Archive | décembre 2022

Au revoir 2022, à bientôt 2023

Bonjour à tous

Je ne reviendrai pas sur le bilan félin, assez imposant. Ayant réussi à rentrer les « mères chattes », j’espère qu’en 2023 personne ne déposera/n’abandonnera à nouveau des chatons/une mère chatte/une chatte pleine dans ma cour.

En ce qui concerne le bilan de lecture, j’ai lu beaucoup, mais un peu moins que les années précédentes. Un tout petit peu moins. Est-ce grave ? Non. Il faut dire aussi que je ne m’impose plus forcément de chroniquer des livres lus. Je reste fidèle aux polars régionaux (je suis une fidèle des éditions Palémon) et des polars anglo-saxons. Parmi mes lectures préférées, tout genre confondu, je citerai la série  Bane Seed de Fanny André , Les enquêtes du commandant Gabriel Gerfaut de Gilles Milo-VaceriLa patience de l’immortelle de Michèle PedinielliTapas nocturnes de Marc Fernandez, Les folles enquêtes de Magritte et Georgette de Nadine MonfilsA la lumière de la nuit d’Ilaria Tuti, la série Gardiens des cités perdues de Shannon Messenger prêtée par une de mes élèves. Par contre, je note que j’ai eu beaucoup de mal avec la littérature japonaise, voire avec la littérature asiatique tout court. Ce n’est pas faute d’avoir une PAL très fournie de ce côté. La seule exception a été ma lecture du manga La voie du tablier, tomes 1à 4 de Kousuke Oono. 

En ce qui concerne 2022, je déplore la fermeture prochaine du bouquiniste historique de Rouen le rêve de l’escalier. Cette fermeture est forcée, à la suite du non-renouvellement du bail. Page qui se tourne, oui, mais colère aussi, face à la fermeture de toutes les boutiques indépendantes. Comme beaucoup d’habituées des lieux, je souhaite le meilleur à Mickaël, qui tenait cette librairie vintage depuis 25 ans.

Je vais peut-être (j’insiste sur le peut-être) faire un challenge personnel, à savoir un challenge « Lire en Normandie », pour mettre en valeur des auteurs normands ou qui situent leur roman en Normandie. Le Challenge polar et thriller 2022-2023 marche très bien puisque nous avons dépassé ensemble les 330 lectures. En 2023, je compte bien organiser à nouveau le mois du polar en février, et le mois espagnol et sud-américain en mai.

A bientôt pour le premier article de 2023 !

Adèle Blanc-Sec, tome 8 : Le mystère des profondeurs

édition Castermann – 46 pages.

Présentation de l’éditeur :

Mars 1922, dans un Paris pluvieux, Adèle a mal aux dents. Ca tombe bien, le « dentiste » vient de sortir de prison et, déjà, un de ses complices est assassiné…

Mon avis : 

J’avais très envie de lire une aventure d’Adèle Blanc-Sec, j’ai donc lu la seule que j’ai pu me procurer à la bibliothèque. Il s’agit ici du tome 8 et Adèle a un gros souci : elle a une rage de dent. Entre deux crises de douleur, et une visite chez un dentiste, elle trouvera cependant le moyen de mener une enquête à bout. En effet, le dentiste vient de sortir de prison, il a bien l’intention de se venger… Mais de qui ? de quoi ? Comment ? Le lecteur ira de surprises en surprises, à la lecture des multiples rebondissements de cette enquête. J’admets que certaines péripéties m’ont fait sourire, et qu’il en est qui auront peut-être du mal à s’en remettre. J’ai aimé aussi cette promenade dans Paris, sur terre mais aussi sous terre, promenade qui réserve aussi bien des surprises.

Une lecture très agréable.

Fable d’Adrienne Young

Mon avis :

Merci aux éditions Rageot et à Netgalley pour leur confiance.
Il est toujours difficile de rédiger un avis quand on n’a pas apprécié la lecture, et c’est vraiment le cas ici, je n’ai pas apprécié la lecture de ce roman, comme le montre le temps que j’ai mis à le lire et à rédiger mon avis.
Je peine à lire des romans dans lequel l’univers est complètement noir, sans espoir. Fable a été abandonnée par son père qui est sur d’une chose : sa fille n’est pas faite pour ce monde et il veut le lui prouver. Alors oui, elle peine, elle souffre, elle doit lutter pour sa survie mais
– elle est la fille de l’homme le plus puissant du royaume ;
– elle souffre nettement moins que les autres protagonistes qui paient cher, très cher, les difficultés qu’ils/elles ont à vivre dans ce monde. Je pense à ceux qui crèvent littéralement de faim, qui se tuent à la tâche ou succombent à la maladie.

