûr, le plaisir de jouer est là – mais pas que.
Puis, Lily a une vie sentimentale assez désertique – quand sa meilleure amie ne joue pas les entremetteuses de façon compulsive. Oui, dans ce cas, l’intrigue est plus classique. Cependant, tout n’est pas tout rose dans l’univers de notre gothique amoureuse et s’interroger sur ses choix de vie (ou ses absences de choix) ne peut que lui permettent, finalement d’aller de l’avant. Attention ! Lily n’arrive pas à la conclusion qu’il faut se mettre en couple avec le premier venu, encore moins renoncer à sa personnalité pour ne plus être seule. Il faut être sincère avec soi-même avant de l’être avec les autres, et ce n’est pas toujours facile. Et s’apercevoir que les conseils que l’on donne aux autres, on peut aussi les suivre soi-même (bis).
Enfin, comme une cerise sur le gâteau, les cupcakes et le rituel du mercredi après-midi sont là pour :
– nous montrer la nécessité, en tant qu’enseignant, d’avoir des vrais plages de détente (là, je prêche pour mon compte, mais je peux vous donner mon adresse décompression sur Rouen) ;
– rendre l’héroïne proche de nous ;
– nous donner envie de manger des gâteaux, par la description précise de leur saveur.
Bref, si vous lisez les tribulations d’une gothique amoureuse, vous passerez un très bon moment de lecture !

Rivalité, tome 1d’Alyson Noël

Merci à Netgalley et aux éditions Mosaïc pour ce partenariat

Mon avis :

Vous arrive-t-il parfois de faire le constat que vous avez largement passé l’âge pour un livre,ou que vous n’êtes vraiment pas le public ciblé ? C’est le cas avec ce roman d’Alison Noël.
Premier constat : aucun personnage n’est attachant. Certes, au tout début, j’ai trouvé Tommy sympathique, mais il s’est très vite révélé comme les autres : son seul désir, être célèbre. J’ai pensé, en le lisant, à toutes ses émissions de télé-réalité qui fleurissent sur le petit écran et plaisent tant aux adolescents. S’agit-il de déployer des talents artistiques hors du commun, ou de promouvoir une œuvre de bienfaisance (oui, je suis parfois outrageusement naïve) ? Non, il s’agit d’attirer le plus grand nombre de célébrités dans une boite de nuit afin d’avoir le privilège inouï de travailler à ses côtés. Chaque époque a les ambitions qu’elle mérite.
Aucun personnage attachant, j’enfonce le clou. Layla affirme vouloir devenir journaliste, elle tient un blog où les ragots sont rois. Aster est une pauvre petite fille riche qui ne rêve pas de mener de hautes études mais de devenir actrice et, à défaut, pose pour des campagnes de publicité. Ils sont tous les trois prêts à tout – dans les jeux olympiques des coups bas.
S’il en est une qui a réussi, c’est Madison Brooks, leur héroïne à tous. Dès le début, le lecteur sait qu’il lui est arrivé quelque chose de pas joli-joli. Reste à savoir comment et pourquoi c’est arrivé, ce que le retour en arrière sur lequel est bâti le roman nous promet de découvrir.
Mon second constat est que si ce roman n’était que les présentations de personnages antipathiques, il ne trouverait pas son public. Il démonte les rouages du rêve américain moderne, montre à quel point on peut être une célébrité sans être en rien une star, comment une carrière – ne rêvons pas… Madison Brooks n’est pas Julia Roberts – peut être construite grâce à un bon attaché de presse – et un peu de talent. Que beaucoup choisissent la voie de la facilité, des compromissions, plutôt que de l’exigence. Les lecteurs adolescents le comprendront-ils, ou envieront-ils malgré tout les apprentis vedettes ?
Oui, l’intrigue tient en haleine, malgré tout, comme une télé-réalité qui élimine des candidats toutes les semaines. Surtout, ce ne sont pas ceux qui respectent les règles, mais ceux qui les trahissent qui sont les premiers. On appelle cela l’esprit d’initiative – ou, pour ma part, beaucoup d’énergie dépenser pour des futilités. Ah, pardon, pour une place bien…. placée.
Je ne doute pas que beaucoup aimeront ce livre. Pour ma part, je suis passée à côté.

Confession d’une fan de Jane Austen de Laurie Viera Rigler

couv9672074Présentation de l’éditeur :

Après avoir tenté de guérir ses fiançailles brisées avec des romans de Jane Austen, Courtney Stone se réveille non pas dans sa chambre à Los Angeles, mais dans l’antichambre d’une femme de l’Angleterre sous la Régence.
Non seulement Courtney est prisonnière de la vie d’une autre femme, mais elle est forcée de prétendre être celle-ci… Et même son amour pour les romans de Jane Austen ne l’avait pas préparé aux pots de chambres et aux calèches inconfortables du dix-neuvième siècle – et encore moins aux réalités d’être une femme femme célibataire entourée de chaperons, de courtisans et de mariages de convenance. C’est alors qu’apparaît le mystérieux Mr. Edgeworth, qui va lui donner des souvenirs confus qui ne sont pas les siens.

Mon avis :

Je poursuis ma découverte des « séries dérivées des oeuvres de Jane Austen » par ce roman, qui n’est pas une réécriture de ses oeuvres, mais les péripéties d’une de ses fans les plus assidues, Courtney.

Elle n’a pas de chance dans la vie, la pauvre petite. Non seulement, elle vient de découvrir que son fiancé la trompait, mais que son meilleur ami Wes lui servait de couverture. Je vous épargne le récit d’autres goujateries, elles sont nombreuses. Mais, en un beau matin, sa vie change du tout au tout, et elle se réveille… en Angleterre, au XIXe siècle, alors que les romans de Jane Austen commence seulement à paraître. Autant dire qu’il est difficile pour une new yorkaise pur jus et indépendante de se couler dans la peau d’une jeune fille de la bonne société anglaise ! Son étonnement est sans borne – et son langage très différent, bien sûr. Je me demande même ce que cela peut bien donner en VO !

L’intrigue est des plus classiques – à mes yeux. Jane/Courtney se réconciliera-t-elle avec l’homme qu’elle aime, et qui semble tout droit sorti d’un roman de son auteur préféré ? Les malentendus qui les ont séparés seront-ils dissipés ? Ce livre est aussi un moyen de dresser un portrait de la société anglais du XIXe siècle, de son hygiène, très différente de la nôtre, mais aussi de l’importance donné au corps, avec des contraintes, ou des absences de contrainte, qui sont très éloignés des autres. Il suffirait de presque rien pour que la réputation d’une jeune fille (ou d’une vieille fille dans le cas de Jane, ai-je envie de dire) soit détruite, et certaines personnes semblent n’avoir d’autres occupations que d’espionner ce que font les unes et les autres, quand d’autres ont l’autorisation de les surveiller étroitement.

Bien sûr, le livre repose sur un frêle postulat (l’échange des corps) et il faut accepter la dimension merveilleuse du récit pour l’apprécier. J’aurai cependant aimé que le dénouement soit moins abrupte et je lirai le presque jumeau de ce tome : Tribulation d’une femme de Jane Austen.

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