Archive | septembre 2012

L’indien blanc de Craig Johnson

édition Gallmeister – 290 pages.

Quatrième de couverture :

Walt Longmire est le shérif du comté d’Absaroka depuis près d’un quart de siècle et n’a pas pour habitude de s’éloigner de ses terres familières du Wyoming. Quand il décide d’accompagner son vieil ami Henry Standing Bear à Philadelphie, où vit sa fille Cady, il ne se doute pas que son séjour va prendre une tournure tragique. Agressée pour une raison inconnue, Cady se retrouve dans un profond coma, première victime d’une longue liste, et Walt doit se lancer sur la piste d’un vaste réseau des trafiquants de drogue. Commence alors une longue errance urbaine sous la surveillance d’un mystérieux Indien blanc.
Ce nouveau volet des aventures de Walt Longmire nous entraîne dans une course-poursuite haletante au cœur de la Cité de l’amour fraternel et confirme l’appartenance de ce shérif mélancolique à la famille des grands héros de roman policier.

50 états/50 billets : le challenge
Challenge Thriller et polar par Liliba

Mon avis :

Craig Johnson est un des plus grands auteurs américains actuels. Je le dis et ne changerai pas d’avis. J’ai beaucoup aimé ce troisième volume des aventures du sherif Walt Longmire.

Tout ne commençait pas bien pour le shériff : il était dans une situation plutôt difficile, du moins, une situation très inhabituelle, sans aucun soutien ni renfort. En tout cas, cette situation est très drôle, et j’ai apprécié que l’auteur débute ce texte sombre avec cette touche d’humour.

Walt quitte son Wyoming chéri pour la Pensylvannie, la grande ville de Philadelphie, et ce n’est pas tant la ville qui pose problème, mais l’agression subie par sa fille. L’auteur rend très bien l’angoisse ressentie par Walt, cette attente qu’un signe, un geste prouve que sa fille sort du comas et n’a pas de séquelles irrémédiables. J’ai aimé qu’il enquête, quand même, alors que les autorités locales sont plus ou moins ravis de son aide, sans qu’il cherche à se faire justice lui-même. Il n’a pas dit qu’il n’était pas tenté, il ne le fait pas, et la nuance est de taille. J’ai aimé aussi que les traditions indiennes ne soient pas sujets de moqueries, mais d’espoir : « Plus que les badges et les revolvers, l’ espoir et le rire étaient les armes les plus efficaces. »

Loin du comté d’Absaroka, Walt est toujours confronté au sort de la communauté indienne, mais aussi au gang, à la drogue, à une violence plus cinglante encore. Et même si la fin de mon billet est un peu abrupte, je n’aurai qu’une chose à dire : ne lisez pas cet avis, lisez ce merveilleux auteur !

Le mois américainchallenge amérindien

 

Challenge Jeunesse/Young Adult

Le challenge Jeunesse/Young Adult  est terminé… Et bien que je ne ressente plus d’appétence particulière pour les challenges, j’ai souhaité me réinscrire cette année : une réinscription n’est pas une innovation.

Il est organisé cette année par Mutinelle avec l’aide de Kalea

Comme l’année dernière, il existe cinq catégories, mais là, je dois dire que les organisatrices ont vu grand (tant mieux pour moi) :

• Catégorie 1 : Aux frontières du rêve => Au moins 10 ouvrages
• Catégorie 2 : Badine avec les royaumes de l’enfance => Au moins 20 ouvrages
• Catégorie 3 : À su garder son cœur de mioche => Au moins 35 ouvrages
• Catégorie 4 : Peter Pan dans l’âme => Au moins 50 ouvrages
• Catégorie 5 : Vit dans un conte de fées => Plus de 60 ouvrages.

Je vous laisse deviner quelle catégorie j’ai choisie.

Le challenge dure un an, du 1er octobre 2012 au 30 septembre 2013.

Les inscriptions seront closes le 31 décembre. Pour s’inscrire, il suffit de déposer un commentaire sur le blog de Mutinelle ou sur celui de Kalea.

Il est possible de changer de catégorie dans l’année (j’ai pris mes précautions tout de suite).