Bref, autant vous dire que je ne me suis pas sentie très à l’aise pendant cette lecture. J’ai eu peine à voir l’aspect fantasy de ce roman, qui manque singulièrement de magie. La dénomination est peut-être un peu technique, mais j’ai plutôt eu l’impression de lire un roman d’aventures portuaire, tant l’aspect commercial et l’activité qui se passe dans les ports sont importants.
Il est aussi un aspect que j’aime peu, c’est l’aspect romance. Pourquoi l’héroïne doit-elle absolument tomber amoureuse, et, tant qu’à faire, d’un jeune homme beau et talentueux ? A croire qu’il n’y en avait qu’un seul de disponible. Oui, je suis cynique, parce que je n’ai été satisfaite ni en tant que lectrice de fantasy, ni en tant que lectrice de romans maritimes.

Mon année cinéma 4 : Le parfum vert de Nicolas Pariser

J’ai l’impression, depuis des mois, que l’on ne parle que des deux superproductions qui sortiront l’an prochain : le nouvel Astérix, réalisé par Guillaume Canet, et Les trois mousquetaires. Pour le premier, c’est sûr, je n’irai pas le voir, les Astérix filmés m’ont trop souvent déçue (mention spéciale pour Astérix aux jeux olympiques). Pour le second, qui a coûté la modique somme de soixante millions d’euros, je me tate encore : la bande annonce ne m’a convaincu (l’éclairage, la manière dont les combats étaient filmés, les dialogues qui sonnent comme des répliques de tragédie) mais le film a été tourné en partie à Saint-Malo, ville que j’adore – oui, c’est très mince comme argument.

J’ai également entendu à la radio Cédric Klapisch, se plaindre que les films français n’étaient pas assez vus, que les gens se contentent d’aller voir le dernier Fast and Furious ou le dernier Marvel, et qu’il fallait éduquer à l’image.
– Il est des films français que je n’ai pas envie de voir, parce que les histoires cent fois vues, revues, que je peux très bien découvrir dans mon canapé quand elles passeront à la télévision ne valent pas vraiment le coup que je me déplace ;
– il est des Marvel qui sont très bien. « On m’a dit ce que l’on avait gagné. On ne m’a pas dit ce que l’on avait perdu. » Capitaine América. Je cite de mémoire et je vous laisse méditer là-dessus. Ou encore, celles que mes élèves, fans comme moi, connaissent par coeur : – Vous faites le beau avec votre armure, mais sans elle vous êtes quoi ?
– Un génie, milliardaire, play-boy, philanthrope.
– éduquer à l’image, je le fais depuis quinze ans, et les films qui plaisent le plus à mes élèves sont ceux capables de provoquer des émotions, non de se regarder le nombril comme le font trop de films français. D’ailleurs, dans la sélection Collège au cinéma, il y a très peu de films français.

Bref, si vous avez supporté mon très long préambule, voici maintenant mon avis sur Le parfum vert de Nicolas Pariser.
J’ai trouvé que c’était un film parfaitement réalisé, notamment du point de vue du cadrage, de la lumière et de la narration. Il est en effet des séquences que d’aucuns jugeront inutiles et qui pourtant, permettent de mieux comprendre le personnage de Rémi Martin (joué par Vincent Lacoste), angoissé dès qu’il est dans le train de nuit, et marche, marche, en sachant que son angoisse ne peut être apaisée. « Marcher pieds nus dans une forêt allemande ne changerait rien ». (je cite de mémoire). Et moi de me dire (Rémy angoisse parce que le voyage en train vers l’Allemagne, la Pologne est fortement symbolique quand on est juif) : « Jacob, Héléna, mes grands-parents, quand ils ont été emprisonnés en Allemagne, à 23 et 17 ans, savaient-ils qu’ils ne reverraient jamais la Pologne ? » (C’est un choix de partir pour la France, je le sais, mais quand ce choix a-t-il été fait ?). Je pense aussi à cette scène « de nuit » pendant laquelle Rémi cuisine des pâtes alors que Claire (Sandrine Kiberlain – ai-je besoin de préciser qu’elle est très bien), qui a trouvé de la nourriture qui ne lui convient pas vraiment (mais à quoi pensent les services secrets, je vous le demande un peu ?). Elle lui raconte alors les vingt ans qu’elle a passé en Israël, et son rapport avec l’Europe, la France, d’où une discussion en action, à la fois drôle et émouvante (« Ce n’est pas en regardant l’eau en colère qu’elle bouillera plus vite »).
Des critiques ont cité Hitchcock – pour l’affiche, pour la course poursuite. J’ai pensé à James Bond aussi, et pas seulement parce que ce film est un film d’espionnage. J’y ai pensé dans la manière dont la tueuse, qui ne prononce jamais un mot, est filmé, énigmatique, toujours en fuite, et toujours agissante. J’ai pensé, bien sûr, à la bande dessinée, et pas seulement parce que Claire est autrice de bande dessinée, mais parce que chaque image est soignée comme une vignette de bande dessinée, couleurs comprises.
Je n’oublie pas l’univers du théâtre. Après tout, un crime est commis à la Comédie-Française ! Ironie du sort ? C’est l’actrice Léonie Simaga qui joue l’une des policières chargées de l’enquête, elle qui fut sociétaire de la Comédie-Française. Nous verrons des extraits d’Ivanov, de Tchekhov et de l’Illusion comique, de Corneille – et si tout n’avait été qu’illusion, après tout, si tous avaient été bernés ?
Un beau moment de cinéma.

