Dans le silence du vent de Louise Erdrich

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Mon résumé :

Un dimanche de printemps, dans une réserve indienne du Dakota du Nord. Sauf que rien ne sera comme avant. La mère du narrateur a été agressée sexuellement. Rien ne semble pouvoir l’apaiser. Elle reste muette, prostrée dans sa chambre.  L’enquête suit son cours, trop lentement au goût du jeune narrateur – on connaît la musique ! Et la complexité des lois, pourtant défendues par son père, juge, font qu’il sera difficile de poursuivre le coupable, même s’il est identifié. Pas une minute à perdre pour Joe : lui et ses amis enquêtent de leur côté.

silenceMon avis :

Ce qui m’a frappé en lisant ce livre est la justesse avec laquelle Louise Erdrich nous fait partager, pudiquement, les émotions de ses personnages. Rien n’est plus difficile que de montrer le ressenti d’une femme violée, le comportement de ses proches, dont tout l’amour ne parvient pas à la faire sortir de sa torpeur. Son mari, son fils sont essentiels, parce qu’ils sont prêts à la soutenir, jour et nuit. Mais ils se sentent terriblement seuls : Et voilà ce que je n’ai pas compris à l’époque, mais que je comprends aujourd’hui – la solitude. J’avais raison, dans cette histoire, il n’y avait que nous trois. Ou nous deux. Personne d’autre, ni Clemence, ni même maman, ne se souciaient autant que nous de ma mère. Personne d’autre ne pensait à elle jour et nuit. Personne d’autre ne savait ce qui lui arrivait. Personne d’autre ne voulait à tout prix autant que nous deux, mon père et moi ,retrouver notre vie. Revenir au Temps d’Avant.

Joe essaie de trouver du réconfort, à défaut de la félicité perdue, auprès de sa tante Sonia, de sa tante Clémence. Il observe les adultes, qu’il juge trop passifs – sauf peut-être l’aïeul de la famille, qui, en guise de méditation, lui conte les légendes de son clan. Il porte ses soupçons sur le nouveau prêtre, qui, d’un regard ou presque, lui fera comprendre son erreur.

Mais dehors, il y a celui qui a fait cela, et pire encore, et qui tourne autour de la réserve, comme le loup autour de l’agneau. Angoissant ? Oui, car l’impunité le rend capable de tout, il joue avec les nerfs des indiens qu’il méprise. Au passage, l’auteur nous montre comment une bonne action, même une très bonne action, approuvée par tous, peut comporter sa part de mal (et de malheurs pour autrui).

Comme dans Un été avec Kim Novak d’Hakan Nesser, des commentaires nous montrent le narrateur devenu adulte. Il n’est pas parti cultiver des jacarandas en Uruguay, il a repris le combat paternel pour la justice – et a toujours nommé ses chiens Pearl, comme celle que son père avait adoptée pour guetter le moindre bruit, le moindre son, signal d’un danger en approche.

Je terminerai par cette citation :

« justice sera faite. Et cela nous aidera, je crois. Cela t’aidera même si maintenant tu sembles croire que non, que rien ne t’aidera, même pas l’amour immense qu’il y a dans cette pièce. »

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29 réflexions sur “Dans le silence du vent de Louise Erdrich

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    • Merci Mind the Gap.
      En fait, c’est la troisième fois que je lis l’atelier d’écriture à une chronique, cela ne fonctionne que si le thème du livre et le thème de l’atelier ont des affinités. Sinon, on court à la catastrophe livresque.

  2. Ce n’est pas la première fois que tu le fais et encore une fois j’applaudis car c’est vraiment parfait, même le jacaranda ne choque pas !!! En revanche, je ne sais pas et ce, malgré les billets flatteurs lus un peu partout, si Louise Erdrich me plairait tant que ça… à voir quand je serai décidée ! En tous cas, bravo ! 🙂

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