Tous les livres jeunesses sont acceptés,  de la bibliothèque rose au récentes collections. Je compte donc bien inscrire quelques livres lus en VO, comme The Spook destiny (enfin, quand je l’aurai lu) ou des oeuvres de Roald Dahl.

Meurtre à Shakespeare de Charlaine Harris

édition J’ai lu – 252 pages.

Mon résumé :

Lily Bard cache un lourd secret. Depuis quatre ans qu’elle vit dans la petite ville tranquille de Shakespeare, dans l’Arkansas, elle a tout fait pour le protéger, ne se liant avec personne et accomplissant avec soin son métier de femme de ménage. Une nuit, alors qu’elle marche dans la ville pour tromper son insomnie, elle découvre le cadavre de son propriétaire. Elle prévient anonymement  la police. Certes, son propriétaire n’était pas le meilleur homme de la terre, il adorait découvrir les secrets d’autrui, mais de là à le tuer ! Qui a pu franchir le pas ?

50 états/50 billets : le challenge, mon billet pour l’Arkansas.

Challenge Thriller et polar par Liliba

Mon avis :

Je ne serai pas dithyrambique, c’est sûr. Je dirai simplement que ce roman permet de passer un agréable moment, du moment que le lecteur veuille bien ne pas trop se poser de questions et ne revienne pas en arrière parce qu’il aura découvert une contradiction à quelques pages de distance. Soucis de traduction ? Peut-être, ne jetons pas trop vite la pierre à l’auteur.

Lily Bard a survécu à l’horreur – quatre ans se sont passés depuis les faits, ce qui explique aussi qu’elle commence à retrouver un semblant de vie normale dans cette enquête. Si vous avez déjà lus des romans de Charlaine Harris, vous saurez que « vie sentimentale normale » est un concept assez particulier sous sa plume.

Pas de fantastique dans ce roman : nous sommes ici dans une intrigue policière pure. Ce qui m’a le plus intéressé n’est pas le fait que Lily enquête afin de préserver son secret, mais la description du climat de cette petite ville de province, sectaire, étriqué, pas vraiment raciste, non, mais pas très tolérante non plus : il ne faut pas pousser beaucoup ces habitants très respectables pour que le vernis craque et que la violence se déchaîne.

En dépit des horreurs auxquelles Lily a survécu, cette lecture s’est avérée reposante. Aussi, j’enchaînerai prochainement avec la lecture du tome 2, trouvé chez un bouquiniste.

Le mois américain

Le dragon des mers de Dick King-Smith

Folio cadet – 116 pages.

Mon résumé :

Ecosse, 1930. Angus et Fiona vont sur la plage avec leur grand-père. Là, ils découvrent un oeuf assez bizarre et décident de le ramener à la maison. Il éclôt bientôt, révélant un dragonneau des mers. La famille prend soin de lui, mais il grandit et grossit vite.

 

Challenge God Save the livre organisé par Antoni

 

 

Mon avis :

Si vous avez aimé le film, vous aimerez le livre, écrit bien avant que le cinéma ne s’en empare et n’en fasse une adaptation gentillette. Attention ! Je ne dis pas que le roman est tortueux, j’ai simplement préféré son intrigue et surtout, son dénouement, bien plus drôle que celui du film. Il faut dire aussi que dans le roman l’action se passe bien avant la seconde guerre mondiale, et de fait, le récit contient moins de tension, pour laisser toute la place à Crusoé, cette adorable et charmante bestiole, effroyablement gourmande.

Ce roman permet de nous faire découvrir la vie quotidienne en Ecosse, à une époque sans télé, sans jeu vidéo, sans voitures qui passent sans arrêt dans la lande et risqueraient de déranger le paisible Crusoé, une vie quotidienne où les enfants aidaient les parents à arrondir les fins de mois, en ramassant les morceaux de bois que la mer amenait sur le rivage. Grâce à la découverte de Crusoé, les enfants vont se rapprocher de leur grand-père Grognon (ils croient que Grognon est son prénom, depuis un aparté de leur mère), mais aussi de leur père, entre deux voyages en mer – encore une réalité que les enfants actuels pourront découvrir.

Conte merveilleux, joliment écrit, frais et doux, le dragon des mers est une belle aventure à faire découvrir à de jeunes lecteurs.

la littérature fait son cinéma

Les contes de la lune d’Elisabeth Delaigle

Merci à Elisabeth Delaigle de m’avoir envoyé son livre.