Le sanglier blanc de Jeanne Bourin

édition Grasset – 137 pages

Présentation de l’éditeur : 

Une enfant d’aujourd’hui, Bertille (qui porte le prénom d’une des petites filles de Jeanne Bourin) va remonter le temps, grâce à un écureuil magicien, et se retrouver, en compagnie de Philippa (qui a son âge 10 ans) dans le Paris du Moyen-Age. De grandes aventures attendent Bertille et Philippa, elles devront combattre le cavalier noir, à l’aide du sanglier blanc, déjouer des pièges horribles, affronter le mal, sauver des innocents…

Mon avis : 

Oyez, oyez ! Voici un conte à découvrir ou à redécouvrir. Je connaissais les romans de Jeanne Bourin, que m’avait prêtés ma tante, je ne connaissais pas ce conte charmant.

Bertille se retrouve plongée en plein moyenâge, par la grâce d’une petite fille, Philippa, à qui sa marraine, la fée Sylvia, ne peut rien refuser : une fois par an, elle a le droit de se rendre dans le futur et de ramener, pour une journée, une petite fille du futur. Cette année, elle a jeté son dévolu sur Bertille. Ce jour-là, celle-ci s’ennuyait un peu, à regarder un film de science-fiction auprès de ses frère et soeurs. Elle ne s’attendait pas à ce qui allait survenir.

Elle aurait pu, avec Philippa et Rousset (l’écureil) arpenter les rues de Paris, voir les préparatifs de la fête de la saint Fiacre. Au lieu de cela, elle devra, soutenu par les animaux de la forêt, dont le sanglier blanc, Sangleron, lutter contre l’homme noir, un magicien cruel. Celui-ci a capturé la fée Sylvia et n’entend la libérer que si Bertille lui amène trois objets qu’il souhaite posséder. L’on comprendra l’importance de ces objets au fur et à mesure du récit.

Le lecteur est entraîné dans le Paris de saint Louis, les recherches des deux enfants l’amèneront à découvrir des lieux importants  : l’hôpital, l’atelier d’enluminure, la boutique de l’apothicaire. Il verra un lieu emblématique : Notre-Dame. Il découvrira, sans que jamais le récit ne semble, comment la vie était rythmée à cette époque, comment l’on se déplaçait. La nature n’est jamais loin, les animaux non plus, et ils accompagneront Bertille jusqu’au bout.

Flocons de chocolat de Magali Santos

Présentation de l’éditeur : 

Audrey, une jeune femme indépendante et ambitieuse, quitte Lyon pour s’installer à La Rosière. Loin de la grande ville française, une nouvelle vie se prépare : des montagnes, de la neige et un job passionnant dans une chocolaterie-confiserie ! Tout semble paisible et dépaysant, mais c’est sans compter sur son collègue suédois, un certain Maximilian.

Que cache ce Viking scandinave arrogant ? Il suffit d’une fraction de seconde pour qu’il ne la supporte pas. Leur destin s’annonçait pourtant opposé. Audrey réussira-t-elle à amadouer l’ours polaire ? Parviendront-ils à se rapprocher pour le bien-être de leur entourage ?

Mon avis : 

Merci aux éditions Rival et à Netgalley pour ce partenariat.

