La fabrique du monde de Sophie Van der Linden

Présentation de l’éditeur :

Aujourd’hui en Chine. Mei, jeune ouvrière de dix-sept ans vit, dort et travaille dans son usine. Elle rêve aussi.
Confrontant un souffle romantique à l’âpre réalité, La Fabrique du monde est une plongée intime dans un esprit qui s’éveille à l’amour, à la vie et s’autorise, non sans dommage, une perception de son individualité.

1312260953408502211846257Défi premier roman

Mon avis :

Se demande-t-on comment les vêtements Made in China que l’on porte sont fabriqués ? Mei et ses compagnes d’infortune reçoivent des commandes – mille cinq cents pantalons, cinq cents chemisiers – et n’ont que quelques jours pour les exécuter. Elles passent leurs journées à l’usine, ne se lèvent que pour avaler un bol de soupe ou regagner leur dortoir, à l’aube parfois, pour boucler la commande. Paraphrasant Voltaire et son Candide, je répondrai : « c’est à ce prix que l’on porte des vêtements en Europe. »

Mei est différente, Mei aurait pu poursuivre ses études, comme le souhaitait son institutrice. Ses parents ont envoyé son frère à l’université, ils l’ont envoyé à l’usine. Mei possède un livre, cadeau de sa grand-mère défunte, différente elle aussi, survivante des événements qui ont secoué la Chine. Elle écrit des poèmes, aussi, et rêve, à une autre existence, à une autre vie possible. Certaines de ses camarades rêvent aussi, à un meilleur emploi (dans un bureau), à un mariage qui les sortirait de cet atelier. Rêve bien plus prosaïque. La révolte ? Impossible. A la moindre rebellion, c’est la paye du mois toute entière qui saute. Parle-t-on bien toujours de condition de travail ou d’esclavage ? Mei et ses compagnes ne font plus qu’un avec leur machine, et les tissus défilent, défilent, défilent, au point que le soir, il n’y a plus de place que pour l’épuisement.

Un temps, très bref, Mei s’évadera. Comme une trêve dans la répétition des jours, des gestes. Un temps trop bref. La société prime sur l’individu, et peu ont le courage de vivre leur vie, d’affronter le regard des autres, la peur des jours à venir, la solitude aussi, sous une certaine forme.

La fabrique du monde est un premier roman concis et touchant.

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17 réflexions sur “La fabrique du monde de Sophie Van der Linden

  1. Je me souviens de ce titre – plus précisément de l’avoir vu passer dans le fleuve de la rentrée littéraire 2013. Merci pour ce billet pour le moins alléchant!

  2. J’ai vu beaucoup de reportages sur les conditions de travail en Chine (avec ces dortoirs surpeuplés et immondes) ! Peut-on encore parler de travail ? Je répondrais plutôt esclavage mais au XXIème siècle, on ferme les yeux…Les révoltes sont matées dans l’oeuf. Ton billet est lui aussi juste et touchant…

    • Moi non plus, je ne pense pas que l’on puisse parler de travail. On ferme les yeux sur beaucoup de choses – quand on ne dit pas à mots couverts que c’est mieux que pas de travail du tout. Voir un article édifiant dans le magazine Causette, paru il y a quelques mois (je le lis à la bibli).
      Merci Asphodèle !

  3. Un coup de cœur à la bibliothèque où je travaillais – il est passé entre les mains de toute l’équipe ! J’ai pu rencontrer Sophie Van der Linden au Salon du Livre et l’auteure, fort sympathique, a su me rendre ce premier roman encore plus mémorable.

    • Je suis très heureuse qu’il ait plu à tant de lecteurs !
      Tu as eu de la chance de rencontrer l’auteur, je me demande ce qui l’a poussé à choisir un tel sujet pour son premier roman.
      Merci de ta visite.

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