Présentation du recueil :

Il est bien adapté aux jeunes enfants car les contes sont courts et bien contruits. Il présente des illustrations en noir et blanc qui se marient fort joliment avec le texte.
Il comporte sept contes, dont voici les titres :

– le buveur de lune
– La fileuse de lune
– Les croqueuse de lune
– le boxeur de lune
– La voleuse de lune
– Les chasseuses de lune
– le pêcheur de lune

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé lire ce recueil et je voudrai commencer par cette citation, car je suis parfaitement d’accord avec le principe qu’il énonce : Mais les contes sont ainsi faits qu’ils peuvent avoir une fin heureuse si tant est que l’auteur le veuille bien ! Et l’auteur aime les histoires qui finissent bien.

Le premier conte ne pouvait que me séduire. Le récit est très beau, facile à suivre pour les enfants : les personnages sont peu nombreux mais très attachants.

La fileuse de lune reprend le fameux schéma traditionnel du conte, enseigné depuis des années en classe de 6e mais avec des variations. La princesse transgresse, telle la Belle au bois dormant, l’interdit posé par son père le roi, et ne pourra lever la malédiction qu’en trouvant un homme qui l’aime sincèrement – autant dire que la tâche ne sera pas aisée. La princesse a la chance d’être entourée par des personnes qui l’aiment et ont toujours pris soin d’elle, comme sa gouvernante qui recueille ses confidences et semble plus proche d’elle que sa mère la Reine. J’ai aimé aussi les descriptions, brèves mais évocatrices, qui permettent de se sentir le parc du château où la jeune princesse se promène et non dans n’importe quel décor de conte de fées.

Les croqueuses de lune met en scène une charmante famille de souris.Pas de lien avec le conte précédent ? Si, puisqu’il est fait clairement allusion à la Belle au bois dormant (charmant château d’ailleurs). Leur vie quotidienne, puis leur survie, est racontée avec beaucoup d’humour, et il est facile de s’attacher à chacun, tant ils sont croqués de manière alerte.

Rupture de ton avec Le boxeur de lune  :  le cadre est plus réaliste (l’Amérique du Sud) et pourtant, un élément magique viendra bouleverser la vie du personnage principal. Cependant, j’ai envie de dire que ce texte n’est pas seulement un conte, il narre comment un récit devient un conte : par sa transmission.

Je dédierai la voleuse de lune, dont les personnages principaux sont deux chats, à Chablis et Nunzi. En effet, Chablis est un peu comme le héros de ce conte, il est âgé, et s’il mène une vie très aventureuse, ce n’est pas le cas du personnage principal Beauchat qui aurait aimé poursuivre sa vie très choyée dans la plus parfaite solitude féline, sans cette chose horrible nommée UNE FILLE ! En vrai, elle s’appelle Miette, et ce n’est pas des miettes de son temps qu’elle va occuper, mais bien son temps tout entier. Comment ? Disons que le vieux matou se retrouvera pris à son propre piège…

Le conte est intemporel. Il est bon cependant de rappeler aux jeunes lecteurs quelques faits dont ils n’ont pas conscience : À cette époque, il n’y avait pas de voitures, d’électricité, de cinéma ni de télévision… On se levait avec le jour, on se couchait à la tombée de la nuit et selon les saisons, les jours et les nuits étaient plus ou moins longs. Les jeunes héros des Chasseurs de lune  partent eux aussi à la recherche de cette lune, qu’ils veulent décrocher, vous l’aurez sans doute deviner, pour les beaux yeux d’une belle enfant.  Quels que soient les moyens de décrocher cette lune, les protagonistes des différentes comptent ne le font pas strictement pour eux-mêmes, mais pour quelqu’un d’autres, voire pour toute leur communauté.

Le pécheur de lune boucle la boucle : nous nous retrouvons dans le continent Nord-Américain, comme dans le premier conte du recueil.

Les amis de la colline Beausoleil, tome 1 de Kazuo Iwamura

édition Mijade – 112 pages.