Ce roman est la suite de Tempête et sucre d’orge. Alors oui, c’est une romance de Noël classique, j’en demeure d’accord. Elle contient tous les ingrédients qu’il faut pour plaire et, comme pour le premier tome, l’on se doute bien quels sont les deux personnages qui vont nouer une romance. Reste à savoir comment cela va se passer, et quels obstacles ils devront surmonter.

Depuis que les histoires d’amour nous sont racontées, les obstacles se divisent en deux catégories : les obstacles extérieurs et les obstacles intérieurs. En ce qui concernent les obstacles qui ne sont pas tributaires du caractère des protagonistes, on peut dire qu’ils ne sont pas si nombreux que cela : Maximilian et Audrey sont célibataires tous les deux, ils sont indépendants, et ne semblent pas avoir des opinions divergentes sur de grands sujets d’actualité. Certes, Maximilian est suédois, il pourrait donc être tenté de retourner en Suède – mais Audrey, libre de toute attache, pourrait le suivre, why not ? J’aime bien ouvrir des pistes, comme cela, et montrer qu’il n’y a rien de véritablement insurmontables.

En revanche, les obstacles intérieurs sont plus nombreux. Cela ne « colle » pas, de prime abord, entre eux. Maximilian, qui a souffert de sa séparation, peine à s’autoriser à tomber amoureux de nouveau. Quant à Audrey, elle peine vraiment avec le caractère de ce Viking suédois plus proche de l’ours mal léché que du parfait chocolatier.

Alors ? Alors la romance prendra véritablement son temps et l’autrice n’hésitera pas à utiliser des ellipses narratives, montrant qu’une romance de Noël peut se dérouler plus longtemps que pendant un Noël. J’ajoute que la part belle est également faite au chocolat sous toutes ses formes. Que demandez de plus ?

 

Mon année cinéma 3 : Ernest et Célestine : Le Voyage en Charabie et Retour à Reims (Fragments)

Bonjour à tous

Je ne vais pas au cinéma aussi souvent que je le voudrais, aussi je vous parle aujourd’hui des deux dernière séances vues dernièrement.

Retour à Reims (Fragments) est un film réalisé par Jean-Gabriel Périot. Je l’ai vu dans la salle 8 de l’Omnia de Rouen – une salle de 15 places, ce qui est assez étonnant. La salle était pleine, pour le coup. Le documentaire reprend des extraits de l’essai éponyme de Didier Eribon. La narratrice est  Adèle Haenel.

Qui va voir ce documentaire ? Je ne pense pas que ce soit ceux qui ont toujours ignoré ceux qui existaient à leurs côtés, ceux qui étaient exploités et humiliés – Didier Erbon rappelle que le harcèlement sexuel était quasiment la règle pour les jeunes filles, placées justement très jeunes (14 ans) comme petite bonne ou comme bonne d’enfants. Je rappelle qu’aujourd’hui encore, certains intellectuels se gaussent qu’une femme issue d’un milieu populaire puisse recevoir le prix Nobel. Oui, l’on peut avoir un prix mondialement reconnu et ne pas être issue d’un milieu bourgeois. Albert Camus, ce nom parle-t-il encore à ceux qui pourfendent la récompense d’Annie Ernaux ?

Ce documentaire retrace le parcours des ouvrier de la seconde guerre mondiale à nos jours. Il fustige le milieu scolaire français, qui, à l’époque, comportait deux parcours scolaires bien distincts, le certificat d’études pour les uns, le lycée pour les autres. J’aimerai croire que le collège unique a fait bouger les choses. J’aimerai. Aujourd’hui encore, des jeunes arrêtent leur scolarité tôt. A l’époque, l’on arrêtait l’école parce qu’on n’avait pas le choix (les parents avaient « besoin » du salaire de leurs enfants), parce que l’on pensait que l’on n’avait pas d’autres choix, parce que l’école ennuyait et que le travail était vu comme joyeux (si, si) avec moins de contrainte.

Ce documentaire nous parle des enfants, des femmes, de leur place, des contraintes qui pesaient sur elles, des hommes aussi, qui se retrouvent entre eux, le soir, plutôt que de « regarder les femmes faire les tâches ménagères ». Il nous parle aussi de tous ces corps en souffrances, corps que l’on ne voyait pas, auquel on ne s’intéressait pas.

Film politique ? Oui. Il parle de la faillite de la Gauche, analyse les raisons de la montée de l’extrême droite. Déprimant ? Oui, mais nécessaire.