Mon résumé :

Robin Cache-Noisette est un écureuil qui vit avec sa femme et son fils sur la colline Beausoleil. De temps en temps, il effectue des enquêtes pour les autres habitants des lieux. Une nouvelle énigme lui est confiée : quel est cet animal qui vole la nuit, et n’a ni plumes ni ailes ?

Circonstance de lecture :

Ce livre fait partie des nouveautés à la bibliothèque Roger Parment. Je l’ai emprunté et lu immédiatement.

Mon avis :

Ce livre est un très joli roman pour les jeunes lecteurs, à partir de sept ou huit ans. En effet, il est vraiment conçu pour eux. L’intrigue est linéaire, les chapitres sont courts, les illustrations qui ponctuent le texte permettent d’assurer la transition entre les albums et les romans de littérature jeunesse. Certes, les personnages sont nombreux, mais ils sont nommés et caractérisés de manière suffisamment précise pour que le jeune lecteur les repère sans difficulté.

Il faut dire que Kazuo Iwamura est particulièrement doué pour créer des personnages dont les caractéristiques sont bien ceux de leur espèce tout en étant anthropomorphisé. Robin doit interroger Charles, hibou de son état, tout en craignant qu’il ne soit à l’origine de la disparition de son cousin – ce n’est pas un crime, juste l’ordre de la nature. Ulysse et Narcisse, les deux renardeaux, sont redoutés en tant que prédateurs, mais portent des salopettes et rendent d’amicales visites aux vaches dans leur étable.

Qui est dont cet animal qui vole sans aile ? Vous le découvrirez à la fin de ce charmant livre. Si j’avais des enfants, je n’hésiterai pas à leur faire découvrir ce roman.

Septembre : mois de la littérature jeunesse

Il était une fois l’Algérie

édition Achab – 156 pages.

Mon avis :

Je n’aime pas le faire, et pourtant je suis encore obligée de parler de constat d’échec. Je ne parviens pas à définir quel genre de livre j’ai lu. Je ne suis pas parvenue à accrocher à cette lecture, et même si je l’ai lu de bout en bout, il m’est impossible de donner un sens à ce que j’ai lu.

Déjà, j’ai été gênée par la ponctuation,ou plutôt par l’absence de ponctuation de certains chapitres, par ces phrases qui semblent ne pas avoir de fin ou qui au contraire s’arrêtent abruptement.  Les énumérations, qui arrivent dans la seconde partie du livre m’ont fait penser à un poème en prose qui aurait jailli au milieu du récit, avant de cesser aussi soudainement qu’il est apparu. L’emploi du terme « ogres » pour désigner ses hommes qui enlèvent et tuent pourrait me faire croire à un conte cruel, si ce n’est que nous sommes dans la réalité la plus crue et que le narrateur ne masque pas la cruauté du récit : meurtres, enlèvements, violence.

Je regrette, et ce verbe semble mon leitmotiv, de ne pas avoir pu discerner une cohérence à ce récit, entre son narrateur et ses personnages qui ne font que de trop brèves apparitions dans le récit. J’aurai aimé en savoir plus sur eux, plutôt que de réunir les pièces éparses du puzzle. De même, il faut une bonne connaissance des événements historiques qui sont évoqués, et je ne les ai pas.

Il était une fois l’Algérie est une oeuvre ardue, à côté de laquelle je suis passée complètement.

Le Glacis de Monique Rivet


Quatrième de couverture (extraits) :

Le Glacis, au nord de la ville, c’était une grande avenue plantée d’acacias qui séparait la ville européenne de la ville indigène. Une frontière non officielle, franchie par qui voulait et gravée pourtant dans les esprits de tous comme une limite incontestable, naturelle, pour ainsi dire, à l’instar d’une rivière ou d’une orée de forêt.
Le temps où j’ai habité la ville était le temps de cette violence. Le temps de ce que le langage officiel déguisait d’un intitulé pudique : les “événements”, quand l’homme de la rue disait : la guerre. La guerre d’Algérie. Ce pays, je ne lui appartenais pas, je m’y trouvais par hasard. J’y étais de guingois avec tout, choses et gens, frappée d’une frilosité à fleur de peau, incapable d’adhérer à aucun des mouvements qui s’y affrontaient. Cette guerre, je ne la reconnaissais pas, elle n’était pas la mienne. Je la repoussais de toutes mes forces. Si j’avais eu à la faire… – s’il avait fallu que je la fasse, aurais-je pu la faire aux côtés des miens ?


Mon avis :

Laure a 25 ans. Elle est professeur de lettres. Elle a été envoyée en Algérie parce qu’il y avait un poste à pourvoir au lycée français. Elle n’avait pas le choix mais s’attache à ses jeunes élèves. Elle termine une liaison amoureuse avec un avocat, et se lie intimement avec Felipe, un immigré espagnol, sans jamais s’engager réellement.

Nous sommes au milieu des années cinquante, au milieu des événements, de cette guerre qui ne veut pas dire son nom. Laure est insouciante, elle ne voit pas, elle ne comprend pas qu’elle n’est plus au Quartier Latin, et que les belles idées qui y sont professées, si elles restent belles, ne sont pas à dire dans cette ville coupée en deux. Le Glacis est cette démarcation bien réelle entre la ville européenne et le village indigène. Impossible d’aller de l’un à l’autre sans suspicion, sans délation. La haine (racisme, antisémitisme) ne prend même pas la peine de se dissimuler. Il suffit d’un rien pour qu’elle éclate et que la violence se déchaîne.

J’ai pensé, maintes fois, que l’action aurait pu se passer dans un village français, pendant la seconde guerre mondiale, tant les attitudes étaient les mêmes, tels ces gens bien pensants qui mettent discrètement à l’écart les jeunes filles « indigènes » du lycée français, telles ces boutiques que les français pillent avec bonne conscience, sans se soucier de devenir l’ennemi intime de ceux qu’ils volent. Laure assiste à ce qui se passe mais, pour raconter la violence, sans pathos ni complaisance, elle abandonne le « je » pour adopter une tournure plus impersonnelle, mettant ainsi les deux camps à égalité dans leurs débordements.

Je ne voudrai pas non plus que vous pensiez que Laure est une passionnaria. Non : sa naïveté, sa légèreté l’empêchent de prendre conscience de la gravité des gaffes qu’elle commet. Ce n’est que peu à peu qu’elle se rend compte que son insouciance n’a pas droit de cité à El-Djond. S’aveugle-t-elle, elle dont le père est mort en déportation ? Est-elle trop égoïste pour s’engager dans un camp ou dans un autre ? Elle voit, pourtant, certains faits, et jusqu’au bout, refusera de voir les risques qu’elle prend ou qu’elle fait courir. Son départ (son expulsion serais-je tenté de dire)

Beaucoup de personnages dans ce court roman, écrit dans les années cinquante et publié en 2012 parce que la guerre qui ne dit pas son nom a enfin droit de cité. Ces brèves rencontres nous montrent toutes les facettes, les contradictions de ces gens qui, contrairement à Laure, ont du choisir leur camp.

Une belle lecture dans le cadre du Prix Océans.

L’école des dragons, tome 1 : Premier vol

édition Hachette Jeunesse – 333 pages.

Quatrième de couverture:

Sur les îles de Brésal, les dragons ont une grande importance dans la vie des hommes depuis que ces derniers ont réussi à les apprivoiser. Le père de Clara dirige une célèbre école où l’on apprend à monter les dragons. Depuis sa plus tendre enfance, cette dernière rêve de les chevaucher. Mais depuis le fatal accident qui a provoqué la mort de sa mère, son père s’y oppose formellement. Heureusement sa rencontre avec Voltefeu, un magnifique dragon crête d’or, réputé indomptable, va changer sa vie.

Mon avis :

Voici un roman de littérature jeunesse très reposant. Je vous entends d’ici : effectivement, ce n’est pas un point positif. L’action est excessivement prévisible, très lente à démarrer. Les personnages sont très stéréotypés : les gentils d’un côté, les méchants de l’autre. Cara peut compter sur ses amis, y compris sur la nouvelle recrue de son père, pour l’aider à concrétiser son rêve et à protéger son secret. Elle peut aussi compter sur la méchante Hortense, riche et capricieuse, pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Nous avons beau être sur l’île fantastique de Brésal, je ne me suis pas sentie dans un univers de fantasy. Mis à part qu’ils volent et qu’ils crachent du feu, les dragons ne sont guère différents des chevaux, comme le montre l’entretien de leur box, ou la nature des concours auxquels ils participent. Même l’indomptable Voltefeu n’est pas sans me rappeler l’indomptable Etalon noir, héros de mon enfance – en moins charismatique (désolé Voltefeu).