Le second film, Ernest et Célestine, voyage en Charabie, de Julien ChhengJean-Christophe Roger (II) semble n’avoir aucun rapport avec le documentaire ci-dessus. Et pourtant, il est un dessin animé engagé, montrant aux enfants ce qu’est une dictature, sans jamais utiliser le mot. « Absurde », oui, que certaines décisions qui sont prises dans ce pays, qui ne veut pas changer. Impossible d’argumenter, comme le prouve la devise du pays « c’est comme ça, et pas autrement ». Et quelle est la plus absurde des décisions qui ont été prises ? Interdire la musique, sauf une note ! Heureusement, la résistance musicale s’organise.

Le dessin est tendre, les couleurs sont douces et bien choisies, la musique, celle justement qui est interdite, et particulièrement bien choisie – les spectateurs l’avaient encore en tête en sortant, et cela ne leur était pas désagréable. On a beaucoup ri à cette séance (15 spectateurs pour une salle de 220 places) et je pense que tous les avis ont été positifs.

Veille de Noël

Bonjour à tous

J’ai d’abord une pensée pour les personnes qui me sont proches et qui sont en souffrance. Je n’en dirai pas plus, non que je ne pense pas à elles quatre, mais parce que je sais qu’elles ne souhaitent pas que l’on s’étende sur leurs soucis, encore moins que l’on parle de courage – elles n’ont pas le choix, comme elles tiennent à le dire.

L’an dernier, je disais que je ne pensais pas que la famille-chat s’agrandirait à nouveau avec Canaillou et Ruby (ici, avec Pompadour leur maman, biologique pour l’un, adoptive pour l’autre).

Je commence tout d’abord par vous parler du plus simple, c’est à dire de Pompadour, la voici en photo avec sa soeur Pétunia (photo prise il y a quelques jours). Pompadour a un poids égal depuis qu’elle a atteint l’âge adulte, Pétunia aussi, et pas de soucis de santé particulier.

Je ne pensais pas (j’emploie une expression d’une de mes meilleures amies) que je vivrais un triple congé chatternité, en recueillant trois portées différentes en mai, en juin et en juillet. Si la première, trouvée dans mon écurie, on peut dire que tout va bien, ils ont surmonté leurs soucis de santé et sont très grands, pour la deuxième, ce fut compliqué, et pour la troisième, qui partage la même maman que la première, c’est …. compliqué. Voici donc, ci-dessous, des nouvelles de Ruby et de Canaillou.

Vous pouvez voir Canaillou, très occupé avec Azuro, Sulta, Oda (portée 3) et Lucianna (portée 2).

 

Ne vous trompez pas ! Ruby n’est pas en train de maltraiter Fidélio (portée 2) ! Elle le maintient fermement pour pouvoir le laver.

Et Annunziata ? Débordée avec Fidélio et Sultan… ou pas.

Elle est même très proche de Lisette.

Joyeux Noël à tous.

ça n’arrive qu’aux autres de Bettina Wilpert

édition Nouvel atila – 192 pages

Présentation de l’éditeur :

Été 2014. Coupe du monde de football. Anna rencontre Jonas à l’université. A l’occasion d’un anniversaire très alcoolisé, ils passent la nuit ensemble. Anna dira qu’elle a été violée. Jonas qu’il s’agissait d’un rapport consenti. Deux mois plus tard, une plainte est déposée. Ce texte écrit à la manière d’un podcast interroge les acteurs du drame, mais aussi leurs amis, colocataires, frères et sœurs, pour tenter de percer la zone grise trop souvent invoquée.

Mon avis :

Ce roman – j’ai plutôt envie de dire « récit » – parle d’un sujet d’actualité, les violences faites aux femmes, et les conséquences pour elle : le récit montre bien que les conséquences sont toujours pour les femmes, physiques, psychiques, mais aussi sociales – ce n’est pas le violeur présumé qui est mis au ban de la société. Le pari était risqué de présenter une victime comme pas vraiment sympathique. Pour employer un langage de journaliste, ce n’est pas une « bonne » victime. Au contraire, le violeur présumé (encore du langage juridique pour moi) est présenté comme sympathique, sa famille, ses amis, en sont sûrs, il ne peut être un violeur de par l’éducation qu’il a reçu (féminisme), de par sa fidélité envers ses compagnes successives. Il ne correspond pas aux clichés autour du violeur telle que la société le montre donc il ne peut pas l’être. Puis, penser qu’il puisse être un violeur, c’est remettre en cause tout un système de pensée pour ses proches, et cela, ce n’est pas possible pour eux.
Le style adopté est froid, journalistique. L’utilisation du présent de narration rend le récit intemporel, comme si, finalement, la victime ne pouvait jamais sortir de ce qu’elle avait vécu.Il se dégage aussi le constat que la justice n’est jamais en faveur des femmes, que les lois sont des lois, mais qu’elles sont largement perfectibles. Déprimant ? Oui.
L’alternance des points de vue entre les personnages, qui nous permet non pas d’avoir une vision juste de l’histoire, mais de connaître les sentiments ambigus des personnages, comme Hannes, le meilleur ami d’Anna – jusqu’à ce qu’elle accuse Jonas de viol. Croire Anna reviendrait à remettre en cause trop de choses, notamment la bonne conscience de la majorité des personnages présentés.