Le livre est sans doute destiné à un jeune public, car je ne parviens jamais à croire aux dangers qui menacent les personnages ou, plus largement, les habitants de l’île. J’attends simplement le moment où ils s’arrangeront, quasiment d’eux-même. Seul le comique de certaines situations, surtout dans les cent premières pages, est parvenu à m’intéresser un peu. Dommage qu’il n’ait pas été davantage mis en valeur. Dommage aussi que les rapports entre Cara et son père soient si convenus, si policés. Tout est modéré, y compris la douleur. Tout est bien qui finit bien et je me suis demandé pourquoi il aura fallu trois cents pages et des années pour que Cara obtienne exactement ce qu’elle veut.

Ce livre marque ma trente-huitième participation cette année au Challenge God Save the livre organisé par Antoni

V comme vampire, chapitre VI

Dans le cinquième épisode de V comme vampire, nous avions laissé nos personnages en fâcheuses postures. Je ne suis pas certaine qu’ils soient dans une meilleure situation cette semaine.

Ce fut le bruit qui me réveilla. Un bruit régulier, léger, un peu aigu. Avant d’ouvrir les yeux, j’essayais de l’identifier. Ce bruit, je l’avais déjà entendu. Quand je compris de quoi il s’agissait, je sentis un soulagement immédiat : si une machine me permettait d’écouter les battements de mon cœur, j’étais vivant, sans doute salement amoché, mais vivant.

Note : l’inconvénient de la légalisation des vampires, c’est que l’on peut désormais se réveiller en bon état, mais mort. Le vampirologue que je suis peut vous le certifier : c’est perturbant. J’étais donc ravi d’être encore un humain.

J’ouvris les yeux. J’étais dans ma chambre d’enfant, qui n’avait plus rien d’enfantin. Les murs aux tentures gris perle, la moquette au ton délicat, les meubles de chêne clair invitaient au repos et à la rêverie. J’étais resté dans les vapes combien de temps ? Près de la porte-fenêtre, un homme me tournait le dos. Silas !
– Je suis réveillé, lui dis-je.
– Je suis très heureux que tu sois en vie.
Il se ne retourna pas.
– Que s’est-il passé ?
– Les faës étaient en embuscade. Tu as été gravement blessé.
– Les faës ?
Bizarre, ces créatures étaient tellement orgueilleuses que je les voyais mal se mêler au sort des autres créatures du monde magique. Quant à se mêler aux humains, n’y pensons pas.
– Silas, je peux savoir pourquoi tu me tournes le dos ? Je suis défiguré, c’est ça, et tu n’oses pas me le dire ?
– Mais non, me dit-il en se retournant. Il était très pâle. Vraiment très pâle.
– Nous avons vraiment cru que tu allais mourir, dit-il dans un souffle.
– Je me sens presque normal, pourtant.
Justement, ce n’était pas normal. Avais-je dormi pendant six mois, voire plus, comme la Belle au bois dormant ? Allait-il m’annoncer que je garderai des séquelles à vie, ou que j’étais apte maintenant à me transformer en loup-garou ?
– Nous avons dû prendre une décision radicale pour te sauver.
– Genre, une amputation ?
Oulà, je n’étais pas encore très réveillé, sinon je me serai aperçu que j’étais en un seul morceau. Pas même un sparadrap sur le ventre, là où je me souvenais fortement avoir été transpercé. Juste une légère migraine, qui s’intensifiait peu à peu.
– Non. Tu as reçu du sang de vampire.
Génial ! Et les effets secondaires ? Si jamais je me fais mordre dans les trois mois à venir, je risque de me métamorphoser en loup-garou vampire, à moins que les deux influences ne se court-circuitent. Je risquais même de devenir irrésistible pour certains patients, et carrément répulsif pour d’autres. Les trois prochains mois allaient être pénibles.
– Comment vous avez-pu vous en procurer ? C’est extrêmement rare !
– Nous avons eu un volontaire sous la main. Il te le racontera lui-même. Il arrive.