Eleanor oliphant va très bien

Présentation de l’éditeur :

Éléanor Oliphant est un peu spéciale.
Dotée d’une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu’elle les pense, sans fard, sans ambages.
Fidèle à sa devise « Mieux vaut être seule que mal accompagnée », Éléanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d’une bouteille de vodka.
Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec « maman ».
Mais tout change le jour où elle s’éprend du chanteur d’un groupe de rock à la mode.
Décidée à conquérir de l’objet de son désir, Éléanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés, va lui faire repousser ses limites.
Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec « maman », Éléanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d’un ami…

Mon avis : 

Vous voulez connaître pire qu’un partenariat que l’on n’a pas apprécié ? Un roman que l’on vous a offert et que vous avez du mal à apprécier. J’ai lu les 170 premières pages, soit plus du tiers, sans vraiment apprécier le personnage principal, qui est aussi la narratrice de l’histoire. Elle mène une vie réglée comme du papier à musique, et je me dis « pourquoi pas ? » Elle évite à peu près tout le monde. C’est une chose d’éviter les autres, s’en est une autre d’être franchement désagréable et peu attachante. Je me demandais simplement « pourquoi ? » il y avait forcément une raison parce que la personne qui m’a recommandée ce livre me connait bien, et ne me l’aurait pas offert pour rien. J’ai apprécié en revanche le personnage de Raymond, qui fait tout pour se rapprocher d’elle, sans pour autant se montrer intrusif. Non, il s’agit juste de créer des rapports humains ordinaires avec elle, et cela prend beaucoup de temps – même si les circonstances jouent parfois en faveur de Raymond.

Par petites touches, l’on se doute qu’Eleanor a vécu, ce que l’on appelle pudiquement, des « événements douloureux », qui ont sans doute amené son placement dans une famille d’accueil où elle ne fut pas bien traitée – euphémisme, encore, à la lecture du rapport de la protection de l’enfance et des propos que la famille d’accueil tient sur elle. Vu de l’extérieur, j’ai surtout eu l’impression qu’ils étaient incapables de répondre à ses besoins les plus élémentaires. Non, je ne parle pas d’avoir un toit sur la tête, d’être nourri et vêtu correctement. Je parle des besoins affectifs élémentaires, ceux sans lesquels un enfant ne peut pas correctement se développer.

Puis survient… de grands bouleversements, qui m’amèneront (après cette fameuse page 170, justement) à voir Eleanor, ses maladresses sociales autrement. Après tout, ne jette-t-elle pas un regard différent sur certains faits qui nous semblent tout ce qu’il y a de plus banal – voir Eleanor au fast-food, par exemple. Ce qui change, c’est aussi qu’elle rencontre pour la première fois des personnes qui, au lieu de la fuir, se préoccupent d’elle. J’ai déjà cité Raymond, mais je pense aussi à Laura, ou à Sammy, qui aura une place particulière dans le cheminement de vie d’Eleanor. Je pense aussi au cheminement de la jeune femme pour exprimer enfin ce qu’elle ressent, pour s’autoriser à parler de son passé, pour être enfin en paix avec lui. J’aime aussi ce que certaines personnes lui ont dit. Le mot « bienveillance » n’était pas encore aussi fréquemment utilisé à l’époque, et pourtant, il est des personnes qui font preuve d’une grande bienveillance envers Eleanor. Même autour de nous, aujourd’hui, il est des personnes qui ne se comporteraient pas ainsi envers elle – la bêtise est intemporelle.  J’ai vraiment préféré la seconde partie du roman, qui est une véritable montée en puissance, jusqu’à ce qu’enfin, Eleanor puisse dire qu’elle va très bien.